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Bulletin SAF 1905


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Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l’île Tristan près de Douarnenez

M. Bourde la la Rogerie

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Société Archéologique du Finistère - SAF 1905 tome 32 - Pages 148 à 163

E PRIEURE

DE SAINT-TUT'UARN

DE L'ILE TRISTAN

(Suite)

C'est surtout de l'époque des guerres de religion que date la
notoriété, en Bretagne du moins, de l'île Tristan. Quoique
l'objet principal de notre étude soit l'histoire du prieuré de
Saint-Tutuarn, nous ne pouvons nous dispenser 'de dire
quelques mots des incidents dramatiques qui se passèrent
dans l'île à la fin du XVIe et au commencement du XVIIe
siècle.

. L'histoire des guerres de religion ' en Basse-Bretagne pré-

sente un caractère assez singulier: dans cette région et en

particulier dans les anciens' diocèses de Cornouaille et de
Léon, il n'exista jamais de parti protestant. Un "rand nombre
de gentilshommes embràssèrent il est vrai la noU\'elle religion;
quelques uns des membres les plus éminents du clergé don­
nèrent même l'exemple de l'hérésie: le cardinal de Chatillon~

premier abbé commendataire de Sainte-Croix de Quimperlé,

abjura le catholicisme et se maria; Jean Eudes du Vivier,
abbé commendataire de Saint-Maurice de ('arnouet, doyen ,
du Folgoët et chapelain de Saint-Jean-du-Doigt, envoya les

clochès de son abbaye aux huguenots de la Rochelle pour être
transformées en canons (1); les abbés de Lantenac et de Landé­
verinec laissèrent piller les biens de leurs couvents par Troïlus

de Mesgouez, marquis de la Roche, et par son frère ~ené de
Mesgouez, sieur de Kermoallec, ' adeptes ou complices de la
Réforme (2). Un membre d'une famille voisine de l'île Tristan
(1) Ce fait est rapporté dans un factum présenté en 1631 au nom de
l'un de ses successeurs (Arch. Finistère, H. 189).
('21, Gallia Christiana, èt Levot, Notice sur Landévennec, Brest, 1858, in-8',
p. 34.-40 ~

que nous avons déjà eu l'occasion de mentionner, Jean de
Kerguélénen, prêtre et chanoine de Cornouaille, (c se trouva

(c surprins de la maladie du temps et coeffé de l'hérésie de

({ Calvin par les communications qu'il eut avecq M. le cardi-
({ nal de Chatillon, abbé de Kemperlé, lequel il aida pour un
({ temps en l'administration du temporel d'icelle abbaye;

cr voiant les enfants de son frère Rolland malsains, et

({ pensant, comme il advint, que la succession lui en pourroit
({ arriver, il se voulut séculariser et d'effait épousa demoiselle

({ Marie de Kel'ansquer, douairièr~ de Logan et en eut une
({ fille ... » ('1). Ces exemples déplorables furent suivis par

beaucoup de gentilshommes tels que les seigneurs du Guengat,

Crozon, le Faou et Irvillac, Daoulas, Kerouant, le Juch,
Tyvarlen, Nevct, Lanros et Lestrémeul', Lezharscouet, Pratan­
roux, le Pont, Rosmadec, Kerguélen (2), mais ne produisirent

pas d'effet sur la masse du peuple: le culte protestant établi
entre 1563 et ' 1572 à Morlaix et au Pont-l'Abbé ne se maintint
que peu de temps : on. ne vit pas dans les villes bretonnes
comme dans tant d'autres villes du royaume, les bourgeois et

les gens de métier adopter en masse les nouvelles idées, ·et si
qudques protestants réussirent pal' d'audacieux coups de
mains à se saisir de quelques châteaux et même en 1576 de

la ville de Concarneau, ces surprises n'eurent qu'un succès
très précaire. Aussi lorsqu'en H582, Bertrand d'Argentré
termina son Histoire de nretagne'. alors que le reste de la
France~ depuis vingt-huit ans, voyait ({ le fer tourné contre
«( ses propres entrailles, estant enveloppée de toutes sortes
« de misères et plongée en un abisme de séditions .et guerres

({ civiles ... », il' fut en droit de célébrer la « félicité du pais
« de Bretagne ... : la Bretagne ayant en cet heur pendant que

(sl. Arch. du Finistère, E. 837; Généalogie de la famille de Kerguélénen.
(2) Arch. du Finistère, série A : Etal dc~ l'croLLes des biens des héré­
tiques et fauteul's d'hérésie sous les juridictions de Quimper et de Chà- -
teaulin, 7 avril 1592.

« tout estoit aux autres lieux enflammé de sanguinaires
:discordes d'estre, par une singulière grâce de la Providence,
« - conservée entière et gardée exempte de tous ces maux,si

« 'bién'qu'il ne s'y est fait en tant de temps un seul exploit de
« - guêrre et jouit encore maintenant d'une longue et heureuse
« paix qui dure il y a presque cent ans ... )) ('1). On sait
, que cette « félicité )) disparut à la mort de Henri III :
toutes les villes; sauf de rares exceptions, et la grande majo­
rité des gentilshommes entrèrent dans la Ligue et combattirent
les quelques fidèles de l'héritier légitime du trôlle. Entre les
, deUx partis formés presqu'exclusivement l'un comme l'autre
par des catho.liques, commandés par des chefs pour la plupart .
catholiques, la lutte se prolongea plus longtemps que dans les
autres 'provinces : luite bizarre qui ne comporta guère de
, batailles rangées, mais une interminable série de brigan-
dages; de crimes et de trahisons. .
' Le ' plus cél.èbre de ces brigands fut celui qu'on a appelé le
dernier des Ligueurs, Guy Eder de la Fontenelle (2) ; né vers
H>74, élevé au collège de Boncourt à Paris, il s'échappa du
collège vers 1;)87 mais, pris et dépouillé de tout ce qu'il
possédait par des coureurs de l'armée du duc de Mayenne, il

(1) Histoire de Br'etagne, p. 727. Le registre des délibérations de Quimper '
des années 1587 et 1588 (Arch. du Fini5tère, E. 1508) ne fait aucune
mention des protestants. .
(2) Il n'existe pas de biographie complète de La Fonienelle. On peut

consulter: Levot, Biog1'aphie b1'etonne (art. de Levot) , Geslin de Bour-
gogne et de Barthélémy, Anciens évêchés de B1'elaone, Paris et Sélint-Brieuc,
186'1, in-go, tome II, p. 59,1'2, 284-304 et tome III, p. H'/2-357. - Trévédy,
A 1J1'OPOS du château de Ranrouet dans Revue historique de l'Ouest, Vannes,
18&8, in~8°. ' ' Trévédy L'm'rnée r 'oyale en B1'efagne en 1595 et 1610, dans
Bull. de la Soc, archéol. du Finistère, T, XXII, Quimper 1895, in-!!. -
. Faty, 1 es l:omptes des rniseurs de la lIIUe de Quimper'; ibid, tome XII.
Morea u, ' flistoire de ce qui s'es.t passé en Ure/aune durant la uuerrc de ,la
Lioue et particuliàement dans le diocèse de Cornouaille par M. M o ,ren u,
chanoine dudit diocèse, conseiller au Présidial de Quimper, pub, par
Le Bastard de Mesmeur, l". édition, Brest 1836, in-I~, - Preuves de
l'histoire de Bretagne de D, MOl'i(;e, '- Fragment des mémoires du
marquis de Sou rdéac, pub. par D, Taillandier etc.

fut forcé de rentrer à Boncourt; il s'échappa de ·nouveaù en

H5S9 et dès l'année suivante, à peine âgé de seize ans, com-

manda une troupe de catholiques recrutés probablement dans
la région où se trouvaient les terres de sa famille. En H>90, .

son lieutenant Jean de la Noe prit le château de Coetnénénoy,
en Gomenec'h (1). En 15!:12, ses exploits et ses pillages étai~mt
déjà célébres; il menaça le député de Châteauneuf-du-Faou
de lui couper le cou s'il dénonçait ses vols aux Etats de
Bretagne réunis à Vannes; emprisonné par ordre du duc de
Mercœur (2), il fut peu de temps après remis en liberté
et Mercœur lui-même lui donna l'ordre, le 22 juillet 1592, de
prendre les châteaux de Guerrand et de Coetfrec; il s'empara

en effet de Coetfrec et alla piller la Cornouaille et le Léon

depuis Carhaix jusqu'à Landerneau. Mais en 1593, Coetfrec
fut repris par les Royaux et La Fontenelle s'établit au château
de Granec, conquis au mépris de tout droit car le sieur de
Coetanezre, seigneur de Granec, était ligueur et catholique

comme La Fontenell~~; il occupa en H>94 Corlay et fit
une première excursion vers le sud de la Cornouaille où
existaient « plusieurs villes champêtres et bons bourgs comme
Châteaulin, Châteauneuf, Le Faou, Doual'llenez, Locronan,

et autres)) et d'innombrables villages habités par des paysans
enrichis par la longue paix qui régnait en Bretagne depuis
près d'un siècle, il passa à DouarneneZet à Locronan au mois
de mai 1594, mais il fut obligé de s'éloigner par ordre du duc
de Mercœur- ; Locl'Or:Ian, cependant demeura abandonné de

ses habitants au moins jusqu'en 1599 (3) ; les Royaux lui

(1) Geslin de Bou l'gogne, T. II, p. ~9) 2D 1 .

(~) Al'chives d'lIIe·et-Vilaine, C.11():, 119",; les Etats pl'otestèrent d'abord
contre l'arl'estation de La (i'ontenelle, mlis apl'è, ilnquête. ils déclarèrent
que la capture avait été « bien faite '. L'enquête a étp, publiée, plr A. D:.I­
puy ' dans Bulletin de la Société Académique de (h'e~t, ~. s3rie, Tome Vil,
Brest, 1883, in-8°, p. 370-372.
(3) Faty, comptes des mis3uL'''';, p. H- ~~I. -AL' t.:hive ) de Ll ' è Il'e de
Locronan.

152 --
avaient repris Corlay df~s le mois de janvier H)9Q et le château
du Crémenech près du Faouet 'lui parut sans doute un poste
insuffisant; des hommes à lui occupaient des châteaux en
divers coins de la province. Il avait une petite garnison dans
l.es ' ruines du château de Callac, commandée par le sieur de
Bourgerel (1). Mais la Fontenelle avait besoin d'une retraite

plus sûre que tous les manoirs où il avait pu durer quelques

mois comme Coetfrec, 8t-l'rémeur de Carhaix, le Granec,
Corlay, Créménech.
A la fin de mai 1t>9t> grâce à la coupable incurie du capiLai ne
du Pré et de la garnison de Quimper, il descendi t de nouveau
en basse Cornouaille et surgit devant Douarnenez; ce bourg

était démuni de château et n'avait jamais été fortifié; au
commencement des hostilités, les riches marchands qui l'habi­
taient et quelques seigneurs ou bourgeois des paroisses
voisines avaient tenté d'y établir quelques défenses insuffi­
santes. Un gentilhomme royaliste au courant de la situation.
car il était seigneur diune paroisse voisine de Douarnenez,
Jacques de Guengat, chassé de son château patrimonial par
les catholiques de Quimper et des paroisses voisines qui lui
reprochaient .d'être protestant et partisan d'Henri IV, obtint
du marquis de 80urdéac, gouverneur de Brest, dix à douze
barques. et trois à quatre cents hommes avec lesquels il vint

attaquer le bourg. Il s'en empara sans grande difficulté, mais
pendant que ses bommes étaient occupés à piller, les bour­
geois et les paysans des paroisses voisines se réunirent, les
chargèrent, les repoussèrent à la mer; beaucoup de royalistes
furent tués (2); Guengat échappé à grand peine re.vint plus

(1) Ordonnance du sieur de Bourgerel commandanl le château cie Callac
en l'absence du sieur de La Fontenelle, sans date, (arch. du Finistère. H.
1Gl), doc. pub\. par Le Men, dans Revue de /J1" eta(Jne et Vendée, T, VIII
p. 2.3'1. Sur le château de Callac, voit' MOI'eau, lIistoi1e des gue1'1'eS, p.
133-134.
(2) Moreau. histoil'e des guenes. _. p. 72-73, 15H56. La famille de
Guengat était dès 1580, en t'claLion avec plusieurs notables familles pro­
testantes de Blains (At'ch. du Finistèt'c E. 541),

tard à Douatnenezet dans des cireonst.ances que nous igno-

rons, car le chanoine Moreau a oublié de raconter celte se-
conde attaque, s'empara de la ville et s'établit dans l'île
Tristan. A l'emplacement du prieuré de Saint-Tutuarn sub­
sistaient probablement quelques débris de la forteresse dont
le document de 1361, cité plus haut, nous a appris l'existence;
Guengat les fit réparer et il y vécut dans une sécurité trom­
peuse, persuadé que les Ligueurs, s'il venaient l'attaquer,
feraient la même faute que lui-même avait commise qu'ils
commenceraient par prendre le bourg et donneraient ainsi à
. la garnison de l'île le temps de prendre les armes, de se
mettre en défense et de faire une sortie au moment opportun,
mais La Fontenellé, plus homme de guerre que son adver­
saire et plus audacieux, marcha droit sur l'île, prit au lit le .

trop confiant Jacques de Guengat et envoya la garnison 'et
une partie des habitants aux prisons de Crémenech (1) . .
Plus tard La Fontenelle osa prétendre qu'il avait pris l'ile

et l'avait fortifiée pour empêcher qu'elle ne tombât aux mains
des Espagnols (2.

.L8S habitants du bourg furent dépouillés de
tout ce qu'avaient épargné les soldats de Jacques de Guengat;
La Fontenelle organisa sa conquête: le bourg, voisin inutile
ou dangereux, fut détruit et les matériaux des maisons ser-

virent à fortifier l'île Tristan. Pouldavicl eut ]e même sort, ]a
prison, les halles, et même la jetée du port furent démolies (3).
Il établit dans la garnison, sinon une exacte discipline, du
moins une étroite subordination; 'quelques uns de ses hommes
s'étant mêlés de tonspil~er, La F'ontenelle les fit pendre ou
noyer (4). Ce complot se rattachait peut-être à la nomination
(1) MOI'eau, p. 2(37 et suivanles.
(2) Art. 9 du traité de La Fontenelle avec le Roi, 8 avril '15,)3 (Geslin de
Bourgogne, T. III p. 387).
(3) Trévédy, Dernier C tEploit de la Fonlenelk La desll'uction de
Pouldavid nous esl révélée par le préambule de l'av~ u rendu en 1U41 par
.Jean, baron de Nevel ; nous r,royons que ce bourg fut pillé dès le début de
l'occupation de l'île Tristan par la Fontenelle .
(4) Moreau p. 289. .

par le duc de Mercœur du sieur Le Cornu de la Courbe de
Brée au poste du gouverneur de l'île: mais alors qu'il se
rendait à.sonposte La Courbe fut, près de Châteauneuf, atta­
qué par Sourdéac, battu et tué (1). Mercœur le 20 juin H)9~
nomma un autre gouverneur en la personne de Tristan
Jégou de l}salio qui devait commander une troupe de deux
cents arquebusiers (2), il ne semble pas que Jégou de I)salio
ait pu pénétrer dans l'île. Au mépris des ordres de son chef,
La Fontenelle resta seul gouverneur de l'île Tristan.
Lorsque la place fut suffisamment fortifiée et sa troupe bien
aguerrie, il organisa des expéditions, véritables razzias; il alla à
40 lieues de l'île ravager Roscoff, piller le château de Mésarnou
el enlever la plus riche héritière du pays, Laurence Le Chevoir,

âgée de huit à neuf ans d'après le chanoine Moreau, de
quatorze ans, d'après un autre auteur ( ce qui paraît moi ns

invraisemblable).(3) Il est impossible de fixer les dates précises
des expéditions qu'il organisa pendant le séjour de deux ans
et demi qu'il fit dans l'île; elles furent certainement très- .

nombreuses et très audacieuses, et furent souvent l'occasion
d'incroyables atrocités. Il convient toutefois de remarquer
que certains des faits reprochés au «dernier des ligueurs, l) ne
sont attestés que par son adversaire, et son adversaire malheu­
reu x, le marq uis de Sou rdéac; (4) en ou tre il est vra isembla ble

(I l Trévédy. Siè(fe de Concarneau en 1619 pub. dans Ilulletin tie la
Sociéléarchéoloi/iqltedu Pinistèr'e, T. XIX, 1892.
P) A~te cité dans l'al'rêt rendu le 19 novembre 16j8 au sujet de la
famille Jégou par la chambre établie pOUl' la réformation d ~ la noblesse.
publié par M me la C'se du Laz, dans Notice sur le château de Kerlouel, en
Plévin, Vannes, 180l, in-Su, p.t7.
(3) Moreu, p. ·m8-~80. Enquête sur le pillage du chàteau de ~1é:3:lrnou,
document des arch. du Finistè;'c, publié par Le ~fen dan~ la Revue de
I1l'elapte et Vendée. T. VII. p. 401. Dans la liste des soldats de l'He
TrisLan qui sortil'ent de la citadelle en 1 G1) on remarque le nom de Yvon
Le Chevoit" qui était pt'obJblement un parent de la femme de la Fonten~llc.
(il Un e53 ui de l'dhabililation de la Fontenelle a été publié peU DU5~igneul'
dans l1ulletin d3 l'Z S')~iété AG abni'llte de IJI'est. T. IV, BI'e3L 1 i ;7, in. 8 ',
p. Z4'l-ZG7.

que la tradition a mis à son actif tous les crimes comnli5
de son temps par les soldats où les brigands qui combattaient

en 'Cornouaille. Sous la réserve de cette observation, 'n' ous
repi'endt'ons l'énumération des faits et gestes du (( folâtr9 Guy
Eder... chrétien de nom, mais Turc en effet 1) énumération
souvent révoltante et qui explique le mouvement de dégoût que,

cinq ans plus tard, souleva, dans le Parlement 'de Brpti.lgue,

la lecture des lettres d'abolition accordées à l'ex-gouverneur
de l'île Tristan. Au mois de Février ou de Mars ' 1;597,

il pilla la région de Concarneau; (1) il fît attaquer un
château, auquel il avait précédemment donné sauvegarde;
le château fut pillé, le châtelain tué et sa femme violée par
La Fontenelle près du cadavre de son mari; le jeune enfant
.des victimes ne fut pas épargné; on attacha à son cou un chat,
qui, essayant vainement de s'échapper, lui déchira les cbairs

et l'égorgea. (2) Il pilla les châteaux de Lezargant (3: et de

, Lezoualch, propriétés le premier des protestants Nevet, le

second des catholiques Autret. Le seigneur de Lezoualch fut
tué, ce qui n'empêcha pas son f1Is de choisir quatre ou cinq ans

plus tard La Fontenelle pour être le parrain du petit fils
de la victime Guy Autret de Missirien (4), une expédition plus

importante fut dirigée contre les agglomérations de I>ity, de

Tréoultré et Saint-Guénolé désignées sous le nom de Penmarch.
Le chanoi ne Moreau 'a longuement raconté les tuses de la Fon­
tenelle, les velléités, de résistance des habitants~ leur défaite et
les massacres qui ensanglantèrent tout le cap CavaI; grâce à
l'intérêt vraiment dramatique de la narration du chanoine et au
pittoresque de ses expressions, la destruction de Penmarch
est parmi les exploits de l~ Fontenelle l'l] n de ceux qui a laissé

(1 ) Ropnrtz, la FI/mille Desc -:l1·tes en Rl'eta[Jne dans TJulletin Association
Hreto11ne, session de lB75, ~aint-Brjeuc,lh76. in. 8", p. 31. _
( ~) Ce cl'ime n'est connu que pal' les mérnoires du nl.lrqui~ de Sounléac.
(.i) Aveu du baron de Nevet en 1 641.
(4 ) Cle de Rosmorduc, Guy Autret, Seiifneur de MissiJ'ien, CCl' respondanl
tle Piel'/'e d'Ho% iel' en Basse Bretagne. Saint-Brieuc, 1899 in. 4",

Je souvenir le plus durable; il est très problable d'ailleurs que
la tradition 'a exagéré les crimes commis, de même qu'elle a
exagéré l'importance ancienne du port de Penmarch. Il ne
paraît pas possible d'admettre, sans de fortes restrictions, le

témoignage du marquis de Sourdéac d'après lequel La Fon-
tellelle aurait déshonoré et fait déshonorer tontes - les femmes
et filles depuis l'âge de dix~sept ans, fait mourir dans les tour­
ments plus de cinq mille paysans, mis le félU a plus de deux
mille maisons, pillé et emporté tous les meubles de quelque es­
pèce qu'ils fussent. Le sac de Pont-Croix procura au vainqueur
un butin moins considérable, mais fut marqué par des crimes
odieux et historiquement incontestables; retranchés dans le
beau clocher de N.-D. de Roscudon les habitants étaient en

mesure d'opposer une longue résistance et même d'incom-
moder les assaillants; La Fontenelle leur promit la vie sauve;
ils descendirent confiants sur la place ' située près de l'église,
aussitôt La Fontenelle les fit saisir, et ordonna de mettre à
mort Je chef des habitants, le sieur de la Ville-Roua ut; mais,
avant d'exécuter la sentence, « il fit par les soldats et goujats.
violer publiquement eten pleine rue, et à la face de son mari,

la clame deI5"erbullic, femme de la Ville-Rouaut; ce qui fut
trom'é chose autant « détestable qu'inhumaine n. ('l) Le sou­
venir du pillage de Pont-Croix n'est pas effacé dans le Cap-

Sizun; mais les paysans racontent que La Fontenelle n'eut pas
le temps de massacrer tous les habitants. Au milieu du car­
nage les cloches de l'église de Notre-Dame de Roscudon se
mirent à sonner toutes seules; La Fontenelle s'adressant à
son lieutenant lui dit (( A .Lla Boule, ma Mari 0 (acha, " »
(Ah! La Boule, voilà la Vierge Marie qui se fâche). (2) et donna

le signal du dépar t.

Des garnisons furent établies dans quelques maisons des
(1) Moreau, His .'oil'e des vua'}'es .. p. '2.78-281.
('2 ) Nous sommes redevables de ce renseignement à M. H, Le CargueL,
d'Audieme. . .

environs de l'île Tristan, et étendirent le cercle des pillages;
jusque dans le diocèse de Tréguier où avaient commencé ses
déprédations, La Fontenelle voulut a voir une place à lui;

quelques uns de ses soldats nouèrent des intelligences avec la

petite garnison de Primel (t), et de concert avec des déserteurs

espagnols pénétrèrent dans le Fort; la place était peu impor­
tante par . ellè même, mais à raison de sa situation semi- .

terrestre, semi-maritime elle aurait pu fournir à La Fontenelle

une base d'opération aussi sûre que l'île Tristan; Primel avait
été pris pendant une suspension d'armes entre les troupes de
H;enri IV et la Ligue (4 avril Hi96); le' duc de Mercœur essaya
vainement de persuader à son coreligionnaire de restituer

Primel; ses représentatiùns ne furent pas écoutées; mais les
Espagnols entrés dans le fort en même temps que La Fonte-

nelle, réussirent à expulser son Lieutenant et se soumirent à
D. Juan d'Aquila ( 2). La Fontenelle, sans succès, attaqua
de nouveau la forteresse, (janvier 1597) Une autre tentative
fut dirigee contre Brest et l'île d'Ouessant; sept vaisseaux
commandés par le Capitaine Orange pénétrèrent dans la rade
de Camaret, l'nais surprise par la petite escadre de Sourdéac, la
floUe fut dispersée, un des navires commandés par le Capitaine

de la Roche au Ramier fut coulé, un alltre alla échoue,' sur ·

la CÔle du Léon, le reste rentra à Douarnenez en assez pileux

èta t (3 . . . , .
Les bourgeois el les paysans faits prisonniers par La Fonte­
nelle, lors de la prise de l'île Tristan, avaient d'abord été enfer~
més au château de Créménech, ils « furent traités à la turque

et même pl us barbal~ement par tourments et toute sorte de

pauvreté et de disette pour tirer plus grande rançon d'eux que

(1) Primel, Village de.la Commune de Plougflsnou, Canlon de Lanmeur,
arrondissement de Morlaix, Finistère.
(2) G. de Camé, Con'espondance du duc de \ Jlfe1'cœur et des ligueurs
lwetons avee l'Espr.gne, Nantes, 1899 in. 1", p. 105 It7-I'W.

(3) D. Moriee, II. p. 46'2. Cette expédition paraît avoil' eu lieu en 159",
- ' G. de Camé Con'espondance ... II, p. 121.

n 'e montait tout leur bien: Et ainsi les mettant à l'impossible,

mouraient , misérables dedans les cachots et cloaques. Ceux

qui, pour éviter les tourments, avaient, au moyen de leurs
a' mis et parents, pu trouver promptement leur rançon sortaient

demi morts, semblant plutôt à des anatomies ou spectres
hideux, n'ayant que la peau et les os, chargés de puanteur et
de vern:iine, lesquels, sitôt qu'ils étaient à changer d'air

mouraient pauvrement d'une enflure ... »

Lorsque la Fontenelle eut établi à l'île Tristan le centre de

ses opérations ce fut dans les cachots de la forteresse que'furent

entassés les prisonniers « les uns moururent misérablement en

des cachots infects comme garde robes et latrines et après une

infinité de tourments qu'on leur faisait tous les jours, tantôt les
faisaient seoir sllr un trépied à cuir nu, qui brûlail jusques aux

os, tantôt au cœur de l'hiver et aux plus grandes froidures .les
mettant tout nus dedans des pipes pleines d'eau glacée, comme,
dit l'Ecriture: A calore nimium, a Irigore nimium. Et ceux

qui avaient quelque moyen de payer rançon, telle qu'il deman~

dait, néan, moins étant dehors ne pouvaient guère vivre pour
les ,grands tourments qu'ils avaient endurés. Fort peu en
échappaient qu'ils ne mourussent en' prison, et ne pouvait '

,autrement arriver, s'ils y demeuraient trois ou quatre jours,

car ils étaient si pressés, du nombre, qu'ils ne pouvaient aucu-

nement se remuer, et n'avaient autre chose à se reposer que

leurs excréments, où ils trempaient bien souvent jusques aux

genoux, et n'avaient autre sépulture, après leur mort, que le

ventre des poissons; car sitôt qu'lIs étaient trépassés, leurs
compagnons prisonniers étaient commandés de les jeter à la
mer, si mieux n'aimaient laisser les corps pourrir parmi eux;
et ceux qui les traînaient ainsi étaient peu après eux-mêmes
traînés morts par leurs compagnons. Voici les morales

actions de La Fontenelle et de ses" gens de guerre ... » (1)

(1) Moreau, Histoire des Guerres ... p. 'no, 281-2.82..

~ 59 '-Yc
A l'époque où il accomplissait toutes ces abominables

cruautés, La Fontenelle était un jeune homme âgé à peine de

vingt ans; Il Y a là l'indice d'une mentalité étrange et . on
comprend qu'il soit resté dans les traditions de son pays
nalal qu'il était un peu fou. Marie Le Chevoir, la jeune fille

enlevée au château de Mésarnou, habitait l'île Tris-tan; elle
était témoin de tous les crimes qui s'y commettaient, et cepen-

dant il semble bien. qu'elle aima son mari et qu'elle lui conserva
une loyale affection, même après qu'il eùt péri victime d'une

condamnation infamante. (' 1) Un gentilh9mme pillard pres-
qu'aussi célébre que La Fontenelle, Anne de Sanzay, comte de
la Magnanne, fu L lui aussi un mari affectueux, et demême que
La Fontenelle prélendait avoir pris et fortifié l'île Tristan dans
le dessein patriolique de la conserver à son légitime souverain,
la Magnanne se posait en défenseur des droits du peuple,
et il écrivait à sa femme des lettres empreintes d'une
touchante affection ... « Dieu est pour nous qui confondra les
malicieux et iniques qui nous . font la guerre pour ' nous

empêcher assister les pauvres gens dont je suis la béné-

diction .. .. Adieu, ma grand femme, adieu, mon cœur, ma
mignonne, ma seule amitié, je te baise les mains eL cent un
millions cie fois, je suis Lon valet, aime moi bien ... » (30
, MHrs HS92) (2)
La Fontenelle resta maître cie l'île Tristan, et tint la campa_
gne, longtem ps après que les villes les pl~s importantes cie la
région, comme Morlaix 'et Quimper, pris en Hi94 par le duc '

d'Aumont, la pl!,lpart des châteaux, et tout le « plat Ijays »
de .Brelagne eurent reconnu l'autorité d'Henri IV. Ce
phénomène ne peut s'expliquer que par . des causes mul- .

. tiples : d'abord, sans doute, l'audace et les aptitudes militaires

( 1) Geslin de Bourgogne, Anciens Evéchés ... T. II, p. 296-300

(2) A. Haison du Cleuziou, Documents inéd/ts ]JOtt?' servir à l'histoire de
la Ligue en Bl'etagne, dans lI1émoù'es de la Sociét'; d'Emulation des Côtes-du-'
Nord. T. XIII, Saint-Brieuc, 1904, in. 8°, p. 45. .

de La Fontenelle, mais aussila désunion qui régnait entre ses
adversaires, chefs protestants ou chefs catholiques ralliés
plus ou moins sincères à un souverain dont la conversion ne
pou vait encore être jugée bien certaine. Plusieurs expéditions
. cependant furent organisées contre l'île Tristan, et contre celui
qui prenait alors les titres pompeux de « Capitaine de cent
chevaux légers, et deux cents arquebusiers à cheval, mestre de
camp d'un régiment de douze cents hommes de pied, gouver­
neur de l'isle Guyon (1), ville de Douarnenez et pays circon­
voisins sous l'autorIté de Monseigneur le duc de Mercœur
gouverneur de Bretagne ... » (Actes des 8 octobre '1596 et
18 novembre '1597). (2) .
Peu de tomps après la prise de l'île, les Royaux tentèrent
d'en chasser La Fontenelle .. Le 14 octobre 1595, Francois

d'Espinay de Saint-Luc, lieutenant . général pour le Roi en
Basse-Bretagne signa à Carhaix « l'Estat particulier des forces
dont a esté advisé devoir estre composé le blocus ordonné contre
lefort de l'île Tristan souz le com!llandement du Sgr de Coe~- .
Lrèdez, et en son absence sous le sieur de Cahideuç, » l'armée ·
royale comprenait les . compagnies des sieurs de Bastenay,

de CoeLrédez, de Cahidauc, de I}:hollin, du Fou, du Clou, de ,
I~erservan, les régiments de gens de pied de M : de Sourdéac,
et de M. le Chevalier (?), 100 hommes du régiment de Courbo-

zQn, 50. de l~ garnison de Quimper, 200 arquebusiers levés par
M. de ' Sourdéac dans le Léon, 300 autres arquebusiers levés

. àPenmarch, Audierne, et autres lieux de la côte, les arquebu-

siersà cheval des capitaines du Clou, La Chaume et L'Islette,
enfin six .barques montées pal' dix ou vingt hommes qui de­
vaient croiser en face de l'île (3). Nous sommes portés à croil'e

(1) Ainsi nommée du nom de Guy Edee de la Fontenelle.

(~) Geslin de Bourgogne .. Anciens Evêchés ... T. II, p. ~9!.

(3) Bibl. Nat. mss. franc.~~. 361, page 201'0 Ce document a été publié
par A~ de Barthélémy dans Document pour servù' à l'histoire de la Liglte
en Bretagne, p. 202·'204.

LES

LES VILLES LEGENDAIRES.

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QNlTAS A(}UILONIA

CAl?HAl.

. que ce vaste plan ne fut exécuté qu'en partie : les comptes
des miseurs de la ville de Quimper ne font qu'une brève
mention de ce siège et le chanoine Moreau l'a complètemellt
passé sous silence. L'entreprise échoua, bien que le duc de
Mercœur, dont on constate souvent la mauvaise volonté à J'é­
gard de La Fontenelle, eut dans une certaine mesure favorisé
les desseins du seigneur de Coetréclez en empêchant Don Juan
de Aquila, chef du contingent espagnol d'aller au secours de
l'île Tristan ('i).
Les Royaux n'ayant pu réduire La Fontenelle par la force
eurent recours à la trahison. Le capitaine du Clou, gentil­
homme poitevin, avait été détaché avec quelques hommes de
la garnison de Quimper au château de I}guélénen en Poulder­ gat pour surveiller les mouvements de la garnison de l'île
Tristan, mais il était fortement soupçonné de connivence

avec ses adversaîres. Pour se laver de cette accusation, du
Clou proposa de s'emparer de La Fontenelle, il réussit en
effet au mois d'avril 1~96, (2) à l'attirer dans un guet apens el.
le remit, à Quimper, à François d'Espinay de Saint-Luc; les
. habiLants de la ville, qui n'avaient osé s'opposer à la conquête
de l'île Tristan, se montrèrent impitoyables à l'égard du
prisonnier; ils demandèrent, mais en vain, qu'il fut
livré à la justice; dominé par les sentiments de la plus
vile cupidité Saint-Luc fit conduire La Fontenelle à la
(1) G. de Carné; Co;·)·espondance . . T. II, p.l00- 10'2. C'est problnble
ment nu siège de 159G qui se rattnche le payement pnr ordre des Etats cie
Bretngne d'une somme cie GO écus à ELienne Bressoin, capitnine au régiment
cie Potonville pour l'aider à se faire traiter de deux arquebusades reçues nu
siège de Douarnenez (Arch. d'Ille et Vilaine, C. 2915).

(1) MOI'è3U, p. 300-303. Il est très difficile d'établir j'une façon précise
la chronologie de l'existenr.e si troublée de La Fontenelle. D'après quelques
documents, il semblerait qu'il fut pris par du Clou postér.ieurement à sa
première tentative SUI' Quimper. D'autre pClt't u·ne lettre de D. JUtln de
Aquiltl 31 Janvie1' 1596 reculerait jusqu'au début de cette année 1596:e
commencement de la captivité de La Fontenelle (G. de Carné, Correspon­
dance .. II , p. '!O2).
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈBE. - TOME XXXII (Mémoires 11)

Guûche ('1) et le remit en liberté après lui avoir fait payer
une rançon d'environ 140uO écus \2) et lui avoir fait signer
un traité secret par lèquel le gouverneur de l'île Tristan se
vendait au Roi : en échange de son accession au parti de

HiIlri IV, Saint-Luc promettait à La . Fontenelle, au nom
du Roi, le remLoursement de sa rançon, une compagnie

de gens d'armes, J'équipage de deux navires, le gouver-
nemen t de l'île Tristan, le commandement, en l'absence du
lieuteLant général, des navires établis pour la garde des côtes,
enfin J'abolilion pour tous les faits de guerre (24 avril
1596) (3). Celte convention ne modifia en rien la ligne de
conduite de ' La Fontenelle, qui continua à piller indifIérem-

ment les ligueurs et'les royaux et récupéra sur les uns et sur
les autres les écus qu'il avait dû donner à Saint-Laurent.

Henri IV justement indigné de ses ravages qui s'étendaient
jusque dans le Tréguier, à Primel, et dans le Léon, à

Roscoff ~4), plus indigné peut être encore de l'inertie de la

garnison de Quimper, ordonna au Capitaine du Pré, qui

commandait. dans celte ville seize compagnies de gens
d'armes, de s'emparer de l'île Tristan; le Capitaine promit de
prendre La Fontenelle ou d'y perdre la vie. Il réunit en effet,
un millier d'hommes, un insuffisant matériel de campagne,
. qui ne compreuait qu'une pièce d'artillerie, et des munitions,

(1) Peu après sa sortie des prisons de la Guerche, La Fontenelle se
rendant à la'ville Doré (en Cesson) thez son père, passa par Saint-Brieuc.
La ville lUI offrît du vin (Geslin de Bourgogne II, 05).
('2) Le chiŒre de 14,000 écus est indiqué par D. Taillandier (II, p. H8)
. D'après la lettre de D. Juan de Aquila citée supr'a la rançon était
d'environ '20,000 ducats dont baOO payés comptant. .

(3; Morice V. co!. 16!1I-1G4·? Le jour de la signature du traité Saint
Laurent extorqua à La Fontenelle la reconnaissance d'une obligation
de 123!:i écus qui donna lieu à un procès.

(4) Sur Pl itnel, voir supra p. 144; sur la lJrise de Rocoff, que nous plaçons
par conjecture à l'année 1597, voir l'arrêt de maintenue de noblesse de la
tamile Le Pappe ins(jré dans l'Histoire mss. de la ville de Roscoff par Pascal
de KerQn Y~yer

· 163 -

le tout fourni par la ville de Quimper. Il partit le 16 février
1597; le lendemain, il se présenta sur la plage faisant voltiger
son ch. eval, provoquant l'ennemi de sortir à· l'escarmouche.
Les assiégés ne se laissèrent par prendre au piège, mais

tirèrent quelques coups de mousquets: du Pré fut mortelle-

ment blessé. Les hommes reprirent le soir même la route de
Quimper (1).
Au mois de mai la garnison de l'l1e Tristan voulut se venger.
de l'attaque des Quimpérois; les troupes de La FontelYelle

pénétrèrent jusque dans la faubourg de la Terre au Duc; elles.
furent repoussées grâce à« ' une bonne fortune et particulière
permission divine » qui, fort à propos, firent arriver à
Quimper, Jean Jegado de l)olIain, gouverneur de Concar­
neau, et le Capitaine Magence, commandant de deux cenls
hommes de pied. Plus courageux que les chefs ordinaires de
la garnison et de la bourgeoisie de Quimper, ces deux officiers

n1irent l'enne.mi en fuite (2).
H. BOUI10E DE LA ROCEHIE.
/à SIÛ'ü1"f'j.

(1) Moi'eau, p ... 280 - Faty, Comptes des miM/lI's .. , p. GG-67.
(2) Moreau, p. 308-317, Faty, Comptes des misew's, p. 63-70. Morean
place l'attaque de La Fontenelle au 30 mai t597; d'après les comptes ana-
lysés par Faty, elle eut lieu le ; 5 mai. .

357 ' -

DE'UXIEME PARTIE

Table des mémoires et documents publiés en 1905

III

VII
VII bis

VIIl

l'AGES
Excursion dans la commune de Ploujean par
M. LOUIS LE GUENNEC ........ ; . . . . . .. . ... . 3

Vagabonds de Basse-Bretagne au XVIII" Siècle
. par M. l'abbé ANTOINE F AVÉ . .............. . '. M5
Le Prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'Ile Tristan
près de Douarnenez, par M. BOURDÈ DE LA
ROG ERIE ......... " ... ............... ; i8,148, 206

Nou velle décou verte (dé substructions et d'objets
de l'époque romaine) faite à Carhaix par M. P. DU
CHATELLIER . . . ............................ .
Campagne d'Islande sur le Château-Renaud
(1890), extrait du livre de bord de M. le Com-
mandant MARTIN (planche) ................. .
Toponymie de la Montagne d'Arrée par
M. CAMILLE V ALLAUX (carte) ............... .
Note sur l'occupation militaire de l'Armorique
par les Romains (suite) : IS par M. JOURDAN
DE LA P ASSARDlÈRE /3 cartes} ..... , ........ .

Une campagne de huit jours, récit d'un général
et d'armes de la Sénéchaussée de Lesneven en
1766, par M. J'abbt'> ANTOINE FAvÉ ......... ' .
Trois vases en argent découverts à Plovan (Fi-

nistère), par M. P. DU CHATELLIER (planche).
Les chapelles du Cap-Sizun (suite) : La cloche de
Monsieur SaincVrhey, par M. H. LE CARGUET.
Les Eglises et Chapelles du diocèse de Quimper
(suite) ; doyennés de Lesneven et de Plabennec,
par M. le chanoine PEYRON .................
Les peintures de la chapelle de la Madeleine à
Pont-}, Abbé, par 1\1. le chanoine'AsGRALL.. . .. ,

114

124
135

164
169
183
201

XII

XIlI
XIV

Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'île Tristan
(suite: voirN°I), par M. BOURDE DE LA ROGERIE.
Les combattants bretons de la guerre améri-
caine, pa~' M. H. DE KERGUlFFINAN-FuRIc .....
Monument.mégalithique et "Coffret à Penfoënnec
en Elliant, par M. DE VILLIERS DU TERRAGE
PAGES
206

(planche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
XV La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, par
M. J. TRÉVÉDY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 280; 346

XVI La misère et les miséreux au Minihy de Léon:
San tee, par M. l'Abbé A. FA vÉ ............ 304

XVII Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de. l'île Tristan
(suite: voir N° 1 et XII), par M. BOURDE DE
LA ROGERIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 330

XVIII La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, (suite,
voir N° XV), par M. J TRÉVÉDY............ .346

FIN

Quimper. ' Imprimerie A. Leprince