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SÉPULTURE SOUS TUMULUS
A BERRIEN (Finistère).
I:>I
Une nouvelle sépulture intéressantn 'vient d'être déc'ou-
verte dans la commune de Berrien, où nous avons antérieu-
rement reconnu un beau menhir, quatl'e dolmens et ci nquante
tl'ois tumulus, que nous avons décrits et explorés en 1895
Cette sépulture a été trouvée en défrichant une gal'enne,
d~te Goarem-Névez, à 600 mètres à l'ouest du village de
Trédudon-le-Moine, sur un petit plateau situé au pied d'un '
des sommcts des montagnes d'Arrhées.
Dans ce défrichement, le propriétaire rcncontra une petite
butte de terre recouvrant un amoncellement de piel'l'es de
dimension. Désireùx d'en débarrasser son terrain,au
petite
cours de ce travail, il mit au jour, à environ 50 centimèt.res,
surface du sol environnant, une grande dalle schis
sous la
teuse. Pour l'enlever, il la dégagea complètement et, à son
grand étonnement, il remarqua que sa surface était couv~rte
de petits trous creusés de main d'homme, mais ne la traver
sant pas, sauf un seul A, plus grand que, les autres. En
homme intelligent, il ' ne la brisa pas et, la relevant. il la
mit debout contre le talus voisin.
D'une épaisseur variant entre 9 et 12 ' centimètres, cette
pierre a .1 mètre de large à une extrémité, i 40 à l'autrû ;
pn 60 de long sur un de ses bords et i m 85 sur l'autre. Une
de ses faces est couverte de quatre-vingt-neuf cupules, de
(1 ) Voir: Explorations sur les Montagnes d'MTliées, 1895 et 1896. -
Saint-Brieuc, Francisque Guyon, éditeur, 1897,
Pierre gravée, recouvrant une Sépulture sous tumulus, .
trouvée en Berrien (Finistère) •
taÜI'es différentes (1), dont un certain nombre creusées assez
profondément et d'une quatre-~ingt-dixième q'ui, traversant
la dalle suivant un di.amètre de dix centimètres, a vingt cen
timètres de diamètre sur les bords '(2). .
pierre, était posée à plat à 50 centimètres environ
. Cette
sous la surface du sol, avec un amoncellement de pierres et
de terre au-dessus, ainsi que nous 'venons de le dire plus
haut. Dessous on avait creusé jusqu'au sous-sol rocheux et
l'excavation, ainsi obtenue, était remplie de terre argileuse
mêlée de charbon sur une profondeur d'environ 40 centi
inètres, sur la surface de laquelle était une couche onctueuse
plus foncée. . .
Quelle avait donc pu être la destination de cette dalle cou
verte de cupules? Elle recouvrait certainement une sépulture,
et les parois de la poche remplie d'argile la soutena ient.
En la commune de Plouguin, au fond du très grand
tumulus de ~vignon-Bihan, nous avons rencontré la même
disposition: poche rémplie d'argile mêlée de charbons, re
couverte par une grande dalle en granit dont les extrémités
reposaient sur les parois de la poche (3) .
Dans leur empressement à découvrir le trésor que; dans -
leur pensée, recouvrait la dalle de Trédudon: il est fâcheux
que les inventeurs ntaien,t pas fait d'observations précises.
A cinq ou six mètres au nord, le propriétaire se rappelle
avoir vu deux autres pierres schisteuses pQsées debout, sur
une ligne nord-sud, à peu de distance l'une de l'autre. Elles
ont été enlevées et briséeS' il ya quelques années.
- (1) Les plus grandes ont 4 centimètres de diamètre.
(CZ) Ce trou est percé comme le sont ceux des pendeloques que nous
recueillons dans nos sépultures dolméniques, c'est· à-dire en attaquant la
pierre sur ses deux faces opposées, de façon à obtenir un trou formé par
deux cônes tronqués, dont les sommets se rencon tren tau cen tre de son
épaisseur; ils ont ici 10 et20 centimètres de diamètre.
(3 ) ICI le squelette, que .rien n'accompa~nail avait presque totalement
disparu, laissant seulement son moulage et quelques petites parcelles
osseuses dans l'argile sur laquelle il a vai t été placé .
Quelle était sur cette pierre il cupules le but du trou A la
traversant de part en pal't, disJ;>osition que nous avons déjà
précédemment rencontrée, sur une dalle sculptée à la surface
de laquelle on remarque aussi des cupules~ et qui recouvrait
une sépultul'e sons tumulus- , DU Minven, ·en Tréogat.
Il _ existe encore al1jourd'hui ~ dans nos campagnes, un
usage touchant qui veut que, lorsque dans une famille il y a
un yport, la porte ou la fenêtre de la maison resle ouverte,
tant que le COl'pS est au logis, pour ql~e l'âme du défunt
puisse aller et venil' et communiquer librement avec lui.
Tout mobilier funéraire de nos sépultures préhistoriques
nous montre d'une façon certa\ne que les popu~ation\s pri
mitives, tout au moins en Armorique, croyaient à lll1evie de
l'an-delà. Ne doit-on pas voir dans le percement de ce trou
une pe.nsée an3]ogue à celle que nous relatons plus haut.
L'une ne serait-elle pas la survivance de l'autre chez nos
poplllations bretonnes actuelles qui-~ plus que toutes autres,
se - transmettent à tl'avers l~s siècles des pratjques et des
superstitions dont l'origine se perd dans la nuit des temps?
P _ DU CHATELLIER .