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Bulletin SAF 1902


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La vie dans une Gentilhommière de Basse-Bretagne (Quillimadec, en Ploudaniel), au XVIIème siècle, d’après des comptes de tutelle

Abbé A. Favé

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VIE DANS UNE GENTILHOMMIÈRE DE BASSE-BHE1 AGNE
AU XVIIe SIÈCLE
D'après des Comptes de tutelle.

Le 9 mai 1690, noble et puissant seigneur François de
Penancoët mourut, en son manoir seigneurial de Quillimadec, .
en la paroisse de Ploudaniel, évêché de Léon~ Quillimadec',
lieu pittoresque et riant justifie encore aujourd'hui le .nom
qui lui fut donné à cause de son site et de sa position avanta­
Quillirnadec : crête de montagne fertilé (1). On y
geuse :
un bel étang et un fort ruisseau bien connus des
trouve
pêcheurs à la ligne de la contrée qui veulent malemort aux
se plaisent à asticoteT la truite et à lui tendre des
anguilles et
embûches.
Les seigneurs de Quillimadec portaient ( d' argent en chef
endenché de gueules » (Guy Le Borgne), comme Allénou, Boi­
sion, Le Borgne et Coutanscours. Leur devise était: (( Heb
'rerned )), sans rémission .
Nous voyons la seigneurie passer de Kerasquer. par allian­
ces, à Penancoët et se fondre en 1752, dans Barbier du Liscoët.
Les Kerasquer, juveigneurs de Coatmeur, comme le recon­
les Tournemine, barons de la Hunaudaye, outre
naissaient

(li Voir dans le supplément du Nobiliaü"e .de Pol de Courcy, la nomen­
clature des noms de famille dérivés des noms de lieux .

Coattrez, paroisse de Ploudaniel et de Tronjoliff, parOls de
Plougar: (réform. et montres de \443, armes : d'argent à
2 haches d' œrmes,de gueule en pal.) Fondus en 1!S9!S, dans

penancoët
Les penancoët était une des quatre premières familles du
diocèse de Léon comme l'indique cette ancienne devise bien
connue dans la Basse-BI'etagne: . (( Antiq'uité de Penancoët,
'Vaillance de Chastel, richesse de Cm'man, chevalerie de Ker- .
gO/lrnadech. )) L'héritier du nom et d'armes des Penancoët
pouvait donc, non sans raison, dans des offres et débats
dil'Ïgés, en 1699, contre les comptes de sa mère et tutrice,
la vente folle du carosse et de
et particulièrement contre
l'argenterie, avancer que son feu père (( estait connu un des
plus riches et aisés ge~ttilshommes de son evesché )) ; et que
tout le monde savait (( ce qu'estait un gentilhomme de la
fortune dn dit sei.gneu'r de Quillimadec. ))
En tant que Penancoët ils tenaient aux Rieux de Sourdéac,
Plœuc, et à cette célèbre Louise de Kérouazle, duchesse
aux
de Portsmouth, dont l'influence fit, sous Louis XIV la pluie et
le beau temps, dans les affaires diplomatiques et les intrigues .
des cours, aussi bien à Versailles qu'à Saint-James.

Au cours de recherches sur Quillimadec, hous avons, aux
archives du Finistère. dans le fond si riche des Barbier du
Liscoët, trouvé trois brefs inventaires des vieux papiers de la
seigneurie, dressés, semhlent-i1s, dans la première moitié du .
XVIIIe siècle. D'après cet inventaire, en utilisant les éléments
nous avons tente 1 hIstOIre plus ou moins complète de Quilli-
madec. .
(t) Pol de Courcy: passim.

A.) Kerasquer-QuilLimadec .

1391. -- Aveu rendu à Hervé ~asquer à cause de Dame

Janne Du Fou sa femme, seig et De de Coetmeur.
1"440. Acte judiciel portant lesmancipation de Hervé de
~asquer du consentement de Maurice de ~asquer son père
fait d'authorité de la Coùr de Lesneven en vertu de lettres
de Jean duc de Bretagne: signé Quillifiry Passe.
1500. . Don cession et transport fait par n. etpuis
seigneur de Coatmeur et de ~melin à Charles de ~asquer,
éc seigl' de Quillimadec, de la seigneurie de ramage sur les
étages de Guillaume Symon et Maurice Callac en la paroisse
de Ploudaniel. .

1530. - Aveu du seig de Coetmeur (Alain de Tournemine)
à la principauté de Léon: il y déclare Quillimadec juvei­
de Coatmeur
gneurie
(VrIes aveux rendusàla principauté de Léon. Cotte EE.) (1)
1538. ' Comparant fait d'authorité de la juridiction de
Landerneau devant Monsieur le sénéchal d'Icelle en consé-
quence de convocation de parants portant l'institution de
dame Louise de La Marche à tutrice et administratrice des
biens d'Ollivier de ~asquer sei gr de Quillimadec son mary
attendu se~ prodigalités et despense.
1542.· Procuration du seigneur de Pratmaria pour

accepter la charge de tuteur des demoiselles Jeanne et
Marguerite de ~asquer, filles mineures des deffts Ollivier de
elle
~asquer sei gr de <)uillimadec et dem Louise de Lamarche,
leurs père et mère. ' .
1542. Comparant fait d'authorité de la Cour royale de
(1) L'indication n'est pàs des Archives du Finistère, mais de J'ancien
inventaire Barbier du LiscoëL .

Lesneven portant l'institution dud. seigr de Prat maria en
ladite charge de tuteur.
1559. Comparant d'authorité de la juridiction de Lan-
douairière de Quillimadec à tutrice de François de I}:asquer
son fils mineur de son mariage avec feu Maurice de l}as-
quer, seigr de Quillimadec son mary-
1559. Invantaire de meubles fait au chateau de Qnillima-
dec après le décès de Maurice de ~asquer seigr dud. lieu à
requeste de dame Catherine du Quéllennec sa veuve Et de
noble et puissant François du Louet seigr de Coatjunval,
tuteur de François de I):asquel' fils dud. Maurice,
1560. Comparant fait d'authorité dE: la juridiction de
Landerneau portant rinstitution de noble et puissant Fran­
çois du Louet seigneur de Coatjunval à tuteur dud. François
de I)asquer attendu, que laditte dame de Q1œllenec sa mère

avoit convoluée en secondes nopces. '
1583. Invantail'e des biens meubles fait aud. chateau de
Quillimadecaprès le' décèsde noble home François de ~asquer,
seigr dud. lien, à la requete du seig de Lanogan, curateur: de
Olle Françoise de I)asquer en présence de DIle Marie de
Parceveaux, sa mère.
1583. Autt'e comparant fait d'authorité de lad. juridiction
de Landerneau portant l'institution de noble home Jacques du
Faou seigneur de Logan (sic) à tuteur et administrateur des
biens meubles et immeubles de DUe p,.ançoise de Kerasquer
fille ct seulle héritière de deffllnts nobles François de I)asquer
et Ma,rie Pa:rceveaux ses père et mère, et DUe Françoise de
Kerlech dame de Kerascoët et douairière de Mezsarnou son
ayeulle à son entretien et éducation.
1613. Comparant de descret de mariage fait d'authorité
de la juridiction de Landerneau d'entre noble et puis Allain

et noble de messire Hervé de Parceveaux; et dame Renée de
Coatlogo sei gr et dame de Mézarnou et dame Snzanne de
Guermadeuc ~ veuve. de feu messire François de ~sauzon
sur la convocation de Messieurs les parants.

B), Penancoët-Quillimadec.
1627, Procès-verbal J'aposement descelé apàsez SUI' les
biens meubles détaillés au chateau de Quillimadec par defft
n. h. Jean de Penancoët seigneur de ~bo .ronne Quillimadec. ,
1627. [nv des biens meubles ft Hud. chateau de 'Quillima~
dec après le décès dud . seigr de I~boronne à reqte de noble et

'puis m Guillaume de Penancoat, seigr de ~ouazle, en
présance de Dlle Françoise de ~asquer, la veuve et douairière.
'1627. ' Autre inv des titres, à reqte du seigr de ~ouazle .
Procès-verbal de vente, à reqte du même seigneur,
cpmme tutettr, par le ministaire du greffier de Landerneau.
'1627. Comparant émané d'authorit.é du siège de Lan-
derneau' portant l'institution dé noble et puis messire
Guillaume de Penancoët chev· seigr de &ouazle à tuteur de

noble home ' Hervé Penancoët til~ aisné de noble et puissant
lls
Jéan Penancoé't seigneur de &boronne et de Dem Françoise .
de· Kerasquer, ses père et mère, et de Tanguy, Charles,
Françoise et Jeanne de Penancoët~ ses fl'ères et sœurs cadets.

1628. ! Compar ft d"authorité de la Cour l'le de ' Lesneven
à requeste de dame Françoise de ~asquee veuve dudit seigneur
de Kerboronne et convoluée en se.condes nopces avec escuyèr
Jean Melle sieur de Méménier affin de prier messieul's les
parants de ses premiers enfents de dellibél'er au sujet de la
saizie réelle apozé SUL' la terre de Quillimade.c .
. 1628, . Autre compt fait et ouvert dev les juges de
Lesneven à requeste de lad. dame Françoise de ~asquer
avec la délibération de messieurs les parants que l'on

saisissant le chateau et terl'e de Quillimadec pour ce que les
deniers provenant de ladite . vente seraient delliv'tez audit

seig de Kerouazle pour le payer. '
1630 Autre inv de titres trouvés aud. chateau de
Quillimadec auquel a été vacqué par le greffier de Lander­
neau en présence dud sr de I>ouazle et de messire He'l'lJé de
, fils aisné du.d. seig de Kerbo1'Onne, auquel ils , ont
estez delli'IJre~.
1635. - Transaction ent.l'e messire Guillaume de Penan­
coët chevalier e( seig de Kerouazle et noble home Hervé de
Penancoët seigneur de Quillimadec sur le compte luy rendu
de la gestiQn et administration par luy fait en qualité de son
tuteur des biens dépendallts des successions de noble homs

Jean Penancoët seig de I~bol'Onlle et de Jarne Françoise de
~asquer, ses père et mère.

1661. Autre inv ('l d'autorité de lad. juridiction ,de Lan-
derneau des biens meubles délaissés au chateau de Quilli­
madec par defft messire Guillaume Chades de Qu.illimadec
seigneur de Coatdrez, et Beauregard, a reCJueste de dame
Anne de Poulpry sa veuve et douail'ière et tut"ice de Mrs ses
enfants.
Vente publiqne de ces biens meubles.

1661. Compar fait dev les juges de Landerneau portant
l'institution de dame Anne de Poulpry à tutI'ice des enfens
mineurs de son mariage avec fell messire Charles de Penancoet
chevallier seig' de Quillimadec.
1667. Comparant émané par la juridiction de Landerneau _
a requeste de dame All-ne du Poulpey dame douairière de
Qllillimadec en qualité de tutr'ice de Messieurs ses enfants
despance et entretien en la ville de Paris.
Comparant émané par
laditte juridiction de

Landerneau portant l'émancipation de messire Charles
de Penancoet E,eigneur de Quillimadec, et d'escuyer
Charles de Penancoet seigne" ur de Beauregard son frère
juveigneur sous l'authorité de messire Françojs de Kervern,

seig de Ke'rsullec, leur ('urateur honnéraire (sic J.
1572. Inventaire et recepte des chefferantes fait par
Hiérosme Toutanoultre faisant pour led. seigneur de Coat-
• junval en lad. qualité de tuteur des fieffs et seigneurie de
Quillimadec.
1672. Autre compt émané par lad. juron de Landerneau
portant l'institution de messire François de Kerven chevalier
seig de ~sullec à curateur de messire Allain-Guillaume de
Penancoët, seigr du Villarec fils et juveigneur de defft mes-
sire Charles de Penancoet et de dame Anne du Poulpry,
vivants seigrS et dame de Quillimadec.
Comparant fait d'authorité de la vicomté de Plou­
hinneq portant l'institution de messire François de Penan­
co et seig de Quillimadec à tuteur de messieurs les enfants
mineurs de messire Guill~ume de Bouilly, vivant compte de
Trébry, de son mariage avec deffunte dam" e Guillemette de
Poulpry son épouse.
1682. · Arrest contradictoire de la Cour rendu entre ledit
seigneur de Quillimadec appelant du comparant portant son
institution à tuteur auxd. mineurs, et messire Yves du
Ménez, sieur de Lezurec, messire René de Lanloup, sr de
&cabin, messire Guy de Brézal cheva1ier sieur dud. Lieu,
messire Claude de ~gorlay chevalier sr du Cludon, messire

Allaiû. du Foü, chevalier sr de ~moguer, messire René de
Bouilly chevali'er, sr de la Provostay par lequelled. seigr
de Quillimadec a esté deschargé de lad. tutelle, et monsieur
de Lanloup nommé en son lieu et place pour tuteur auxd .

mIneurs .
1690. Comparant fait devant messieurs les juges de
Landerneau portant l'institution de dame Anne Gillette de

de defP
de nom et d'armes, chevalier seigneur de Quillimadec, à
'ce de messieurs les enfants de son III ariage.
tu t 1'1
1694 Autre comparant émané par lad. juridiction

orlant l'émancipation de Illèssire Jean Jacques de Penancoët
biens sous l'authorité du sieur du Bourg J>;oullas son

curateur particulier. .
d'authorité de lad .. juridic-
1696. Autre comparant fait
tion de la principauté de Léon à Landerneau continuant lad.
dame Anne Gillette de I):engar à tutrice .de messieurs ses
autres enfants mineurs sous l'authorité de messire Gabriel
Lévesque chevalier . seigneur comtè de Boisgrollier: son
second mary.
1698. Noms de messieurs les parents des enfants
mineurs de deiT. messire François de Penancoët 'chevalier
seigneur de Quillimadec nottifié au sieur procureur fiscal à
Landerneau sur la déclm'aûon de la dame Anne Gillette de
Kerengar de ne vouloir plus être leur tutrice.
Un document nous édifiera abondamment sur les alliances

et parentés du représentant des Quillimadec en 1694 : 'nous
le donnons plus bas malgré sa longueur: c'est l'émancipation
de Jean-Jacques de Penancoët
1694. Esmancipation (1) de monsieur de Quillimad~c.
Du dix huittiesme décembre mil six cent nonante quatre,
devant monsieur le Sénéchal .et premier magistrat de la
juridiction de la principauté de Léon à Landerneau, présent
le sieur procureur fiscal ayant le soussignant commis juré
au greffe pour adjoint.
Jean Jacques de Quillimadec demeurant avec sa mère
paroisse de St-Houardon, assisté de Me ~iel, son pro
déclare avoir obtenu lettres de dispense d'âge de la chancel-
(1) Archives du Finistère. E. 18 bis .

lerie de ce pays datées du 31 juillet dernier, déposées au
greffe par lesq, il a justifié avoir atteint l'âge de 19 ans
et 5 mois; c'est pourquoi il requiert que les procUl'eurs
saizis des procures de ses parans ayent à délibérer s'ils sont
d'advi_ s qlle le remontrant soit esmancipé de justice pour
avoir l'admiuistration de ses biens aux tel'mes de la cous­
turne sous l'authorité d'un curateur particulier 'désirant
touttes foys qu'il lui soit donné messire Hervé de Keroullas
chevalier seigneur ;' du Bourg, son oncle remné_ de germain
en l'estoc paternel. .
Et a signé avec son procnreur Jean Jacques René de
Penancoët, J .-N. ~iel, pro .
En l'endroit s'est présentée dame Anne Gilette de ~engar,
etc .... : déclare consentir â son esmancipation comme estant
cappable d'avoir l'administration de tous ses biens ..... et
que pour y parvenir déclare luy nommer pour curateur
honnoraire ledit seigneur du Bourg, comme le pLus
capable et idoine de gérer lad, char'go Signé: A. G. ·
de K. .
s'est présenté Me Honorat Maurice Le Corre, pr se
Ausy
portant de messire Allain Guillaume de Penancoët seigneur
de Villarec, ~antraon etc., demeurant en son manoir de
' ~antraon paroisse de Lanuvœuret, oncle germain en l'estoc
paternel dud seigneur remontrant, . .
-de messire Amador Jean ~aptiste de Penmarch seigneur

de ~anroy Prieur de Saint-Gilles et de Saint Xphle
dans l'esglise cathédralle de Saint-Brieuc, oncle. remué de
germain aud. seigneur fi. présant de Quillimadec en l'estoc

maternel, 1
- de messire Jacques de Kerscao chevalier seigneur du Parc
et autres lieus capitaine au régiment de Caux, cousin issu
. de germain dud. seigneur, en l'estoc maternel,
- de messire François cheff do nom et d'armes de ~aon
seigneur de Kersulleç et autres lieux demeurant en son

manoir de la Vigne, paroisse de Gui~ény p:).rant au
paternel, .'
. de messire Gabriel de Mesnoallet seJgneur dud. heu,
eurant en la ville de Morlaix paroisse de St-Martin,

_ de messire René de l\lesnoa11et seIgneur de ~oulan
demeurant en la ville de Lesneven parant du même degré
_ de messire Vincent (.abnel de Penmarch chevallier
Penmarch paroisse de Guizény, oncle remue de germaIn au
maternel.
-de messire Bernarddef>:uon chevalier seigneur dud. lieu
et aut.res lieux demeurant au manoir de la Vigne paroisse
de Guizény, aussi parant,
- Et de messire Sébastien Barbier chevalier compte de
Lescoet. aussy parant dud. seigneur de Quillimadec .

(Du 2g décembre 1694), devant Monsieur pl'. le sénéchal
a comparu Me Honorat Maurice Le Corre pl'. se portant de
-Messire Yves de Poulpl'ychevalïerseignellr de Lavengat
et baron de I):ouzéré conseiller du Roy et premier magistrat
de Léon à Lesneven, demeurant en son manoir aud. Lesne­
ven, consent à l'émancipation, etc.
- De plus led. Le Corre a déclaré se porter pour messire
Mathieu Huon seigneur de Bodrézet,
- pour messire Hervé de 1):ou11as chevalier seignéur du
Bourg, qui déclare aecepter la charge de curateur particulier .
Comme on peut Je voir par le bref inventaire des « TUlelles
et émancipations des seigneurs de Quillimadec », dans cette
maison, on mourait jeune; sans doute marqué pour une mort

prématurée, par une prédisposition fatale, constitutionnelle
et héréditaire à une maladie qui ne pardonne pas, lors-même
qu'elle accorde un répit à une génération, comme la phtisie.
Il semble que les Penancoët Quillimadec n'était pas destiné à
faire de vieux os. Un déLail qui révèle cette misère physiolo­
gique nous est fourni par la veuve de FrançoIs de penancoët,
dans l'A ddition à son compte : (Art. 13) .
On y voit aussy qu'il fust payé à une femme nourice laquelle
par ordre des médecins donnoit à tester au deffunct pour le
soullager dans son poulmounicq la somme de dix huit livres :
le tiers et un sixième de la moitié de lad. somme faisant
7 1. 10 s., supportable par led. Ayt Compte.
Cette forme de régime lacté semble abandonnée par la
thérapeutique contemporaine, après avoir joué un rôle
considérable dans l'ancien art de guérir, ou de traiter les
affections du poumon. .
Voici d'autre part les honoraires fort respeCtables payés
aux médècins et apothicaires qui donnèrent leurs soins à
François de Penancoët : on voit que s'il ne périt pas comme
l'empereur Adrien'de maladie et de la multitude des médecins,
il n'en fut pas dépourvu de leur ministère: ,
avoir payé suivant quittance du gtlmay 1690
DéclarelaDame
au sieur Verduc, docteur ~n médecine la somme de nonante
six livres pour saize jours qu'il t'ut auprès du feu seig de
Quillimadec a'tlant sa mort. '
Déclare encore avoir payé au sieur de la Bodinaye Bohalier

pour la maladie mortelle du feu seig de Qllillimadec la
somme de cent huit livres, suivant quittance du 19 mars 1690.
Déclare de mesme avoir payé au sieur Ollivier Le Vaillant
apotiquaire de cette ville avant lad. maladie'mortelle et durant
icelle sui.vant quittance du 6 septembre 1692 pour ses four-
nitures la somme de cent tI'ante et huit livres 17 sols 9 deniers,

. Nous regrettons de n'avoir retrouvé le testament de Fran­
ois de Penancoët : ce que nous savons de ses dernières dis-
les comptes de sa femme) il illsiste sur la large distribution
mais au pauvre qui se cachp pour souffrIr en SIlence, sans
importuner celui qui a de la fortune et de l'aisance: ce pauvre
honteux dont l'auteur de la Vie des Saints en breton, messire
ClaudH Marigo parle avec une respectueuse et chaleureuse
s~'mpalhie ('li. Cette question de l'assistance secrète et dis­
a"ait bien préoccupé nos pères et l'on ne s'en doute pas
crète
suffisamment. Vo~'ons les mêmes sentiments profiter . aux
hOtes ordinaires de Quilimadec.
Au Manoir, nous trouvons la dlle de Keravalen, à laquelle le
défunt seigneur a légué « ]a somme de septante et cirmq livres
de renle annuelle à viage. " Gilitte de Kerengar, dans son
compte, demande a]]oca lion pour l'avoir « noùry et fai t mé-
dicamenter jusqu'à sa mort qui arriva au mois de décembre

Dans ses offres et débats, Jean-Jacques de Penancoët fait
observer « qu'il ne doit pas supporter les trois ans et derny
de pention que l'on demande pour la défunte dlle Keravalen.
il ne faut que prendre la lecture du
Et pour justifier cella
Testament du défunt par ou Ion voira que la yollonté du
lle
defunt n'estoit de donner cette pention qu'au cas que la d '
Keravalen n'eust pas resté auprès de lad. dame sa parente ... .
estant certain queIJe est décédée au Manoir où elle a gaigné
an della de sa pention et que]Je avoit ]e soing, ]a conduite et
(1) Cf. ~ans les, bull,eLt:ns d~ la Société archéologique du Finistère (1893)'
un m,émolre de 1 abbe Antome Favé. a Messire Claude de u ° ' t'
son epoque •• m zgo e .
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXIX (Mémoires) 5

le gouvernement du ménage delad Dame comptable quy est

sa niepce, ainsy dans une obligation étroite de la soulager et
nourrir 5y elle n'avoit pu gaigner sa vye ..... , »
Quelques fussent les termes du . testament, François de
Penancoët avait la volonté bien arrêtée d'user de générosité à
l'égard de cette vieille demoiselle qui avait élevé sa femme et
lle
était plus qu'octogénaire: Or, la nièce de la d de Keravalen
était la m ère de Jean-Jacques de Penancoët et sa tante avait
obligé toute la famille par son dévouement.
Un autre habitant du manoir c'est Jannot: problablement
Yannic en breton: la dame comptable déclare à son reguard
qu'il a gaigné sa pension et par suite n'en point parler.
Deux pensionnaires de Quillimadec, protégés du défunt sei­
gnf'ur offrent un intérêt à part, à la curiosité. « Allanic. dit la
dame comptable, était un pauvre enfant imbécile quelle a
noury, habillé et entretenu durant quatre ans à raison de 40
livres par an. ~ Son fils objecte que malgré son état de men­
talité débile, il gardait les moutons et portait de l'eau et du
bois à la cuisine. « Le nommé Le Boulc'h » n'était pas un
voisin d'un commerce 'plus sûr qu'agréable; jugez d'après le
compte: c'était (( homme carant de sens et quelquefois furieux
et La plupart du temps malade, recommandé par le sieur de
Quillimadec par son Testament, a été noury et habillé par lad.
dame comptable pendant deux ans qu'il a survécu audit sieur
de Quillimadec, pourquoy il luy en deub à raison de 60 livres .
par an. Approuvé par l'Oyant.
Le bon seigneur de Quillimadec avait un cousin pauvre,
noble et gueux, un Cyrano de Bergerac cherchant fortune et
entreprenant de voir le monde. Jean-Jacquei de Penancoët ne
fait pas d'opposition à cet article du compte ainsi libellé:
le mesme testament de donner au
Il est ordonné par
sieur de ~ven ~sulec pour aller à Paris ou bien au ser­
vice la somme de cent quatre-vingts escus dont ladite dame

comptable luy a fait randre à Paris suivant deux lettres de
hang des 3e avril et 1-1 e décembre 1693, cent nonante et

huit livres qnattre livres pour leschanges à raison de deux
our cent faisant deux cent deux livres. .
par don luy fait par le deffunt par son Testament outres ses
et d'un homme de confIance qUI accompagna le Jeune sei­
gneur à Paris,
D'après le compte, « il est aussy ordonné par le mesme
testament de donner des outils de menuisier à HamonLuslac,
auquel ladite dame a fait donner des outils pour la somme
. de quinze livres et vingt li'ores poœr faire son voyage de
Catha/oigne où il est mort, f'aisa,nt ensemble 35 1. ))
A cet article, Jean-Jacques de Penancoët objecte que « la
dame comptable sçait assés que le nommé Hamon Luslac n'a
eu aucuns outils, au contraire, ne voulant pas être
jamais
charpentier, il alla à l'armée en qualité de valet du feu sieur
du Parc Rosnevennou ou il est mort »
Peu importe l'exécution exacte du testament: nous ne
tenions qu'à établir que si le seigneur de Quillimadec avait
faible poitrine, il avait bon cccm', el nous croyons acquises
toutes les présom ptions en sa faveur.
Nous pourrions intituler ce chapitre; f( Oû il est rrions­
tré que le von Seigneur de Quillimadee ne s'entendoit pas à
aeh(Jpter des f'üsils. ))
Il va à Carhaix pour acheter ces engins de guerre et en
passant par Morlaix, il les voit impitoyablement refusés par _
la Commission de révision établie ad hoc. Son amour-propre
et celui de sa parenté é~aient en jeu: l'Addition au compte de
sa veuve va nous dire commeut on s'en tira.
« Le feu sieur de Quillimadec ayant esté capitaine de la

paroysse de Plou déni el il auroit receu des parroissiens deux
cent trante livres pour équipper les soldats de millice de
laditte paroisse, de sorte que les fusils n'ayaut pas esté reccu
par le commissaire il fust ordonné de les rendre audit sieur
de Quillimadec quy fust trouvé debvoir à la parroisse outre
les fournitures qu'il avait donné cent quatre-vingt-cinq livres
de deux cent trante livres de sorte que l'on poursuivoit
laditte dame comptable au payement de cette somme de
185 1., elle fust conseillée de la rendre aux fabriqnes dudit
Ploudéniel, et affin qu'il ne parut point de la {aulte du·
deffunt, à prendre au lieu de quittance une déclaration de
n'avoir donné aucun argent au {eu sieur de Quillimadec
pour equipper lesdits soldats, or comme cette somme de
1851. estoit une debte de la communauté ledit Oyant doit
su porter deux tiers et une sixiesme de la moitié d'icelle
comme aussy pareil prorata des quinze livres de fraitz quy
furent fait, tant pour portz de lettres à la pOste, pour des
exprès, que pour les collations qu'il {allut donner ausdits
fabriques pour les porter à {aire cette déclaration le tout POU?'
l'interest de l'Uyant à 83 l 6. s. 8 d. ))
La pièce suivante que nous prenons dans les comptes de la
paroisse de Ploudaniel (Archives du Finistère, série G. ) nous
montre insinué cet épisode, ainsi que le manœuvrement de la
compagnie de Ploudaniel que commandait l'excellent seigneur
de QuiIlimadec.
. 28 juillet 1630.
Rolle de la de panse faite pa.r les marguilliers de la par-
roisse de Ploudéniel pour la levée des soldats armements et
partye de l'abillement d'yceux .
Et premier, .
Pour avoir esté chez M. de Tromabian capitaine luy
faire voir lesdits six soldats que la paroisse de Ploudéniel a
fourny à sa compaignye, les marguiliers ont depansé dix
livres.

Lesd. fabricques ont payé à Yves et François Le Mau­
dir, cinq voyages de nuict trouvé M. de Tramonbian au
Plus lesq. fabricques ont donné à Pierre Moal, Olli­
vier et René Thomas, soldats, pour soixante jours à raison
de 2 sols par jour à chacun d'eux, 6 1., faisant ensemble la
somme de 18 l.
Déclarent aussy lesd. fabricques avoir payé à François
~van, aussy soldat, pour trois jours à raison aussy de 2 sols
par jour la somme de 3 1.
Pour ra ports des quittances obtenus de ces soldats, lesq.
ont payés 17 sols.
fabricques
Plus lesd. fabricques ont payé pour dix chemi$es fournyes
à cinq soldats, le sixiesme ayant esté équippé par les habi­
tans de ]a Treffve de Trémaouézan, la somme de quinze
livres,
Pour avoir fourny cinq paires de 'souliers ausdits cinq
soldats ont lesd. fabricques frayé la somme de 15 1.
Pour avoir fourny cincq ceinturons ausdits soldats, 5 1.
Pour avoir fourny aux cincq soldats cincq espées, lesd.
fabricques ont payé la somme de vingt livres.
Pour cincq chapeaux que lesd. fabricques ont achetté
ausdits cincq soldats, lesd. fabricques a esté payé la
somme de
Plus dix cravattes fournyes et dix mouchoirs achettés
ausdits cincq soldats,
Pour avoir fourny cincq fusils et les acomoder, ont lesd.
la somme de 87 1.
rabricques payé
Pour avoir esté rendre les cincq soldats à Landerneau par
ordre de M. de Tromabian, leur capitaine, lesd. fabricques
dépanseroint et paieroint pour la nourritture desdits soldats
la somme de 9 1.
Lesd fabricques déclarent avoir donné à François Mau-

rice, soldat nomé et trouvé incapable de servir sur terre,
par Mons le marquis de la Coste qui l'a envoyé à Brest,
un chapeau et des souliers qui ont cousté la somme de cincq .
livres dix sols.
Lesd. fabricques ont payé audits Maul'ice et aux deux
autres pour chacun trente jours, la somme de six livres.
Les habitants de ladite pal'oisse de Ploudéniel ont alloué
ausd. fabricques la somme de 6 l. pour les voyages que
l'un d'yceux est oblig,~ de fail'e pOUf' porter ces roo11es.
Lequel roo11e monte à la sorne de deux cents qua!'ante
livres deux sols, a esté examiné et approuvé du général des
habitants de ladite parroisse le 18 jour de septembre 1689
et ont signé: Charles Quéméneur, Henl'i laouen, Jan Bou-
cher, {;abriel Jézéquel, A. GraU, Yves Chopin, Allain Gué­
zennèc, Yves Prigent .
Nous, Maurice Oriot, escuyer, sieu!' du (}uergoat, con­
seiller du Roy, bailly et lieutenant civil et criminel de la
Cour royale de Morlaix et subdélégué de M. de Pomel'eu,
en conséquence de son ordonnance donn é à Nantes le 13 du
diaoust dernier, avons procédé à l'examen des fl'ai.s et
mois
advances (aites par les fabricqlles de la paroisse de Plou­
daniel dans la levée des soldats de millice.
J'ay reçu des nommés Jan Roy et Jan Quéré. fabricques
de la parroisse de Ploudéniel, la somme de 8[1 1. pou r
6 fusils (pour avoir eu les fusils à Ca!'haix).
Fidellement collationné aux originaux.
Les 'fabricques à se faire payer sauf à y distr:tire l'article
des armes et des espées que les nommés solda t.s de ladite
paroisse, lesquels ne les ont voulu rendl'e quoique somés
par plusieurs foys de ce faire tant au pl'OSlle de la grand·­
messe qu'autrement pane que lesdits fusils et espées appal'­
tiennent à la trève de Trémaouézan, située audit Ploudéniel,
qui ont tenus leur compte devant le commissaire de Morlaix

et l'auroit rendu par Le Moal, l'un desdits soldats, à Fran- ,
ois Richou à quy apartenoit le fusil, pourtant il ne reste
DITES FABRICQUES N AVOIR DONNE • .\UCUN ARGENT AU FEU SEI-
GNEUR DE QUlLLIl\IADEC, vivant capitaine de ladite paroisse,
(en marge hic) (1), pour equipper lesdits soldats, ausq.
fabricques avons délivré le présent transomp à leur valoir.
Y. FRÉMONT.
Le jour du g'l'and service, c'est-à-dire de huitaine; les .
parents tant paternels que maternels, se trouvant assemblés
Anne de Kerengar requit le Sénéchal de Landerneau,
« pour éviter de plus grands frais )), de venir à Quillimadec,
recueillir leur avis pour le choix d'un tuteur et curateur aux
mineurs.' Le Sénéchal se rend à cette prière. « Lesdits
« parans connaissant son affection et son attachement pour
(( les intérests de ses entans, la prièrent (mais en vain) d'ac-
« cepter la charge de leur tutrice, elle s'en excusoit sur son
(l inhabillité et son peu d'expérience dans les affaires, lorsque
(l ses en/ans se jettent à ses pieds les larmes aux yeux pour
q lui demander de grâce qu'elle prit La guarde de leurs biens
Il et de lewl's personnes, toutes ses e.'lJcuses se trouvèrent
« veincus pa,,· le mouvement de la nature, elle accepta donc la
« tntelle, et de plus par une grace spécialle elle s'obligea de
Cl nourrir et d'entretenir (sans diminution de ses biens) sa
« fille jusqu'à l'âge de vingt ans · en cas qu'elle ne se mariât
. Il point avant l'accomplissement de cet âge. »)
Si le jeune Seigneur de Quillimadec conteste l'exaotitude
(1) /lie en marge indique l'accident du capitaine de Ploudaniel
'1 la' . avec ses
USI S tsses pOIt1· compte!

.des détails du compte de Gilette de Kerengar, sa mère, il ne
lui coûte pas de reconnaître qu'il a été dressé « par une per­

sonne d'érudition. li Nous ne resterons pas en reste avec lui,
nous ajouterons que ce travail révèle un esprit cultivé et
car
de riches réminiscences classiques, que même il de- '
pourvu
son siècle, car le tableau qu'il présente est dans le
vance
genre de Greuze et la légende est déjà du style du sensible
M. Marmontel.
Les parents délibérans ~girent, sur-le-champ, avec la plus
cordiale entente pour aviser à ce que la dame de Qulllimadec
« purement et simplement )l, la succession, eut à con­prît
les affaires en souffrance et à établir et maintenir le
clure
bon ordre dans la maison.
En conséquence, « Elle peu l continuer et · parachever ledit
et comme il y avoit quelques héritages sans fermiers
bâtiment
ne pouvant trouver à les affermer autrement lui fit faire des
bannies pour les mettre en baill judiciel de l'advis dudit sieur
de Quilien l'un de ses conseils et estant deub à ladite dame
un tier de revenu dont estoit mort possesseur ledit
comptable
feu sieur de Quillimadec pour son douaire comme aussy
et assiepte de trois mille livres de deniers dot­l'enfoncement
avec sesmy-acquets, audit sieur de I~ysulie . l et du
teaux
Bour'g I}oulas porteurs de procures pour plusieurs autres' des
parens, pour evitter les frais Iuy firent à ladmiable une
assiepte confusément du tout portant à la somme de .....
. . . . rante annuelle par acte du. . . . . . . . ,)), (1) ,

. Avec la plus grande exactitude et diligence, Mme de Quilli­
madec proteste avoir fait procéder aux inventaires. ti tres et
dès le 12 juin 1690, en présence de messires François
biens,
de Kerven et Claude de Kersulec,Seigneur de Kersulec et de
Rosnévez, les deux plus proches parents des deux côtés . Il ava it

(1) Les chiffres sont laissé~ en bl anc.

été décidé que la dame accomplirait les marchés faits par le
défunt pour les bâtiments neufs de Quillimadec, qu'elle sol­
derait leur dû aux ouvriers et qu'elle serait crue de bonne foi
sur présentation du mémoire qu'elle fourni~ait des dépenses
des travaux. .
pour l'achèvement
Les parents avaient fixé (( la pension et entretien )) des
mineurs et l'avaient réglé: celle de l'aisné à neuf cents
liv1'es jusqu'à ce qu'il sortiroit de la maison de la dame sa
mère, et celle des cadets à trois cents lùves pour chacun
jusqu'à l'âge de douze ans, nommant pour conseil, à cet eUet,
les sieurs de KeI'lJen et de Qnillien Le F'orestkr, avocat, l'nn
en t'absence de l' autr e.

Ces derniers, en février 1692, jugèrent qu'il était temps
d'envoyer Jean-Jacques de penancoët, à Paris, pour y chan­
le ton qui convenait à un Seigneur de sa
ger d'air et prendre
condition. Justement, la noblesse de l'évêché s'étant assem-
blée à Landel'lleau, en mai suivant, la dame Comptable pro-
fita de cette occasion pour s'y trouver avec la famille et lui
demander avis SUl' les pensions et entretien qu'elle devait
fournil' à son fils Nt ln ville de Pa/'is : d'un commun accord,
il fut décidé qu'on lui adjugerait pour l'année courante 1.800
li"I'l).~, et pour les années suivantes 2.400 livres sauf à y
ajouter et supplémenter.
Pendant le séjour de Jean-Jacques à Paris, sa mère
éprouva trois deuils cruels.
1° « Le petit Chevalier 1) Charles-Louis-Gabriel de Penan­
coët, mourutà Quimper (, le 12' septembre 1693, écrit-on. ))
Il Y a là une défaillance de mémoire, car les registres des.lnhu­
mations et Sépllltures de la pal'Oisse de la Chandeleur, cathé-
cc .w~ptembl'e 169.'], dans l'église cathéd raIe a esté inhumé le
Cl corps d'ecuyer Gabriel de Penanhoat, fils de Mme de Quilli­
er madec, aa!lé d'environ onze ans, ayant receu son e.1Jtrême

(e onction, les cérémonies faites par le sous-signant Ph. Guyo-
(e mar, recteur de la Chandeleur. ))
Pour les frais d'obsèques on paya à la cathédrale 100 livres,
les trais de la maladie, furent de 30 livres, ce qui laisse à
supposer qu'elle fut courte.
2° Le fJoupon anonime )) mourut le 18 febvrier 1694 : où ?
- Nos recherches faites à l'état-civil, à Quimper, nous per­
mettent d'assurer que ce n'est pas dans cette ville.
Pour l'enterrement, on n'eut à payer que 30 livres, mais au
sieur Verduc, médecin, on solda pour vingt jours, 140 livres,
et au sieur Penanprat, apothicaire, pour vingt jours, à raison
de 3 livres par jour, 60 livres.
3° « La demoiselle de Quillimadec 1), Marie-Marguerite de
Penancùët, décéda le 22 janvier de cette même année 1694.
Gilette de Kerengar proteste qu'elle était fondée à se porter
son héritière ord'ine wrbato, mais que par égard pou r son fils
elle ne se porta hérittière que oTdiue i1~1)e'tSo, et recueillit
.cette succession ( tant pour l'amittié particulière qu'elle luy
« portait qu'affin d'exécuter ses dernières volontés dont elle
« est demeurée dépositaire. »
En mai 1694, Jean-Jacques de Penancoët étant revenu de
Paris, ~ on jugea à propos le voyant d'une conduite meure et
« parfaite de le faire émanciper. comme la pnltdence en
'! luy avoit prélJen1.lt l'âge prescTit par la coustume )), il fallut
à la Chancellel'ie et de prendre des lettres de dispense
recourir
d'âge. Avant la Saint-Michel (1694), ayant été émancipé sous
de M. de Keroulas du Bourg, il fit lui-même la per­
l'autorité
des fermages et entra à Quillimadec et dépendances,
ception
avec pleine et entière jouissance. La dame de Quillimadec

assigna alors son fils pour recevoir les comptes de son admi-
nistration, mais celui-ci, accompagné de M. du Bourg, son
curateur particulier, vint la trouver, pour éviter des frais et
des longueurs: « l'auroint tous d'Eux (sic) supplié de mettre
Ci ce compte en arbitrage. La dite comptable qui ne sceut

« ellies intérests plus à cœur que sa propre seuretté », con­
sentit à un acte du compromis, le 14 mars t69Q : la dame
comptable choisit pour arbitre Du Parc Rosnévez; et son fils,
le sieur de Kerven, son cousin germain. Quillimadec avec
son conseil, après mûr examen du compte; fut d'avis que l'on
transigeât, et comme par le calcul de la charge et décharge il
se trouvait qu'il « estoit considérablement débiteur .à la dite
dame sa mère, illa suplia jointement avec lesdits arbitres de
luy faire remise de ce qu'il luy pouvoil debvoir, ce quelle luy
octroya et luy délaissa de plus les améliorations advenues aux
bois emondables et Jes trempes estant dans les terres par elle
cy-devant manœuvrées ' avec d'autres ad ventages portés par
l'acte de transactiQn du .... 169:5 (1 l, dont il plaira à M. le
commissaire de prendre la lecture. Il
La transaction ne fut pas ' maintenue toutefois: pourquoi '?
Nous allons entendre la version du conseil de Gilette de
Kerengar, qui affectionne la grandiloquence:
(( C(·tte tran.·;action ellst encore subsisté et fut demeurée
sans estre entreprise de la part dudit sieur de Quillimadcc,
dont l'r.liprit pacifique, les defférance, le 1'espect et la vénéTa­
tion pour une mèl'e Bien {aisante sont connus de tout l'Uni­
t'crs (1), si:; quclqun de ces hommes lesquels allument le je·u
la maison de leur voisin et le reguardent s'enflammer
dans
comme une occasion prochaine de pToffitcl' dun désordre qu'ils
quoy qn'ils en soint le p1'em'Ïer mobile, ne s'estoit
plaignent,
sertiiy de son nom el de son peu d'expériance dans le pTocès
pou r troubler en mesme temps el sa propre tTanquillité et
celle de la dame sa mère. ))
La dame comptable reconnait toutefois que ce procès com­
mença par une opposition de son fils sur les deniers prove-
(1) La date laissée en blanc.

nant de la vente qu'elle avait fait faire sur un sien débiteur
compté à Jean-Jacques sur son premier compte,
qu'elle avait
avec offre d'en fournir un nouveau: elle fut sommée, sous hui­
l~ine de le produire, et c'est le compte du '14 novembre 1697 qui
nous guide dans ce travail sur la vie d'antre/ois dans une
gentilhommière de Basse-Bretagne.
Un revirement s'était donc produit dans les procédés à
l'égard de dame Anne Gilette de Kerengar, veuve corn mu-
nière et douairière de deffunt messire François de Penancoët:
elle était présentement « compagne et espouse de messire Jan
de Boisgrollier,
Gabriel L'Evesque Chevalier, Seigneur
Saint~Martin, La Poulottière, La Jonchère et
Bruilletté,
Gouverneur pour le Royen Poictou des ville et
autres lieux,
chasteau de Lusignan et dépendances. ))
Nous trouvons dans ce fait d'avoir convolé en secondes
noces une explication de ce revirement de sentiments
chez certains membres de la famille de Quillimadec.
On pouvait traiter sur un pied de bienveillance et d'indul­
gence avec la veuve de François de Penancoët restée douairière
en exercice de Quillimadec : par sa nouvelle union, elle était
moins mère du seigneur, son fils. Entre
suspecte d'être restée
elle et lui s'interposait un tier:3, un étranger dont elle devait
se faire autoriser pour tous les actes intéressant son ancienne
On le constatait quand on voit porter au compte la
maison.
réquisition suivante, sous l'art 200, faite par le nouvel époux
de Gilette de Kerengar.
« Dit que ledit Seigneur de Boisgrollier, mary de la
« dame comptable estant gouverneur pour le roy en POictOll
« des ville et chasteau de Luzignan et dépendances a esté
« mandé de se trouver à son gouvernement, mais comme il
« ne peust s'y rendre qu'après le règlement du présant
« c . mpte, cet pourquoy il proteste et ladite dame comptable
« de faire suporter audit sieur oyant tous leurs séjours, des­
« pans, domages et interest. »

pour un honnête homme comme Le Forestier de Quillien, il
semblait qu'il y avait désormais à se désintéresser davantage
des intérêts de la veuve et à se préoccuper plus absolument
des intérêts du jeune orphelin dont il ayait la charge.
Cependant, pouvait-on être inexorable pour la résolution,
_ disons mieux, pour la solution que crut adopter Gilette
de Kerengar? La loi de Dieu ne défend pas les secondes
noces: elle était jeune, avait p~rdu trois enfants en moins de
deux ans: quelle situation aurait-elle à subir dans ses rela­
tions à venir avec son fils aîné, chef de famille, demain
marié? Jeune encore, pendant qu'il était temps, trouvant
un parti sortable, elle profita de l'occasion pour trouver· un
nouveau foyer et commencer une nouvelle vie. C'est très
humain et nullement répréhensible.
Donc Le Forestier de Quillien fut sévère, fort-sévère pour
Gilette de Kerengar: celte dernière (art. 44 de l'addition),
reconnatt l'estime générale, la déférence qu'il trouvai t par­
tout: ce qui indique ce que valait l'homme:
(( La deU'érance que l'on a pOUl' le Siett1' de fJuiLLimadec et
pour le sieur de Quillien, lermier de cette COU?', son CU'1'ate1u'
partiIJulier, faisant que les advocélts de ce barreau pouvoient
estre suspects à ladite dame comptable, elle en auroit fait
venir un daillellrs pour ùresser les soutenemeuts auquel elle
auroit payé selon son receu. »
Gilette de Kerengar manifeste ouvertement sa rancune
contre l'honorable avocat. A l'art. 89 du compte « frais de
procédure », elle insinue ce qui suit:
« Comme la dame comptable ne s'attendoit point à ce
avec 1 oyant compte elle a esté peu curieuse de retenir ses
papters et ses actes touchant son administration; dailleurs
tousours creû quelle ne se debvoit plus s'arrlba d' .
. rasser un

deffaite du nombre de trante et neuf lettres missives du
sieur de Quilien qui lui tiennent lieu de consulter faisant
voir qu'elle n'a rien fait que de son advis et par son organne,
estant l'un de ses conseils nommés, auquel elle a payé pour
ses soins et ses peines soixante liv'tes quil luy demanda par
sa lettre du 12 may 1692, soubz p'tétexte de reti'rer des
papiers de Justel, procureur à la Cour, qu'il n'a jamais re­
tiré, et soixante-douze livres en présance des ' sieurs de
Brescanvel et de I}guavarec, chez Gilles Collart hoste dé­
bitant vin en cette ville, outre lesquels deux sommaires, elle
luy a donné un gobelet de vermeil pour 45 1. et une pièce de
toile de fin fleuret pour 60 1., le tout faisant ensemble
La dame comptable, par la plume de son avocat, littérateur
rompu aux fictions ingénieuses des fabulistes, en vient à
représenter le sieur de Quilien sous les traits du renard le
plus astucieux.
« Quoy que la médaille fort tournée et que les choses
aient changé de face, ladite dame sçait que 13 sieur de
Quilien se picquant d'honneur et de probité et mesme de
qualité comme il le faut, ne contestera pas son propre fait
il ne blasmera ses ouvrages sy tant est qu'après avoir esté
son conseil, il se déclare son adversaire comme curateur
particulier de l'ayant-compte, semblable qu'il se'r'oit et le
rena-rd de la fable lequel après avoir guaranty lŒ perdrix des
griffes _ du faucon se servit de la confiance qu'elle eust en luy
ce bon office pour La dévorer à son aize ...
pour
Elle a eu encore recours au sieur de 1>:iven aussy son con-
sei1.
Elle aurroit fait rendre pour son honnoraire une baricque de .
de grave pour septante et cincq livres, dont la part de
vin
l'ayant-compte est 62 1. 10 :s. ») J Art. 91). .
On lira avec plaisir la réplique que Jean-Jacques de Penan­
coët, ou plutôt le sieur de Quilien, fait à 'ces attaques dans
les offres et débats. .

« Sur l'article 89, on ne s'arreste pas aux exageratlOns et
x discours inutiles dont est composé l'intitullé, le sieur de
et sa. 1'éputation ne succombera JamaIs sous de telles calom­
nies, et ainsy on n'en dit pas davantage et la dame comptable
ne peut pas dire Iuyavoir donné pour toutes ses peines et ses
soins qu'une tasse ou gobellet de vermeil de la pesanteur '
de ..... (1) et 2~ aunes de toille vallant 1~ livres, et le tout ne
vaut pas 40 livres ..... )
« Sur l'art. 91 et 92, ladite dame comptable semble
avoir eswdié des Taburinades (sic) dès lors qu'elle fait des
aplications pareilles au sieur de QuiIlien dont, l'estime n'entre
pas en compromis avec Iuy, ainsy il pouvoit bien s'abstenir
de telles extravagance3 quy n'ont pas aucun rap­d'advancer
port avec la matière qu'on trète ..... »

Sous le bénéfice de ces réserves acerbes, on se montra tout
particulièrement impitoyable dans l'examen du compte de la
charge. La dame comptable a beau multiplier ses excuses, .
levendiquer ses privilèges de douairière, tous ses movens
sont discurés et repoussés par les conseillers de son fils" Elle
proteste que certains lots étant en friche et sans fermier, elle
n'a rien touché; que le fermier de Kernilien qui devàit en
payer par an 81 livres « a retenû une année du prix de sa
ferme pour faire les réparations audict lieu »), que le
moulin de Villalèc est resté, pendant deux ans, « malgré ses
efforts, chomant et sans fermiers », ek. : sans pitié, sans
l'ombre d'une indulgence, Gilette de Kerengar est déclarée,
par les offres et débats, CI. rechargée J, et ce « au nom de
l'équité et de la coustume. »
(t) En blanc.

Les exigences de l'oyant compte se manifestent avec encore
plus de force, au sujet du m~bilier de Quillimadec. .
Voici ce que disait le compte dans un exposé qui ne semble
pas prêtel' à objection: .
Art. 4. De plus ladite dame paya à l'orfeubl'e qui
estima la veselle d'argent suivant son receu, quattre livres
traize sols, à François Bondour et Jacques Diverrès, menui­
sier, pour avoir estimés les meubles pour chacun six jour­
nées à raison de 40 sols par jour, vingt et quattre livres, et
. à Anne Rolland, femme de Gilles Collart, aubergiste en cet
pour avoir estimés les linges, les autres nipes et la
ville
veselle destein et cuivre jointement avec la damoiselle de
J>;ven Forestier, trois livres quattre sols faisant dix-neuff
livres quattre sols et à la damoiselle de ~ven Forestier qui
ne voulu st pas prendre d'argent, ladite dame fit présant de
toile fine et de dantelle portant à la 'valeur de deux pistoles.
Le tous faisant ensemble 67 livres 125 sols.
Jacques de Quillimadec réplique par la discussion ci-des­
que développée:
sous aussi curieuse
(( Le premier moyen se tire de la villité du prix et
donné à la vessaille d'argeant et autTes
estimaon quon a
meubles de conséquence ,dont cest inventaire est corn posé, car
il paroit beaucoup d'afectation de n'avoir estimé le mœre
d' m'gent poinson de Bretagne que 26 livres et celluy de
Paris, quoy que partye fut de vermeil doré 28 et 30 livres.
Examinant bien cest article, il y auroit de la vessaille
platte, comme cuillières, fourc.hetes, bassine, esgaires et
assieptes, et dont il y auroit partye de vermeil, qu'on ne
pouvoit pas moins estimer par compensation que 30 livres le
marc et avec d'autant plus de raison que la plus part de cet
arganterie estoit bonne pour le service et ne se devoit pas
estimer comme argeant cassé.
Cependant on fait une ' vente illusoire et imparfaite au
manoir de Quillimadec, sans publication ny bannyes précé-

n fait adJ'llO'er le tout à la damoiselle I~anavalen,

an s. . 1:)

domestique et résidente dans la maison, tante de la dame
able aagée de 80 ans. On adjugea tout quoyque
C01np , J ,"
caducque et infil'me et quy déceda ensUltte enVIron un an
s et laquele n'avoit pas un SOUS de bien et que le feu

apr , " , '
sieur de Quillimadec avoIt ordonne de nourIr sa vye du-
rente, ainsy la dame comptable, en conscience pour le sort
uele a faict et loyant doit soufrir.la recharge de 40 livres par
q 'd' 1 d" 1
marc de la vessatlle avecq autant p us e JustICe quon a
résumeI'a suspecte d'avoir eloigné les enchérisseurs quy
Une seconde raison: ...... une mère n'est pas de meilleure
et ne doit pas estTe tn!té plus Favorablement qu'un.
conuition
tuteur ccll'a.nger qui doit compte par le menue du bien apœr­
tenant à Res mincnrs. Sur ce principe là quand un tuteur ou
adminislrateur de biens de pupiles fait valloir des
meubles à la vente quy se fait à sa pour.uite et que la villité
du prix paroit évidante il doit estre recharché jusqu'à la
convenance de ses biens.
L'aplication de cette Pl'oposition véritable peut estre avec
justice faite dans l'espèce de cette cause: et on peut dire que
les précautions que ladite dame comptable de faire adjuger
la vessaille d'argeant à la damoiselle de ~anavalen sa tante et
dont elle a emprunté le nom a esté tl'Op estudié pour n'estre
pas suspecte de fl'aude, n'imia procautio dolus et la vilité du
prix achève d'en faire la conviction, car depuis plus de
40 anR~ le marc d'argeaot de Bretaigne n'a vallu moins de
28 livres et lors de l'inventaire il le ,valloit encorre, et celluy
Paris 32 livres cassé ou brisé, .

Cependant cette vaissaille d'argeant a esté adjugé sur le
pied de 26 livres le marc poenson de Bretagne, et celluy de
Paris 28 livres et 30 livres quoy qu'il y avoit, comme on l'a
observé de la vessaille neufve et qu'estoit fort bonne à

cœUT et le bien aimé (sic), mais comme l'oyant ne cherche
pas à entrer en de grandes discutions, il veut bien reigler le
juste prix de la vessaille d'argeant, tant poenson · de Bre-
tagne que celluy de Paris à 40 sols par marc d'augmenta­
lion et comme il y avait 72 maTes et demy~ dont il lui
compte 30 marcs, l'augmentation monteroit pour son intérêt
à soixante livres.......................... cy 60 1 ivres.
La deuxième rescharge est au sujet du droit de parisis
sur les autres meubles de l'inventaire quy se peuvent
deplacer, ainsy faisant distraction des articles dudit inven­
taire comme les bledz pendans par racines, bois taillis et
emondes référés aux feuillets 13 et 14, le surplus desdits
meubles doivent produire le droit coustumier de parisis,
lequel suivant la suppositaon de la marque que n'a fait
ladite dame comptable au bas de chacun feillet monte à
2728 livres 8 sols pour l'intérêt de l'oyant dont le quart par
le droit monte à 794 livres 12 sols, laquelle rescharge est
d'autant juste qu'elle est soutehue par la coustume de ceste
ainsy on demande que ladite roscharge soit
province,
allouée cy : 794 liv1'es 12 sols .
... La dame comptable ne manquera pas d'objecter pour
excuse qu'elle a fait faire la vente desdits meubles et qu'elle
n'a pas trouvé davantage, mais elle trouvera bon quon luy
cette suposée vente ne la justifiera pas puisque elle
dise que
. ne sert qu'à la convaincre entièrement et qu'elle n'a jamais
esté faite suivant ce que la coustume prescript et il n'y a pas
de raison de s'en voulloir servir puisqu'il est suspect et
rem ply de fraude ce quy paroi st trop visiblement et que de
260 articles dont l'inventaire est composée, il ny a que 13 en
tout dans le procez-veI'bal de prétandue vente et dont il ne
trouve de payé que 2 portant 96 sols, et après cela on
asseura très hardiment qu'on a et" des tendresses pou?'
l'oyant, au contraire il est de ceux dont parle le poëtte:
incedit per ignes St"ppositos cinery doloso, et on le fait mar­
cher sur une cendre chaude quy couvre des feux!

Il v a plus car sy on examine de près cette vente on voit
et en g'énél'al, ce quy ne s est JamaIs veu pratlCquer en
areille rencontre où Ion a coustume d'adjuger chacune
valloir son inclination quy ne devoit pas estre exclud par
des cabales et des adjudicataires simulés .. ".
Il .nc faut que considérer un des al'ticles de la vente parle·
gar Le Bolzec sans bwn ny Im·tune le cwrrosse avec 5 chevaux
et tou't son atti'l'ail et esq~tipage pOUT la somme de 300 livres:
n'est-ce Pél:s une moquerie toute visible, et on ne conçoit pas
cornent la dame comptable se 'puisse disculper l'injustice
qu'elle faisoità ses mineurs et ne voit pas qu'il y a beaucoup
d efTectation de voulloir persuader que telles ventes sont de
bonne foy ?
Car encore un coup quy croira sans erreur que le défunt
s igneur de Quillimadec que Le Léon a connu un des plus
riches et ah;és gentib,!lOmmes de son évesché, sans procès ny
affaire dans sa maison, se fut servy d'nn carosse équipé de
la sorte ct quy n'eut vallu que 900 livres, En vérité, il est
honteux dy penser, un carosse dont la dame comptahle s'est .
. f\el'vy sy pompeusement pendant 5 à 6 ans et dont elle a
retiré tout 'ruiné qu'il pouvoit eBtre près de 8 à 900 li'vTes;
ninsy le sieur comptable est bien fondé à former une
l'esch31'ge de la somme de 600 livres pour supplément du
juste prix au-dessus du content de la vente dont les 2/3
ou 1/6 et 1/2 font cy 2:';0 Um'es.
L'oyant compte rescharge encore ladite comptable de l'ar­
gent monnoyé, bigeous, bacgues, diamans et tous les colifi­
chets quy estoient dans la maison de Quillimadec au décois

.entreprins un bastiment considérable n'estoit point sans
argent, cependant l'inventaire n'en parle nullement, non plus
que de bigeous~ bacgues, diamans, montres à boëttes d'or et
d'argent, en grand nombre et de grand prix, aiasy il faut
qu'elle soufre la reschage de la somme de 2000 livres au
moins pour ~e préjudice qu'elle a fait à l'oyant de sa part,
avecq autant plus de raison qu'en matière de soustraction
et de succession pilléB et déprédée la coustume 1 eçoit à ser­
ment le plaintif ....

Au moment d'abandonner les deux cahiers (1) qui nous
ont fourni tant de renseignements sur la famille de Quilli­
madec, des informations que l'on dirait extraits d'un Livr'e
de Raison, rédigé en forme, nous reconnaîtrons, une fois' de
plus, que l'administration de la douairière, veuve de Fran- .
Penancoët, fut spécialement ardue et laborieuse .
çois de
Ses héritages ne sont pas respectées, sa possession en
est aussi peu paisible que possible, comme le démontl'e le
Monitoire que nous donnons ici plus bas:
21 février 1691.
Supplique pour obtenir Monitoire. .
La dame de Quillimadec, dis ante que le deffunt Seigneuer
de' Quillimadec avait . donné a tittre de féage noble à Yves
Montfort une estendue de terre au terrouer du Grannec pa­
roisse de Ploudéniel, dans laquelle ledict Monfort avait fB.it
bastir une maison pour son loyer et faict une prée quantité
d'autres augmentations, faisant planter plusieurs plantz,
tant chesnes qu'autre arbres à condition de payer en nature
de cheffrante audit Seigeur de Quillimadec pour chacun, la
somme de cinquante sols, et le decois est ont arrivé audit
( ~) Comptes. Série B. Cour de Landerneau. Offres et débats (fonds Bar-
bier.) .

Monfort., Anne Calvey sa veufve auroit affermé à quelque par­
ticulier ses droits. Mais dans le temps quelle croiait jouir
aissiblement dudict féage que l'on avoi t donné é1 son deffunct
ton ont malicieusement de nuict demolis non seulement la mai~
son mais enC01'e Tazé les fossés et couppé les arbres, plants et
emporté le gros bois, portes et fenestres de ]a maison .
.. : . . : {fin de parvenir à plus emple p're'Ltve attand'Lt q'Lte le faict
est arrivé de n'Uict « faire fulminer les lettres )) et l'amende
de di,r livres contre ceux qui après avoir esté signitfiés d'Ltbment
reffuseront de faire le'LtT 'rapport.
Accordé: St-Pol, 3 mars 1691.
Mme de Quillimadec fut de plus obligée de prendre la
charge d'une multitude de petits rachats, soit par suite de
décès du défunt Seigneur, soit par suite de celui de la dame
de Brezal ; rachat encore de rentes que François de Penan­
cotit avait constituées a deux prêtres pour leur servir de
titres d'ordination, etc ....
En oUll'e, la douair'ière se trouvait accablée sous le poids
des soucis, Olle lui donnait la réfection du bâtiment neuf à
Qui1Jimadec, et la mise en état de Belair, paroisse de Brélès,
Les mémoirei-i des ouvriers sont remplis de détails intéres­
sants sur la mise en œuvre, pdrticulièl'ement pour la ,( céru­
rcrie )), la peinture et la vitrerie que l'on va chenher de
Quillirnadec à Roscoff.
Payé auditBartz, charpentier (quittance du :-31janvier 1693)
la. somme de 72 livres 2 sols, à François Bodénez, Jacques
Dlverrès ct Jean Estien, charpentiers menuisiers de cette
ville de Landerneau, quatre cents cinquante livres par u.ne part
et de 240 livres par autre, faisant ensemble six cents nonante
livres. -- à Jean Bélec, couvreuJ', la somme de 43 livres .
10 sols pOUl' avoil' blanchis audedans la maison neuve.
les causes

référés dans la quittance, suivant mémoire du 12 février
1692, au même Me Frémont, 4 livres, quittance du même,
du 3 mars 1694 · 50 livres 10 sols. Mémoire du même 18
août 1694 = 10 livres 10 sols .
. Ladite dame achepta du hois sec poup faire les portes et
fenêtres de ladite maison: et pour ledit bois sec, pour la
chaux, pour la blanchir et pour le charron desdits bois et
chaux, paya deux cents livres. François Riou cérurier de
cette ville de Landerneau, ayant garny lesdites portes et
fenêtres dudit batiment de tout ce qui est néce~saire, il luy
auroit esté payé pour la somme de 220 lilres .
Ladite dame aurQit fait peindre et imprimer lesdites por­
tes et fenêtres et pour cella, l'huile ]a peinture et l'œuvre de­
main comprises, auroit payé à un nommé La Hoche, peintl'e,
la somme de .58 livl'es. « A uroit payé poUl' trois paniers de
verre pour vitres ledit bâtiment, septante et deux livres et
pOttr la 1JOiture dudit verre, de Roscoff fi Quillimadec, trois
livres fa isant 75 sols, pour des cloutz, pOUl' ledit bastiment:
454. Payé au sieur Gelin 135 pour vitrer ledit bâtiment nenf
et pour réparer les vieilles vitres. déduit par erreur de
livres 126 sols.
François Donnat . 12 livres, pour travaux sur le bati­
ment neuf. Lorsque le déced arriva au défunt Seigneur de
Quillimadec ledit bâtiment neuf n'estoit encore construit que
jusque au premier estage tellement qu'il restoit beaucoup de
massonnage à faire et comme Claude Tessier maist1'e archi-
. tect en avoit pris le t'eur-e et maTché, et qu'on luyavoit ad­
vancé tIes sommes considérable, Ladite Dame comptable
ne luy a payé que trois cents d'ix-huit l-ivres quato?':e soLs;
dont elle demande seulement allocation nonobstéln t qu'après
la mort dudit Seigneur de Quillimadec, il restoit plus de la
moitié du travail à faire. . . .. . . . . . . . . . . . .. cy 318 livl'e8.
Pour la façon des gonds et bandes des portes et fenêtl'è et.
des gaules pour soutenir les vitrages à François Cumunal:

3<> livres, pour les gros fers qui a esté employé 40 livres,
au couvreur nommé François Gourmelen' 350 livres.
Depuis la mort dudit Îeu Seigneur de Quillimadec, ladite
dame fit raiTe généralement tous les charrois de hois verd,
poutres et solivaux, de la pierre, du mortier et des attraits
après que ledit bastiment fnt finy pOUI" le désancombrer et
pour le chari' ois à payé en décompte à ses fermiers 80 liV?'es,
qui luy seront alloués . .
POIlI' ]es divertissements de ladite dame compt.able à faire
les mal'chés payements à prendre les quittances, les exprès,
envoyer chercher les ouvriers et mattériaux, vacation des
exprès, collation et dépance quelle a esté obligé de faire Iuy
Sel'tl allouée 100 livres. Tuiles du festeau : 12 livres,
Intervient enfin la longue procédure à propos des préémi­
nences de l!uillimadec de la li::ière biffée et effacée de nuit à
Saint-Méen: les voyages se multiplient à Quimper, et le .
procureur au pl't!sidial fait un voyage à Qnillimadec, pour
examiner le litig'o entre Poulpry et Quillimadec. Les
dinicultés sc gl'effcllt les unes SLlr les aut!'es avec maître
Charles Bougis c'wrgé de la réformation en Bretaigne. -
La dame de Quillimadec a soin de mentionne!' l'origine
de SOIl trousseau de deuil.
-- Ladite Jame comptable fit venir de ]a ville de .Rennes ses
habits de deuil quelle se debvoit fournir mais elle fit habiller
l'oyant compte et ses cadef:its et tous les domestiques de
deuil lesquels habits ct toutes les fornitures elle prit ' du
sieul' Drwmenil marchand en cette ville de Landerneau
auquel elle a payé pal' quittance du 25 avril 1902. Si,r cents
nona·nte et huit li/'l'cs.
Dans l'article suiyant.152, elle nous faitconnaître que les
seigncul's de {Jllillimadec possédaient il Sizun la chapelle
de Saiut l\1audetz.
« Les paroissiens de Sizun faisait bâtir UI) pignon et cloche!'

leu seigneur de Quillimadec et à ladite dame comptable par 1
acquit, elle auroit fait aller des notaires pour sommer les
paroissiens de Sizun d~ faire mettre et apposer ses
armes et celles de la maison des Quilimadec audit pignon et
clocher et pour auroit payé auxdits notaires quatorze livres,
et vingt sols pour un exprès qui les y alla conduire de la
part de ladite Dame ».
Dans l'addition Mme de Quillimadec revenant sur son
compte de gestion, remet à son fils l'inventaire scrupuleu­
sement détaillé des meubles que le jeune seignewl' aura à
prendre et à payer,
« On y void enfin quil fust payé aux tailleurs_dix huit livres
lesquels tailleurs furent occupès générallement pour faire les
habits de l'Uyant et de ses frères; se j ustiffiant que les
habits de ladite dame compta hIe furent faits à Rennes et que
ceux de la çlamoisele de Quillimadec et les Œittres à usage de
temmes furent faits à .Quilimadecq par des tœille'Li-rs auxquels
on avoit payé neuf livres donc laditte somme de 18 livres est
suportable ' en entier par l'oyant. Au: greffe de Lesneven:
façon de la déclaration, 20 sols; pour réception, 6 sols; au
greffe, 9 livres .
. Ladite deffunte a laissé à son fils au manoir de Quillimadec
les meubles dont il est juste qu'il lui fasse raison soit en luy
dellivrant non détériorés par l'uzage qu'il en tait O'Lt en les luy
payant leur' t'alleur sur le pied de l'inventaire lesdits meubles
consistant:
En une cramaliè1'e estimée 12 livres 10 sols.
Quatre marmittes de fer est. 12 livres .
lIne metz à patte, six barattes, un mortier avec son pilon
et une mue servante à table est. la somme de 6 livres.
Un trois pieds est. 1 livre.
Le pourtrait de deffunte mademoiselle de Quillimadecy
par ladite dame comptable depuis la mort du deffunt
fut faire

estimé six pistoles, sy mieux on naime (sic) l'en 'l'esaisi'l' cy
60 livres.
U ne armoire et une tablé est. dans l'office est 5 livres.
DeuX tables en bois chaisne : 9 livres. .
Deux chal niers estant dans la èave : 12 livres.
Si bal'icques vuides est. 3 livres.
Une grande a'l'moire nettffve est . 45 livres.
Une autre armoire: 7 livres.
Ulle HUGE estant au grenier est 10 livres 10 sols.
Une ' autre huge: pareille somme. Une autre: 5 livres.
Autre pareille 5 livres. Une autre 3 livres 15 sols.
Le billard est. 24 l·ivres.
Une couette, un matellat, un traversin, une contre'pointe
tapis el petit oreiller est 45 l'ivres.
Et pHl'-dessus t,'1ut. la noble dame avait à pourvoir il
l'éducation de rhél·it iet, de nom et d'armes de Penallcoët!
Ses t'omptes nous fourniront des détails curieux SUI' les
méthodes de pédagogie appliquées aux adolescents du
XVIIe siècle, et l'approchés d'autl'es documents nous aide­
ront à publicl', unjouJ', un travail snr l'éducation dans trois
manoirs Bretons SOIIS Louis XIV.
Abbé A~TOINE FA VÉ.