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Bulletin SAF 1902


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Vie de Saint-Germain l’armoricain, évêque et confesseur

S. Baring Gould

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VIE DE SAINT GERMAIN L'ARM03ICAIN

EVÊQUE ET CONFESSEUR
Par M. S. BAHI:\'G GOULD (1)
SOMMAIRE. Les deux Saints Germains ; Textes historiques;
Impossibilité de les concilier entre eux si on les applique au seul Saint
Germain d'Auxerre. Les différ ents Saints Germain ou Garmon; Saint
Garmon mac Goll. Saint Germain l'Armoricain, fils d e Restitutus le
Lombard; sa famille. Sa patrie ; les bretons de Hy Baird. Ses mis-
sions et ses disciples. Son rôle politique. Sa mission à l'île de Man.
- Sa mort. Culte dont il est l 'objet.
Les historiens ont confondu d'une façon presque inexpli­
cable deux Saints Germain: l'un originaire d'Auxerre, l'autre
né en Armorique et mort premier évêque de l'ile de Man. Ily
a là, certainement, deux personnages distincts, mais ils sont
confondus da.ns les Généalogies des Saints.
Il n'est pas possible de concilier chronologiquement les
récits qui les concernent: d'une part on dit que Saint Ger­
fond~ en collaboration avec Saint Loup, un
main, d'Auxerre,
monastère à la tête duquel ils plaeèrent Saint IllLyd et Saint
Cadoc; d'autre part, les Généalogies nous apprennent que
cc Cat'yg était Je chef du monastère que Saint Garmon ap
« Rhedyw fit fonder à Llancarfan, près de Saint-Dyfrig,
(( quand il était archevêque de Llandaff, lequel couvent
« fut fondé en même temps que celui d'I1lt.yd, en Galles,
« par Saint Garmon et Saint Bleiddan (Lupus) quand ils vin­
(( rent dans ces îles pour renouveler la foi et le haptême (2). l'
cc L'étatlissement religieux de la ' famille de Cadell
Cl. Deyrnllwg était Bangor Garmon appelé aussi Llanfeithin
«( L1ancarfan où Bangor Catwg. »

( [) Traduction de M. Bou rde de la Ragerie.
('2 ) Manuscrit d'lolo, p. 130. .

IC Ici suit l'histoire du lignage de Emyr Llydaw, qui fut
(1 envoyé dans l'île de Bretagne pour restaurer la Foi et leBap­
« tême. Cette famille vint en celte île en deux groupes
Il monastiques. Le premier arriva avec Sétint Garmon et
Il s'établit dans le couvent de Saint IlItyd, le second vint
Il avec Saint Cadfao el se fixa à Bardsey. »
« La première des deux trou pes de moines qui vinren l en
« cette île fut celle de Garmon, saint évêque, fils de Rhedyw,
(1 un saint du pays de Gaule el onclf' de Emyr Llydaw, fils
« d'une sœur de Garmon; au temps de Cystensin Llydaw
II il VÎllt en ce pays où il resta jusr{u'au temps de Gwrthwyrn,
« après quoi il alla en France où il moul'ut. Il fonda jeux
« chœurs de saints el y plaça des évêques et des hommes
({ pieux afin qu'ils pussent instruire la race des Cymri dans
« la foi chrétienne. car ils avaient erré dans leur doclrine Il
(( fonda un couvent à Llancarfan et y plaça comme chef Saint­
« Dyfrig; lui-même était. évêque. Un autre monastère fut
« établi dans le voisinage de Cœnvorgorn où il placa Illtyd
Il comme chef, ct Saint Bleiddan était. chef évêque. Ensuite,
« il établit des éVl~ques en Llandaff, fit Dyfryg archevèque
Il et désigna Saint Calwg ap Gwynllw pour lui succéder dans
" le couyent de Llancarfan II choisit l'archevêque de LlandafI
« pOUl' être évêque en ce lieu ILancarvan) (1)
« Garmon fonda Lla'ncarfan (2) n.
Parmi les stances des II Achievements ») composées par le
Il Blue Bard of the Choit' », se trouve celle-ci:
« L'œuvre de Garmon, personnage paisible, fut un o'\'and
f, trdvail, une belle résidence, J'établissement des Saints -
c( dans un couvent, dans une habitatio:l sûrA (3) n.
Et dans les '( Olher Achievements », nous lisons:
Cl L'œuvre de Garmon, fils de Rhedig, fut l'éta.blissemeot
(1) Ibid, p. 131.
(~) Ibid. p. 120.
(3) Ibid, p. 26:2.

« de l'ordre parmi les ecclésiastiques et de la Foi à une
« éporrue où elle était reniér. ", et plus loin: « L'œuvre de
" Garmoll, le Saint de Galles, fut l'obtention de privilèges
(1 pour les Saints et les églises, et il les obJ.int à la cour des
(1 demandes de L1yr Mel'ini (5) ')
Une ancienne généalogie donne:
« Garmon, fils de Ridicius, à l'époque de Gwrtheyrn, vint
« de France en cette île (6) ,) .
« Garmon ab R.edg.idus: il vint de France et du temps de
« Gwrtheyrn il vint en cette lie (i) n. .
Or, Germain d'Auxerre séjourna en Bretagne en 429 et en
. 44i, mais à chaque fois pour peu de temps, à peine un an
de son dernier voyage. Il est par conséquent peu probable
lors
(lit fondé des monastères; il était trop occupé à lutter
qu'il
contre le Pelagianisme dans les assemblées dl1 clergé et du
peuple. Son voyage dans le Sud du pays de Galles n'est
autorilé, sinon par les récits cie ses fonda­
attesté par aucune
de Caerworgorn et de L1ancarvan, et l'on doit remar-
tions
quel' que l'opinion qui lui attribue la création de Llancarvan
contl'f'dite par l'histoire de l'établissement de ce monas­
est
Catwg (Cadoc).lll1yd avait été converti par
tère par Saint
Saint Catwg, salls doute Catwg l'ancien, fils de Brychan, que
Cadoc IlItyd, à
pour éviter loute confusion nous appellerons
son tour, devint un célèbre maîlre de saints et eut sous sa
mort en oSH ('lU peut-être même
direction Saint David,
en 60'1, Saint Samson mort âgé de 8~ ans quelque
temps après f55ï, Saint Gildas mort en 5iO et Saint Paul de
Léon mort vers 575 .
Si nous supposons que la durée moyenne dans une généra­
tion est de 33 ans, nous aurons comme date approximative

(5) Ibid,p. 263.
(61 Myr. Arch. 1., p. 416.
(7) Ibid, p. 4'2;=). .

1 mort d'Illtyd 537 environ, s'il était alors âgé de 77 ans,
de a , !. ' " • ' • .,
" 'le de Saint Germain, en Grande-Bretagne. En ontre, Il .
v ISI . , . . , ' .
â ré d'environ 30 ans. Il est dIfficIle qu Il SOIt devenu un maltre
visite de Saint Germain d'A uxerre.
Nous savons que Callwg Ddoeth fut placé par Saint Ger­
main à Llancarfan. Saint Cattwg était contemporain de Saint
Gildas et son ami intime. Il mourut vers 570, probablement
en fJ77 Il naquit à la fin du cinquième siècle ou au commen­
cement du sixième et mourut un siècle après la dernière visite
de Saint Germain.
Les GénéalogiesrapportentC[ueDubriciusfut établi Flrchevê- .
Saint Germain. Or, il n'y avait pas d'archevêque en
que par
Bretagne et certainement dans le pays de Galles au cinquième
siècle. Mais laissant ceci de côté, nous savons que Dubricius
assista au synode de Brefi ; nous n'en connaissons pas la date
exacte, mais, pal' Rycemarch, nous savons qu'il se réunit peu
d'années avant le synode de Victory, qui est de 569 d'après
les Annales Cambrire. Nous ignorons si Dubricius assis­
tait à ce second synode. mais il était certainement au premier
si l'on doit ajouter foi au récit de Rycemarch. En sup­
que le synode de Breffi ait été tenu en 560, il
posant
devient tout à fait impossible que Saint Germain l'ait nommé
évêque de Caerléon et maître des Saints en .l47. Constantius,
ceci doit être noté, ne dit pas un mot dans sa biographie du
Saint, de ses prétendues fondations de monastères en Grande
Bretagne.
Il est vrai, toutefois, que Gvvorthp.yrn régnait en 447, mais
ce ne fut qu'en 449 que Sain t Germain excita les bretons à la
guerre contre les Saxons.
Les traditions galloises reproduites dans les pages de
Nennius font de Germanus un antagoniste déterminé de

Vorligern et la cause première de sa ruine et de s'a mOl't et
cela à cause des empiètements des Saxons; ceux-ci s'étaient
de combattre les Pictes; il n'en était
contentés d'abord
plus ainsi en 4:57 quand ils gagnèrent la bataille de Crayford
et chassèrent les Bretons du Rent, ni en 465 quand · une
grande et réelle victoire remportée sur douze chefs bretons à
Ebbesfleet montra que les Saxons étaien t un danger menaçà n L
pour la Bretagne. On raconte que les Bretons se révoltèrent
alors contre Gwortheyrn, 17 ans apl'f~S la mort de Saint
Germain d'Auxerre - et ils furent conduits par un Saint
« Germanus l).
Nous devons certainement écarter le récit donné dans les
généalogies galloises d'après leqùel Saint Germain fonda
des monastères en collaboration avec Saint Loup, car on

doit observer que Saint Loup accompagna Saint Germain
ceci reculerait la fonda­
seulement dans s'a première visite, et
tion de 18 ans. Admettons une erreur et prenons pour base
la seconde visite, il reste impossible de concilier les données
des gé"néalogies avec la chronologie, mais sommes-nous en
droit de faire cette concession alors que les généalogies attes­
avec une égale emphase la présence de S~int Loup et
tent
l'établissemeut des monastères de Saint Germain?
Nous sommes amenés à rechercher s'il ne s'est pas élevé
une eonfusion entl'e deux hommes portant le même nom.
Qu'il y ait eu plus d'un Garmon ou Germanus nous le
savons, les généalogies nous font connaître chez les Gallois
Garmon ab Goronwy de Gwareddog un Saint du couvent de
Beuno, ceci est sans importance, car Beuno existait au VIle
sièçle (1). Les généalogies irlandaises nous révèlent deux
Germanus, Mac Goil et un Mogorman ou Germanus, évêque
de Man.
Le premier est probablement un de ces ( fils de Goll ))

(1) Manuscrit d'lolo, pp. 143-114 .

'on est faite dans la vie de Saint Ailbe ; le saint le
dont men l , .
., a' son retour de Rome pres de la Rance, ce Germanus

renco 1 a " ' ..
uelques autres évêques Irlandais remonta la rIVlere
avec q . . " R l f' 1
. . t des fondations sur la route Jusqu a ennes e lOa e-
all
fals . . ,
aaana Reims en 509. Nous pouvons laisser de cote ce
men t> t> •
Gertnanus et passer au SUIvant.
Moaorman ou Mogormon étaitfils deRestitu tus « leLom_ barcl »
sœurs et des lleveux de Saint-Patrick est si obscure el si
embrouil1ée que nous ne nous y aventurerons pas, mais il est
la tradition Patrick eut un neveu, un
certain que d'après
compagnon de travail nommé Germanus, ou avec le préfixe
En Gallois Germanus se dit Garmon et
familier Mogorman.
en Irlanda is Gorman. .
dans Trias 'l'haltmalw'ga, appendi:r V Chap. IV, p.
Colgan
227 a une dissertation sur ce Germanus et cite les gloses du
martyrologe de Tallagh ; il ajoute Mogorman ou Mo-Gorman
le Saint Germanus ou Saint Gorman qui
est probablement
est fréquemmellt mentionné par les hagiographes et dont la
mémoire est fêtée le 2J octobre suivant les martyrologes de
Marianus O'Gorman et de Donegal ; il est le même que le
Saint Germanus inscrit au ~) juillet par l'Auctarius d'Usuard
et au 30 juillet par les martyrologes de Tallagh et de O'Gorman.
Mais Colgan est d'avis que Germanus Mac Goill ou Mac Goll
est le même que Germanus fils de Restitutus « le Lombard »
el de Liarnana. Ceci cependant est difficilement admissible: il
suppose que Mac Goll signifie fils de la Gaule et queRestitutus,
étant originaire de l'Armorique, fut appelé Gaulois. Et pour
le premier évêque de Man était le
prouver que Germanus,
neveu et disciple de Saint Patrick il cite les curieuses légendes
du bréviaire des chanoines réguliers pour l'office de Saint
d'après lesquelles Sa.int Patrick et son disciple et
Patrick,
Saint Germanus auraient été chanoines réguliers .
coadjuteur
à Rome. Cette assertion, soit dit en passant, est inadmissible

Car il n'y avait pas de chanoines réguliers au Ve siècle, mais
on voit que d'après la tradition Saint Pat.rick et Saint Ger­
manus allèrent à Rome et que le second travailla sous la
direction du premiel'. Les renseignements que nous pOuvons
recueillir au sujet de ce Germanus ne sont pas tous des plus
sùrs mais permetlent cependant de conclure que Mo-Garmon
fut en' relations avec Patrick Mac Calpurn et avec Patrick
Mac Sennan, duquel nous nous occupons présentement.
Le surnom de (( Lombard », donné à Restitutus est emba­
Il est aussi appelé (( Hy Baird )} el il est désigné
rassant.
comme étant des (( Lombards de Letha ) (1).
Letha est synonyme de Llydaw et de Letavia, noms donnés
à l'Armorique par les Irlandais el les Gallois. Il n'y avait pas
de Lombards dans l'ouest de l'Europe au temps de Patrick;
ce ne fut qu'en 512 qu'ils vainquirent les Hérules; en 566 ou
567 ils détruisirent le roya u me des Gépides 'et se rendiren t
maîtres de la Pannonie et en 1)69 seulement ils parurent dans
le nord de l'Italie. Le surnom de Lombal'd donné à Restitutus
est sans doute dû à une méprise, à une confusion relative-
les mots (( Hy Baird ») ; les Baird étaient
ment récente avec
une peuplade qui occupa une portion de la Létavia (( Patrick
« et son père Calpurn, sa mère Concess ... , ses cinq sœurs,
( Lupait, Tigris, Liamana, Darerca et Cinnetium et son frère le
(( diacre Sannan partirent d'Ailcluadp, sur la mer ( Ictian »
t( (la mer de la Manche) pour aller vers le midi chez les Bretons
«( d'Armorique, c'est-à-dil'e les Bretons de Letaoia : car en ce
(( temps, certains de leurs parents habitaient eo ce pays)) (2) .
y devint mère de Germanus.
Liamaio y épousa Restitutus et
(1) Préface de l'hymne de Secunc\inus. Liber Hymn. II. p. 3-4 ..
'(2) Glo~e sur l'hymne de Saint Fiacre Vie Tl'ipartite II p. 4·!3-'l l fi.
- Le Livre de Leinster sur les {"milles des saints irlandais cite « Lupait,
sœur de Patrick, les fils de Hua Baird, Sechnal, Nectuin, Dabonna, Mogor­
man (Mogarmon), Darioc, AusaIlle, le prêtre Lugnaid », Whitley Stokos:
Vie T1"ipartite II. p. 549.

·1· s Isserninus èt Secundiilus ' sont aussi norrimés aU
AUXI lU , .
e fut pas un second nom de Llamana. Vn autre frere ou
l'hymne de Saint Fiacre, Sannan le diacre fut père d'un
autre Patrick. ('1) Auxilius, Isserninus et Benignus allèrent
en Irlande travailler aux missions en 438, date qui nous est
révélée par le « Chronicon Scottorum » et les annales d'Innis­
faHen ; il n'est pas dit que Saint Germain les ait accompagnés . .
Nous apprenons par la vie de Saint Cieran que quand il
était sur le continent il rencontra un certain Germanus qui
dans la suite alla en Irlande, où ils se retrouvèrent plus tard (2).
Mais qu'étaient ces Huy Baird, ou « Lombards de Letha »,
cette race à laquelle appartenaitRestitutus, pèredeGermanus?
Nous avons à proposer une conjecture qui doit être prise pour
ce qu'elle vaut. .
A l'ouest de Quimper, en Cornouaille, est le pays dit des
Bigoudens occupé par une race très particulière différente
à l'apparence extérieure, des véritables Bretons.
quand
confinés dans la péninsule qui se ter­
Ils sont maintenant
mine au Nord au Cap Sizun et au Sud à Penmarch~ mais
il est possible qu'ils aient occupé anciennement une région
plus étendue vers le Sud et vers l'intérieur des terres. EtaÎt­
ce ce peuple que les colons Bretons et Irlandais appelaient les
« Hy Baird? » Nous allons rapporter quelques faits qui
tendent à le prouver.
Nous ne savons pas quand Saint Germain rejoignit Saint
Patrick en Irl,ande, mais ce fut probablement à la même
époque qu'Auxilius, Isserninus et Benignus. II s'était produit
des troubles en Armorique: « Le motif qui détermina Saint
(1) Trias Thaumaturga. Append, V, Cap. IV p. 225.
('2) Acta SS. Hib. Cod. Salam Col. 815.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINlST~RE. - TOME XXIX (Mémoires) 1'2

«( Patrick à passer en lrlande fut celui-ci, nous dit l'auteur
- "de la préface de l'hymne de Saint Sechnall : sept fils de
« Sechtmaide, roi des Bretons, étaient en exil et pillaient
((. l'Armorique de Letha. Ils furent assaillis par un corps de
_ « bretons de Nil Cl uad ; Calpurn mac Fohaid, père de Patrick,
" fut tué et Patrick et ses deux sœurs furent fait prison­
« niers ('1) .». Il y a là une erreur en ce qui concerne la
captivité de Saint Patrice, le Saint avait été fait prisonnier
en Ail Gluid et non en Armorique. Mais ce récit atteste la
tradition d'une incursion et d'un massacre accomplis en
Armorique à une époque tardive.
Saint Germain alla en Irlande et y travailla, mais peu
de temps. Il n'y fonda qu'une seule église Kilgorman, au
Sud d'Arklovv, dans le comté de Wexford. Elle se trouve dans
de Hy Cinselach, entre l'Avonmor et le
l'ancien territoire
Glas an Ascuil, maintenant dite rivière de Kilgorman; à
de ce fleuve ·se trouve un dangereux banc de
l'embouchure
sable appelé banc de Kilgorman (2). .
Nous apprenons d'autres détails par la vie de Saint Brieuc:
la baie de Wexford qui, en Irlandais, porte le nom
traversant
de Loch-Gorman, Saint Germain arriva à Ceretica ou Cere­
digion et fit la connaissance de Cuerp ou Cairbre, un des
chefs Irlandais, qui gouvernèrent jusqu'à ce qu'ils fussent
chassés par les fils de Cunedda. Cuerp et sa femme Eltrude,
lui confièrent leur fils pour qu'il l'instrui­
d'origine Saxonne,
le Saint emmena l'enfant avec lui dans son pays natal
sit;
Paris (3).
et plus tard à

(1) Lib. Hymn, p. 3 .
('2) Shearman: Loca pa triciana, p. 169.
(3) Vita Sancti Bl'ioe: Ed. Plaine, Analecta BoI l. P. II, pp. 165-1 G6. La
chronologie de la vie de Saint Brieuc, é ablie par Dom Plaine et A. de La
Borderie, repose entièrement SUI' l'opinion que le Saint Germain men­
tionné dans la vie, est Saint Germain, évêque d'Auxerre. Or l'auleur n'a
pas une seule fois parlé d'Auxerre. Si nous abandonnons l'idée que Brieuc
était un disciple de Saint Germain-l'Auxarois, la chronologie adoptée par
ces auteurs devient tout à fait inadmissible.

1 es b b '1' , fi
son pays natal, l'Armorique, et la pro alIte est con Ir-
da ns . . " ,
Cornouaille, dans la reglOn que nous supposons aVOIr
en B . dl'
été habitée par le clan des Hy. all~ auque ' appartenaIt son
ère c'est-à-dire le pays des BIgoudens. .
de Chateaulin, il est le patron de la paroisse; il est
vénéré à Riec et à Clohars-Carnoët, près de
aussi
Pont-Aven Mais ce n'est pas ' tout: on peut trouver
la même région des souvenirs de ses élèves, non pas, il
. dans
est vrai, de Saint Iltud qui, à cette époque, devait être très
el qui abandonna la vie monastique pour suivre la pro­
jeune
fession des armes qu'il quitta plus tard pour revenir à son
ancienne vie, mais on trouve des sanctualres consacres a
Saint Brieuc et ù Saint Patrick. Dans cette même péninsule
des Bigoudens, il existe des chapelles de Saint-Brieuc à
et à Plobannalec; on ne peut en expliquer
Beuzec-Cap-Sizun
l'existence en cette région qu'en sUPPQsant que le Saint y
séjourna quelque temps. Il n'était encore qu'un disciple, mais
c'était une partie de l'appTentissage de la vie monastique
d'envoyel' les jeunes novices dans les lieux inhabités pour
méditer et prier. Ainsi Saint Pol de Léon, encore enfant,
alla dans la solitude et y construisit un oratoire et une cellule.
Riec, paroisse dont Saint Germain est le patron, existe une
chapelle de Saint Patrick. .
Nous ignorons si Saint Germain était né à Pleyben ou à
Plogastel-Saint-Germain. Nous pouvons conjecturer que dans
où l'autre de ces localités, il donna son patrimoine à
l'une
Il alla alors à Paris sans doute pour la même raison, 1
l'église.
qui y conduisit plus tard Saint Paul de Léon, Saint Tugdual,
Saint Léonore (ou Lunaire) et Saint Samson, c'est-à-dire
pour obtenir la confirmation de donations par le Roi des
Francs. Il resta probablement peu de temps à Paris. La vie

-' .j So
de Saint Brieuc ne fait aucune mention de séjour en Armo_
rique et nous pouvons seulement supposer que Germanus y
résida quelque temps avec ses disciples. Il quitta Paris pOlir
la Grande-Bretaglie. Nous pouvons syncroniser son retour
avec le voyage fait par le grand apôtre de l'Irlande en Grande­
Bretagne et en Gaule à la recherche de nouveaux mission­
naires pour ses glorieux travaux: la mission avait réussi:
les champs étaient couverts de moissons, mais on manquait
de moissonneurs. Afin de trouver des collaborateurs, il quitta
l'Irlande. .
sa vie de Saint Patrick, écrit: « Sanctus in
Joseclyn, dans
(c regressu suo aliquantisper in Britannia propria patria
c( moratus, monasteria muIta fundavit atque a paganis
(, destructa reparavit. Monachorum sacris conventibus se­
(( cundam formam religionis, quam eis prœfixit, annuentibus
C( ea replevit et triginta episcopos ex transmarinis partibus
« congregatos, ei a se consecratos, in Dominicam messem
« destinabat li) )). Il est peu probable que Patrick ait fait
des missionnaires autre chose que de donner
pour l'éducation
des instructions générales; on le rappelait en Irlande et,
d'autre part, il avait des amis dans lesquels il avait confiance
le thème dont il avait indiqué les grandes
pour exécuter
et. qui aurait été plus à portée d'exécuter ces desseins
lignes;
que son neveu Saint Germain? Nous pouvons conjecturer
avec quelque vraisemblance que ce fut à cette époque que
Saint Germain quitta Paris pour répondre à l'appel de
Patrick, que ce fut lui et non son homonyme d'Auxerre qui
entreprit de restaurer les monastères du Sud du pays de
Galles, et que ce fut Saint Germain l'Armoricain que choisit
Saint Patrick pour exécuter cette part importante de sa tâche:
des travailleurs pour les missions d'Irlande.
préparer
Nous ignorons la date du voyage de Patrick, Shearman

(1) Acta SS. Boil. Mart. t. Il, pp. 573-574 .

Cattwg
à Caer~
worg . Le glossaLeul' de l'hymne de Saint FIacre nous
orn
Bretagne pOIU l'aider à détruire ['hérésie pélagIenne CecI
peut être expliqué de deux mani ères. L'auteur de l'hymne
pas Saint Fiacre, certainement, car il parle de la
qui n'était
désolation de Tara, donne le résumé de la vie du grand
Patrick; le scholiaste écrivit plusieurs siècles plus tard,
quand une confusion s'était établie entre les deux Germain et
Patrick et Pal1adius. Peut-être veut-il dire que
aussi entre
Patrick, accompagna Germain
Palladius, qui fut aussi appelé
en Grande-Bretagne en ldW, ce qui est a~sez pro­
d'Auxerre
bable, ou peut-être d'autre part a-t-il confondu Germain
Patrick l'apôtre avec
d'Auxerre avec Germain d'Armorique et
Patl'ick, ne\-eu de l'apôtre. Il peut avoir entendu dire que
Gel'main (l'Armoricain), quand il alla en Grande-Bretagne,
fut accompagné par son disciple Patrick (le jeune), il peut
s'être rappelé ce tl'ait et l'avoir appliqué à l'ancie'n Germain
et il l'ancien Patrick. NOLIS pouvons conjecturer que Germain
l'Armoricain prit avec lui son discipl e Patrick et qu'à la
même époque son autre disciple Brieuc le quitta pour aller
revoir ses parents. Mais les renseignements donnés par le
scholiaste sont trop , incertains pour qu'on en puisse dire
Nous pouvons suggérer des proba­
aucun argument sérieux.
bilités, nous ne pouvons pas faire plus. Si Saint Germain
l'Armoricain se rendit en Grande-Bretagne à l'appel de
l'apôtre del'Il'lande, il est vraisemblable qu'il emmena ave~
lui le neveu de c~ Saint pour le présenter à son oncle et le
mettre à sa disposition pour les travaux qui restaient à
accomplir.
. (1) Lo~a Palt'/ci"!ia, p. 152. On peut constater avec quelle facilité les
gencaloglstes gallOIS ont pu commettre des erreurs Germain d'A
était fils de Rusticus et Germain d'Armorique était Ïils de ReStitutu~~erre

Nous lisons dans la vie de Sainte Ninnoc : ( Sanctus Ger-
« manus episcopus ex Hibernensium regione transmissus a
« sancto Patricio archiepiscopo venit ad Brochanum, regem
« Britanniae (1) J), La vie de Sainte Ninnoc n'est pas une
autorité bien sûre, mais elle monlre qu'une distinction doit
être faite entre Germain, disciple cie Patrick et l'évêque
en outre, que le premier alla dans le pays cie
d'Auxerre et,
Galles. On pourrait encore citer les récits légenclaires que l'on
trouve clans Nennius concernant Germain et Benlli, roi cie

Powys, et Gu~theyrn (Vortigern) qu'il est impossible cI'appli-
quer à Germain d'Auxerre. Quoique que ces bisloires nous
soient parvenues sous une forme fabuleuse, il est probable
qu'elles rl'nferment une part de vérité. Le plus ancien auteur ,
cie Germain et de Benlli, est Mark,
qui ait relaté l'incident
qui avait vécu longtemps en lrlancle et qui
évêque breton,

raconta l'histoire à Héric ; celui-ci l'écrivit à la fin clu IX siè-
cle. Le récit de Nennius, quoique cie date plus ancienne,
plLis riche en · merveilles et quoique sans doute Mark
est
son histoire- est inspirée cI'un texte
ait consulté Nennius,
de ceux qUI nous sont parvenus cie
plus ancien qu'aucun
cet auteur (2). Héric ne nomme pas le Roi, ni l'homme que
Germain éleva au trône, il les avait probablement oubliés,
ces 'noms par Nennius.
mais nous connaissons
Lors d'un hiver rigoureux. pénible pour les animaux aussi
bien que pour les hommes, Germain et ses compagnons arri-
vèrent devant le palais du roi Benlli cie Powys; on lui en

(1) Vita Sancti Ninnochi dans le Carlulaire de Quimperlé, Pars. 1&96,
in-4°, p. 18.
('2) Fertur unum famosum intel' caetera. cujus ael nos nolitin pel' sane­
tum senem Marcum, ejusdem .genlis episcopurn flecuC:llrl'it; qui nalione
Hibel'l1ia. post longa ponlificalis sanctitatis
qnidem Brito,-educalus vero in
exel'cilia. ultroneam sibi peregrinaLionem inelixit. Sic lrnc!llclus in Fran­
piissimique regis CaroU (Calvi) munificenlla i!lectus, apud beatorurn
ciam,
Medardi et Sebastiani eœnobium anachoreticum exercet vitam. (De Mirac.
Saint Germani. Ed. Migne, 124. Col. 1'245).

refusa l'entrée mais le porcher du Roile prit en compassion,
fil enlrer dans sa cabane et tua un veau pour les nourrir.
les
«( obj\ll'galione ycrborurn, CUl' sibi pridie hospitium negavent,
.. ScYrl'US exquisiYiL )'. Le Roi ne trouvant rien à répondre.
le Saint le réprimanda ainsi que ses courtisans, et lui
ordonna d'abandonner son trône. Le Roi s'enfuit avec sa
f mOle el ses enfants ct alors Germain éleva le porcher sur le
trône vacant; suivant ~lal'k. ses descendants régnaient
ncore de son temps.
Dans le livre de Nennius, tel qu'il nous est parvenu, l'his-
toire est très embellie. Le matin, Germain renouvelle sa
demande d'être admis à entrer, non pas dans le palais, mais
dans la ville; le Roi refuse derechef et met à mort le messa­
de l'évêque, alors Germain pmn~ène hors de la cité le ·
ger
porcher el toute sa famille et., pendant la nuit, le feu du ciel
consume la yille, le palais, le Roi et tous les habitants. L'em-
dévasLé au temps de l'écrivain.
placement était encore
Le fail réel (ut sans douLe celui-ci: Benlli, roi dè Powys,
la haine d'une grande partie de son peuple;
a\'ait encouru
.. int Germain favorisa l'insurrecLion dirigée par Cadell
Deyl'lllug eL maudit le Roi suirant l'usage celtique. Les insur­
gés furent victorieux, Benlli fut expulsé, et Cadell Deyrnlug
devilit Je premier d'une nouvelle race de rois de Powys.
Benlli Gaw!' était roi à Jal ou Yale Royal, en Denbigh, et
son !ils Beli est menlionné dan~ le Hedda.n Milwyr ou Tom-
beaux des guerriers, St 73: .
« \Vhose the grave upon the Maes Mawr ?
« Pro.uel his hand Llpon the long-bladed spear,
(1 The grave of Beli ap Benlli Gaw!' )).
CL s'appuie SUl' l'épieu à la longue lame ». .
Nennius ne dit pas que Cadell fut un porcber, ' mais un

serviteur. Il récompensa Germain en lui donnant des tèrres
en Jal; telle est l'origine des églises fondées par Saint Ger­
main dans le Denbighshire.
Le second mouvement politique auquel Saint Germain se
trouva mêlé fut dirigé contre Gworthiern., L'illvitation aux
à assister les Bretons contre les Pictes avait élé faite
Saxons
non pas à l'instigation du seul Gworthiern, mais par décision
du conseil des chefs, ainsi que nous l'apprend Gildas (I ),
Cependant lorsque se produisirent les résultats de cette désas­
treuse résolution l'indignation et le ressentiment de la nation
se tournèrent contre Gworthiern, une conjuration se forma
commandée par Ambroisius Aurelius, d'origine romaine, et
le si caractéristique usage celtique il dema nda à un
suivant
saint de bénir l'entreprise et de maudire Gworthiern . Germain
fut choisi et une grande assemblée des chefs du clergé et du
peuple fut réunie pour accuser et arrêter Gworthiern (-2).
Mêlant les griefs de la morale à ceux de la politif]uf', Ger­
main résolut d'accuser le Roi d'inceste car il avait eu un
enfant de sa fille. « Pendant que la nombreuse assemblée des
« clercs et des laïcs délibérait, le faible roi ordonna à sa
« fille de venir, et en présence de tous de présenter son fils
c( à Saint Germain en déclarant qui était le père de l'enfant.
(t Cette femme effrontée (3) obéit, mais Saint Germain pre­
« nant l'enfant dit c( je serai votre père, mon fils, et je ne
« vous renverrai pas jusqu'à ce qu'un rasoir, des ciseaux et
« un peigne m'aient été remis, il vous est permis de les
(1) Omnes consiliarii una cum superbo lyranno cœcantul' adinvenienlE's
immo excidium palriae, ut ferocissimi i1li nefandi nominis
tale prœsidium
in insulam. ad retundendas aquilonales gente;; inlromillerentur.
Saxones
De excidio Brit. Ed. Williams, pp. 5?-54.
(2) Nennius dit que Germain réunit dans ce but· tous les laies et tous
les clercs de la Grande-Bretagne.
(3) Dans qu'elques manuscrits l'épithète est omise, elle ne se rcncontpe
pas dans le Nennius Irlandais.

à votre père selon la chair,. » L'e.nfant obéit à
• remettre . .. ,
rasez et coupez mes cheveux. » Le père
ère

« êtes m, , " .
it et se tut; sans répondre a 1 enfant, Il se leva dans
c roug f . d' ri'
e rande angoisse et s:en Olt, mau It et eonuamne par
«un g . N . . M d'
tout le Concile. » L'irlandaIs enmus aJoute: au It par
remier rang de ses mefalts, Il est certalO que son expul-
8U p .,., l 'l' .
sion fut due à l'indignatIOtl qu avaIt cause son appe Il aSSIs-
tance des Saxons.
Il semble que Gworthiern se jeta dans les bras du parti
païen, car le Nennius Irlandais le représente comme ayant
à l'aide des Druides, douze d'entre eux se réunirent
recours
et lui conseillèrent de se retirer aux extrêmes limites de la
Grande-Bretagne et de s'y fortifier. Ensuite vient la fabuleuse
légende de Merlin ou Ambrosius qU8 Gworthiern chercha à
tuer et à enterrer sous les fondations de sa citadelle à Gwynedd
dans la région d'Eryn ou Snowdon. L'endroit désigné est très
probablement Dinas Emrys, un rocher isolé, entouré de
forêts de tous côtés, dominant le L1yn y Dinas; quelques
de remparts sont encore visibles. Mais il fut encore
restes
chassé de cette retraite .et (( le Roi abandonna à -Ambrosius
« (en breton Emrys) cette ville avec toutes les provinces
Il occidentales de la Bretagne, et partant avec ses hommes
CI sages (les Druides dans le Nennius irlandais) pour le dis­
Il trict plus éloigné (Dyfed), il arriva dans la région nommée
« Guenel'i où il bâtit une cité qui de son nom fut nommée
Il Caer Gwortheyrn. » Soit qu'il ait été chassé dê Gwynedd
par Ambrosius, soit qu'il ait constaté lui-même qu'il lui était
impossible de s'y maintenir, il se retira en Dvfed.

Nous arrivons à l'histoire de l'entrevue des chefs saxons et
des chefs bretons: à un banquet les Saxons assassinèrent
les Bretons; trois cents nobles furent tués .
traîtreusement

Gwortheyrn fut épargné parce qu'il avait épousé la fille

de Hengist. mais il fut jeté en prison. «( Le roi captif
« 'recouvra sa liberté en cédan~ les trois ,provinces de
« East, South et Middle Sex, et en ' outre d'autres terri-
« toires du choix des vainqueHrs »Gwortheyr'1 se retira

couvert de honte en Dyf, d «( dans le royaume de Dimetia, où

« sur la rivière Towy il bâtit un château qu'il appela Caer
« Gwortheyrn. » Mais la colère des Bretons portée au plus
haut degré par le massacre et par la soumission du Roi aux
Saxons conduisit Saint Germain à se mettre à leur tête
contre le Roi impie. (1 Le Saint, comme d'habitude, le suivit
« et avec son clergé jeuna et pria le 'Seigneur pendant trois
« jours et autant de nuits. » La troisième nuit, à la troisième
des flammes tombèrent soudain du ciel et brulèrent
heure,
entièrement le château; Vertigern, la fille d'Hengist, ses
autres femmes et tous les habitants, hommes et femmes,
périrent misérablp.ment; telle fut la fin du malheureux Roi,
d'après la vie de 'Saint Germain. D'autr'es auteurs, cependant,
que, haï de tout le peupie breton parce qu'il avait
racontent
les Saxons, il prit la fuite; errant et vagabond, il
accueilli
chercha un lieu d'asile jusqu'à ce que le cœur brisé de dou-
leur il fit une fin ignominieuse ( l).
Les flammes tombant du ciel sont une répétition de la fable
la fin de Bennli de Powvs.
concernant

Gworthiern eut trois fils ; l'aîné était Gwrthefyr Fendrigaid
ou Vortimer, qui mourut avant son père, après avoir coura-
geusement lutté contre les Saxons, en 4ti7. Le second,
le Categivn de Nennius, fut aussi tué dans une
Cyndeyrn,
bataille contre les Saxons et le troisième f.ut Pascent « qui
« règna dans les deux provinces àe Builth et Gworthegirnaim
« iRadnor septentrional et BrecknockL après la mort de soo
« père. Elles lui furent confirmées par Ambrosius qui était

(24) Nennius, chapitre XXI.

Cl e l"
avait d'autres enfants, Faustus, l'enfant de Inceste, Edeyrn,
Aerdeyrn et Elldeyrn, 'qui devinrent saints .
Germain avait accompli sa double mission: il avait établi
des collèges de missionnaires dans le Sud clu pays cie Galles,
il avait sanctionné et béni l'usurpation d'Ambrosius Aure-
lius: il partH pour l'île de Man, dont il devint le premier
~vrque et l'apôtre. Jocelyn, auteur de IR sixième vie de Saint
Patrick, insérée dans la collection Colgan, écrit: « Quemdam
CI discipulorum S. Patricii virum sanctum et sapientem
II. Germanum nominatum, in episcopum promotum, illius
(1 gentis ecclesiae noveJ1ae regentem praeposuit, et in quo-
« dam promentororio 'quod adhuc insula Patricii vocatur, eo
« quod ipso; bidem aliquantulum demorabatur) episcopalem
• sedem posuit » ('i). '
On sait que Gerli1ain appela son disciple Brieue pour
l'aider par ce fait que Saint Brieuc fut honoré clans les
églises que Saint Germâin ayait fondées à Kircudbrigt et
Rolhesay. On dit aussi que Saint Patrick travailla dans l'île

de Man (~) , mais il est possible que cette tradition soit le
résultat d'une nouvelle erreur et que, dans cette circonstance,
Patl'ick, disciple de Saint Germain l'Armoricain, ait 'été
confondu avec Patrick, l'apôtre; où ce qui est encore plus
probdble: Saint Patrick se rendit à Man et y posa les fonda­
tions de l'église à la tête de laquelle il plaça comme premipr
évêque son neveu Germain et celui-ci se fit assister, non
seulement par Saint Brieuc, mais aussi par ·son neveu et
disciple Patrick.
Suivant les Annales Irlandaises, Saint Germain mourut en .

(1) Trias Thaum. Vila Sexta, cap. 92, p. 80.
(2) Ibid, p. 559.

447 (1). Sa mémoire était célébrée à l'île de Man le 3 juillet.
Il n'est pas mentionné dans les Martyrologes Irlandais.
Son église près de Peel-Castle est appelée Kirk-Jarman.
Les sanctuaires consacrés à Saint Germain, dans le Nord du
pays de Galles, se trouvent dans Je pays où il lutta contre
Benlli et Gwortheyrn. Sans doute Cadell .Deyrnlug le récom­
de J'aide qu'il lui avait apportée en lui donnant des
pellsa
terres.
Dans la Cornouaille Anglaise 00 trouve Saint Germain sur
le Lynher, anciennement centre monastique et ville épisco-
nous pouvons su pposer que c'est un des collèges
,pale,
monastiques fondés par Saint Germain l'ArmJricain à la
demande de Saint Patrick, dans un lieu moins exposé
aux invasions des Saxons que ceux établis en Morgavyg.
Dans le Devon, nous trouvons l'église paroissiale de Weck
Saint Germans. .
En Basse-Bretagne existent des sanctuaires dédiés à Saint
Germaio à Clohars-Carnoët et à Riec, près de Quimperlé, à
Plogastel-Saint-Germain, à J'Ouest de Quimper, à Kerlaz, à
Pleyben et à Laz, dans l'arrondissement de Chateaulin, et à
Plougonven, près de Morlaix. Toutes ces églises ou chapelles
le Finistère; dans le diocèse de Vannes on
sont situees dans
ne trouve aucun sanctuaire consacré à Saint Germain l'Armo-

ricain. Les églises du nom de Saint Germain que nous reo-
(1) Il existe une lacune pour les années 360-4-89 dans les Annales de
Tighernach, mais dans 0' Conor • Rerum Hibernicarum Sriptores », II,
p. 114, on trouve -A. D. 47. « Gerrnanus primo Mannias episcopo defunclo
" duo successore~ a Sanclo Patricio ordinati sunt, Connindorus et Romu­
• lus, quibus postea successit Maccaldu5 ", et il cite comme autorité les
Primordii d'Ussher. L'autorité d'Ussher est sérieuse, car il n'est pas dans
les habitudes de cet auteur d'avancer de conjectures. La mOl't de Saint
Germain n'est pas mentionnée dans la Chronicon Scottorum, dans Ulster,
ni dans les Annales d'Innis Fallin .

le et-Villaine appartiennent à un autre Saint:
controns en - ,
. on n'a eu pour lui aucune reconnaIssance. Il a partout
reus , . .
l'AuxerrOIs.

(1) On trouve encore des chapelles dédiées à Saint Germain dans les
paroisses de Glomel et de Langonnet; ces localités qui faisaient partie,
Révolution, du diocèse de Quimper. appartiennent maintenant
avant la
au département du Morbihan et au diocèse de Vannes. Dans le l'este du
les s lnctuaires dédiés à Saint Germain sont très peu nom­
Morbillan,
breux, nous citerons, cependant, une chapelle près d'Hennebont. Le
culte de Saint Germain d'Auxel'l'e pénétra de bonne heure dans l'Ouest
de la France, particulièrement en Basse-Normandie et plus enCOl'e
dans le Maine. Il est possible que les églises d'Ille-et-Vilaine qui portent
Ces églises,
aujourd'hui son nom lui aient été dédiées dès leur origine.
se trouvent dans des régions qui ne furent pas occupées par les
en effet,
de Grande-Bretagne; Saint Germain de Rennes, Saint Ger­
émigrés venus
sur Ille, Saint Germain en Cogles, Saint ûermain du Pinel. Il est à
main
remarquer que les églises voisines de ces localités sont dédiées à la Vierge
ou à Saint Piefl'e, ou à des saints français, tels que Saint Brice, Saint
Marlin de Tours, Saint Martin de Vertou, Saint Sulpice, Saint Médard.
(Note du traducteur( .