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Bulletin SAF 1905


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Trois vases en argent découverts à Plovan (Finistère)

P. du Chatellier

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1905 tome 32 - Pages 164 à 168

VIII
TROIS VASES EN ARGENT

Dècouverts à PLOVAN (Finistère)
Le 19 janvier. 1903 un nommé Le GIaz, demeurant au village
de I):ervoalen en Plovan (Finistère), en cultivant une parcelle
de terre aux issues Est de sa propriété, brisa avec sa bêche un
vase en argile, ('1) sous lequel étaient trois .·coupes apodes en
argent, demi-sphères déprimées, variant de diamètre, placées
l'une dans l'autre.
Déposées en terre, à une époque inconnue, elles avaient été
préalablement enveloppées dans un morcea u de toile grossière,
dont qvelques fragments existaient encore au moment de la

découverte.

Ayant eu connaissance de cette trouvaille par mon ami M.
le chanoine Abgrall, je me rendis immédiatement sur les lieux
'et en fis l'acquisition.
La plus grande de ces coupes, que nous désignons sous le
nO J, a 0 m 215 de diamètre, 0 m. OMS de profondeur, 0 m. 003
d'épaisseur sur le bord, et pèse 222 gr. 8. Le fond, repoussé
vers l'intérieur, est décoré de sept cupules de 0 m 035 de
diamètre, celle clu milieu étant un médaillon doré avec rosace.
La coupe n° 2, sensiblement de même taille que celle no 1,
a 0 m. 2l pe diamètre, - O m. 042 de profondeur, 0 m. 00:2 '1/2
d'épaisseur sur le bord, et pèse 201 gr. 8. C'est certainement
celledestroisdontla décoration intérieure estla plus élégante.
Le fond, repoussé \'ers l'intérieur, présente intérieurement
uneconvexité sur laquelle on rerharque six cupules de 0 m.028
de diamètre, enlre chacune desquelles ressort un bouton de
o m. 005 de diamètre. Dans chacune des eupules est un groupe
de trois boutons de même diamètre, enfin, le centre de la
coupe est orné d'une élégante rosace au milieu de laquelle est

(-1) Terrine à fond plat.

un bou ton conique de 0 m. 008 de diamètre, doré, ainsi que la
rosace. L'ensemble de cette décoration est incontestablement
très élégant, ainsi qu'il est facile de s'en rendre eompte en
. jetant les yeux sur la reproduction de cette coupe, dont le
bord est doré sur son pourtour extérieur et interne sur uno
largeur de 0 m. 002 (voir sa reproduction).
La coupe n° 3 a 0 m. 188 de diamètre, 0 m. 0'1'1 de profondeur

et 0 m. 002 d'épaisseur sur le bord; elle pèse 149 gr. 4. Le
fond, repoussé de dehors en dedans, présente intérieurement
une convexité sur laquelle sont repoussées, de dedans en
dehors, six cupules de 0 m. 028 de diamètre. Enfin, le milieu de
la coupe est décoré des pétales d'une rose dorée, au centre de la
quelle est un bouton doré de 0 m. 005 de diamètre. Le bord de
cette coupe ~st égalemen t doré intérieuremen t et extérieurement

sur 0 m. 00'3 de large.
Comme on le voit par ce qui précéde, ces trois coupes ont
une décoration intéreure procédant du même principe.
En dessoes chacu' ne d'elles a une inscription gtavée; celle

qui se trouve sous le nO 3 est complète et se lit facilement -

comme suit : « : y : A. Autrédou Kerdrélec )) (voir sa
reproduction dans la photogravure qui accompagne cette
note).
Celle qui se trouve gravée sous la coupe n° 2 est moins
complète que la précédente, la voici: « -1- y + Au trédou
K + D » (voir sa reproduction). Celle qui était sous la coupe
no 1 a été malheureusement en gl'ande part.ie effacée par' le
fourbissage que lui ont fait subir les inventeurs , mais nous
avons tout lieu de croire qu'elle était la même .
. Les caractères de ces inscriptions les reporten t sûrement à

la fin du XVe ou au commencement du XVIe siècle. Celle de
la coupe n° 3, à peine est-il besoin de le dire, se lit. : « Yves

An Autrédou Kerdrélec. » An Autl'edou est un nom defamil!e
existant encore dans la commune de Pouldreuzic et en Lababan.
En désignaht un membre de cette famille ,_ un breton breton-

nant ne dira jamais que « An Au trédou )). Sur de vieux registres
dé Lababan, commune pendant la Révolution, on voiL figurer
le nom de Lautrédou comme maire. Kerdrélec est le nom d'un
moulin existant toujours dans la commune de Pouldreuzic,
contiguë à celle de Plovan. An Autrédou était donc un meunier
de Kerdrélec.

Quel fut l'usage de ces coupes? Furent-elles simplement
destinées à orner le yaisselier clu meunier An Autrédou ?
quelques-uns semblent ]e croire, son nom étant gravé au ·
dessous, quant à nous cette raison ne nous paraît pas suffisante
pour nous le faii'e penser. Du resLe M. Bourde de la Rogerie,
notre savant et aimable arcbivisle départemental, nous dit

que, daus -les inventaires des mobiliers de paysans de celte
région du Finistère conservés aux archhies de notre départe- .
ment, il ne trOll'Ve pas mention de vaisselle en argent analogue.
Dans . la commune de Pouldreuzic, exi.ste urJe ancienne
chêlpelle, située sur le bord de la mer, au foud de la baie
d'Audierne, autrefois t.rès vénérée des marins qui fréquen­
taient ces parages dangereux, .iustement redoutés. Cette cha­
pelle de Penhors était riche et les offrandes de ceux qui, au
moment du danger, s'étant mis sous la protection de Notf'e­
Dame-de-Pe nhors, arri\'aient à bon port, étaient abondantes,
aussi son Lrésor était-il bien pourvu .

Il est rare que dans chacune des familles bretonnes de notre
JiLloral il n'y aiL pas quelque marin, qui nous dit que Yves An
Autrédou, dont nous trouvons le nom sous nos coupes, ne fut
pas marin lui-m ême eln'aÏl pas dû à Notre-Dame·de-Penhors,
'Sous l'invocation ' de laquelle, il se mit au moment du danger,
de rentrer sain et sauf au foyer familial?

Les vases sous lesquels nous t.rouvons son 111)m. n'auraient-

ils pas été offerts par lui à Notre-Dame-de -Penhors, et,
. distraits du trésor de celle chapelle à une époque inconnue,
ne serait-ce pas ainsi qu'ils seraient arrivés là où ils ont élé
recueillis, cachés à ]a suite de quelles circonstances'? Nous

l'ignorons. Je le répète, je suis plus porté à VOiT, dans ces
coupes de Plovan, des vases destinés à un usage liturgique,
qu'à l'ornementation d'un vai~selier, quelle que fut la position
sociale du sieur Yves An Autrédou, qui a fait graver son nom
au ·revers Cette gravure destinée à rappeler le nom du gé néreux
donateur, une fois ces vases entrés dans le trésor de Notre­
Dame-de-Penhors, n'a rien que de très n:1turel, ce nous semble.
N'avons-nous pas déjà constaté pareille chose pour la coupe
de Plomelin que nous avons publiée en '18ï5 d8ns le bulletin
Monumental, page 722, avec une phototypie? Celle-ci porte
égalementendessous le nom du donateur en caractères de la fin

du XVe siècle, (t ') et à l'intérieur un emblème religieux et une
inscription pieuse qui ne peuvent laisser aucun doute sur sa
desti nation,
M. Bourde'de la Rogerie veut bien me signaler qu'il a trouvé
aux archives départementales dans un registre de délibérations

du chapitre de Léon, le 'l0 septembre 16J~, le passage suivant, .

(( acte cie ce que le dit sieurde Quergorlay. fa b _ rique de c'est église,
a fait voir une hanappe d'argent au fo nd de laquelle il y a une
estoile avec des besants, donnée par testament à la fabrice de la
dite église par son honorable femme Marie Trébaul de la ville

de Saint-Renan, duquel hanap sera saizi le sacriste pour
servir à la queste des offrandes )) Ce ha nap peut-être desti né
dans le prîncipe à l'usage de l'honorable Trébaul, devait avoir
une grande analogie avec nos coupes Celles-ci auraient-elles
aussi servi aux usages de l'intérieur de An Autrédou avant de
passer dans le trésor de Notre-Dame-de-Penhors auquel nous
pensons qu'elles ont appartenu'? C'est possibl e, mais rien ne
le dit. Ont-elles été des plats à quêter? .le ne le crois pêi S.
Leur peu d'épaisseur n'eCtt pa'i permis de supporter le poids
d'abondantes offrandes, et · puis, à quoi bon eCt t servi alors
d'en dorer le fond et les bords? Mais elles pouvai en t avoir un
. (Il M. Enlart nous apprend que Nicolas Flamel fit gril ver son nom sous
le pied des calices qu'il donna aux églises de Paris .

168 -
grand nombre d'autres usages pour le service du culte dans

les églises, soit pour déposer les linges et la ouate dont on

essuie J'huile sainte qui () été mise sur le front des corlfirmés,
soit pour l'ablution qui suit la cori1munion et qui se pratique

encore en Italie; on ne l'a maintenue en France qu'aux ordi-
nations.
Notre savant confrère M. le chanoine Peyron, pense que c . es
vases auraient pl! servir à recevoir les hosties les jours ou les
fidèles se présentaient en foule à la communion, le jour du
pardon de la chapelle par exemple.
Enfin jusqu'au XVIIIe siècle me dit M. Bourde cie La
Rogerie, les paroisses de notre pays achetaient du vin pour
être bu après la communion aux jours solennels. Les parois-

siens le buvant au chalumeau, nos coupes auraient encore pu
a voi r cet te des lin a tio n.
P. DU CHATELLIER,
memu/c. non 1'ésido?1t, du comité des travaux

"ist o1"i q Iles .

357 ' -

DE'UXIEME PARTIE

Table des mémoires et documents publiés en 1905

III

VII
VII bis

VIIl

l'AGES
Excursion dans la commune de Ploujean par
M. LOUIS LE GUENNEC ........ ; . . . . . .. . ... . 3

Vagabonds de Basse-Bretagne au XVIII" Siècle
. par M. l'abbé ANTOINE F AVÉ . .............. . '. M5
Le Prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'Ile Tristan
près de Douarnenez, par M. BOURDÈ DE LA
ROG ERIE ......... " ... ............... ; i8,148, 206

Nou velle décou verte (dé substructions et d'objets
de l'époque romaine) faite à Carhaix par M. P. DU
CHATELLIER . . . ............................ .
Campagne d'Islande sur le Château-Renaud
(1890), extrait du livre de bord de M. le Com-
mandant MARTIN (planche) ................. .
Toponymie de la Montagne d'Arrée par
M. CAMILLE V ALLAUX (carte) ............... .
Note sur l'occupation militaire de l'Armorique
par les Romains (suite) : IS par M. JOURDAN
DE LA P ASSARDlÈRE /3 cartes} ..... , ........ .

Une campagne de huit jours, récit d'un général
et d'armes de la Sénéchaussée de Lesneven en
1766, par M. J'abbt'> ANTOINE FAvÉ ......... ' .
Trois vases en argent découverts à Plovan (Fi-

nistère), par M. P. DU CHATELLIER (planche).
Les chapelles du Cap-Sizun (suite) : La cloche de
Monsieur SaincVrhey, par M. H. LE CARGUET.
Les Eglises et Chapelles du diocèse de Quimper
(suite) ; doyennés de Lesneven et de Plabennec,
par M. le chanoine PEYRON .................
Les peintures de la chapelle de la Madeleine à
Pont-}, Abbé, par 1\1. le chanoine'AsGRALL.. . .. ,

114

124
135

164
169
183
201

XII

XIlI
XIV

Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'île Tristan
(suite: voirN°I), par M. BOURDE DE LA ROGERIE.
Les combattants bretons de la guerre améri-
caine, pa~' M. H. DE KERGUlFFINAN-FuRIc .....
Monument.mégalithique et "Coffret à Penfoënnec
en Elliant, par M. DE VILLIERS DU TERRAGE
PAGES
206

(planche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
XV La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, par
M. J. TRÉVÉDY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 280; 346

XVI La misère et les miséreux au Minihy de Léon:
San tee, par M. l'Abbé A. FA vÉ ............ 304

XVII Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de. l'île Tristan
(suite: voir N° 1 et XII), par M. BOURDE DE
LA ROGERIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 330

XVIII La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, (suite,
voir N° XV), par M. J TRÉVÉDY............ .346

FIN

Quimper. ' Imprimerie A. Leprince