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Bulletin SAF 1903


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Le vieux Quimperlé (Etude archéologique)

Abbé J.-M. Abgrall

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III

LE VIEUX UI~lPERLE

Quimperlé, la jolie ville! toute rian te dans son cadre de
collines et de verdure; toute fraîche, arrosée par le ruisseau
du BEAU ROIS, les rivières d'ISOLE et d'ELLÉ qui confondent
leurs eaux pour former le doux V::T,\ ; toute pittoresque, avec
ses ruès montantes et descendantes, ses vieilles maisons, Sf'S
églises, ses ruines, ses "ieux ponts, ses aspects si étranges et
si inattendus.
donc une promenade dans ces vieilles rues avant
Faisons
ne soient trop modernisées, et tout en admirant les
qu'elles
curieuses façades, arrêtons-nous parfois pour entendre parler
les enfants et caqueter les femmes, car le langage de Quim­
perlé, avec son accentuation si douce, ses intonations si
mélodieuses, est une musique telle qu'on n'en entendit point
plus beaux jours de la Grèce:
pareille aux
(1) Breton joli des Quimperloises,
Qui de leurs lèvres, gr(lin à graill,
En perles fines, en turqnoises,

ainsi que d'un éc!'in !
S'égrène
Sortant de la gare, prenons à gauche et descendons la
petite rue de l'Hôpital. Au bout de trente pas nous trouvons
au no 14 une petite façade, pignon sur rue, dont le premier
encorbellement est porté sur des pilastres cannelés, à gaîne,
genre Louis XIII, le deuxième, sur de petits corbelets mou-
gentil petit auvent protège les
luréset profilés, tandis qu'un
deux fenêtres du haut.

- (1) Anatole Le Braz, chanson de la Bretagne.

plus loin, au no 7, à droite, deux lucarnes dont l'une,
ornée de pilastres moul urés et fronton à modillons, porte la
date de 1666.
passé le bas de la rue et le ruisseau du Beaubois, ~n
remontant vers la place, la chapelle de l'hôpital dont la porte,
surmontée d'une contrecourbe feuillagée et de deux pinacles,
est 3ccostée d'un ange tenant une banderole qui porle celte
inscription gothique: En. Zan. Mil . Veets. X X V III. la. . rédi-
licat wn.
Arrivés à la place Saillt-Michel, le na 29 sur le côté Nord,
nous montre sa façade à pans de bois ornée au premier étage
d'une sablière moulurée et de croix de Saint·André, et reco~ -
verte plus haut d'un revêtement d'ardoises avec panneaux
ouvrés et frises ornementées, mais peu de saillie ' à chaque
étage. ,
Au côté Nord de l'église de Notre-Dame de l'Assomption,
ne 43 forme à son deuxieme étage une saillie de près de
deux mètres, faisant pour ainsi dire un passage couvert
Contre les poteaux du pan de bois on voit adossé un petit
personnage nu, formant cariatide, un Saint-Michel tenant
une balance, un ange avec écusson et un chien accroupi.
de grands liens courbés.
L'encorbellement est porté par
A l'extrémité de cette maison on passe sous un grand arc­
boutant enjambant la rue pour laisser libre la circulation, 'et •
cette même dispositiJn se répète de l'autre côté de l'église. A
vingt mètres du côté Midi de la npf se trouve la vieille cha­
pelle de Saint.-Laurent en style du XVe siècle, transformée en
maison d'habitation, comme aussi s'est transformée en
maison de commerce l'annexe qui devait autrefois former le
porche précédant la façade Ouest de l'église de l'Assomption .
Avant d'étudier ce tte église. jetons Irs~'eLix sur les halles;
c'est à cette place que s'élevait autrefois la vaste église de
SAI.'oiT-MICHEL, belle construcLion datant du XIIIe siècle et
de l' A SSOMJ>TIO~
servant d'église paroissiale, tandis que celle

était l'église municipale, comme celle du Guéodet à Quimper.
Ce ne fut qu'après la démolition de Saint-Michel, en 1765
que Notre-Dame fut affectée au service paroissial.
avoit' déjà fait le tour de cet église
Et maintenant, après
vénérable, étudions là en détail tant à l'extérieut' qu'à l'in té-
rIeur.

Notre-Dame de l'Assomption.
Le clocher de l'église de Notre-Dame plane imposant Sur
la ville haute et domine de sa curieuse silhouette toute la
ville basse assise dans la vallée. C'est une tour carrée ayant

des liens de famille avec celles cie Saint-Corentin de Quimper,
en ce sens qu'elle a comme elles une
Pont-Croix, Ploaré,
ceinture formée d'une triple galerie richement découpée;
mais comme les bases de Locronan, Saint-Herbot, Carhnix
et Saint-Mathieu de Morlaix, elle est veuve de sa flèche:
les quatre tourelles d'angle, sentinelles vigiI?ntes, se .
seules
le ciel et continuent immobiles à faire la garde
découpent sur
de leur sou veraine qui a disparue.
autour
Cette tour, comme le trans~pt qu'elle surmonte, comme le
chœur qui se prolonge plus loin, comme les deux- porches
latéraux, est du xv siècle. C'est la partie la plus riche de
l'édifice, la partie la plus intét'essante peut-être aux yeux du
vulgaire; mais pour le vrai archéologue breton la nef sans
bas côtés a une valeur toute spéciale, parce qu'elle est d'une
époque plus reculée, d'un style plus rare dans notre pdyS.
Cette partie primitive du monument est clu XHle siècle, si
"on en juge bien par ses fenêtres étroites el élallcées dont
une seule a conservé ~cs vieux meneaux, par· sa corni~he

moulurée, ses conlt'efot'ts et même le profil bien galbé du sou-
bassement.
Il y a encore un autre élément qui peut aider à fixer cette

date: ce sont les deux portes latérales percées au fond des
porches. Elles sont antérieures à ces abris qui y ont été
accolés deux siècles plus tard; les colonnettes des ébrasements
a\'ec leurs chapiteaux feuillngés. les nervures des ,;oussoirs
qui les encadrent, nous reportent à l'architecture et à la flore
du chœur et de l'abside de la calhédrale de Quimper et de
Notre-Dame de Lamballe, qui sont bien du XIIIp siècle.
Même certaines têtes d'amortissement et de retombée de
voussures et de colon net tes ont des rapports frappants avec
les mêmes motifs que l'on trouve à Bénodet, toujours de la
meme epoque.
Si l'on examine maintenant le porche Midi, on y trouve
une œuvre simple dans son ensemble, ayant pour ouvrrture
une arcade enguirlandée de feuilles de chardon et surmontée
d'une fenêtre éclairant une chambre haute et terminée par
un joli quatrefeuille à lobes aigus. A l'intérieur les deux
parois latérales sont tapissées de douze niches flambloyantes
des colonnettes et couvertes d'accolades feuilla-
séparées par
gées. .
Poussant plus loin. on trouvera une élégante fenêtre à
compartiments flamboyants. puis la grande fenêtre du tran­
sept avec: son tympan fruste; au-dessous, une ravissante
porte ornée de colon nettes, de feuillages, crosseltes et choux
de couronnemen t ; puis une troisième fenêtre à la rosace des
plus élégantes; enfin un grand arc-boutant percé clans un .
contrefort d'angle et faisant passage au-dessus cie la rue.
deux étroites fenêtres latérales, l'immense
A l'abside,
fenêtre centrale, et aux contreforts deux niches dont l'uno
abrite la statue de Notre-Dame de Kergornec.
on reYOilUfl arc boutant sui\'i d'un pas­
A l'angle Nord-Est,
snge couvert formé par les murs cie l'rglise et une maison à

herse qui surplombe sur le tout.
la même répétition de fellêtres et cie porte que sur
Ensuite,
le côté Midi.

On se trouve alors devant le porche Nord, merveille de

grâce et de richesse: une immense arcade toute encadrée de
rangs de feuillages et de fines colonnettes, coupée en deux

par' deux autres arcades jumelles portées sur un meneau
central, ayant leurs cintres découpés en redents et terminés
une frise horizontale qui devait primitivement porter une
par
image de Notre-Seigneur en cruix, accompagnée des statues
de sa Sainte Mère et de Saint Jean.
Au pied du tru meau, sur un soubassement à arcatures
un bénitier qui en fait le tour et qui a pour
gothiques, règne
couronnement un dais à petits pignons eL à frise de feuillage.
de la grande arcade, la façade est ornée de trois
Au-dessus
un rampant hérissé de cros­
grands écussons et terminée par
settes très découpées. Les angles sont appuyés par de solides
contreforts à pinacles, portant sur leurs faces des niches dont
l'une abrite la sla tue de Saint-Michel sous les traits d'un
chevalier rappelant le Jean V du Folgoët, coiffé d'une sorte
de toque, tenant. de la main gauche son écu timbré d'une
que la droite portait autrefois une lance.
croix, tandis
douze grandes niches très orne­
A l'intérieur sont rangées
avec beaux culs-de-lampe et très riches dais, dans
mentées,
on trouve encore trois statues anciennes d'apôtres.
lesquelles
Ce porche, comme celui du Midi, est aussi surmonté d'une
où l'on monte par un escalier latéral et
chambre supérieure
. qui se trouve éclairée par une meurtrière sur la façade et une
large baie sur le côté Ouest.
la nef n'oUre rien de particulier si ce n'est sa
A l'intérieur,
belle largeur et sa très grande hauteur. Elle est couverte par
un plafond ou lambris de bois en berceau plein-cintre, divisé
par des nervures et des faîtières moulurées, accompagnées
de clefs pendanLes, lirants, gueulards, poinçons, sablières
de feuilles et têtes sculptées, hermines, chiens et
ornées
bêtes courant dans des enlacements de banderoles.
autres
pour recevoir deux collatéraux; et le
Puis l'édifice s'élargit

chœur est délimité par quatre puissants piliers qui portent le
clocher. Deux massifs carrés, faisant avancéf' sur les premiers,
servent d'adossement à des autels et encadraient autrefois un
qui y donnaient accès. Dans toute ceHe partie su-périeure de
l'édifice il y a une grande richesse de colonnettes, de vous­
sures, de nervures, et à la place des lambris en bois nous
trOUvons de solides voûtes en pierres divisées par des arcs
ogives. On pourrait signaler avec raison les piscines sculptées
qui accompagnent les a utels et noter une bizarrerie de la
construct.ion : c'est que, sur neuf fenêtres qui ajourent les
différentes travées, il n'yen a que trois qui soient exactement
dans l'axe des voûtes qui les surmontent.
Comme vieilles images vénérées dans l'église, nommons
les deux jolies statues gothiques de Notre-Dame de Bonne­
Nouvelle et de Notre-Dame de Bot-Scao ou du Buisson -de··
Sureau; Saint-Michel et l'Ange-Gardien, Sainte-Catherine
portant sa roue. Aux fonts baptismaux se trouvent trois
Vierges différentes: Notre-Dame-de-Pilié, une Vierge-Mère
et Notre-Dame du Mont-Carmel ayant sous ses pieds le crois­
sant de la lune, toutes trois dans le style du XVIIe siècle.
en terminant, la magnifique cuve baptismale en
Indiquons,
granit, du XVc siècle, entourée de pampres de vignes et
portée sur un pied à large empattement, d'un dessin très
heureux. .

Avant de quitter la ville haute, faisons une petite excur-

sion du côté de la rue Mellac, et au no '13 nous trouverons un
curieux . rez-de- chaussée composé de six pilastres en gaînes
une porte, et soutenant la
encadrant quatre larges fenêtres et
belle avancée du premier étage. Au n° 19, encore un joli
mais porté .par deux pilastres et trois pièces
encorbellement,
courbes.

Descendons dans la ville basse, entrons dans la l'ue Isole
et arrêtons-nous sur le pont SalJ. Presque en face de nous
au no 3 de la place IsoLe, nous voyons une sorte de tour carrée
à trois encorbellements successifs, agrémentés d'une jOlie
décoration d'ardoises taillées en losanges et en écailles; et
en nous retournant à droite nous apercevons sur la rive
opposée un autre pavillon presque semblable, mais à pans
une galerie qui surplombe la rivière à huit
coupés, dominant
mètres de hauteur.
Au fond de la rue Isole, autre construction ancienne for-
ma nt l'entrée de la rue Dom-Moriee. Tournons dans cette
nous y trouyerons, aux nos 3 et 4, deux masures
ruelle et
branlantes à pans de bois, se faisant face et semblant se
_ consoler en parlant du vieux temps: sablières moulurées, '
pilastres à têtes grimaçantes formant chaplteaux, enchevê­
trement de traverses obliques et de croix de Saint-André.
Plus loin encore, a u n° 7, façade très ornée, très développée,
avec luxe de sablières et moulures, montants, traverses obli­
ques, linteaux en accolade, encorbellements variés, et un
petit pavillon à pans coupés à l'extrémité.
Au nn 9, maisonnette faisant mine de se déjeter sur la rue,
côté tout simple et misérable, et pignon d'une ingéniosité
charmante. On y a prodigué les pièces de bois, les unes fine­
ment moulurées pour encadrer fenêtres et porte; et dans cette
du premier étage qui donne issue sur le vide, sont des
porte
panneaux à godrons et à étoffes plissées, fines œuvres de
menuiserie du XVe siècle. Plus bas, sur l'angle, est unècus­
son en pierre portant une aigle au vol abaissé.
Au no 1'1, encore une maisonnnette ayant son premier
étage en pan de bois, et au no -10, autre tourelle carrée domi­
nant cet admirable petit coin du vieux Quimperlé.
Poussons jusqu'au bout de cette ruelle et en aàivant à la
large rue du Château, nous nous trouverons en face du por­
tail de l'ancienne église paroissiale de SAINT-COLOMBAN,

intenant en ruine. Au milieu s'ouvre une porte à plein-
ma d ' , . 1 1 II •
. tre absolument evastee, malS (ans aque e on reconnal.t
Au-dessus s'ouvre une aule enetre u e slec e, ayant
conservé dans son cintre quelques restes de ses comparli­
ments flamboyant.s. Des deux côlés sont des niches à culs-de­
lampe et dais sculptés; le cul-de-lampe de gauche est formé
longue banderole avec cetle inscription en leUres gothiques:
mOfia. in CJ'ceLs'is Deo.
En pénétrant à l'intérieur on remarque que presque tous
les murs sont. écroulés, mais en examinant le pignon Ouest
on observe deux contreforts ou éperons accolés au pignon
Ouest, et qui indiquent bien la disposition de l'édifice, lequel
était divisé en une nef centrale et deux bas-côtés étroits.
se trouve encore debout un haut
A l'extrémité Nord-Est
pan de maçonnerie, dans lequel on reconnaît les ébrasements
de deux longues fenêtres, l'une latérale et l'autre absidale,
puis un groupe de trois colonnettes portées sur des têtes for­
mant cariatides et qui sont couronnées de chapiteaux à
corbeilles rondes non feuiIlagées, au-dessus desquels montent
les naissances d'arcs ogives et d'arcs doubleaux dont les
profils indiquent le XIIIe siècle. La porte à linteau en acco-'
lade qui se trouve dans le bas, a été faite postérieurement.
Ce petit coin architectural nous donne une idée de la-hau­
teur et de la noblesse de cette église dont l'enceinte désolée
est maintenant transformée en un chantier de menuiserie,
spectacle absolument attristant.
En sortant nous retrouvons encore la rue du Château, et
nous donnerons immédiatement un coup d'œil aux trois mai­
sons qui sont à côté de Saint-Colomban, les nos 8, 10 et 12

âyant façades à pans de bois, encorbellements moulurés et
toits dépordants . Allant plus loin, du côte opposé de la rue,
nous verrons la porte et les lucarnes à pilastres du n° 11 ; et
tout contre la prison, l'entrée presque monumentale de l'an­

cien Auditoire, surmontée d'une terrasse à laquelle on accède

par deux rampes garnies d'une massive balustrade
Faut-il pousser plus loin vers lè pont de Gonékcl'? On y
veiTa les restes d'une porte de ville, puis ce qu'on appelle le
château, ou plutôt la maison du gouverneur ou du capitaine
qui commandait la garnison. Plus loin, quelques façades du
XYIIe ·et du XYIIIe siécle, mais en somme rien de pittoresque. '
Mieux vaut retourner vers l'église Sainte-Cl'oix~, que nous
apercevons d'ici dans presque tout son ensemble, ou du
moins dans sa forme générale de grande rotonde; et prenant
à gauche . tout contre l'église, nous entrerons dans la rue
Ellé, qui nous conduira au vieux pont, du haut duquel nous
aurons une vue très curieuse sur la rivière et sur les coteaux
qui enserrent la vallée.
Pour jouir de l'aspect pittoresque du pont, il faut se mettre
un peu en amont, sur la rive gauche, ce qui vous permettra,
en même temps, de prêter l'oreille au caquetage tout mélo­
dieùx des laveuses rangées au fil de l'eau. Il a été reconstruit
en entier à la fin du XYIIIe siècle, et cependant il
presque
a encore une tournure moyenâgeuse, avec ses deux piles
à becs très aigus, ses deux grandes arches,
armées d'éperons
et la troisième plus"étroite, remontant sûrement au Xyc ou
au XIye siécle. Le tout est tapissé de verdure et de lierre.
ElIé, et visitons la vieille église
Revenons par l'étroite rue
de Sainte-Croix
abbatiale

Sain te-Croix.
La vieille abbaye bénédictine de Sainte-Croix est assise,
de leur confluent. Le premier
entre l'ElIé et l'Isole, tout près

onastère de Quimperlé eut pour fondateur saint Gurtiern
l'endroit où elles se confondent pour former le Léta. Sur le
même emplacement, le comte Alain Canihart fonda, au com- .
mencement du XIe siècle. une abbaye en l'honneur de la
sainte Croix, dont le premier abbé fut, en t027, Gurloës,
pl'i claustral de Saint-Sauveur de Redon.
eur
La grande église abbatiale remonte-t-elle à cette époque,
ou plutôt ne faut-il pas en assigner la date au gouvernement
de Benoît ou Bénédict,à la fois évêque de Nantes et abbé de
sainte-Croix? C'est de son temps que se fit la translation
solennelle des reliques du premier abbé saint Gurloës, en
1083, et à la même date le cartulaire de Quimperlé men­
tionne la restauration ou plutôt la reconstruction de l'église.
Restauratio ecclesiœ sanctœ crucis.
'De la construction ancienne il ne reste plus que cette église;
tous les bâtiments monastiques, y compris le cloître, ont · été
refaits au XVIIe siècle, avec un certain luxe et surtout avec
beaucoup d'ampleur. Ils servent maintenant de locaux à la
cure, au tribunal, au parquet, ' à la sous-préfecture, à la gen­
darmerie, à ]'Hôtel-de-Ville. L'église elle-même n'est pas,
absolument parlant, l'église première. Au cours des travaux
de restauration exécutés en 186'2, on voolut consolider le
clocher, en reprenant en sous-œuvre les piliers qui . le soute­
naient. A un moment donné, la tour s'écroula, écrasant par
sa chute une grande partie de l'édifice. Comme c'était là un
de nos plus anciens monuments et des plus remarquables, on
le reconstruisit en reproduisant aussi fidèlement que possible
le plan original et en se servant d'une bonne partie des '
anciens matériaux. Les plans de cette reconstruction ont été
dressés par M. Bœswilwald et exécutés sous la direction de
M. Bigot, architecte diocésain.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. . TOME XXX (Mémoires) 3

L'édifice, dans sa disposition générale, reproduit ]a forme
d'une croix, mais dans sa masse extérieure, du moins des
endroits où l'on peut en saisir l'ensemble, comme de la rue
du Château, il a plutôt l'aspect d'une immense rotonde cou~
verte par un toit conique à deux étages. Contre le mur circu~
laire s'appliquent quatre chapélles formant branches de croix
celle de l'Ouest terminée carrément et les trois autres en
hémicycle, celle qui fait abside à l'Est ayant une plus grande
profondeur. .
. La façade Ouest est du XVIIIe siècle et sans caractère.
Tout le côté Sud se trouve noyé dans les bâtiments de l'abbaye
et ne peut être yu; nous n'avons donc à examiner que le
développement Nord et la partie absidale .
. Sur les parois Nord nous voyons se dessiner le style
général du bâtiment; au rez-de-chaussée, des contreforts
peu saillants, limitant des travées étroites subdivisées par. de
longues colonnettes qui supportent des arcs en plein-cintre;
. une porte encadrée de trois colonnettes de chaque côté, avec
voussures en plein-cintre que surmonte un joli motif formé
de quatre .colonnettes couronnées de têtes grimaçantes en
guise de chapiteaux. Au-dessus de cette ordonnance règnpnt
deux étages de fenêtres romanes; les premières, ornées de
colonnettes, éclairent l'intérieur de l'édifice, les secondes
~'ouvrentsur les combles. Plus loin. ressort la chapelle du
transept, en demi-cercle, .percée de longues baies étroites sans
ornements.
En continuant notre examen à l'entrée de la rue EIIé, nous
retrouvons la disposition première, mais avec plus de sobriété
dans la partie inférieure; puis -vient la chapelle absidale,
déployant par contraste une extrême richesse. Elle est entou­
rée d'une couronne de onze fenêtres et comme tapissée de
trente colonnettes ou pilastres, partant de fond par groupes
de trois et séparant les fenêtres au-dessus desquelles elles
portent des voussures avec un cordon saillant qui se répète

Saint Gurloës, est l'objet d'une grande vénération. Pour
pénétrer dans cette crypte on passe sous de larges voûtes qui
se croisent à angle droit et qui soutiennent une haute plate­
forme carrée régnant entre les quatre grosses piles; c'est à.
l'extrémité de cette' plate-forme qu'est le maître-alltel, ·der­
rière lequel s'étend la chapelle absidale. A l'un des gros
piliers déjà mentionnés est suspendu un grand crucifix en
bois où le Christ est vêtu d'une longue robe à plis tombants.
D'après son style, cette sculpture semble être du :XVIIe siècle ..
mais on doit la considérer comme une copie d'un crucifix
analogue datant de la période romane, époque où cette repré­
sentation était fréquente, pour rendre le sens de cette parole
de l'hymne de la Passion: Regnavit a ligna Deus, Notre­
Seigneur a régné du haut de l'arbre de la croix. Ces Christs
en robe rouge et quelquefois en couronne royale étaient plus
commu.ns autrefois dans nos églises; il en· ~iste encore un à
la chapelle de Sainte Anne de Lampaul-Guimiliau, deux à la
chapelle de Christ en Guimaëc, un aux Quatre-Ch.emins en
Plouégat-Moysan; un autre à ' BotsorheL Les deux qui se
trouvent à l'église de Loc-Maria de Quimper et à la chapelle
de l'Évêché sont des copies modernes. Il y a quinze ou vingt
ans on pouvait en voir un fort intéressant à la chapelle de
Pont-Christ, dans la paroisse de la Roche~Maurice, tout près
de Brézai. La èhapelle a été abandonnée et tombe en ruine,
et.le Christ est devenu la propriété de M. Huon de Penanster,
dans les Côtes-du-Nord .
Nous ne pouvons paIS quitter l'église de Sainte-Croix sans
examiner et admirer le magnifique travail de la Renaissance
qui se trouve adossé au mur du bas de la nef. C'est une
œuvre exécutée en pierre de Taillebourg en l'an 1541, sous le
gouvernement de Daniel ,de Saint-Allouarn, dernier abbé
régulier de Sainte-Croix. En le voyant on se reporte néces­
sairement aux sculptures du tour du chœur de Chartres, aux
statues et sculptures de Solesmes. Sauf un développement

. dr'e c'est la même finesse, la même exubérance, ]a
Oln, .
l lU . . .•
ce gr .
rancée de la Renaissance. . ':,'
colonnettes, sont portées sur des culs-de-lampe arrondis où
sont creusées également deux nichettes à coquille enfermant
des bustes de prophètes, parmi lesquels on reconnaît le rui
David. Ces culs-de-lampe, avec les piédestaux qui les sépa­
rent, forment un solide et élégant soubassement où prennent
naissance des pilastres couverts de rinceaux d'une prodi­
gieuse variété, analogues à ceux de l'escalier et des 'chemi­
nées du château de Blois, des colonnes cannelées à chapiteaux
composites, d'autres colonnettes à balustres feuillagés, qui
montent pour soutenir p al' côté des dais extraordinaitement
fouillés et découpés, composé étrange' de petites niches ét de
statuettes, de corniches minuscules, 'de frises et. · de · py'rami­
dions que l'on' dirait taillés dans l'ivoire~ Et pour couronner
le tout, une grande frise droite et grave d'où surgissent les
bustes des quatre grands prophètes et des quatre docteui's
d'Occident. .... .
Cette frise porte deux dates: '15H, l'année de la'confection
du monument, 1732, celle de son déplacement et de son re­
maniement par le sculpteur Morillon (de ' Rennes). C'est
ce même sculpteur qui a exécuté les , statues assises
des quatre évangélistes logées dans les' niches doubles, les
quelles, d'après leur destination auraient dû contenir chac'une
deux statues debout, placées un peu de biais, ce qui aurait
produit un effet · beaucoup plus· heureux comme légèreté et
comme silhouette. Au rang inférieur dans les dais on voit les .
statuettes des douze apôtres, et au rang supérieur, la Sainte­
Vierge portant l'Enfant-Jésus, les trois vertus théologales:
Foi, Espérance, Charité·, puis les quatre vertus cardinales:
PRVDENTIA . IVSTITIA . FORCE . ATRAPACE,. qui .

signifie Tempérance, a Trapeza, abstention de la table
Ce serait, peut-être un devoir de justice et de reconnais_
sance de faire connaître ici que nous devons la conservation
de ce chef-d'œuvre à M. Bigot père, que j'ai déjà nomrné

Lors du désastre qui amena la ruine de l'église, H s'emploYa
avec toute son ·habileté et tout son dévouement à pérserver de
la destruction, au moyen de madriers et de fascines, cette
merveille de sculpture dont nous ' n'aurions pas même connu
les débris sans son intervention.
En sortant sur la place qui borde l'abbaye au Midi, allons
jusqu'au pont de l'Isole et jetons un coup d'œil sur le moulin
abbatial, portant à son pignon la date de sa construction:
M.DCC.LXXVII et celle de sa restauration: 1827 .
-Traversant ensuite le dernier pont de l'ElIé, nous sommes
sUr l'ancienne terre de Vannes, au quartier appelé le Bounr.-
NEUF, et en avançant jusqu'au 'couvent de la Retraite on a
sous les yeux un coup d'œil admirable, toute une moitié de la
ville s'étageant du côté Ouest de la vallée, l'église et le clocher
de Notre-Dame se délachant sur cet ensemble en puissante
silhouette, et la masse imposante des bâtiments des Ursulines
couronnant les coteaux de la rive droite du Léta. .
, L'établissement de la Retraite occupe l'emplacement , du
couvent des Dominicains, fondé vers t2~4 par Blanche de
Navarre et de Champagne, femme de Jean Le Roux, duc de
Bre~agne Ce cou vent était désigné aussi sous le nom d'A bbaye
blanche, par opposition à l'Ahbaye noire des Bénédictins de
Sainte-Croix.
On peut y voir encore les murs de l'ancienne église du XII[e
siècle, qui s'écroulèrent en partie en H592, et c'est dans cette
. enceinte que, le 3 décembre 1883, on trouva le tombeau de
Jean de Montfort, duc de Bretagne, contenant encore une
partie de ses ossements, et très probablement aussi ceux de
sa fe,mme Jeanne de Flandre, surnommée Jeanne la Flamme .
Oh reconnaît encore tou t le tracé de cette église, avec sa nef

de 34 mètres et un petit bras de transept, ducôté Nord.

long

Je vais vous faire une proposition singulière: c'est de
onter jusqu'au cimetière de Saint-David! Mais ne croyez
repentir, car au fur et à mesure que vous avancerez, votre
hOrizon s'agrandira, et sur votre parcours, en vous retournant
de temps à autre, vous découvrirez un admirable panorama,
uue campagne d'une fertilité merveilleuse, le grand 'viaduc
chevauchant la large vallée, et à travers ses arceaux, le doux
Léta coulant paresseusement; puis, au-delà, les hauteurs
boisées de Kéblen et les premiers vallonnements de la vaste
forêt de Carnoët.
Arrivé au cimetière, vous vous trouverez en face de la
chapelle de SAINT-DAVID, au.trefois église paroissiale; ·vous
passerez sous un porche primitif surmonté d'un clocher en
charpente et en ardoises, et à l'intérieur vous pourrez vénérer
, la statue du saint Patron, le fils de la douce sainte Nonne,

celle de saint Antoine Ermite, et aussi la statue de Notre-
Dame de Bonne-Nouvelle provenant de la chapelle de ce
nom, bâtie par Jean de Mon tfort à la suite d'un vœu fait .
après sa victoire de 1364, à la bataille d'Auray L'emplacement
de cette chapelle, désignée également sous le nom de Notre­
Dame du Reclus, se voit encore dans un petit champ, au haut
de la rue des Vignes, à côté de la voie romaine allant à
Kerstrado, Hennebont et Vannes; la fontaine se voit un peu
plus haut et fournit une eau excellente et abondante .
Chancel de Rosgrand
Et maintenant, si vous êtes vraiment curieux d'œuvres

artistiques, veuillez consentir à faire une course de quatre
ou cinq kilomètres à la campagne, jusqu'au château de Ros­
grand, au bord de la route d'Arzano. Là vous trouverez une
chapelle ayant une porte principale du X v siècle, entourée
d'une guirlande de feuilles de vigne et surmontée d'un écusson
timbré d'un casque et supporté par deux levrettes. Au bout,
dans le mur de clôture, est une petite porte gothique murée .
Ce sont les seuls vestiges de la chapelle primitive, le reste de
. l'édifice a été reconstruit en '1766, comme nous l'indiquerons
tout à l'heure.
A l'intérieur est un CHA~CEL ou clôture en chêne sculpté.
/ . œuvre absolument remarquable comme style, 'composition et
exécution. -Il n'a pas été fait pour cette chapelle, tout montre
que c'est un travail apporté d'ailleurs et adapté aussi bien
que possible à la place qu'il occupe .
Il est à croire que cette clôture si précieuse se trouvait.
daris l'ancienne église de Saint-Michel de Quimperlé, monu­
ment du XIIIe siècle qui occupait la place des halles actuelles,
et qui, tombant en ruines en 176D, fut désaffecté et remplacé
par l'église de Notre-Dame de l'Assomption, qui était toute
vOlsme. . .
Simon Bernard Joly de Rosgrand, qui était alors sénéchal
de Quimperlé, crut devoir sauver ces richesses artistiques et,
pour les abriter, reconstruisit, probablement sur de·nouvelles
dimensions, la chapelle de son château, ainsi qu'il est dit sur
une dalle du pavé, tout près du chancel:
. M.DCC.LXVI Deiparae hoc monumentum erexit Simon
. Bernardus Joly de Rosgrand, regi a consiliis CLtriae quimper­
liensis.
Ce chancel est placé au bas d,~ la chapelle et en occupe
toute la largeur, mesurant 5 fi 70 de longueur sur 3 fi 80 de
haut. Il se compose d'un soubas5ement, d'une colonnade et
d'une grande frise.
Toutes ces parties sont couvertes d'admirables sculptures

, les scènes de l'Ecriture sainte sont mêlées à la Fable, les
oU 1 A dl' b' . f .
es joufflus et es tetes e· c leru ms aux a l1lma ux antastl-
ang .' 1 " d'
s et aux allégOrIes ancIennes; tout ce a accompagne ara-
imposant, plein de grandeur et de noblesse et · dénotant une
richesse d'imagination, une habileté de main et une sûreté de
orgues de Guimiliau, le jubé de Lambader et le retable de
Kerdévot, c'est sans contredit le plus bel ouvrage de sculpture
en bois qui existe dans notre pays.
A quelle époque remonte ce travail? Nulle date, nulle
inscription ne v.ient le préciser. Les cadres des panneaux
semblent indiquer le style Henri II, les cariatides à gaînes
nous reportent au porche de 'Guimiliau 160~, à l'oratoire de
Notre-Dame de Lorette à Plougasnou, 1611, au porche de
Bodilis, 1631, ou ·à l'ossuaire de La Martyre, '1619, les
colonnes entourées d'enroulement de vigne devraient nous
rejeter encore plus loin vers la fin du règne de Louis XIII.
Le soubassement est formé de panneaux dont les encadre­
drements sont tous variés, fleurs ciselées, feuillages, rqsaces,
entrelacs, etc ... Les sujets, qui y sont représentés doivent être
lus de droite à gauche, comme suit:
1 Diane chasseresse. A ses pieds est couché un cerf
dont elle saisit une des cornes de la main droite, tandis que
de la gauche elle tient une flèche. Par dessus son épaule
droite on voit les flèches que contient son carquois. Les
cheveux sont tressés, et deux nattes viennent se rejoindre .
sur sa poitrine en guise de cordelière. .
2 Abraham et Isaac parten t pour le sacrifice. Isaac
porte le bois sur ses épaules, Abraham est chaussé de bottes
à revers, ceint d'un grand cimeterre et coiffé d'un turban , A
ère-plan on voit deux serviteurs 'et un âne, des arbres et
l'arri
des constructions. .

30 Cariatide. Homme barbu, avec serpent enroulé
autour du cou, la tête du serpent sur sa poitrine; le corps se
termine par une gaîne feuillagée.
4° Sacrifice d'Abraham. Isaac, les yeux bandés et les
mains jointes, est à. genoux sur l'autel. Abraham le tient par
les cheveux et lève le bras pour le frapper; un ange arrête
son arme; sous l'ange, au-dessus de la tête d'Isaac on aper­
çoit le bélier dans les broussailles.
5° Arabesque. ' Un satyre cornu grimpé sur les feuillages
cueille des fleurs. .
6 Arabesque. Deux jeunes satyres jouent au milieu des
enroulements .
70 Le prophète Jonas est jeté à la mer. Les m~telots le
prennent par les bras et les iambes; le monstre, sous la
figure d'un dauphin, est là prêt à l'avaler. A l'arrière-plan,
des tours et des remparts pour figurer la ville de Joppé .

8° Cariatide. Buste d'homme à oreilles tombantes, les
bras croisés sur la poitrine, et issant comme le premier d'une
gaîne feuillagée.
9<> Jonas en prière après ayoir prêché à Ninive. Il est à
genoux auprès de l'arbrisseau qui a poussé pour l'abriter; le
Seigneur lui apparaît dans un nuage, élevant la main droiLe
et tenant de la gauche le globe du monde surmonté d'une
croix. La ville de Ninive est indiquée par des murailles, des
créneaux, des coupoles et des minarets.
10° Mercure.- Il pst d'une grâce parfaite, drapé légère­
ment, portant le caducée ét coiffé du pétase.
Il ne faut pas négliger d'examiner la petite frise ~icrosco­
pique qui surmonte ces panneaux; ' on y trouvera des jeux,
des chasses et des chevauchées de petits amours montés sur
des tritons, des chevaux marins et des monstres terrestres,
et mêlées à tout cela, des nymphes et des bacchantes cou-

chées, une chasse a u cerf, etc.
La seconde partie de ce monument, la colonnade, se com-

ose de huit colonnes principales à chapiteaux corinthiens, à
d'autres branches; puis de huit autres colonnes secondaires
à fots cannelés ou torses, terminées pal' des balustres façonnés
en feuilles d'acanthe. Les bases, tout historiées de feuillages
et de bustes ' bizarres, ont pour supports des petits amours
et des satyres musiciens hauts de trois pouces, des sphinx
ailés et autrE'S êtres fantastiques. Dans le milieu de chacun
des côtés, une niche surmontée d'un ·aigle aux ailes éployées
encadre la statue de la Justice portant un glaive et un livre,
et celle de l'Espérance tenant une ancre et une couronne de
laurier .
. Puis vient la grande frise dans laquelle se déploient trois
magnifiques bas-reliefs délimités et séparés par des groupes
de cariatides à gaines, sculptées dans seize pilastres ioniques.
Les sujets représentés dans ces tableaux sont:
La Nativité de NOtre-Seigneu.r et l'A doration des berg.ers.
L'Adoration des mages.
La PTésentation de [' Entant-Jésus au Temple ..
Au-dessus vient la frise terminale, avec modillons à
volutes d'acanthe, arabesques, bustes saillants; et dans le
fronton du milieu, le Père-Eternel au milieu des nuages,
bénissant et portant le globe du monde.
Au revers de cette clôture monumentale on retrouve les
mêmes richesses de sculpture, et pour continuer le même
assemblage de la fable et de la bible, on y voit les travaux
d'Hercule correspondant aux épisodes de l'histoire de Samson.

t Hercule luttant contre le géant Antée;
2 Hercule armé d'une massue combatta nt l'hydre de Lerne;
3 Samson emportant les portes de la ville de 'Gaza;
4 Samson ouvrant la gueule d'un lion. . .
En examinant ce côté, on remarque qu'il n'est pas complet
et, en effet, on trouve encore dans la chapelle six colonnes
qui le complétaient autrefois, en correspondant à celles de la

façade ainsi que deux grands bas-reliefs qui faisaient partie
de la frise haute et continuaient l'histoire de la Sainte-

Enfance de Notre-Seigneur. Ces tableaux sont: la Fvjte en
. Egypte et lü ! 'JI}assacre des Innocents. :
. En terminant la description de ce monument si beau et
presque sans pareil, disons que le propriétaire actuel de
Rosgrand, M. le baron de Lépinau, l'apprécie à sa valeur et
le conserve avec un soin jaloux. Ajoutons que M. Allain,
ancien procureur de Id République à Quimperlé, en a fait en
189'1 un grand dessin à la plu me, qui est aussi un véritable
chef-d'œuvre. .

Ne sortons pas de la chapelle sans avoir lu quelques épi-
taphes et avoir examiné d'autres objets d'art · qui méritent
notre attention et proviennent peut-être pareillement de
l'église Saint-Michel. .
Dans un enf.eu, du côté de l'évangile, est une· grande dalle

avec quatre écussons différents et cette inscription:
. M. Simon Bernard Joly, Sr de Rosgrand, Kerguenre et c. 1774.
Une autre dalle porte cette épitaph e: Messire Simon Ber­
nard de Joly de Rosgrand, Sénéchal de la Sénéchaussée de
Quimperlé. .
hladame Catherine-Louise Briand du Stang, son épouse,
fondateurs, l'an 1774. : .
Le tabernacle du maître-autel semble être une œuvre de la
fin du règne de Louis XIV ou du commencement de Louis XV ;
il est tout couvert et tout entouré d'attributs sculptés: . tables
. d,e i'ancienne loi, deux livres, épitres et évangiles, corbeille
des pains de proposition, agnea u pascal, arche d'alliance

surmontée de deux têtes de chérubins, épis de froment, grappes
de raisin, ciboire, vase à vin, encensoir. ..
On voit aussi six chandeliers èn bois doré, genre Louis
XIII et quatre en bronze .
. Un reliquaire en bois, entouré de quatre têtes de chérubins.
Q~atre autres entourés de gloires. . ..

Un en forme de ca~sette - conten~mt . un grand os. .
Contre l'un des murs est un petit retable à deux colonnes
et deux pilastres sculptés, ayant dans les écoinçons deux
renommées tenant des palmes, et des cornes d'abondance.
sur le pavé sont deux statues en pierre, du XVe siècle,
représentant l'Annonciation: la Sainte-Vierge debout, à côté
d'un prie-Dieu; l'ange Gabriel à genoux tenant une bande-
role.
Signalons encore un groupe en haut-relief représentant le
baiser de Judas.

Une statue de' la Vierge-mère. - .
Une statue etl pierre de saint Yhuel, représenté la tête
découverte, robe longue et coule sans capuchon.
Luc. Saint Mathieu. ' . . . ' ..
Saint
Saint Isidore, qui semble être du XVIe siècle- : cheveux
longs, braie· assez étroite, gilet long, ceinture à boucle, veste,
col tombant en rabat des deux côtés; il tient 'un bâton et une

poignée d'épis. . ' .
. Saint Cado, style XVIIIe siècle, chape, mitre, bâton abbatial.
A l'entrée du chœur, sont comme deux longues gaines en
bois qui, d'après une inscription, auraient renfermé la

première et la deuxième crosse de saint Cado, mais ces deux '
précieuses reliques de cet aimable saint n'existent plus. .

J.-M. ABGRALL . .

Chanoine honoraire.