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Société Archéologique du Finistère - SAF 1905 tome 32 - Pages 201 à 205
,Les peintures
A PONT"'L'ABBE
- Lorsque) après avoir passé sur la chaussée de l'étang à Pont-
l'Abbé, on prend à droite la rue ou route à laqùelle on a donné,
sans aucun fondement la dénomination prétentieuse de Voie
romaine, on remarque sur sa droite, en face de la place du
Marhallac'h, une petite chapelle sans grande apparence et -
dont l'aspect extérieur est loin de révéler l'antiquité et la
valeur artistique.
La plupart des touristes et des archéologues passent en lui
accordant un coup d'œil distrait et indifférent, mais s'i ls vou-
laient pénétrer à l'intérieur ils y trouveraient d'intéressants
sujets d'étude.
Le porche Ouest est percé dans son côté Midi d'une petite
baie trilobée qui semble avoir tous les caractères du XUle
siècle .
C'est dans ce porche, très probablement, que devaient se
tenir les lépreux ou kakous, pour assister à la messe et au x
offices divins, car chacun sait que les chapelles dédiées à la
Madeleine étaient anciennement le centre de léproseries, ainsi
que l'ont établi différents travaux de MM. Le Men, Trévédy
et Le Carguet, publiés dans notre Bulletin. .
Dans la petite arcade ogivale qui sépare ce porche de la nef,
on voit une cinquantaine de trous de scellement qui ont servi
à fixer une grille en fer, formant séparation et destinée à pré -
server les autres fid(~les du contact de ces malades.
La chapelle proprement dite se compose d'une nef de 7 m, 30
de longueur, sur 4 mètres de largeur, et d'un unique bas
côté Sud, large de 2 m. 10. Ce bas-côté est séparé de la nef
par trois arcades à plein cintre l'orna n, soutenues par des
- ' 202 -
colonnes monolithes octogonales de 0 m. 30 de section et de
2 m. 3Q de hauteur, en comprenant les chapiteaux moulurés,
qui s'épanouissent pour arriver à former 0 m. 61) de largeur.
Sous le badigeon qui recouvre ces colonnes on voit des restes
de peintures décoratives, faites à l'ocre rouge.
Le lambris en bois de la nef, maintenant très délabré, affecte .
une disposition curieuse'. Des deux côtés, contre les. murs, il
forme un plafond droit, et dans le milieu il se relève en ber
ceau ogival. Il est soutenu par deux entrails ou tirants qui
empêchent l'écartement de la charpente et sur lesquels mon
tènt deux poinçons à bases moulurées.
Sur les parties planes et les surfaces courbes de ce lambris
son t peintes huit scènes de l'histoire de sainte Marie-Made
leine; ces scènes sont un peu mélées sans ordre, mais je les
rétablis d'après l'ordre chronologique des épisodes qu'elles
représentent: _
1. Marie-I'ladeleine dans son château de Magdala. .
Sous une sorte de portique ou dans tine gqlllde salle à trois
rangs de colonnes, Marie-Madeleine est assise et accoudée à
une table couverte par un tapis orné de broderies grises et
bordé de franges rouges qui tombent sur le pavé. Elle est
vêtue d'une robe blanche un peu décolletée et d'un ample
manteau rouge qui entoure une de ses épaules et vient s'étaler
sur la table et sur ses genoux. Son opulente chevelure des
cend sur ses ép-aules ; ses bras sont à moitié nus; de la main
~auche elle s'appuie la tête et de la droite elle tient une belle
parure de perles. ,
Dans un des coins du tableau on voit des nuages et comme
des rayons lumineux. Est-ce une figuration de la grâce qui
commence à l'éClairer? .
2. Marie-Madeleine chez Simon le Pharisien.
Avec Notre-Seigneur sept convives sont assis à table.
Marie-Madeleine prosternée à terre essuie avec ses chev~ux
. " 203 O S
les pieds du Sauveur. Celui-ci la regarde et lève la main
droite pour la bénir:
3. Les trois Marie au tombeau.
Marie-Madeleine, la tête nue et les cheveux flottants, pré
cède les deux autres qui ont la tête 'Voilée. Elle tient des deux
mains un vase d'aromates. Un ange vêtu d'une robe rouge est
assis sur la pièrre du tombeau et lui dit que le Seigneur est
ressuscité. ,
4. 0 NoZi me tangere. .
Madeleine est agenouillée · devant Notre-Seigneur, vêtu
d'une robe rouge et tenant en main une bêche de jardinier.
Autour d'eux on voit les arbres du jardin .
' !J. Marie-Madeleine à la Sainte-Baume.
Elle est à moitié étendue dans la grotte où elle fait péni":
tence, amplement dt;apée dans ses vêtements, toujours la tête
nue et les cheveux répandus sur ses épaules. De la main droite
elle s'appuie la tête, et de la gauche elle tient une tète de mort
qu'elle considère; près d'elle est un crucifix.
6. Madeleine en prière sur la montagne ou le Saint-Pilon.
Agenouillée devant un crucifix, au pied duquel est une tête
de mort. Autour d'elle quelques arbres, et dans le lointain
quelques pics de-montagnes. .
7. -. M arie-M adeleine élevée dans les airs par les Anges.
L'histoire de la sainte raconte que, pendant les trente ans
qu'elle passa dans sa solitude, les anges chaque jour l'éle
vaient dans les airs, où, pendant une heure, elle entendait
leur musique et leurs . chants célestes; après quoi, rassasiée .
de ce repas délicieux, elle redescendait dans sa grotte, sans
avoir le moindre besoin d'aliments corporels.
Ici on la voit les bras étendus et les yeux levés pour con-
templer la gloire du ciel. Dans le lointain ' est figurée une
maison ou un monastère.
" ' 20A
, 8. Son trépassement. ' , ,
Sainte Madeleine est étel1duemorte dans sa grolle de la
Sainte -Ba ume. Son cor'ps, revêtu d'une robe blanche, est gisant
_ sur une natte qui se relève sur une pierre servant d'appui à sa
tête. ElIe'a les mains jointes, et près d'elle est la tête de mort.
Un tiers environ du lambris primitif a disparu, et il est à
croire que sur cette partie disparue étaient figurées d'autres
scènes de la vie 'de la sainte et que l'on y trouvait toute sa
légende à peu près complète,
Sur le mur Nord de la , nef est une fresque de 3 m. 40 de
longueur sur 2 m. 70 de hauteur, exécutée sur un enduit d'ar
gile et de chaux. C'est la scène du CTuèifiement, comprenant
18 ou 20 personnages. Au milieu Notre-Seigneur crucifié, la
tête penchée et ayant déjà rendu le dernier soupir. A ses côtés,
le bon larron le regardant avec des yeux suppliants; le mau
vais larron se détournant dans les convulsions de la souf
france et du désespoir. A ses pieds la Sainte-Vierge soutenue
par une des saintes femmes, saint Jean el la seconde Marie,
puis Marie-Madeleine agenouillée et embrassant le pied de la
croix; la Véronique tenant le voile de la Sainte-Face; trois
soldats jouant aux dés pour tirer au sort la sainte robe, et
se menaçant de leurs épées pour se disputer ce vêtement sacré;
un soldat présentant au bout d'un roseau l'éponge chargée
de vinaigre; le cavalier Longin perçant de sa lance le côté du
Sauyeur; autres soldats et autres cavaliers tenant des lances,
l'enseigne romaine: S. P. Q. R. ainsi que l'aigle romaine
représenté. e par l'aigle impériale éployée à deux têtes.
Tout cet ensemble esl remarquable et offre un aspect monu
mental, par le costume des soldats, re style des draperies et
et le groupement des pers.onnages. L'encadrement est consti-
205 -
tué pour deux colonnes qui soutiennent une arcade surbais-
En dehors, des deux côtés, près des bases des colonnes,
sont deux évêques en chape et mitre. Sous l'un d'eux on croit
pourvoir lire: saint Atour?
Sous les soldats qui se disputent les vêtements du Sauveur,
est la signature du peintre qui semble être: Coreatin AmbJ-
rani, 1700. .
Au bas du tableau, sur toute la longuem', était une inscrip tion en lettres noires, dont il ne reste plus que quelques ves
tige s illisi bles.
Chanoine . ABGRALL .
-- .. -~e~( .!!»;'~33f B 2 ---
357 ' -
DE'UXIEME PARTIE
Table des mémoires et documents publiés en 1905
III
VII
VII bis
VIIl
l'AGES
Excursion dans la commune de Ploujean par
M. LOUIS LE GUENNEC ........ ; . . . . . .. . ... . 3
Vagabonds de Basse-Bretagne au XVIII" Siècle
. par M. l'abbé ANTOINE F AVÉ . .............. . '. M5
Le Prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'Ile Tristan
près de Douarnenez, par M. BOURDÈ DE LA
ROG ERIE ......... " ... ............... ; i8,148, 206
Nou velle décou verte (dé substructions et d'objets
de l'époque romaine) faite à Carhaix par M. P. DU
CHATELLIER . . . ............................ .
Campagne d'Islande sur le Château-Renaud
(1890), extrait du livre de bord de M. le Com-
mandant MARTIN (planche) ................. .
Toponymie de la Montagne d'Arrée par
M. CAMILLE V ALLAUX (carte) ............... .
Note sur l'occupation militaire de l'Armorique
par les Romains (suite) : IS par M. JOURDAN
DE LA P ASSARDlÈRE /3 cartes} ..... , ........ .
Une campagne de huit jours, récit d'un général
et d'armes de la Sénéchaussée de Lesneven en
1766, par M. J'abbt'> ANTOINE FAvÉ ......... ' .
Trois vases en argent découverts à Plovan (Fi-
nistère), par M. P. DU CHATELLIER (planche).
Les chapelles du Cap-Sizun (suite) : La cloche de
Monsieur SaincVrhey, par M. H. LE CARGUET.
Les Eglises et Chapelles du diocèse de Quimper
(suite) ; doyennés de Lesneven et de Plabennec,
par M. le chanoine PEYRON .................
Les peintures de la chapelle de la Madeleine à
Pont-}, Abbé, par 1\1. le chanoine'AsGRALL.. . .. ,
114
124
135
164
169
183
201
XII
XIlI
XIV
Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'île Tristan
(suite: voirN°I), par M. BOURDE DE LA ROGERIE.
Les combattants bretons de la guerre améri-
caine, pa~' M. H. DE KERGUlFFINAN-FuRIc .....
Monument.mégalithique et "Coffret à Penfoënnec
en Elliant, par M. DE VILLIERS DU TERRAGE
PAGES
206
(planche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
XV La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, par
M. J. TRÉVÉDY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 280; 346
XVI La misère et les miséreux au Minihy de Léon:
San tee, par M. l'Abbé A. FA vÉ ............ 304
XVII Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de. l'île Tristan
(suite: voir N° 1 et XII), par M. BOURDE DE
LA ROGERIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 330
XVIII La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, (suite,
voir N° XV), par M. J TRÉVÉDY............ .346
FIN
Quimper. ' Imprimerie A. Leprince