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Société Archéologique du Finistère - SAF 1905 tome 32 - Pages 78 à 93
III
LE PRIEURE DE SAINT-TUTUARN
DE L'ILE TRISTAN
L'île de saint Tutuarn, dite aujourd'hui île Tristan, donnée
en '1118 par Robert de Locuuan, évêque de Cornouaille, il
l'abbé de Marmoutiers qui y fonda un prieuré se trouve dans
un des sites les plus pittoresques des côtes de Basse-Bretagne,
au fond de la magnifique baie de Douarnenez, à quatre cents
mètres de la côte, en face de l'embouchure de la petite rivière,
qui forme les ports de Pors Ru et de Pouldavid, à l'extrémité
d'un banc de sable et de rochers qui découvre au reflux de la
mer; l'île ou plutôt l'ilot, car la superficie n'est que d'environ
7 hectares « devient ainsi une presqu'Ile à marée basse comme
les oppidums gaulois que décrit César en parlant de la guelTe
des Vénètes J), Dès l'époque gauloise ce poste qui commande
l'entrée de la rivière fut habité; en y faisant des défrichements
on a découvert un très grand nombre d'habitations disposées
eomme les cases d'un échiquier; deux monnaies gauloises, des
fragments d'armes, des meules ont été trouvés au milieu des
ruines (1). Des gallo-romains résidèrent dans l'île, mais on
n'y a pas trouvé de traces des premiers émigrants bretons qui,
probablement par crainte des pirates saxons, fixèrent toujours
le centre de leurs plous à une certaine distance des côtes ) par ..
exemple à Esquibien, à Plouhinec, à Poullan, à Ploaré, de
préférence aux havres où existent de nos jours les ports si
(1) Le Men, Oppidums du Cap Siz,un, dans Mémail'es dp- lAs.~aâalian n"p,
tonne, classe d'archéologie, année 1873, St-Brieuc. S. D., in-8°, p. 16~-1f.h.
florissants d'Audierne, de Poulgoazec,de Tréboul et de Dduar-
nenez. .
Le premier document historique qui fasse mention de l'île
la désigne sous le nom de Insula Sancti Tutuarni episcopi
(1118-'1126); on ignore l'histoire de ce saint dont le nom se
présente sous les formes suivantes: sanctus Tutuarnus (H26),
sanctus Tutuguarnus (1162 j, sanctus Tutualdus· f-1248-1252),
sanctus Tutuarnus (1254 , sanctus Tutuarinus \1255), sanctus
Tutoarnus (' 1255), sanctus Tutuarous fJ264 1 ~ saint Tutoarn
('1328
, saint Tutuarne ('1:336) et enfin saint Tutuarn. Nous ne
sommes pas d'ailleurs mieux renseignés sur la vie de la plu
part des saints honorés dans les églises· et les chapelles cles
paroisses voisines: saint Tugen, qui lui aussi fut. dit-on,
évêque, saint Herlé, saint Collodan, saint rhey, saint Taouoc,
saint Onneau, etc. Le Qom cie saint Tutuarn ne se trouve clans
aucun des documents qui fournissent quelques indica tions sur
l'histoire des saints celtiques: les litanies, les listes d'évêques,
les vies des saints qui résidèrent dans les paroisses voisines
(saint Corentin, saint Guénolé, saint Ronan), le lloman
d'A.quin, les catalogues d'évêques, les plus anciens récits de la
destruction de la légendaire ville d'ls, toutes ces sources d'in
formations sont muettes sur]e compte de saint Tutuarn et sur
l'église qui existait dans l'île en H 18; aucune autre localité de .
Bretagne ne porte son nom sauf peut être un ilot appelé
parfois île Tutuarn et plus sOllvènt île Toul Houarn (1), sîtué
près de la côte de Saint-Pol-de-Léon, à l'embouchure de la
Penzé, dans un site qui n'est pas sans analogie avec celui de
l'île Tristan. Dans une paroisse voisine, Plouénan, existe un vil- ·
lage jadis siège d'une très ancie'1l1e seigneurie Lannuzuarn qui
tire peut-être son nom d'un monastère (Lan) consacré à saint
. (1) Une carte manuscrite du XIX· siècle conservée au presbytère de Saint
Pol-de-Léoll'porte Tuluarn (renseignement donné par M. le chanoine Pey
ron), la carte d'Etal-major porte Toul Houarn. La même carte indique en face
de Lampaul-Ploudalmézeau le rocher de Coulouarn.
Tutuarn (1). On peut supposer que ce saint(2) habita solitaire
snr un rocher des côtes bretonnes jusqu'au jouroù il fut appelé
à l'épiscopat. C'est ainsi que saint Corentin vécut dans la forêt
de Plomodiern et saint Paul Aurélien à l'Ile d'Ouessant avant
de devenir évêques l'un de Cornouaille, l'autre de Léon .
Robert de Locuuan qui donna l'ile de Saint-Tutuarn à Mar-
moutiers eut une carrière analogue ain'si que nous l;apprend
la liste des évêques insérée vers 1417 dans le cartulaire de
l'église de Quimper Robertus episcopus qui luit eremita apud
Locu11,an (3). De cette note si brève D. Lobinea u, D. Morice,
Albert Le Grand et tous les autres historiens, sauf les auteurs
dQ OaLlia C'ristiana et Mgr Duchesne (4), ont tiré des déduc-
tions inexactes ou fort hasardées. Le mot Locuuan (5) a été
par eux transformé en celui de Locronan (6) et ils ont attribué
à Robert la création du prieuré de Loc-Ronan, bien que ce
célèbre sanctuaire ait été fondé en -103t (71 ; de plus, ils ont
(1) Plouénan, commune du canton de Saint-Pol-de-Léon, arrondissement
de ~lorlaix (Finistère). Le village de Loctuen (commune de Kervignac.
canton de Port-Louis arrondissement de Lor:ent (Morbihan) Mait en 1'28 '~
appelé Loet1Ulguenni villa (Ros€:nzweig. nie! topog. du M01'hihan, Paris,
186, in-4°).
(2) Le P. Albert Le Grand ne parle pas de saint Tutual'l1 et ne fait qu'une
mention de l'île Tristan, lorsque de sa très f,llltaisiste vie de saint Samson,
il raconte que les Normflllds, Danois. Frisons « et llutres gens de diverses
nations qui rodaient la côte ayant laissé leurs navires au port de l'Isle Tris
tan ~ ... se joignirent à l'armée de COl1lOrre et furent vaincus par le roi .Judi
cael à Gerber (P . . \ Ibert Le Grand. Vies des saints rte l i } 1!1'etaljne a?'m01'ique,
5" éd., p. 3Z2).
(:3) Bibl. Nat. mss. lat. 9891, 1" ;,9.
(4) L. Duchesne. I.es aneil' ns calalo!Jues épiscopaux de la province de
Tours, Paris 18aO, in-8
(5) A notre demande, nos confrères MM. de la Honcière e[ Lauer ont
bien voulu examiner le manuscrit originClI du carlulaire ; ils ont constaté
que la lecture [,ocuuan est incontestable.
(fi) Commune de l'arrondjssement et du canton de Châteaulin (Finistère),
située à environ 10 kilomètres de l'Île Tristan.
(7) D'aprés le baron de Névet qui en 1644 écrivit une histoire curieuse
de sa fClmille, ce fut à la sollicitation des seigneurs de Névet que le « saint
fait de l'ermite Robert de Locuuan un disciple de Robert
d'Arbrissel, sans doute parce qu'à la même époque les pre-
miers disciples du célèbre réformateur furent les ermites des
forêts des frontières du Maine, de l'Anjou et de la Bretagne,
mais rien ne prouve que l'influence de Robert d'Arbrissel se '
~oit fait sentir jusqu'aux extrémités de la B1'etagne, c'est-à
dii'e à' quatre-vingt ou cent lieues des forêts de Savigny et de
Craon qu'habitaient R. d'Arbrissel et ses compagnons (1). Nous
ignorons, d'ailleurs, quelle est la localité désignée dans la
liste du cartulaire par le nom de Locuuan ou Locuvan; ce
nom formé du préfixe loc (locus) ordinairement synonyme de
sanctuaire (2. et d'un nom d'homme, probablement un nom
de saint, peut être représenté de nos jours par des formes
telles que Locuan, Locuvan, Locuffan, Saint-Cuvan ... Plu
guffan, etc. Certains termes de la charte de fondation du
prieuré de l'île Tristan indiquent que Robert était propriétaire
des domaines donnés à Marmoutiers me am însulam 8ancti
Tutuarni ... propriam meam (de) Hamoth : on en pourrait con
clure qu'il était originaire de la région de Poullan ou de
Pouldergat; d'autre part, le vieil historien de l'abbaye de
Sainte-Croix de Quimperlé a cni recQnnattre l'ermite de
hermite nommé Robin» transforma en prieuré l'ermitag0 où il avait vécu
a vant sa promotion à l'épiscopat (J. Trévédy, Histoire de la maison de
Névet, dans Mémoires de la Soc. al'chéol. du Finistère, tome XV,
année 1888, p. 350). Le récit Ju baron de Névet est en gt'ande pal'Ue
inspiré des Vies des Saints d'Albert Le Grand; on ne doit pas y cherchel'
l'écho de traditions populairps locales.
(l) Les historiens model'lles on t exagéré l'influence exercée pat' Robert
d'Arbrissel et trop oublié le rôle joué par ses contemporains (cf. notre
étude sur Savigny le vieux, dans la Normandie Monumentale, dép. de la
Manche, tome II, p. 328, Le Havre, 1899, in-folio).
('2) Le préfixe loc ... est parfois simplement synonyme de caer. Le cartu
laire de Sainte-Croix de Quimperlé renferme une charte de la fin du
XIe siècle, concernant la terre de Caer Eon (Keréon . en Bannalec, arr. de
Quimperlé, Finistère) que le copiste a intitulée De Loco Evon (L. Maître et
P. de Berthou, le Cartulaire de l'abbaye de Sainte-CI'oix de Quimperlé,
Paris, 1896, iD-4·, p. 17.)).
BULLETIN ATICHÉOL. DU FINISTÈRE - TOME XXXI (Mémoires) 6
Locuuan,le futur évêque de Quimper, dans l'ermite Robert
qui, entre 1107 et 1113, fut avec. son compagnon Chrétien
(Christianus socius (~jus) témoin d'un accord relatif à plu :;ieurs
terres possédées par l'abbaye (1). Le nom de l'ermite Chrétien
figure aussi parmi ceux des témoins de la donation de l'île
1;ristan, mais en 1126 Chrétien était seul; on peut admettre
ayec vraisemblance que c'était bien son compagnon de solitude
quiètait monté SUl' le siège épiscopal de Quimper.
, Pendant toute la durée de son épiscopat (11'13-1'1 30
, Robert
de Locuuan témoigna un g,'and intérêt aux établissements
monastiques; à plusieurs reprises, il défendit les droits
de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé sur l'île , de Bellisle
(-1117-1124), il fut témoin d'un don fait en Poitou à l'abbaye de
Saint-Sulpice de la Forêt ('11'17) et confirma l'union à ce mona-
stère du vieux cou vent de Locmaria de Quimper \ '1'124) ("2).
Ce fut en 11'18, qu'inspiré par œs paroles de l'Écriture:
Cl. Faites l'aumône et tous vos péchés vous seront pardonnés ))
et celles-ci: ( De même que l'eau éteint le feu, de même
« l'aumône efface ce péché )l, il donna à l'abbaye de Marmou-
tiers l'île de Saint-Tutuarn et une maison nommée Hamoth
ou Hanvot qui lui appartenaient; en 1'121, il renouvela solen-
nellement cette donation qui fut a pprouvée paf Conan, duc de
Bretagne, par tous les barons de Cornouaille, par le Chapitre
de Quimper et par" de nombreux témoins. En outre de l'lIe et de
Hamoth dont la concession à Marmoutiers était confirmée, la do-
nation de H2t comprit les deux tiers de la dîme du Plevs Sancti
( IlL. Maître ... Cartulaire de Sainle- Croix ... , p. 179- t 80. Hisloh'e de
l'abbaye de Sainte- Croix de Quimperlé écrite en 16150 par D. P. Le Duc,
publ. par Le Men, Quimperlé, S. D., in-ô·, p. 19;)-l\.16.
Pl La seule bIOgraphie de Hobert de Locuuan qui soit exempte d'erreur
se trouve dans le GaUia Christiana (Tome XIV, col. 876-877); on doit
cOGsultel' avec réserve les notices insérées dans les catalogues des ~vêques
données par D. Morice et par Albert Le Gr me!. L'abbé Manet a décerné
à Robert, qu'il fait naitre à Locronan, le titre de bienheureux (Manet,
HisloiTe de la Pelite-Br'elaune, Saint-~lillo, 1834, tome II, p. (Li.)
Etgadi, appelé en langue bretonne «Plodergat» (Pouldergat), . .
le tiers des offrandes faites à l'église paroissiale à certains
jours de fête, enfin les deux tiers des dîmes de quelques vil la-
ges qui pour la plupart existent encore dans les communes de
'Pouldergat (Tremebrit, Crech, le Guilly), Beuzec-Cap-Sizun
(Kergant, Trélas), Meilars (Kerchoan ten. ), Primelin (Saint:.
Tujen), Mahalon (Landugen, Lanfiat) et Poullan(St~Fiacre,
Saint-Riou); la charte qui témoigne de ces libéralités fut dres- .
sée seulement cinq ans plus tard, en '1 '126. ..
L'évêque de Quimper qui fit ainsi bénéficier de ses dons la
lointaine abbaye de Mal'!l1outiers, de préférence aux couvents
généralement. assez pauvres établis dans son diocèse, suivit
l'exemple donné à cette époque par la plupart de ses compa-
triotes. .
On sait que la vie monastique était en grand honneur chez
les Bretons insulaires ('1) ; les abbayes de Laniltud et de Lan carvan comptaient plusieurs centaines de moines. Quelques
couvents furent fondés en Armorique par les premiers émi grants, quelques-u ns très modestes comme celui- de l'île
Lavré, qui ne comptait qu'une dizaine de cellules groupées
autour d'une petite chapelle, d'autres beaucoup plus impor tants comme l'abbaye de Landévennec. LèS invasions nor-
mandes ruinèrent la Bretagne et mirent les moines en fuite;
ils revinrent appelés pat les seigneurs lorsque le gouverne-
ment énergique des ducs des maisons de Rennes et de Cor-
nouaille assura à la province une tranquillité relative.
Au XIIe siècle, onze anciennes abbayes détruites par les en vahisseurs furent restaurées, six autres furent fondées; toutes
furent données à l'ordre de saint Benoît; plusieurs de Ces éta blissements, sans doute parce qu'ils n'avaient que des res
sources insuffisantes, n'euren t qu'une existence précaire et dis-
(1) Geslin de Bourgogne et A de Barthélémy, Anciens Evéchés de
Bretagne, Paris et Saint Brieuc, 1864. in-Sa, tome III, page IV à
XXXVII. A de la Borderie, Histoire de H1'etagne, tome III, p. 157-196.
parurent assez vite, Au siècle suivant l'ordre de saint Benoît
n'était plus en faveur; toutes les abbayes fondées en Bretagne
furent données, les unes au nombre de treize à l'ordre de Ci-
teaux, dix-neuf autres à l'ordre des chanoines de saint Augus tin, deux enfin ('i) à des ordres qui suivaient des règles inspi- -
rées des principes de saint Bernard ou de Robert d'Arbrissel.
La Bretagne se trouva ainsi dotée de quarante-trois abbayes,
nombre relativement faible pour l'étendue du Duché; les pro-
vinees voisines étaient mieux partagées. Les abbayes bretonnes
furent aussi beaucoup moins riches, moins savantes, moins
influentes enfin que les monastères établis en Anjou, en Nor mandie, ou en Touraine; elles n'exercèrent pas, et à beaucoup
près, une action aussi grande sur le développement de la vie
religieuse que, par exemple, Saint - Florent, Fontevraud, Ju mièges, le Mont Sdint- Michel, Marmoutiers ... Dès leXIIe siècle
du reste les seigneurs brétons firent des dons aux abbayes si-
tuées en dehors de la province alors que les seigneurs angevins,
tourangeaux, normands ou poitevins ne s'intéressèrent pres
que jamais aux abbayes bretonnes. On trouve ainsi parmi les
abbayes pourvues de prieurés en Bretagne le Mont Saint-Mi chel, Savigny, Tiron (Normandie), Saint-Florent, Saint-Au bin, Saint-Serge, Toussaint, Saint-Nicolas, le Ronceray, la
Roë, Nioiseau (Anjou), Marmoutiers, Saint-Julien de Tours
(Touraine), Pontlevoy (Orléanais), Evron (Maine), Saint-Jouin
. de Marnes, la Réale, Saint-Michel en l'Erm, Nieul, Maillezais
(Poitou), Tournus, Saint-Germain (Bout'gogne)~ Au XIIe siècle
Marmoutiers bénéficia d'une faveur toute particulière et fut
gratifié de trente-cinq prieurés, neuf dans le diocèse de Rennes,
dix - dans celui de Saint-M alo, dix dans celui de Nantes, trois
dans celui de Saint-Brieuc, cinq dans celui de Vannes, un en-
fin dans chacun des diocèses de Cornouaille et de Léon. Cette
(l) M. de. la Borderie compte par erreUl' ces deux abbaye" (le Tronchet et
Saint-Sulpice de la i 'orèt) au nombre de fondations cisterciennes .
vogue extraordinaire qui fit pénétrer jusqu'aux extrémités de
J'A rmorique le culte de saint Martin bien inconnu avant cette
époque (1) était peut-être due à l'influence des archevêques de
Tours qui faisaient peu à peu reconnaître leur suprêmatie par
tous les diocèses de Bretagne; à]a même époque les hagio
graphes s'efforçaient de rattacher à l'histoire de saint Martin;
à l'église de Tours, et par suite à l'église romaine les actes des
. premiers évêques bretons qui, il faut bien le reconnaître, n'a
vaient eu avec le pape et avec les évêques de France que des
rapports assez rares et intermittents .
Guillaume, abbé de Marmoutiers (2), qui reçut de Robert
de Locuuan l'île Tutuarn et la terre d'Hamoth fut l'un des
agents les plus actifs de la diffusion du culte de saint Martin
et, plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il contribua à enrichir
son abbaye de domaines situés dans l'ouest de ' la France: il
était breton, originaire,dit-on (3), de la paroisse de Combour,
fils de Arengrin et de Aremberge ; il fut d'abord archidiacre de
Nantes puis entra à Marmoutiers dont il devint abbé en 1104;
quatre ans plus tard il fit un voyage en Bretagne qui lui valut
les prieurés de Saint-Malo de Dinan et de Josselin (4). Il re vint plusieurs fois dans la province et sut chaque fois faire gra tifier son abbaye de nouveaux domaines: Dolon au diocèse de
Nantes en 1109, l'île Tutuarn en 1118,Combour en '1'120, Saint-
(1) A l'Ouest de la ligne formée par la Bance, le Meu et la Vilaine, on ne
trouve que sept paroisses dédiées à saint Martin: deux dans chacun des
anciens diocèses de Léon et de Saint-Brieuc, quatre dans celui de Vannes
(La Borderie, Hist. de Bretagne, T.I., p. 200-201). Il con vien t de rema rque l'
que ces paroisses sont d'anciens prieurés de Marmoutiers (Saint-Martin de
l\torlaix, Saint-Martin de Lamballe) ou bien sont d'origine récC'nLe (Sa inL-
Martin de Brest). .
(2) Gall1"a Christiana, T. XIV, col. 213-2[6.
(3) Guillotin de Corson, Pouillé Historique du diocèse de Rennes. T. II.
p. 377.
(4.) En 1110, il donna au prieurédeJosselin des fragrnenls de ie[iques con servées au couvent de Marmoutiers, notamment de saint Corentin eL de saint
Samson (Gallia).
Martin ne Lamballe en t 1'.21, Gahard et Iffendic en 1122, Saint
Pierre de Corseul en t 123. Il mourut le 23 mai '112i. En '1162,
sous l'un de ses successeurs,qui était lui aussi un breton, Ro
bert de Megueri ou Megrit (11:55-1165) le prieuré de l'île Tu-
- tuarn dirigé par un moine de Mannoutiers du nom de Jean
reçut une nouvelle libéralité: les héritiers de la terre de Lan-
pluilan (Poulhan) clans la paroisse de Poullan, Gourrnelon
- Judicaël, Rivallon, Omnès, Guéguen, Canévet, Harscoët, Ur
voy, etc., renoncèrent au profit du prieuré à toutes leurs pré
tentions sur ce domaine· (Uoc. n° 1 V). Dès le siècle suivant, le
prieuré ne possédait plus de prieurs, tous les revenus avaient
été concédés par l'abbé de Marmoutiers à l'un des plus célèbres
évêques du Mans, GéotIroy de Louclon, sans doute en recon
naissance des nombreux services que dans son diocèse il avait
rendus à l'abbaye ('1); l'évêque s'engagea à racheter les biens
aliénés du prieuré el à payer à l'abbaye une redevance annuelle
de t52 sous tournois et G deniers (L2't8; J)oc. Vi. Quatre ans
plus tard une nouvelle concession de l'abbé GéofIroy de Conan
étendit à un clerc de l'évêque, Gui Taleret '2), le privilège de
jouir sa vie durant du prieuré, à charge d'augmenter d'une
so mme de 100 sous les revenus de l'lie Tutuarn (1.252, Doc. JI I),
Gui Taleret, qui devint chanoine de Quimper, défendit avec zèle
les droits de la maison qui lui avaient été confiée (Doc. VII
XI) .Plusieurs des seigneurs voisins de l'île Tristan, qui avaient
ursurpé les revenus de la terre cie Lamploëlan,Géoffroy de Ros
tren en et Tanguy du Ry, chevaliers, Sanguin, homme d'armes,
et la dame du Juch renoncèrent. à leurs prétentions sans au
cune compensation pécuniaire; Gui Taleret s'engagea seule
ment à faire célébrer au prieuré (.in rlicto prioTatu) des obits
pour le repos des âmes des parents de ses adversaires (1.2;55) .
(1) Gallia Chrisliana, T, XIV, col. îQj-4· QO.
(2) Guy Ta lel'et ou Caleret est plusieurs fois mentionné dans le cartulaire
de l'église de Quimper (cf. inf,'a) .
L'accord avec Guillaume, recteur de Pouldergat, fut plus diffi
cite: on peut lire aux documents publiés ci-après (Duc , X) les
conditions assez compliquées qui furent établies pour le par tage des oflL'andes des jours de Noël et de Pâques et des dîmes
de I>qua n ti nan, Rosturn iC,I> guélénen ,I):lida n, Tremebri t, l~ ten,
Pratdiner, I~iliquit (Le Guilly ou I}:livit'1) ('1255). Les rev~ndi
cations d'Lln prêtre,Yves Tutgual, et de son frère Derrien, che
valier, de Kguélenen, furent abandonnées; Gui Taleret per mit seulement à Yves de jouir des dîmes de sa terre ou tyorcnt
jusqu'à sa mort ou jusqu'à ce qu'il eut été pourvu d'un béné fice (Doc. XI). Au mois de juillet 1264 par un acte solennel -
mais a, ssez superflu car les droits de Marmoutiers n'étaient
pas douteux l'évêque et le chapître de Quimper donnèrent
leur adhésion à la résolution de Gui Taleret de rendre à sa
mort, la maison (domum) à l'abbaye, libérée de toutes charges,
(Doc. XII).
En dépit de cette consécrati on de ses droits, les rapports-
de Marmoutiers avec son lointain prieuré furent probable-
ment très r'ares. Les riches archives de l'abbaye, fouillées en
1753, ne fournirent aucun autre acte du XIIIe siècle concer-
nant l'île (1); le XIVe siècle n'était représenté que par un
aveu rendu en 1336 par Guillaume de Coetanezre qui avait
accensé un emplacement de maison, la. Maison terte, à l'em
placement de la ville actuelle de Douarnenez, moyennant une
rente de 4 sous et deux chapons (Doc. n° XIII). Un seul acte
du xve siècle subsistait, mais « en partie rongé par les rats )),
il se rapportait à une contestation entre le prieur Jean de
Brayde et Je recteur de Ploaré, Jean Le Run, au sujet d'une
modique rente de 35 sous (2). Dès 1352, une garnison était
(t) Notre confrére l'vi. cie Grandmaison, archivi~te d'Indre· et-Loire, Il
bien voulu nous informer qu'il ne ~ubsisle plus à Tours aucun document
concernant l'île Tristan. Le registre (incomplet) des visites faites de 1:m:i à
1 :l ! li dans quatre-vin~t prieurés de Marmoulicrs ne mentionne ni l'î le
Tristan, ni Saint-Mnrtin·cle-l\'lorlaix (Arch. d'lnclre·et-Loire, H. 30;)) .
(2.) Acte de 1471; infra, document n° XIV.
établie à l'île Tristan; elle contribua vraisemblablement à la
décadence du prieuré (1).
Les comptes épiscopaux et les pouillés fournissent quelques
brèves mentions: le compte du vingtième du revenu des béné
fices ecclésiastiques dû au pape en 1330 porte pour II ne
somme de 30 sol.s le prieuré Sancti l\ttoarn (2) . En 1368, le
prieuré de insu la Tl'islœni est taxé à 30 livres. C'est la pre
mière mention de la forme « Tristan >l, qui a complètement
fait disparaître le vocable ancien. On ne peut guère expliq· uer
que par une fantaisie de scribe (3) le brusque changement qui
fit préférer au nom de l'obscur saint Tutuarn, celui de l'amant
d'Iseult, le preux Tristan de Léonnois (If) singulier patron
pour un prIeure.
Il convient peut-être de rapporter à cette période lointain8
(1) Déclaration d'Alain de Kerlouénan, cnpitaine de /{emper, portilnt
qu'il n'a pas voulu porter préjudice aux droits rie l'Evêque rie Cornouaille,
en faisant étélblir dans la ville de f\emper lin champ clos pou\' le combat
de Gieffroy Hiestec, de la f/arnison de l'ile h'islan, qui a appelé Guillaume
dU Parc, de la garnison de Quimper; vendredi avant Lcetare 1:J:î 1 (Arch.
du Finistère, G. 'l!l).
('2) Compte de décimes de la province de Tours. aux archives tlu VntiC:10
IArmario XXXIII) pub\. par A. Longnon, Pouillés de la province de Tom's.
Paris, H.l(13, in-!l", p. 290. Le ms. original porte Sancti Cucoam; i\l. Lon
gnon a restitué Sancli Corenlini (saint Corentin, de l'île de Sein) ; nous
croyons cette correction inexacte.
(;{) Celle transformation n'est pas probablement due à l'auteur de la liste
de 1;;68, Geoffroy 1\· 1 a rcch, archid iacre cie Pohe,,, qu i généralement a
transcrit avec eXélctitu'de les noms celtiques.
(4.) 00 a supposé que le nom de saint Tuluarn, conservé par la tradition
populaire, wrvivait dans le nom de la ville cie Douarnenez établie sur
l'ancien fief de l'ile Tutuarn: Tuluar'n Enes (Note de M. le chanoine Peyron
dans Albert Le Grand: Vies des Saillts, ~c partie. p. 135). Cette étymo
logie ne paraît pas absolument conforme aux règles de la philologie bre
tonne. On explique ordinairement le nom cie Douârnenez (mentionné pour
la prem ière fois en 1:>4.1) pa r les mots DOllar" an Enès, [el"re de l'île ... Voici .
les formes les plus fréquentes du nom du prieuré après 136N : l'isle
Tristan (1433), insula Tristani (15IG), pl'ieuré de l'isle Tristan et. Douar
nenez ( 54 ' 1), prieuré de l' isle Tristan nutrement Douarnenez 11 -)8 j -15t:l8),
Doual'l1enez, ... l'île Tristan, ... i'île Guyon (~Jémoires du chanoine ~iloreau,
fin du XVIe siècle).
de l'histoire de l'île Tristan, une tradition singulière qui est
incidemment rapportée en ces termes dans une requête pré
sentée, en 1600, au Parlement de Bretagne pour demander
la démolition déS fortifications nouvellement établies dans
l'île ... «( laquelle ayant esté fortifiée aux anciens temps paT
certains pirates, ils en furent mis hors de l'ordonnance des
ducs dudit pays de Bretagne ... ») (1 }. Les côtes de la province
furent si souvent dévastées par des pirates étrangers, fran ça is
ou bretons elles l'étaieotencore au XVIe et au XVIIe siècle
(2) qu'il est im possible, en l'absence de document.s précis,
de deviner à quelle nation appartenaient les pirates qui
osèrent ainsi s'établir dans une île abordable à marée basse,
à quelques lieues de la ville forte de Quimper , et tout près des
importantes seigneuries de Nevet et de Pont-Croix.
A partir du milieu du XVIe siècle, les documents COflcernant
le prieuré sont · assez nombreux : l'aveu rendu a LI Roi le
15 juin 1541 par le prieur Alain de Pene'hoet (3), chanoine
de Quimper, issu d'une vieille famille noble de la paroise de
Poullan, donne l'état très détaillé des biens du prieuré (Doc.
N° XV). Il est à r:emarquer que plusieurs des domaines
donnés à Marmou tiers en 1118 et 1'121 dans les paroisses de
Pouldergat, Poullan et Mahalon, n'étaient plus possédés par
Alain de Penc'hoet, mais qu'en revanche celui-ci jouissait de
certains droits féodaux qui n'avaient été énumérés ni dans les
chartes de fondations, ni dans celles de 1248 et de 1255 :
droit de haute et basse justice, droit de suite de moulin,
droit de lods et ventes. Tous les vassaux étaient soumis à
(1) Archives d'Ille-et-Vilaine. B. 3'23'2.
('2) Corre et Aubry, Documents de criminolo(Jie 1>ét1'O.~peclive, BreLagne
XVII' et XVII[e siècles; Lyon et Paris, t89G. in -go p. '264-'218 : procf\s du
seigneur de Coetlestrémeur (15. )6) et d'un pieate de Bréhat (IG'l'2).
(·n Fils de Henri de Penc'hoet et de Alix de Kerguélénen (archives du
Finistère. E. 837;; cette famille portait des armes assez singulières: d'a%ur
à l'éléphant d'argent sanglé de même portant une tour d' 01',
ces droits. Les habitants d'un village situé près de Pouldruc
(Port Ru), étaient en ou. tre assujettis à une chal'ge spéciale:
ils étaient obligés d'offrir au prieur, à deux invités et
à leurs serviteurs, le jour de la fête de saint Michel, un
copieux diner; le menu et l'ordre du service sont exposés
dans l'aveu avec la plus minutieuse précision « un bon plat de .
l( bouilly, une longe de bœuf, deux jambons et choux, snuf
« poyvre, en rost, deux poulies roties, une toeaille (nappe)
« ouvrée sans perceure, . vin blanc et vin rouge à suffire, et
« doit être servi ledit yin en une tasse d'argent et un verre
« bouclé, et s'ils (les convives) se lèvent de table avant avoir
r( dîné ne doiventavoir plus à manger ni à boyre pour icelle
« foys ... » Le sergent féodé du prieuré, Jean de Quélen, sei
gneur de Vieux - Châtel et de Coetanezre, descendant de
Guillaume de Coetanezre p) mentionné dans la charte de
1336, était chargé de transporter les reliques conservées dans
la chapelle Saint-Jacques -de Pouldavi'd (2) jusque dans l'île
Tristan, lors de la procession qui se faisait tous les ans le
jour de l'Ascension (3) « et les rapporter jusque à une croix
« appellée Croix en Quet estant audit bourg de Douarnenez et
« à la prins desdites reliques est tenu cauptionner de rendre
« lesdites reliques audit lieu » de Pouldavid. Les pêcheurs
du bourg qui capturaient le poisson appelé morsmt (4) (mar-
(1) La famille de Coelanezre, originaire cie celte seigneurie en Ploaré, se
fon dit dans Berrien, pu is da D!' QuéleD ct LI Vieux-Cha tel (P. de Cou rcy,
Nohil. et Arm. de IIretagneJ. Jenn de Quélen ~tait, croyons-nous, fils de
Olivier de Quélen du Vieux-Chatel et de Louise Bérien, dame de Coetanezre
ct de Kerdudal.
('2) Pouldavid, très ancien village situé au passage dl' la rivière de Pon
Ru dans la commune de Pouldergat. On sait que silint Jacques le :\liljeur
est ayec saint Julien l'Hospitalier, le saint auquel sont dédiées le plus
grilnd nombre de chapelles élevées aux lieux de passnge.
(3) Ceci semblernit indiquer qu'une chnpelle existait encore dans l'lie
en 1041.
(· i) MW'souin en breton modeme se dit M01'-Houc'h, des Illots 11101', mer,
et I/Ouc'h, pourceau. Littré fait Mrivcr le mot marsouin du rl1Ot. ~dlemand
meer'schwein, formé de meer, mer, et schwein, pourceau.
souin) étaient tenu d'offrir la moitié de la tête au prieur, mais
Alain de Penc'hoet reconnaissait qu'il devait donner aux pre
neurs deux pots de vin eL huit deniers de pain blanc. Celte rede vance était onéreuse a u prieur, car le marsouin est un poisson
de peu de valeur: on peut supposer que la gr~ltification donnée
a ux pêcheurs était une sorte de prime destinée à encourager
la destruction des marsouins qui, trop souvent, viennent dans
la baie de Douarnenez effrayer les sardines et déchirer les
coûteux filets des pêcheurs.
C'était au contraire un privilège très lucratif que le droit
de prélever chaque année cinq sols sur chacune des barques
qui se livraient à la pêche dans la baie A mesure que les
pêcheurs devinrent plus nombreux, ce droit procura des
revenus de plus en plus importants: au XVIIIe siècle, il
formait le plus gros chapître des recettes encaissées par les
fermiers du prieuré, Les pêcheurs le payèrent toujours sans
résistance et cependant la légitimité des titres du prieur
semble avoir été très douteuse. On sait que des arrêts' du
conseil du Roi nommèrent en ' 17' 13, 1739 et '1747 des com
missaires chargés de vérifier les titres en vertu desquels dans
tous les petits . ports de France d'innombrables seigneurs
laïques ou ecclésiastiques percevaient des redevances plus ou
moins onéreuses. Les commissaires tra,raillèrent avec zèle,
parfois ayec partialité, et réussirent à supprimer une grande
partie des charges qui grevaient la navigation au cabot~ge et
la pêche coUère; le 6 juin 1748, ils déboutèrent l'Evêque de
Quimper « du droit par lui prétendu à raison. de son prieuré
« de l'ile Tristan de percevoir cinq sols de chaque patron de
« bateau pêchant dans la baie de Douamenel)). L'arrêt fut
au mois de janvier 1749 déposé au greffe de l'amirauté de
Cornouaille ('1) ; les registres de cette juridiction ne ren-
(Il Archives du Finistère. B. 4260. La quotité du droit est dans
quelques act.es du XVIle siècle portée à six so ls. A partir cie 1774 les baux
à ferme du temporel du prieuré ne mentionnent le droit sur les bateaux
que « sans garantie" (Arehives du Finistère, H. '201) .
ferment aucune trace d'une seconde sentence qui aurait
infirmé la première, cependant jusqu'à la Révolution ' les
pêcheurs continuèrent à payer les mêmes taxes aux fermiers
de l'Evêque prieur, peut-être par ignorance du jugement qui
les avait libérés. '
L'aveu de '1541 est, il notre COnnaissance du moins, le plus
ancien acte qui fasse mentio,n des pêcheurs établis sur , le fief
du prieuré. Dès cette époque, ils étaient assez nombreux et
assez riches pour armer des navires de course; le 20 août
'1543, René, vicomte de Rohan et prince de Léon, commit le
seigneur de Kerguélènen, ('1) cousin germain du prieur Alain
de Penc'hoet, « pour avoir l'œil et regard sur les maryniers
{( et marchands de Douarnenes et Tréboull ad ce que leurs
« navires soient 'bons, bien équipés, avictuaillés et munys de
« toutes munytions à ce requises pour endommager les
« ennemys»; il était en ou tre chargé d'empêcher les vaisseaux ,
de sortir sans congé (2:. La prospérité de Douarnenez sub sista jusqu'aux guerres de religion; le chanoine Moreau nous
apprend que le bourg comptait « nombre de riches mar-
chands » ; l'église de Ploaré, ancienne ég lise parro'issiale de
Douarnenez, en grande partie construite au xve et au XVIe
siécle est un magnifique témoignage de la richesse des
habitants de la paroisse et de leur générosité (3).
(!) Les archives du Finistère (E. 8:37) possèdent une généalogie mss. de
famIlle de Kerguélènen, dressée, croyon s nous, au XVIIe siècle par le la
borieux érudIt Quimpérois Autret de Missirien. D'après ce doc'lment, dont ,
les données ne concordent pas toujours avec le j\ooiliain; de- IfTetaqne de
Poter de Cou rcy, les Kerguélènen étaien tune bru nche de 1 Cl fa mi Ile du
Juch et en portaien t les a rmes d'a%U1' au l'ion d'anlent brisées d'une macle
d'm'. En 15 16, le seigneur de Kerguélènen (eD'Pouldergat; était Alain, fils
de J ea n de K erguélèncn et de MariQ de Trou meli n, veu f de Marie de
Lissard de Trohanet, remarié à Françoise de KerrouaulL. Les Fouquet de
Cha Iain, ses clescendan ts, vendi ren t Kprguélènen à la fa mille du Couédic;
on sait que c'est dans ce manoir que nC)quit Charles-Louis du Couédic, le
héros de l,a Surveillante.
(2) Dom Morice, Tome V. Preuves coL 1.049.
(3) Le clocher, le portail Ouest et quelques autres parties de l'édifice
, portent dE's inscriptions datées cie 1550, 15:'>,) et 1557; l'abside et une partie
de la nef ont été construites au XVII' siècle. '
A cette époque,si l'on en croit une tradition rapportée en '17;53
dans un acte officiel, le manoir du prieuré s'élevait à la pointe
de Kerlosquet, en face de l'île Tristan (1). Les prieurs
ne l'habitèrent que temporairement car ceux du moins dont
nous avons trouvé les noms~ avaient des fonctions qui ne leur
permettaient pas d'y résider: Guïllaume Chardilée ou I\er
dilès (actes de 1573 à 1;580) était recteur de Poullan; Yves
Toullanlan (actes de Hi86 à1598), originaire, croyons-nous, de
Poullan, était chanoine et chantre de Quimper, il fut en outre
syndic du diocèse depuis 1578 jusqu'à sa mort (1602). Les
revenus du prieuré étaient affermés en 1773 à un prêtre, Jean
Le Bars, pour une somme de 100 écus d'or (l'écu était de
4;5 sols '10 deniers), et en '1::i86 à Mathias Laurent, marchand
de Douarnenez, pour ' 160 écus. En outre, de cette redevance
relativement élevée, les fermiers étaient chargés de payer les '
droits de censaux, décimes et procuration, et le prieur se réser
vait les droits casuels tels que les lods et ventes (2).
On voit qu'à la fin du XVIIe siècle, l'île Tristan était un des'
bénéfices les plus lucratifs du diocèse de Cornouaille. Les
guerres de religion lui portèrent un coup funeste .
(A suivre).
H. BOURDE DE LA ROGERIE.
_ -7--~ -~ . ~ . .~ . = '" _~ .~ . _ . _ . ___ , ___ . _ ' , _ z_._ _. _ _ _ ...... ., . l' P'" = _ _ = . Z1'
(i) Procès-verbal de l'état des biens du prieuré, dressé le 30 juillet 1753
par Chartes-Poulain, architecte à Quimper (archives du· Finistère. H. 201).
('2) At'I:hives du Filllstère, H. 201.
357 ' -
DE'UXIEME PARTIE
Table des mémoires et documents publiés en 1905
III
VII
VII bis
VIIl
l'AGES
Excursion dans la commune de Ploujean par
M. LOUIS LE GUENNEC ........ ; . . . . . .. . ... . 3
Vagabonds de Basse-Bretagne au XVIII" Siècle
. par M. l'abbé ANTOINE F AVÉ . .............. . '. M5
Le Prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'Ile Tristan
près de Douarnenez, par M. BOURDÈ DE LA
ROG ERIE ......... " ... ............... ; i8,148, 206
Nou velle décou verte (dé substructions et d'objets
de l'époque romaine) faite à Carhaix par M. P. DU
CHATELLIER . . . ............................ .
Campagne d'Islande sur le Château-Renaud
(1890), extrait du livre de bord de M. le Com-
mandant MARTIN (planche) ................. .
Toponymie de la Montagne d'Arrée par
M. CAMILLE V ALLAUX (carte) ............... .
Note sur l'occupation militaire de l'Armorique
par les Romains (suite) : IS par M. JOURDAN
DE LA P ASSARDlÈRE /3 cartes} ..... , ........ .
Une campagne de huit jours, récit d'un général
et d'armes de la Sénéchaussée de Lesneven en
1766, par M. J'abbt'> ANTOINE FAvÉ ......... ' .
Trois vases en argent découverts à Plovan (Fi-
nistère), par M. P. DU CHATELLIER (planche).
Les chapelles du Cap-Sizun (suite) : La cloche de
Monsieur SaincVrhey, par M. H. LE CARGUET.
Les Eglises et Chapelles du diocèse de Quimper
(suite) ; doyennés de Lesneven et de Plabennec,
par M. le chanoine PEYRON .................
Les peintures de la chapelle de la Madeleine à
Pont-}, Abbé, par 1\1. le chanoine'AsGRALL.. . .. ,
114
124
135
164
169
183
201
XII
XIlI
XIV
Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de l'île Tristan
(suite: voirN°I), par M. BOURDE DE LA ROGERIE.
Les combattants bretons de la guerre améri-
caine, pa~' M. H. DE KERGUlFFINAN-FuRIc .....
Monument.mégalithique et "Coffret à Penfoënnec
en Elliant, par M. DE VILLIERS DU TERRAGE
PAGES
206
(planche) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
XV La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, par
M. J. TRÉVÉDY. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 280; 346
XVI La misère et les miséreux au Minihy de Léon:
San tee, par M. l'Abbé A. FA vÉ ............ 304
XVII Le prieuré de Saint-Tutuarn ou de. l'île Tristan
(suite: voir N° 1 et XII), par M. BOURDE DE
LA ROGERIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ... 330
XVIII La famille de La Tour d'Auvergne-Corret, (suite,
voir N° XV), par M. J TRÉVÉDY............ .346
FIN
Quimper. ' Imprimerie A. Leprince