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Bulletin SAF 1903


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Brindamour, soldat de Marine pour le service du Roy, détenu aux prisons de Callac

Abbé Antoine Favé

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BRINDAMOUR
Soldat de lV/arinc pour le service du Roy .
DETENU AUX PRISONS DE CALLAC

Lorsque, après 18:.30, M. de Fréminville ' (Antiq1tités de$
Cotes-du-Nord' vit, au passage, la petite ville de Callac, S01\
impression fut plut.ôt médiocre: il se la rappelle « isolée
(( au milieu d'une ·contrée sauvage, presque inculte et couve'rLe
( de bois, semblable à une île au milieu d'une vaste mer: ))
île si l'on veut, ajoutons -nous, mais non radeau, au milieu
d'une mer de verdure, à la frondaison touffue, profonde et
Pour nous, nous avons trouvé tout autre ce coin -de
moutonnée.
Haute-Cornouaille annexé à un département voisin: pastiche
ou évocation d'un site de la belle
d'un paysage d'Helvétie,
Lorraine; beau, pittoresque à peindre et à chanter. Sous
Louis XIV, René LeBourhis ditBrindamour, entre deux cam-
pélgnes aux Indes, devait trouver bien doux ce plaisant pays
où la bombarde faisait des effets si saisissants au fond des bois,
et lorsque ses notes aigrelettes et éclatantes se répercutaient
à travers les vallons et les méandres tantôt argentés, tantôt
limoneux de l'Hyère.
Le château-fort de Callac-de-Bretagne, a disparu avec ses
nombreux appartements, cachots et prisons voûtées, ses quatre
tours ses cours, jardins ·et autres embellissements (t).
grandes
Son entretien était une charge onéreuse, comme nous le
voyons par deux pièces du Fonds d8 l'Abbaye de Sainte-Croix
de Quimperlé: lorsque le fief .de Callac fut échangé pour Belle-

(1) Archives du FinistèrB. H. 162 (Carton).
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXX (Mémoires) 26

Ile-en-Mer, en 11)84, le châteàu fut condamné à disparaître: le
temps était venu, 1U reste, de supprimer ces bâtisses plus
coûteuses qu'utilisables: et l'avenir allait se montrer pOur le
manoir contre le château fortifié.
D'après un sommaire rédigé par Guiot greffier eL homme
de confiance du prieur de Sainte-Croix (1), la seigneurie de
Callac avait été une juveigneurie des anciens ducs de Bre-
tagne, fief de Pierre, Baron du Pon t, qui épousa Mademoiselle
de PluscaLlac, laquelle estoit dame du peuple de Callac. Le
fief au XIVe siècle passa dans la famille de la Villeblanche, puis
de Montmorency, et après fut à viage à Magdeleine de Sa roie
qui tenoit à la qualité de dame de Callac ... Il passa: ensuite
aux Kergolay, du G9ge et de Cludon.
Les procé3ures de la juridiction et Châtellenie de Callac nous
fournissentde nombreux renseignements sur cette intéressant e
et moyenâgeuse cité : l'église paroIssiale était à BoLmel ou
Bonmel : la messe matinale se disait le dimancbe, à Sainte­
Catherine, pour ceux dont le tour était de rester de garde à la
maison. Les blés vendus en fraude de la mesure officielle,
mesure en pierre placée au bout de la halle, ou mesure en
bois déposée au greffe, étaient confisqués au profit de ladite
chapelle de Sainte-Catherine.
A l'époque qui -nous occupe, nous trouvons à Callac,
nombreux commerçants: « marchands meslés, marchands
grossiers») trafiquant beurre, graisse, fil et gibier. On y
rencontrait bon chiffre de bouchers, et d' « hostes )), auxquels
la fréquentation des foires et marchés de la localité apportait
grandeaisanceetprofits. Cesbraves hôteliers sunt, entreautres,
Jean Le Roux, François Guennégou, Jean Faramus, Guillaume
Poëssel, François Rivoal, et à leur tête et comme importance
nous voyons François Le Baron, locataire du procureur
fiscal Me René Soreau. Chez lui était le rendez-vous des gens

(1) H. 167 (Carton).

au-dessus dtt commun, et le Sénéchal de Callac même ne dédal
gnait pas d'y passer partie de ses soirées. Alors que les dragons
occupaient temporairement l'auditoire converti en magasin à
fourrage, les juridictions tenaient leurs audiences dans une
chambre d,épendante de la maison « du Baron ) :, comme on
l'appelait à Callac. Chez François Le Baron, on mangeait bien,
semblè-t-i1. En septembre ou octobre 1703, il loge le sieur de
Révole capitaine au régiment de Tournemine avec M. -de
Robien, son lieutenant, un cornette et un maréchal-des-Jogis .
On leur fait la bouleille de vin à 11 sols. Au premier souper,
on leur sert un « alloieau de bœuf, 2 poullardes, une perdrix,
pOl1l~!~ officiers: 31.10s. )); Au deuxième souper, « une langue
de bœuf, un canar, une poullarde, l'accomodasse de quatre pou­
lets .qui avoint esté pris chez M du Gage avec une soupe
coieff'ee: 3 1. 10 sols ». Le vendredi, le déjeCtner consiste «- en
_ soùpe à l'oignon, tTois dou zaines d'œufs accommodés de
diverses fason », et le coM est de 35 sols. François Le Baron
avait une basse-cour et dans cette basse-cour, une collection
de « grosses poules d'Espagne », elles faisaient son orgueil et
attirèrent l'admiration et la convoitise des peu scrupuleux
. cavaliers qui procédèrent avec ces volatiles, un peu à la dra­
gonne.
Dans les célébrités -malsaines ayant maille'à partir avec la
juslice et la maréchaussée, nous ne citerons que pour
mémoire, certain Le Gall, dont le surnom peu avan­
tageux désigne là triste réputation: on l'appelait le Vautour!
En revanche, saluons ~n passant Maître Guillaume Thépaut,
marchand de drap et de soie, et syndic de la communauté de
Ville; autre Maître Guillaume Courtin) chirurgien et orga­
niste! Sa femme, ainsi que lui, était de Landerneau.
Nous devons tenir compte de la place considérable
occupée à Callac par les officiers de la juridiction. Lors de la
déclaration faite au Roi en mai 1693, Julien Floyd sieur de
Rosnéven y était Sénéchal; le procureur fiscal était René

Soreau, et les sergents se nommaient Mes François Le Bourhis
Nicola~ Sébron, François Le Lan. .
Juli.en .Floyd, Sénéchal de Callac et de Pestivien fut rem~
placé en,ces fonctions par son fils Guillaume, avocat à la Cour.
René Soreau, le procureur fiscal, était de plus Sénéchal de
plusieurs juridictions : La Rochedroniou, et Keralarant
Kergadou, Coatrescar, Le Brunault, et annexes: il demeurait
au manoir ·de Lezmabon en Duault, et avait pris en 1701 le
bail de la ferme des Dimes pour l'Abbaye de Quimperlé, bail
que son bea.u-père avait déjà eu en l686. A Callac, unecertaine
fraîcheur régnait dans les relations même officielles et pro­
fessionnelles entre le Sénéchal et le procureur fiscal: ces
conflits, si fréquen ts d'ailleurs, entre Sénécha ux et procureurs,
tenaient-ils à la natüre des choses et à la différence des fonc-
tions? On pourrait le croire; dans l'antipathie entre Floyd et
Soreau, il y avait, vraisemblablement par surcroit, des motifs
personnels qui nous échappent.
Celte antipathie de familles ou d'individus se manifeste
dans une affaire de peu d'importance en elle-même, s'il
n'y avait eu l'acharnement qu'y apportèrent les parties,
les petites habiletés employées par certains pour la faire
traîner, en retarder la conclusion, ou même étrangler le débat.
Me René Soreau avait un neveu, René Le Bourhis, fils de feu .
François Le Bourhis sergent de Callac; ce jeune guerrier et
novice navigateur vint, en décembre 1706, au retour de cam­
pagne, mettre à profit un congé à passer au pays natal.
Le Monitoire dont le texte suit fut publié à l'occasion d'aven-'
tures qui lui arrivèrent en janvier et dont ce document donne
les détails circonstanciés:

Septembre, Octobre i 707.
Monitoire. -
Nous avons reçu et, par les présentes, recevons
la griève complainte et quérimonie que fait à Dieu et nostre mère
la Sainte Église, René Le Bourc'his, soldat de marine, actuellement
au service de Sa Majesté, mineur authorisé de M'e Jean de La Roche­
Huon, son tuteur, en conséquence d'ordonnance des 8 janvier et
8 juillet dernier 1707, rendus par les juges royaux de la juridiction
de Carhaix e.stantes, au bas des plaintes y présentées lesdits jours,
tendeutes à informer d'office et pour faciliter la preuve d'obtenir et
faire fulminer monitoires ainsy qu'il est requis contre tous ceux et
seu ' ou entendu dire tout on partye des faits cy
celles qui ont veu,
après et qui en veuleut venir à révélation. .
Sçavoir : que le complaignant obtint son congé du sieur d'AitteIan
de Norcj', lieutenant de vaisseau et capitaine d'une compagnie
franche de la marinne, pour :se retirer en la ville de Callac, lieu
de sa naissance, tant pour veiller à ses affaires de famille avec son
tuteur, que pour faire quelques soldats de recrüe, et passa ce tems
au lieu de Lezmabon, demeure du sieur Soreau, son oncle et sou
parain, sans avoir eu aucune affaire ni différend avec personne. Que
le tems de son congé écoulé à la veille de se retirer à Brest, affin
de s'embarquer pour le~ Indes, le vaisseau de son embarquement
estant en rade, il se rendit le mercredi 6" janvier 1707, en la ville
de Callac, pour prendre congé de ses parens et amis, et faire
quelques soldats s'ils s'en présentait, et but quelques bouteilles
de cidre chez le nommé Guenégou hoste, que ses parens luy
donnèrent.
Qu'il est à la connaissance de la plus grande partye des habitants
de laditte ville de Callac, que s'en retournant avec deux de ses
amis, aussy soldats de marinne, ils prièrent le nommé Morvan,
sonnelll' de bombarde, et luy firent en jouer en passant la maison à
vis l'auberge du baron, ils furent attaquéz par quatre certuins parti­
culiers qui sortirent de Iaditte maison, dont l'un d'eux qui se fuit
craindre et redouter sur le pays, déchargea plusieurs coups de
canne sur ledit Morvan, et dégaisna mesme son épée et luy donna
quantité de coups, et de l'un desquels illuy coupa presque le pouice
de la main droite. .
Qu'il est vray et de connaissance notoire que le complaignant

estant intervenu pour empescher le désordre et voye de fait, ledit
cnlint et redouté, lui déchargea quatre à cinq
particulier aussy
coups de plat d'épée, ~ans vouloir entendre raison, Jont le chapeau
fut pris par le3 autres certains ' malfaictéurs
du complaignant
se j~ttèrent sur Illy et triomphant de leur force, se saisirent de
qui
de son épée, et estants tous entrés dans laditle auberge du baron

le mesme faisant l'opulnnt, envoin chercher certains pnrticuliers
faisant fonction de sergents, qui furent prompt:; ~ se rendre à ses
le complaignant s'estoit arresté devant laditte
ordres, et comme
auberge du baron, pour réclamer son tipée et son cbapeélU, attendu
la nécessité se déplacer pour Brest, le matin du jour suivnnt ;
Il est à ln connaissance de différents particuliers qu'iceux mal­
se jettèrent sur le plaintiff,
faiteurs sortirent de laditte auberge et
le prirent aux cheveux, le maltraitèrent et le traisnèrent prisonnier
de Callac, ou il resta depuis le mercredy sur
aux prisons dudit lieu
au verrdredy soir pareille heure
les huit heures du soir, jusques
que celle de son emprisonnement.
estvray que le mesme particulier craint et redouté, ayant
Qu'il
fermé les por\es des prisons, emporta les eleffs afin que le plaintiff
secours ny assistance et snns le pain qui se foizrnist
demeura st sans
aux prisonniers pendant tout ledit tems
S'il n'est pas vray qu'il yent deux certains antres particuliers
constitués prisonniers le soir du
qui furent aussy maltraités et
mesme jour sans y avoir donné aucun slljet.
la connaissnnce d'un chacun, que le vendredy, huit
Qu'il est à
aV0ir esté saisy
heures du soir, un certain particlllier qui dût dire

des cleffs desdittes prisons par les certains particuliers craint et
leur ouvrit les portes desdittes prisons et les mi st
redou.tés, lequel

en liberté.
Et enfin, s'il n'est pas vray que lesdits malfactems estoient à
boire ensemble en laditte auberge du baron pOllr comploster à la
venue de la nuit, ces voyes de félit et de désordres !edit jour du
vendredy.
le geolier desdittes 'prisons fut al1ssi Ll1nltraité
Qu'il est vray que
grièvement, sur son reffus de ,'ollloir se désaisir des cleffs de laclittc
prison de lnquelle il est le concierge, il ya dix-huit à vingt ans.
Comme aussy qu'ils ayent à donner leur record de III vérité sur les

faits cv-dessus et à circonstancier l'estat des tems et à différentier

de la manière que les uns et les autres desdits particuliers furent
attaqués et maltraités.

Qu'il est à la connaissance publique du canton que ledit parti-
de ce qu'il tient un chacun
culier malfacteur redouté proffitant
en sujection a intimidé les témoins qui pouvoient déposer des
faicts cy dessus, et a fait par l'un de ses complices donner un
ci certain tesmoin desia enquis affin de le gaign~r
justaucorps
et empescher de dire la vérité, lequel justaucorps ledit parti­
ci porté plusieurs jours, de sorte que pFlr ces précautions
culier
faits cy dessus la vérité se trouve reculée dans sa
indirectes et
décision essentielle.
Ceux et celles qlli ont connoissance du tout on partye des faits
cy-dessus articulés et autres en résultantes par les avoirveûs,
sceus, ou entendu parler, sont tenus d'en venir à révélation sous
peine d'encourir les censures de l'Eglise
PONCELET,
Accordé par Momeigneur Fr. Hy. de Plœuc, le 30 septembre 1707.
La pièce précédente publié trois fois à Duault , : personne ne
donna son nom: 20 octobre'1701.
Signé: YVES GUILLERM,
Curé de Duault.
CA Aggravamus » du 21 octobre, même année.
GUlL. CARO,
Signé :
Vicaire général,
Docteur Théo!. et supérieur du Séminaire .
Cette fois, six ont donné leur::; noms. '
« Sçavoir : Guillaume Cabellic, Louys Laollr, valet de fournier
de Callac,. Louyse Guénigoll, fille dudit Callac, Yves et Fran-
çois Moviel, etc., 9 novembre 1707. ,
Signé: YVES GUlLLERM,
Curé de Duault.
« Receu du sieur Sordeau : neuf livres. »
La plainte du 8 janvier du « pauvre mineur », qui « ne fut
jamais plus surpris ... » qu'en ce cas, nous donne plusieurs
indications .qui complètent les faicts du Monitoire. Quand le

Sénéchal sortit de chez Baron, . après la bastonnade opérée
sur le dos du biniaouer, du joueur de biniou, il dégaîna et lui
donna quelques coups d'épée « jusqu'à Iuy avoir coupé quasy
tout le doibt du poulce de la main droite Le Bourhis 'inter­
"Venant pour empêcher le désordre, le Sénéchal se , retou l'na
contre luy ». Floyd ne veut rien comprendre à ce rappel aux
idées d'ordre, aux sentiments de calme venant de ce côté; le
chapeau de Bourhis tombe sous les coups du Sénéchal, qui
s'empare de son épée, et répond à ses protestations « que
c'estoit trop parler et quil alloit luy faire raison».
C'est alors que le pauvre soldat de marine fut jeté dans
la prison obscure de Callac, avec ses compagnons d'infortune,
où « il seroit mort de faim sans que charitablement quelques
« habitants de Callac leur glissèren t à tous trois quelques
« morceaux de pain à travers les grilles d'une fenêtre et par
« quelque trou de la geolle, sans avoir dans laditte prison un
« taix de paille pour pouvoir se coucher et se reposer, ce
« qui paroist"tout à fait inhumain et contre tout l'ordre, les
« arrests et réglements pour les prisons. »
La scène du vendredi soir, de la délivrance, est bien expli­
quée; Chataigner. veut faire sortir les détenus; mais Bourhis
réplique qu'il s'y refuse, que le matin même il avait ' écrit
à son capitaine par ses camarades Le Lan et Le Moai. Cha-
taigner avec sa compagnie, l'obligea à sortir .
Et « comme le supliant n'auroit pu avoir la moindre justice
« dans]a juridiction de Callac; ayant affaire à Mon~ieur le
« Séneschal d'icelle, il a esté obligé d'avoir recours à celle de
« Carhaix comme supé.rieure. »
La plainte est signée d'une écriture d'un caractère fin et
délicat: René Le Bourhis.
Donc, le 8 Janvier, René Le Bourhis dressait sa plainte
aux juges, donnait procuration à son oncle d'agir aux mieux
de ses intérêts, et prenait le procès-verbal suivant du
chirurgien, royal juré .

Cl Le 8' janvier 1707 ... Julien Montfort, chirugien Toyal, juré 'et
rl'ceu résident à Carhaix, rue du Fil, certifie avoir vü;ité
R. Le B., soldat de marine pour le service du Roy, selon qu'il ll}e

l'assure et luy ai remarqué une contusion considérable située SUl'
la région de la ratte tendent à guérison, de plus avoir remat~qlié

;l l'endroit et au-dessus de l'os squameux dextre quantité de Chl~-
veux arrachés avec unD mollesse en cette partie' de la pean, et dit
ledit Bourhis avoir depuis ses maltraitemcnts grande douleur de
este et allssy un brisement de tout le corps, particulièrement au
côté gauche et vers les reins, que c'est avec peine qu'il a 'pu venir
à Carhaix pour s'y faire visiter et médicamentHr, tout ce que dessus
paroist avoir estez faites par instruments contondentz et thumé­
de poing, et prises aux cheve,ux
fianlz comme coups de pieds,
ou autres faisanlz pareilles effeclz. Il appartient pour Iraictementz
et médicamentementz la somme de trois livres, estant obliger daller

deux fois par jour le visiter et y mettre onguent et emplâstres et
cela en la demeure du sieur Clair jour, hoste de la Penzque ... »

J. MOi'lTFORT.

Il ne faut pas que l'on s'y trompe: Le Bourhis valait mieux
que les sentiments que Floyd professait fort gratuitement à son
égard, comme le donnent à croire le congé et le certificat, à lui

délivrés par son capitaine daüs une ort.hographe aussi indisci-
plinée que singulière.
« 1° Nons lieutenant de vaisseaux E capittnine d'une compagnie
franche de la marine, avons donné congé à René Le Bourehise dit
il Calaque ponI' vacquer à say
Brindamollr, soldast daler che luy
afaire pandant le mois de désambre 1706 ».
D'AITTELAN DE N oncy.
« 2° Je sertiffie que iay donllE\ une permision de depuis le mois
de désembre dernier à René Le Bourhis dit Brindamour, soldat de
ma compagnie pour aller che luy et pour i tacher di faire quelque
bons homme pour rendre ma compagnie complètes ne pouvant choi-

sir un soldat plus chage que lLzy et qui soit de melieure conduite
et plus altendu à me faire des soldats degré agrés en foy de quov
Illy avons donné le présan sertificat pour luy servir ce que d~
nous
Raison ».
(C Fait à Brest, le 17' Jeanvier 1707 ».
D'AlTTELAN DE NORCY.
Il Y a plus, pour enquêter sur le bon renom de René Le
Bourhis, le tambour roula aux places et carrefours de Callac
et le héraut demanda à haute voix à quiconque de proClamer
sïlle pouvait, quelque chose que ce fût contre le soldat de ma­
rine : suit un certificat attestant que pas une protestation ne
. s'est élevée contre son honneur et sa réputation. La même
formalité est remplie à la grand'messe à Duault, et le résultat
est le même. comme l'atteste Messire Yves Guillerm.
" Je qui soussigne, Yves Gllillerm, curé de la paroisse de Dnault
à qu'il appartiendra avoir publié et banni à
certifie et rapporte
haute et intelligible voix, en langage breton, au prône de ma grande
messe ce jour sur le réq llisitoire dè René Le BourchlS, soldat de marine
pour le service de sa Majestè S'il y avoit quelqu'un dans ladite
Le Bourhis, et s'ils luy
paroisse quy auroit lieu de se plaindre dudit
auroint veu faiff\ quelques actions mauvaises, sur quoy lesdits pa­
roissiens au nombre qu'ils estoient en ladite église, ' dirent tous
le peu de temps qu'il demeura au manoir de Lesmaboll,
que depuis
. qu'ils 'ont veu venir au bourg à la messe, festes et dimanches,
snns jamais Illy avoir veu faire la moindre action, que celle de le
connoitre pour un très honneste garçon et fort sage. Lesquels pa-

roissiens présents m'out prié de faire le présent certificat, et de luy
nudit Le Bourc'his présent, pour luy valoir et servir ainsy
délivrer
npparliendrn. Fait auùit bourg de Duault, cejour9' janvier 1707.
qu'il
YVES GUILLERM, curé de Duault.
Le 9 janvier on envoie les exploits à témoins et des infor­
mations en conséquence du 10 et 12 du même mois il résul te
ce qui sui t : '.

Du 1.0 et 1~ janvier 1.707 .

Information d'office. 1° Tanguy Le Moal, ge611fer des prisons
de Cllllnc, 72 ans, dépose que 'le mercredy dés environ les huit
heures du soir, le sieur de Rosnéven Floyd, envoya chercher le
déposant par le fils du nommé Poissel auquel il déclara qu'il llvoit
des prisonniers à charger dans la geolle et luy demanda ou il avoit
es té, lequel Illy répondit quel avoit esté boire une bouteille de
cildre avec Hiérosme Le Moal, son fils, soldat de marine .; et que

ledit sieur Séneschal, en mesme temps Illy donna plusieurs coups
de canne et constitua le déposant en prison avec Yves Le Berre,
et tost aprës constitua le nommé René Le Bourc'his et
Yves Le Gal, qui ont esté détenus prisonniers depuis ledit jour
merc.redy jusques au vendredy, et à l'esgard du déposant que le
mesme soir on le fit sortir de prison, et que les autreS ' sont
demeurés, que le sieur Chateigner luy aporla ' les cleffs, ledit jour
pour ouvrir les prisons et que ledit sieur du Chateignier et François
Le Glll, accompagné de plmieurs autres :.lportèrent les clefs bu
déposant pour ouvrir les portes des prisons, ce qU'Il. fit et ne sçoit -ou
ils se retirèrent après la sortie desd. prisons (c. q. est sa déposition).
Yves Le Berre, boucher: 35 ans. .
Dépose que mercredy dès environ les sept et huit heures du soir,
estantentl~é chez Le baron, pour y boire WI coupd'eau-de-vie,
avec le sieur Halléguay et le sieur Demeslin, il y trouva le sieur de
Rosnéven, SéneEch;11 de Callac, lequel dans le moment le prit par
la main et le mena en p6son, ou il a demeuré jusques au ven-
aH soir, que le sieur du Chaleigiwl' le fit sortir. (C. CI. est
dredy
sa déposition).
3° Yves Le Gal, boucher, demeurant avec Françoise Guénégou,

sa mère: 19 ans :
A dit qu'il est parent de Joseph Chesnel dit Champagne, ayant
ledit Chesnel, espousé Françoise Le Gal, sa cousine germaine, mais
ne vouloir dire que la vérité ..... Dépose que le mercredy, dès .
environ sept ou huit heures du soir, entrant en la ville de Callac,
il fit rencontre du sieur Séneschallequet IHy dit qu'il falloit marcher
en prison, ci quoy le diposanl n'insista pas et alla avec hzy . ~{l
prison, accompagné dc trois sergents : reste jusque au vendredy
sans avoir esté chargé pendant ce temps, que le sieur du Cha-

teigner et ses compagnons le firent sortir. (C. q. est sa déposition).
4° René Guénégou, hoste : 27 ans. .

Le mercredy soir, René Le Bourhis se trouvoit à souper avec ses
la nommée Chavannes, ayant avec eux Pierre
camarades chez
Morvan qui jouait du haut bois, Tanguy Le Moal et la femme du
après soupé, ledit Bourhis et sesdits camarades
déposant;
·vinrent pour se coucher chez le déposant, se mirent cr danser et
se divertir en beuvant : au moment il survint nn exprès quérir
ledit Le Moal, geollier de Callac, et la femme dudit Le Moal vint
en pleurant chez le déposant disant que son mary estoit constitué
à sortir. Le fils
prisonnier et que ledits soldats n'eussent point
dndit Le Moal, l'un' des soldats dit en l'endroit qu'il vouloit voir son
'père et estant allé de compagnie avec ledit Le Bourhis et les autres
Le Bourhis qui estoit avec Morvan, joueur, resta après
soldats, René
la porte du
luy, et dans l'instant, ils l'entendirent qui criait auprès
Barou, demandant son chapeau et son espée du sieur de Rosnéven,
.di~aut qu'il n'auroit jamais quitté sans avoir son espée et sou
chapeau, et en l'endroit, le fils dudit Le Moal pria le sieur de Ros­
néven de rendre son espée et sou chapeau audit Le Bourhis, son
camarade, attendu qu'il luy falloit partir le lendemain pour joindre
la compagnie à Bresl, et après estre resté quelque temps à la porte
dudit Baron, on Illy jetta son chapeau et la garde de son espée
la lame estoit cassée, ensuite ledit Le Bourhis retourna
dont
cht:z ledit déposant et au retour, il remarqua que ledit Bourhis
avoit l'habit renversé, et ayant vû de la lumière à la porte de la
prison, il y alla; ayant trouvé le sieur de Rosnéven, il fust mis
en prison sans sçavoir pDr qui. (C. q. est sa déposition).
. 5° Yvonne Le Bras, servante chez Baron, hoste, 22 ans, sait que
le Séneschal buvoit chez son maître, sortit et rentra ayant en mains
Je pommeau d'nne espée et un chapeau .: quelque temps après,
Bourhis venant les réclamer au Séneschal, ils lui furent rendus. Elle
sortit et apprit que Bourhis était en prison, ou il resta jusqu'au
vendredv .

6° Ollivier Stéphau, journalier, 43 ans, a vu le vendredi le sieur
de Chbteigner remeUt'e à Bourhis; la lame de son espée eassée en
deux.
7" Maurice Le Coz, mesnager, demeurant en la métairie basse de

de LesmHbon, paroisse de Duault: 32 ans, dépose que vendredy
les sept à huit heures, estant allé à 'Callac pour y
matin, environ
faire ferrer une jumente, il apris que René Le Bourhis avoit esté
mis en prison par le sieur de Rosnéven, Séneschal de Callac, et
en mesme ternps, il prit une pinte de cildre du nommé Baron,

un verre pour l'aller présenter audit Le Bourhis, et
hoste, et
estant à la porte de ladile jJrison, le Geollier luy dit qu'il ne pouvait
l'ouvrir, attendu que le sieur de Rosnéven avoit lesdites cletfs,
sur quoy le déposant fit donner ladite bouteille de cildre uudit Le
Bourhis par un trou .qui donne sur la chambre Ol! il estoit ren­
et après que ledit Le Bonrhis fut sort y il dit au témoin que
fermé,
le sieur du Chateigner l'avoit mis hors, etc.
8° Pierre MorvllD, tourneur, 43 lins.
Il y H llujourd'huy huît jours, estant en sa demeure à travniIler,
René Le Bourhis le vint trouver pour l'engager fi jouer du haut­
bois pendant son souper, attendu qn'il devoit s'en aller le len­
main à Brest. ", ce que le déposant octroya, et, llprès le soupé finy
pussaut au vis à vis de la maison ou demeure Le Baron. hoste, de
Callac. laqizelle appartient au sieur Soreau, ledit BOLu'his luy dit
de donner l.ll1.e sérénade vis-à-vis de la maison, ce qu'il fit, et
aussy tost intervint le sieur de Rosuéven, lequel donna qllelques
coups de canne au déposant dont il est blessé all poulce de la
main droite et l'obligea ci se retirer. Ce qu'il fit, et aprit que ledit
Le Bourhis fut mis en prison sans sçaloir par qui ny pour quel
effect. (Ce q. est sa déposition).
.Signé : J. RAGUIDEAU.
PIERRE DE LAUNAY,
. interprete.
La justice sommeillait à Carhaix; Le Bourhis, ou plutôt
Me Soreau, présenta une requête au Parlement pour réclamer
enfin des juges et un jugement. Voici l'anêt de la Cour, du
;) mars '1707 qui, y répond
Extrait des registres dl.l Parlement
Veu par la Cour la requeste présentée en icelle par Renée Boufhis,
pauvre mineur ... demandeur contre escuier Guillaume Floyd, etc.,

autres coaccusés, par In quelle requeste il exposait que ..... .
par l'auberge où pend p~Llr enseigne le Cheval blanc
passant
où demeure le nommé ' Baron, . dont la maison appartient au
sieur Soremz, son dit oncle et parrain, le suppliant engagea
le sonneur qu'ils avoint avecq eux de donner une aubadde (1) ci vis
ladite maison en considération de son dit parain. etc. (Ici le
récit résumé de la soirée da 6 janYier).
Ensuivant le supliant cn ayant porté ses plaintes devant les juges
rOYilUX de Carhaix avecq d'autant plus de raison qu'ils sont supé­
de Callac dont ledit sieur Sénéchal est seul juge
rieurs de ceux
et que la plus pari des procureurs postulans sont ses parants
et alliez. Cette plainte a été suivie de charges et informations très
concluantes des 10' et 12' janvier dernier mais au lieu de statuer
sur lesdites charges et informations de tel décret que le crime
le requiert contre ledit Sénéchal de Callac et autres ses complices,
le Sénéchal de Carhaix pour éluder enfaveur des accusés auroit

l'envoyé le 22 dudit mois de janvier, en la Cour qui n'est saisye
d'aucune appellation ny de la connoissance enfaçon quelconque
ce qui ne dégénère en rien moins qu'en un dény de justice pour
favoriser le Sieur Sénéchal de Callac et ses complices. A causes
etc., 'Ie suppliant requiert ... d'f)rdonncr z.zn soit montré de ladicte
requeste au procurellr Génél'al à statuer par tel juge qu'il plaira à
la Cour, jusques ci jugement définitif, inclusivement pOUl' que la
justice demeure 'la plus forie.
La Cour faisant droit à la requête de Bourhis et conclusions du
fait commandement aux séneschal,
procureur général, enjoint et
et· entiens praticiens de la ditte juridiction royale de
lieutenant
Carhaix dans l'ordre du tableau, de statuer sur les charges et infor­
el de 1 endre bonne et brieffve justice ~Ll supliant jusque à
mations
dommages et intérêts, et y estre
sentence deffinitive à peine de
pourvu à leurs frais.
Rennes, le 6 mars 1707.
Signé: B. LE CLAVIEU .

. 0:)-· Une aubade à S'heures du soir? c'était plutôt une sérénade.

La procédure est enfin introduite à Carhaix.
Le 14 mars, ordonnance du Sénéchal pour signifier Floyd
et complices à comparaître personnellement. 25 mars
de ses derniers pour requérir l'envoi au greffe
requête
criminel de la Cour des grosses, décharges et informations,
à peine de cent livres d'amendes pour le greffier de Carhaix.
De son côté, Soreau se plaint des négligences voulues de
Me Jean Sénànt le greffier et des délais toujours calculés qu'il
pour l'avantage de Floyd pour lequel le
appelle, sans doute
Sénéchal se montretropfavorable. Enfin, en novembre, Bourhis
obtient la publication du Monitoire, aggraves et réaggraves, et
infol'mations en conséquence que nous donnons ici:
Du 14 novembre 1707.
1 ° Guillau!TIt\ CHueHec, labourenr en
ApI'es les Monitoires.
BOlmel, 30 aus, a entendu le moniloire, mais n'a auculle connais­
sauce des fails qui sont relatés, sinon que Louis Laour lui a rapporté
-vit tout ce qui se passa et que le SéDeschal avait dOllUé
qu'il
quelques coups. (Qui est sa diposition). . .
2° ' Louis Laour, valet du fournier de Callac, 16 ans, a vu BOUI'his
e llrer chez Gllénégou avec Morvan, ponr y boire une bouteille de
cidre; lorsqu'ils sortirent, le Séneschal vint de la maison de Baron,
autre hôte, maltraita Moryan, le blessa au bras, et donna à Bourhis,
plusieurs eoups d'épée. Le Séneschal était accompagné de François
Le Gall, et Joseph Chesnel, dit Champague; ne sait rien de plus si
ce n'est qu'il vit ledit Champagne trainer Bourhb ' par les cheveux
et lui casser son espée. (Qui est sa diposition).
3° Guillaume Lohou, Labourenr, 6i ans, ( dépose n'avoir aucune
faitscontelltlS [lU Monitoire ... , ne sachant à quy
connaissance des
apartenaiellt le JUSTE-AD-CORPS quy avoint este donnés à Pierre
Morvan. (Qui est sa déposition).
4° Claudinne Héri~sé, femme de Michel Audren, 50 ans ... , la
servante du Baron, ho::,te . à Callac, luy demanda une demie livre
et ln lui ayant donnée, elle sortit, et estant à la porte
de chandelle,

de sa demeure, elle remarqua René Le Bourhis proche la demeure
dndit le Baron, qui demandait son espée et son chapeau et vit
QU'on > luy jeUa son ·chapeall · de chez ledit Baron, sans savoir
par qui. (Qüi est sa dipositio.iJ.).
5° François Mauviel, marchand, 25 ans.
« Le premier mercredy de janvier, environ les sept à huit hemes
du soir, il entendit Pierre Morvan, qni passait proche la demeure
dn Baron, hoste de Callac, lequel jouoit de la bombarde, lequel dit
qu'il aloit doner une cérénade à son compère le Baron, et tost
après il entendit crIer et apeller du secours au Séneschal de Callac
et lie pnt distinguer la voix, ny distingué les personnes QUY estoint
de l'obscuritté de la nnit, et enteudit aussy René Le Bourhis
à cause
demander son espée et son chapeau qui luy furent jettés par une

fene::;[re de ra maison dlldit Baron, et entendit une voix quy dit
Lfl Bourhls tient les voilà, le Roy te fait grasse, et après le
audit
lendemain que ledit Le Bourhis avoit esté constitué prisonnier san::;
~çavoir liur quy. (Qui est sa déposition).
6° Loùise Guénégou, fille de Jan GUBnégou, 15 à 16 ans, depoze
. qu'au commeneement de cette année, t:;nviron les sept à hllit heures
du soir. un jour dont elle se souvient pas; passant proche la halle
de Callac, elle remarqua le Séneschal lequel estoit arreslé à donner
un coup à R,ené Le Bourhis luy demandant pour quelle sujet il

avoit tourné son just-au-corps lequel lui répondit que son
officier le ILly aùoit recommandé, et que le lendemain il dévoil·
sen retaurner à Brest, son congé estant finy et qu'il ne vouloit
gastû son just-au-corps j et en mesme temps ledit Séneschal
pas
de Callac, a mist ledit Bourhis en prison et ensuitte la déposante se
retira en sa maison. (Qui est sa di position) .

7° Yves Mauviel, marclumd, 2·t ans, mesme déposition que
l'autre Mauviel, au sujet du chapeau et de l'épée.
« Ledit Le Bourhis les ayant ramassé dit tout haut: « sacré la
lamrne de mon espée est cassée, ») et ensuite le témoin se retira, et
apprit le lendemain l'emprisonnement de Le Bourhis, et déclare c( ne
luy avoir jamais veu faire aucun mal. JJ (Qui est sa déposition).
Taxé 3 fr. 10 s, pour l'audition des sept tesmoins.
au greffe, la moitié à l'interprette. .
Idem
JEAN RAGUlDEAU.

Qu'est-il advenu pour cotlclusion à cette afIaire '?
Les faits de Ja cause se passèrent le 6 janvier; or, le
6 janvier était le jour de la fête des Rois,et supposé que ce
jour ne fut paq férié, il tombait un mercredi, le jour du
marché à Callac. Le Roi avai t bu, au cri: le Roi boit, et ses
sujets aussi, en ces réjouissances familiales. Ce sOÎl~ d'hiver
à Callac, les t.êtes étaient en' fermentation, et sans doute près
du bonnet. .
Que penser de ce Sénéchal qui expédiait à tort et à travers
à la prison les braves gens qui avaient la mauvaise fortune de
le rencontrer ce soir-là, et ceux-ci de s'y rendre sa.ns mm'­
murer et sans être chargés par quelqu'un à l'écrou de Id geôle?
Les informations que nous avons données ici sont pleines
de vie et de traits pittoresques sur le régime des prisons de
Callac et son vénérable geôlier; notons le détail du justau­
corps par lequel le Sénéchal avait prétendu corrompre et
acheter la discrétion du joueur de bombarde; la délicate atten­
tion du laboureur de Lezmabon venant, tout ému, à travers
le cachot, offrir une bouteille de cidre au sympathique
Brindamour ..... Nous y apprenons même que chez François
Le Baron, cependant le meilleur hôtel de Calla'c, on achetait
la chandelle à la demi-livre .....
Que devint Brindamour'? Nous avions vu Louis Julien
Rospabu, cadet dans l'armée navale du Roy sur le vaisseau
L'illustre commandé par le chevalier de Rosmadec, devenit'
procureur à Carhaix (J) : nous nous sommes demandé si notre

soldat de marine, fils de sergent de juridiction, n'aurait pas
quitté le service de Neptune et de Bellone, lui aussi, pour
entrer comme son père à celui de Thémis, sergent ot!
(1) Procédu?"es de la COU?' Royale de Carhaix: plainte en 1690.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTERE. TOME XXX (Mémoires) 27

huissier, notaire ou procureur. Nou~ n'avons retrouvé son
nom dans aucune procédure: peut-être a-t-il continué sa car­
rière et est-il resté, jusqu'à la mort « Soldat de . marine Pour
• le service de Sa Majesté » !

Abbé ANTOINE FAVÉ •

Quimper, Novembre 1903 .