Responsive image
 

Bulletin SAF 1902


Télécharger le bulletin 1902

Deux Pères Jésuites, missionnaires, oncles de Latour d’Auvergne-Corret

J. Trévédy

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes


VII.
DEUX PÈRES JÉSUITES, MISSIONNAIRES,
Oncles de La ToClr d'Auvergne-Corret.
Théophile-Malo Corret~ illust.re sous le nom de La
Tour-d'Auvergne et sous le titre de PTemier GTenadie1' de
France (1), a autant, sinon plus que personne en ce siècle,
exercé les biographes. Mais ceux-ci n'ont pas pris la peine
d'étudier l'état-civ'il de la famille Corl'et: de là 'nombre
d'inexactitudes ou d'erreurs. Exemple:
On a écrit qu'en entrant au collège des Jésuites, à Quimper
en octobre 1755 (2): Théophile Corret trouva son frère nommé
Thomas qui, son aîné d'un an, y était entré l'année précé­
dente. La vérité est que Théophile, né le 23 décembre
1743, était de près de quatre années l'aîné de Thomas, né
le 1 septembre 1747, et que Théophile entra au collège,
quand son frère était dans sa huitième année. '
Le Thomas Correl que Théophile trouva au collége de
Quimper, était non son frère, mais son oncle, fl'ère pos­
thume de son père: Olivier.
(1) L'arrêté dts Consuls du 7 floréal an VIII ('27 avril 1800), lui donna
le titre de Premier Grenadier des armées cie la République; les change­
ments de régimes politiques ont amené et expliquent la correction du titre.
i2) Date donnée peut-être d'après des noies de familles, par 1\1. du Pon­
tavice: La TOlll'-d'Auve1'une, d'après La c01'1'espondance inédite. Plzm'e de
La Loi1'e, de Nantes, 1891. Ces pages contenant plus d'une erreur de
détails, mai! très intéressantes, ont été malheureusement interrompues. "

Mathurin Corret, aïeul de Théophile, fut marié trois fois.
Il épousa d'abord deux filles nobles; en 1666, Marie du
Quélénec, qui mourut en 1670, puis, en 1671, Hélène de
Suasse, veuve d'un Quélénec, cousin de Marie. En 1688, il
épousa Barbe Le Scaffunec! d'une honnête mais non noble
famille.

Dans la généalogie qu'il a dressée, Corret a écr.it: (c Ma-
« thurin épousa en premières noces Marie du Quélénec, des
« barons de Pont, dont il eut un fils et deux filles, et en
« secondes noces Barbe Le Scaffunec. » Erreur et illusion!
Les biographes vont croire et Corret ra voulu que
o le fils unique de Marie du Quélénec est Olivier, père de
Corret, nommé à la ligne qui suit. 0
Non! l'unique fils de Marie du Quélénec qui coûta la
vie à sa mère est mort en 1671. Olivier venu au monde
en 1699, vingt-neuf ans après la mort de Marie du Quélénec,
est un des onze enfants nés de Barbe Le Scaffunec.

Singulière erreur! dira-t-on. En voici l'explication: La
généalogie est datée de 1787. Le bourgeois Corret est paré
depuis sept ans du nom de La Tour d'Auvergne.
Il faut 0 que ses ancêtres Corl'~t soient nobles et leurs
femmes aussi; il les appelle de COl'ret et ilnbmme la pre-
mière femme de son aïeul, Marie du Quélénec ; mais ce nom
vraiment noble ne lui suffit pas; il ajoute (erreur certaine
sinon volontaire) : cc des barons de Pont» qui se préten­
daientdes neuf barons de Bretagne (1). Le nom de Le Scaffu-
nec n'apparaît pas comme celui de l'aïeule; mais Barbe Le
Scaffunec est bien la grand'mère qui berça si souvent le
futur P1'emie1' G1'enadier et que lui-même a pleurée de si bon
cœur. Quand elle mourut, à quatre-vingt-huit ans, le 15 mai
(1) Les grands Quélénec, baron!! de Pont et Rostrenen, vicomtf's du
Faou, qui ont donné trois amiraux de Bretagne, .- n'ont pas les mêmes
armes que leurs homonymes de Kerjacob, Kergo, etc., et leur sont étran­
gers . .

1754, son petit-fils était dans sa onzième année _. Voilà les
coupables faiblesses dont la vanité est capable!
Mathurin COITet survécut à tous les enfants de ses deux
il restait seulement cmq enfants de sa trOlsleme umon : trots
mIes, dont deux allaient se faire relig'ieuses ; la troisième,
Marie-François0 allait, le 6 octobre 1714, épouser Malo­
Joseph Le Houx, sieur de Kervasdoué ; et deux fils : Olivier
qui sera le père du Premier Grenadier, et Thomas-Olivier 1
le futur jésuite (1). . .
Vers 1716 ou 1717, quand il avait treize ou quatorze ans,
Thomas fut envoyé au collège des Jésuites à Quimper, où
son fl'ère l'avait précédé.
Le collège donnait l'instruction à des centaines d'élèves (2);
d'autres écoles attiraient des enfants à Quimper. La plupart
étaient logés dans diverses maisons qui, seloll l'expression
consacrée, CI. tenaient écoliers » (3). Ces écoliers étaient
quelque peu turbulents. Ils avaient l'habitude de courir le
soir les rues: de CI. ribler les pavés 1) même armés (4). Des
règlements de police étaient intervenus, notamment en 1675
et lutH, sans beaucoup de succès, semble-t-il, puisque en
règlement nouveau fait défense aux « tenants éco­
liers» de recevoir les écoliers sans faire inscrire leurs
(1) Sur une indication erronée ou mal lue, j'ai écrit que Thomas Corret
était né le (j aoùt 1705, c'est-à-dire quatre mois après la mort de son
père. I.'acte de baptême n'existe pas au registre de 1705 mais à celui de
t 703 ; et la da te vra ie de la naissance est du f:i aoû t 1703.
(2) • On y a compté plus de 800 élèves. Il M. Fieryille, p. 79.
(~) Arrêtés du Pl'ésidia~ de 1675 ct t G80, et Rôle de la capitation de
QUimper en 1750. JI Y avaIt cette année 13 maisons de ce genre .
. ! 4) IUbl~r les pavés. . Riblem' de pavé~.. a une double signification
Irlpo~ et eom'em· de nUlt, De même le mot Ribla en breton. Il va sans dire
de coureul' de nuit que le mot doit être pris ici.
que c est au sens

noms au greffe du présidial, de permettre qu'ils aient des
armes, de les laisser sortir après neuf heures en hiver et
dix heures en été: sous peine d'un écu d'amende. La sévérité
parut insuffisante; et, en 1719, un nouvel arrêté ordonna aux
habitants d'enfermer leurs enfants, écoliers, clercs, pen­
sionnaires, apprentis et antres, à huit heures en hiver ..... et
po!-'ta l'amende . d'un écu à 50 livres (19 écus et une frac­
tion (1 .
D'ordinaire les collèges des Jésuites n'avaient pas de pen­
sionnaires, ( d'internes » , comme on dit aujourd'hui (2).
Mais la règle recevait exception en faveur des élèves parents
de quelque père du collège.
Il Y a toute apparence que cette faveur, qui devait être
très recherchée, fut accordée aux deux Corret. En effet, ils
avaient parmi les pères un oncle vénéré de tous, le P. Guil­
laume Le Roux.
La parenté du P. Le Roux avec les Corret est révélée par
une lettre inédite du P. Estasse, père du collège de Quim­
per, qui vivait depuis 1709 auprès du P. Le Roux, et qui fut
du P. COI'ret. Nous donnerons cette lettre plus loin.
ami
oncle ne peut ici être pris au sens propre, frère du
Le mot
père ou de . la mère: il y a toute apparence que le P. Estasse
montre dans le P. Le Houx un oncle à la mode de Bretagne,
seulement cousin de Mathurin Cor'ret ou de Barbe Le Scaf­
fllnec, Mais les Corret étant nouveaux-venus en Bretagne, il
semble bien que c'est par les Scaffullec que s'établissait la

(1) ct. Deux ordonnances de police à Quimper (1404-1719), par J. Tré­
védy~ Revue hist01'ique de l'Ouest, 1887.
(2) Dans les pourparlers relatifs à l'établissement du collège de Quimper,
les Jésuites • furent autori!!és à ne pa!! prendre de pensionnaires.­
M. Fierville, régent de philosophie au eollège de Quimper. flistoire dfl
collège (1864), p. 17 et 19.

Thomas avaient pour mère Barbe Le Scaffunec.
et·· t .
Voici, d'après des renseignements qUi paralssent cer ams,
nt s'établissait cette parenté: Louis Le Scaffunec,

ui fut mère de Guillaume, le futur P. Le Roux. Barbe Le
ScatTunec était ainsi sa cousme germame .
Ce renseignement concorde avec le témoignage du P. Es-
tasse qui n'a pu se tromper sur ce pOInt; Je me crOIS autorIse
à parler du P. Guillaume Le Roux comme grand-oncle du
Premier Grenadier.

Le père Guillau Le
Aux premières années du XVIIIe siècle, les Pères Jésuites
de Quimper poursuivaient concurremment deux œuvres
d'évangélisation: les missions dont nous allons parle!'
d'abord, et les retraites dont nous diron~ quelques mots plus
loin.
L'œuvre la plus ancienne était celle des missions surtout
dans les campagnes: œuvre inaugurée par l'abbé Michel
continuée, on sait avec quel zèle et quel
Le Nobletz,
succès, par le P. Maunoir, et à laquelle ce merveilleux "
apôtre avait donné un développement que M. Le Nobletz
n avaIt pu esperer.
Dès les débuts du P. Maunoir, des personnes riches recon­
naissant les services que rendaient les missions, se préoccu­
pèrent d'en assurer la perpétuité (2). C'est ainsi que Sébas-
(t) Barbe avait un frère prêtre. du nom de Guillaume.
(2) Le P. Guillaume Le Roux. Recueil des Vtl'tuS et miracles du P. Mau-
now. Ed. de 184~, p. t 5. "

tien (II) ~ marquis de Hosmadec et de Molac, a lors gouver­
neur de Quimper, versa au collège une somme suffisante
pour fonder à perpétuité la pension de deux missionnaires (1) .
:VIais deux missionnaires ne « travaillaient » pas seuls. Il
leur fallait des prêtres auxiliaires. Trente ou quarante ont
été parfois réunis autour du P. Maunoir (2). .
11 Y avait nécessité d'assurer l'entretien de ce collège de
missionnaires. C'est à ce besoin qu'allaiellt « pourvoir les
missions » en diverses paroisses. Nous ver­
fondations de
rons ces fondations se continuer au milieu du XVIIIe siècle.
Saluons en passant le grand et saint missionnaire, qui,
u à quelque point de vue qu'on l'envisage, fut une des figu­
« res les plus importantes de notre histoire lJrovinçiale au
. « XVIie siècle » (3). Dans une seule année (1664)~ on le . voit
évangélisant 100,000 bretons; un jour en (1668), il ' est en­
touré de 30,000 ; un autre jour (1672), de 40,000 (4). Aussi
quelle influence! Dans cette terrible année 1675, pendant la
du Papier timbré, son biographe le montre arrêtant
révolte

(1) Le vot. Biog. IJretonne (II, p. 419), YO 1Jfaunoir .
Sébastien II de Rosmadec, fils de Sébastien lor, premier marquis de Ros-
madec (1608), mort le 14 septembre 1613, nommé maréchal de France; il
eut pour mère Françoise de Montmorency. Il avait à ce moment le gouver·
nement de Quimper et fut pourvu de celui de Dinan en \643. Très riche
à Renée de Kercoent-Kergournadech, « le plus grand parti de Bre­
et marié
tagne» il faisait un noble usage de sa fortune. C'est lui dont parle Lobi-
neau dans la préface de son · Histoire (p. a v') : « Une persollne de grande .
distinction avait ' conçu de vasles desseinll pour une nouvelle histoire de
Br@tagne. Il (sic) avait eu soin de ramasser un grand nombre d'actes, etc.»
C'est en son cabinet que d'Hozier prit le manuscrit de l'Histoù'e de Le
Baud qu'il publia en 1638, la dédiant très justement au marquis de Ros­
madec.
('2) P. Guillaume Le Roux. Recueil, etc., et P. Séjourné, Histoire du Vé­
'nérable Serviteu1' de J]ieu, Julien Maunoir, 1895, II p. 51-52 (pour 1665),
14.9 (pour 1671) •
(3) La Borderie. Révolte du papier timbl'é, p. 126.
(4) P. Séjourné, II, 45, 46, 119, 161.

. . l'b d' . ons 1'1 eût apaIse toute
Lalsse 1 re agll' avec ses compagn :
la Basse-Bl'etagne et heureusement prévenu la barbare ré-

pression qui allait suivre
Et, après des actes de violence que lui-même a déplorés
autant et plus que personne, quand la vengeance frappe des
malheureux désarmés, avec quel zèle le P. Maunoir s'em- .
ploie pour adoucir les rigueurs du châtiment (2).
Lfl P. Maunoir avait donné près de quatre cents missions
entre la fin de 1640 et les · premiers jours de 1683; enfin,
après ces quarante-deux années, quand il avait soixante-dix­
sept ans, au cours d'une mission à Plévin, il s'arrêta pour
mourir, le 29 janvier 1683 l3).
Le grand apôtre ne mourait pas tout entier. Le P. Vin­
cent Martin, son compagnon depuis quinze années, allait le
continuer; mais tl'Ois ans après, il mourait, le 9 novembre
1686. Comme le P. Maunoir, iltombait au cours d'une mission
à Plouisy, près de Guingamp, mission où il avait vu trente
mille communions (4). .
(1) On a écrit: « Les ouailles du P. Mannoir étaient au premier rang
• des insurgés .• Finistè1'e de Quimper (avril et juin 1884). Et l'auteur cite
la Vie du P. Maunoi!', par le P. Le Roux. Le P. Le Roux a écrit le Re-
cueil des vertus et mimcles ... précédé seulement d'une biographie en t!'ente '
où il n'est pas question de la révolte du Papier timbré. C'est le
pages
P. Boschet qui est l'auteur de la Vie du P. Maunoir sous le titre Le pm"fail
missionnaù'e et justement (p. 361-364-), il expose comment le P. Maunoir a
Plouguernevel et six paroisses voisines.
pacifié
(2) Il faut dire qu'il fut activement secondé par Mgr de Coëtlogon,
de Cornouaille, et Guillaume Chan-ie!', abbé de Ste-Croix, de Quim­
évêque
perlé Le Men, Bull. Soc. Arch. de Quimper, V. 50, 196. La Borderie
p. 145 et suivantes. . '
(3) Plévin, canton de Maël-Carhaix, arrondissement de Guingamp (Côtes­
du·Nord) L'évêque de Cornouaille, Mgr de Coetlogon, si dévoué au P. Mau­
son corps pour l'inhumer dans la cathédrale. Mais les
noir, réclamait
paysans réunis en troupe et armés, déclarèrent qu'ils ne s'en sépareraient
pas. Le cœur seul fut apporté au collège de Quimper.
(4) Plouizy, canton de Guingamp, Côtes-du-Nord. P. Séjourné, II.p. 353-354.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXIX (Mémoires) 8

Le P. Guillaume Le Roux fut appelé à sa succession. Il
avait trente-trois ans, l'ardeur et la force; il allait « entre­
tenir le feu sacr.é de l'apostolat; » et sous sa direction les

anciens missionnaires du P. Maunoir soit réunis entre eux,
soit adjoints à des Jésuites ou au jeune clergé séculier
allaient par groupes de dix, trente et même cinquante, évan­
géliser la Bretagne (1). Pendant près de quarante années, le
P. Le Roux poursuivra ses courses évangéliques, jusqu'au
jour où, au cours d'une mission, comme ses deux prédé­
cesseurs, il sera arrêté par la mort, en juillet 1725.
Pendant ces quarante années, le P. Le Roux ne rentra
guère à Quimper que pour prendre quelque repos entre
deux missions; mais ce repos n'était pas oisif. A l'exemple
du p, Maunoir, le P. Le Roux employait ses loisirs à écrire .
Successeur du P. Maunoir, premier postulateur de sa
cause, le P. Le Roux, partout , où il retrouvait ses traces,
c'est-à-dire dans presque toutes les paroisses, s'enquérait des
souvenirs vivants ' encore de son prédét,;esseur, et recueil­
lait des certificats des faits merveilleux accomplis par lui;
de ces souvenirs il a composé son livré intitulé: Recueil
des vertus et miracles du P. Maunoir. Ce livre commence
par une Biographie en trente pages résumé de la vie du
P. Maunoir, publiée dès 1696 par le P. Boschet et à laquelle
le P. Le Roux se réfère souvent (2).
(1) P. Séjourné, II. p. 354, renvoie au Parfait missionnaire'du P. Le Roux
(1696) pour « voir les conseils vigoureux J qu'il donne aux missionnaires.
(:2) Recueil des vertus et miracles du R. P. Julien lJ1aunoir, de la Com­
pagnie de Jésus, missionnaire en B1'etagne, par le R. P. Guillaume Le
Roux, de la même Compagnie. (Quimper, Jean Périer, 1756, in-12, 336 p.
Ce livre a élé réimprimé (Prud'homme, St-Brieuc, 1848), avec une pré­
face ou il est expliqué que celte nouvelle édition a été abrégée d'un très
grand nombre de miracles relatés par le P. Le Roux.
A ce livre il faut ajouter: 1° Le Parfait missionnaire ou instructions
très utiles à tous les p1'êt1'es pour tmvailler' avec fruit à la vigne du Sei­
gneur. (Quimper, Gauthier Buttingh, 1696, in-8°).
2° Insf1'uctions de la mission SUl' le Sacrement de pénitence et l'Eucharis­
tie. (Quimper, Jean Périer, 1698, in-16).

Les biographes bretons ont été bien mal informés du
P. Le Roux. Dans ses Notices chronologiques, Kerdanet n'en
Puis il donne une liste de ses ouvrages: Il en nomme deux
seulement et il omet le Becueil des vertus ... (p. 185).
Dans la Biogr raphie Br retonne, Levot copiant Kerdanet­
sans le citer écrit:« Jésuite que l'on croit né dans le
« diocèse de Léon, niais dont on ne peut préciser ni les
« lieux, ni les époques de naissance et de décès. » Suit l'in­
par Kerdanet. Et
dication des deux ouvrages mentionnés
l'auteur ajoute: «Le P. Le Roux est vraisemblablement
l'auteur du Recueil des vertus, ... etc .. imprimé à Quimper
en 1716. J C'était en efl'et bien vraisemblable puisque le
livre est signé: Guillaume Le Roux de la Compagnie de
Jésus ...
Ainsi de la vie du P. Le Roux, rien; de ses missions
continuées pendant quarante années, pas un mot, quand il
était si {acile de se renseigner!
Ce que Levot n'a pas su, les Jésuites de Quimper, qui
gardent le souvenir vénéré du P. Le Roux, le savaient.
La date de sa naissance est apprise d'une manière cer­
taine par les archives de la Compagnie: c'est le ;3 décembre
1653. Le lieu de la naissance est placé au diocèse de
Quimper, et la lettre du P. Estasse, indique les environs de
Carhaix même. Avant ses vingt ans accom­
Carhaix sinon
plis, le 27 septembre 1673, Guillaume Le Roux était entré
dan~ la compagnie et il prononça ses derniers vœux, le
2 février 1688.
avant cette époque, comme nous l'avons vu, il avait
Dès
été attaché aux missions; et, depuis deux ans, il en avait la
rante années.
il allait avoir soixante-
Au mois de juillet 1725, quand

douze ans, le P. Le Roux donnait une mission à Gouezec
Le 11 juillet, il prêchait, lorsque dans la chaire même, un
mal subit l'arrêta. Le mal empirant, il fut transporté, le 14
au château du Guilly, voisin de Gouezec, mais dans la
paroisse de Lothey. Le 17 juillet, il mourait (1) .
. Telle était la vénération qu'inspirait le P. Le Roux que les
deux paroisses se disputèrent sa dépouille. Les habitants de

Lothey disaient: {( Il est mort chez nous; 1) ceux de Goue-
zec : « C'est chez nons qu'il faisait sa dernière mission. );
Enfin, les clergés des deux paroisses, les missionnaires et
recteur du collège . de Quimper firent accepter cette
transaction: le cœur du P. Le Roux resterait à Lothey et
son corps serait rendu à Gouezec .
. - On lit au registre des baptêmes, mariages et sépultures
de Lothey (2) : « En l'année 1725, le 17 du mois de juillet, a
été inhumé par Me Guillaume Tromeur, recteur de Leuhan"
vers six heures du soir, dans notre église paroissiale de
Lothey, du côté de l'Evangile, le cœur du R. P. Guillaume
Le Roux, missionnaire Jésuite, mort le même jour,à trois
heures du matin, au manoir du Guilly, après avoir reçu tous ·
ses sacrements. »
Mais le prêtre qui l en ce moment, « tenait lieu de recteur
à Lothey yj et les habitants de la paroisse eurent SOi~l de
. constater le clon qu'ils faisaient à Gouezec et les causes qui
les avaient déterminés à laisser aller le corps du P. Le Roux.

(1) Gouézec et Lothey, aujourd'hui communes du canton de Pleyben, arr.
de Châteaulin.
·M. Fierville,'"'dit llistoir'e du collège, p. 39, que le P. Le Roux fut recteur
du collège, de 17:28 à 1730. Ce renseignement est démenti par l'acte de sé­
pulture. S'agirait-il d'un autre père ayant même prénom et nom? C'est
douteux: il ne se trouve sur aucune des listes données par M. Fierville.
('2) Je dois ces renseignements à l'obligeance de M. l'abbé Billant, rec­
teur de Lothey-Landremel. Le P. Séjourné a publié l'acte de sépulture de .
Gouezec, il iu'a semblé que l'acte de Lothey pouvait aussi être imprimé.

On dirait qu'ils ont voulu s'excuser, sinon se disculper de
leur condescendance envers Gouezec.
CI. Le corps du R. P. Le ' Roux, après avoir été dans notre
église pendant le temps voulu pour faire les cérémonies or­
dinaires, a été donné par nous prêtres et paroissiens de
Lothey, à Me Julien Gouezel, recteur de Gouezec, pour être
inllLlmé dans son église où le P. Le Roux avait commencé
une mission. et ceci à cause de la mission, aux prières et
aux demandes du R. P. François-Xavier de Coetlogon, son
supérieur recteur du collège des Pères Jésuites à Quim­
pel' (1), et d'après les demandes de MM. les Missionnaires,
selon ravis du monde et de ceux qui faisaient leur mission
en l'église paroissiale de (~ouezec. » , ,
Suivent neuf signatures au nombre desquels celle du
P. Chiron qui allait être le successeur du P. Le Roux à la
direction des missions de Bretagne.
Une plaque de cuivre marque encore aujourd'hui la place
où fut déposé le cœur du P. Le Roux; elle porte seulement
le nom du père et la date de son décès (2).
On lit à peu près les mêmes détails dans l'acte de sépul­
ture dressé à Gouezec, le 18 juillet. Cet acte est signé de
vingt-trois ecclésiastiques: parmi lesquels les deu~ que nous
avons nommés, trois pètes Jésuites qui, apparemment, don­
naient avec le défunt et le P Chiron, la mission à Gouezec,
et le P. François-Xavier de Coetlogon.
«( Le lendemain du décès (18 juillet), l'inhumation se fit
dalls le sallcluaire de l'église paroissiale, au bas des degrés
de l'aulel, vis-à-vis du tabernacle où est le Saint-Sacre-
(1) M. Fierville, p 39, indique le p, de Coetlogon comme recteur du

('21 Voici cette simple ins~ri~tion : ., Cor 1 Reverendi Patris , Guillelm'i
Le Roux 1 Soc, Jesu , MlsslOnnarii , Obiit 1 Die VII mensis Julii "
Anno MDCCXXV.

. ment» (1), c'est-à-dire à la place « la plus éminente», selon
le langage du temps.
La pierre tombale existe encore. · Elle porte une épitaphe
en latin que l'on peut traduire ainsi: (2)
« Ci-git ·le R. P. Guillaume Le Roux, S . .J. Longtemps
occupé aux missions, plein de jours et de mérites, sa dé­
pouille ici déposée, il entra dans le ciel. Par sa parole et
son exemple, il avait appris aux paysans à vivre saintement;
pour que rien ne manquât à son enseignement, c'est au
qu'il est mort leur apprenant à saintement
milien d'eux
mourIr. J)
Cent soixante-dix-sept ans nous · séparent des fa i ts que
nous venons df,3rappeler, et la mémoire du P. Guillaume Le
Roux est encore en vénération à Lothey et surtout à Goue­
zec: cc car depuis le transfert de la succursale de Lothey à
Landremel, transfert qui date de plus d'un demi-siècle (1846),
cette commune. »
son souvenir ost moins vivant en
Voilà ce que nous avions à dire du P. Le Roux, parlons
maintenant du P. Corret, son neveu .
III
Le père Tbo'lIas-OIivie.· Uorret.
Voièi son acte de baptême dressé à Trémarg at (3).
« Le vingtième d'aoîtt 1703, a été baptisé Thomas-Olivier,
fils de honorable homme Mathurin Corret, sieur de Ker-
bauffret et de demoiselle Barbe Le Scaffunec, né le 6e du
(\) Je résume l'acte de sépulture dressé par le curé de Gouezec dans
avec des détails non ordinaires. Etat civil oe Gouezec, an 1 i'l5,
une forme et
f" \0 v· el '15 l'0. Publié par le P. Séjourné, II, p. 413-414,
('2) VOici le texte latin: • Hic jaeet R. P. Guillelmus Le Roux J. I. In
mis!!ionibus diù versatus, plenus dierum ae meritorum. positi~ hic corporis
reliquiis, eœlum adiit. Inter agrestes, quos verbo el exemplo sancLe vivcre
doeuerat, obiens, ne quid apostolico muneri deesset. sancLe mori docuil. "
(3) Trémargat, alors trève de Plonevez-Quintin, aujourd'hui, depuis
août 1851, co!nmune du canlon de Rostrrnen, arr. de Guingamp.

. Parrain et m~rraine ont été messire Thomas-Louis du
mOlS. .
'meur sgr du Lezardeau (sic) et Olive Guibert! dame

Vilchevalier (sic). Ont signé avec le père et nous (1).»
de la
Après la mort de son mari (1705), Mme Corret (Barbe
Le Scaffunec) continua de résider dans la trève de Tré­
margat, au manoir de Lampoul acquis par Mathurin
Corret (1690) et lieu de sa mort. Elle n'avait là au~une
ressource pour l'instructioll de ses fils; elle dut de
bonne heure les envoyer aù collège. Olivier, né en 1699,
dut y entrer vers 1713 ou 1714 (2); Thomas l'y suivit sans
retard; en 1719 il sortait de rhétorique.
Les denx frères devaient prendre des voies différentes. En
1721, Olivier alla suivre les cours de droit à Nantes pour
être reçu avocat au parlement de Rennes, le 25 avril 1725.
Le 19 septembre 1719, Thomas entrait au noviciat de la
Compagnie de Jésus à Paris (3). .
Barbe Le Scaffunec était née en 1667: elle avait pu voir
le P. Maunoir dans ses missions des environs de Carhaix
en 1679 et 1680; elle avait quatorze ans quand il mourut,
tout près de là, à Plévin, en 1683. Peut·être avait-elle avec
tant de milliers de [fidèles des environs visité le saint mis­
sionnaire sU[' sa couche funèbre? Trois ans après, son cou­
sin Guillaume Le Roux avait succadé au p, Maunoir. Ces
souvenirs devaient souvent revenir dans les récits de la
famille. Quand il arriva au collège, Thomas Corret y fut
accueilli par son oncle. S'il fallait chercher une cause à
sa précoce vocation, il serait permis de la trouver là.
(1) Son frère Olivier, né en 1699, avait eu pour marraine « Dame Mar­
guerite Gouzillon, épouse de chevalier Thomas· Louis du Guermeur» le
parrain de Thomas. Le Lezardo (par St-Michel, de Quimperlé). ' .
(2) J'infère ces dates de la prestation de serment d'Olivier comme avo­
cat~ le 25.avril 172? Il devait être licencié de la fin de l'année 1724, après
troIs annees de drOIt commencées à la fin de l'année 1721 Son c
' d . ours au
Ilè
co ge avait Ù être de cinq ou six ans.
(J) Archives de la Compagnie. Note in fine, p. 133,

En 1721-2~, Thomas fit sa logique à la Flèche, où il resta

maître de 58, 4 3 2 (deux années) jusqu'en 1727: il

professa deux années la rhétorique à Rennes; fit yuatre
années de théologie, une à La Flèche, et trois à Paris où il
ordonné prêtre (1733 j ; après quoi il pr'ofessa deux années
fut
la rhétorique à La Flèche, et après une troisième année
de probation à Rouen: fut envoyé à Quimper, où il fit p1'ofes­
sion, le 2 février1739, pour être aussitôt employé à la prédi­
cation.
Quelques années plus tard, le P. Corret allait être appelé
à la direction des retraites que nous avons mentionnées
plus haut (p. 111). -- Il nous faut di1'e ici quelques mots de
'cette seconde œuvre des Jésuites de Quimper.
En 1670, sous l'inspiration du P. Maunoir eLen imitation
des retraites dirigées à Vannes par le P Huby, les Jésuites
avaient fondé les retraites à Quimper. Cette idée fut aerueillie
avec la même faveur que les missions; et en quelques années
fut construite: en contiguit~ du collège, une maison qui .
s'ouvrait pour des retraites à des personnes de diverses
catégories: prêt1'es, gentilshommes, bourgeois, paysans.

La maison pouvait contenir deux cents pel'sonnes; il Y avait .
ret1'aites de dix jours par é1llnée et le Hombre
douze ou quinze
des retraitants fut souvent de plusieurs milliers pal' ari (1),
En 1709, le P. Estasse, jeune professeur distingué d'hu­
manités venu de Vannes, avait été appelé à la 'direction des

retraites, et il allait garder cette direction pendant vingt-

(1) Cette maison, où en dernier lieu était l'école noemale abattue vers
1885 en même temps que le collège, avait été fondée dans un vprger dépen­
dant du collège. Vers le Sud-Ouest, au lieu où sont maintenant les classes,
était un étroit cimetière, d'où ont été retirées plusieurs inscriptions tumu­
laires sur feuilles de plomb. L'une portait le nom de Pl'iar; c'était sans
doute le nom latinisé du P. Prieur, recteur du collège en Hj37-Hi38. Au
temps du chanoine Moreau, il y avait en cet enclos (e une belle maison
prébend.lle J) qui fut abattue 'ar le maréchéll d'Aumont ('15\)'11, L'enclos
garda le nom du Jardin du hapître. Moreau, p. ~58. Celle maison
prébendale ne figure plus dans la liste donnée par M. le chanoine Peyron~
Bull. 1900, p. 294. , '

pour prendre sa place. . .
Voici comment peu après le P. Estasse JugeaIt son suc-
eur
cess :
cs. ••••• Le P. Corret est neveu du défunt P. Le Roux et du
même pays (2). Il a déjà acquis ici une réputation de grande
sainteté qu'il mérite et un talent extraordinaire pour la pré­
dication. Il a prêché l'octave du sacre (1739) à la cathédrale,
et vient de prêcher l'avent avec un concours dtl monde sur­
prenant, les jours de la semaine comme les dimanches; il
prêcha le carême avec le même succès et en breton à Saint­
Mathieu de Quimper, l'année dernière 1739. Voilà le suc­
cesseur des P. Le Roux et Chiron ... Sa santé qu'on tâche de
ménager ne répond pas aux autres dons du Seigneur
qu'avaient ses pl·édécesseurs. On attend à lui trouver un
compagnon pour le faire entrer dans la carrière des mis-
sions (3) »).
il) Le P. Estasse mourut à Quimper, le 14 mai 1719. Il avait vu réali-
les espérances qu'il donnait sur le P. Corret.
sées
P) Il "cut dire sans doute de Carhaix ou environs.
(3) Le P. Eitasse à Mlle du Curru, 20 janvier 174-0.
Cette lettre, qui m'avait été obligeamment communiquée par notre con­
Peyron, vient d'être imprimée par la Semaine Religieuse de
frère l'abbé
Quimper (1902, p. 202), dans llisloir'e de la fondation (l'une mission en
Basse-Bref agne.
Mlle du Curru, Luce-Corentine de Kernezne, était fille de Luc de
Kernezne, marquis de La Roche-Helgomarc'h (~t-Thois, canton de Châ­
teauneu[-du-Faou), baron de Laz, vicomte du Curru (Milizac, canton de
P~abennec, arrondisspmenl de Brest) Sa mère était Anne-Françoise de Ro­
bIen de Kerembourg. Mariage à Landaul. (canton de Pluvigner. arrondisse­
de Lorient ), du 30 juin 168!) - Née à Laz, c'est-à-dire au château
menl
de Trévarez, le 15 avril 169H. Mlle de Curru mourut au monastère des
il Rennes, le 3 nvril 17<1:3. Elle fut inhumée le len~
Religieuses carmélites
~emain dCl~s l'église de. St-Aubin, au haut de l'église. En marge -de
1 acte .. de ~('pullur~ on ht: « Elle éI été inhumée proche le mur soùs la
premlcl'e PIC .... e pres de l'autel St-EustrlChe. SR vie édifiante a fait regarder
sa mort c~mme très précieuse aux yeux de Dieu. » (Signé) Jarrioays, curé
de St-Aubm. Rens. de M. le conseiller Saulnier.

Ainsi tel était le succès du P. Corret, prédicateur, qu'on
n'attendait qu'un compagnon digne de lui pour l'appeler à
la succession du P. Maunoir qu'avait dignement tenue le
P. Le Roux.
Le (1 compagnon ») du P. Corret souhaité par le P. Estasse
fut bientôt trouvé, car nous voyons le P. Corret présidant,
dès 1741, une mission à Concarneau et une autre à Locro-

n'an. Ces deux missions durèrent cha:cune trois semaines,
avec treize et quinze missionnaires (1).
Nous avons dit (ci-dessus, p. 111) que, dès les débuts du
P. Maunoir, Its missions de plusieurs paroisses avaient été
assurées par des donations, Cent ans plus tard, ces fonda­
tions se continuaient. C'est ainsi que Mlle du Curru avait,
en 1720, fondé deux missions: une à Milizac, paroisse de la
vicomté du Curru, et l'autre à Laz, paroisse du château de
Trévarez, chef-lieu de la baronnie de Laz (2).
Pendant que sa parole en français ou en breton attirait,
retenait et instruisait de nombreux auditoires. l'humble

apôtre écrivait: « Priez Dieu de m'aider, car je suis faible
« en tout, mais plus encore en breton qu'en français »,
15 mai 1741. (A Mlle du Curru).
Ces tl'avaux épuisèrent une santé qui n'était pas robuste;
et, au printemps de 1742~ le P. Corret dut se résigner au
repos. Il alla respirer l'air des champs et prendre le lait
au château de Kergoet (3), dans la commune de St-Hernin,
limitrophe de Carhaix.

(1) Le P. Cor~et à Mlle du Curru, 28 février 171'2.
Le P. Séjourné dit (II p. 356J : « Le P. Chiron eut pour successeur, VCt' s
1741, le P. Thomas CorreL. » La lettre à" Mlle du Curru donne la date
précise: 1741.
(2) Voir ci-dessus note page 1'21.
(3) Le P. Correl à Mlle du Curru, 21 avril 1742, « de l{el'goet, proche
Carhaix.

A Kergoet, le P. Corret était l'hôte. de son frère. Non
n'Olivier fût seigneur de Kergoet, comme l'a écrit un
Kerguz de ·Troffagan devenue (23 octobre
Gabrielle de
1741) femme d'Aymal' de Roquefeuil, ~epuis · vice-amiral
(1781). Olivier, avocat en parlement, sénéchal seigneurial de
Trébrivan, était en même temps receveur-administrateur de
et c'est à ce titre qu'il habitait le château, une des
Kergoet,
plus belles demeures de ce pays (1).
Le 14 mai 1739, Olivier avait épousé Jeanne Salaün du
Rest, veuve à vingt-cinq ans de Jean de Penandl'eff-Kerans­
tret. Dans l'année 1741, elle était çlevenue deux fois mère.
En janvier, était née une fille, Marie-A nne Michelle, que
retrouverons plus loin; en décembre naissait un fils,
nous
mourut vers sa dixième aunée En com­
Joseph-Marie, qui
mençant, nous avons nommé les deux enfants qui suivirent:
Théophile Malo (le Premier Grenadier), né à Carhaix le 23
décembre 1743, et Thomas, né le 6 septembre 1747.
A Carhaix, le po. Corret retrouvait sa mère, âgée de
soixante-seize ans, et sa sœur, Mme Le Roux, veuve, élevant
une fille unique, Jeanne-Vincente, qui, l'année suivante, sera
la marraine de son cousin Théophile auquel elle donnera le
prénom de son père, Malo. Enfin, il visitait au cou­
vent des Ursulines, ses sœurs, Marie-Claude, entrée en
religion dès avant 1723, et Marie-Anne, qui avait fait pl'O­
fession, le 3 octobre 1734, et allait mourir, le 30 mars 1744.
(t! Et qui eut le malheur d'être historique. Cf. le chanoine Moreau.
La. lIgue en Bretagne, p .. 86. Il conte l'entreprise SUl' Kergoet, par le capi­
lame La Tremblaye; el IlIa conte comme témoin, car il était là. Pendant
la. révolte ~u Papier timbl'é, K~rgoet fut pillé et incendié (9 juillet 1G75).
~mgt .parolsses conco~rul'Cnt a cet acte de violence. (Révolte du papie1'
trmb1'e, par La Borderie, p.t '21) .

Peut-être Oliviel' habitait-il une maison aux dépendances du châtea ?
IN.o~e de M. l'a.bbé Guirriec, recleur de Locmaria· Berrien). C~st
vraIsemblable, pUIsque la dame de Kergoer.résidait souvent au château .

La santé du P. Corret se raffermit sans doute, puisque
pendant vingt-et-un ans il put. continuer ses missions (1) ;
et, en 1762, âgé de cinquante-neuf ans, il ne sentait pas le
lorsque l'arrêt d'expulsion des Jésuites
besoin du 'repos,
mil fin à son apostolat en Bretagne.
Son neveu Théophile arriva à Quimper" quand il achevait
sa dixième ou sa onzième année. (2). Il sortira du collège en
septembre 1760~ et nous l'avons dit, le cours d'humanité
était de cinq ou six ans, .
Des biographes ont dilqu'OlivierCorret voulait voir son fils
sa mère rêvait pour lui les dignités de l'Eglise;
avocat, que
mais que lui voulut être soldat· et que la famille se résigna
à le voir entrer à l'école militaire de La Flèche « dotit sa
naissance devait lui ouvrir les portes. » Tous nous montrent
Corret à La Flèche et remportant le pri.T de mérite (3).
Imaginations! Jamais Correl n'a mis le pied à La Flèche.
Bien plus! Son père n'a jamais donné la direction à l'édu­
cation de ' son fils. Ne l'accusez pas d'avoir méconnu ses
devoirs de père. Il était mort le 11 avril 1749, quand son
fils était dans sa sixième année!
Tout ce qui nous est conté de l'influence d'Olivier sur
l'éducation de son fils est pure fable. Ce que l'on dit de la
sage, sérieuse et virile direction donnée à l'éducation est
vrai, mais le mérite en revient au P. CorreL Et celui-ci put
(1) M. Fierville. !Jisloù'e du collège de Quimper, p, 46, indique comme
régent de cinquième en 174·5, « le P. Coret» (sic). Il ne peut s'agir du
P. Thomas COrI'et. Comment concilier la classe el la direction des missions?
("2) En n 53 ou 1754, peut être, comme il a été dit en 1755 Ci-dessus,
p. 107, et nole 2.
(3) M. le capitaine Simond, du 28" régiment d'infanterie, a publié Le
capitaine La ToW'·· d'Auve1'{f1W, ouvrage couronné par l'Académie.· Dans
sa première édition (IRU5) l'auteur avait dit l'entrée de Corret à La Flèche;
mais, seu 1 de,; biographes, i: ne croit pas à la noblesse de COiTet ; pour
ce motif même il eut quelques doute~ sur le séjour du Mn noble à La
Flèche, Il m'interrogea et j'ai pu lui fournil' des preuves certaines de
l'erreur partout répétée .et qu'il a corrigée dans sa seconde édition (1900) .

. d nt tout son cours
surveIller les études de son neveu pen a
, . l-h l '1 't't Ol· ·tl· du collège nuand
d' umamtes, pUIsque éop 11 e c al s '1
son oncle y résidait encore.
Le Parlement, par arrêt du 27 juillet · 1762, ordonna
l'expulsion des Jésuites (1), et, le 2 aoùt suivant, la maison
de Quimper devait être vide. L'arrêt mettait fin aux missions
dont le P. Conet avait encore la direction. (2) 11 partit pour
Paris el l'archevêque Christophe de Beaumont le réclama
à titre d'aumônier ou chapelain de la maison royale de
l' Enf ant-J ésus . .
Cette maison, fondée par le curé de Saint-Sulpice, Lan-
guet de Gergy, avec la généreuse assistance de la reine
Marie Leczinska, était un établissement de charité où trente
jeunes filles recevaient l'éducation de St-Cyr, pendant que
800 pauvres venaient y chercher des secours ou du travail.
L'Enfant-Jésus était sous la direction des Filles de Sarnt­
Thomas de Villeneuve, fondées en 1661. en Bretagne (a).
Nul doute qu'en nommant le P. Corretà l'Enfant-Jésus,
l'archevêque n'eût voulu lui ménager une retraite digne au­
tant que paisible. Mais le père était de ceux pour lesquels
(1) En seplembl'e suivant, les Etats se réunissaient il Rennes. Le 26 oc­
tobre, à propos de l'allocation faite au collège de La Flèche, il fut question
de l'expulsion des Jésuites. L'évêque de Nantes dit: i On ne recvnnait
plus il présent de Jésuites, )) un gentilhomme protesta, mais sa voix fut
couverte par le cri: (( Bah! cela ne nous regarde pas », et c'est pour cette
le narrateur Jean-Baptiste de Cbampeaux,
raison fausse et honteuse, dit
que les Etats ne délibèrent pas. » - Une victime de Z'Atfaù'e de Bretagne,
par le comte de Laigue. Revue de Bretagne, l, p. 81 et suiv.
(2) Le P. Séjourné, II, p. 350 èt note sur le P. Corret in fine.
(a) Les filles de St-Thom~s ont été fondées à Lamballe, en 1660, par
Le Proust, prieur des Augustins de la même ville. JI est
frère Ange
rema~quabl~ que da.ns moins d'un demi-sÎpcle, l'arrondissement actuel de
Sl-~rl~uc ait ':u naltre deux congrégations vouées aux soins 'des pauvres
des enfants. Les sœurs du St-Esprit ont été fondées/cn
et a IlDslructlOn
1706, au Légué, (commune de Plérin, près St-Brieuc), par une humble
paysanne et une pauvre veuve: Marie Burel et Renée Balavenne. .

la retraite n'est pas le repos, et il allait continuer l'exercice
de son apostolat à Paris et aux environs pendant les vingt
années qu'il allait passer à l'Enfant-Jésus. ({ Conférences,
retraites, missions, directions, il s'employait à tontes ces
œuvres avec un égal succès)) (1).
De 1742 à 1766, nous ne voyon$ pas le P. Corret dans sa
. famille. Pendant cette période de vingt-quatre ans, pas un
acte de l'état-civil ne mentionne son nom, ni l'acte de sépul­
ture de son père (12 avril 1749), ni celui de sa vénérable
mère (15 mai 1754) (2). .
Les mariages de ses deux nièces sont célébrés sans lui:
celui de Mlle Le Roux avec Jean-François Le Gogal, sr de
Toulgoat, avocat (5 octobre 1746), et celui de Marie-Anne­
Michelle Corret (le 13 juillet 1761), avec Yves Limon, sieur
du Tymeur, avocat à Guingamp.
Le P. Corret revint en Bretagne dans l'été de 1766. A
Carhaix, il retrouva sa sœur aînée, Mme Le Roux, vivant
auprès de sa fille, Mme Le Goga!'; il y revit aussi sa . belle­
sœur, veuve de son frère. Elle s'était rèmariée (le 6 juillet
1755) à (1 noble homme» Philippe-Marie Billonnois, direc-
teur des postes, et, par un cumul qu'on ne comprendrait pas
aujourd'hui, entreposeur des tabacs à Carhaix. De ce ma­
riage était née, le 6 août 1758, Catherine-Henriette, si ten­
drement aimée de son frère utérin Théophile, de quinze ans
plus jeune que lui et qui allait mourir dans sa vingtième
année (Guingamp, 22 mars 1778).
Son neveu Théophile devait être absent. Parti pour Paris
au printemps de 1765, il y était resté cherchant à tirer parti

. (1) P. Séjourné, II, p. 350, et mémoire que nous citerons tout à l'heure.
('2) Il faut dire que, au XVIIIe siècle, souvent les proches parents n'as­
à la mort de
sistaient pas aux obsèques: Ex. Théophile Corret assistant
sa mère, le 18 février 1780 à Guingamp, et non nommé dans l'acte de
. lépulture.

des recommandations de O"entilsh(lmmes de Bretagne; et
colonel allait assurer son en h'ée aux Mousq uetaires du ROl
(3 avril 1767), en attendant qu'il lui obtînt une sous-lieute-
nance dans son regl ment (1 er septembre 1767).
Thomas, le jeune frère de Théophile, était chez sa mère.
croyant très occupé quand il n'a rien à
Homme bizarre, se
Caire, à peine aura-t-il atteint sa majorité, qu'il laissera sa
mère et sa petite ville p,our aller chercher la solitude qu'il

Il y vivra jusqu'au 3 janvier 1784 (1).
Enfin, le P. Corret visita à Guingamp sa nièce, Mme Li­
mon du Tymeur, mère heureuse de trois jeunes enfants,
être bientôt pleurés par elle.
dont deux allaient
Dans la pensée duP. Corret alors âgé de soixante-deux ans,
ce voyage était sans doute une visite d'adieux à sa famille et à
ses amis. Au nombre de ceux-ci était M. Conen de St-Luc,
président à mortier au Parlement, ami de collège du P. Corret
u qu'il honorait comme un saint». Le président l'invita à son
château du Bot (2). Parmi les enfants du président, le père
distingua une de ses filles nommée Victoire . Ses heureuses
dispositions et la précoce piété de l'enfant lui parurent l'indice
(1) Thomas était à Paris avant le mois de juin 1769. Lettre de Limon à
Mme Corret (3 juin). Inédite.
Après avoir dit les t,'avers et la vie inutile de cet original, un biographe
de son frère croit le peindre d'un mot: « Un véritable saint Bretun.»
La Tour-d'Auvergne dans Les soldats de la Révolution (1889)
Michelet.
p. 46-47. Il a cru sans doute jeter le ridicule sur nos saints' il a seule
ment prouvé qu'il ne les connaît pas. '
(2) Le Bot, commune de Quimerch, canton du Faou, arrondissement de
Châteaulin. Le président de St-Luc aimait les livres et les arts. On peut
voir dans Cambry la description de la bibliothèque et des tableaux saisis
Bol (p. 57 à 71. Vandalisme, nouvelle édition, par J. Trévédy (1889).

(l'une vocation religieuse. Il ne se trompait pas. Victoire
dame de la retraite à Quimper. Lors de la fermeture
devint
du couvent et de l'expulsion des religieuses, elle se retira
auprès de sa famille, au ehâteall Un Bot. Le 10 octobre 1793,
. elle y fut arrêtée avec son père, âgé alors de soixante-quinze
ans et sa mère sexagénaire. Tous les trois furent condllits à
Quimper, puis à Paris, devant le tribunal révolutionnaire. Ils
compris dans une «( fournée 'IJ de dix-huit accusés, au
furent
nombre desquels quatl'e Quimpérois : Aimé Aleno de Saint·
Alouarn, deux sœurs Laroque-Trémaria et une revendeuse,
la veuve Benoist. Les autres accusés leur étaient inconnus.
La veuve Benoist fut acquitté6 et les autres montèrent sur

l'échafaud le 1 thermidor an II, 19 juillet 1794 (1).
. C'est cette visite au Bot qui marque d'une manière cer­
taine le dernier ,:oyage du P. Corret en Bretagne. Il
retourna à Paris, où il allait vivre seize années.
Pendant ce temps, son neveu Théophile, entré dans l'ar­
mée en 1767, devellu lieutenant en 177 i, tenait garnison
dans l'Est ou le Midi; il passait presque chaque année à
Paris, allant en semestre ou revenant à son régiment Tou­
jours reconnaissant des soins paternels que son oncle avait
pl'is de son enfance, jamais il n'eût manqué de lui rendre
visite. Le P. Corret vieillis'sant avait peu de ressources; le
lieutenant lui offrait quelques secours, trop heureux quand
il pouvait les faire accepter. C'est dinsi qu'il revit son oncle
au mois de février 1782 (2).-

(1) Histoin du Comité Révolutionnaire de Quimpe1', par J. Trévédy, p. 84
et suivantes.
(2) Buhot de Kersers, p.117. Et dire que ce biographe de La Tour-d'Au­
vergne, presque son allié, puisqu'il étélit petit-neveu de Lymon du Tymeur,
beau-frère de Théophile Corret. n'a pas su que le vieil oncle dont il
parle, était le frère d'Olivier Correl et le jésuite Correl.

accablaient le vieux missionnaire. Lui-même annonçait ,sa
fin pl,'op-haine ... Le 16 octobre 1782, il comptait, selon son ha­
bitude, dire la messe le lendemain. Mais, à cause de sa faibles­
se, les pel'sonnes de la maison s'y opposèrent, craignant qu'il
ne pût pas achever le sacritlce. Il voulut, du moins, assister
à la messe, et il l'entendit toute entière à genoux et les bras
constamment étendus en croix. Peu après, s'étant assis, il
feuilletait son bréviaire posé sur ses genoux, lorsque les
personnes qui l'entclLll'aient remarquèrent qu'il restait les
yeux fixés sur la même page et murmurant des paroles
confuses. On le contraignit aussitôt à se coucher, et l'extrême­
onction lui fut apportée. Le Père s'assit sur son grabat, et,
à chacune des prières pour la recommandation de l'âme, il
répondit en pleine connaissance et distinctement. Après
quoi, devenant étrangère à ce monde, et paraissant s'entre­
tenir avec les habitants du ciel, son âme s'envola (nous en
avons la ferme espérance) pour être accueillie par le doux
Jésus. Un indice de sa félicité parut sur son visage, qui, à
peine le Père eût-il rendu le dernier soupir, s'illumina d'un
sourire angélique. »
« Le corps du P. Corret fut inhumé dans la crypte de la
maison, où il allait reposer en paix pendant vingt années. "
(1) Les détails qui suivent entre guillemets sont traduits des Litterae
Amwae Soc. Jeslt provinciae Franciae, 1838-1839, p. 62-65, citées pâr le
P. Séjourné, II, p. 351, note 1.
Le narrateul' de 1838, écrit:
• Ces faits ont eu pour témoins plusieurs personnes vivant encore à
Paris. Celui qui écrit ces pages a récemment interrogé deux d'entre
elles: la première, à celle époque, jeune pensionnait'e à l'Enfant-Jésus et
aujourd'hui supérieure générale des filles de St-Thomas, la R. mère de la
Massue; l'autre, alors sœur con verse, aujourd'hui âgée de 86 ans j mais
son intelligence et sa mémoire. Elle avait servi le très cber
gardant toute
père (c'est ainsi qu'elle le nommait) pendant dix ans et elle fut témoin de
sa mort. J
BULLETIN ARCIIÉOL. DU FINISTÈRE. .. TO~Œ XXIX (Mémoires) 9

pieuse écrivit cette épitaphe sur la
tombe du
Une main
P. Corret :
« Cy gist le corps du vénérable père Thomas-Olivier
« Correl, ancien jésuite, missionnaire, mort en odeur de
Cl sainteté, à la royale maison de l'Enfant-Jésus, le 17 oc­
c tobre 1782, âgé de 80 ans. Requiescat in pace» (1).
L'épitaphe faisait erreur sur l'âge. Le P. Corret avait seu­
lement soixante-dix-neuf ans et deux mois.

CI. Vingt ans après l'inhumation, en 1802, les filles de
Saint-Thomas étant rentrées dans leur maison de l'Enfant­
Jésus, le tombeau du Père fut ouvert; et (chose extraordi­
naire) les linges et vêtements dans lesquels le corps avait
été enseveli furent trouvés intacts et même en meilleur état
qu'ils n'étaient au temps de la sépulture Les chairs n'exis­
taient plus. Les ossements recueillis avec soin furent inhu­
més sous le grand autel de la chapelle où ils sont encore.
Les vêtements regardés comme des reliques sont restés aux
mains des religieuses qui en distribuent des fragments aux
fidèles, car, après bientôt soixante ans~ survit pieusement
gardée la mémoire du très cher père. J)
Tel est le récit écrit en 1838~ mais reproduisant fidèlemê-rl-t
les souvenirs de témoins survivants de 1782 .
En 1859, la chapelle de l'Enfant-Jésus fut démolie. On
retrouva l'épitaphe du P. Corr,et et quelques ossements. Les
PP, Jésuites ont recueilli ces restes et leur ont donné une
place 'honorable derrière le maître-hôtel de leur nouvelle
église de la rue de Sèvres, .

Les PP. Jésuites de Quimper gardent un Eouvenir pré-
cieux, on peut dire une sainte relique qui leur vient du
P. Correl. C'est un crucifix que le P. Maunoir a porté dans
ses missions pendant quarante-deux ans. En mourant,
il le doima à son compagnon le P. Martin. Celui-ci le
transmit au P. Le Roux qui le laissa au P. Chiron, de qui il

l'Enfant-Jésus; d'elles il passa à la supérieure générale des
filles de Saint-Thomas qui le donna aux Pères de la Foi.
Ceux-ci en ont fait don aux Jésuites de Laval qui l'ont remis
à la maison de Saint-Joseph de Quimper, lors' de sa fonda-
dation, en 1838 (1).
(note 2)
voyées de la
Notes
Je corrigeais les premières épreuves des pages qui précè­
quand je reçus de notre confrère M. Bourde de la
dent,
Rogerie une lettl'e du P. Corret retrouvée aux archives du
~"'inistère éCl'ite de Vannes en 1758. A la lecture de cette
lettre. je me demandai si, contrairement aux renseignements
du P. Séjourné (ci-dessus, p. 125), le P. Corret n'avait pas
quitté Quimper avant 1762. Je m'empressai de recourir à
l'obligeance d'un érudit qui s'est adressé aux Pères gar­
diens des archives de la province de France aujourd'hui
transportées hors de France. Un des Pères me fait l'hon-
neur de m'écrÎl'ej et je suis d'autant plus touché de son
obligeance que je lui suis inconnu et qu'en répondant à la
question posée, il me transmet d'autres renseignements fort
intéressants sur les P. Le Roux et Corret. Je traduis en
abrégeant.
de Jésus
des arelti,res (le la eonl

1° Le P. Le Roux
Le P. Guillaume Le Roux de Cornouaille, né le 13
décembre 1653, novice de la Compagnie à Paris, le 27 sep­
tembre 1673, avait fait tr'ois ans de philosophie;
(1) .• Le crucifix est en cuivre très simple, monté sur bois. Les traits
du visage, la forme des mains et des pieds ont disparu, « tant il a été
porté et pressé sur les lèvres des missionnaires et des fidèles. » P. Sé­
journé, Il, p. 351.

1675-1680 à Hesdin, maître ou professeur de 5 , 4 , 3 2e
et rhétorique;
1680-1681, à Arras, professeur de seconde;
1680-1685, à La Flèche, étudie quatre années la théologie,
ordonné prêtre, est confesseur dans l'église;
1685-1686, à Quimper, missionnaire;

1686-1687, à Houen; troisième année de probation;
1688, missionnaire à Quimper, il fait profession le 2
février dans la chapelle du collège .
y reste missionnaire jusqu'à la fin de sa vie;
1720-1723, Il est dit en même temps": premier directeur
de la retraite des hommes (1) ;
1723-1724, supérieur des missions, procureur du collège,
confesseur à l'église;
, 1724-1725, supérieur des missions, directeur de la retraite
des hommes, confesseur à l'église et, procureur du collège.
du catalogus triennalis ultimus anni 1723,
Note
Ingenium bonum, judicium bonum, prudentia, experientia
magna; eximius in theologia morali; aptus ad mission es
et ad omnia. '
Extrait du nécrologe.
<'< Guillaume Le Houx, missionnaire de Basse-Bretagne,
, mourut dans la paroisse de Lothey :'1 l'été (de 1725) au mi­
lieu de ses travaux évangéliques, Il avait vieilli dans le
travail des missions; en sa personne, il représentait parfai­
(t) A propos du tilre de directew" de la retraite des hommes, je lis en
note: « Le Pè're Guillaume Chiron, compagnon d~ Père Le Roux, devint,
après la mort de celui-ci, directeur de la retraite, en restant missionnaire. ))
Le Père Le Roux ne ligure pas comme procureur à la liste donnée par M.
Fierville, p. 39 et suivante3.
Le titre de supériew" des missions ne lUi est donné que de 172.3 à '1725.
Il l'avait depuis 1686 avant même sa profession, comme il a été dit plus
haut, p. 116.

tement le P. Julien Maunoir qu'il s'était proposé pour mo-
dèle : .
« .• pari scilicet animarum studio incensus, viri sanctissimi
prudentem simplicitatem (1): asperitatem victus, operosam
industl'iam, modestam sui abnegationem, dux et exemplum
aliol'llln, nec inficiandus Ignatio patri filius et Imperatori
Clll'isto retulit; antecessol'i suo pel' omnia simillimus, ex-
aclis nempe totidem annis quadraginta in vinea Domini co-
lenda.
« Correptus est morbo inter eoncionandum, coactus que
cessare a divini verbi predicatione, ab audiendis pœniten­

tium confessionibus non cessavit (2), donec mali vi pene jam .
up~)I'essus regrè decubuit, mortem intllens oculo irretorto,
qHam sic accepit quasi sibi suave adveniret: mirum porro
qua pietate, quo fervore animi, quo charitatis affectu
sui prorsus compos immortalitate ipsoque Deo plenus
et Christi bono odore obdormivit in Domino .... Hinc adeo
reliquit omnibus non desiderium sui modo, sed religiosam
quoque reverentiam et apostolicae sanctitatis opinionem .. »
Quelques phrases disent les regrets universeJs que causa
sa mort, la discussion qui s'éleva entre Gouezec et Lothey à
J)l'OPUS ùe ]a sépulture, ]a décision qui fut prise, les doubles
ohsèques, etc. (Voir ci-dessus, p. 116).
2 Le P. C01'Tet
Pèl'e Thomas-Olivier Corret (de Cornouaille) né le 6 août
1703, entré au noviciat à Paris, le 19 septembre 171.9, Y
passe les années 1719-172'l. .
1721-1722, étudie la: logique à La Flèche'
1722 ; il y est maître de cinquième, cOllduit ses élèves jus-
(1) Peut-être faut-il lire p1"lldentiam, simplicitatem.
('2) D'apr~s .ces ~ots, il semblerait que SUL' la [in le P. Le Roux avait dû
cessel' I? predICatIOn pour se bor~er à ~a cor.fession. Nous flYOns vu pour

tant qu Il fut frappé dans la chawe meme à Gouezec.
SOCIETE ARCHEOLOG1QUE

DU FINISTERE

Hôtel de Ville
qu'en seconde (1725) et fait une autre année la seconde
professe deux années la rhétorique à Rennes:
1729-1730, fait une première année de théologie à 1 Ja Flèche;
et de 1730 à 1733. en fait tl'ois ann ées à Paris, où en 1733,
il est ordonné prêtre;
1733-1735, second pFofesseur de réthorique à La Flèche,
pendant deux années.
1735-1736, fait une troisième année de probation à Rouen,
et est envoyé à Quimper.
1736-1737, Quimper, 2 février 1737 (1), il Y faitprofession;
- prédicateur, préfet des classes~ directeur des congréga -
tions des écoliers 1 confesseut' dans l'église, consulteur (c'est­
à-dire du conseil du recteur) ;
1737 à 1762, missionnaire, confesseur dans l'église.
La note que j'abrège montre d'année en année le P.Corret à
Quimper. Mon religieux correspondu nt conelut: « Soyez
« certain que le missionnaire n'a pas quitté son cher Quim­
« pel'. Je l'y trouve toujours. Qu'il ait été quelqu e temps à
« Vannes, c'est-possible; mais il continua toujours le même
fi. office vingt-cinq ans durant à Quimper. »
A la .suite je lis ces notes données pal' les visiteu1'S au P.
Corret.
«( En 1746. Ingenium: firmum, optimum, acutum, e1e-
vatum; judicium: so1idum ; prudenftia: magna; expe-
rientia, magna animarum ; optimarstudiorum; rerum tempo-
ralium mediocris: prœfectus in studiis optimus in omni-
bus; complexio vivida et hilaris » (2).
En 1754. Ingenium, optimum, sagax et fel iei ima·gi na-
tione praeditum ; judicium, omnino bonum et rectum;
(1) Jour anniversaire de la profession de son oncle le P. Le Roux. Ci­
dessus, p. 132.
('2) San5 doute, caractère, (vif et enjoué).

prndentia, magna omnino nec communis;' experientia,
rerum spiritualium maxima, etiam studiorum, concionum .
doute confët'ences), missionum etc: praefectus in
(sans
litteris eximius in omnibus. Talentum ad omnia sed in emin- .
enti gradu ad conciones, ad missiones, ad ascetica (1) ad
conl'essiones au diendas.
Ces notes de 1746 et 1754 confirment etcomplètent l'appré-
ciation du P. Esta~se en 1740 (ci-dessus, p. 121). et justi-:­
fient le jugement du R. Pèl'e qui m'écrit: « Tout ce que
(( m'apprennent mes recherches me conduit à cette concIu­
a sion: Le P. Corret fut un homme éminent. »

(1) Peut-être au sens de asceteria (retraites) .