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Bulletin SAF 1906


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Excursion dans la commune de Plouézoch

Louis Le Guennec

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1906 tome 33 - Pages 10 à 72

dans la Commune de Plouézoch

" La 'commune de Plouézoch s'étend sur la rive droite de la
rade de Morlaix, à huit kilomètres environ de ceLL~ ville. C'est
ut\ étroit et long plateau, ou plutôlune chaine de collines au
relief fortement accusé, qui s'abaissent de toutes parts, sauf au
sud·est en pen les parfois très abruptes Pour embrasser -

d'un seul coup la topographie de la commune et jouir à la fois
d'un beau panorama, il n'est que de gravir l'escalier tournant
du vieux clocher du bourg, pprché à 90 mètres d'nltilude, sllr
une croupe rase et nue où rien ne bome le regard. Plus d' une .
fois, lorsque nous recueillions des notes en vue de ce travail,

il nOlis est arrivé, après avoir durant toute J'après·midi fouillé
les poudreuses archives municipales, déchiffré les écritures
jaunies aux paraphes biz;nrement entrelacés en lacs d'amour,
de monfer sur la plaIe-forme nous reposer les yeux et nous
rafraîchir l'esprit en conh~mplant un des paysages de terre et
de mer'les plus mouvementés qui se puissent voir en Bretagne.
A nos pieds, les arbres fr~missants du cimetière, l'humble
bourg. maisons blanches et chaumières, puis les champs, les
landes, les taillis déjà roussis p , ar l'automne. Plus loin, la
rade étincelant sous le ciel d'or pâle d'une claire soirée d'oc­
tobre, les promonloires étirant leur sombre eL noueuse échine,
le chenal coupé de longues roches noires, le ch, Heau du
Taureau dres~é SUI' son écueil, la montagne et l'église de

Carantec, la chapelle insulaire de Callot, la côte de Léon,
dentelée de clochers et de phares, l'infini du large ... Vers le

sud, c'étaill'immense pa~'s tourmenté de Morlaix, ses Irente

. ciochers émet'geant des verdur~s, ses hautes terres étag~es
en plans successifs, et la'silhouette bleue des monts d'Arrée

se plOfilant à l'extrême lointain.
Mais de ce grandiose horizon, un seul coin nous occupe
aujourcl'hui; Plouézoch, dont nous découvrons en entier le
territoire: devant nous, l'ArIJor, la zone maritime de la
commune, baignée pal' la mer depuis la sauvage combe du
Dourdu jusqu'aux sables de KernéléhE'n ; denière, le Gourré,
la zone élevée, continentale, que sépare de l'autre le bourg
lui-même. Nous ferons donc de celui-ci le P9int central de
notre exploration, que nous commencerons, ainsi qu'il con-

vient, pal' l'église paroissiale. Sa partie la plus ancienne est ,
le chevet, percé d'une fenêtre ogivale au tympan formé d'une
petite rose flamboyante. Le chœùr et ·les bas-cOtés, restaurés
en 185!), dataient de 164t-

d, comme en témoigne la pièce
suivante, contenue dans les registres de baptêmes, et dont le
texte original latin a été déchillré et traduit par notre savant

collègue M. le chanoine Peyron: .
« L'an du Seigneur "6!~2, le 12 novembre, m'li, Vincent le
Guel'lligou, prêtre, licencié en droit, recteur de Plouézoch, en

vertu des pouvoirs à moi accordés pal' illustrissime et l'évéren-

dissime Noël Deslandes, par la grâce div,Îne et la faveur du
Saint-Siège apostolique évêque et comte de Tréguier, j'ai béni
et posé la première pierre de l'église de Plouézoch dans les fon­
dations au côté Est de la façade, en observant les riLes prescrits
par le rituel l'ornain, en présence et avec l'aide de vénérables

Maîtres François Riou, Yves Berthou, François Le Louçeault,
Yves Le J~une et François Kerriel, prêtres de ladite église l).
Lors de la réfection, on a supprimé l'arc triomphal de
l'entrée du chœur, qui surmontait un petit campanile muni

d'une cloche bénite le 12 juin 1644 et nommée Henée par
« haut et puissant Claude du Louet, S'l"r de la VilleneulTve,

l~gus; et dame Rennée de la Marzelière, dame douarière de
Goezbriand et propriétaire de Trievin, l~grech )). Les piliers

el les arceaux ' du chœur sont cependant 'demeurés anciens :

'aux clefs de voùte se voient les armes des Goezbriand : d'azw'
à la /asf,e d'or, que l'on retrouve encore au portail latéral, au­
dessus de la maitresse-vitre et sur là tour: en. ces deux der­
riièl'cs places, elles chargent UIJ écusson incliné à l'antique,
supporté par deu'x lions, timbré d'un heaume et entouré du
collier de Saint-Michel,
La date de 1627 se lit sur la tour. c( La première pierre du
clocher naguère élevé o dans la partie occidentale de ladite
église, continue l'acte précité, a été bénite et posée par moi le
13 juillet 1627, en foi de quoi j'ai signé les présentes, V .

Guernigou )i Très original. avec son avant-corps formant
logelLe ou cha m bre ,des archi ves cou verte en a ppen tis et repo­
sant SUI' deux colonnes de gl'anit cannelées, l'encorbellement
en forte saillie de sa galerie ajourée, sa flèche aigüe et sa
'tourelle d'escalier surmontée d'une vieille s'atue de pierre de la ,
Vlel'ge, le clocher de Plouézoch 'frappe par la rohustesse un
peu lùurde et le cachet particulièrement breton de son
a l'ch i tectu re,
Dans les registres paroissiaux, on ne' relève pas moins de

dix hal,tèmes de cloches, dont sept, de 1099 à 1778, se rappor-
'tent à t'église principale. Le plus ancien de ces actes est
d'une rédaction curieuse,
. ( Le mercredy dernier jour de juign lan de grace mil cincq

centz quattre vinglz dix neuff, ennvyron les trois heures après
'midy furent faict et fonlé les deulx cloches de nostreéglise
pochiellede Plouezoch, auprès de la cymiLLière dicflle, par

ung oUVI'ier nomé M" Jan Cadoudal, de levesché de Léon, le

vandredy ensuyvant, jor de la Visitaon de Notre~Dame après
vespres furent lesd. cloche tyrées de la fosse, J'une pesant
anvyron 93 livres et lauttre anvyl'on 33 livres esquelz sont les
armoiries de la seigneurye de Goezbriand et le nom de M e
Françoys Le Loucze, recteur de lad paroisse. .
, ( Le dimanche prochain ensuyvant, 4

j' de juillet audit

an, a Iissue de la grande.mel?se en grande assambléc 'de peuple ,

furentlesc\oches bénistes et bapLizées sollennellemenL par mo)'
Mu François Le Loucze, prestre recteur de lad parroe et fustla '
grande nommée Renée par la l'epl'ésenLaLion el présence de
noble et puissanLe dame . Renée de la Marzillyere, dame de
Goezbrianc\, Trievin, I)'antour, Kauçly, Bren,. LauollverLe,
Coàtcoazer et (usl po' parrain escuyer Pierre du Cloezlin,
s ;' du Coskaer, (il et la petille fust nommée Jacque.ç par la
présance de nobles homs Jacques de ]):alda'net s~r. de 1): \'e 1'0 ,
Rozangavet, (2) et fust por marraine dams
lle
LOllyse Estienne,

dame du Roslan, I>veguenle tout faict au cymittière de
lad. esglise devant le grand portail dicelle, le jour el nn qlle
devanl. - F. Le Loucze. pl'. recteur n

La première de ces deux cloches, refondue le 28 juillellfH9,
fut de nouveau nommée Uenëe (1 par escuyer René de Guic"lz­
nou, sr de l)andul\'en, eL dam~ Renée (le Toulbodoll, ' dame

douarièrede l)'andulven et proppriéLairé de r~noler, CoaLquéau,
le Scozou, et mère dudit Sieur de I)'andulren. Il

Le 25 juillet 1684, Missire Vincent Prigent, recLeur de
Plouézoch, assisté de vénérables et discrètes' personnes

Missires Hervé Prigent, ci·devant recLeur de Plouézoch, et
Henry Primaigné,recteuI' de Garlan, procéda à la bénédicLion
solennc-lle d'une cloche du poids d'enriron huit cent Iines,
« que le général des paroissiens dudit Plouézoch ont fait
dernièrement refondre pour l'usage de l'église paroissiale, ..
à laquelle cérémonie ont esté présents pour l'Imposition du
nom de SaÎnctc TItë' /'èse, sous l'invocalion de laquelle ladite
cloche a esté her.iste, haut et puissflnl·Messire Y,'es marquis

de Goezbriand, gouverneur pour le Roy du chasleau du Tor-

(t) Pierl'e du GOCzlill, '5. du Cosquel', QUillquiwlI époux vcrs t,,!)2

d'Aline Parcc'I'aux, vcuve de François Pastour, S,. du tallllay.
(2) La terre de Rosanga\'et Il'a jamais apparlenu aux Keralùanel cl nOlis
ne sn\' OIlS comment expliquer la présellce de ce Jacqucs de Keroldanel il
l'Ioué1.och, il moing qu'il ne fût pcut.ëll·c tutcur des enrnnls mincurs de
Jean Ca1.in çl de l\Inr~uerile de l,aunar, sr. c~ (la,nç do Roslln\!'a\·ct,

rea u, ports et ba "res de Morla i x ef païs ci rcon voisins. Escuyel'
des grandes et pelites escuryes de sa Majesté, Marescbal de
camp de ses armée,>, collonel général du ban et arrière-ban
de l'évescbé de Set Brieuc, capitaine de cent ~ommesd'armes
des ordonnances de sa Majesté, seigneur fondateur de lad"

paroisse de Plouézocb, et damoiselle Jeanne Tbérèse Josset,
dame de la Noo, lesquels ont voulu estre présens a ladite
cérémonie et imposer , conjoinctemet. le nom à lad. Cloche. »
Le même jour, il bénit un.e seconde clocbe « qui fut dedyée
à la gloire de Dieu sous l'invocation et nommée Alaric pal'
noble homme Yves Ferrière, Seigneur de Bussé et de I}fW?ler,
auquel à cause de sadile terre de I~noter, dans l'estand\Ul de
la paroisse de Plouèzocb, appartient une chapelle probibiLHve

dans l'église dudit Plouezocb dont la porte sert à présent pour
l'entré~ à la sacrystie .de ladiLe Eglise,pour marque de quoy on

a consel'Vé en ladile sacrystie le bénisLier qui esloit au dehors
arec le frellé ('\) qui y est pour armes, et damoiselle Marie

Corroller, femmede Jacques Allain, sieur de la Marre el du
Rest audit P)ouézoch , ausquels à cause de ladite terre du Rest
appartient après le Seigneur fondateur les premières préémi­
nences dans la dite église. » (2)
Un siècle après, Jacques Louis Guino, chanoine et otficial
de Tréguier, recteur de Plouézoch de 1775 à 1778, plus tard

député du clergé à l'Assemblée nationale et l'un des chefs de
l'église constitutionnelle du Finistère, fit faire par le sieur
Guillaume, mailre [ondeul' à Morlaix, une cloche « pour être
mi!;e au clocher de céans du côlé du midy, pesanle environ
h u il cen t ci nq ua nle 1 i \'I"es, cha rgée : t 0 des a rmoi ries en

alliance de Monsieu'r le comte de Pastour de I(erjan et de
madame la co!ntesse de Goëbriand de I(erjan-Paslour, son
épouse; 2° des armoiries de feu Monsieur Michel, en son
virant lrésotier générfll de l'artillerie et du génie, seigneur
(1) Guicazllou , 5,,1'. de l\ernoter : ,Cargeul {relié d'ao,,',.,
(2) Registres paroissiaux, cahier de 168~,

fondateur de Plouézoch, à laquelle cloche a été imposé le -
, ' nom de 11~l'ançois'lJla/'ie-Jfa!Jdelaine par haut et puissant
seigneur François-Toussaint Pastour, seigneur, comte de
Kerjan, enseigne des vaisseaux du Hoy, et par haute et
puissante , dame Marie-Magdelaine de Goëbriand, dame
comtesse de Kerjan, nie 28 avril 1ï78, en présence de M\l. '
Barazel' de Lannurien et Malescot de Kerangoué, procureur '
liscal et sénéchal de Coatcoàzer, ,et de ' divers membres de5

familles nobles des ellv,irons )l i1).

Par son arrêté du 18 pluviô3c an Il 16 feniel' nUi, le
con~eil général de la commune décida it que les cloches exis­
tant,dans les chapelles que dans la tour lIeîadite commune ,
seront dcsccndues en bref délay; lll'l'ête en outre que ces

cloches seront transportées au chef-lieu du district de Mol'laix,
à l'exception de la gmnde cloche du côté du nord 'du clochel'
,et de la petite posée au clocher du milieu de l'église H, Les
cloches actuelles sont modernes,

En fait de mobilier ancien, l'église cie Plollézoch a conservé ,

fort peu de choses. A gauche du chœur, la chapelle de GJez-

briand, jadis privative à ceLLe famille, l'enferme un vieux
tableau du "'Rosaire, ' la statue 'de Saint-Jean-Baptiste vêtu

d'une robe en poil de chameau, etce!le de Saint-Eloi en évêque,
armé de sa crosse et de SBS tenailles. De l'autre côté, un enfeu

ogi\ial omé d'un écusson mi-parti J'un lion accompagné de
sept billettes, qui est Pastour de Kerjan, et d'un bu' rellé de
dix pièces, qui est Quélen, abrite sous son arcade une Pitié
provenant de la chapelle du cime:ière, aujourJ'hui démolie,
Les orgues, qui dataient du dix-septième siècle, ont disparu,.

ainsi 'que toutes les vitres armoriées, les lisières et les tombes
seigneuriales plates ou enlevé' es. qu'énumèl'e le procès-verbal

des prééminences de l'église dressé le 29 septembre 1679 par'

François Bouyn, sieurde Rains, mailre à la Cour des Comptes

(1) Registres paroi~si~ux;. Gahier de t776,

É:;lise de Plouèzocll et C.'o- ix

posannière du

Cimclicl'c,

et commissaire pour la réformation du domaine royal dans la
ch{ltellerie de Morla ix -Lan meur. (1)
D'après ce procès-verbal, la maitresse-vil.l'e contenait qua·
lorze écussons: /31'I)(o(/nc plein: 1l1'1'.(G(fnc et Nava/Tc, (;Ol',z­
briand et alliances, Quélen, dépendant de la terre du Hest,
.l'loësquellcc parti de du Chastel, de la terre de Triévin-Bruil­
liac; Pas(oll'I' el alliances, de la terre de I\erjalL l\'lissire
Hervé Prigent, recteur, déclara que les prières nominales se
disaient pour le sieur marquis de Goezbriand. fondateur de
ladite église; que la lizière tant extérieure qu'intérieure était

exclusi \'.omen t cha rgée de ses a l'moi ries, lesq uelles se voya ien t
en supériorité ·dans tous les vitraux, scul ptées aux clefs de
volite du chœur et de la nef, et peintes SUI' le· lambris; qu'il
possédait encore deux bancs dans le chœur · et plusieurs

tombes dans la chapelle du Rosaire. Ces ' écussons et armoiries,
ainsi que ceux des autres prééminenciet's de l'église, les sieurs

de la Villeneuve, de Kernoter, de Kerjan, de Hosallgavet, du

Roslan et de KerisLin, furent etlacës et brisés sous la Hévo-
IUlion, en vertu du décret de l'Assemblée nationale du HI
juin n90etde l'arrêté par lequel le district de Morlaix ordonna,
, le 17 frimaire an Il, la destruction des emblèmes royaux et
nobiliaires dans son ressort (1 En effet de con, former au loy

du Convention relative à la dégradation des affugies du ci-
devant Roy, dit une délibération du conseil de Plouézoch du
22 frimaire,' nous maire et o{ficiers municipaux arreLle et

arretlons que tous armoiries et affugies du ci-devant Roy

seront dégradés en pierre, cl auLé cyon peut les armines qui
sont. gravés en boas, ainsi que ceux qui sont ali vitre au Besort
de notre commune. Il
La chapelle du cimelière, dite de Notre-Dame·de-Pitié, se
trouvait au nord de l'église et avait été vraisemblablement
construite pour sanctifier la sépulture des pestiférés, au dix-

(1) Mss. A. 19 des Arch. dér~rL. r .. 163·165,

~eptième siècle. (1) C'était le lieu habituel de réunion du Gé­
néral des paroissiens; pendant la Révolulion, elle servit
d'abri aux gardes nationaux de la commune. Le reliquaire a
également été démoli.. Devant le porche lat~ral existe une
curieuse croix, hosannière avec pupitre contre le fût cannelé
et petit crucifix encadré dans un médaillon en qualrefeuille,
qui, selon notre érudit collègue M. le chanoine Abgrall, pourrai 1
dater du quatorzième siècle., Une vieille croix pattée mono­
lithe se voit aussi encastrée à l'angle sud du cimetière . .
Au point de vue féodal, la paroigge de Plouézoch relevait
!lulrefois dl!s juridictions , réunies de Coatcoazer, Bren et

Triévin, dont la baute justice s'exerçait à Lanmeur. Le fief

de Coatcoazer, situé en Plouégat-Guerrand, appartenait à la
maison de Ggezbriand depuis le mariage, en t2ï7, d'Alain
de Goezbriand, seiglieur dujit lieu . et de Kerantour, avec
Denise du Ponthou, fille et héritière de Jacques du Ponthou,
seigneur de Barnénez el de Louise, daine de Coatcoazer. (( Il
est prouvé, lit-on dans une ancienne généalogie de celle
famille, (2) pal' les deux actes du jeudi,après la Sail,cl Mahé
et du lundi ès oeLaves de la Toussaint -1322 que ledit Allain,
comme gentilbomme et à cause de sa noblesse, avoit le droit
de haute el basse justice et de faire punir par sa cour ses
subjectz délinquantz. l) Le pilori de celle juridiction se
dressait au milieu de la place du bourg; c'était, dit le procés­
verbal de 16ï9, \( un poteau armoyé des armes de Goezbriand
en plain et d'autres escussons escartelez en alliance avec

ledit de Goezbriand, auquel poteau il ya un colier de fer
pour allacber 'les jureurs et blasphémateurs. )) La branche
aînée des Goezbriand transmit par alliance en -1i44 à la

(1) D'après l'acte latin porté sur un registre de baptêmes par Viuccnt
Le Guernigou, rectcur, le cimetière qui joint lc 'nord de laditc église fut
" béni le i2 fenier i641, en présence d 'un concours considérable de peuple,
« pour servir à l'inhumation des corps des fidèles, spécialement de ceux
« qui meurent de la pesle. »
(2) Communiquée l'al' M. de Bcrge,'in.

famille de Saint Tropez le fief de Coalcoazer; qui passa
ensuite par acquêt aux Michel. Le dernier sénéchal de

Coatcoazer; M. Ma1escot de Kerangoué, avocat à Morlaix, a
péri SUI' l'échafaud de Brest, le 18 thermidOl' ( 3 aoÔlj 1794,­
comme coupable (( d'avoir entretenu des correspondances ·
criminelles avec les ennemis extérieurs et Înlél'ieurs de la
Répu bl ique fra nça i:'ie, en leu l' fa isa n t passer des secou rs en
al'gent Il. ( 1) . . .
Les registres de baptêmes déposés à la mairie remonterit

jusqu'à H)2!~, avec toutefois de nombreuses laculics dans les
feuillets du débu·t.· Le premier recteur dont il y' soit faii

menlion,versI550;se nommait YVO:1 Jégaden; son successeur,
Vincent Loucze, baptisa le 2 octobre 'I5Gfl, sous le nom de
François, un enfant né de Rolland an Achiv('/' el de Marie'

Tugdoa 1 sa femme, leq uel 1 ui fu t présen té pa l' Fra nçois'
Braouézec et Charles Baill, parrains, et Marie Rolland,"
marraine, Se doutait·il, le bon prêtre, en yersantl'eau sacrée'

sur le front du nouveau-fié, qu'il donnait à l'Eglise et faisait

chrétien un futur évêque de Rennes? .. En tout cas, ce n'est

sans doute point sans fierté que plus.tard, lor~que le peLit
. paysan de Plouézoch eut ceint la mitre des Lunaire et des
Melaine, le recteur François Le Loucze apposa en marge de

,son acte de baptême celte note: flllt t!pi .~copll.ç Ucdonensü.
François' Lachiver avait · deux frères ' aînés, Tanguy et
Guillaume, baptisés le li novembre ..... et le 23 janvier
1557, et trois sœurs, Marie, Jeanne el Isabelle, nées en 155!),
15G9 et 1570. Il dut commencel' ses études ecclésiastiques
sous la direction de Messire Jean de Botglazec, recteur de
Plouézoch de 156Sà 1594; le , 23 novembre 15S!~, il est
parrain de sa nièce Marie, fille de son frère Guillaume' An

Achiver et de ~Jarguerile An Réguer, et se Cfualilie dans
l'acte de sous·diacre. Ordonn'é prêtre, il devint le précepteur

(1) llistoire de Brest, de Le\'ot, 1. III, p. 36i .

et l'ami du P. Quintin, dont il n'était l'ainé que de trois ans .

Ils se rendirent ensemble à Paris pour y suivre les cours de
'la facullé de théologie, mais la guerre civile les sépara
bientôt. François Lachiver partit pOUl' Rome, où son rare
mérite et ses hautes qualités lui valùrenl la très honorable
charge de pénitentiel' des Bretons. En 1602, le cardinal
Olivier, alors évêque de Rennes, « cognoissant sa piété et

zèle à l'advenemenl de l'Eglise)) lui résigna son siège, et il
fil une entréè solennelle dans sa ville épiscopale le 1

' septem­
bre 1602. Après avoir édifié son troupeau par ses vertus,
coopéré à un grand nombre de pieux établissements et siégé
en 1615 àux Etats Génél'aux en qualité de premier député de
Bretagne, il mourut à Rennes, le 2-1 février J619 (t) En 1616,
passant à Morlaix, François Lachiver avait voulu rHoir sa pa-

roisse natale, ses parents et ses amis. Il se rendit ensuite
au château du Taureau et y chanta la messe en grande
pompe.
De 1623 à 1671, le pasteur de la paroisse fut Messire
Vincent le Guernigou, licencié en droit, notaire apostolique,
recteur 'Vigilanli.~sime de Plouézoch. Il mourut le 21, mars

1675 au manoir de Coatquif, près du bourg, chargé d'ans el .
de mérites, et alla recevoir la récompense de ses labeurs
qu'énumère en ces termes son acte de décès: « gouverné au spi-
rituel la paroisse de Ploué:wch l'espace de cinquante ans avec
toule justice et sobriété, anno'ncé la parolle de Dieu avec doc­
trine, zèleet bénédiction en plusieurs lieux, ~ervy d'arbitre cha­
ritable et pacifié par sa prudence plusieurs difIérens, fail bastit'
a Ileuf et pourveu de riches ornements son église paroissiale
et y avoir estably les confrairies du Saint-Rosaire, la Charité
pour les pauvres malades el l'aumosne de bleds pour les
valides, réglé la sépulture ecclésiastique pour les personnes
de condition commune, constitué successeur à son béuéfice
(1) Albert le Grand, calai, des évêques de Renlies, p. Si-53, éd. d~ 16~9_

depuis 'Ies quaÙ'e ans, fa'ict acte de partage de tous ses biens
aux églises, aux pauvres et à ses p3l'ents comme tels,
pres!'entya temps et disposé toule chose pour son décès dans
un plain usage du jugement et de lous les sens extérieurs ou
intérieurs, sans aucune fiebvre ou maladye . . , Son corps
fust porté pal' les pauvres de la paroisse pour être inhumé

dans le cimillière adjacent à l'église paroissiale, suivant sa
disposition testamentaire et pour devenir témoignage de la
gr;lnde humilité qu'il a pratiquée en toute sa vie (1) Il,
A l'époque de la Révolution, le recteur de Plouézoch' était
~f. René Geffroy. Ayant refusé le serment, il dut abandonner

sa charge à un curé constitutionnel, le citoyen Yves-François'
I\-Ior\'an, désigné pal' l'assemblée électorale du 10 avril 1791,

Les registres de délibérations de ceLLe époque ant~rieurs à
juin 1793 ont malheureusement disparu des archives munici­
pales ; aussi ignorons-nous les détails de (( l'affaire de
Terénez Il où les gardes nationaux de Plouézoch et Plougas-
nou, arrètèreM, en octobre -\791, plusieurs familles Hobles du

pays au moment où elles s'embarquaient pour émigrer en
Angleterre, et apri!s avoir quelque peu malmené les aristo­
crates, les détroussèrent de fond en comble, Depuis, c'est
toujoui's avec un certain orgueil que les pat.rintes de Ploué­
loch se remémoraient le triomphe remporté SUi' CI ces hommes.
pel'\'ers qui voulaient fuir leur patrie pour y revenir le fer et
le feu à la main.» Le héros de cette expédition fut le citoyen
Jean Le Noau, alors maire de Plouézoch, plus tard nommé
administrateur du Finistère. Arrêté sous la Terreur comme
fédéraliste, mais plus heureux que ses vingt-six collègues
immolés le 22 mai t79.l par le monstrueux tribunal révolu­
tionnaire de Brest, il en fut quille pour une assez longue

incarcération à Pa ris. Nous avons trou vé à la mai rie de
Plouézoch un fragment de pétition présentée par le conseil
(1\ Reg. pal': cahier de 1684. Cet acte de décès" été rédigé par Messire
Henry }'rimaigné, notaire apostolique et l'ecteul' de Garlan.

géf!éral de la commune au comité de Surveillance de la

COQventi!}n afin d'obtenir l'élargissement de . Le Noan. Voici ce
document qui n'est pas daté, mais doit ètrecontemporain des
événements de thermidor:
«La Convention, par son décretconsolateurdu 21 messidor,
. rappelle dans leu rs cham ps les cu Iti va teu rs qu'une longue déten­
tion a assez punis. Déjà plusieurs ont senti les bienfaits de cette
loi qui ra faire fleurir l'agriculture en lui rendant les bras qu'un
moment d'erreur, quelques propos inconsidérés lui avaient

enlevés. Nou5 réclamons la même fa\'eur pOUl' le citoyen Jean,

Le Noan, natif de la commune de Ploué~och, district de
Morlaix. Dès l'aurore de 'Ia Révolution, il montra le plus
pur, le plus ardellt patriotisme, ct si ses concitoyens ont
toujours été dans les vmis principes, ils le doivent à son zèle,
à ·l'énergie et à la sage fermeté qu'il a déployée en plusieurs
occasions contre les ennemis de la chose publique; nomé­ ment le ... octobre li91 (style esclavel dans l'aflaire dite de
Térenès, où, à la tète d'une poignée d'hommes, il anèta une
barque chargée d'cflets précieux et de quarante personnes

qui émigraient. L'or et l'argent saisis vont enfin, après de
trop longues discussions, prendre le chemin de la Monnaie.
Eh bien, ci toyens représen ta ns, c'est en fa yeu r de ce bon,
de ce 'vrai citoyen que nous réclamons vos sollicitudes, il y a
huit ou neuf mois qu'il languit à la Conciergerie (N° U). En
vain jusqu'à ce jour avons-nous envoyé les certificats les plus
vrais, vü·és par les autorités et la Société populaire de
Morlaix, nous sommes restés sans réponse, et rien ne nous
tranquilise sur le sort de notre estimable concitoyen, si
ce n'est votre justice et son innocence.

n (-1) et la confiance de ses concitoyens ont causéÎes ...
(2) et le désastre de sa modique fortl,lne, ils le nommèrent
membre du ci-devant Directoire du département du Finis-

·({)·(2' Mots illisibles.

Lere. Dans celle place, il a continué à justifiér notre allente.
Le fédéralisme Qont peul-être il ne sait que le nom ne

l'atteignit jamais. D'ailleurs, dans ces moments orageux,
il nous a bien assuré 'qu'i1 n'a jamais partagé les sentiments
de ceux dont. la ~ête est tombée sous le glàive ~ la Loi, et
. n'avoir, à sa connaissance, rien signé de contraire à l'unité
et à l'indivisibilité de la République '. .
On retrouve Le Noan, en :1798, président de l'administra-
tion du canton de Plouézoch érigé en 17!)O et comprenant
. les quatre communes de Plouézoch, Plougasnou, Saint-Jean
du-Doigt et Garlan, puis supprimé à la suite d'un arrêté des
consuls du 17 · ventôse an vm, et ratLaché à celui de Lan­
meur, Il fut encore maire de Plouézoch sous l'Empire et
la Hestauration, et les registres nous ont conservé le texte du
discours tout brûlant de zèle monarchique qu'il prononça
lorsqu'après les Cent jours et la définitive chute de Napoléon,
il fit arborer solennellement le drapeau blanc au faite du clo­
cher.

Plusieurs faits intéressants seraient à glanel' dans les
archiyes de la commune, si ce n'était par trop sortir du cadre
de celle cxcttrsion; fêtes républicaines pil.loresquement
nal'l'ées, chasses aux prêtres réfractaires, épisodes de chouan­
nerie, surtout lourdes et incessantes réquisitions exigées à
grand renfort de garnisaires et sans rénumération aucune,
Ayant de quitter le bourg, n'oublions pas de mentionner la
Gra.nde A/aison, fruste manoir gothique qui doit être le ber­
ceau de celte famille de Plouézoch que mentionnent les pre­
mières réformations du Tréguier, en ' 1427, et qui portait: de

wble fretté d'or de six. pièces, à la bm'dure 'cng reslée de
gucules. A~ presbytère, on voit sur un manteau de· cheminée
un écusson chargé d'un buis a1'1'aché sénestTé d'1), n poisson en
pal, arrnes des la Boissière-Plourin, .
En suivant le chemin de Kernéléhen, qui se dirige au Nord­
Ouest, vers la mer, nous laissons à droite, dans le joli vallon

de PllOt-COl'nOU, les restes du manoir de Keristin, remplacé

par une maison moderne. La réformation '· de 14'~5 cite ' CI le
métayer à Ollivier rvIeryell en son hosLel de I>jestin. D On

trouve en 1640, parmi les nobles résidant à Saint-Melaine de
Morlaix, un Jan de Kermerien, écuyer, sieur de Kerislin,
époux de Renée de Lanrivinen. Noble homme François le
Diouguel, sieur du Poulfanc, KerisLin, Térénez, Rosludu, 8VO­
cat en la Cour et syndic de la ville et communauté de Morlaix
en 167.3-74 résidait vcr.; · 1685 e~ son manoir noble de Reris­
tin, avec sa femme Marie le Pontoys el leurs enfants dont
l'ai né, l'\'Jathieu, éigé de 8 ans, fut tué le 8 décembre 1686 d'un
coup de fusil par le fils du fermier, Y\'es Léon. François le
Diouguel mourut à Keristin le 28 octobre tïll, âgé de 78 ans,
laissant deux fils, Missire François le Diouguel, sieur recteur
de Loguivy-Plougras, et Maurice, sieur dé Térénez, mort
sans hoi~s avant 1747, et deux filles, Anne, mariée à Jean ,de

Castillon, sieur de Kerbriand, et Ann~-Françoise, héritière
de Kerislin, qui épousa le -11 février '1714 Jean-Augustin' de

I(ermerchou, sieul' du Cosquer. On se souvient encore, à
Plouézoch, des vieilles demoiselle\; Pastour de Km'jan qui
habitaient ce manoir il ya soixante ans, et se faisaient con­
duire en . chaises àpol'teur à la grand'messe.
A deux kilomètres environ du bourg, en face d'un groupe
de rochers bizarrement superposés sur la lande, se montre à
gauche du chemin le château ruiné de Lanoverte, construit
au seizième siècle. François de Goezbriand, seigneur dudit
lieu, l'Armorique Lanoverte, l'entoura sous la Ligue, . d'ou­
vrages défensifs et en lit, non une forteresse, mais une place
à l'abri d'un coup de main. Une poterne pratiquée dans le
mur d'enceinte extérieur, que flanquent sur la façade trois
lourelles percées de meurtrières, donne accès dans une vaste
cour close au fond de laquelle s'ouvre un grand porLail à por­
tes cavalière et piétonne surmonté des coulisses d'un double
ponl-Ievis et des arlil0iries des Goezbriand encadrées du col-

. fI \l

11er, de l'Ordre et supportées pal' deux lion!!. Ce portail était

défendu par une galerie à mâchicoulis et deux tourelles ron-
des, dont l'une a été démolie: dans la courtine adjacente se
voient aussi quelques embrasures. L6rqu'on l'a franchie, on
se lrOU\'e devant le château, gris et vétuste édilice. aux toits
moussus, aux pign'ons vêtus de lielTe, qui n'a conservé de son
ancienne splendeur qu'une salle aux poutres ornée;) de mou­
lures grossières . La chapelle, dédiée à saints Simon et Jude,
n'existe plus; e!le avait été consacrée le Hl avril 1607 par
Révérend Père en Dieu Monseigneur Adrien d'Amboise, doc­
teur en théologie et évêque de Tréguier (1), Sous la tourelle
détruite existait, parait-il, l'entl'ée d'un souterrain ' qui se pro­
longeait, d'après la tradition, jusqu'au rivage,

La seigneurie de Lanoverte (en breton Goaiglas) était pos-
sédée en 1445 par la dame de TuogofI, Marie de Kerouzéré,
mariée à Yvon de TuogofI ou Trogolf, seigneur de Kerprigent
et cÏLée parmi les nobles de Plouézoch, ainsi que son fils Pierre,
à la réformation de 1!!45'; elle passa ensuite aux Quenechcan
. pal' alliance, aux Tromelin et enfin aux Goezbriand par le
mariage de François de Goezbriand, seigneur dudit lieu, et
de Marie de Tromelin, dame du Bren et Goasglas, vers 15.10,
Cette antique lignée des Goezbriand, dont le nom historique ,
est inséparable de celui de Plouézoch, apparaît dès le douzième
siècle dans les annales de notre province en la personne d'Auf­
froy, sire de Goezbriand en Plouigneau, homme d'armes de
l'ost de la duchesse Constance, en 1200, et augmenta rapide­
ment par de belles alliances sa richesse territoriale, Un autre
AufIroy de Goezbriand,gouverneurdeNontron et Saint-Macair~
en 1389, eut pour petit fils François de Goezbriand, seigneur
dudit lieu, Kerantour, Barnénez, qui combattit à Saint· Aubin
du Cormier comme lieutenant de la compagnie de cavalerie
. (t) Registres paroissiaux. Un at'liclc ùu leslament de Nicolas Coëlanlcro,
sieur de Kcraudy, père de Marguerite Coétanlem, dame de Goezbriand,
orùonnait en 1518 dc " fail'c raire à Ploéwch la chapelle de lIIessrs Sainct~
Symoll "t Juda, li Celle clause ne rut donc exécutèe qu'un sièclc plus lard, '

du baron de Pont, l'Abbé, tué à cette rencontre; il Y fut fait
. prisonnier, et ses vassaux durent doubler leurs redevances
pOUl' payer sa rançon. Il laissa de sa femme Margilie de Boi­
séon, qu'il avait épousée en 1461, Guillaume de Goezbriand,

gentilhommE' de la chambre de François [er, marié en 1500 à
une OplJ len ie héri tière morla isien ne, Ma l'gueri le Coëta'n lem.

dame de Keraudv et de Triévin ,en Plouézoch, (le Penanru ' et

du Launay en , Ploujean. Leut' fils aîné, Françoi;; de Goez-
briant, seigneur dudiL lieu, Kerantour, Barnénez, Keraudy,
Triévi n, Kerivalen, Tréau,guer, Coa tcoazer, 110dal vez, le Cos­ q~ler, etc., épousa Marie de Tromelin, dame du Bren et de
Goasglas, etcompléla ainsi les vastes possessions de sa famille
dans la paroisse de Plouézoch, ' '
Le roi le nomma 'en 15;j9 capitaine de Mol'laix, puis che­
valier de Saint-Michel, distinctions dont hél'ila son fils Yves,
lieutenant d'une compagnie de gens de pied en 1557, tué en
duel à Nantes vers 11S6i par'Troïlus de Mesgouez, marquis de
la Roche. II avait épousé Marguerite'de Kergrech. da ml' cludit
iieu et de Boiséon, et en eut Fi'ançois, né au manoir cie Ker­
déouzer. trêve cie Pouldouran, paroisse de Hengoat, le 5 sep­
tembre 1557, baptisé à Hengoat,a\'ec, pour parrains, Rolland
de Quoiltl'edrez, seigneur dudiL lieu, et PielTe de QuoiLlredrez,
seigneur de Trogrifloll et de Kerdéouzer, et pour marraine
Louise. de Goezbria nù, da me de }{erma rq uer (Il. Ce Fra nçois
de Goezbriand prit une part active aux évènement:; de la .
Ligue en Basse-Bretagne, et fut l'une des plus curieuses figu­
res dl! cette ép9que troublée où chacun changeait tour à tour
de camp et d'étr.ndard,al! mieux de ses intérêts Nous n'avons
rien à ajouter à l'esquisse biographique que lui a consacrée
M. le Men (2), d'après un factum conservé aux archives dépar-

tementales. La guelTe civile terminée, il s'en revint à Plollé-

zoch vivre paisiblement dans son château de Lanovel'le, entre

. !l Heg, par, de Plouézuch .. '
(2) Etudes Historiques sur le ·Finistere, 18i3.

Sa lemme Renée de la Marzelière et ses huit enfants, s'estÎ-

mant heureux çle goCtter le calme et la paix au sortir de toutes
les tribulalions et les vicissitudes qu'il subissait depuis' 1589,

jouissant davantage de sa liberté, 4e son r. epos, en songea. nt
aux cachots de Nantes et de Blavet, à l'affreuse trf;lgédie de

Kerouzén>, et s'efTorçant aussi sans doute de réparer pal' u 'ne

sage économie les brèches qu'avait ouverte dans son patri-

moine la rançon ruineuse 'payée à Mercœur. Créé'chevalierde

l'Ordre et gentilhomme de la reine Marie de Médicis, il mou-

l'ut en 1628.

Son fils ainé François de Goezbriand, chevalier, seigneu l'
dudit lieu, Kerantour, Coatcoazer, l'Armorique, Lanoverte,

Bren, la Tour, etc., gentilhomme de la chambre du roi, épousa

en 1628 Claude Gazet, dame de la Tour, dont un seul enfant,

René, né le 21 mars 1G3~ à Lanoverte et baptisé le 1er avÎ'i1 à
Plouezoch, décédé au collège de la Flèche enl6H , Le frère
cadet de François, Yves de Goezbriand, seigneur de Triévin,
Kergrech~ Crénarz, le Cosquer, sénéchal de Lesneven en' 162~
ne laissa r.on plus de son mariage avec Marie Simon' de

penanguer qu'un seul fils, Yves, né à Triévin et baptisé à

Plouézoch le 30 août 1û37, qui recueillit l'héritage de son

cousi n René.
Yves de (ioezbriand, dit le marquis de Goezbriand, suivit
la carrière des armes; il était en ' 1662 mestre de camp du
r.égiment du Roi, enseigne des gardes du corps et gou\"er!1eul'
du Taureau,puis devint mal'échal de camp, et colonel général

du ban et arrière·ban de "évêché de Saint·Brieuc. Sa femme,
Fl'ançoisè·Gabrielle de Rerguésay, dame d~ Guermorvan,

Kergomar, Belle-Isle, les Sept·Sainls; qu'il avait épousée' en

1657, lui donna quinze enfants; leurs baptêlùes, presque tous
célébrés à Plouézoch de 16GI à 167!., groupent sur les regis­
tres paroissiaux une brillante collection de beaux noms de
Bretagne, compères et commères, parents et amis, venus
parfois des extrémités de la province pour tenir les nouveaux-

nés sur les fonts sacrés, et prendre part complément indis·
pensable 'de la cérémonie - aux 'plantureux festins servis
dans la salle d'honneur de Lanoverte par le digne maistn
d'hostel Jean le Muet, sieur deDupont. D'après la tradition, le
marquis de Goezbrial1d pouvait se rendre de Plouézoch à
Guingamp sans !;ortir de ses domaines; il Y a là exagération
évidente, mais cependant on doit reconnaître que ses propriétés
étaient situées dDns celle direction et se succédaient sans de
trop grandes lacunes. En condensant les pompeux protocoles
qui acconlpagnent son nom dans les actes, on constate quïl
se qualifiait, de son chef etde celui de sa femme, de seigneur
marquis de Goezbriand et de Belle-Isle, comte de Lanoyerte
et du Guermorvan, vicomte de Trobodec et de Gurunhuel,
baron des baronnies de l'Armorique, Kerantour, Crénarz et
Bren, (( ancien banneret)) de Coatcoazer, seigneur châtelain
. de Triévin, Kergrech, Boiséon, le Bois de la Roche, Kergo­ mdr, Rodalvez, les Sept-Saints, etc., fastueuse énumération
qui prouve bien sa puissance.
René-Vincent-Corentin de Goezbriand, mestre de camp et
colonel général des Cravattes du Roy, fils aîné du marquis.
mourut le 3 juin tûS5 au château de Lanoyerte, âgé de 28 ans,
" d'une fievbre continue ap!ès une fievbre quarte nonobstant
laquelle il avoit suivy toute la campagne en Cataioigne.llltvoit
reçeu, dit son acte de décès (1), le Saint Viatique avec une

dévotion non pareille le jour de l'Assansion et demanda avec
instance ensuite l'extrême· onction qui ne lui fust administrée
par le soubsignant recteur que le vendredy au soir ( lrr juin)
en présance de Monsieur le Compte son frère, Collonel du
régimentde Berry, de Monsieur le baron de Trésigllidy leur
oncle, de Messieurs de I)"grist et du Plessis·Goasmap. Après
sa mort, son corps fut rendu en la chapelle dlldit château de
Lano\"erte ou se fist un service solennel et de là le Convoy en

(1) lkg. par.; cahier de IG~5.

l'église paroissiale où il fust enterré au Cœilr dans les enfeus
de ses encestres Il. : .
La disparition de ce malheureux jeune homme frappé en
pleine carrière lit de son frère cadet Louis-Vincent l'Ilé'ritler
principal ,de ,la maison de Goezbriand, Ce demier, ' né au
Guermorvan, paroisse de Louargat,' le H fevriel' 1659, et
baptisé à Plouézoch le 20 juin l{i62;' avait eu poilr parrain
haut et puissant Messire Vincent du Parc, chevalier, conseil­
ler du Roi en ses conseils, maréchal des camps et armées de
sa Majesté, capitaine du ban, arrière-ban et garde-côte de
l'évêché de Tréguier, marquis de Locmaria et du Guenand,
baron de Coatredrez, Coatfrec, Saint-Michel-en-Grève, ch'âte­
Iain de Bodister, Plougasnou, 'Guerlesquin, ' le ' Ponthou,
Keradennec, Bellou, Trogore, Coatsauf, Guemauf, le Méné. et
pour marraine haute ct puissante dame Louise-Gabrielle de
Plœuc, dame de Mezléan et Lanuzouarn , (1) Parmi les autres
enfants du marquis, il faut citer encore Charles-Jean, né à
Lanoverte le 9 août '1661,. page du Roi en 1680, auteur de la
bra nche actuelleinent e. ista n te des Goezbria nd; Julien-Joseph,

page de la Dauphine en 1682 : Marie-Anne, née à Lano\'crtfl
le 1"r septembre -167' 1, abbesse de Kerlot-en 1711); Corenlin­
Loui;,;, baptisé le 13 novembre 1674, dont la marraine fut
Louise-Renee de Penancoët de Kerollazle. plus tard duchesse

de Porsmouth et favorite du roi d'Angleterre Charles Il. (2),
Le marquis de Goezbriand est mort à Paris,' en 1718, dans ,
son hôtel de la rue des Rosiers. En 1705, son fils Louis-Vin­
cent, gendre du contrôleur général Desmarets, l'avait (ait
enfermer par leure de cachet, sous prétexte de débauches et
de 'prodigalités, au château de Pierre-8ncise, près Lyon; il Y

resta dix ans, jusqu~à la mort de LouisXIV. Exténué de fati-
gues et de privations, l'infortuné vieillard se plaignait un jour
à son geôlier. (( Ah vraiment! répliqua durement celui-
(1) Reg. par.
(') Ibid.

cL Si je ' yous 'traitais comme on me' l'à ordonné, vous auriei
encore bien plus sujet de vous plaindre (' 1) )) Pendant ce

temps, Louis-Vincent de Goezbriand, mauvais fils, mais vail-
lant homme de guerre et lieutenant-général des armées à 40
ans, se couvrait de gloire aux sièges de Toulon (1707) en for-

çant à la retraite le duc de Sa\'oie et le prince'Eugène, etd'Aire
('17101 où il tint l'ennemi en échec, pendant deux mois de tran­
chée ouverte, fondit son argenterie pour payer les Suisses qui
refusaient de combattre et ne capitula que sur l'ordre exprès
de Louis XIV, lequel le récompensa par l'oétroi du cordon-'

bleu et la charge de grand-bailli de Verdun. Au sa'cre de

Louis XV, en 1722, le marquis de Goezbriand fut l'un des

quatre _ gentilhommes admis à porLer le dais au-de~sus du
monarque. Alors âgé de 63 ans, il résidait à Paris, et ne dut
faire à Lanoverte que de brefs et (:ares séjours, car les regis­
tres paroissiaux ne contiennent pas une seule fois sa signa­
ture. Pourtant, c'est en Bretagne qu'il mourut, fI son château
dli Guer. mor\'an en 1744'. Son fils unique Louis-Vincent, mar­
quis . de Goezbriand et de Lanoverte, maréchal de camp en
1737, ne laist-a de son mariage avec Ma.rie-Rosalie de Châtil-

lonque trois filles rlon t la dernière, Louise-Pulchérie Ga brielle,
héritière de ses sœurs décédées sans postérité, épousa en
1744 Joseph-Jea n- Ba ptiste de Su ffren, marquis de Sa i nt-Tro-

pez, frère ainé du célèbre bailli de SufIren.
M. Gabriel Michel, de la ville de Nantes, l'un des directeurs
de la Compagnie des Indes et trésorier-général de l'artillerie
et du génie, acquit vers 1766 le Hef de Coatcoazer, coinpre­
nant la terre de Lanoyerte et ses dépendances, qui passa à
l'une de ses filles, Gabrielle Michel, mariée au marquis de
Lévis, et fut saisie nationalement pendant la Révolution. Les
démarches du citoyen Beaumont, hJmme d'affaires à Morlaix,

lirent lever, en venlô,~e an VIII, le séquestre mis sur les biens

(1) Bu "al ..:... JOl/mal de la lIé(lclIcc.

de « la citoyenne Lévis )), à laquelle on l'endit « les maisons

de Lanoverte et 4il Passage Il. Le vieux chùteau des Goez-
briand n'est plus aujourd'hui qu'une ferme sombre et triste,
dans son enceinte de murailles croulantes.
De l'autre côté de la rout~ s'élevait le manoir de Bren,

possédé en 1427 'par les Ploësquellec, et plus tard par les Tro-
gon, Quénechcan, Tromelin et Goezbriand; il avait une
moyenne justice annexée à la juridiction de Coatcoazer. Quel­
ques pans de murs enlierrés et des amas 'de décombres en

indiquent seuls l'emplacement. Au-dessous, dans la verte cou-

rée de Pont-Cornou, on aperçoit parmi les arbres l'ancien

moulin féodal de Lanoverte, el plus à l'E~t, sur la pente dénu-
dée qui domine à droite le \'allon, un autre vieux manoir en
ruine, le Roslan, jadis résidence d'une branche cadeLte de la
, famille de Goezbriand, issue d'Hervé, second fils d'Hen'é, sei­
gneur de Goezbriand et de Plézou de Kerbouric, mariés vers
1336. Bien que siLué en Plougasnou, ce manoir avait dans
l'église de ·Plouézoch droit de banc, tombe et enfeu, placés

entre le premier eLle second pilier du chœur, du côté de l'épi-
tre. Le :lernier des Goezbriand-Roslan, Messire Yves de Goez­
briand, chevalier, seigneur de Roslan, Kervéguen, Cosqué­
l'OU, fils de Christophe et de Marie de } .ersain'tgily, dame du
Cosquérou, morte au Roslan le 21 aoftl16ïO et enterrée au
couventdes Carmes de Saint, Pol,épousa en 164,9 Louis Budes.
II décéda sans enfants le;) février 1672, âgé de 55 ans. CI dans
sa maison de Roslan et son corps fust inhumé dans l'église
de Plouézoch sous la tumbe enlevée dépendant de ladite mai­
son de Roslan ledimanche 7, environ les 5.heures du soir (1):))
Sa sœur ai.née Anne hérita de lui et apporta le Roslan dans la
famille de Kermenguy, où elle était entrée par alliance en
1651.
L'édifice principal est en partie rasé. Ses portes el ses

(t) Reg. par .

chellliuées ornées de moulures Renaissa~çè attestent qu'JI
. avait é~é reconstruit au début du dix-septième siècle; sur
l'écusson du petit portail se distingue un mi-parti inne fasr;e

surmontée d'un lambel, qui est Goezbriand-Roslan, et de si.'];
trêflc.ç poséS 3. 2. 1., qui est Rersaintgily.' Sous la Révolution,

M. Postic, prêtre insermenté, ayant sollicité l'autorisation

d'exercer le culte dans la chapelle du manoir, l'admillistration
du canton de Plouézoch, (( considérant que des rassemblements

considérables de fanatiques y ont lieu les jours ci-devant fètes
et dimanches: considérant que ces rassemblements sont des

attentats à la loi, qu'on y allume les torches du fanatisme,

on y aiguise les poignards de la guern' civile, on y dénature
les événements de la Révolution. on v calomnie les intentions

du corps législa tif,q ue l'horrible ch i mère de la contre- révolu lion

est l'objet de leurs plus folles prédictions comme de leurs plus

. coupables espérances» (1) interdit, pal' son arrêté du 2 messi-
dor an 6, d'ouvrir celte chapelle et d'y célébrer la messe.

Près du hameau de Lansalut, nous trouvons,. au bord du
chemin, la petite chapelle de Saint-Gonven, dédié,~ à un
thaumaturge breton peu connu,patron primitifde Plougonven.
Sa statue le représente vêtu en abbé, la tète nue, tenant une
crosse et un livre fermé. Le tabernacle de l'aulel, orné d'une
Pitié en bas-relief, est surmonté d'une Vierge-Mère; à droite
'et à gauche sont les images de Saint-Pierre et de Saint·paul;
on voit aus~i dans la chapelle Ulle autre Vierge-Mère, une
sainte 'religieuse et un C~rist contre la balustrade du chœur.
L'édifice et le mobilier ne doivent pas remonler au delà des

dernières années du dix·septième siècle; la clocht:: ayait été
hénite le 13 aOllt H ),S4 sous l'invocation de Saint-François,

, et nommée (1 par très dévot et modeste enfent François L. e

Borgne, filz aisné d'escuyer Maurice Le Borgne el de dame
Gylonne du Louet, sa compagne, Seigneur et dame de

(i) Registres des délibérations. arc;h. de Plouézoch.

VilleguiM; et Catherine Le Diouguel, fille des Sieur et-dame.
du Poulfa'nc et l):iestin. )) ('1) Une petite fontaine con:-acrée
coule au sud de la chapelle. Saint-Gomen est invoqué pour
le soulagement des m'lUX de tête, ûl par surcroil remet sur pied
les pourceaux malades. .
Au nom de Laosalut, que . porte encore actuellement l'u. ne
des plus honorables et vieilles familles moriaisiennes, se
ra LLache u ne légende assez cu rieuse. Lorsq ue la d uches:5e
Anne fit, en '1:500, le pélerinage de Saint-Jean-du-Doigt pour
demander la guéri~on de son œil endolori, il lui prit fantaisie
de revenir à Morlaix en longeant la côte, pour admirer tout
à loisir ce beau golfe si étonnammellt découpé par les' f1Ols,
ct le grand lüeisker projetant sur la mer son ombre protec­
trice. Mais comme le cortège, après avoir franchi le ruisseau
de Pont-Comou, s'apprêtait à gravir la longue montée de
Plouézoch, tout-à-coup surgit des· taillis une bande de
brigands, pirates anglais ou routfers des dernières guerres,
qui. se jeta sur l'escorte de la l'eine. Malgré leur résistance,
les quelques hommes a'armes et soldats qui la formaient
furen t vi te débordés et alla ien t suecom ber sous le nom bre __ _

Heureusement, non loin de là, plu~ieurs paysans travaillaient
à défricher une lande,et accoururent au bruit-Devant ce renfort

i natLend u, les détrousseu rs j ugèren 1 pruden t de lùchel' pied, pas
si vite cependant que plusieurs ne fussent atteil~ts et occis.
En interrogeant ses sauveurs, la reine Anne afJPril d'eux
qu'ils s'appelaient Le Gac et étaient, quoique pauvres, d'au­
thentique noblesse, le duc Jean V ayant, en 1438, anobli leur
aïeul. Alors elle ordonna qu'on leur bâtit, à l'endroit même
de la rencontre, un confortable manoir auquel elle imposa le
nom de Lansalttt (la lande du salut), et le!lr lit donaison de

tout ce canton de la paroisse,

A la fin du seizième siècle, la. branche alnée des Le Gac

II) Hcg_ par. cahier de !liS'_ -
HULLF.TIN ARCHKOL, DU Fl~ISTÈI\E TOME XXXIII (Mé1l10iI'es) a

s'est fondue dans Concer,par le mal'iage de Guillaume Concer,
sieur de Runfellic, et de B:\I'be Le Gac, dame de Lans.alul;
leur second fils François Conceret sa femme Jeanne de la
Boulaye, ?ieur et dame de Lansalut, résidaient à Plouézoch

en ~626, En 1674, celle terre avait fail retour à écuyer Yves
Le Gac, sieur de Kerhervé, père de François Le Gac de
Lansalut, sieur de Kerhervé, maire de Morlaix en -169l.
Nous voici SUI' la grève, tout au fond de la profonde et
jolie anse de Térénez, si ' bien encadrée de collines fleuries '

d'ajoncs, si bien séparée de la mer par un étroit goulet obstrué
de roches rousses, qu'elle semble un vrni lac, verdâtre et

-silencieux.En traversant à Kernéléhen l'isthme qui rallache au
continent le sauvage promontoire de Barnénez, on déco\.!vre

soudain toute la rade de Morlaix et la côte du Léon , depuis
Locquénolé jusqu'à Roscoff. Le coup d'œil est très beau à
marée haute, surtout quand un navire pénétrant dans la baie,
évol ue à travers les passes , toute~ yoi les déployées. D'a i lieu rs,
cette pointe de Barnénez mérite en elle· même d'être explorée.
Ses entrailles recèlent, paraît· il, du minerai de plomb et
d'étain; sur sa croupe escarpée et nue s'al'l'ondissent deux

énormes tumulus ou cairns formés de pierres amoncelées,
dont l'un exploité comme une carrière, a fourni les matériaux
de tous les talus en maçonnerie sèche qui couvrent la presqu'ile
d'un inextricable lacis LesTestes d'un dolmen se voient pIns au
Nord, et enfin, à l'extrême rebord de la falaise, ' en fnce de
l'île Stérec, existent de nombreux vestiges de murailles ct
. d'enclos, Au sommet du cap se dressait autrefois le château
de Barnénez (Bar-ar-ménez, le haut de la montagne)lransmis
par les Ponthou aux Goezbriand en 1.277. La ferme nctuelle

a consene une grange voutee en ogIve tres algue.
A l'entrée de la rade surgit la masse jaunâtre du château
du Taureau, comparable, lorsque la marée en immerge le pié·
destal rocheux, à quelque monstrueux ponton prêt à voguer
et tournant déjà vers le large sa proue trouée de menaçantes

_ . 111h;

Vue du Château

'-cr::l.

r : t, 'o ' - ,-,.:oC

du Taureau,

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d'apl'ès \In lavis de li!. de Ln Fruglnyc ex écuté en 087.

embrasures. Sur cet écueil qui devait son nom aux mugis­
sements de ses brisants aux. jours de tempête, les bourgeois
morlaisiensdu seizième siècle assirent une lourde construction,
ramassée et trapue, cramponnée au roc, ép. ousant ses con-

tours et faisant bloc avec lui. Vers le Nord , elle se termine
en hémicycle, de manière à n'olIrir aucune arête saillante
où puisse s'acharner la tourmente; l'autre face, tournée vers
l'asile calme de la baie, s'achève à angles droits, abritant le
pont-levis et sa culée. Elevé contre les Anglais, . Ie Taureau a
raremf\nt subi leurs attaques, mais celles qu'il endura des
éléments, qui pourrait les dénombrer'? Il faut avoir vu pen­
dant run de ces terribles coups de vent de « norouat)) qui font

rage chaque hiver SUI' nos côtes, les vagues éclater en ton-
nant contre les remparts, l'écume bondir sur les plates-formes
en longues fusées neigeuses, la mer et la rafale se l'uer en­
semble à l'assaut du vieux castel,pour se figurer les péri­
péties parfois émouvantes de celle lutte séculaire. En Hi09,
la grosse tour ronde de l'ouest, battue en brèche; s'écroula
et il fallut la rét3blir à grands frais .
Il serait bien inutile de refaire ici une fois de plus l'histori·
que de 'Ia fameuse forteresse jadis élevée et gardée par les
Morlaisiens; elle a foUrni matière à bien des travaux, et entrr.
autres à une étude parue dans le présent Ulllletin, en juin ·
18ï3, sous la signature de M. de Blois. On sail comment
le Taureau fut fondé, après la surprise de Morlaix pal' une
tIoLLe anglaise, en t!:i22.pour arrêter de nouvelles incursions;
comment les maires de la' ville y régnaient tour à tour en
maîtres, l'épée au côté, et y tranchaient du châtelain; com­
ment, sous la Ligue, Guillaume du Plessis, sieur de l>erangoII,
le transforma en repaire de pirates; comment Louis XIV s'en
empara, en 1660, en arguant des troubles intérieurs de la
cité et de la négligence apportée par ses officiers à la ré~)J'es­
sion de la fraude. Nous nous bornerons donc à donner quel-
. . ques l'enseignements inédits (extraits des archives de Ploué-

zoch et d'un fort intéressant 'dossier que M. Alain Raison du
Cleuziou a aimablement mis à notre disposition) sur la
période moins connue qui s'étend depuis l'époque de la main­
mise royale jusqu'à la Révolution.
Le premier gouverneur du Taureau fut Messire François
de Gouyon de Beaucorps, chevalier seigneur de Saint-Jean,
omcier des gardes du Roi, auquel Louis XIV, par commission
datée de Toulouse, des ï et 8 décembre 1659, en accorda le
commandement. En 1662, le marquis de Goezbriand, ensei-
, gne des gardes, lui succéda dans celte charge, ayant
sans' doute fait valoir en cour la situation du fort, aux dépen-
*dances de la paroisse de Plouézoch, et à proximité de Lano­
verte, sa résidence habituelle. Le détachement de la milice
morlaisienne qui tenait garnison au Taureau avait cédé la
place à une compagnie du régiment de Picardie, sous les
ordres de M. de Molleville. Plus tard, celle-ci fut remplacée

par une compagllie franche de 50 hommes, entretenue aux
frais du marquis de Goezbriand, qui n'exerçait pas lui-même
son commandement, mais déléguait ses pouvoirs à deux ou
trois ancit!ns omciers. Nous trouvons vers 1700 écuyer

Gabriel de Mesnoallet, capitaine de la compagnie fJ'anche, '
mort le li novembre lit3 et inhumé le lendemain à Lanmeur,
en présence de l'état-major et de la moitié de la garnison du
Taureau: puis, vers 1i'1O, MM. François de Cavaléry et
Georges de Leigh, qui s'intitulent tous deux commandants au
château du Taureau: écuyer Simon de Brisebarre, sieur de
Sain't-Simon, enseigne; noble homme Jean COLLon, siem de
la Pontonie, lieutenant de la compagnie franche. M. de
Cavaléry décéda au château le 17 juin 1.732, âgé de 78 ans et
fut enterré dans l'église de Plouezoch en présence d'écuyer
Jean Guyot, sieur de Maupinart, commandant au Taureau. Il
y avait aussi un aumônier à demeure,pour desservir la chapelle,
où Missire Marc Pastol, prêtre et aumônier du Taureau,
célébra le 13 février 16~4, le mariage d'écuyer Corentin

Jourin,' sieur de Kerasquer, gal;de-magasin, et de dèmoiselle

Isabeau de Bl'uilliac, dame de Kérillis.

On l'elève, dans les registl'es paroissiaux, la mention de
trois sinistres maritimes dans lesquels périrent plusiei.Ù's
. habitants dl! Taureau, en traversant les dangereuses passes

de la rade, Le -t2 juin 1686, Hervé Tilly dit la Grève, soldat

et sa jeune femme Marie Jégadcn furent, CI au commencement
de la tourmente}) balayés par une lame de la chaloupe du
fort et se noyèrent. Le 4 aoCit '\699, la chaloupe elle-même
chavira sous voiles, et tous les passagers périrent; on
recup.illit six 'cadavres SUI' le rivage. Enfin, le 8 sejJtembre,

-1743, nouveau naufrage de la barque de service du fort; il Y

eut sept victimes, dont cinq seulement purent être inhumées à

la paroisse. ' .

Quatre ans après, un drame bien plus terrible se déroulait
au large du château. Le corsaire de Saint.-MaIo l'Aleitle, armé

par M. Bideau de JUlligny. et commandé par Etienne Ribard,
pOI.'tani 20 canons, 10 pierriers el 193 hommes d'équipage;avait

rencontré le 21 décembre '17!17: aux abords des Sorlingues,
un vaisseau de la Compagnie des Indes et se disposait à
l'amari.ner; lor~qu'une fréga.te anglaise, allil'ée par .la canon­
nade: vint 'prendre part au combat. Après une lutte acharnée,
le vaissE'lHl de la Compagnie sombra, la frégate se ' retira fort
maltraitée, et Z'Alcidc,très avarié aussi, ayant perdu la moitié

de son équipage, tenta de rallier la côte de France. Dans la
nuit du 2:3, il arriva à l'entrée de la baie, mais toucha sur une
'roche et coula en peu d'instants. 47 naufragés purent cêpen­
dantêtrerecueillis par une gabalTe avant la disparition de
l'Alcùlc; 29 autres nll.eiglùrent il la nage le château du Tau­
reau. Le lieutenanl,M.deJuttigny fils,allerritàCaranlec. Vingt­
deux cada\Tes jonchèrent les grèvès de celle paroisse. A Ploué­
zoch, on trou va le 2G décem bre (' cieux corps morts, lesquels on

croit estre du corsaire de Saint-Malo, qui périt à une lieue du
château du Torreau le 23 c1uclit mois Il; et le 1

janvier 1ï48,

un troisième noyé: L'épave ·de· tAlride a été découverte en
:1880 par les scaphandriers du Plongcll1',qui en retirèrent seize
pièces d'artillerie, des armes diverses, des bouteilles, de la
yaisselle d'étain, des ancres. Quelques-uns' de ces objets, entre
autres un canon, sont conservés au musée de Morlaix (1),
Le marquis de Goezbriand s'était démis en \69\ du gouver-
. nementdu Taureau, en faveurde son fils alné Louis-Vincent,
qui le transmit lui-même à son fils, mestl'è de camp, mort en
· lï52. Ce dernier obtint du roi la suppression de la compagnie
rra nche, et son remplacement pal' une compagn ie d 'i n va \ides

soldée pal' l'Etat, ce qui lui permit de jouir sans aucune'charge
des 10.000 livres d'appointements annuels que versait la

communauté morlaisienne au commandant du fort. Après son
décès, Louis XV accorda ce poste au comte de Saulx de
Tavannes, à condition qte'il reformât la compagnie franche et
assumât les (rais de son entretien, mais· les sollicitations du
nouveau titulaire, soucieux surtout de tirer de son gouver­
nement le plus gros revenu possible, firent maintenir le statu .

quo. C'est également la ville qui paya les réparations opérées

au fort, en 1695, lorsque, sous la direction de Vauban, on refit
les plates·formes, on rasa le couronnement du donjon, et on

pratiqua dans le rempart qui domine le (rmnrl Chenal, des
casemates voùtées avec embrasures garnies de dix pièces de
canon de-fort calibrE>.,

Un mémoire manuscrit sur l'état des côtes de Bretagne,
composé en 1759 pal' ordre du duc d'Aiguillon, décrit ainsi le
château à celte époque « Sur le roèher du TOI'eau est t.:n fort
dit le Château du Toreau, inattaquable par sa situation; les
vaisseaux sont obligés de passer absolument SQus son feu; pOUl'
lui n'a rien à craindre de leur part. Il est à double balterie
armée de 2'] canons dont 6 de 2!~, 6 de '18, 2 de 12, 1 de 8,

(l) Ilullelin de III Soc, d'Eludes scienli{. du Fillistère, 1880, 2' ra. sciclIle, p. 90.
1\1. Bourde de III Rogcrie, archi\'iste départemental, nous a très obligeam­
ment communique, d'ap"ès un registre (8-4193) de l'Amirauté de Morlaix,
les détails de la perle de l'A./cide.

!l'de 6 et t de ~, et sur la plate-forme en haut est un mât de
pavillon pOUl' la correspondance' des signaux. Ce château aau
surplus chapelle, corps de garde, poudrière et du logement ·

pour -120 hommes; il est actuellement occupé par une com-
pagnie d'invalides. Il y a en outre dans ce château beaucoup
de logement où l'on l'enferme assez ordinairement des prison­ niers d'Etat )). De ce nombre furent, en nH5, le procureUl'
général la Chalotais et son fils, que l'on déLint durant un mois
« dans ce repaire du Taureau où on ne reléguoit que gens de
sac et de corde )). Leurs geôliers ne les traitaient pourtant pas
trop durement, puisqu'ils pouvaient, paraît-il, sortir sur

parole po.ur visiter leurs parents, les du Parc, il Keranroux .

D'ailleurs, la surveillance exercée autour des captifs selnble
n'avoir pas été trop rigoureuse, comme l'atteste une note d'un

état de iiiS, portant que « huit prisonniers se sont évadés et
sont prêts il recommencer li, et surtout j'anecdote narrée par
notre illustre ancien président, M. le vicomte de la Villemar-
.qué, dans la séance de la Société de mai 1873, et qu'il tenait
de son aïeul, dernier commandant du fort. Quelques personnes
de Morlaix ayant visité le Taureau, voulurent emmener avec
elles, sur parole, pour assister aux fètes du Carnaval, un jeune
homme charmant et distingué qui leur avait fait de la meil­
leure grâce. du ·monde les honneurs de sa prison. M. de la

Villemarqué refusa, et pOUl' coupel' COIHt à leurs instances,
finit par exhiber la lelll'e de cachet concernant le jeune homme;
elles y lurent avec horreur que leur aimable et intéressant
protégé avait a~sassiné son père. . . -.
D'après l'état de 1778, la garnison du Taureau se composait
de M. Toussaint-Jean Hersart de la Villemarqué, lieutenant
de Roy et commandant du château du r"horeau et des Sept
Isles, de MM. de Landanet, lieutenant de la compagnie d'in­
valides, Pic de la Mirandole, capitaine surnumémire et du
Chayla, garde d'artillerie, d'un sergent, deux caporaux, un
"tamb:)UI', quinze fusiliers, « pl'esque .tous infirmes par âge et

: blessures n, et deux détenus par lettres de cachet, les nommês
Pinot et [a Tel'rcw'. Le surplus de la compagnie d'invalides,
soit un lieutenant, M. des NaqlJaig, un sergent, deux caporaux
et .treize fusiliers, était cantonné aux Sept-Isles. Il y avait
aussi au fort 'un aumônier et un « concierge, fournisseur et
cantinier n, le SI" Charles Pidancet, dit SLCharles ; ce brave
homme nourrissait et soignait de son mieux les hôtes de
pas8age Qui venaient, à leur corps défendant, faire un séjour
plus ou .moins prolongé sous les voûtes humides .de la vieille

forteresse; nous n'en voulons d'autres preuves que les élogieux
certificats à .Iui délivrés par quatre officiers, le chevalier de
Patry, MM. du Penquer, de Courson et de Lesgarde de
l\'Iaisonneuve, capitaine de chevau-légers, détenus au Taureau
en 1ï80 et ·li81 par les ordres du comte de Langeron. (c Je
certifie, écrii. le premiel', que pendant le temps que j'ai été
aux arrêts au château du Taureau, je suis été satisfait de la
pension que m'a donnée M. Pidancet, gardien de laditte place,
et je lui suis infiniment obligé des bontés qu'il a eues pour

mOI n.
Un inventaire dressé en 1ïi8 par M. du Chayla nous apprend
que le château était armé de six canons en fonte, dix-sept en
[el' dont deux défectueux et hors d'usage, et quatre couleu­
vrines: une de celles-ci, qui offrait les armes de Bretagne
entourées de la Cordelière, se voyait naguère encore su',· le
rempart. Les magasins contenaient 15. milliers de poudre,
1200 boulets, 2500 grenades et 3.000 livres de plomb en balles
de 12 à la livre,
Lors de la Révolution, les bons invalides aux piLtoresques
surnoms, Joli Cçe: ur, l'E-lJeillé, la l'Lw)' qui achevaient douce-

ment leur carrière en fumant leur pipe, assis au soleil, à l'abri-
du vent, entre deux créneaux, furent licenciés et remplacés
pal' des soldats d'artillerie et du génie détachés de Brest, et le

Taureau commença à mériter l'appellation de « séjour de
larmes et de désespoir n que lui infligeait Cambry en 1794 .

A defaut des lettres de cachet supprimées, les arrêtés des
disti'icts et des comités suOirent amplement à remplir ses
prisons, et l'on e'n sortit pour marcher à l'échafaud ou s'en

aller vers l'exil. Les admïnistrateurs dl! Finistère y firent
enfermer, en 1792,' Royou-G uermeu'r, ém issai l'e des ('l'Ibn ta­
gnards et ami personnel de Marat, acte d'énergie qui devait
leur coûter cher ;.ïl y occupa ses loisirs forcés à versifier des

poésies d'une honnête platitude, comme celle que lui inspira
sa visite à la chambl~ jadis occupée pal' la Chalolais :

« Voici donc le sépulchre où fut jeté cet homme,
Digne des plus beaux jours d'Athènes e.t de Rome,
Qui, libre ou dans les fers, allia const'3mment
Le plus grand caractère au plus l'are talent. ..
. . . Avec un saint respecl je porle ici mes pas;

Ah ! ce temple est sacré, ne le profanez pas!
Vous, d'un prêtre inhumain malheureux satellites,
De vos affreux pouvoirs observez les limites.
Laissez-:noy contempler, d'un œil religieux,
La prison d'Aristide opprimé par les Dieux.

Combien, Ô ciel! combien ces volites redoutables,
Ces murs accoutumés à l'aspect du coupable,

Pour la première fois ont frémi de se voir

Le séjour des vertus, l'azile du savoir ...

, " C'est ici qu'un barbare a longtemps insulté
Aux dl'oits de la nature el de l'humanité;
Que tout près de son fils, au père le plus tendre,
On ravit la douceur'de le voir, de l'entendre;

Qu'unis dans un tombeau, pal' des remparts épais,
Ils semblaient cependant séparés pour jamais ... (' 1)

Royou recouna bientôt sa liberté; mais . des. centaines de
détenus, prêtres insermentés, nobles suspects, bourgeois et
paysans accusés d'incivisme s'entassèrent jusqu'à thermidor

(1) Arch. de M. Raison du Cleuziou.

dans les casemates du château; plusieurs administrateurs du
Finistère, proscri ts pou r ca use de fédéra lisme, y a lIend i l'en t
'la mort. Plus tard, des terroristes rameux· , entre autres Le
Carpentier, le bourreau des Malouins, qui raccommodait lui· .
même sa culotte,sur la plate-forme, et Donzé-Verteuil, l'exé-
. crable flccusateur public de' Brest, qui répétait sans cesse à
son gardien ': (c Tu me vois bien bas, citoyen, mais sois tran­
quille, je tedeviendrai quelque chose )), furent à leur tour
incarcérés au TaUl:eau ('1). Puis vinrent les mauvais jours du
Directoire, la rel))'ise des persécutions et des déportations. , Les
prisons du fort se peuplèrent de nouveau; le 1,~ ventôse An V
(4 mars ' 17(7) son commandant réclame à Plouézoch ll'ente

lits « pour coUcher soixante détenus qu'il attend )). Enfin le
Concordat de '1802 et l'avènement de l'Empire en ouvrii'ent
définitivement les portes. ' .
Les ra pports qui ex istaien t en treÎes au tori tés de Plouézoch
el la garnison paraissent avoir été ' plutôt tendus'. Le 29 sep­
tembre -Jï93, le distl'ict de Morlaix réquisitionne dans la
commune (1 'vingt lits garnis de paillasses, coettes, draps,

traversins et , couvertures, à livrer le lendemain :10 au Dourdu

pour' être transportés au château du Taureau )). On ne les
rennit que quatre ôu cinq mJis après, dans un si piteux état .

que le conseil général crut devoir protester en ces termes, le
'ZD avril -1794 . . .'

(( Considérant dans le,dégât qu'on fait dans l'accoutrement'

des lits qu'on fournit, .. , considérant aussy que plusieurs

paresseux de ceux qu'ils dormé dessus les lits, pal' méprisance
ou par négligence p., .... dans leur lit et font pourrir les
co elles, paillasses ainsi que les draps, ce qui est préjudiciable
aux propriétaires.

Considérant que plusieurs coeltes, paillassas, ainsy que les
, draps ont été rayez et percez par la bayonnette en les meltant

(1) Hisloirtl de "IOI'laix, par M. Gouin, 1839.

dans le point profond de leur lit pour leur sel'vit' de chandel-
Iiers. .
'f En conséquence, arrête que l'officier commandant le châ­
teau du Taureau sera désormais responsable da dégât commis
aux accoutrements et que les individus convaincus d'avoir
usurpé lesdits accoutrements, soit en drap, ballins, tra­
versins' seront déclarés tlSl/1'pCUrs Ji.
Malgré cet arrêté, il fallut continuer à fournir de la literie
,aux malpropres hôtes du fort; entre temps, le citoyen
commandant réclame des chaussures, des réparations à la cha­
loupe, une marmite, ainsi que le remboursement de la paie
enassignals qu'il délivre à ses hommes. Plusieurs jeunes
paysan~ de la commune furent ré1luisitionnés pour l'enforcer
la garnison, et durent laisser leurs familles aux prises avec
une noire misère. Un dernier incident déchaina la guerre.
Le 1 pluviôse an 5, on vint prév-enir le citoyen Guénolé
Mérer, présiden t de J'ad mi nistra tion can tona le, que l'agen t
national de Carantec, Yves le Mescam, .aidé de 20 autres
personnes, enlevait le goëmon qui couvrait les rochers autour
du fort. Le citoyen Mérer se rendit aussitôt sur les lieux,

escortés de ses deux collègues Thomas et Gourmelon, donna
aux ravisseurs lecture de l'arrêté du département du 1

mars

1ï92 qui accordait aux habitants de Plouézoch la jouissance
exclusive de ce goëmon, et les somma de se reLirer. Mais le
commandant, le citoyen Collin , déclara qu'il était le seul
maiLre au Taureau, qu'il ne connaissait ni municipalité, ni
dépal'tement et avait le droit de disposer du varech enfavem
de qui bon lui semblait. Il accabla les agents de Plouézoch
d'insulLesetde menaces, jurant qu'il les allait fairearrêter et
que les gens de la commune seraient · mis au cachot s'ils
s'avisaient de débarquer sur le rocher. Mérer et ses acolythes

protestant avec énergie, on les traina jusqu'à la chambre de
discipline; toutefois, craignant peul·être d'aller trop loin, le
citoyen Collin se contenta de leur en montrer la porte,

Pendant celle scène, les marins de Carantec regagnaient la
côte avec leur récolte; à six heures du soir seulement, les
agents cantonaux, auxquels on n'avait, de la journée,
donné aucune nourriture, furent relùchés et jetés dans la
. chaloupe; qui les débarqua à Barnénez, alIamés et furieux . .
Aussi, le lendemain, portèrent-ils plainte contre Collin
au ri toyen Jacq u i not, chef de ba taillon, à l'adm i n istra 1 ion
départementale,au général de brigade ArLi et eri réclamèrent­
ils la destitution. Nous ignorons s'ils obtinrent gai:! de caU3e,
mais en l'an 7, leur ennemi avait été remplacé pal" le citoyen
Rousseau qui comptait 51: hommés sous ses ordres; un peu
plus tard, la garnison est dite se composer « de près de
quatre-ving~ soldaIs D. Ces soldats, qui tra\'ersaient journel·
lement le bourg pOUl' allaires' de service, élaienr, ainsi que
ceux des forts de Saint-Samson, Sainte-Barbe et Primel, la

terreur du canton; il s'y comportaient COI~lme en pays
conquis, volant ce qui leur tombait sous la main, maltraitant
les paysans, insultant les femmes. Plusieurs des scènes
scandaleuses qu'ils provoquèrent sont racontées tout aù 10:lg
dans les registres. ' Malgré les plaintes des autorités, leurs
chefs ne sévissaient que peu ou point contre les coupables;
en l'an 1'1, un soldat ayant dérobé divers objets dans l'église,

la femme du maire courut le dénoncer au sergent, mais cê
peu galant militaire s'en prit à la pauvre dame (( Le sergent
se mil alors en colère, éCl'Ît le maire, il traita mon épouse de
g, ~. el de ca rogne, en lui donnant plusieurs bourrades dans
l'estomac, et lui serra si fort les bras qu'ils en sont meUt'·

tris ll
Le château du Taureau a été déclassé en 1889 ; depuis on

ya replacé un gardien et quelq" ues pièces légères d'artillerie.
Militairement parlant, sa valeur est dHenue nulle; cepen
dant, c'est un monument curieux que l'on visite avec
intérêt, et à ce Litre, il mérite de subsister. On y pénètre par
un portail cintré, à pont-levis retombant sur une culée ou

acancé auquel donne accès _ un escalier taillé dans le roc.
Au dessus du portail se distingue encore l'écusson en bannière

que chargeaient avant la Ré\'olution, les hermines de Bre-·
tagne. A droite de l'entrée se trouve le corps de garde, aux -
épaisses murailles voCtl.ées percées de meurtrières; à gauche,
la chambre de l'aumônier et la chapelle, toutes deux désalIec-

tées. Au milieu du château s'allonge une étroite et sombre
cour pavée SUl' lafJuelle s'ouvrent les portes et les fenêtres
des appartements el magasins intérieurs; on y montre
I"ancien dépôt de vivres, la cJntine, la chambre du chirurgien,

avoisinant un alIreux cachot sa ns jour, la citerne, la prison,
retrait obscur creusé dans le robuste éperon arrondi qui
termine et protège au nord la forteresse, et onze casemates
jadis garnies de ca nons de 24 et de ' 18. A l'angle du sud-ouest
s'élève le donjon, grosse tOUf cylindrique éga lement percée
d'embrasures. Sur tous ces divers locaux règne une plate­
forme bordée d-un parapet crénelé et pavée de grandes dalles:
Il y a lieu de déplorer que lors des récents travaux d'aména­
gemen t, on ai t détru i t les éléga n te ::> écha uguel tes accrochées
çà et là aux remparts, d qui allégeaient de leurs fines
silhouelles la pesante masse du fort. ~falgré les siècles, les
flots et-le vandalisme, le vieux château inorlaisien est encore
là, endormi sur sa roche, u- beau à voir dans les tempêtes
d'hiver, sous un ciel orageux, quand la mer se brise et couvre
ses remparts comme la proue d'un navire, ou lorsque dans la
splendeur des jours d'été, les vagues bleues -moutonnant
dans la baie lavent en mourant le pied des tours dorées par
le soleil, qu'une blanche ceinture d'écume ondule le long
des pierres, sou\'enir de granit perpétuant l'acte glorieux de -

notre bou rgeoisie, son éla n héroïque )l (-t i.
. De Barnénez au Dourdu, on compte cinq kilomètres du
plus pilloresque des chemins, un capricieux sentier de
(1) Charles Alexandre, Morlaix el ses historiens, 1842.

douaniers suspendu au rebord de la falaise, frayé sous des
haies d'aubépines et de ronces, escaladant des pointes
rocheuses, longeant parfois des champs de trèfle, de blé
noir, d immenses landes, mais toujours dominant à droite le

go He resplendissant, pailleté d'élincelles, animé çà et là
par un vol de coui'lis écrêtant les lames ou quelque barque
pench~e sous sa voi le rouge_ Les ma rées sa pen t peu, à peu
cette côte à pic, formée de terres àrgileuses, et chaque année,

des ébou lemen ts se prod u isen l. Ce tra va i 1 de destruction
remonle à loin; le cahier paroissial LIe 168'1, conlieal men lion
du décès de deux pauvres marins qui « passant pour s'en
aller chez eux au long de la l'ive, furent accablés vis-à-vis
de Rochendour par une quantité de terre qui s'écroula sur
eux l'. On dul travaillel' deux jours pour retrou\"er leurs
corps (1) .

La grève s'élargit en " palue» deva'll le beau château
moderne' de· Trodibon, bùli au pied de la colline, adossé à
un bois toutIu qui s'étage sur les pentes. Cetle terre doit
son origine à une chapelle dédiée à Saint-lJyboan ou Saint­
Dibon, d'où est venu le nom de Tl'odibon (vallon de Saint­
Vihan). Elle appartenait en 16ï4 il noble homme Bertrand de

la MOlle, bourgeois morlaisien, et en 1698 à noule homme
Pie .... e ·Poilpré, sieur du Marchaix, époux de demoiselle
Renée Salaün, lesquels firent faire et bénir une cloche pour
la chapelle, le '7 mai 16!)8: Nobles personnes Fran~ ,ois Cuil­
lerot, sieur de la Pignonnière, et demoiselle Augusline- l)érine
Deuis imposèrent à celle cloche le nom de rrançois- :Il/.{ju.s-

tin (2).
Pendant la Révolution, la propriété de Trodibon, compre­
nant le manoir et les métairies de la Porte, I{erarprince,

Kerfenefas el Runverrel, élait possédée par M. Pierre - Joseph
de la Moussaye . Le II février ' 1793, le conseil général de la

. il) Archh'cs dc Plouezoch,
(2) Id. Cahier de i698.

commune ledénonçait comme aristocrate dangereux etrécla­
mait sa mise en sllfl'eillance, ce qui ne l'empêcha pas de
protester plus tard contre son arrestation et d'appuyer
chaleureusement la pétition que les citoyens de la section de
Lanoverte adressèrent au Comité du Salut Public, le 2G floréal
an 2, pour obtenir sa mise en liberlé. Libéré après thermidor,
M. de.la Moussaye rc\'int à Trodibon ely vécut sans être
desormais inquiété. Ce domaine fut ensuite acquis par la
fa mille de Kersa uson, et le ch,îLea u est actuellemen t la
résidence de M. le comte Lo'uis-Joseph de -Kersauson-Vieux-
Châtel, ancien député, maire de Plouézoch. -
Au sud du parc se cache, dans un droit vallon .ombragé
qui vient brusquement déboucher sur la grève, le vieux
ma noi l', con verti en ferme, de Traonévez, bercea u de la

famille du même nom, portant, d'après Guy Le Borgne, dc
gucule.) seme de fleurs de lys d'argent . La réformation de
1445 cite (( 'Ie métayer au sire de Lescoloam au Tuobrenc:: ",
et la montre de 1481 un Ponthus Tuonévez, archer en bri­
gandine parmi les nobles de Plouézoc'h. En 11)43, Messire
Maurice de Ploësquellec, seigneur de Bruillac, était proprié­
taire de Traonévez, qui avait passé, vers la fin .du mÎlme

siècle, à Jean Coail, mari de Jeanne Cazin. Leur fils, Auffray
Coail, baptisé à Saint-Mathieu de Morlaix le 20 avril 11)ï9 {Il,
sieur de Traonévez, conseiller du Roi et son baillif au siège
de Lanmeur en 1620, épousa Constance de' Lescorre, dont
Marie Coail, héritière de Traonévez, mariée 1

à Yves de
KelTet, sieur de !{erdoret, sans enfants; 20 le 21) novembre
f642, à écuyer Claude de Gralz, sieur de Beauregard et du
Bois de la Rive. (2) Ce demier, bien qu'issu d'une antique
et puissante maison du Dauphiné, ne ,put produire' à la
réformation de f6ïO des titres constatant son ascendance;
aussi se vit-il débouté et frappé d'une amende comme usur-

(li Reg. par. de Sainl-;\lalhiclI dc Morlaix.
(2) Ibid.

pateur (-1). ]\ décéda le 24 juillet 16/ti au manoir de Traonévez,'
et fut inhumé dans son enfeu de l'église de Lanmeur. Son '
nlsainé, Yves-Gabriel du GraLz, sieur cie Neufval (traduction
française de Traonévez), né en W.l4, épousa Françoise­
Clotilde de Jnuréguy, mais leurs enfants moururent en bas­
,ige, et la sœlll' d'Y\'es, Marie-Marthe du Gratz, dame de
Villesaint, apporta Traonévez aux Le Gac de Lansalut pal'
son mariage, célébré à Plouéioch le ' 2:) juin \fi69, avec
Claude Le Gac, sieur cie la Villeneuve, plus tard sénéchal de

Guingamp. . .
Yves-Gabriel Le Gac, sieur cie Lnnsnlut, capitaine cie la
paroisse cie Plouézoch, et sa femme Jeanne-Judith de Kerleau
résidaient en 1ï20 à leur manoir de Traonérez, . où mourut
le '2;;; mars 1712 messire Jean-Claude Le Gac de Lansalut.
sieur recteur de Louargat. On le trouve possédé, en nao,
p 1I' Pierre Le Gac de Lansalut, mari de Françoise-Céleste
Cœuru. , dame de Coatilès, et père de Loili~-Gahriel-Claude
. Le Gac de Lansalut, capitaine nu régiment de Nice Infanterie
et chevalier de Saint-Louis, qui épousa en Inil, à Locf(uénolé,
Marthe-Françoise du Chesny. .
Aujourcl'hui, Traonévez dépend de la propriété cie Troclibon,
ainsi qU'lin autre vieux manoir, Iü~rfénéfas. et les fermes cie
la Villeneuve et Kerarprince, anciens lieux nobles cités dans
la réformation de IV~5 : (( le métayer à la dame de Tuogofl
à I>anpris. Le métayer à Messire Pierre de Tuogoff en son
hostel de la Villeneufhe )), I(erarprince, qui porte gravé
sur sa lucarne, en caractères gotlliques, le nom de son
constructeur: r. Jégadcn, vivantenl550 c1'après les registres
paroissiaux, reste un type caractéristique d'habitation rurale
au seizième siècle. Quant à Kerfénéfas, mentionné dans la
ml~me réformation, (1 le métayer à Jehan Pezronen son
hostel de l~meface n, c'est une grande maison grise entre une
Il) Al'rêls de la Chnmbl'c.de la l'éfol'malion lû(j~-7t, m,s. de la bibliolhcqlle
de 1II01'Iaix,

BULLETIN AIICHI~OL, DU l'INlsn ;IŒ, - TOME XXXUI (Mémoires) 4

cour il portail et un jardin clos de murailles ébréchées; elle
appartenait en 15(~3 aux Forget, ( Il par acquêt des Le Barbu,

puis vers 1580 aux Quintin, aux Coail en W30, cl Guénolé
Kerboul, sieur de Mesgouez, Le Cosquer, en Hi7!l. Les
héritiers de ce dernier la transmirent aux Bernard de Basse­
ville. Madame veuve Bernard de Basse\"ille, née Marzin, y
résidait sous la HcvoluLion et ,y recueillit pendalltla Terreur,

dans une cachette qu'on montre encore" deux prêtres inser-
mentés, MM. Le Corre, ex-vicaire de la paroisse, et Pell,
qu'elle sut soustraire à toutes les perquisitions. CeUe
excellen te dame ne fll t d'a i lieurs a ucu nemen t molestée, et
entretenaitde forts bons rapports avec le~ olliciers municipaux,
qui lui délivrèrent, « l'octody du 2e décadé de frimaire nn3 )l,
un certificat de civisme agrémenté d'un signalement des
plus réjouissants. Le H frimaire an 5, les autorités de
Morlaix font l'équisiLionner chez elle huit cents livres de
froment. Bien d'autres nobles n'en furent pas quille à aussi
bon compte. .. '
Non loin de Kerfénéfas existe dans une lande un monticule

de vastes dimensions, qui semble être un tumulus; la ferme
voisine porte en elTet le nom très significatif-de Runverret

(le tert' re du cimetièl'c), A quelque distance vers le nord,
une élévation de terrain oflre cl son , sommet plusieurs
mégalithes paraissant avoir fait partie d'un croffitec'h.
Un quart d'heure de marche mène de Trodibon au village de
Dourdu, à l'embouchure de la rivière du même nom. C'est
,l'un des plus riants coins de la côte morlaisienne que ce petit
estuaire s'ouvrant entre les hautes futaies de , Sucinioll et
une colline couverte de blallQhes maisons escaladant dans un

joyeux désordre la montée abrupte de Brignonic. Au pi~d du
hameau , une palue caillouteuse, veloutéa par places d'un
gazon ,ras, s'allonge en formant une sorte de port d'échouage

(1) Ulle vieille cl'oix ,"oisinc pOl-te 1 OlljOlll'S. le 'jOIU dt;: ç/,O(I:-Forgcl

. naturel où s'abrite toute une flottille de yachts élancés, hauts
sur quille, bariolés d'éclatantes couleurs, de rustiques
gabal'l'es luisant dans 'Ieur cuirasse de goudron, d'humbles
barques dansant sur les lames courtes du chenal C'est là
. que Nicolas Coëtanlem,riche négocianl.etarmateur morlaisien,
seigneur de Triévin et de Keraudy ell Plouezoch, lit COflS­
truire en Hi03, sur l'ordre d'Anne de Bretagne, la célèbre
caraque de guerre la. Co/'(lclièJ'l~, dont la 1in glorieuse et
tragique au combat de Saint-Mathieu, le a aoùt Hil::!, a
immortalisé son cllpilaine Hervé de Porsmoguer. Pendant la
Ligue, la Sainte-Union morlaisienne, dans sa séance du '2H
septembre 1589, {( advise que l'on esquipera quelques
basteaux pour aller prendre les' passaiges de Saint-Julien (01 ),
des moynes et T~anroux et les rendre en ceste ville ,:sic)
atandant faire une pataige (patache) armée pour ItlS personages
et la liberLlé du havre. Advisé que 100 bastelliers de
Plouézoch seront contrainctz pal" serment au Capitaine du
chateau (du Taureau) «uilz ne presteront ne bailleront leurs
basteaux: poor passer ou I:epassel" les enemys de ceste ville,
pl'omectre lu Y" teny.r hon et promectron t d'a verti 1" led i t ca pi­
taine et ladite ville silz entendent quy se brasse rien contre .
ladite ville. Il (2)

Le mouvement commercial du DOllrdu, aujourd'I)ui insi-
gnHiant, eut jadis une imilOl'lance relative; on y exportait
surtout des toiles 1 issées dans le pays. Ecuyer Piene-Marie
Hobichon, sieur de Rerhars, époux de dame ! \'larie-Anne
Lagadec, se qualifie en 17ïti de sous-brigadier des fermes du
Hoi au poste de DOllrdu; ce modeste fonctionnaire avait sans
doule quelque lien de parenté a \'ec un autre Hobichon-Kerhars

de Plougasnou, encore bien plus déchu, qui , d'après M. Alfred
de Courcy, cherchait vers ' 18.10 à baure monnaie avec " sa
({) C'est le passage dll ))ollrdll, cn face duquel, l'l'ès LO CI[UCIIOlé, sc
trcii":,,it hi chapelle de Saint·Julien. .
(2) Beg. de 1" Sainte.l,Jnion f' 4 l'ccto. - Arch. de la mairie de Morlaix .

noblesse en la vendant au plus offrant, y compris le privilège

de guérir les maladies de peau par l'imposition des mains (1',
En 1772, M. Piganiol de la Force, ingénieur, publia UI!
mémoire dans lequel il proposait l'établissement d'un bassin
à Oot au Dourdu, bassin qui, selon lui, eût été (( d'une grande
beauté et plus étendu qu'aucun autre fait de main d'homme
dont on ait connaissance dans l'Europe n, (2) Ce projet ne
s'est point. réalisé, bien que Cornic l'ait repris à' son tour dans
une série de mémoires adressés aux consuls, puis à Napoléon

, où il atll'ibuait les revers de notre ma"rine au tort unique
de n'avoir pas créé au DoU/'du un port de refuge et de radoubage
pour les navires de guerre. C'est à Morlaix même qu'a été

établi le bassin à flot depuis si longtemps réclamé par les
commerçants et les marins, et l'anse du Dourdu est demeurée
telle que la nature l'avait faile, sans que les simples touristes
comme nous, aient aucune raison de le regretler.
Tftlis kilomètres environ séparent le DoU/'du, ou plutot le
Trtiz, le Passage, du bourg de · Plouézoch. On rencontre en
chemin le hameau de Kerivalen, autrefois terre Iloble de la
famille Le Borgne, Jean Le Borgne, sieur de Kervidou,
mentionné parmi les nobles de Plouézoch en IM5, vendit
en 1485 le lieu de Keri"alen à Tanguy de I\eranguen, duquel
le retira par retrait lignager sa fille Catherine Le Borgne, qui
le revendit peu après il Nicolas Coëtanlem, sieur de Keraudy,
Cet autre manoir, voisin de Kerivalen, n'est plus qu'un
groupe de masures. La fille aînée de Nicolas Coëtanlem,
Marguerite, héritière de sa grande fortune, fit entrer Keraudy
et plusieurs autres terres dans le patrimoine des Goezbriand,

en épousant le 4 novembre '1500 Guillaume de Goezbriand,
seigneur dudit lieu. Plus près du village, vers la droite,
existai t a ussi le manoir de Coa t.q ui f, possédé au dix-septième
siècle par les Coatanscour, qui l'affermaient aux recteurs de
(1) Esquisses. - Le Breton (1840).
(2) V, O~é. art, l\Iol'laill;,

Plouézoch pour en faire leur résidence. En 1.686, il avait
passé à noble homme François Dorigny, de Morlaix, et vers
1780, à Jean-Eléonore Le Roy de Durdan, officier volontaire
sur les vaisseaux du Roi. Saisi pendant la Révolution sur
l'émigré de Kerouart.z, ce manoir fut vendu comme bien

national el a été depuis remplacé par une maison moderne.

Nous avons parcouru l'Anol' de la commune; il nous reste
maintenant à en explorer le fJoWI'I't!, qui offre à notre curiosité
mai n tes a utres résidences seigneu ria les et vieilles cha pelles.
La plus intéressante de celles-ci se trouve à un kilomètre du
bourg, au carrefour des routes de Mprlaix. Lanmeur et Plou­
gasnou. C'est un édifice de H>ï4, dédié à Sâint-Antoine et
bâti SUI' un tertre ombragé de frênes, d'où le regard embrasse,
,au sud, un immense horizon. Sur la façade fait saillie un
porche en auvent fermé par une grille de bois à balustres très
élégamment touJ'Oés, avec bagues, fleurons et chapiteaux
corinthiens, reposant SUl' une base de panneaux sculptés. Le
chœur, terminé en hémicycle, est flanqué de deux chapelles
latérales et séparé de la nef pal' une arcade que surmonte un
clocheton gothique mutilé. Au maitre-autel se voient la statue
de Saint.-Antoine armé d'une clochette et suivi de son cochon,
en souvenir des c · ochons de l'hôpital des religieu x Antonins,
autorisés il vaguer dans les rues de Paris pour y chercher leur
nourriture de porte en porte, celle d'une Vierge-Mère dite
Notre-Dame-de-Gr{Ice el un groupe de Saint-Yves entre Ir,
riche et le pauvre. Beaucoup plus grand que ses deux inter­
locuteurs, le bon Sant-E-I'wan repousse du geste la bourse du
riche, gentilhomme à perruque, en bel habit Louis XIV, pour
saisil'les papiers que lui tendait, d'une main malheureuse­
ment absente, le paysan à la veste frangée et aux chausses

, minables.
Sur l'autel de gauche sont les images de Saint-Yvy et Saint-

Maudez, tous deux crossés, mitrés, et bénissant; ce bas-côte
renferme un caveau oü 'l'eposent divers 1l1embres de familles
du pays, Trogolf de I(erlessy, Coroller de Kervescontou,
i\liorcec de Kerclanet, Pitot clu Hellès, etc., qu'énumère une
longue inscription moclerne. L'autel de clroite elit orné cles
statues de Saint-Jacques, avec son chapeau garni de coquilles ' .
el. son bourclon, et cie Saint-Philippe, qui sont également
peints sur le colTre de "autel On remarque sur les piliers du

chœur les a rn1'oi ries des Kergournadech échiqueté d'ol' ct de
(fllr.'IIlcs et des Goezbriancl d'a~ul' à la. fasce d'()/,.
Au milieu de la nef. sur le ll'cl ou poutre triomphale, est

posé un Christ en croix , accompagné de la Sainte-Vierge et

de Saint-Jean, tO~IS trois cie- taille naturelle et abl'ités par une
sorte de dais couvert de peintures figurant le Père Eternel et

les quatre Evangélistes. Près cie la chaire, il y a sur une
console une statue de saint tenant lin livre fermé. Les
poutres et les frises du lambris olTrent quclques sClllptul'es
et statuettes. A droite du portail gît dans un coin un fragment
de l'anciennè croix gothique du cimetière, remplacée en
175ï par une autre bieri inférieure; on y reconnaît quatre
personnages, le Christ; URe Vierge-Mère; Saint-Antoine

et son cochon, ayant au cou une cloche, dressé contre son
genou; Saint-Yves, en robe longue et camail, argumen- .
tant SUI' ses doigts. Au sud cie la chapelle, à Kerbridou,
.::oule la fontaine consacrée sous un petit édicule; le jour _
du pardon, le dernier dimanche d'avril, on y jette des clous

pour obtenir la guérison des furoncles. .
En '16ï9, les vitraux contenaient les armoiries dcs Goez­
briancl, des Pastour de I{el'jan, des Rosmadec mi·parti cie
J{ergournadech, etdes Kerscau. Penclant la Révolution,. Saint­
Antoine clevint le lieu de réunion des assemblées électorales
primaires de la commune, et dut à cette . circonstance de con­
server sa cloche, qui senait à convoquer les citoyens. Le 21

thermidor an 9, les abbés Henry et Carn déc,laraient vouloir

Chapelle de Sn int-A Il to i ne,

Porche

de la ChapeJl "
- !ifl -

êxercer leur culte dans les chapelles de Saint-Antoine et de
Trodibon, en même temps que le cmé constitutionnel Morvan
faisait la même déclaration pOUl' l'église paroissiale.
La seigneurie de Saint-Antoine, formée de deux métairies
nobles, a appartenu à la famille de I\:erc'hoellt de Kergourna­
dech, éteinte en Hi-t6 dans Rosmadec par le mariage de Renée
de I\:erc'hoent (( le plus considérable parti qui fust alors dans
. la Bretngne n, avec Sébastien de Rosmadec, marquis de Molac,
gouverneur de Nantes et de Quimper. En 1674, elle avait

passé aux I(erscau, puis aux Kersaintgily-Traonjulien par
alliance en '16SG. Les fermes voisines de Kerbridou et de
Tréoguer sont aussi d'ancien Iles terres nobles . Guy de Quélen,
sieur de I\el'bridou, épouse en 1409 Catherine le Borgne. dont

Isabelle de Quélen, héritière, mariée vers 1527 à Guy de
Kerscau, sieur de Kerenec. Tréoguer a été aux Goezbriand
vers le milieu du seizième siècle; en 1674, Jean Crouézé,
sieur de la Maillardière, sénéchal de Morlaix, en était le
possesseu r.
De Saint-Antoine, le chemin dévale brusquement pour aller
rejoindre, à mi-pente, la route de Plougasnou à Morlaix. Du
carrefour se détache un sentier de traverse,abrupL et raviné,
qui plonge dans la vallée On y rencontre une vieille' fontaine
de granit, à édicule, piscine et niches de saints, noinmée
Feunteun- Jésus. De l'inscription gravée sur son fronton, les
premiers mots seuls restent lisiblJS : BIBE : AQVAM : .
VIATOR : ...
Au plus creux de la combe, le village ae Dourdu-en-Terre
abrite ses quelques maisons blanches entourées cie verdure,
autour du pont que franchit la route de M.orlaix. En aval,
après un ancien moulin féodal reflétant dans son calme petit
étang ses pignons à crochels et sa chaussée presque cyclopé~
enne, s'élargit un sinueux estuaire, vaseux et désolé à mer
basse, mais gue La marée vient remplir en berçant sur l'eau

désertes, vêtues d'un fauve 'manteau de ·tailliset de landes,
cement celle mystérieuse coulée où, selon un dicton qui a cours
à Plouézoch, serait enfoui, dans quelque recoin ignoré, un '

trésor d'une fabuleuse richesse.
Eue C 'l'oa.: al' /lest hag al' C' h l'a, an Treiz.
E man eu!' l,arkik besqucllek a ({cil R,'eiz. '
\Entre la croix du Rest el la montée du Passagn.
Existe un pelit champ irrégulier qui vaut toute la Bretagne), '
Su rune sorle c1'éperon t'ocheux tria nglJ la i re forma n t ter­
rasse au-dessus de la rivière se voient les vestiges dl! château
de Kel'antour, autrefois possédé par les . Goezbriand. A ses
pieds passait la route de Plougasnou et de Saint-Jean-du-Doigt;

aujourd'hui rectifiée en celle partie, et dont il faut suivre le

tronçon abandonn, é, vers Kerjan et les Roc'hou,pour rel l'OU ver
quelques traces du pavage, disparu ailleurs, que la duchesse
Anne y fit posel' pour faciliter aux pélerins l'accès de la
chapelle miraculeuse d\.! Précul'seur.

Etre Montroule.z ha Srznt-Yann.
Zo grec eu'/' pallé neuez-flamm,
Za grec cw' pa!;c e IlIcingl'iz .
Da za/'etnp/'ct Sant-r ann-aI'- Uiz ,
(Entre Mol'iaix et Saint-Jean ,
Est rait un pavé tout neuf.

Est [ait un pavé en pierres grises,
POUl' , fréquenter Saiut-Jean-du-Doigl.)

Une suite de sévères coteaux, portant chacun un vieux.
manoir, dominent la rivière en amont du village, Un sentier
longeant d'abord le gai cours d'cau et ses moulins virant à
l'om bre des peu pl iers, pu is gra vissa nt lin v 'ersa nt dénudé nous

mène en quelques minutes au manoir ruiné de Tl'iévin,
ancien ne chà tellen ie incorporée a u fief de Coa tcoazer, et
antérieurement possédée par les Menguen, Raoul le Menguen,
sieul' de Tl'iévin, vivanl vel'S 1400, épousa Arnice de Coat-

éorigar, dont une fille, mariée à Richard Etienne. Ce dernier,
cité parmi les nobles de Plouézoch à la réfm, de 1445 laissa
trois fils: PhÎlippe Estienne, sieur de Trié\'in, décédé sans
enfantsde son mariage avec Marie Le Meur, dé(J1/erpie (veuve)
en 1481 ; Nicolas, sieur de Triévin, archer en brigandine à la

montre de 1481, mOl't sans hoirs, et Charles, époux de Cons-
tance de Kerouzéré, qui vendit en 1488 la terre de Triévin' à
Nicolas de Coëtanlem, sieur de Keraudy, père de Marguerite
de Coëtanlem, dame de Goezbriand. C'est à Triévin que naquit,
en 1638, le marquis dtl Goezbriand, maréchal de camp et

gouverneur du Taureau. Après sa morl, celle terre échut en
partage à son troisième fils Charles-Jean, chevalier de Goez­
briand, page du Roi en 1680 el auteur de la branche encore
exislante de cette famille '

Triévin appartient actuellement à Mme Huon de f>madec.
On y voyait naguère l'ancien portail, défendu pal' une tour
carrée mi-croulée, et les restes délabrés de l'habilation. A
l'extrémité du jardin existe le pignon de la chapelle domesti-

que, dont le vocable est oublié. La ·ferme du' ,Petit-Triévin a
également été une terre noble, d~après la réformation de 1445,
qui cite « le metayer à Mess

Allain de Ploësquellec en son
hostel de Triellevin )),
On rencontre ensuite le hameau de Kerseach , où se trouve
une vieille et solide maison gothique avec d'originales ouver­
tures, un escalier Intérieur et un puits monumental dans la
cour. Jean de Leau, sieur de Kerseach, et sa femme Catherine
an Quenquis (du Plessis) y résidaient en 1568; leur fille Cathe­
rine épousa le 8 juillet t604 Nicola!'> Nuz, sieur de Kerhunan ,
fils d'autre Nicolas, maire de Morlaix en Hii8, dont Cathe
ri ne Nuz, héritière de Kerseach pal' le décès sans hoirs de son
oncle Jean de Leau, inhumé dans l'église de Cubul'ien le ' 16
août 1645 (1), et mariée le 19 juillet 1643 à écuyer Claude­
Marie Jarnage, sieur de la Planche .

(1) L'une des dalles tumulaires de celle chapelle, chargee d'uil écusso ll

Ën suivant toujour. le même sentier, nous passons à Ker­
\'ec, ferme de laquelle dépend un champ contenant un tumu-

lus d'une centaine de mètres de pourtour et encore assez sail-
lant, malgré d'évidentes tentatives d'assolement. CeLLe pièce
de terre porte le nom singulier de Pw·t; al' cl"Îminalo1t (le
. chaml) des criminels). De I\ervec , un chemin très accidenté
mène à l'ancien manoir de !\cl'Ooter, autrefois possédé par la
famille de Quenquizou. Jean de Que0'luizou. miseur li Mor­
laix en H!:)2, fut père d'Alain de Quenquizou sieur de Rer­
noter et de Mezanrun, sénéchal de l\: Toriaix et Lanmeur en
' 148'., puis conseiller aux Grands jours du parlement ducal en
\l195. Il eut de sa femme, Perrine de Goezbriand, Raoul de
Quenquizou, gentilhomme et échanson du duc l~rançois Il en
il188 , père d~ François, sieur de Kel'Ootel', panain à Ploué·
zoch le 28 avril - 1524. Le filsde ce dernier, Raoul de Quenqui- .
zou, vendit vers 1567 la tet;re de Kernoter à Vincent du Parc,

sieur de Mesquéault, ~pOllX de Jeannette le Rouge, dnnt ault'e
Vincent du Parc, sieur du Mesquéault, marié à Anne Thorel,
dame de Rosgustoll, et résidant en - 1588 au manoirde Launay

en Saint-Melaine de Morlaix. Leur fils ainé Pierre du Parc,
sieur de Kernoler est, le 2 mars 151:10 « reczeu a jurer l'union
a la charge dalel' trouver Monseign

le duc de Mercœur dans
le n10ys et de cze bai 1er cauption de mil escus suilvant quoy

led, Sr de Knoler a baillé a cauption le Sr du Parc son père
et MC Yves Marec )) et prêta serment de servir le parti ligueur
entre les mains de" l'archidiacre de Plougastel (t), Il dut mou­
.rir sans hoirs, car sa sœur Françoise du Parc apporta Km'no-

tel' allX Toulbodou en épousant Yvon Toulbodoll, sieur de
Coatquéall, dontllne seule fille, Renée, née à Rernoter, bap­
tisée à Plollézoch le - 16 novembre t598 et mariée vers 1625 à
Jean de Guicaznou, écuyer, sieur de Kerandlliven en Lan-

allX arilles des dl! Leau, ,l'azur lIlI chevron cI'or accompagllé de:1 IllO/clte5 de
même, doit rceouvril'la sepulture de Jean de Leau.
(1) Heg. tic la S" Union 15Sa-t5QO r· 83 vel'SO (Arch. de la mair'ie de MOI'
laix).

meur, René de Guicaznou leur fils, marié à Elisabeth de Ker­
poisson, dame de la Villesavary, vendit vers 1660 le manoir de
Kernoter à un marchand morlaisier., Yves Ferrière, sieur de
Bus~é , Il fut saisi pendant la Révolution SUI' l'émigré Jacques­
Joseph de Kerouartz et vendu comme bien national. '
Ce manoir converti en ferme, mais à peu près intact, est

demeuré un vrai type de gentilhommière d'autrefois, avec
son grand portail cintré, sà cour close et pavée, abritant le
puits, sa porte à arcature gothique et écussons mutilés, ses
fenêtres aux nombreux petits carreaux, ses lucarnes de pierre,
ses hautes cheminées, sa tourelle d'escalier aux larges dalles

de granit. Dans l'une des salles du rez-de-chaussée, on voit
sur le manteau de la cheminée le blason des Quenquizou, de
sable /,retté d'or. Derrière la maison s'étend un vaste jardin
entouré d'une muraille élevée que flanquent du côté du che­
min deux grosses tourelles rondes percées de meurtrières.
Lorsque debout sur le couronnement d'une de ces tours, on

contemple la calme et soul'Ïante vallée du Dourdu, les vieux
moulins cachés dans le feuillage, le souple ruban de la rivière

argentant les prairies, au pied des menez escarpés de Triévin
et de Kerseach, tout ce paysage d'une quiétude si douce, on se
prend à envier le sort de ceux qui ont vécu là, au temps jadis,
en l'heureuse' monotonie d'une existence aussi tranquille que
le cours ,du ruisseau qui serpenteau-dessûus du vieux manoir.
De Kernoter dépendait une « arcade et enfeu eslevé de terre
de deux piedz et de long six piedz et demy )l situé du côté de
l'évangile du maître-autel de l'église de Plouézoch,avec un banc
et une petite vitre armoriée, comme l'arcade, de deux écus­
sons, le premier de sable à la. fasce d'or accompa. gné-e de 3
coquilles de même, qui est Périou du Mesquéault, l'autre parti
de même et d'oT à six 'feuilles de sinople, qui est Toulbodou
de K ernoter.
A deux cents mètres du manoir s'élève la chapelle de Saint­
André; elle existait déjà en HH8, puisque Nicolas de Coëtan-

lem léguait celle année unr; cscn pO/'lé à Monsieur Sainct
André, ainsi qu'à Messieurs Sainct Antoine et Sainct COIl\'cn
de Ploezoch (1). L'édifice actuel, très simple, sem hie dater de
la fin du seizième siècle; on y voiries statues de Saint André,
attaché à sa croix, Saint Jean, une · Vierge·Mère, un Christ
et un groupe d'e Saint Yves entre le riche et le pau\'I'e,
reposant sur une console formée de trois gracieux angelots
qu'entoure une guirlande de ruses; le saint, en robe el lO'lue
d'avocat, tienl de la· main gauche un sac de procès et saisit de

la droite les papiers que lui remetJe pauvre, très célractél-is-
tique avec son bissac, ses culolles dépenaillées et son vieux

chapeau; le riche coillé ct'un tricorne et richement cO'3Iumé,
a perdu , son bras droit, qui tendait la bourse, Au·dessous du
tertre que SUrll101)te le léger clocheton de Saint Andre,au bord
d'un sentier dégringolant vers le /'ustique Pont de l'Omcial,

coule la fontaine consacrée, Le pardon se célèbre au premier

dimanche de l'A\'ent, n , lais le clergé n'y prend aucune parL.

Saint André est invoqué' pour la guérison de la coqueluche, à
. cause sans doute de l'identité du nom br, elon de celle maladie,

an d/'Jo. avec le sien, Sant A nd/'Jo ; on' apporte à l'olIi'ande
des ,tranches de pain, , ,
Au Sud-Est de Kemoter, tout à l'extrémité de la commune,

était le manoir· de Ro~angavet, possédé en -14i5 par Guyo-
marc'h C,azin, père de Jean Cazin, qui se fit représenter à la
montre de -148\ par Bertrand Le L~loch, archer' en brigandine
o page, et eùt pOlir fils autre Jean, époux de Marguerite Le
Marant, dontJeaq Cazin, sieur de Rosangavet, mentionné dans
la réformation de 154;3, Son arrière petile-fille Louise Cazin,
héritière du lie, u, se.,maria vers ' 1616 à Jacques C;lrion, sieur ,

de la Noë, d'une famille d'origin~ espagnole, Leurs héritiers

ont vendu la terre de Rosanga vet à Jacelues Boudin, sir.ur de
Launay, secrétaire du Roi en fiOl, el la dernière des Carion

(II v, son testament, publié pal' M. Luzel dans le IJI!lIelÎ,! de la Sqcjt'té
(l'Eludes Scientifiques dll Fillislèrç de ISS~,

C/làleall de Lanovcr'tc. -
Murailles de K crnolcr.
portail

a la Yi IlcllCll \' (',1'0 lal't,

- MUI\oÏl' les Hoc'hou,

épousa en 1759 le chevalier de Tréanna, dont elle ne laissa
pas d'enfants. La ferme acluelle n'a rien conservé de l'an­
cienne demeure. Les seigneurs de Rosangavet avaient un banc
dans le chœur de l'église de Ploué7.0ch, du côté de l'épllre . .
Celte région du UOUl"'l"t, infiniment moins accioentée que
les abords du rivage et la vallée du DOUl'du, se compose de
haules lenes .. de mezou, selon le terme trégorirois,d'où la vue
s'étend au Sud jusqu'aux brumeuSes montagnes d'Arrée .' Des
landes, des bruyères aux leinles dorées ou mauves entourent
quelques cha m ps cul ti vés, et d'a nciennes fermes enca puchon­
nées de lierre, alfaissées sous leurs toiLs moussus, se cachent
çà et là dans un maigre bouquet d'ormes écotés ou de chênes

tordus. Au point culminant du plateau apparaît la chapelle

du Mouster, dédiée au prince bretoil Saint Mélar, assassiné
vers 538 au ch,Îleau voisin de la Boissière en Lanmeur; c'est

une petite construction sans style ni date contenant un autel

orné de quatre statues, Saint Mélar, une Vierge:!'\1ère, Saint

Pierre et Saint Joseph m.Celle de Saint Mélar, copie moderne
d'une ancienne statue de grandeur naturelle, figure le martYr
présentant SUI' sa main gauche sa tête décapitée, ayant sa

main droite coupée et pendant au moignon et son pied
gauche gisant dev~nt lui. On sait que le malheureux Mélar
subit" ces dÏ\'erl>es mutilations pal' l'ordre de son oncle, le
barbare Rivod. Le pardon de celle chapelle a lieu le dernier
dimanche de septembre; on s'y rend. pour obtenir que les petits
enfants marchent de bonne heure et que leur dentition soit

heureuse. .
Au prochain carrefour, une vieille avenue mène aux rui­
nes du manoir de la Villeneuve-Polart, qui conserve encore
le nom de ses primitifs possesseurs, les Polart, éteints cepen­
dant depuis tl'oiS'Siècles, et dont la généalogie remontait . jus­
qu'à Guyomarc'h Polarl, sieur de la Villeneuve, . époux de
Péronnelle de Kersaliou, vivant en 1374. Son petit-fils Jean
Polart, mentionné ~ la réforme de 1445, tut père d'Olivier

bailli de Bodister en 1470, qui obtint en 1478 des lettres de
sauvegarde du duc François pour lui, sa femme l\Jarguerite
de Quélen, et leurs domaines, et fut représenté à la montre
de 1481 par Bertrand le Comte, en cOl'selet 0 pp,1'wisane, Il
eut pour fils Jean Polart, marié à Calherine de Pluscoat, dont
Olivier, archer en brigandine à la montre de H)3!~ , époux de
Madeleine RivaulL, duquel issut Pierre Polart, sieur de la
Villenéuve, allié à Marguerite de l{ermellec, dame de } .ergus,
. Leur fils· alné Pierre se maria vers 1572 à Louise de I\er-

buzic ; il en eut, de '1573 à '1585, trois fils, François,Pierre et
Jean, et six filles dont l'aînée, Marie Polart, héritière de la
Villeneuve et I\ergus, épousa vers ' 1610 François du Louet,

sieur du Plessis-Coatjunval, gouverneur de Landerneau en

1636, Nous ignorons malheureusement lequel de ses trois
frères fut le bienheureux Polart, l'admirable « Frère Louis de
Morlaix n, mais il est possible que ce soit Pierre Polart, qua­
lifié de sieur de Lodemeur . dans un acte de 1 59!i, et. le seul
dont nous ayons trouvé une mention postérieure à celle de

son baptême, le 23 janvier 1578, Nous avons du moins décou ·
vert l'acLe de décès de Frère Louis, mort victime de son
dévouement lors de la peste de 1631 à Morlaix. L'humble reli­ gieux n'avait pas failli à son sang; sous sa grossière bure
ballait un noble' et chevaleresque cœur, et en lui, la vieille
race dont il descendait s'éteignit glorieusement sur un champ
debataille qui vaut bien tous les autres,
frater LudoDiclls ol'dine Sri Pm: ncÎsci de C01wentu l'al"/'u1n
ca]lucinonan E vila migravit lJestilentia dominica die se.rta.
mcn.~is Julii 0.11110 dni millia sexclentessimo tl'igessimo primo,
1WI1C cO/'pns sepultnln est in ecclesia SanCla "la,/'ga/'ua jn: cla,
cimiteri'll1n di vi il1athei (1i, . .

L'épidémie de 1631, rela tivp.ment peu meurtrière, pa raîts'être
localisée eil la seule paroisse de Saint-Mathieu, alors comme

(1) v, 2' Heg. des décès de S:\il\l·MaU\içl\ dç Morlaix, f· i rcelQ,

aujourd'hui \!I moins saine.de Morlai:,,; lès registres/ de Sai[lt­
Martill n'accusent en elTet que deux vicLimes de la « contagion p
et ceux de Saint-Melaine, pas une · seule . . Elle comrne:1Çu le
8 avril ' 1631 pal' le décès de Marguerite Cren et emporta t 18

personnes jusqu'au lc" janvier 16:12. Dom Lobineau dit, dllns

la Vie du bienheureux Polart. que le lIéau diminua dès après
son trépas pour disparaître bientôt, ce qui fit croire au peuple
que le saint moine s'était olIert en holocauste afin d'apaiser
la colère de Dieu. La vérité est qu'il mourut au clèbut de
l'épidémie, pu isq ue tren te 'décès seulemen t précèden t le sien,
et que la peste fit de cruels l'etours offensifs en lG38 et 1640,
décimant celte [ois la ville entière et surtout le clergé, !idèle
à suivre l'exemple si héroïquement donné par Frère Louis de
Morlaix. La chapelle de Sainte-Marguerite, où l'on vénérait
son tombeau, n'existe plus depuis la Révolution.
Claude du Louet, sieur de la Villeneuve, Trevey, Kergus,
Lesplougoulm fils de François et de Marie Polart, baptisé à
Plouézoch le ' 10 mars , tGI:) épousa vers HiiO Françoise de
Ploësquellec, héritière du Boisriou ; il mourut lel7 aoüt 'I670

et fut inhUmé (( sous la tombe enlevée de la maison de la
Villeneu(Jve " située, ainsi que trois bancs dépendant de la
même seigneurie; sous la secolide arcade du cOté de l'é\'angile
dans le chœul'de l'églisede Plouézoch.Sa !ille ainée Gylonne du
Louet apporta la Villeneuve et le Boisriou aux Le Borgne par
son mariage, en 1677, Uy('c Muui'ice le Borgne, sieur de
Villeguien, et ces deux terres appartiennent depuis à celte
famille .
On eftt aimé retrOll\'er fi la Villeneuve le logis qui vit naître
et grandir le bienheureux Frère Louis, la salle où il s'assit
avec son hôte le mendiant au banquet. o(Jert par sa SŒur, la
dame du Louet, les murailles encore imprégnées de l'arome
de ses vertus, mais l'édifice actuel n'est pas celui qu'habitaient
les Polart. Son portail monumental, formé de dp-ux pilastres
cannelés et d'un fronton classique, est surmonté d'un écus·
D ULLF;TIN ARcn~OL. DU FINISTÈRE TOME XXXIII (Mémoil'es) 5

son armorié timbré d'un heaume à volets et lambrequins, et
e'ntouré du collier de Saint·Michel. Il offre un mi-parti au
1 : coupé au 1 d'un fascé et vairé, qui est du Louet, au 2 d'un
chevron accompagné de t' rois coquillc~, qui est Polart; au 2
d'un chevronné de six pièce,~, qui est Ploësquellec. Celte pierre,
enfouie dans un coin de la COUI' sous la Révolution, 8. été
récemment découverte et remise en place. Le portail, encore
garni de ses vantaux sculptés, donne accès dans une grande .
pièce éclairée par deux fenêtres bouchées en partie; l'étage
supérieur renferme plusieurs anciens meubles datant de
l'époque, depuis longtemps révolue, de la prospérité du
manoir. La chapelle a été détruite.
En revenant à Plouézoch par la route de Lanmeur, précé­
demment rejointe, on trouve sur la gauche le village du Rest,
ancienne terre de la famille de Quélen. Jean de Quélen, sieur
du Rest, mentionné dans la réformation de 1445, épousa Marie
du Dl'esnay, dame dudit lieu, héritière de la branche Ilinée de
celte illustre maison. Leur petit-fils Henri de Quélen, sieur du
Dresnay et du Hest, nommé, dans une transaction de 1504,
fut père d'Olivier, marié en 1491 à Jeanne de Troguindy,
dont Julien de Quélen, sieur du Rest, entre les nobles
de Plouézoch, réformation f530. Son fils Olivier abandonna le
séjour du Rest pour aller résider au manoir de Kerlan, en
Sibiril, dont il avait épousé l'héritière, Françoise de Lam­
bezre, en Hi52. Cette branche des Quélen, après avoir été

maintenue, lors de la réformation de 1670, en qualité d'écuyers
et chevaliers d'ancienne extraction, s'est fondue avant 1700
dans l\Iontigny ; elle avait depuis longtemps aliéné la terre

du Re'st, qui appartenait en 1669, à noble homme Jacques
Allain, si'3ul' de la Marre, la VillenE'uve, Montafilant, Kervas­
doué, riche négociant et banquier de Morlaix. De son mariage
avec Françoise Coroller, en 1655, il laissa de nombreux
enfants, mais ses fils moururent sans alliance, et leurs sœurs,
tou.tes mariées cI!lns de gl'ancles fa!nilles, les Tinténiac, cie

P!œuc, d'OiIliamson de Saint-Germain, des Nos des Fossés,
Berthflu dA J{erverzio; le Merdy · de Catuélan et Roger de
Campagnolles, se partagèrent sa fortune.
Du manoir, il ne subsiste plus qu'un bitUment percé d'une
porte dans le style du quinzième siècle, et une cour pavée.
C'est au Rest que naquit. selon Courcy, l'évêque de Rennes
. Fra nçois Lachi ver, en 1566,
Plus ,près du boui'g, sUl'les pentes Yilrdoyantes que couronne
le bois des Roc'hou, on rencontre le vieux manoir de I{erjan,
possédé pendant trois siècle,s et demi par la famille Pastour,
depuis le mariag~ célébré en ' 1470, de Jean Pastour, sieur
de Morant, présumé cadet de la maison de Ploesquellec, et
cie Jeanne Gourmelon, dame de Rerjan et du Launay, petite­
fille d'Alain Gourmelon, sieur de Kerjan, vivanten : 1445. Leur
fils Jean Pastour et sa femme Jeannette cie Quélen , qu'il avait
épousée en -I!194, eurent l'honneur de recevoit' à I erjan la
visite de la duchesse Anne, reine de France, lorsqu\!lIe se
rendit en pélerinage à Saint-Jean-du-Doigt, eri 'W05, Elle
a pprécia fort, assu l'e-t-on, cie sa vour.euses ga lett.es confection­
nées pat' la châtelaine clle-même, et l'en complimp.nta. POUl'

commémorer eette royale collation, les Pastour érigèrent une
croix au carrefour voisin, sur la vieille chaussée qui menait
les fidèles à Traon-Mériadec, Cette croix, renversée en n93,
a été relevée depuis et. conserve son nom breton de Cron;
konign-a7nann (croix des gâteaux beurrés).
Au dix-septième siècle, les Pa~tour délaissèrent Kerjan pour
ha bi tel' d'a bord le manoi l' de Pontpla ncoët, en Plougasnou,
'que leur avait apporté l'alliance de Valentin Pastour, sieur
cie I(erjan, avec Jeanne cie Quélen, tille de Guillaume'de Qué­
len, sieur de Pontplancoët, et d'Olive Le Bozec, en 1606, puis
celui cie Kerambellec en Guimaëc, et le château de Mesgouez
en Plougasnou, après le mariage en 1707. de François-Louis
Pastour et de Catherine de Kerc'hoent, dame de ·Mesgouez.
Leur fils aîné, Jean-Josept) Pastollr, seigneur de l\erjan, le

Mesgouez, Pontplancoët, épousa en : 1740 Marie·Josèphe de
I{erouartz, dont François-Toussaint Pastour, chevalier, comte

de Rerjan, enseigne des vaisseaux du Roi, marié en ' 1770 à
Marie-Madeleine de Goezbriand. M. Alfred de Courcy nous a
dépeint dans son étude sur f..e IJ/'ClOn (-l), les touchantes funé­
railles du dernier des Pastour, M. Yves-Guy-Marie Pastour
de I{erjan, décédé en 1839, que deux mille paysans de Plou­
gasnou et de Plou~i.och vinrent escorter d'une distance de trois

ou quatre lieues, et que quatre cents jeunes gens des deux
paroisses portèrent à bras dep~lis Morlaix jusqu'au tombeau
de ses ancêtt'es, ultime témoignage de la reconnaissance et de
l'atlection du peuple envers cet homme de bien . Ses deux fil­
les Urbane et Louise épousèrent, l'une M. Charles de Launay
de Pontgirault en 1818, l'autre M. Henri Salaün, baron de
Kertanguy.
La famille Huon de Rermadec, par alliance avec les Lau­
nay, possède aujourd'hui le manoir de }{erjan, édifice du
début du seizième siècle, à portes gOI hiques et fenêtres à me­
neaux. Un écusson aux armes alliées des Pastau r et des Quélen,
sculpté sur un manteau de cheminée. fixe approximati\'ement
l'époque de sa construction, Jean Pastour ayant épousé en
1t!94 Jeanne de Quélen. La chapelle se voit au bord de l'ave­
nue, mais elle est transformée en grange . Les seigneurs de

Kerjan avaient aussi leur chapelle particulière dans l'église
de Plouézoch, du côté de l'épître, éclairée par une vitre à leurs
armoiries: d'or an lion de gu.eules accompagné de cinq bU­
tettes d'a~lu' pleines et mi-parti de Quélen et de Parcevaux, et
contenant une arcade et enfeu avec deux bancs et des tombes
plates, ol'l1és des mêmes écuss:)ns. (A. 191. Cet enfeu existe
encore.
Depuis la O,'oas-kouign-amann jusqu'à la chapelle de Saint­
Antoine, où se terminera notre excursion, le chemin longe les

(1) Esquisses - le Breton, 1840, p. 89-90.

futaies des Roc'hou,belle propriété entourant un manoir pos­
sédé en li:i58 pal' Nicolas de la Haye, sieur d'es Roc'hou et de
Tr~galgoualen, et que Marie-Anne de la Haye, fille et liéri-

tière de Yves de la Haye, sieur de Kel'Iaudy, leg Hoch.es, Luzec,
apporta aux du Dresnay en épousant enH>ïO Jean du Dres­
nay, chevalier, seigneur de Kerbaul,Lohennec. Leur petit-fils
François ·J ul ien du Dresoa y ,cheval ier des Roches, frère cadet de .

Joseph-Michel, comte du Dresnay, gouverneur de Saint-Pol-
de-Léon el du Minihy, fut. chef d'escadres et gouvel'Oeur des
Iles de France et Bourbon en 'l768. La Lerre des Roc'hou,
. acquise par les Mazurié de llennanech, a été vendue vers 18\5
aux Pastour de Kerjan, d'où elle a passé aux familles de Lau­
nay de Pontgir8ult et Huon de Kermadec. La parlie la plus
ancienne du manoir se compose d'un pavillon cané flanqué'
d'une tourelle êl cul-de-lampe; le reste remonte au dix-hui ..
tième siècle. . -

Louis Le GUEN NEC

Décembre1905.

- 327

DEUXIÈ E PARTIE

Table des Mèmoi1'es et Docttments publiés en 1906
Pages
La Forêt sous-marine de LocLqdy, par M. Camille VAL-

IJAux(cal·le)........................................ 3
Excursion dans la commune de Plouézoch, par Louis
LE GUENNEC (4 gravures). . . . . . . . . ... . .. .. . . ... . . . . . 10

Les vases enfouis pùur maléfices dans le Cap-Sizun,
!)t-r' M. H. LE CARGUET .......... .................. 73
Huines et substructions gallo-romaines du Cavardy
et du Stanq, canton de Fouesnant, par M. le Dr
C.-A. PICQUENARD (2 planches).. . . . . . . . . . . . . . . . ... . . 78
Un beau geste des Volontaires du Finistère (épisode
de la prise de Furnes, 1793), pal' H. DE KERGUIF-
FJNAN":,, 11'UftIC ...... . ........ . ......... . ........ 91
Les Faucheurs de la mer en Léon (récolte du g·oëmon
au XVllle et au XIXe S.), par M. l'abbé A. FAVÉ .... 95
Trouvaille de hnches en bronze faite en Plouhinec en
1905, par M. P. DU CHA'l'ELLIER (planche hors texle).. . 146
Note SUl' le chàteau de Kergoet (eorrim une de Saint-
Hernin, canton de Carhaix), pal' M. J. TRÉVÉDY... 150
La vie municipnle il PonL-Croix (1790-1791), par M. J.-M.
PIL VEN. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . .. ....... 157

Vestiges du vieux cluHeau. de Kel'gunus, en Trégunc
(canton de Concarneau), pltr M. le chanoine J.-M .

_ ABGl\AT..JL . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . ................ . 181
L . 'O.cClJ.Pilltid!l' gallo-romaine dans le bassin de l'Odet,
. par M. Lè Dr C.-A. PICQUENARD (2 caries) .. .......... .

188
~ . Les arme: je jet il la bataille d'Hastings c1'après le texte
de Guillaume de Poitiers, par M. IL LE CAI:l.GUE1' ..
La fllmiJle> 'Lirql:!n du 'rimeur, par M. J. · TRÉVÉOY .... . .
218
222
Le chemin du Tro-Breiz, entre Saint-Pol-de-Léon et
Tréguier', par M. H. LE GUENNEC o 247
L'occupation romaine dans le bassin de l'Odet (sllite
et fin), par M. le Dr C.-A. PICQUENAHD ....... . . ... .