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Bulletin SAF 1904


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Etude d’un trésor de monnaies gauloises découvert en mars 1903 dans la commune de Kersaint-Plabennec. - Statère trouvé à Tronoën en Saint-Jean Trolimon

L. Le Pontois, P. du Chatellier

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ErrUDE D'UN rrRÉSOR DE MONNAIES GAULOISES
découvert en mars 1903

délns la com,mune de Kersaint-Plabennec (Finistère)
Statère trouvé à rrronoën, en St-Jean.rrrolimon

A la fin du mois de mars derniel', en passant la charrue
dans une parcelle dite Menez-Bras, à l'est du village du
Quinquis-Bras; à 1,500 mètres du bourg deJ>:saint-Plabennec, -
les frères Trébaol heurtèrent un vase en argile qui fut brisé .
Ce vase renfermait un petit trésor de monnaies gauloises,
composé de statères et de qual'ts de statères en billon et en
argent à bas titre, sauf un quart de statère en or à bas titre.
Au moment de la tl'ouvaille, les deux frères Trébaol avaient
chez eux un troisième frère missionnaire, venu dans sa fa­
mille célébrer les noces d'or de son père et de sa mère. 11
quitta le pays peu de jours après la découverte, emportant
avec lui quelques-unes des monnaies recueillies et disant à
ses frères l'intérêt du petit trésor dont il laissait la plus
grande partie entre leurs mains
Prévenu par un de mes amis, notre aimable collègue M.le
. chanoine Abgrall, je me rendis immédiatement sur les lieux
et fus assez heureux pour acquél'il' le reste de la trouvaille,
c'est-à-dire 214 monnaies, se décomposant comme suit:
39 statères et 175 quarts de statères, le tout accompagné de
fragments .du vase en argile, à couverte noire fait
quelques
à la main, les contenant (1). ,
( 1) Au momen l de la trou vaille, ces monnaies étaient a u nombre de 'Z5!1
nous on t assuré les frères Trébaol. .

La plupart de ces monnaies sont d'une belle conservation.
Ne nous en rapportant pas à nos connaissances en numisma_
tique gauloise, pour les décrire, nous avons eu recours au"
savoir de 110tre bienveillant ami, M. le commandant Le
Pontois, qui, avec sa parfaite complaisance, se mettan} à
notre entière disposition, poussa l'extrême obligeance jus-
_ qu'à les dessiner, avec une sûreté de main sans égale (1).
Le dessin nO 1 donne un des statères en argent à bas titre
de la trouvaille de ~saint-Plabennec. Il a' 22 millimètres de
d iamètre et est d'une s 1perbe conservation. En voici la des­
cription (Voir fig. 1):
Tête d'Ogmios (2) à droite. Sur le front, ornement en
forme de triquêtre. SUI' le . haut de la tête deux étages de
boucles enroulées. Au-dessus de l'oreille un enroulement en
forme d'S renversé. Derrière l'oreille, enroulement en S. Pen­
dant d'oreille rectangulaire à bords perlés , Au-dessus de
a chevelure, en manièl'e de cimier, astre à quatre rayons
posé en croix grecque; de chaque côté de cette croix se dé­
roule, en se doublant., un cordon perlé dont les branches
extérieures les plus courtes se terminent par des fleurons
doubles, et dont les branches intérieures qui contournent,
en les serrant de près les sinuosités de la figuration du
dieu, se terminent: celle de gauche, par un fleuron double;
celle de droite, par une petite tête regardant à droite comme
Ogmios. Du menton, très pointu, part un cordon lisse, court,
récurrent, terminé par un fleuron double.
Cette coiffure d'Ogmios se . rencontre sur dix monnaies
attribuées aux Ossismiens. Le droit du statère nO 1 est celui
de quatre autres monnaies du même peuple.
R. -- Cheval androcéphale à gauche, galopant, sanglé,
mâle, mais non étalon. Pour aurige', une tête humaine, '
(1) C'est la reprod uction de ces dessins qui accompa~ne celte note.
, (2) Ogrnios pout: mieux dire; attribuée jusqu'ici conventionnellement
à Ogmios.

tournée vers le haut. Du fl'ont de l'aurige se détache un
court cordon lisse, terminé par un fleuron double. Du bas '
de la tête de l'aurige sortent: la un long cordon lisse ter­
miné par le vexillum, qui est ici une roue à quatre rayons
disposés à angles droits et dont deux se trouvent sur le pro- '
longement du cordon; 2<.. une double rêne aboutissant à la
sangle de l'androcéphale:
. Entre les rênes et le dos du cheval, une perle:
Sous l'androcéphale, un emblême difficile à définir: une
barrière d'hippodrome? Un de nos amis croit que ce pourrait
être un objet se rapportant au culte, sans plus préciser.
Ce revers est celui du na 8 p. 58 de l'Art Ganlois, 2 série,
avec ces différences que le dessin de Hucher:
1 ° Ne reproduit pas la perle qui est sous les rênes:
2° N'indique pas le sexe du cheval;
3() Montre les l'ayons de la roue vexillnm se présentant
obliquement par rapport au cordon lisse.
On p'eut penser que le revers du No 650t-l pl. XXI de De
est (sous les deux premières des trois réserves si-
Latour
gnalées pour le nO 81) identique à celui du No 1 de ~saint.
Bien que le Catalogue de la Bibliothèque nationale signale
« sous l'androcéphale tente », il est en effet difficile dans ce
qui se voit sous le cheval, de Tle pas reconnaître un fragment
de la barrière d'hippodrome.
A deux détails près, le statère de ~saint serait donc celui
Catalogue inscrit sous le na 6508, argent, et dont il
que le
donne un dessin exact, mai" incomplet. alors que la descrip-

tIOn en est erronee .
statère nO 1, en argent à bas titre', ici reproduit, accuse

à la balance de précision un poids de 6 grammes 60.
Les trois statères d'argent dl] type 6508 (nOS 6507 ... 8 et 9)
de 1(-\ Bibl iollJèque nationale, ne pèsent que 5 gr. 25, 5 gr. 81
et 5 gr. 52. Les deux premiers proviennent de la collection
de Saulcy, le troisième de la collection de Lagoy .

Il convient de remarquer que nos 39 statères, quoique,tous
du même type, n'ont pas tous, ce nous semble, été frappés
entre les centres des
avec un même coin. Les intervalles
correspondants, diffètent en effet quel­
coups de bouterolle
quefois de plus de un millimètre. Il ya plus: sur les revers,
, tous n'ont pas la perle entre le dos du cheval et les rênes de
l'aurige. Tant il est vrai qu'en nuplismatique gauloise,
regarder de très près avant de décider si une pièce
il faut
est un double d'une autre.
QUARTS DE STATÈRES.
Les quarts de statères de la trouvaille de I}saint-Plabennec
ont un diamètre maximum oscillant entre 14 millimètres et
Il! millimàtres 5: Sur notre planche, nous reproduisons
(fig. nO 2) deux avers de quart de statère, ayant le même
revers.
, Tête d'Ogmios à gauche, coiffure en trois masses enrou­
lées en S, divergeant d'un même point, mais ne formant pas
une triquêtre; car si les enroulements des deux masses de
droite sont dans un même sens, celui de la masse de gauche
est en sens inverse ,
Au-dessus de la coiffure, en manière de cimier, un fer de
chaque côté duquel se détache, en se doublant,un
lance de
coedon perlé dont chacune des quatre branches est terminée
par un fleuron double; la branche exté!'ieure est la plus
courte; la bl'anche intérieure contourne, en les serrant de
près~ les sinuosités de la figuration du dieu.
Du menton, très pointu, so!'t un cordon perlé court, récur-

rent, terminé par un fleuron double. ,
Les Ogmios des quatre autres monnaies attribuées aux
Ossismiens portent une coiffure en trois masses, presqu'iden­
tique à celle qui se voit sur les quarts de statères de ~saint.
H. Le revers est une réduction, à envirou 3/4 de celui
du statère. Il n'en diffère que: 1° par l'absence de la perle

posée sous l'aurige; 2° par le manque d'indi.eation du sexe
de l'androcéphale; 3° par l'inclinaison des rayons de la roue
sur le long cordon; 4° en cc que les lèvl'es de l'aurige ne ·
sont plus indiquées que par un seul coup de bouterolle .
. En examinant avec soin les 175 quarts de statères de la
.I):saint, nous en avons remarqué sept dont les
trouvaille de
vers sont différents. •
sept m'ormaies se rangent en deux types représentés
Ces
par les deux avers A et B (voir les dessins nO 3), ayant le
commun C. Leur dimension varie entre 16 et 14 mil-
revers
limètres (voir fig. 3).
Tête d'Ogmios à droite, œil démesuré, allongé, incliné
ant en arrière. Chevelure en trois enroulements : deux
d'av
en S horizontales affrontées: le troisième en S ' presque
verticale. Ces enroulements ne divergellt pas d'un même
point, comme sur le quart de statère à la barrière d'hippo-
drome. En cimier, un fer de lance vertical, de chaque c6té
duquel se double et se déroule un cordon perlé. Du cordon
la branche intérieure est la pl~s longue, elle
perlé de droite,
serrant de très près, parallèlement au bord de
descend en le'
roulement de droite; puis après, avec brusque inflexion,
l'en
ng du nez vers l'extrémité duquel elle se recourbe pour
le lo
remonter parallèlement à sa direction dernière , et se termi­
ner par un fleuron double. La branche extérieure se rap-
proche un peu de la branche intérieure pour accentuer la
devant le fer de lance, court ensuite parallèlement
courbure
à cette branche intérieure et aboutit à un fleuron double dont
l'extrémité, affrontée à celle du fleuron de l'autre branche,
s'arrête au niveau de l'enroulement de droite.
Du èordq,n perlé de gauche, la branche intérieure, la plus
suivant les types. Le tracé de sa branche
longue, diffère
extérieure est symétrique-.. 'à celui de la petite branche de
droite ; mais l'extrémité de son fleuron descend jusqu'au
niveau du milieu de l'enroulement supérieurde gauche. Un

cordon qui paraît descendre de l'oreille .« chaîne d'oreilles »),
diffère suivant les types; mais, sur tous, il suit,en le touchant,
le contour de la joue, puis, après récurrence, celui du menton
s'en écartant un peu, et se termine pal' un fleuron double.
Devant la bouche, une fleur? ou une lyre? quoique n'ayant
pas de cordes .
Tout en notant la barba-rie dela figuration d'Ogmios, il
faut reconnaître que ·ces cordons perlés, qui ondulent har-
monieusement et se terminent par de gracieux fleurons
sont d'un heureux effet décoratif.
affrontés,
R. La forîllule génél'ale des revers de ces sept pièces
est: Cheval androcéphale, sanglé, galopant à droite. Comme
aurige, une tête humaine, plus petite que celle de l'andeocé-
phale, regardant en haut. De la nuque et du menton de 'cette
tête se détache un fleuron double. Entre ces deux fleul'ons,
prolongeant le cou rudimentaire de l'aurige, est le cordon
qui supporte le stimulus, et ce stimulus est encore un fleuron
double.
Entre les jambes du cheval, une tente? (d'après le Cata­
logue de la Bibliothèque nationale), une tente ou un tugurium
gaulois 1 (d'après Hucher), un temple distyle? (d'après
M. C. Jullian, à qui nous avons montré ces monnaies). Les
ornements qui se trouvent sous la guirlande entre les deux
colonnes ne sont pas en même nombre sur ces sept monnaies
de ~saint .
Les poids de ces sept pièces sont : '
N° 1 (or b.as), 1 gr. 56; N° 2 (bilJon fourré), 1 gr. 40; .
N° 3 billon), 1 gr. 60; N° 4 (billon), 1 gr. 55 ; . N° 5
(billon), 1 gr, 60; N° 6 (billon), 1 gl'. 50; - No 7 (billon),

STATÈRE 'rHouvÉ A TnoNOEN, EN SAINT-JEAN-THOLIMON
Il y a plus de vingt ans, dans les fouilles si fructueuses
par nous faites sui' l'emplacement de l'Oppidum de Tronoën,

en Saint-Jean-Trolimon, nous avons rencontré, dans la partie
de cct Oppidum qui avoisine le cimetière gaulois de ~viltré,
la sépulture d'un guerrier inhumé avec ses armes, épée et
lances à ses côtés, couché sur le dos.
'Près de son squelette, nous avons recueilli un statère en
ze fourré, admirablement conservé. D'un type unique,
bron
il a été jusqu'ici très imparfaitement reproduit, sans indica-
tion de provenance. .
le commandant Le Pontois, ayant bien voulu .
Mon ami, M.
xactement me le dessiner, je crois utile de le repro­
très e
duire ici, lui renouvelant tous mes remercîments.
Cette belle monnaie a 19 millimètres de diamètres et pèse ·
6 grammes 6.
L. LE POIYfOIS.
P. DU CHATELLIER.