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Bulletin SAF 1904


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Note sur l'occupation militaire de l'Armorique par les Romains

J. de la Passardière

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X.IV

NOTE
sur l'occupation militaire de l'Armorique par les Romains
(suite)

§ II. - PORTZLIOGAN.
Si l'on ne sait pas grand chose de Tolente, on n'est guère
mieux documenté sur Portzliogan .
La source unique à laquelle ont puisé tous les auteurs
qui en ont parlé la plupart sans référence . est une dis­
sertation de D. Le Pelletier, publiée dans son Dictionnaire
de la langue bretonne (1) au mot (( Liogan )). Cet ouvrage
étant devenu assez rare, il n'est pas inutile de reproduire
l'article du savant Bénédictin.
(( Liogan, dit-il, est le nom propre d'une anse ou rade
foraine entre l'abbaye de St-Mathieu . et le Conquet, en
Bas-Léon, sur l'entrée de Brest.
C'était apparemment autrefois un port de mer, ou l'entrée'
des navires, de laquelle la mer a mangé les deux pointes
ou promontoires qui formoient ce port, que l'on nomme
encore aujourd'hui Porsliogan, qui est écrit partout dans
les anciens titres Porsleogan ct Porsleocan.
Ce port avoit un quai maç,onné et cimenté de mastic ou de
bitume. Les vieilles gens du pays (en 1694) m'assurèrent
qu'ils y avoient vu des anneaux, où l'on attachoit les navires
et j'y vis encore la place d'un.
Ce quai étoit au-dessus de la pleine mer, grande marée,
Lobineau avait aussi parlé de Pors-
(1) Paris Delaguette 1752. Dom
liocan . 1707 (t. I. p. 2).

élevé d'environ trois toises, et les anneaux, quatre ou cinq
ordinaire aux quais
ieds mOInS : ce qu l n etant pas
étoient en ces tems là
(lIodcrnes, aIt Juger que es naVIr'es
,los élevez, ou que la mer a baissé .
l'ort de couleur blanche et brillante, les anciens ont fait
portus ·Saliocanus. qu'ils ont dû lil'e Portus Liocanus. E4
ptolémée mèm e a écrit StaLiocanos Limên le port Staliocan,
ce qni ' est apparemment venu de la prononciation des
habitants du lieu qui ont prononcé comme à présent Pors
liocan, que les étrangers ont Ci'U êtee Port Staliocan, Portus
Saliocanus ou StaLiocanus. _
« Voyons maintenant :;i. Saliocanus peut et doit êtr'e
placé là où est Pors liocan .
Ptolémée, décrivant l'Arntol'iqu8 depuis l'embouchure de
la Loire jusqu'au promontoir'e Gobée, et de là comme llçaut
pal' le port Sa~iocaflus à courir la côte septentrionale, il est
pI'ohable que ce promontoire est la pointe qui forme avec
l'Isle de Sain le Ras de Fontenay.
Voi~i le~ propres paroles du géographe:
(( Rê dè pros ârktous pleurà peri ton brettanikàn okeanàn
ekh ei hlJUtos metà tà gàbaion dkron SfaUocanàs Umên )),
c'est-à-dire: g Quant à la côle qui va au septentrion, et
lourne vers la mel' Britannique, il est ainsi: après le pro­
rnontoil'e Gobée, on tl'ouve le port Saliocan »,
Et après qu'il a parcouru la côte jusqu'à la Seine, il
revient i:ilLl' ses pas et dit: (( [(ai te?eutaîoi oi mekri tou
gobaiou akrotêriou Osismoi, hôn polis Ouorgdnion )). « Et les
l'lits éloignés, qui confinent avec le promontoire Gobée, sont
les Osi"rnes, dont lél ville est Vorgan » .

Ce dernier nom est lrIQrgan, prononcé quelquefois . Vor-

gan, qui était le premier
nom de l'hérésiarque Pélage, né
breton en Angleterre.

« Ce même auteur nous montre un autre exemple d'alté~
ration de noms propres, lorsqu'il écrit au même endroit
Samnîtai pour Amnîtai, parce qu'il y a hôus aupararant,'
(( huI' hoûs Samnîtai, plêsiadzontes tô Ligei,ri potamô )).
« Après lesquels on trouve les Amnites voisins du fleuve
Loire )). .
Cette faute vient plu§ manifestement des copistes ou des
à qui l'on dictait. Ce nom Amnites est breton, fait
écrivains
d'Amn, rivière, et répond au latin Fluviatus, baigné ou
arrosé d'un fleuve, ce qui convient à la ville de Nantes et à
toutes celles qui sont en pareille -situation, et presque toutes
sont plus ou moins; c'est pourquoi il y a lieu de soup­
la même faute dans le nom des Samnites d'Italie.
çonner
Plusieurs rivières ont des noms faits de cet Amn, qui est
souvent prononcé Avn, Aven, Avon, etc. Voyez dans le
Dictionnaire géographique de Baudran, et ci devant (dans
Dictionnaire), Afon.

(c Le promontoire Gobée a son nom dans le breton,
n'y soit plus connu pour nom propre de lieu:
quoiqu'il
Davies nous le fera trouver.
t( Gwep, dit-il, rostrum, vultus, facies. Les Irlandais pro­
gob, au sens de rostrum. Nous avons pris de ~et
noncent
ancien nom gaulois nos mots français gober et gobet, et nos
Bretons en ont fait probablement goap, moquerie.
C'est ce qu'ils appellent autrement Bec, nom qu'ils don­
nent aujourd'hui à cette pointe du Ras, Bec-ar-R::}t" qui est

. selon moi ce promontoire Gobée; et ce nom pourrait con­
venir à toute la pointe de ]a basse Bretagne vers le cou­
chant~ ce qui paraît sur les cartes de géographie mieux que
dans un discours.
, Mais il faudrait~ cela étant, que Ptàlrmée n'eût compté
toute cette côte occidentale que pour un seul promontoire',
ce qui renverserait, ou du moins affaiblirait ma conjecture
sur le promontoire Gobée, que je crois pourtant être la
pointe occidentale de Cornwaille. en égard aux nQms 'Akron
et Promontorium: et ·à la description de cette côte par
ptolémée. ,
A ce sujet, je remarquerai que l'autre promontoire, qui
est de Léon, à l'entrée de la Manche, vis-à-vis et à l'Ouest
d'Ouessant, lequel on nomme le Four, est qualifié par Bau­
dran oppidum. Ce n'est rependant qu'un rocher tout nu, et
presque sans cesse battu et couvert des flots de la
mt)r.
Et Marlian, qui place Saliocanus portus à Morlaix, veut
aussi que le Fou (je crois qu'il faut lire le Four), soit Erii flu'Vii
ostium. Ce rocher n'est point à l'entrée d'une rivière, mais à
une des entrées · de la grande baie dite l'Iroise, qui com­
l'entrée de Brest, parce que, dit-on, les Irlandais ou
mence à
entl'ent et sortent pal' là .
Irais
Ce nom Irais vient de celui de la nation ou de l'isle qu'elle
habite, et Irland est le pays d'Ir. où il y a un fleuve dit Erk
et Air à l'occident de cette isle. Ne connaissant point ce
fleuve Erius en basse Bretagne, .le laisse aux géographes le
de le chercher.
soin
Quand j'ai dit ci-dessus que Liogan ou Liocan signifie
c:n.lleur hlanche. je devais ajouter que ce nom est composé
de Liou ou Liw, couleur, et de van, blanc, brillant Les ro­
chers de Liogan sont en partie blancs, ct la grève en est
toute blanche, étant couverte de cailloux et de sables déta­
chés peu à peu de la côte, et le tout un peu transparent et

luisant. Le Père Lobineau a mis en son interprétation -de Ce
nom Tour pour couleur.
La diffél'ence entre Saliokanàs l' t Staliokanàs vient ue la
terminaison mal prise du bl'etoll Ports, les uns ayant cru
entendre Porst, et les aulres Pvrt-Satiocan. »

L'article de D. Le Pelletier' tl'aite tl'ois questions:
1° L'étymologie du nom Porlzliogan ;
2° L'idenlificatÏon de P()rtzliog:lll (t\'CC le Portus SRiiocnilliS
de Ptolémée;
3° L'existence d'un port dans l'anse de POl,tzlioga[).
Suivons l'auteur dans sa dissertation.
Etymologie de Porizliogan.
D, Le Pelletier transforme FOJ'sliogan eu PorsleucülI, puis

Pors liou can, qu'il tr'aduit par port de couleur blœnche: il
est permis cie douter de la justesse de cette ,'écomposition.
D'abord , elle s'appliqùe mal al! lieu désigné: la grève de
Portzliogall est bordéo de micaschistes gl'eIlCltifèr'es, dont
les strates, plutôt sombres que bJélllches, sont visibles en
longues bandes sous-rbarines qui s étendent. ass'ez loin Jans

l'anse; les parties occuIJée ti par le s.able blanc ne ·sout pas
assez importantes pour donner à la côte une ton;:}l ité domi­
nante et justifiant la désigllatioll qu'on lui attribue.
Cette désignation conviendrait mieux à deux plages co nti­
gües, soit à celle de Portez (1), HU sud ouest du Conqnet, soit
mieux encore à celle des Blancs Sablons, au nord du port
. précité, plage appuyée aux \aSt8S dunes de I);mol'\,(J!l.
Il faut ajouter que la décomposition hinHire pl'o)losée

(1) Cf. Porteath à environ '2;:) milles anglais de la poin!e de Penlire
(Cornouaille insulaire). .

,c liou can, couleur blancbe ») n'est pas très satisfaisante:
les dénominations abstraites (1) sont à peu près inusitées
dans la topologie du Léon; la langue populaire procède plus
simplement: pour traduire la même idée, elle dit Portz
guen (2), Trèz guen, Trez hir (3) .
(1) La critique moderne a fait dipui~ longtemps justice de ces traduc­
à grand efIort d'imagination, de ce3 calembourgs latins ou
lions bizarres,
bretons qui faisaient la joie de nos anciens annaliste5, el auxquels dans
certain milieu, on n'est pas encore insensible. L'un des meilleurs types du
genre est -l'explication qu'Albert le Grand nous dQnne du nom de Saint­
e: il est tout blanc !le nom lui en est resté ... : .
Guénolé; guen holl
Les Panis pons (Paimpont), Lupus in vinea (Louvigné), Quercufolium
ou Carcafagus (Carquefou), et cent autres lraductions de même ordre, ·ont
fait leur temps, aussi bien que les Mons relaxus (:\Iorla ix), Bonum donum
(Bondon), Guenmenez (Guémené) elc ... On ferait de ces étymologies fantai-
aussi curieux qu'utile . .
sistes un dictionnaire
C'est ainsi, 1\( Loth nous l'apprend, que Landevennec le locus
ap1'icus du légendaire doit être rétabli Lan towinnoc, le monastère de
Towinnoc, nom hypochoristique de Winwaloé (Guénolé) son fondateur.
le terroir voisin du célèbre menhfr de Plouarzel, terroir dont
Kerloas,
I. 211.) a modifié le nom en Kergloas, pour l'inler­
Fréminville (Finistère
lieu de la douleu1', - en souvenir, dit-il, du chef important dont il
prêter
suppose que ce mégalithe marque la sépulture. - I{erloas doit rester le
Kerloas des tartes de Cassini et de l'Etat· major, c'est-à-dire tout simple­
de Loas Loas est un nom d'homme qu'on trouve
ment l'habitation
encore dans le Léon et le Tréguier.
Trémazan, clont on assimile le nom à Tremenvan.Tremazvil n ou Tremevan,
agonie, meurtre, trépas, (Soc. Acad. de Brest 1. 4ï2.) pour rattacher cette
résideQce de la puissante famile du Chastel aux temps légendaires de
o Saint Tanguy et de Sainte Eaude, Trémazan n'est autre que Trefmajan
la trève dédiée à Saint Majan ou l'habitation de la tribu de Majan, (trer a
les deux sens). On trouve au bourg même de Kersaint uri. terroir qui porte
le nom de Kervajan.
(2) L'anse des Blancs-Sablons se dit en hreton Guendrez ; (on prononce
Les principaux Portz du Léon ont tous des noms dont l'éty ·
Gtlaindrez).
mologie est simple et la signification bien nette. Ainsi Portz pol (plouarzel),
Portz poder (autrefois en Plourin), Portz melec (Ile de Batz) rappellent des
. personnages sans doute marquants; on trouve PorLz an aotron ~Santec), le
Po!'t d'Antrou ou du Seigneur, Portz al' bagou (Lannilis), le port aux
barques. Portz milin (Plougonvelen), Po!'tz moguer (Plouarzel), Port saIl .
(Ploudalmézeau), Portz an roc'h (Ile de Batz), les ports du Moulin, de la
Muraille, du Manoir, du Rocher; Portz bizinec (Ploudalmézeau), port
Portz don (Saint-Pol ), port profond, Portz guen (Lampaul-
goëmonneux,
, Plouarzel), port blanc, etc.
(3) Trez hir, grève à l'Est de la pointe Saint-Mathieu .

Liogan paraît être un nom d'homme, nom que l'on trouve
en composition dans Kerliogan (l i en Milizac.
2° Identification de Porlzliogan avec Porlus Slaliocanus.
Si l'on s'autorise de la seule ressemblance des,noms, cette
identification est assurément fort douteuse; pour qu'elle hît
légitime, il faudrait d'abord que le breton eût été la lan­
gue parlée en Armorique au temps de Ptolémée (100-168
de J .-c.). Or, les celtisanfs paraissent être aujourd'hui d'ac-
cord pour admeHre qu'il n'en était rien (2). , '
Si l'on s'en réfère à Ptolémée - le seul auteur qui ait
mentionné Portus Saliocanus le doute est tout aussi jus­
tifié. N'ayant pas à ma disposition le texte grec de cè géo-
graphe. je transcris la traduction lat.ine qu'cn a donnée
Villanovus (3). Elle est ai llsi conçue:
(1) Cf. iogan dans I{eriogan (Plounévenler) ; cf. aussi ogan dans Bri­
gnogan (près Plonéour·Trez), Coat ty ogan (Guiler), Mechou Balanogan
I\lenez C'ga n (près Plogastel­
(prés Brignogan), Kerogan (près Bénodet),
Saint-Germain ), Tréogan (nom de famille et pal'oisse près Gourin), Coz­
Tréogan (Côtes-du-Nord), Saoulougan, Kerougan (Plourin', Par~ an ogan
(Plouarzel), Kernogant (Milisac), Roslogan (Le Tréhou). V. encore Logan
(nom d'homme et nom de lieu en Pouldreuzic, IIlognn dans la Cornouaille

insulaire. '
(2) V. Revue Celtique (t. VI, p. 4GO), l'article consacré par M. de la Bor­
derie à l'examen d'une étude de :\1. Loth sur l'émigration bretonne.
(:l) Superbe in-folio appnrtenant à la Bibliotlwque de la Marine à Brest.
Le titre porle l'indication suivnnte : Prostant Lugdini apud Hugonem n
PorI a M DXLl. <1 u - dl'\isO US de laquelle rst gravée u ne curieuse vignet! e.
mnrque parlante du libraire. C'est un guerrier romain portant les. rleux
tronçons d'une poutre brisée, sur laquelle on lit l'inscription: « Liberlalem
meam meeum porto. ,) Au fronton triangulaire qui surmonte la porte, 1;1
légende iEternitati, et dans un médaillon central au-dessus la figure de
Janus et la légende Fecondita pando Janus. Sur la rlcrnière pnge, la fi en­
tion : Excudebat Gaspar Trechsel Vienme M DXLf.
Cet oU\Tage est une révision rie ln traduct.ion lat ine du texte grrc qn i
nvait été donnée pal' Bilibaldus Pirrkeyrnbcrus. La rév ision et le , ., nnnotii
tions sont du médecin Michael Villanovus,
L'exemplaire en question proYient de l'Académie de Marine. dont il porte
le cachet doré sur le plat. Antérieurement, il il appartenu au Séminaire
des Aumôni~s ,de la Marine, ainsi qu'en témoigne la mention Sernin.

Celtogalal'iç Lugdunensis situ.s.
Cap1)t VIII. Tabvla III gvropœ.
T,atera Galliœ Lugdunensis quç r.i5tigua sunt A qtaniœ, dicta
slmt . .Ex reliquis quç ad occasum spectant et Oceano alLuuntu,r,
si c describuntur. . .
-- Post Ligi1'is [lu. ostia (1) [lJritannia.]
Bri1lates portUfL
[Virane hodie
civitas. J
Erij [lu. o,itia, 17 49.1/4 [LelouT.]
. Virliana portus, 16 1/2 49.2/3 [Vinàana.] .
lTobœurn ]J1'omont. 15.1/4 49.//2.1/4 rSanctus Matthœus.]
- Latu.~ autem quod Septentriones aspicit iuxta Britanni-
('um Oceanum sit; se habet.
GobŒ'um pTomonto1'ium :
Post
~aliocanus pOTtus (Staliocanus) 16.1/2 .. 50.1/4 : S. Paulus. ]
Titi [lu. ostia (Teti), ~7.1 /3 . . 50.1/3.
Biducensi um [N oTm~lndie ]
[lu. ostia, 18 50.1/2.
Argenis
Venelorum r hwlli ex Cœsaris coiiientar'is, nuL/a hornm civitas
e,rtat. ]

Regii brestensis soc. J esu calaJ. inscriptus : 6 Il 10 '. Antérieurement encore,
il avait été acquis au prix de 2 Il 10' par un bibliophile du nom de
Lac1'osse. Il rnppelle enfin le Souvenir de l'Intendante Claude Dold, dont
le nom est écrit au-dessous du titre et suivi de l'anagramme leo dal. dulce.
Claude Dolet était fille de Nicolas Dolet, écuyer, seigneur de Châteauvert,
major des ville et château de Brest dès 164.8. et de Louise B&rard, sa
!"econde femme. Née le 2() :\lar5 1657, elle épousa le li juin 168'1 Messire
Hubert de Champy, seigneur des Clouzeaux, conseiller du Royen [':e5 ron­
seils, intendant de la Marine au département de Bretagne. Sa sœur aînée,
Jncquette Dolet, avait épousé le 28 mai 1676, Fl'ançois-René de Betz,
chevalier, seigneur de la Hartploirt>, eapitaine des vaisseaux du Roy, né il
Ambillon, diocèse de Tours, dont Renée-Frélnçoise, mariée à t8 ans, le
1\J janvier 1701, à Léon-Péla~e-Césélr de Balzac, marquis de Gié, qui mou­
rul quelques jours après, lel février. (Registres de catholicité de Brest).
(1) Il a placé l'embouchure de la Loire par 17 ?/3 de longitude et '18 1/1
de la ti tude. .
(2) ,Le premier groupe de chiffres indique la longitude, le second la
latitude. .

Crotiatonum, 18.1/2.1/3 50.1/2.1/3.
Olinœ fluv ostia, 18.1/2.1/4 51. '
Lexubiorum
Nœomagus civitas, 19.1/2 51.1/6 [S. Salvator.j .
Calletorum [Caux, uulgo, Catetas hodie remotius agunt sub
rege Angliœ.]
Sequanœ flu ostia, 20 5 f.1 /2.
- Orientale autem latus . .. " "
- Meridionale autë tatus ..... .
La,tus vero septetrionale a Sequana fluuio tenent Calletœ
quorum civitas Juliobana, 20.1/4 ' 5"-1/3 [Honfleur.]
Post quos Lexubij. Post Veneli. Post hos Riducenses , Et
nltimi usij ad Gobœum pmont. Osismij
C'ivitas Vorganium, 17.2/3 50.1/6.
quorum
Occidentale autem littora,le latus sub Osismijs tenent
Veneti quorum C'Ïvitas Dariorigum, 17.j /3 _. 19.1/4 [Vanes J
Sub quibus Samnitœ appropinquantes Ligiri fluvio.

Les biographes rapportent que Ptolémée, astronome et
géographe, grec d'origine, naquit et vécut en Egypte.
L'indication de l'époque à laquelle il vivait nous est donnée
par ses observations astronomiques, dont quelques unes sont
datées de la ,463 année après la mort d'Alexandre (1). IIIes
commença dit-on en ·128 après J. C., et les continua pendant
40 ans, en sorte qu'on peut faire remonter les connaissances
4uï1 nous transmet à l'an 150 de notre ère .
Son traité de géographie, Géographikê huphêgesis, n'est
guère 4u"tlne table de cool'données des li eux qu'il cite,
::;ans indiquer d'ailleurs aucune référence pOUl' ses SOUl'ces,
qui sont cerlainemen t de seconde main, ni les

(1)323 avant J. C .

orv--+'

procédés sur lesquels sont basées les déterminations des
On ne doit donc avoir qu'une confiance très
coordonnées.
limitée dans les renseignements qu'il rapporte (1), et
est loin de s'augmenter lorsque l'on songe
cette confiance
lieux et les chiffres qui constituent presque
que les noms de
uniquement ce catalogue, nons ont été transmis par des
vraisemblablement étrangers, et manquant de '
copistes
points de repère pour assurer leur lecture.
Ptolémée a été traduit en latin; les premières éditions ,
(1462 à 1490), comportent des cartes
datées de Rome
attribuées à Agathodemon, savant grec du V siècle .
(2) en a composé d'autres qui ont paru dans l'édi­
Mercator
tion greco-latine de 1605. Dans toutes ces cartes, on a
Ptolémée par des figurations intermé­
comblé les lacunes
diaires étab1ies d'après les connaissances géographiques
des cartographes .
d'un fragment des cartes de
Nous donnons ici la copie
1541, et, à t.itre comparatif, le tracé schématique qui
résulte uniquement de la nomenclature, traduit en projection
moderne.
L'allure du texte de notre auteur nous le montre décrivant, .
d l l Sud au Nord. la côte Ouest de la Lyonnaise dont le
versant se décharge dans l'Océan. Il y relève quatre sites du
littoral. à partir de la Loirejusqn'au p1'Omonto1"ium Gobœum,
point où commence le littoral a~pecté au Nord et le versant
de l'Océan Britannique .
. (1) Ses longitudes ont été pnrticulièrement critiquées. On sait d'ailleurs
que c'est seulement sous le règne de Louis XIV que les premières
rcctificntions à la carte de France ont été exécutées pal' Cassini et la Hire.
Leurs corrections réduisirent de plusieurs degrés en longitude la position
du litt.oral Ouest.
(~) Mercador, né à Rupelmonde en 151'2, mort à Duisbourg en 1:'>9'1,
adopta-un système de projection dans lequel les méridiens et les parallèles
~e coupent à angle droit et sont représentés par des droites .

Il poursuit la description de cette côte Nord de la Lyon­
sur laquelle il place Saliocanus portus (1) et la con­
naise,
tinue jusqu'à la Seine.
Puis, après avoir indiqué les limites Est et Sud de la
reprend le littoral de la Seine à la Loire, en
, Lyonnaise, il
citant les peuples qui la détiennent, notamment les Osismii
dont la civitas 'est Vorganium.
On a beallcoup discuté sur Je texte de Ptolémée: on a
proposé d'y faire de nombreuses corrections de lecture;
mais si l'on s'en tient à la forme sous laquelle il nous est
parvenu, on ne , peut en tirer légitimement que deux con­
clusions relativement à la situation de Saliocanus Portus :
1 Son Promontorium Gobœum est très expressément le
point de séparation du versant Ouest de la Lyoqnaise
(Océan), avec le versant NorJ (Océan Britannique) (2) : il ne
peut être par suite iùentifié avec notre pointe du Raz (3) ;
2° Il place Saliocanus Partus par la même longitude que
Vidiana (aliàs Vindana) Portus, sur le versant Nord, à
1 degré 1/4 dans l'Est de Gobœum, soit, à raison de 500
stades par degré, à environ 29 lieues: les coordonnées qu'il
lui assignent correspondent à peu près à celles de Tréguier
par rapport à Saint-Mathieu, et l'on remarquera q~e Tré-
(1) La leçon Stali6kanos limên se trou ve dans l'édition princeps d'Erasme
(15t::l) ; le manuscrit qui a servi à l'édition de 1541 portait Sali6kanos,
mais Villanovus connaissait la variante, qu'il indique en petit texte.
(2) Est-il besoin de dire qu'à l'époque de Ptolémée, Britannia désigne la
Grande-Bretagne?
(3) Le passage entre Pile de Sein et le continent s'appelle Le Raz, (en
breton ar c'haz), du nem d'une roche qui forme la pointe Sud Est du pla­
de Sein et qui est indiquée sur les cartes marines s.) LIS la dénomi­
teau
ar c'haz (en français le chat). Son extrémité porte le nom de Pointe
nation
du Chat, et les crêtes de rochers voisines celui de Pont des chats. Par suite
d'une déformation linguistique habituelle en breton, ar C'haz est devenu
le Raz, et la pointe extrême du continent qui lui fait face a retenu le nom
de Pointe du Raz, (en breton Beg ar c'haz, la Pointe du chat). Les carto­
ce passage le Raz de Fontenay, ont fait
graphes, qui appellent quelquefois
du mot Raz un nom générique; Exemple: le Raz Blanchar:d .

guier est sensiblement par la même longitude qu'Hennebont
et Port-Louis.
'Il n'y a donc là aucune concordance qui puisse justifier
l'identification de Saliocanus Portus avec Portzliogan et
faire accepter l'hypothèse de D Le Pelletier (1)
3° Existence d'un port à Porlzliogan.
Le fait impor'tant, le fait positif affirmé par Le Pelletier,
c'est qu'il a vu à Portzliogan la place d'un anneau servant à
amarrer les navires; cet anneau était à plus de 4 mètres
au-dessus du plein de l'eau dans les grandes marées.
Il a peut-être également vu mais cela ne ressort pas
absolument du texte le quai dans lequel était scellé cet
anneau; le terre-plein de ce quai s'élevait de 6 mètres au-
dessus des grandes marées: aujourd'hui il n'en est plus trace,
A-t-il existé jadi's dans la baie de Portzliogan un établis­
sement de quelque importance? La question paraît résolue
affirmativement par les diagrammes suivànts, qui confir-
ment la tradition rapportée à D. Le 'Pelletiel' pal' les vieilles
du pays,
g'ens

(1) Marlian le place à Morlaix, Villanovus à St-Pol, d'Argentré à Ros­
~olI. Aucun ancien géographe n'a eu l'idée de · faire rétrograder Portus
,aliocanus sur le versant océanique de la Lyonnaise, au sud de Pro mon­
orium Gobœum.,

1. . , ROUTE MILITAIRE DE TOLENTE A PORTZLIOGAN
Le diagramme de cette l'Ollte a été donné all § précédent.

Il. ROUTE MILITAIRE DE PONTUSVAL A PORTZLIOGAN.
Coordonnées
en kilomètres
NOMS
à l'K. à l'O.
OBSERV ATIONS
sur de de
DES STATIONS
l'ale J'u e l'ue

Pontus val. . . . .. 0

Castel braz..... 6.3 0
Maner al'
c'haste1. ........ 32.6 0.4 0
TOul'ous ........ 36.5 0.4 0
Moulin du Châ-
tel ............ 36.8 0. 9 0

Le ChâteL...... .5 0.7 0
Coz casteL..... 7.6 0 0.1

Portzliogan . . . . . Il 0

III.. ROUTE MILITAIRE DE CASTEL PAOL A PORTZLI
Coordonnées
kilomètres

NOMS

à l'E.
à l' O.
OBSERVATIONS
sur
de de
STATIONS
DES
l'aIe l'~xe

Castel Paolo . . .. 0

Keromen . . . . . .. 6.7 0
La Tourelle.... 9.5 0

Kergournadec'h 13.6 0
Ancienne châtellenie dont les pos
seurs sont cités au livre des Osts.
château commandait l'intersection
cette route avec celle qui .i
Ouessant à Lannion, en passant
Moguerourien .. tL 7 0.8 0
Porspoder .
Tour Pors an fo- \
richer, ........ \14.70 1.3
Il' Y a ici une lacune; on trouve
échiquier à 19.2 et 1.8, Castelfur .
Camp de
Morizul' ....... " 23
Groupe important qui défend le
te au de Kerilien, couvert de
romains et coupe la route de
à Tolente. A 23.5 et 0.9 Kervern
féodal important, mentionné au li
des Osts.
Vieux Chastel:. 23.7 1 0
Les Tourelles ... 25.5 0 0.2
La voie passe ensuite entre les cam
de Lamarsant, à :::8.9 et L3 et de
ledan à 29.7 et - 1.4.
Tremoguer ..... 31.5 0.9 0
Ar vouden lIa
Motte)........ .8 0 0
Quistillic ....... 39.6 0 0.7
Borne du Lann. 47.4 0.3 0
Cette borne qui porte une inscriptio
qui n'a pas encore été déchiffrée
presque à l'intersection de la route
Brest à Tolente.

Kerouman ...... 48.8

La Tour ....... .
A 56.6 et 0.9 l'Hôpital et à 57.7

Km'hastel.
et + 0.8, Keruzas, fief important, haute
justice .
A 60.5 et 0.9 la MagdeleIne.
Moguerou ......

Le Chatel. ......

Coz castel ......
Portzliogan .....

IV. ROUTE MILITAIRE DE MORLAIX A PORTZLIOGAN
Coordollnée.\
en kilomètres
NOMS
30 N. ,au S.
OBSERVATIONS
sur de de
DES STATIONS
l'ue l'ale l'axe

o A 2.8 'et + DA le long d'un chemin
l'laix. . . . . . .. 0 0
creux qUI passe pour une VOle 1'0 maIlle.
Borne du château de Bagatelle sur
laquelle il existe une inscription fran­
çaise, et qui paraît être une ancienne
borne militaire. A quelques centaines
de mètres plus au Nord, cimetiére
gaulois et romain découvert eil t87l
par M. Puyoo (Bull. de la Soc. Arch.
/. IV p. 21).
O. ilotte entourée de douves.
rf'eulz ....... ï.6 0
O.; CamI? rectangulaire commandant l'in-
asclet .... 15.8 0
t el'SectlOn de cette route avec celle de
Castel Paol à Ciyitas Aquilonia et avec
celle de Tolente à Rennes.
O.~ Autre camp à l'intersection avec la
route de Castel Paol à Penmarc'h.
()ulin du Châ- .
tel ......... ,., 22.8 0 0.5
Motte ovale de 3J - 20 l11étt'CS en­
uinquis meur. 30.5 0.6 0
tourée de douves, au croisement avec
la route de Rieux à Tolente pat' le
château de la Roche Maurice. Un
peu plus loin, à 32,5 et 0.7, Kergoal
où le souvenir d'un camp est conservé
dans le nom de deux pièces de Leue
dites les champs du camp.
Motte circulail'e de 3u mètres avec
uinquis marc. ~11.5 0 0
dou ves peu apparentes .
A 40 et U.3 le manoir ' du Gal'z (la
rd al a un.. . . .. II
Haie) en Saint-Divy. Camp rect.angu­
laire barrant la route qui Joint le châ­
orne de P loe­
teau de Joyeuse Garde à Tolellte.
bevoez (Gui­
A l'intersection de la 1'0 u te de Cas leI
Il Î 0
pavas)., ... ".
Paol il. Brest. C'est uue bOl'ne anépi­
gl'aphe il pans coupés, fort hau le, qui
etait autrefois près de l'èglise du boul'g',
et qui a été déplacée uepuis peu et
vendue. Guipavaz, Plocavaz est le
Plebs Bevozedi de la vie de St-Ténénan
(du Paz Blancs manteaux XXXVIII
p. 72;1) éloe Bevez, Plebs Ba voez (cl.
Morice Pl'. 1. 1U64. i389).
tellou ....... 53
Ce poste dèfend également la route
uestel.. ....... 55.\ 0 0.5
de Landerneau à Portzliogan.
En échiquier, sur la route de Lander­
tel an daol.. 57
neau à Portzliogan, Cos castel à 60
et - 1.6, en échiquier.
Un peu au delà à 65.7 et 0.9 la Mag­
guerou. "'" 6L9

deleine .
Motte.
venny ...... 71.5 o 0.4
rtzliogan . , " 71.3 0 0
- TOME XXXI (Mémoires) 14
LLETIN AfiCHÉOL. DU FINISTÈRE .

III. - ROUTE MILITAIRE DE CASTEL PAOL A PORTZ
Coordonnées
en kilomeLres
NOMS
à l'B. à l'O .
OBSERV ATIONS
sur de de
DES STATIONS
l'alo l'al6 l'axe

Castel Paol. . . . . 0 0
Kel'omen . . . . . .. 6. Î 0

La Tourelle.... 9.5 0
Kergournadec'h 13.6 0

Ancienne châtellenie dont les poss
seurs sont cités au livre des Osts.
château commandait l'intersection
cette route avec celle qui joi
Ouessant à Lannion, en passant
Moguerourien .. lL7 0.8 0
Porspoder .
Tour Pors an fo-
richer ......... \ t4.7 0 1.3
n y a ici une lacune; on trouve
échiquier à 19.2 et - 1.8, Castelfur.
Camp de
Morizur . . . . . . .. 23
Groupe important qui défend le
te au de Kerilien, couvert de
romains et coupe la route de
à Tolente. A 23.5 et 0.9 Kervern
féodal important, mentionné au li
des Osts.
Vieux Chastel. . .7 1 0
Les Tourelles ... 25.5 0 0.2
La voie passe ensuite entre les
de Lamarsant, à ~8.9 et L3 et de
ledan à 29.7 et - 1.4.
Tremoguer ..... 31.5 0.9 0
Ar vouden lIa
Motte).. .... .. .8 0 O.
Quistillic ....... 39.6 0 0.7
Borne du Lann. 47.4 0.3 0
Cette borne qui porte une in
qui n'a pas encore été déchiffrée
~resque à l'intersection de la route
Brest à Tolente.
Kerouman ...... 48.8 0 0
La Tour ........ 52.2 0.8 0
A 56.6 et 0.9 l'Hôpital et à
Kerhastel....... 6.1 0 0.8
et + 0.8, Keruzas, fietïmportant, ha
justice.

A 60.5 et 0.9 la MagdeleIne.
'.loguerou .. . . . . v
Le ChateL ...... 61.8 0 0.9
Coz casteL .. . .. 66.9 0 0.6

Portzliogan. . . .. 69

ROUTE MlLlTAIRE DE MORLAIX A PORTZLIOGAN

Coordonnees
cn kilomètres
NOMS
3uN.auS.

OBSERVATIONS
sor de de
DES STATIONS
l'ale l'ale ,'axe

o A 2.8 et + OA le long d'un chemin
Morlaix. . . . . . .. ()
creux qui pa.sse pour une voie romaine.
Borne du château de Bagatelle sur
laquelle il existe une inscription fran­
çaise, et qui pa rait être une ancienne
borne militaire. A quelques centaines
de mètt'es plus au Nord, cimetière
gaulois et romain découvert eil 1871
pat' M. Puyoo (Bull. de la Soc. Arch.
/. IV p. 21).
1 i.6 0 MoUe entourée de douves.
K et' feu z ...... . 0.2
CamI? rectangulaire commandant l'in­
I(ervoasclet .... 15. 8 0
tel'sectlOn de cette route avec celle de
Castel Paol à Civitas Aquilonia et avec

celle de Tolente à Rennes.
Autre camp à l'intersectioll avec la
Kedoual. ...... .
route de Castel Paol à Penmarc'h.
1 Moulin du Châ

tel ........... .
Motte ovale de 3U - 20 mètres en­
Quinquis meur. o
tourée d e douves, au croisement avec
la route de Rieux à Tolente pat' le
château de la Roche Maurice. Un
peu plus loin, à 32.5 et 0.7, Kerg'oal
où le souvenir d'ull camp est conset'vé
dans le nom de deux pièces de tet'J'e
dites les champs du camp.
Motte cit'curait'e de 3u mètres ayec
Quinquis marc. Ji. 5 0 0
dou ves peu apparentes .
40 et 0.3 le manoir ' du Gaez (la

Kerclalaun ...... 11
Haie) en Saint-Divy. Camp t'ect.a.ngll­
laire barrant la route qui .Joint le châ­
Borne de Ploe
teau de Joyeuse Garde a Tolellte.
b evoez (Gui·
A l'intersection de la route de Castel
pavas) ........
Paol à Brest. C'est une bOl'ne anépi­
geaphe il pans coupés, 1'oet haute, qui

etait alltl'efois près de l'èglise du bOlll'g-,
et qui a été dépla'cée uepuis peu et
vendue. Guipavaz, Plocavaz est le
Plebs Bevozedi de la vie de St-Ténénan
• (du Paz, Blancs manteaux XXXVllI
p. 723) l'loe Bevez, Plebs Bavoez «(1.
Morice PI'. J. tU64. t389).
Castellou ....... 53 0.1 0
Ce poste défend également la route
Questel.. ....... 55.\ 0 0.5
de Landerneau à POl'tzliogan.
En échiquier, sur la route de LalHler­
Castel an daol.. 5i
neau à. Portzliogan, Cos castel à 60
et - 1.6, en échiquiet'.
Moguer. . . . . . . .. 61. 4
Un peu au delà à. 65.7 et O.g la Mag­
Moguerou .... " 6L 9

deleine .

Motte.
Kervenny ...... 71.5

Portzliogan .... 71.3
TOME XXXI (Mémoires) 14
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE .

ROUTE MILITAIRE DE CARHAIX A PORTZLIOGAN

toor,lonnées
kilomètres

NOMS
~u N. àu S. OBSERVATIONS
sur

DES STATIONS
l'ax6 l'ne
l'axe

Carhaix........ 0

Magoarem...... 6
Tour de
Il manque une étape entre Magoarem
an-Parc ....... 16
et Ster-an-parc.
Quistillic .. . . . .. l8. 3 0 0
Tourquelen
Entre Quistillic et Tourquelennec, a.u
poste d'étape qui manque, on trouve
Ty-Cloître, à 26 et + 0.5.
Voden diry ..... 34.5 0 0
Roz al' glouet .. '44
Camp rectangulaire; à peu de dis­
tance, à 44.2 et 1..7, le Faou, vicomté
féodale trés importante i elle défendait
à sa ~orge le vaste bassm cratériforme
borde par les montagnes d'Arrée et les
montagnes Woires, et qui s'étend jus­
qu'au-delà de Carhaix.
Keromen .. . .. .. 45.5 0 0.1
Tor al' c'hleuz .. 52.3 0.8 0

Logonna ........ 53.3 0
Un peu avant LOflonna à 48, l'axe
passe par Keroullé, ou l'on a trouvé des
r estes romains. Sur la place de l'église
de Logonna 2 lec'hs ou· bornes. A la
pointe du Binde, la route continue par
eau; on attérit près de Castel Perzell.
Castel Perzell .. 82.5 0 0.2
Portzliogan .... 88.5 0 0

VI. ROUTE MILITAIRE DE BREST A PORTZLIOGAN

Coordonnees
en kilumètres
NOMS
(tuN. anS.
OBSEH.V ATIONS
~lIr de de
DE"; STATIONS
1'31e l'axe 1'31e'

Brest .... r ••••••
Tour de la
. Motte Tanguy.. O. 1 0.2 U Sur la rive droite de la Pen!'eld, fui­
sant face au château de Brest.
Keras tel ....... .
Questeria ...... . Un peu auparavant à 3.6 et O.i,
Cruguel.
Borne de la
t'lnt e ........ . 6.8 0.1 0
Borne anépigraphe à pans coupés,
allongée sur le sol au bord de la fon­
taine à il ba3sins de.la T rini té.
MoUe de
Kel'venny ...... \8.3 0 0.1 Il Y a une lacune entre la Trinité et
Kervenny.
Portzliogan . . .. 21.3 0 0

~OUTE MILITAiRE D'IS A PORTZUOG,\.N
VII.
CoordQnnées
en kilomètres
NOMS
il l' O.
OBSEHV ATIONS
sur
de de
DES STATIONS
l'ax6 l'ale
l'axe

Ville submergée, qui était située vees
Is . . . . . . . . . . . . . .. U o
le centec de la baie de Douarnenez.
L'axe de la voie sous-mal'ine rejoint
Saint-Ernot. .... 10.3 0 U
la terre à la pointc Saint-Ernot,' à P
Ouest de la forteresse de Montoul'gard.
DUlles de la
0.7 On a trouvé dans ces dunes Ull cime-
Pallue .......... 12.4 0
tièt'e romain, où l'on a recuei Il! des
urnes, cles monnaies, des statuettes, un
peu plus loin, à 1.3.7 et - -1 retranche­
ment de la pointe de Lostmarc'h.
Château dc Di-
La voie redevient sous-marine, et
nant .......... 15.8 0 o
coupe l'anse de Dinant; elle en SOt't
à la pointe de Penhil' puis replonge im­
médiatement dans la mer pour attérit'
un peu à l'Est de Saint-Mathieu.
Le prolongement de la voie POl'tzlio­
Portzliogan ....

gan-ls dans le Sud passe par Civitas
Aq uilonia .

L'existence d'une station importante à Portzliogan, au
temps de l'occupation romaine. entraîne comme conséquence
nécessaire la submersion postérieure de toute la pointe
Oue'st de l'Armorique, par un effondrement d'ordre sismique
et aussi rapide que violent.
Un pareil cataclysme est-il admissible? La tradition una­
nime ,des populations de toute la côte occidentale nous en a
transmis le souvenir, et cette tradition est confirmée tant
par l'examen du littoral actuel, que par l'étude des fonds
sous-marins et de la constitution géologique du sol.
Dans nombre de baies du voisinage, on trouve encore les
restes d'anciennes forêts recouvertes maintenant par les
eaux et les sables. Pour nous borner aux environs immédiats
de Portzliogan, nous citerons l'anse du Portzic, où M. Dela­
vaud (1) a signalé des arbres, couchés à 0 m. 30 de profon­
deur, et dont le gisement s'étend en longues bandes dans la
baie, jusqu'à la limite des plus basses mers. Les racines sont
plongées dans un sous-sol noirâtre, reposant sur de l'argile
grise. M. Delavaud a reconnu des chênes et des noisetiers,
des joncs et des fougère3, des graines de légumineuses.
Dans l'anse des Blancs-Sablons, au Nord du Conquet, on
voit encore debout dans la mer, auprès du ruisseau qui se
déverse dans l'anse, le tronc d'un arbre dont le diamètre
atteint environ 1 m. 20. .
Un peu plus loin, au Sud d'Argenton (Arc'hantel en bre-
ton), on aperçoit aux marées basses les vestiges d'une
ancienne forêt qui se pl'Olongent au loin dans la mer Les
arbres sont en long, sur une couche de glaise; on en ren-

contre jusqu'à 200 mètres des dunes. M. Carré, architecte
de l'arrondissement, possède, dans sa propriété de Porspo-
(1) Société Académique de Brest, L, 36 .

der, un tronc de cette provenance, d'une hauteur de 2 mètres
et de ° m. 50 de diamètre. Il a recueilli, en outre, des
coquillages d'eau douce dans le lit ensablé d'un ancien ruis­
seau, qui traversait jadis la forêt.
Encore plus au Nord, en entrant dans la Manche, même
constatation: l'Abbé Arzel (1) rappprte qu'à marée ba"sse,
lors de l'équinoxe de 1855, il a vu une forêt couverte par la
mer et recueilli. dans la direction de l'île de Roservo. des
fragments provenant' des arbres submergés, dont une tren-
taine semblait former une avenue orientée Est-Ouest. En
1840, après un grand vent, il vit (c au Portzic, tout au-dessus
de la grève au Sud, les restes d'un mur de maison; à J'exté­
rieur du pignon, on voyait un tas de coquilles de brennic :
il y en avait deux ou trois boisseaux, C est dans ces parages,
un peu au Sud de la but de Sables mouvants, que les anciens
plaçaient l'antique chapelle de Saint-Christ. »

Si l'on passe à l'examen des fonds sous-marins, le tracé
des courbes de niveau précise l~s faits.
Il indique d'abord qu'il suffit d'un relèvement de 11 mètres
poui' faire émerger toute la chaîne d'îlots qui s'étend de la
pointe Saint-Mathieu jusqu'à l'île Bannec et au Fromveur,
sur une vingtaine de kil~mètres. Le passage du Four dispa­
raît, laissant entre le continent actuel et le massif des îles
un isthme plat, comparable à l'isthme des lignes de Qné­
lern, que Vauban s'était proposé de percer jadis, pour met­
tre en communication la rade de Brest et la baie de Douar-
nenez.
La rade foraine de Portzliogan, intenable au moindre
mauvais temps, se transforme en un petit estuaire ouvert au
(1) mis sur Ploudalmézeau, déposé aux archives de cette commune.

Sud-Est et parfaitement abl'ité des vents du large, un vrai
port de refuge.
La coupe des fonds entl'e Portzliogan et Ouessant est tout
aussi instructive: elle prouve qu'on ne peut faire remonter
à une date bien reculée l'époque qu'il convient d'assigner au
eataclysme qui a transformé nos côtes: en effet, l'érosion qui
limite le lit effectif du courant pourtant si violent (2) _
du Four atteint à peine quelques mètres de profondeUI',
alors que le Fromveur s'écoule sur des fonds qui dépaSSent
50 mètres (3).
Ouessant demeure une île, éloig!lée du continent de 3 kilo­
mètres à peine et s'élevant verticalement comme un piton
qui présente une certaine analog-ie avec le Mont Sailli-Michel
de Braspartz. .
La physionomie générale du littoral se modifie profondé-
ment: on se rapproche de l'asp ect que présente la carte de
Ptolémée; on retrouve le Promontorinm Goboeum, le cap

aigu à falaises accores, dont la côte actuelle, qui court N.-S .
sur 25 kilomètres de POl'tsall à Saint-Mathieu, ne nous
donne aucunement l'im pression.
La rade de Brest se transforme aussi: l'Elorn se l'édllit à
un ruisseau à peine plus considérable que la Penfeld, dont
le~ eaux viennent confluer avec les siennes en un point sit.ué
un peu au Sud Ouest de BI'esL. L'Aulne reste l'émissaire de,
tout le bassin compris entre les Montagues Noires et d'Artéc,
encore un hâvre bien accusé: Erii fluvii ostia, dit Le Men,
qui s'appuie SUI' ce que l'Aulne (en breton Aon, rivière), porte
dans son cours supérieur le nom d'HiAre. Mais ces ressem­
blances, pIns ou moins éloignées. dans les dénomi nai ions
topograpl'liques ne doivent pas -trop captiver l'imagination
('2) Il a atteint 6 nœuds en viNe eau, pal' le travers de la pointe I{er­
morvan.
(H) La vitesse du Fromveul' ne dépasse que d'un nœud celle clu Four, à
1 mille 1/2 cie la Jument, point où elle est de 7 nœuds.

des. étymologistes; en fait il faut reconnaître que les coor­
données de Ptolémée, concordent d'une façon bien peu
satisfaisante avec cette identification.
Il convient d'ajouter ici que l'affaissement du sol ne paraît
pas s'être limité partout à une hauteur d'une ·dizaine de
mètres. On verra dans le paragraphe consacré à la ville dls
qu'il a sans doute été plus considérable, que la rade de Brest
n'était par suite qu'une large vallél\ et que l'estuaire
commun à toutes les eaux qu'elle reçoit se trouvait reporté
à l'entrée de l' lroise, en plein golfe

L'examen de la constitution géologique du pays apporte
un appoint incontestable à la vraisemblance des vues qui
viennent d'être exposées
La côte Nord de la rade de Brest est nn massif de terrains
primitifs, schisteux dans l'Est de la rade, puis gneissiques
aux abords de Brest jusqu'à l'anse du Trez-hir, où l'on voit
pointer les granits, enfin micaschisteux entre le Conquet et
Saint-Mathieu, particulièrement à Portzliogan, où la roche
Ast grenatifère. Au delà du Conquet, à la pointe de Ker-
morvan, commence le granit qui constitue la masse générale
du reste de la côte jusqu'à la Manche.
Quant à la côte Sud, elle appartient les deux rives de
l'Aulne comprises ' aux terrains de transition, particuliè-
rement au dévonien inférieur, dont les couches fossilifères
abondent.
L'orientation Nord-Est, Sud-Ouest du goulet est déter­
minée par une faille énorme, qui sépare ces deux terrains et
qui j llstifie une inégalité d'action dans les phénomènes sis-
miques dont on continuera d'étudier les effets en s'occupant
de la ville d'Iso
J. DE LA PASSARDIERE .