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XIV .
S E~l LA SEIGNEURIE DE CARNOET
LES SEIGN
Un respectable religieux a publié, celte année, à Saint-
Brieuc, un petit volume intitulé Essai sw' l'hisl.oi1'C de Cm'-
noët (1), Celte commune comprise aujourd'hui dans les Côtes·
du-Nord formait autrefois une paroisse de l'évêché de Cor
nouaille. C'est à ce titre qu'il m'est permis de vous en dire
quelques mots. '
. L'auteur de l'Essai sm' Cm'noël n'admet pas que les Bretons
aient" peuplé, cultivé, évangélisé l'AI'morique, Il
insulaires
Mais il devra faire la preuve de cette négation contre notre
éminent et regretté confrère de La Borderie et contre M, Loth,
le savant doyen de la Faculté des Lettres de Rennes (2),
L'auteur dit à la première page que « peu de communes
fournissent des événements historiques de l'importance de
eeux dont Carnoët fut le théâtre, .... Il Mais le lecteur, trompé
dans son attente, ne trouve dans le voll,lme tout entier que le
récit de deux événements.
Le chapit're X est consacré à la " bataille de Saint-Gildas Il
en Carnoët, où Richard-CœUl'-de-Lion vaincu par les barons
bretons « ne dut son salut qu'à la nuit qui cacha sa fuiLe. Il
- Nous doutons, après bien d'autres, que cette rencontre ait
eu lieu SUl' le territoire de Carnoët ; el nous démontrerons
ailleurs que le roi Richard n'était pas là (3),
(1) Essai ..... par le R, Il!. Jouan, Saint-Brieuc,lmp. }l'rancisque Guyon, ·
Chez l'auteur à Sainl-Ilan, par Yffiniac,
(2) Cf. Note SII1' les Ol'igines bl'ctonnes, par J, Trévédy, AS,Meia/ion û,'c
tonne. Session de Lannion (1901).
(3) Cf. La ûa/aille ries Bretons contre les A ngtais près de Gal'i/aia;. (1197 '
ou 1198). Associatioll bretonne, Session de Lannion (1901).
Après ce récit, l'auteur passe au chapitre XI : Canwè't du
XIIIe siècle d la Révolution, 1200-1789, C'est là que se trouve
le second fait historique se rapportant au temps de la Ligue,
séparé par six siècles de la bataille de Saint-Gildas; ce fait
n'est pas appris histol'iquement ; si on l'admet, il n'a en tout
cas qu'une importance très secondaire.
L'auteur corrigeant la phrase citée plus haut a pu, en toute
vérité, écl'Ïre en tète de ce chapitre XI : « On possède, croyons-
nous, peu de chose sur l'histoire générale de Carnoët. »11 a
démontré la justesse de cette observation ,
Mais Carnoët peut avoit' une histoire féodale et une histoire
l'cligicnse,
L'auteur dit un mot seulement de l'histoire féodale : il en
nie l'intérêt; et pour l'histoire nligiense, il déclare que,
« comme l'histoire civile, elle est peu connue. ))
Nous allons essayer de combler les lacunes en ce qui
concerne l'histoire féodale; et nous donnerons quelques ren
seignements sur l'histoire 'l'clif)icllSC,
Mais auparavant expliquons-nous sUI' le fait historique des
guerres de la Ligu{\.
« On dit, écrit l'auteur, que La Fontenelle avait établi une
espèce de quartier général au chàteau de Rospellem », en
CarnoëL
Les traditions de ce genre doi\'ent être reçues avec quelque
défiance; mais celle-ci peut avoir une part de vérité. Le cha
noine Moreau nous fait suivre La Fontenelle presque pas à
pas. Or, s'il ne mentionne pas Rospellem comme un de ses
repaires, il montre La Fontenelle parcourant et désolant
ces parages, en W93-1594. A cette époque, maltre du Granec,
en la paroisse de Landeleau, et tenant l'église de Saint-Tro
meur, à Carhaix, il poussait des courses dans toutes les
dit'ections (1). Mais il ne suit pas de là que La Fontenelle ail
établi «( un quattier général » à Rospellem comme au Granec,
à Corlay, à Créménec, à l'île Tristan. Réduit à ces .propor
tions, le fait relatif à Rospellem n'a pas un grand intérêt.
Mais voici à· propos de La Fontenelle et de la Ligue un
jugement qui appelle l'examen: .
L'auteur fait de La Fontenelle le portrait suivant: ( Ban-
u dit féroce et voluptueux qui, au nom de la religion, et
« comme représentant des Guise, dévasta la Bretagne n.
Et on lit cette note, après le mot n U{Jion: (r Qu'on ne se
(( méprenne pas sur notre pensée 1 Le but apparent .de la
c( Ligue élait de défendre la religion ... Le but réel était de ren
«( vet'~er Henri III et de placer sur le trône les Guise, chefs
c( des Ligueurs (2). Celte association de fourbes méritait bien
(1 d'avoir pour chef en Bretagne un Edet' de La Fontenelle ..
(( La pauvre Bretagne, à cause de sa loyauté et de sa généro
« silé, a toujours été la victime de tous les tartulIes, à quelque
« parti qu'ils appartinssent n.
Est-ce là le langage de la vérité et de la justice'? .
La question religieuse, Moreau l'a constaté, ne touchait
aucunement La Fontenelle; il se disait ligueur, afin de
n'avoir pas en même temps pOUl' adversaires les royaux et
l'armée de Mercœur; mais il ne songeait qu'au pillage, n'é-
· pargnant personne, el ne ménageant pas les ligueurs. . On
pourrait même dire que, en Cori'!ouaille, ce sont surtout les
ligueurs qui ont été la victime de sa rapacité et de ses vio
lences. C'est sur un seigneur ligueur qu'il surprit traitreuse
Le Granec ; et les paysans qu'il pilla et massacra sans
ment
pitié étaien t ligueurs.
(1) Il ne faut pas dire, comme l'auteur, .que Rospellem était pour La
Fontenelle. une station intermédiaire entre Carhaix et Coëtfree. auprès
de Lannion. Quand La Fontenelle tenait le Granee, il n'avait plus Coëlfrec.
(2) Ceci ne pourrait se dire que pour l'époque antérieure à la mort de
llenri 11111·' 301lL 1589). Or c'est. après cette mort que la guerre com
mença de plus en plus '. Moreau, p. 285.
Est-il vrai que les ligueurs bretons ne voulaient que mettre les
Guise sur le trône à la place du roi de Navarre?
ils combattaient celui-ci il titre de calviniste: la preuve
Non:
que son abjuration fut le signal de l'apaisement.
c'est
s, les villes stipulent en p1'Cmier
Avant d'ouvrir leurs porte
Uen l'exercice libre el exclusif de la religiOJ1 catholique,
des gouverneurs et des gens de justice catholiques, elc.
Des chefs ligueurs, comme Lézonnet à Concarneau, Tal
houët à Redon, supplient Mercœur de faÎre sa paix avec le
roi devenu catholique; et n'obtenant rien, ils abandonnent le
duc à ses perfides auxiliaires les Espagnols ('1 j.
Et comment dire que La Fontenelle a été le chef de la Ligue
en Bretagne? La vérité est que ce chef c'était Mercœur ... que
La Fontenelle prétendait exercer un commandement au nom
de Mercœur; mais voici comment ce prétendu chef obtenait
des ligueurs: deux fois les paysans ligueurs l'at
l'obéissance
taquent courageusement quand les chefs royaux ou ligueurs,
ne savent pas le combattre.
moins avisés qu'eux,
que de montrer dans les bretons ligueurs ou
Est-ce justice
des « fourbes )), des « tartufIes )) dignes d'avoir pour chef « un
bandit féroce)) comme La Fontenelle, ou bien des dupes imbé
ciles'? Pas un seul historien chroniqueur ou auteur de
mémoires sur la Ligue en Bretagne n'autorise un tel langage.
POUl' l'honneur de la Bretagne, cette observation était né
cessaire ... Passons à l'histoire féodale de Carnoët (2).
(1) Pour comprendre combien Mercœur étoit joué pal' l'astudeux Phi
lippe 11, il faut lire la Correspondance de Alel'cœul' avec l'Espagne publiée
avee une étude préliminaire très bien fait.e, pOl' le regretté Gaston de
Carné. Bibl. Brttons. AI'chives de IJ/'etayne. T. Xl et XII. (I\JOO).
12) Au moment où s'imprimaient à Saint-Brieuc les phrases rappelées
Ilistoil'e de Pordic faisait imprimer dans la même
plus haut, l'auteur d'une
ville: • En France, les catholiques combattaient le protestantisme l'epré-
• senté par Henri IV; en Bretagne, ils ne se ballaient pas pour une religion
• mais pOUl' un patti. Ils aspiraient à voir la Bretagne reprendre son auto-
nomie .... Donc la question religieuse leur était indifférente ... J'ai répondu
~ celle erreur en répondant au P . .Iouan.
A propos de La Fontenelle, on enseigne aux enfants du Finistère que La
Fontenelle lut. un chel de pa~'sans qui profitant du trouhle général réa-
I. Seigneurs cie Camoël.
Avant de commencer cette étude, disons que le nom de
. l'ancienne paroisse, devenue commune de Camoët, s'écrivait
autrefois Cm'not. Ce nom a persisté dans les titres de la
seigneurie jusqu'à la fin du XVIIIe siècle ; Ogée décri·
vant la paroisse, qu'il appelle Cœ /'noët, nomme le seigneur
de Kerjégu, Langle et Cm'1101. Mais l'annotateur ne cite
pas Cm'not parmi les lieux ha bilés et nous le chercherions en
vain' sur la carte. Ca-/'llot est dit po.ur CUI'lloët ; et le nom de
Ca.nwl subsiste encore dans l'usage vulgaire.
Le chapitre XI commence ainsi: « On possède, croyons-
\( nous, peu de chose sur l'histoire générale de CarnoëL. ....
(e Peut-être pourrait-on arriver à déterminer la présence de
\( certaines familles dans le pays, mais en cela on n'arriverait
« à rien de marquant. "
.En dehors du fait historique que je viens d'éludier, les six
pages du chapitre XI ne contiennent que ~es l'enseignements
sur quelques gentilhommières et leul's possesseurs, renseigne
. ments dont plusieurs seraient à vérifier ; ... mais je ne puis
entrer dans ces détails (1), enfin, un mot seulement de
l'histoire féodale emprunté à Ogée. Le voici. :
«( En 1300, la seigneurie de Carnoët appartenait à Etienne
gissaienl contre le système féodal •. - Voil~ ce bourrcau des puuvres
dcvenu leur chef!
paysans bretons
Geo[J. Atlas cllt Finistère par M. Nonus, inspecteur des écoles primaires
(1886). J'ai répondu dans le temps aux nouveautés historiques de cet album
livre, l,cUres sur la Geo[Jraphie cl l'histoire du f-'inislè1'e (1887),
(1) Je relhe pourtant: lu une erreur, p, 99. Le nom de la famille noble
portant aujourd'hui le nom de Kerautem est Kermcrc'hou el non Jlf(II'c/IOI/.,
La seigneurie de !{erautem eul d'abord des seigneurs de son nom (jus
,qu'uu commencement du XV, siècle) ; - en 11(47, elle était aux Poulmic ;
elle esl revenue aux Kerautcm; cl l'héritière l'a pOl'tée par mariage dans la
maison de Kermerc'lJou. (Ann . des Côles·du-Nord. 18G7, p. 91 el 9~ '- I.a
ba/'ollnie de flosll'enell. Art. signé F. D. l'érudit abbé Daniel.
contrddieLion. même page: • GlIel'Sall z,;C ou Kel'sauzic semble
'.l'Une
la résidence d'un anglais quelconque du leml/s des occupations
annoncer
anglaises, li - p, 94 : « Les Anglais (en' 197) devaient occnper .Guersauzic
qui signifie le village du pelil Saxon, • - N'y a-l-i1 pas a choisir enlre
les deux explications?
(( Riou, châtelain de Carnoët. )) Le P. Jouan ajoute: « De là,
(( pensons-nous, doit venir le nom de KelTiou ; c'est là évidem
(( ment que résidait le seigneur de Carnoët : ..... La position
(( est belle .... la maison a la forme d'une genlilhommière .. .. ll
Kerriou aurait donc été (( évidemment)) le chef-lieu de la
seigneurie ! .
Voici quelques objections: 1 le prétendu manoir de
. I\.erriou n'est pas compté parmi les maisons nobles aux
réformations de H47 et '11:)36. Il Y avait en Bretagne
plusieurs familles nobles du nom de Riou; l'une en Léon,
l'autre en Cornouaille et possédant ' la terre de Ken'iou,
paroisse de Gouézec (1) ; mais nous ne voyons aucun membre
de ces familles indiqué comme seigneur de Carnoët; 2 au XIVe
siècle, le mot châtelain employé seul ne se prenait pas comme
aujourd'hui au sens de maître ou seigneu1'; mais au sens de
capitaine ou gm'dien du château. Ogée aUl'ait-il trouvé dans
un litre un Ri01t châtelain de Carnoët? Ce Riou était selon
toute apparence ca.pita.'ine du château de Carnoët. '
Cal'lloët eut un château. dit de Ca'l'noè't ou Cœrnot, qui fut le
chef-lieu de la seigneurie. Le P. Jouan l'a vu et l'a décrit, sans
le reconnaltre. Nous le montrerons plus loin.
A propos de Carnoët, j'aurai à parler des seigneuries de
Rostrenen (12 ou 15 paroisses), Pont-l'Abbé 1'14 paroisses) et
Le Faou (17 paroisses), ceLte dernière portant titre de vicomté,
Je place ici quelques indications utiles, pour ne pas y revenir.
Ces trois seigneuries relevaient prochement du duc; et, à ce
titre, comme beaucoup d'autres avant 1401, elles avaient titre
de baronnies. En mai 1451, parmi les nombreux possesseurs
de baronnies, Pierre II en choisit neuf qu'il nomma les nl:u(
barons de Bretagne, et qu'i 1 prétendit faire les chefs de la
noblesse bretonne. Les sires de Rostrenen, Pont-l'Abbé et Le
Faou ne figurent pas sur celle liste,
(1) C·· de Pleyben, arr. de Châteaulin.
AvantlMH, les possesseurs des baronnies ne prenaient pas
dans les actes le titre de baron; il leur suffisait aux: Etats de
sièger au banc des barons du duc, Après la création de Pierre II,
ces seigneurs et d'autres avec eux: se parèrent du titre de
baron, Les sires de Pont-l'Abbé se dirent même des neuf
bo./'ons de Bretagne, Les seigneurs de Pont-Château élevèrent
la mème prétention avec aussi peu de raison ... Ces compéti-
tions subirent de curieuses vicissitudes; mais les Etats y
mirent/in en 1779. II était temps! (t).
Cela dit, commençons... Nous ne pouvons prendre la
liste des seigneurs de Camoët qu'au XV· siècle; nous la don
nerons complète de celte époque à 1789: le lecteur jugera si elle
est aussi dénuée d'intérêt qu'on semblait le dire.
Au commencement du XV· siècle, la seigneurie de Camoët
appartenait aux Guermeur qui prenaient leur nom de la sei
gneurie du Guermeur (en français La Grandville), paroisse
de Bringolo (2). C'esllà que commence pOUl' nous l'histoire de
Carnoët et de ses seigneurs.
(1) Et Ogée d'écrirc, en 17i5 (If, p, 3(7): • Pont-Château cst une sei
gneurie .... qui envoie aux Etals comme baronnie; mais elle n'a qu'ulle
voix avec le seigneur de Ponl-l'Abbé n. Plus loin (Il; p, 373) il dit: • La
!'cigncurie de Pont-l'Abbé envoie aux Elots; mais elle n'a qu'une l'oix
avec celle de l'onl-Chùtcau, parce que les deux ensemble ne fonl qu'une
baronnie qui ont (sic) voix à l'alternalive, •
L'ullemative a obtenu un plcin succès! On l'impl'lme encore aujourd'hui!
,l'ai l'épondu dans Pont-Château et POlit-l'Abbe aux Etats de Ore/ayne
Pour plus de détails sur Rostrenen el Ponl-I'Abbé, je prends la Iiberl6
de renvoyer à mes opuscules: ,
P/'omenade li Doal{aa (1883). - Lettres SUl' l' his/ai/'e de la ual'oll/lie de
Pont-l'Abbé ('1888), - Seignelll's de Guémadellc (1888), - Pie/Te de, Ras/n
nen, ClJfII]la[Jlwll de Jeanlle d'A/'c (189G). - IJm'onnie de Pan/-l'Abbé (189i).
Pont-l'Abbé et Pant-CluÎleau au.'!: Etals de 8I'e/a[Jlle (1898),
Lire surtout La IJu/'onllie de !los/rellen, par 1\1'" la comtesse Jêgou du
Laz (1892).
(2) Dringolo, c" de Plouagat, arr. de Guingamp, Côles-du-Nord.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. , TOME XXVlll (Mémoires). 15
1. Hervé du Guermel11', d'ulle branche cadette, était en
mème temps seigneur de Carnoët, de Coatrao, haute justice
en PlugufIan, près de Quimper, et du Ponthou, dont le chef
lieu était le Ponthou, sur la rivière de Douron « dit jadis la
\'ille du Ponthou: noble, franche, libre de fouages, guet et
deyoirs roturiers (1) Il. Heryé du Guermeur ayait pOUl' femme
Marguerite du Chastel, sœur du fameux Tanneguy, le prévot
de Paris, Leur fille Jeanne succéda ,1 ces trois seigneuries,
Il. Jeanne du Guermeur ('pousa Pierre vm, seigneur
banneret ou baron de Hostrenen: une seigneurie comprc
llant douze à quinze paroisses et qui, en 1294, devait deux
chevaliers à l'ost du duc.
De ce jour, à cause sans doute du voisinage (25 kil. en
ligne droite) Carnoët sera considéré comme une annexe de
Hostrenen et suivra son sort pendant plus de deux siècles, -
Nous nous garderons de remonter à Guillaume de Rostrenen
pOUl' lequel fut créé, dit-on, sous Louis-le-Débonnaire le titre
de connétable de France (2), Mais nous dirons que les sires de
(1) Déclaration du 30 mars 1730. M. de la Borderie. Géoy, féodllle p. 153
el hote 'J. - Avant ù'appal'lenir aux Guermeur, Le Ponthou avait eu des
seigneurs de son nom. Even du Ponthou déclara, en 1294, devoir un demi
à l'ost du duc. (~Iol'lce. PI'. 1. 1113). - Le Ponlhou, C" de Ploui
écuyer
gneau, arr. de Morlaix, Finistère.
(2) On lit l'éloge du connétable dans AI/II. des eûtes-du-Nord. 18!12 p. 145
ct suiv. Voici la conclusion: " Valeureux Guillaume, voilà plus de mille ans
que lu es morl pour )lOUS, et chez nous rien encore ne glol'ilie Lon dcvoù
ment! •
En !i34 • le connétable périt dans un combat. • On le nommait Guil
ail COUl't ne7. parce que dans une bataille il eutl'extrémilé du Bel
laume
emportée d'un coup de sabre .• Jollivel. Cûtes-du-NOI·d. III p. ~6S.
L'auteur ajoute: ,En 1.\33, le sire de Hoslrenen (c'est Pierre VJlI) prit
de nouveau parti pour Clisson contre Jean V. En 143Î. il fait des prodiges
au siège de r.loncontour .• - Voilà Clisson combattant Jean V en 1433.
Or, il étaitmorl le 23 avril 1·107! - Au lieu de JJloncontoll1' lisez iIIoll/e
Ogée avait dit le premier. Il. G87. - • Tous les historiens sont d'accord
le premier connétable sous Lonis-Le-Débonnaire .•
que Hostrenen a été
_ Tous les ... el le P. Anselme qui ne compte les counétables
de lOGO!
qu'à partir
Rostrenen, issus des comtes de Poher, avaient déjà une longue
illustration. Ils ont eu un sénéchal de Bretagne en 1068, un
croisé en 12ïO ; ils avaient des alliances avec les Rochefort,
Montfort (1), Rieux, Coetquen, Le Faou, Vitré, Pont-l'Abbé,
Malestroit, Quelenec, Coetmen, etc.
Pierre VIII était fils de Marguerite de Mauny, petite-nièce
du connétable du Guesclin; la sœur de son aïeul (Pierre VI)
avait épousé Alain VII vicomte de Rohan, dont une fille,
Marguerite, fut la première femme du connétable de Clisson;
Pierre VIII sera le lieutenant du .connétable de Richemont.
Un seul trait suffit à assurer sa mémoire. Le 17 juin 1429,
Jeanne d'Arc et le duc d'Alençon, qui commandent l'armée
royale, n'osent attaquer les Anglais; Richemont hésite à
combattre seul avec sa petite armée Bretonne. Rostrenen
s'écrie: « Monseigneur, faite marcher votre bannière, tout le
monde la suivra. » L'ordre est donné, la bannière marche;
l'armée française suit ; et l!3s Anglais sont défaits à Patay.
Pierre de Rostrenen était gouverneur de Paris pendant une
absence du connétable, quand il y mourut le 12 août 1440. Il
fut inhrnné derrière l'autel des Jacobins avec les princes du
sang (2). Le plus illustre de sa vieille race fut le dernier de
la branche ainée ; il ne laissa que trois filles .
III. Marguerite, l'aînée, était mariée, avant la mort de
son père, à Jean, baron de Pont-l'Abbé, fils de Hervé IV et de
Marie de Rosmadec ; elle lui porta la seigneurie de Rostrenen
et celle de CarnoëL
Les deux bannières de Rostrenen et de Pont-l'Abbé (ou
comme on disait de Pont) seront réunies da-ns les mêmes
mains pendan't plus de deux siècles; et Carnoët suivra leur
sort aux mains des mêmes seigneurs.
(1) JI s'agit des scigneu rs de Montfort-la-Cane (Ille-el-Vilaine), non de
Montfort-l'Amaury (Seine-el-Oise), de la maison ducale de Bretagne.
('2) L'inscription tumulaire a été vue par l'historien Le Baud et pal'
d'Argentré qui la rapporte_ - Pour plus de détails sur Pierre VIII. Cf.
C07npaynons bl'elolls de Jeanne d'AI'C, par J. Trévédy. 1896 •.
Jean de Pont fut mêlé aux grandes affaires du temps. En
1461, il représente le roi Louis XI aux Etals de Dinan. En
1465, il suit le duc François II à la guerre du Bien public. Il
mourut en 1480. .
Marguerite, décédée dès 1456, avait eu huit enfants dont
Pierre, l'aîné.
IV. Pierre IXde Pont et de Rostrenen. Il épouse (1454)
Hélène de Rohan-Guémené, fille de Louis 1 qui fut chancelier
de Bretagne el de Marie de Montauban.
C'est lui qui construisit, l'église de Rostrenen et en obtint
en collégiale (27 août '1483) ('1).
l'érection
Il fut un des chefs de l'opposition des seigneurs contre
Landais (1484). Uni avec les Rohan, Laval et Rieux, il était
de la ligue qui, à Châteaubriant, allait livrer la Bretagne au
roi Charles VIII ('1487). Mais reconnaissant et réparant ses
torts envers le duché, il tombera avec son frère Vincent sur le
champ de bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (28 juillet 1488).
Il laissait deux enfants: un fils, Jean, qui va suivre; et
une fille, Louise, née la première, et qui, dès le 21 octobre
-1492, était mariée à Tanneguy, sire du Chastel (2j .
V. Jean III de Pont, était ellcore mineur, lorsque (en
1(00) il épousa Catherine de Brosse. ~
Catherine tenait aux deux branches de la maison de Bre
tagne. Pal' SOli père, Jean, vicomte de Penthièvre et seigneur
de Boussac et de Laigle, Catherine descendai t au cinquième
degré de Charles de Blois etde Jeannede Penthièvre; par sa mère
(1) Mm. la Cl. " ; du Laz (la lJaronnie de Rostrenen) a publié la bulle qui
érigea la collégiale. Pièces jusliticalives. IV. p. 1 t6. Lire dans le même
volume les plaintes trop justifiées de l'érudit abbé Daniel. Il conclut:
• On pourrait peut-être citer la ville de Rostrenen comme la capitale du
vandalisme en Cornouaille, « !.Il IJaronnie de RoslI'enen •. Ci· dessus, p. 223,
note J. L'abbé a trop de raison de dire ]Jeut-éll'c. .
('2) Tanneguy (IV) était alTière-petit-neveu de Tanneguy (II ) nommé plus
haut (p. 226) et pElit-neveu de Tanneguy (III ), v" de La Bellière, grand
écuyer de ·France, puis de Bretagne. Louise était morte ayant 1501.
Louise de Laval, elle était arrière petite-fille du duc Jean V, et
cousine au septième degré de la reine Anne ('1).
Issue de Penthièvre, Catherine continuait, comme Lous les
siens, à portel' les armes et le nom de B/'lJtagnlJ en vertu des
traités de Guérande et de Nantes (1364,,1440). Malgré leurs
prétentions sur le duché, Louis Xl et Charles VUI n'avaient
fait aucune protestation à cet égard. Mais, à la sollicitation
de Bretagne, qui étaitde Montfort, Louis Xl[ fit dé
d'Anne
fendre aux Penthièvre de i( porler les noms et arilles de Breta
gne l). Catherine et son mari obéirent seuls à ceLLe injonc-
lion sans cause jUl'idique (2).
Au mois de Illai 1508, Jean vinl prendre place dans son
enfeu au couvent Saint-François de Quimper (3). Il ne laissait
qu'une fille nommée Louise.
(1) l' Guy, r.omte de Jean, ,comte de Montfort.
Penthièvre.
Jean IV, duc de Bretagne.
:l'Jeanne de Penthièvrc
de Blois.
Charles
llichard.
il' Jean de Penthièvl·C. Jean V.
Isabeau , dame de Laval François II, duc de Ul'e
4'Charlesde Penthièvre
tagne.
5' Nicole, ct .... de Pen Louisede Laval,mariée
Anne, l'cine.
thièvre,mariée à Jean il J ea n de Brosse, c"
de Penthièvre.
de Brosse.
(j0 Jean de Brosse, Cio de CATIIEDlI\'F.. Claude, l'cine.
Penthièvre, époux de
Louise de Laval.
ï CATHERINE.
(Z) C'esttà dessus qu'on a' imagine que « l'orgueil de ces petits potentats
(les barons de Pont) s'était si démesurément accru que Louis XII sc 'vit
obligé de leur enjoindre de ne pas s'inscrire seigneurs du duch6 de Breta
et de ne pas porter les armes de ce duché .• Histoire lie POlit-/' Abbé.
gne,
Joul'nalle Finistèl'e de Quimper (avril-juin 188.\). - Le fait ainsi présenté
les bal'olls de Pont tombés en démence.
nous montre
au duché quand elle avait un
Comment Catherine aurait-elle prétendu
frère et deux sœurs aînées?
Le (rère était nené dc Brosse, comte de Penthièvl·e. Les sœurs étaient:
femmc de Jean IV de Hieus, maréchal de Bl'clagne, qui avait élt\
Isabeau.
tuteur de la reine Anne, - et Madeleine. femme de François de Bretagne,
frère naturel de la mème.
(3) • D .. Ioannes de Ponl qui multulrt allicicIJatul' huic convclltui ct
Ol'llini '. - Nécrologe de Saint-François.
VI. Louise épousa, le 7 février 'J5li, Piene de Foix,
baron de Langon.Pierre était fils puiné de Gaston de Foix,comte
de Candale et captal dr. Buch, et de Catherine de Foix Il avait
pour aïeule maternelle Léonore, reine de Naval'l'e ; la sœur de •
sa mère, Marguerite de Foix, seconde femme du duc Fran
çois II, était la mère de notre duchesse et reine Anne, morte
le 9 janvier 1;H4 ; et la sœur de Pierre, Anne, avait épousé
Ladislas de Pologne, roi de Bohême et de Hongrie.
Le mariage de Louise de Pont la faisait petite-fille d'une
reine, belle-sœur d'une rr.ine et tante à la mode de Bretagne
de Claude, reine de France.
Elle mourut sans enfants, en décembre '1526, laissant pour
héritier Jean du Quélénec, héritier de la vicomté du Faou, son
neveu à la mode de Bretagne, fils de sa cousine Gilette du
Chastel et de Charles du Quélénec, "te du Faou ('J).
VIl. Jean c1u Quélénec. A la mort de son père (a près -1527 ),
il réunit la vicomté du Faou à ses cieux baronnies, et fut ainsi
un des plus puissants seigneurs cie Bretagne.
En H:i38, encore mineur, il épousa Jeanne de Maure, fille
du comte cie Maure et de Hélène de Rohan. Le 31 octobre '1M8,
(\) A ce moment, il avait ce titre. L'avait-il, comme on l'a ccrit, lors de
son mariage (7 lévrier 1517)? Non, si la date de 15:~~ donnée au décès de
son auteur est exacte. Celui·ci était Jean du Quélénec, l''' du Faou, ami l'al
de Bretagne (3< du nom de Quélénec), destitué.par la duchesse Anne (1 "8~J) .
Pierre 1 X -t- en \48~.
.Jean III - Catherine de Brossc . Louise - Tanneguy tiu Chastel.
Louise - Pierre de Foix. lIilielle du Chastel, mariée (7 fé-
vrier 15\ il à Charles du Qué
lénec, l'" du Faou.
Jean du Quélénec,
Généalogie de Foix.
Gaston de Foix et Léonore d'Aragon, reine de Navarre
:\1arguel·ite, femme de
Catherine, femmc de Gaston de Foix
François II.
La reine Anne.
de Foix, époux Anne, femme de Ladis-
Pierre
de Louise de Pont. las, roi de Bohême.
La reine Claude.
il rendait aveu au Roi pOUl' Rostrenen et annexes. Le 20 aolit
1553, pal' testament, il ordonnait sa sépulture il Rostrenen;
il mourait avant la. fin du mois ('1).
Il laissait un fils encore enfant qui suit, et deux filles dont
une, Jeanne, fut mariée à Jacques de Beaumanoir.
VIII. Charles fut marié,le 20 juin 1568,à Catherine,unique
héritière de Parthenay et de Soubise, qui avait quatorze ans.
II prit le nom de Parthenay et le titre de Soubise sous lequel
il se signala dans les guerres civiles (2). li était de la compagnie
du roi de Navarre (depuis Henri IVj. Dans la nuit de la Saint
Barthélemy, appelé dans la cour du Louvre, il y descendit
armé, se défendit (( comme un lion "et, quand il tomba sans
vie, il était « percé comme un crible. » (2!f août 1572) (3).
IX. -- Son neveu, fils de sa sœur, Toussaint de Beau
manoir, vicomte du Besso, succéda à ses trois grandes seigneu
ries et à beaucoup d'autres dont Carnoët. Attaché au parti du
roi, il joua un grand r61e dans les guerres de la Ligue en
Bretagne: il y commanda toute l'infanterie royale. La blessure
qu'il reçut devant Ancenis obligea l'armée royale il lever le
siège de celle place. Transporté à Rennes, Heaumanoir y
mourut le 17 mars '1::;90, à trente-cinq ans. (Baptème à Jugon,
le 1 septembre 1554).
(1) lIl·' du Laz, p. 4.0, et VI, p. 133. En janvier 1530, Jean avait pour
lulem' Alain de Ilosmadec.
(~) Dans les aclcs, i1~st sourcnt nommé GIll/des de SOI/bise, d'où l'enellr
dans la liste des seigneurs de Ilostrcncn, Carnoët, elc., inll'oduil uu
qui,
Soubise entre Charlcs du Quèlénec et Toussaint de Bcaumanoir.
M. Delamarre, archiviste des CôLes-du·Nord, a drcssé unc liste des sei
gneurs de Carnoël à partir de Pierrc de llostrcncn. (Voir Arch. Côtes-tlu
Non), série E (éotlalite, t. Il, 1" partie, urt. 15112 in fine) Cette liste est
cxacte jusqu·ici. Mnis il cc point M. Delamarrc a intercalé Charles de PI/)'
th.enay comme successeur de Chal'Ies du Quélénee·- Nous l'enons. de voir
que les deux noms désignent le même Ilcrsonnngc.
(:1) On peut voir sur ce point Bayle. Oiclill1l1wire. V' Qllélénec.
Sa veuve, néc le ~'2 mars 15:i4, alll'l:s lui 31'0il' consacré plusieurs élégies,
élait rcmariée moins de trois ans plus tanl. Le 15 aOIH 1.'.i5, elle éponsa
Hené Il de Hohan, baron de Frontenay, ct lut mèrc du célèbl'c lIenn
(II' du nom) duc de 1\ohan, dc I3cnjamin, prince de Soubise, etc.
Beaumanoir avait épousé Anne de Guémadeuc, sœul' cie
Thomas, seigneur de Québriac, vicomte de Rézé, etc. (J).
Thomas avait épousé Jacqueline de Beaumanoir. Ils étaient
donc doublement beaux-frères. Guémadeuc avait deux fils,
Toussaint et Thomas, dont il sera question plus loin. Beau
manoir ne laissait qu'une fille, nommée Hélène, alors dans sa
cwqUIeme annee.
X. Beaumanoir avait voulu Ilue sa fille fùt mariée cl
René de Tournemine, seigneur de la Hunaudaye, fils de René,
lieutenant-général des l'ois Henri III et Henri IV en Bretagne,
qui allait mourir en janvier H>92. Le mariage fut célébré le
16 janvier 1599 ; mais la vie commune commença seulement
en 1501. Hélène avait treize ans et son mari quinze.
« Ce mariage, dit le P. du Paz, n'eul pas un heureux
succès (2) Il. Impossible de parler plus discrètement! Cela veut
(1) Thomas avait le litre de y"and écuyer hé/'éditai,'e de Bretayne, qu'il
de sa mère, Marguerite de Québriac, en 1559.
avait hérilé
On a dit que ce titre était attaché à la ôeigneurie de Blossac (autreCois
Beloczac, commune de Brutz, près Rennes). Non. JI appartenait à Brécé
(Noyal-sur-Seiche), petite, mais ancienne seigneurie, ayant haute justice,
en tant que sergenterie ducale, qui Cut longtemps réunie à Blossac ,aux
mains des Montboucher (144'2-1451), puis des Québriac (11;)1-1539). enfin
des Guémadeuc (jusqu'en '1596 environ). De là l'erreur.
Thomas, mort en 1592, transmit son litre à Toussaint, son fils ai né ;
1596, Brécé avait passé par acquêt à Guy Le Meneust, sénéchal
m lis, avant
de Rennes, dont les descendants le possèdent encore après plus de trois
siècles.
Ne pas conCondre les grands écuyers héréditaires de Bretagne avec le.'
f/l'ands écuyers des dl/CS dont 111" de Courcy et de Cou ITon de I{erdellee'h
ont dressé la liste.
Le litre de grand écuyer hél'édilaù'e était purement honorilique. JI
donnait le droit de portel' l'épée du duc à son couronnement ct de prendre,
en gages du service lccompli, le coursier du duc. Le grand écuycr héréditaire
la dernière fois le la aotH 153'1, à l'entrée nu dauphin
apparut pour
François, Crère ainé du roi Henri Il, à Hennes. Ce jour, il porta l'épée du
duc; mais, le cou/'sier lui ayant été contesté, il ne parut pas au couron
ou l'épée fut portée par le buon d'AI'augour, François, frère na
nement
de la reine Anne et grand oncle du jeuue duc. Pour plus de détails
turel
cf. Les f/l'ands éCl/yers héréditaires de, BI'e/aune (1891) par .1. Tl'hedy.
("!) Gélléalof/ic des /leal/manoÏl· .
dire que, dès l'année '160 1" Hélène fuyant les \'iolences de son
mal'i s'enfermait dans le château de Pont-l'Abbé où son
mal'i vint l'assiéger. Quelque temps après, la ville de Quimper
viL passel' une troupe d'un millier d'hommes se hatant vers
Pont-l'Abbé. C'était Sébastien de Rosmadec, marquis de
Molac, qui de Dinan dont il était gouverneur accourait au
secours de sa cousine avec lIne nombreuse noblesse (11. Mais
le secours arrivait trop tard: Hélène venait. de capituler.
La vie commune reprit entre les époux; mais pas pOUl' long
temps_ Bientôt Hélène se réfugia derrière les murs de Dinan
plus sûrs que le cMteau de Pont-l'Abbé et sous la main de
son cousin de Rosmadec. Delà elle intenta une action en
résolution de mariage. Enfin Toussaint de Guémadeuc et La
HUllaudaye se rencontrèrent au pays de Retz, tousdeux ,i la tête
d'une troupe de cavaliers. Lescousins échangèrent deux balles
. qui furent mortelles.
Guémadeuc tué SUl' le coup fut inhumé a Québriac le 4, dé
cembre 1606 (2). La Hunaudaye après avoir langui plus d' un
an Illourutle 20 février 1608.
Un an plus tard, le 12 avril 1609, Hélène épousait Charles
de Cossé. marquis d'Acigné, second fils du maréchal, comte et
plus lard duc de Brissac, alors lieutenant général en Bretagne.
Ce mariage allait ètre aussi malheureux que le premier (:j
Le marquis 1I0US est r~présenté comme un émule de Don
Quichotte; mais il avait des fantaisies moins innocentes. Fol
. lement prodigue, il accabla sa femme de mauvais traitement.s.
(1) Sébastien, fils de Tanguy de Rosmndcc ct de Margnerilede Bc.1umnnoil·.
sœur consanguine de Toussaint, Il était nomme maréchal de France quand
il mourut, le 1.\· !cptembrc IGI3, de douleur, dit-on, de la mort dll roi
IICD ri IV.
('2) Celle date l'clc\'l'e 1):11' l'abbé Paris-.Jalobert sllr les rcgislrcs de Q'Jé
b~iac dément les Ilates données jusqu'ici, et étahlit la date du MeCs dc La
lIunandaye qui mou l'lit ( apri!s avoir langui unc année Ic del'ni,~ 1' jUill' rie
févrici' ('291. !'année ëtanl bissextile.
(a) Tallemant des Iléaux, qui n'a pas la réserve dll P. du Paz, dit qu'il
« firent Ic plus ch ien de munugc .•
Le ma réchalle ft t in terdire, ma is mouru t bientôt (0 juillet 162;».
Alors le marquis emprisonna sa femme dans un de ses châteaux,
la forcer, sous menace de mort, à s'obliger pour
prétendant
lui et à reconnaill'e un enfant supposé. Enfin Hélène trouva
le moyen de faire arriver ses doléances au roi. Son mari fut
mis à la Bastille; et, le 22 janvier 1628, le parlement le bannit
du royaume à perpétuité .
de Guémadeuc était mort sans enfants, et tous
Toussaint
les biens de leurs parents avaient passé à son frère Thomas.
Celui-ci épousa Jeanne de Huellan (1), dont la sœur cadette
de Brissëlc (la bru du maréchaP. En novembre
fut duchesse
1616, aux Etats de Bretagne, Thomas se prit de querelle avec
son cousin le marquis de Nevet el lui porta un coup mortel,
puis alla se réfugier à Fougères dont il était gouverneur.
Il se rendit à un exempt du roi, fut emmené à Paris, et
condamné comme meurtrier el rebelle eut la tête tranchée en ,
place de Grève (2ï septembre '16"1 Î).
Thomas laissait une Hile encore enfant, Françoise. Riche par
ses parents, elle était principale héritière de la Misa d'Acigné.
Le cardinal de Hichelieu avait pesé de tout son pouvoir pour
empêcher Louis XIII de faire grâce à Guémadeuc. Neuf ans
plus lard, pardonnant à la fille la rébellion du père, il demanda
sa main pour le fils de sa sœur Mme de Vignerod du Ples
six, Miso cie Pontcourlay. Le mariage fut célébré le 29 juin
'L626 ; et, en '16~9, naquit un fils, Armand Jean, que le car-
de son nom et de ses titres (2).
dinal allait faire héritier
(II Voir Ic portrait de Gilles ùe Huellan, I, ·ès tI"Cle, dans Tallemant des
Iléaux 1. p. aDI, éd. de Paris.
("2) On a écrit: • Françoise de Guémadeuc a été la mère de l'immortel
de Hichelieu. » Le cardinal est né en 1585 ; or, Françoise est née
cardinal
vcrs IljlO ; le cardinal aurait pu être son père.
Un autre écrit: • Un d'ls fils de Françoise fut Armand, due de Hichelieu,
le célèbre vai nqueu l' de ~I aholl. - La prise de Mahon est de 175fi,cent tren te
le mariage de la mère prétendue du vainqueui' '.- La vérité est
ans après
que ce vainqucur était le pelit·fils de Françoise, né le 5 avril 16\)6. soixante
apres le mariage de son aïeule. fils de Armand·Jean, në en 16~lJ. -
dix ans
Cr. Uttoml de la Frallce. 1'. Il, p. Hi'!.
Mais Mme de Pontcoul'lay n'était pas seule héritière de la
Mise d'Acigné. Hichelieu redouta quelques dispositions en
faveur d'autres héritiers (1) ; il para au danger. Son atndé
. Jacques Barrin, sr de la Galissonnière, maître des requêtes,
était devenu administrateur des biens de la lnarquise, et avait
elle beaucoup d'empire.
sur
Le 16 janvier 1629, Hélène donna à sa nièce la vicomté du
Faou avec ses annexes, les baronnies de Pont et de Hostl'enen,
les seigneuries du Quélénec, des Isles, Carnoët et Crenolles,
Beaumanoir, Launay-Madeuc, etc.
Celte donation fut acceptée par le cardinal se disant tuteur
de son neveu, et pal' BalTin se disant tuteur et curateur de la
dame de Pontcourlay (2;.
Après ce dépouillement anticipé de ses plus belles seigneu
ries, Hélène eut-elle enfin de la paix '1 ... Elle vint ha biler son
château de Limoëlan (3). Elle y vécut encore huit années
« travaillée, dit-elle, de continuelles maladies causées pal' les
violences exercées SUl' elle n. Le 16 juillet 1636 el. jours sui
vants, elle fit un testament qui conCirmailla donation et indi
comme co-héritiers de la dame de
quait trois collatéraux
Pon tcolll'Ia y (li). Le W aotH suivan t, la ma Iheureuse Hélène
(1) Enlre autres son ncveu il la mode de Iketagne, Sf:baslien tll) de
Rosmadcc . •
Hélène avait beaucoup d'obligations il son cousin Sébastien Il'') de Hos
Oladec ; et clle témoigna sa gratitude à son fils Sébastien (II). Elle lui'
avait loué la baronnie Je Hostrenen et selon toule apparence la lui dcsti
nait puisqu'elle le laissait,des lfi~9,prendre le titre de baron de 110slreliclI.
('!) Barrin savaii faire payer ses services publics ou privés. En IG:,8, il
obtint l'érection en marquisat de sa terre de la Galissonnière.
Hélène avait reconnu lui de\'oir la somme de 3G.551 livres. pour la
clic lui avait \'cndu les seigneuries de Plédran et la Villéhélio il
quelle
charge de réméré, par contrat du G fénier IG'2S .• Cet acte qualifié /lente
li ,·émé,.ti est en réalité une constitution de gage. Cf. l'acte imprimé n'IX
pièces j IIslilicnli ves, p. 1 Gn rie la hllt'onu;e de Rostrenen ,pa ,. Mm. la Cl.'" d Il IJaz.
(3) C" de Sévignac, c"" de Broons, arr. de Dinan.
(4) Outre la dame de Ponlcourlay et Sébastien du Hosmadec, elle nomme
Philippe d'Espinay, marquis de Broons, et François de J
était inhumée au couvent de Sainte-Catherine de Dinan,
fondé en 163'1.
qu'elle avait
XI. Fra nçoise de G uémadeuc, marquise de Pontcourlay. -
Malgré les précautions prises, la dame de Pontcourlay n'eut
pas la paisible jouissance de tous les biens que lui attribuait
la donation de '1629. La succession de la Mi se d'Acigné donna
lieu à d'interminables procès entre ses hél'Ïtiers. Après trente
ans de plaidoiries, une transaction intervint que le Padement
deParishomologua , le li septembre '16ïO. Unseulpointnous
importe: la dame de Pontcourlay abandonnait la baronnie de
Rostrenen et la seigneurie des Isles à Florimonde de Kera
dreux, qui fut mise en possession aux derniers jours de
novembre suivant \1 J. La seigneurie de Carnoët séparée de
Hostrenen après deux siècles et demi restait à la dame de
Pon tcou l'la v.
A la mort du cardinal de Richelieu (4 décembre 1642), Mme
de Pontcourlay vit son fils Armand-Jean hériter les titres de
son grand-oncle. Devenue veuve, le 26 janvier 1646, elle
épousa, l'année suivante, Charles de Grivel de Gamaches,
comte d'Orouer ou d'Aulroy qui , en décembre 1658, fut
assassiné dans son carrosse à Paris. Elle-même mourut le '13
janvier '16ï4.
XII. - Armand Jean, (1I1C de Richelieu, trouva la succession
de sa mère dans un aITreux désordre. Incapable de se gouver
. ner, elle avait follem ent engagé ou vendu nombre de ses sei
gneuries (2) .... Mais nous n'avons à parler que de Carnoët.
Nousallons remonter un peu plus haut.Nous voyons apparaître
ici une famille dont les descendants seront, après plus d'une
les derniers seigneurs de Carnoët (3).
përipétie,
(1) CL le procès-verbal de mi se en possession. - La ba/'onnie de Rostre
ne/!. Pièces justificatives IX, p. t!lt· !7ô, - A remarquer que la dette
t1'Hélène de Beaumanoir envers le sieur Barrin (ci-dessus, p. 235, note 2) est
clùe intégralemen t, après quarante-neuf ans révolus.
encore
P) En Hi,:,.), elle vend Mué et Dlossae, en 1658, Québriae. Le pl'ix de
Mue (j/).OOO liv. J était dù tout entier à la Mi" de Sévigné.
(:l) Sur ce qui suit Arch. des Cùtes-c1u-Nol'c1. t: . 15\n et u. ~35 •
Pal' acte du 14 février '1:)72, Charles du Quélénec avait
atIéagé, avec quelques réserves, le domaine de Carnoët, il
Gui,llaumeGuynement, sieurde Pennanec'h (Maël-Carhaix)('!;.
Quelques difIiculLés s'élevèrent et un procès s'ensuivit.
1610 et 1628, Mauricette Guynement, fille ou du
Enfin, entre
moins héritière de Guillaume, mariée à François Le BigOl,
consentit une transaction; et Hélène de Beau/llanuir, alors
emme de Charles de Cossé, rentr3 en entière possession de
Carnoët (2).
Postérieurement eL pal' acte du 30 mars 1635, la Mi se
de Pontcourlay et son mari avaient assis une rente de 120
livres SUl' CarnoëL, au profit du marquis de Rosmadec t3),
qui se subrogea François Le Bigot, alors sg ·' de I(erjégu (Poul-
laouen) (4},de Langle ICa rnoët), de Lesma bon (Oua ulL)( ti), et sa
femme Mauricette Guynement.
Ceu x-ci euren t pou r héri I.i el' leu r fi Is Sébastien, ma rié (t6~n)
à Ma rie Arrel ,da me de Kermerc'hou (Garlan)( (j), fi Ile d'u ne Coël
tanscours. Elle était de la branche aînée d'une famille noble
, qui avait fourni un chevalier, Olivier, au combat des Trente.
Les Le Bigot eux-mêmes éta ient nobles d'ancienne extrèlc
tion (i). Sébastien, capitaine d'infanterie, fut chevalier de
Saint-Michel.
('1 i Probablement le séncchal de Carhaix signalé en I.'iG'! (De Courcy). -
Milël-Carhaix, canton, arr. Ile Guingamp.
(2) Les deux datcs lGIO ct tG:!8 sont cellcs rlu mariage d'Hélène de
Bcnumanoir et du hllnnisscment du JIll. d''\cigné.
(:I) C'est-à-dire une rente dc 120 livres, non hypothéquée, mals assignée
pour êtrc payée chaquc année sur les rcvenus de la seigneurie par le fer
ou le reccveu r.
m ier
(4) Poullaouën, C" de Carhaix, <1l'1'. de Chàteaulin,
(5) Duault, C" de Ca llac arr. dc Guingamp .
IG, Garlan. c·· dc Lanmcur, aIT. de "'Iorlaix.
(i) Les Le Bigot flgUl'cnt à une montre de !-l'1ft (poullaouën). Courcy . r. 84.
- Christophe L~ Bigot est inscrit aux nobles de Carnoët non en 1136,
mais cn 1 Hi, C'est peut-ètre entl'e ces deux dates que la famille s'établit
il Cal'Doël.
Le H fé\Tiflr 'IG06, Sébastien Le Bigot et Marie Anel acqui
de la Mise de Pontcourlay la seigneuriede Cal'lloët: mais le
rent
contra L a lia i t demeu l'el' sa ns effet. Sébastien mou ru L en '1666
avanL d'avoir obLenu l'homologaLion, que sa veuve elle-même
poursuivit en vain,
De leur 'mariage Lrois enfanLs survivaient: un fils nommé
Joseph, qui allait faire reconnaiLre sa noblesse d'ancienne ex
traction (alTôt du 28 février i6m') ('J); et deux filles dont
l'a Inée Mauricelle-Ursule était mariée. Le 16 janvier J651
(Duaultl, elle avaiL épousé SébasLien Fleuriot, fils de Claude,
chevalier de SainL ,Michel, SS'" de Kerloet (Quimper-Guézé
nec) (2) eL de Fiacre Le Bahezre, dame de Kerfichant-Rosvil
liou (Duaull)_
Les FleurioL figurent aux réformations de Hl2ï à 1013. Ils
de Saint-Michel; Charles..en '1 59'J,
ont produit deux chevaliers
et Claude, que nous venons de nommer, en 16:39 (3).
Sébastien Fleuriot, qualifié sg,' de I{erloeL, fit reconnaîtrA
sa noblesse d'ancienne extraction pal' arrêt du 5 août 1669
(i générations). Il habitait le château de Kerloet ; c'est là que '
Lous ses enfants, cinq fils eL trois filles, sauf un fils
naquirent
devenu l'aîné; eL c'est là que Sébastien mourut le Ji aoOL
16i3, laissanL pour principal héritier son /ils alné, Charles
Sébastien, né le 25 février 1656 à Duault.
(1) Joseph prend le titre de Kerjégu et de Langle (9 générations). C'est cet
orrèt qui attribue à Sébastien le titre de chevalier de Saint-Michel.
JI y avait en Bretagne quatres autres familles du nom de Le Bigot. Les
noms Bigot et Arl'el très nobles donnent un démenti à ceux qui s'imagi
que le de est une Pl'cuve de noblesse.
nent
(':1j Quimper Guezennec, COI de Pontrieux, arr' de Guingamp.
(3) Claude etaitlils de René sgr de Kerloet et de Marguerite de Che(
du Bois_
Le journal manuscrit de René (Arch. des Côtes-du-Nord;, date la nais
de Claude à Guingamp, du 6 juin 1594, - et son mariage du lU no
sance'
vembre 16~3 avec Fiacre Le Bahezre. Elle mourut le t" aoùt 10'W; et
épousa tiilette de Coëtlogon. II ne "ivait plus en 10,-,3. (Che/lalie/'s
Claude
de Sailli-Michel p, 13~).
Joseph Le Bigot, et après lui sa sœur la dame Fleuriot deYe
nue son héritière, moururent sans a\'oir obtenu l'homologa
tion de l'acquêt de CarnoëL.
Après de longs débats, beaucoup d'écritures et de Crais,
Charles Sébastien, héritier de sa mère, renonça pal' ac/.es
des 10 juin et 29 juillet '1688, à se pl'évaloir de ce contrat
vieux de trente-deux ans.
Mais il n'avait pas, ù ce qu'il semble, l'enoncé il Carnoët;
et, après quinze années, le 20 octobreJ 703, le duc de Biche-
lieu lui consentH une nou\'elle vente pour la somme de '18,500
livres, La prise de possession eut lieu les 19 et20 décembre, -
Nous aurons à y revenir (1).
Xlll. -, Charles Sébastien était seigneur de Carnoët en
même temps que de Rerjégu, Langle, Kerfichant, etc Il prit
le nom de Langle, que sa descendance allait grandemellt
honoror; ct, comme son père, il résida au ch,Îteau de I\.erloet,
où allaient naltre ses enfalJts.
Le '1:2 janvier ((ii8, Charles épousa Anne de " crohent, fille
ainée de Séb<1stien, marquis de Coët.anscoul's. Devenu veuf et
ayant perelu son fils, Charles se remaria, le 2 novembre 1711 ,
à Marie-Angélique de Varennes, qui lui donna deux fils et une
fille. 11 mourùt ù Kerloet, le 5 octohre 1ï20.
XIV. L'ainé de ses fils, Jenll Sébastien, né le '20 sep-
tembrol712, est dit comte de Langle, seigneur de Kel'loet,
Carnot ... , etc.
Le 22 mars n34, à Pommerit-le-Vicomte (2), il épousa
Mnrie·Jeanne de la Monneraye de Bourgneuf, fille de Jean,
grand prévôt de la mal'échnusséc de Bretagne. Il en euL hui!.
enfants don!. Irois fils: deux survécurent: Jean-Charles
Marie et Paul-l\farie-Antoine (3i.
(1). Arch. des Côtes-du-Nord. B. 23;i.
('2) C·· de Lanvollon, arr. de St-Drieuc.
(3) Des cinq filles, quatre vécurent: l'une devint religieuse; les autres
les comtcs de Hosmordllc, de Derval et de TrogolT .
épousèrent
C'est Jean-Sébastien qu'Ogée mentionne \'crslïïti, comme
seigneur ha u t-j usLicier ,de Kerjégu, La ngle cL Ca moL l'CU nis
(1. p. Hi::;). II mourut le 30 marsli81.
XV Jean-Charles-Marie hériLa les seigneuries de Carnoët
et annexes, 1\.el'loet, etc. Né le 2S octobre li3S, page du roi
en 1i1:i3, il était capitaine au régiment Royal-Etranger cava
lerie, lors de son mariage, en décembre ni5, avec Delphine
Marie d'Arbois ,
Le 22 avril 'l7SG, dans l'acLe de nomination d'un sénéchal
de Carnoët, aux titres de chef de nom et d'armes, de chevalier
de St-Loui3 et d'ancien capitaine à Royal-Etranger cHalet'ie,
il ajoute ceux de cc seigneur comte de Langle, seigneur des
terres, fiefs et seigneuries de 1\.erloet, Kergoc, LfI Feuillée,
Munehore, Le Rumeur, Rer
Langarzan, Bois-de-la-Roche,
marquer, Coetrevan, Carnot, Kerjégu, Langle ... etautres ('1) n.
Jean-Charles-Marie Fleu'riot ém igm et ses seigneuries furent
mises sous séquestre: mais Carnoët ne fut pas vendu pal' la
nalion, et à son retour il en recouvra la possession .
Le dernier seigneur de Carnoët est mort à Guingamp en
1S09. II laissa un fils: sa postérité masculine s'est éteinte, et
la branche cadetle devenue l'ai née est issue de son (l'ère Paul
une mention est due ,
Marie-Antoine auquel
Paul, né le 1"1' aoüt li!~4, est le capitaine de vaisseau très
digne et très malheureux compagnon de La Pérouse. On sait
sa mort. Commandant l'Astrolabe: au cours d'un voyage d'ex
avec La Pérouse, il fut massacré le 'l7 décembre
ploration
1iSi, dans une des îles Samoa ou des Navigateurs.
tl) Arch. des Cùtes·du-Nord. Il. 235.
Kermarqllcr (plomeur-Gauliel') (c"" de Lezardrieux aIT. de Lannion) et
Le Rumeur (si ce mot est écrit pour llosimem' Pommerit· le-Vicomte)
(c·· de Lanvollon, arr. de Saint· Brieuc). Le Bois·de-la-Roche n'est pas la
grandf~ seigneurie de ce nom (chel-lieu en Néanl, canlon de Mauron, arr,
de Plo(!rmel) érigée en eomté (1609) pour les Volvire.
Q uelq ues a n nées a u pa l'a va n t, il a va i t épousé Georgelle de
Kerouarf.z, pupille du vice-amiral comte d'Hector, lieutenant
g.-\néral desnrmées 11a\"ales (1782) et commandant de la
marine à Brest. Il laissait un fils unique.
Jean-Charles-Marie, nommé comme le frère aîné de son
père, était né le 6 décembre 1784. En 1791, quand il avait
sept ans, sa mère émigrant l'emmena en Angleterre ('1 ). Unique
héritier de son père, Jean-Charles possédait Kerfichant-Rus
villio, Lesmabon et quelques domaines aux environs. Ces
biens furent mis sous le séquestre. Après douze années, sa
mère, l'entrant en France, y ramena son fils encore mineur;
mais les biens de l'orphelin émigré sans le savoir avaient été
rendus par la nation. Il n'en restait qu'une épave, une ferme
de 250 livres de revenu apparemment omise par erreur!
En 1807, Jean-Charles avait épousé Marie-Jeanne Mélite
de Fresnel. Il en eut neuf enfants, au nombre desquels sept
fils: l'un mourut enfant, les six autres allaient sel'vir la
France; l'un entra dans l'administration de la marine; un se
cond est devenu colonel de cavalerie ; les quatre autres
suivant l'exemple de leur aïeul entrèrent dans la marine.
L'un, enseigne de vaisseau, est mort à vingt-trois ans de la
fièvre jaune à Port-au-Prince (184'1), l'autre lieutenant de
vaisseau à trente-huit ans a péri dans un naufrage (1845).
Tous deux semblaient appelés aux plus hauts grades qu'allaient
deux frères. L'aÎné, Alphonse, vice-amiral f:n
mériter leurs
1871, est mort en 1881; Je plus jeune M. Camille-Louis-Marie,
contre-amiral en '187V, vit aujourd'hui en retraite (2).
En '1887, après un siècle écoulé depuis la mort du comman
dant de l'Aslrolabe, quelques restes de ses ossements furent
à Brest. L'amiral de Langle les a recueillis dans un
rapportés
(1) Mm. de Langle élait remariée à lIené de la Monneraye. sgr de Deau
régiment ùu Hoi (infanlerie). Ils habilaient Bath (comté
nicl', cupilainc au
de SomerSel) où naquirenl quatre enfanls en 179.3-17,'8 1800 ct I"UI.
('2) .Je dois il SO fl exlrème obligennre plu siellrs des renseignements ci-dessus.
BULLETIN ARCHÉOL. DU {IINlsTimE .. - TO~IE XXVlIl (Mémoires). 16
monument qu'il a fail élever à Saint-Louis de Brest, vis-à-vis
du monumentdedu Couédic, le commandant de la S'll1'vcilla.nlc,
Aucune place ne pouvait être mieux choisie (1),
Voilà la succession des maîtres de Camoët depuis le début
du XVe siècle, La liste commence par le nom de Pierre VIII
de Rostrenen, le glorieux lieutenant du connétable de Riche
mont; elle se continue aux XVIe et XVIIe siècles par des noms
historiques de Bretagne et de France: enfin au terme nous
trouvons le nom de Fleuriot et le souvenir du commandant
de l'A st'I'olabe et de ses dignes petits-fils, dont lesdeux amiraux,
Le lecteur qui a bien voulu nous suine ne dira-t-il nas:
« L'auteur de l'Essai SUI' Ca./'IWël se méprenait lorsque,
. dissuadant de recherches qu'il n'avait pas faites, il écrivait:
« On ne trouvera rien de marquant »,
II. Seigneu/'ie de Carnoël .
Pour être complet, il faudrait décrire la seigneurie de Car
noët ; ce travail ne m'est pas possible en l'absence des titres.
Voici seulement quelques indications générales, .
La seigneurie de Carnoët ne s'étendait que sur les deux
paroisses de Carnoët et Plourac'h Elle était. sous le domaine
de Carhaix, mais au bailliage de Duault, qui avaiteu autrefois
un siège royal depuis longtemps réuni à celui de Carhaix ('2),
(1) Le monument portant l'épitaphe de du Couédic ne marque pas la
place où il rut inhumé. Le monument primitif fut saœa~è, en lï:J.J, par
des hommes qui, dit-un, n'étaient pas brestois ; mais qui, assurément, se
targuaient du titre de patrioles.
1'2) Le, sièges de Duaull, Landeleau, Le Huelgoal.et Châteauneuf-Liu-Faou
snntmentionnés sous le présidial de Quimper. dans l'édit de création des
présidiaux par Henri Il (Reims, Mars 1552 n. s.) Ils furent réunis il Carhaix
par l'édit de Chàteaubriant (octobre I~(j .)). Chàteaulin et d'alllres sièges
lite clans la suite réunis à Quimper, les sièges de Quimper el Carhaix
ayant
furent. pOUl' un temps, les seuls chefs-lieux de justices royales dans l'él'l'ehé
de Cornouaille. - Cr. OI'!)anisntiOll jutliciail'è lie /(( IJt'dayne avant 1789,
par J, Trevédy 118.13).
Le seigneur de Camoët étant en même temps, depuis 1703,
seigneur de Kerjégu et de Langle, avait obtenu l'union de ses
trois seigneuries et justices. En 17ï5, Ogée les montre réunies
(1. p. H55) ; et ce renseignement est confirmé authentiquement,
comme nous verrons.
Du jour de cette réunion le ch ef-lieu de Camoët devint le
chef-lieu des trois seigneul·ies. Ce chef-lieu ne fut jamais à
!{erriou, bien que le P. Jouan y roie de manière « évidente ))
la résidence du seigneur ('1) ; il était au clllUean de Cm·noël.
Or. ce ch
Le dernier écrit:" Sur le mamelon de Saint-Gildas on \"oit
les traces d'un camp romain circulaire dont les fossés ont sept
mètres de profondeur (2). n Plus lard, il décrit « l'enceinte
fortifiée, de 28 mètres de diamètre, de HO mètres de tour, ))
dans laquelle il voit (( une fortification Il qu'il aLlribue « aux
Homains ou aux Armoricains qui l'aurait construite au temps
des invasions saxonnes ou normandes du VO siècle ou des
siècles suivants )) (3).
A son tour, au sommet de la montagne de Saint-Gildas, le
P. Jouan nous montre (( le monticule de Saint-Gildas )), et il
écrit: « Malgré les difTérents noms qu 'on lui a donnés, cette
« élévation n'est autre chose qu'un tumulu:? ... , ce (J'est pas
« le camp prétendu romain qui existe un peu plus loin)) (4)_
Chose assez singulière: Gaultier du Mottay signalait seule-
ment l'enceinte circulaire; le P. Jouan copie la description
de du MQttay (p. 18) ; ma is il ne prend a tt.en tion q u '3 u mon ticu le.
(1) Ci -dessus, p. ·~ ·!4· .
('2) Géo!l)·a/ihie ... V, Cm·noël. p . ,~9!. Se figure-t on un camp des dimen
sions si réduites que nous allons dire? - L'auteur va se corriger.
(:~I Voies )·omames ... p. \J . - Fol"lilicillioit esl plus exact que camJl; mais
cOllllllent parler des inl'a~ions saxonnes au V, siède ? Les envahisseurs du
V' sièc\6 élaient les exil6s Brelons. envahisseurs pacifi~ues que les Armo
ricains ne craignaient cl ne combattaient pas.
(-'1) P. l'l et plus loin III à 20.
Or, les deux descriptions se complètant nous monlrent un
monticule dans une enceinte fortifiée; et il n'est pas permis
ou l'autre.
d'éliminer l'un
Voilà le chûteau de Carnoët !
Le ,P. Jouan était préoccupé de trouver une « habitation »
des seigneurs de Carnoët, qui devait être pour le moins une
maison ayant, comme Kerriou, (( la forme d'une gentilhom
mière ». Le monticule dans une enceinte fortifiée ne répondait
pas à ce signalement. Impossible de voir là un (( manoir)) habi-
lable. Mais comment y trouver un tum'ulus funéraire? POUl'
J'y voir, il a fallu faire abstraction du rempart fortifié. C'est
ce qu'à fait le P. Jouan (1).
Le chatean de Carnoët est une de ces fortifications des XIe
et XIIe siècles auxquelles on a donné le nom de c!lûtCOll;f à.
mOllC.~, comprenant un rempart en terre surmonté d'ordinaire
forte palissade en bois, défendu par un fossé, et formant
d'une
une enceinte souvent circulaire. Dans l'enceinte est comprise
une éminence arrondie naturelle ou artificielle dite mOlli' , sur
une tour, carrée à l'origine, en bois ou en pierre, dite
laquelle
dunjon.
Ces fortifications qui se retrouvent encore assez nombreuses
en Basse-Bretagne gardent leur marque d'origine dans le
nom breton de al' c'haslcl, le ch<Îteau.
(t) C'est encore une préoccupation de l'auteur de trou ver des IUlliuli Ù
Carnoël. Il y est déterminé par l'étymoloilie du mot: Cm·n-Coël.
L'érudit Aymar de Blois expliquait ces mots par piel're-hoi.~. Celle éty
peut sem hIer douteuse en composition, le c de [o ill ne dispal'ait
mologie
pas: il reste, ou il est remplacé par l'aspiration il. Exemples: Lescoet, Lezar
coal, Pénancoat ou Penhoal, etc. Anciennement et jusqu'au XVIII' siècle
on écrivait Cornai (Cm'I. de Quimper. 1;)72, I~ïl, 1780), comme on dit
encore aujourd'hui,
Mais le P. Jouan interprète Cam par lombeau,. - • Carnoët signifie le
1 canl dit bois, c'est-à·dire le IOllibeau du bois, /'ossuai"e du bois; ou, si
« l'on ne veut pas de celle étymologie, les lambeaux; ce qui est nbsolu-
1 ment \Tai , car, malgré les dilTérents noms qu'on a donnés au monticule
• de Saint-Gildas, cette élévation n'est autre chose qU'un Iltl/lullts. C est
1 le CO/Il UU lJois, car autrefois Coat·Frèau devait envelopper toutes ces
• hauteurs, (p, 1'2 et 13).
Parmi les noms divers donnés au monticule de Saint-Gildas
figure celui de al' c'ha~tel. Comment ce nom significatif n'a-t-i1
pas attiré et retenu l'altention du P. Jouan; et ne l'a-t-il pas
déterminé à quelques rechcrches aux archives de Carnoët?
Il était tout indiqué d'étudier les aveux au Roi provenant
de la cour des comptes de Bretagne et gardés aux archives de
la Loire-Inférieure, les aveux les plus anciens surtout. Ce
travail ne nous a pas été possible (1), Mais nous avons pu voir
par des yeux qui ,'oient mieux que les nôtres un acte déposé
aux archives des Côtes-du-Nord. Cet acte est de date relative
ment récente; mais il a été dressé sur le vu d'actes anciens,
et il les supplée pour nou!'> de façon suffisante.
Nous avons YU Charles-Sébastien Fleuriot devenir, le 20
octobrc 1703, acquéreur de Carnoët ; les 19 et 20 décembre
sllivants il est mis en possession (2)_ Le procès-verbal contient
une énumération très sommaire des biens, mais il est heul'eu
sement plus détaillé pour les droits honorifiques. Il montre le
nouveau seigneur conduit sur la « montagne de Saint-Gildas,
lieu et emplacement de l'ancien cMteatt de Camot Il. De là il
descend « dans la chapelle du château nommée la chapelle de
Monsieur Saint-G ildas Il, où lui sont montrées « les armoiries
d'argent à trois faces de gueules chargées d'hermines, comme
armes do Rostro!\en. Il La yisile se continue par les églises
paroissiales de C:1rnoët et Plourac'h, où les mêmes armoiries
sont montrées (3).
(1) lnvwta;re sommaire des archives de la Loire-Inférieure B. 394. Aveu
de Charles du QlJél~nec. - 1560. Déclaration de Armand du Plessix, duc de
Richelieu (1 Gill - 6 octobre) pour la rélormation du domaine ,le Carhaix.
D'après un n oUl'ea u classemen l. B. Carha ix T. 10. p. 23(\-2'11.
hw. SI)IIII1l des ar.h. des Côtes·du-Nord. A. Domaine de C'lI'haix . ',f).
tlHO-I6'IGI. Avcux de Pierre de Hostren~n et Charles du Quelener.. - M. tic
Berthou a bieu voulu lire pour moi l'aveu du duc de Richelieu. - Désap
pointement 1 L'aveu ne mentionne ni les ruines du vieux ch,iteau, ni les
ni le lieu de l'auditoire .....
patibulnires,
ni Arch. Côtes-du· Nord. U. 23;;. - Nous devons cet extrait :'\ l'extrèlne
obligeance de M. Tempier, archiviste, avec d'autres 'rcnseignements dont
nous allons faire lisage.
(JI Il cst plus exact de dire d'hermine il trois (aces de gueules. De CIJurcy
V' Rostrenen.
Retenons ces mots: « emplacement de l'ancien château de
Carnot », et la situation indiquée (ft/-d"ssus de la chapelle
de Saint-Gildas .. l1 est bien question cie la IC)J'{ificat-ion décl'ile
pal' Gaultier du Mott3y et nommée Il/1lwlm pal' le P. Jouan . .
Or, en nombre de lieux, ce l'o'/'t primitif dit mOlle, chateau,
tau'/" ou donjon fut le chef-lieu originaire cie la seigneurie:
plus tard, bien que ruiné, il garda ce titre; et quand la charrue
avait passé sur eux, certains de ces châteaux ou du moins leurs
emplacements gardaient. encore le titre de chef-lieu de la
seigneurie même au XVIIIe siècle (1) ,
Donc, aucun doute sur l'emplacement cie l'ancien clullean
de Ca./'rwët au sommet de Saint-Gildas ('2).
Quelques mots des prééminences, dfls droits principaux et
des revenus de la seigneurie ,
De l'acte de 1ï03 il résulte que le seigneur de Carnoët était
prééminencier, comme supérieur et fondateur, non seulement
de la chapelle de Saint-Gildas, dite « chapelle du château» :
mais des églises paroissiales de Carnoët et Plourac'h,
Kerjégu et Langle avaient haute justice comme Carnoët. La
réunion des trois seigneuries amena, nous l'avons dit, celle des
trois hautes justices.
(1) Je cite comme exemple, très démollstratif. me semble-t-il, le châteall
de Goatrao (commune de PlugulTan, pl'ès de Quimper) - En 1:,75, le
« manoir» est loué à un cultivateur pOUl' deux mesures de froment (bail
de 1.'i7.) etl~8\) , - En IG7!), .j( est signalé cOllIme n'aynilt plus que quel
vestiges de château. (Aveu du IX mai. Arch. du Finistère). En 17:l11,
ques
il est tenu à domaine (al'eu du 17 mai. Arch. du Finistère). - Et pour
tanten 17f,l, il garde ses prérogatives de cherlieu de fief. C'est là que
sont dues certaines redevances (Aveu du 27 novembre Arch. du Finis
Cf. Promenade ci f'I'alllJll'aS el Coa,trao. - 1~8'2, p. 108.
tère).
!Jans les mèmes para~es le château ou donjon de Stnn~ Hoc'han a été le
chef-lieu du grand fief de Quémenel. appartenant primiti\'ement ù I~ vi
comté de Léon passée par mariage (IJ(i~) aux Rohan.
(:!) A ce propus étudier le cadastl'e, plans parcellaires, s'" D, pour la
chapelle Saint-Gildas s' · G pour le ~olllmet de la montagne. Dans une
vaste parcelle n" :lOI (l'l h. ;; a. GO c.) (lite .lfene,,-bras est compl'isc une
surface de forme ovale marquee pal' dèS hachure, indiquant une suréléy~
tion. Dans cette surface est marque un signal placé sans doute au sommet.
Voilà l'ancien château au-dessus, de la clta]Jelle.
La haute justice est souvent dite jus [jlar/il, droit de glaive,
expression exagérée. J~st-ce pal' tl'aduction ou interprétation
de ces mots qu'on vient d'imprimer: (( Les hauts justiciers
avaient droit de vie et de mort sUl'leurs vassaux Il? Eh!
non, la haute justice c'est '( le droit de nommer des jugrs qui
prononcel'on t même la peine de mort n. De nos jours, celle ins
titution est une prél'ogative des chefs d'Etat. Celte prérogative
nécessaire acceptée pal' tous est-elle le droit de vie Cl de mort?
Elle en est la néga lion 11).
Les trois hautes justices s'exerçaient par un sénéchal dit
premier juge civil, criminel et gruyer (2).
11 se peut (ce n'est pas probable pourtanL) que le sénéchal
jugeùt seul; sans le lieutenant et l'alloué qu'on trouve en
nombre de sièges égaux à celui de Carnoët ; mais il était
entouré de « suppôts » (nous disons aujourd'hui officiers de
justice), procureurs, notaires ct sergents (huissiers) (3).
Quoiqu'il en soit, lorsque, à la veille de la Révolution, le
22 avril lï86, le demiel' seigneur de Camoët instituait un
(Il Qu'on yeuille bien excuser celte digression !. Il n'est pas possible de
laisser sans protester passer une telle errcur publi6e dans ~Ile brochure,
l' 1/ isloil'e de l'o/'dic (Sa i nt-l3rieuc. 190 l ,p. '20-21 l,don t l'a u teu l' a n nonce la su i te,
ct quc plusicurs journaux ont annoncée ct recommandée ,çml$ )'ésel'/Je
al/Cl/Ile.
1: lIis[oire tIe Port/ie contient bien d'autres erreurs, Le lecteur tombe de
surprisc cn surprise: il app,'cnd not~mmcnt que Pordic fut le point d'em
barquement de César pour l'i1e de Uretagnc; - que l'hommage simJlle
obligeait au respcct, non il l'obéissance en,'crs le seigneur supérieur; -
que lcs dcux Illats mon/I'e et )'é(ol"llllliion tle ?loblesse sont synonyme~ ; -
la supprcssion proposée pal' lui de la succession collatérale. (Voir ci·dessus,
p_ 2'2'1, note 2. - Je réponds'" /'lIiHtoil'e de Pordic). _
('2) Ce sont les termes de l'institution de sénéchal que nous allons men
tionner. - Le al'IIIJeI" jugcaitles conlrayentions forcstières_
(3) Ces oalcicrs étaient souvent lIlullipliés jusqu'à l'excès. Il n'y avait
pas lieu de signaler, comme chosc digne de rcmarque, la résidence d'un
huissier (ou sergent) il Saint·Gildas, p. 100.
sénéchal (1 ),cetofficier n'allaitpas-- heureusement--exercer ses
fonctions au criminel dans les mêmes conditions qu'autrefois.
li futuntempsoù enBretagne -Iacondamnation à une peine
afllictive, même la mort, était prononcér. sans recours possible.
cc Le juge, dit Hérin, condamnait le matin et faisait exécuter
l'après-midi )J. ~Iais, depuis l'ordonnance de HlïO, toutes les
condamnations sont portées par appel, même d'ollice, au parle
ment; pas une exécution ne sefaitqui n'aitété ordonnée par lui;
en sorte que en réalité, le parlement seul condamne.
L'auditoire de la justice de Carnoët était au bourg de
Ca rnoët,adossé au mu rd \1 ci metière etfa isa n tface au placître (2).
A la tin du XVIle siècle, il était en maurais état ; et, pour
n'avoir pas à le reconsti'uire ou réparer, le duc de Hichelieu,
qui allait rendre Carnoël, nutorisa le sénéchal à tenir audience
au bourgde Plourac'h(:3). Cette décision, si elle était prorisoire,
devint sans doute définitire. En lï03, l'auditoire de Carnoët
était en ruines (I~). Le seigneur des trois justices de Cal'l1oët,
Kerjégu et Langle l'a-t-il j'établi ? ..
L'acte de lï03 ne fait pas mention des /r)lll'chl's palhulail'I's,
signe public de la haute justice. On peut supposer pourtant
qu'elles ont existé anciennement; elles seront tombées, n'au
ront pas été relerées dans l'an et jOllr, et l'autorisation de les
releyer n'aura pas été demandée ou n'aura pas été obtenue 'ij'.
Un acte nous donne quelques indications SUl" la seigneurie
de Carnoët à la reille de la Rérolution,
C'est le (c grand des biens» dressé après la mort de Jean
Sébastien Fleuriot, 3rant-dernierscigneurde Carnoët (liSI) tli .
(1) Institution d'un sénéchnl cL juge ~ru)"er, le 2~ a\"l"iI IiSC, pnr Jean
Fleuriot de Lan~le. Arch. Côtes-tIu-Nord. Il. :,J:i.
Charlcs-,\larie
(-:!) I)rise tle pos5ession de 1703. Ci·dessus. p. '23().
(3) 01'11. IX janl"iel' IW!). Arch. /1. '2.15. - Sur la l'cnte dc CarnoN. Ci
dessus, p ~:l!).
('1) IJrise tic possession tIe 170:l.
(;'1 "'aveu du duc de Hichclicu :lü8\ - ci dessus, p. ~r;, nolc 1) n'cn fait
pns lIlention flon plus.
(G) ,Je dois la communication de celle pièce à ~1. le comle tic HO';lIlortluc.
((. Art. 4. Terre et seigneurie de Carnot, évêché de Quimper,
paroisse de Carnot et autres, avec droit de haute, moyenne et
basse justicc, rentes seigneuriales, chelIrentes, casuels, lods
ventes et l'achats, droits de pavés et gallois, coutumes, préémi
nences d'église, droit de supériorité et de fondation de l'église
paroissiale cie Carnot, enfeus, etc. La dite terre et dépendances
relevant du Roi SOllS son domaine de Carhaix, à devait' de foi,
hommage, lods-ventes et rachats ».
L'énumération des terres comprend le manoir et métairie
de Langle, des moulins, beaucoup de convenants . Les chef
frentesel féagescomprenncnt notamment « 6 gols sur la maison
presbytéralle de Carnot ... a livres sur une maison sur I:em-
1 )lacemellt du chMeau de Saint-Laurent; cinquante-cinq sols
sur le lieu noble de I\erautem .... deux livres dix sols sur la
montagne de Saint-Gildas ... », etc.
Les grelles de Carnoët-Kerjégu-Langle réunis étaient
a lTermés WO 1 ivres
L'évaluation générale de Carnot et ses annexes compris
dans le lot du fils ainé était de 3.n08Iivres, 'lI sols, 10 deniers .
HL f.1l'oissc de Ca1'lloël.
L'Essai ne dit rien des origines de la paroisse de Carnoët
C'est L1ne lacune dans un oU\Tage dédié au curé de la paroisse.
Quimper que l'on peuttrou\'er quelques l'enseigne- C'est à
ments sur ce point.
La paroisse de Cm'noët uvec sa trève, ou comme on disait,
sa fillette St-Corentin, était de l'archidiaconé ct doyenné de
Poher (1) : au xm·, siècle, elle dcvint une des prébendes du
chapitre de Cornouaille dont le nombre fut porté plus tard
jusqu'à seize.
(Il Oc h', le nom de f.UP·lloël-Pohcl· donné à celle paroisse pour éviler la
confusion, le nom de Olll'lIoi;1 se lrouvant aussi dans l'orchicliaconé de
Quimper.
était' la seule lrèl'e de Carnoël. Nous le reverrons plus loin.
Sainl-Corentin
En 1219, Renaldus ou Rainaud devint évêque de Cor
nouaille. C'est lui qui allait entamer la construcLion de la
cathédrale que nous admirons aujourd'hui; et il allait fonder
le couvent de St-François, la première maison de Francis
en Bretagne (1), avec une élégante église el un
cains établie
cloître que les violences sacrilèges du XVIIIe siècle ayaient
dévastés, et que l'indifférence du XIX" a détruits.
de la modicité des ressources de son église et trouvant
Frappé
le nombre de sept prébendes, Rainaud en créa trois
insufIisant
en l220, et trl)js autres en 1223. Carnoët fut l'une d'elles (2. ).
Au siècle suivant (1368") Carnoët, sous le nom de Ca/'nOI
Poc'he1', figure pour une somme de vingt livres à la table des .
taxes payées à Rome pal' les bénéfices de COl'llouaille (3).
Deux siècles plus tard, dans « le l'olle d'une décyme payée
par les mêmes bénéfices n, fa prébende de Carnoët est com- .
prise pour sept livres (4), et le vicaire de Carnoët pour
soixante sous (5).
D'après un acte de '1780, le revenu de la prébende était à
cette époque de '1320 livres; mais ce revenu était loin d'être
net. Le prébendé avait à prélever. -lOOO livres pour le recteur
de Carnoët et deux vicaires n, un à Carnoët, un il la trhe
de Saint-Corentin. Sur la somme restant de 320 livres, il
fallait entretenir deux cancels (6).
On voit combien peu il restait aux mains du chanoine. ~fais
il avait droit aux distributions, au pain dtt chapit/'e, comme
on disait, distributions faites à raison de tant pal' jour sul' la
présentation de plombs (jetons cie présence); un chanoine
(1) Aymar de Blois. Revue de l'AI'I/lol'Îqlte. T. 1". p. ~2J el suivantes.
(2) M. l'abbé Peyron. Prébendes et 1'evenus du chapill'e de COl'nouaille.
RI/Il. de la Société Arch. dit Finistère (1900) p. 2ï4.
(3) (fJ) (5) Bull. de la Commission diocésaine d'Al'cliéoloyie (Quimper
1\)01). p. 45, 4'!, Il!l.
(G) Cancel, autrement C/lancealt, espace le plus voisin de l'autel, sOUl'ent
fermé d'une balustrade dite du même nom. Il s'agit ici des d~ux cancels de
l'église de Carnoët el de la chapelle tréviale de Saint-Corentin.
assidu au chœur pouvait presque dédoubler le revenu de sa
prébende (1), Enfin, il pouvait espérer la jouissance fI'une
maison prébendale ; mais il fallait savoir attendre une
vacance, cal' il n'y avait que huit maisons prébendales pour
seize prébendés
C'est sans doute à titre de prébende que la paroisse de
Carnoët n'était pas ci l'al/enta/ire comme il était ordinaire,
L'évl!que en était seul le présentateur,
Ce renseignement résulte de l'état de la lla/'oi.~se fourni à
l'évêque de Cornouaille en nso, P) Voici textuellement
de cet état, « Patron, saint
quelques indications extraites
Pierre; présentateur, l'évêque; collecteur, l'ordinair'e ;
déci ma teu l', le théologa 1 (3) Il,
Dix ans plus tard, les dimes étaient. payées pour la dernière
fois (4), Le recteur de Carlloët les évalue cl 1.300 Ii\'l'es, il les
a perçues pour n90, au nom du décimateur ; il a remis 3:>0
livres [1 son vicaire de Carnoët, 3i:i0 livres au vicaire de Saint
Corentin, il impute les GOO Iines restant SUI' son traitement,
et réclame 900 li\Tes pour parfaire la somme de 'l,ijOO li\Tes,
C'est cl ce chiUre que la municipalité a\'ait fixé le traite
SUI' le chillre de la population qu'elle réduisait
ment, calculé
(1) En 17"24, un chanoine tl'ès assidu reçut pOUl' }Jilin la somme totale de
310 Ii\'fe~,
Cet usage qui peul étonner aujourd'hui venait de ce que à l'origine, el
jusqu'au XII' siècle li Quimper, les chanoines vivaient en communauté sous
la direction de l'un d'eux dil 1I11/Jé, Les donations faites hU chapitl'C il telle
époque ,ont faites « en commune prébende, •
(2) Sur tous ces points, Cf. Chanoine Peyron,
(3) Je dois cet état ct quelques renseignements un peu posterieurs il ~I,
le chanoine Peyron, - Dans celle phrase le mot l'OI'dillU;,'e esl emploIô au
sens du l'ectWI' de la paroisse, Le décimatelll' esl celui au pl'olit duquel sc
lève la dime, Le thé%~~yat est le chanoine chargé d'ensei~ner cn chaire ln
théologie et l'écriture sainte,
(~, ) I.n loi du ,i aoùt liSJ (art. 12) avait aboli les dimes; mais elles
devaient être perçues jusqll'au 1" janvier Ill - Décret du ~U avril 1790,
ur. t
à -1433 cimes: compte qui semble bien inexact, comme nous
allons voir ('1).
La paroisse de Carnoët avait pour unique trère desservie
par un curé ou vicaire St-Corentin (2). Ainsi composée, la
paroisse ancienne ét.ait plus étendue que la commune actuelle;
car la forêt dite Coat-Fréau (700 hectares environ ), en a été
détachée et a passé dans la commune de Poullaouën (arr de
Châteaulin, Finistère).
En 'lïï5, Ogée attribuait à Cal'l1oët, arec sa trève Saint
Corentin, 2000 comm LI niants. Il semble avoir été mal renseigné.
Cinq ans plus tard, en nso l'état de la paroisse donne les
chilIres suivants:
pour Carnoët même HOO communiants, 1i00 cimes .
pour Saint-Corentin 1100 communiants, 600 âmes.
Totaux ...... 1500 communiants, 2300 ;imes.
Selon ces proportions, le chiffre indiqué pal' Ogée, 2000
communiants, donnerait 30GG cimes, dilIérence ïG6, un tiers.
Le P. Jouan a donné (p. 110) la liste des dix-huit recteurs
de Carnoët depuis '1658 jusqu'à nos jours; et il a [ait suivre
cette lisle de notices biogrdphiques SUI' quatre d'entre eux,
notamment SUI' M. Meyniel, qui occupait la place en lïS9 (3).
(1) Lellre du curé du 2<1· mnrs 179 1, ct délibération du IG mJi suil'ant.
Arch. dcs Cùtes-du-Nord Fonds de Cal'l1oi;t. L .
Décret du 12 juillet lino. Titre Ill, nrt. 1" . • Lcs ministrcs dc la rcligion
« exerçant les premières et les plus importantcs fonctions dc la Société ....
• seront défrayés par la Nation. ,
Art. 5. TraitemenL des curés ... Quand la paroisse ofTl'il'a une popula
de 2."00 âmes Ù '2.000 le trnitemcnt sera de ISOJ Iil'l'cs ; pOUl' unc
tion
de 2.0ll0 li 1.003, il sera de 1.:'00 livres. »
population
nI Quoique disc la Céoa. hisl p. 287,lc bOIlI'" dc Locmaria n'a jamais
été chef-Iicu d'une trèvc; la ehnrellc Nail une simple chapelle de dévotion
les cinq autres nommées dans l'E.~sai. Locmaria n'cst pas ;\ deux
comme
de Saint-Corentin. Locmaria avait un dessel'/,(lIlt non lin curé
kilomètres
Saint-Corentin.
comme
(~l C'est dans la première notirc (Nod .Ilm·cltoll, Il. 1 t t.l que t'nuteur n
établi cette assimilation el'ranée entrc l\Iarchou el Kermerc'hou (dc I,el'au
tem). ICi-dessus p. '2~5 1 . Dans ln tmisième (,II. Le Con' p. II~ Ù Ilnl. au
souvenir dc ce prêtre resté il Carnoët au péril de sa vic pour exercel' le
ministère, l'auteur a, et très justement, nssocié le souvenir de sa grand'
Ics mêmcs
mère non moins courageuse puisqu'ellc courait volontairement
la relraite et le salut du digne prêtre.
périls en assurant
Il était en fonctions dès avant 1780, et voici les renseigne
ments donnés par l'élOI: « Henry Meyniel, né à Gourin en
'1727, prêtre en 1752, recteur il Coray pendant quatre ans,
nommé par le chapitre en 1772 par vacance du siège) .. , »)
II avait pour curé (vicaire) « Jean-François Le Dour, né à
Gourin en 1751, prêtre en 'l7ïti, A été à Poullaouën, il Gourin
regretté partout avec raison: il a fait et fera le bien partcut:
piété, talents, esprit, zèle »), On lit plus loin: « mort le '10
juin 1787.
L'Etat nomme ensui te le Cl/re de la Irève de St-Corentin (11
et le dessc/'wnl de la chapelle de Locmaria (2),
IV. Commune tic c'aJ'noël.
L'Assemblée constituante Ilois des 22 décembre 1789 et 2G
février -Jï90) avait partagé les anciennes provinces de France
en quatre-vingt-trois départements, y compris la Corse. Les
départements [urent partagés en dist/'icls (truis aUlllinimurn,
neuf au maximum); et les districts en cantons d'enri/'oll
cQmposés des paroisses devenues
quat/'e lieues calTées,
communes et gardant leurs anciennes limites C'éta it. un
partage égal du sol sans égard à la popula~ion (3).
La Bretagne [ut partagée ell cinq départements; le départe
menldesCOtes-du·Nord fui diviséen neuf districts ('Il1a,rimum),
au nombre desquels Hostrenen comprenant le canton de
Carnoët formé Ulliql/l'1lll'lll de l'ancienne paroisse, qui d~\'enait
ainsi le l'essart d'une justice de paix.
(t) Ci-dessus, p. '2:>:2 ct note '2.
Pl Un prèlrc d'âge mù,' qui « avail étt. ~rcl)adicr .,
13) L·arL. 1" de la loi tic décembrc lïllH lixait le nombrc des d6pilrle
mcnls dc 75 il sr,. - Voici la laçon dont s'exécuta le parIage du 1'()yalllll~,
Deux lignes Lirl'cs du l'\. ;lU S. el uc l'E. il l'O., cl sc couPQnl au milicu,
11QI'lQgèrcnl ln France en quatre. Dans chacune de ces parIS, il ful découpé
cases. Il cn lul lait til, qui, avcc la Corsc el PQris, lorllll!renl!l3 déllar
dcs
iloi dc lévril'r 17!JOI esl complé pour un dt~pnrlclllcnl (dit
lClllcnls. Paris
dCJluis de la Seine) ct la villc de Paris lorllle un dislrict.
ëes divisions faites hâtivement en \'ue d'élections urgentes
n'étaient que provisoires; et l'Assemblée prévoyant des
modifications nécessaires et jugeant l'étendue des cantons
insuffisante, indiqua comme la (1 mesure la plus convenable
quatre li eues au minimum et six lieues au maximum )l. IIns
tl'1lction, '1'2 aoùt. 'lï90, chap. t'r § III.)
Le canton de Carnoët ne contenait pas plus de trois lieues
carrées, environ tl800 hectares (1). Pourtant il ne fut pas
modilié. En même temps qu'il était peut-ètre le moindre en
étendue, il était le moins peuplé, s' il fallait s'en rapporter
(mais il faut, je crois, s'en garder) à l'élal rie la lJOpulation
dressé pour l'année 'lï91. Cet état indique le chifTre total de.
-1433 habitants, savoir 32!l hommes, 34,9 femmes, et 750
enfants (2). 11 est vrai que trois ans plus tard un autre acté
ofl1ciel élève ce chifIre ~I 'lï50: 317 en plus (3) Mais nous
allons voir ce chifIre subitement abaissé.
La Constitution du 5 fructidor an III (22 aoüt17D5), qui
créa le Directoire supprima les districts (4,), en gardant les
(1) Carnoët actuel comprend 41111 hec'tares. En 17()O, il comprenait en
outre la forêt de'Fréau, environ. me dit-on, 700 hectares, En tout: !t!)14.
La lieue carrée de fi kilomètres donne IGOO hectares; trois lieues donnent
4800 hectares et quatre lieues GAOO hectares. Des cantons actuels de:; Côtes
du-Nord un seul contient moins de quatre lieues carrées: Etables. 5G32
hecta res; unau tre con tien tics !l lieues cntTécs : Plou ha, ()(j 18 hecta res.
Deux cantons ont de 8 il \)000 hectares; tl'ois de a ;\ 10.UlIO·
I~l L'lnstl'uctioJl du I~ août 1700 prescrivait au point de yue électoral.
un état rie la population ù dresser chaque année, - Celui de 1791 résulte
d'une délibération du !li mni. Arch. Cûtes-du-Nord, série L. - Les états de
Cal'lloët semblent absolument {(f1ltllisistes . Ci-dessus p. 2-i'2
Un canton est moins peuplé: c'e~t Pestiyien Idistrict de Guingamp),
1'115 habitants. Vienncnt ensuite: Tr"ogan avec Plé\'in (Rostrencn), 1580
habitants et Gurunhuel avec Coadout et Locquen\'el IGuingamp) 1581
habitants.
(3) Tableau des districts et cilntons, cité pal' M. Tcmpier. Happart im
primé au compte rendu des travaux du Conseil général. 1890.
(1) La Convention (décretdu (fj frimaire an Il, '!décembre 1793,seclion II,
art. 6, SIII' le yOlluernement 1·p.III)/lItiollllai1'e) associa spécialement lcs
administrations des districts il son œuvre politique. Ils étaient char-
départements et les cantons. Dans cette organisation nouvelle,
Carnoët, en tant que canton, eut ulle administ,.atioll 1Iwllici
pale ou une 11wJûcilwlitd composee de l'agent municipal de la
commune (dit depuis maire), de son adjoint et d'un président
élu. A la municipalité du canton était aUaché un comllûssai",~
dit Dit'I'cioire c,réclIlif.
La Constitution prévoyait encore des changements de limites
nécessaires qui devaient être préparés pal' les administrations
mais qui seraient effectués pal' le Corps législatif,départemen
tales c'est-il-dire en vertu d'une loi.
Aussi quelle surprise que de ,'oir l'Administration centrale
du département, ou, comme on disait, le déparll'lllcilt.
annc:/'CI" 7ll"oviwiremclI(, la commune de Carnoët au canton
de Duault! (21 prairial an V, f) juinm.lï). Et pour quels
motifs? (1 pllrceque l'l'tat de la populalion de Carnoët ne
porte qu'à environ 1200 le nombre des habitants et que
Carnoët selll ne peut faire un cllnton (Ij )).
Le dépa rtemen t ava i t cru pou voi r prend re celle décision en
attendant la sanction législatire. Grand émoi il Cllrnoët qui
tient à son canton!
gés e:ccll/sil!ement de l'exécution des lois révolution na i l'CS, des mesu l'es de
gouvernement, de sùreté I,(énérale el de salut puiJlic Ils ,furent même
alfranchis sous ce rapl10rt de l'autorité des départements (section III, art.
r'l « qui n'avaient plus dans leur ressort re qui était relatif à ces objets •.
Beaucuup de districts justifièrent la confiance de la Convention ct (urent
les émules en tyrannie et en délation des comités révolutionnaires. Ils dis
parurent vers le m('me temps. Le décret du t" ventôse an III (I~ [énier
17~j) supprima les comités dans Il!s villes de moins de ~O.OOJ âmes. Il n'cn
existait plus au 11 vendémiaire an IV) 1:.1 octobre l i95).
(1) Décisiun inconstitutionnelle et conll'aire il la loi. I.e canlon de Duault
se composait: 1" tic J)llilult, 21li4 hectarc5 avec sa treve Saint·Servais,
aujourd'hui commune, :J"2:JJ hectares. ~ ., de I.ocarn, ancienne trc\'e, alors
il' de Mai~I . Pesti\'ien, :lI':!O hectares. En tout
commune, '!817 hectares. -
I.~:!O hectares, plus de 7 lieues carrées (lI:wn hectares, plus des Il à li
lieues recofllmandées par l'instruction). En ajoutant les 48t i hectares de
Carnoët, le département créait UIl, canton dc lü.131 hectares, plus de dix
lieues carrées, contraire il l'instruction législdtive.
te plaisant c'est que Carnoët lui-même a provoqué sa con
damna/ion. Ses administrateurs vraiment trop humbles
démentant le chifIre de Jï50 habitants indiqué en 1793, n'onl
ils pas, en 1797, réduit à '1173 le nombre de leurs adminis
trés (1): diminution 577, un Liers.
A la lecture de l'arrêté, la municipalité dut sentir la faute
qu'elle avait commise. De là peut-être l'embarras et l'incohé
rence de son opposition. Sans douteelleprotestecontrel'arrêté;
mais pourtant elle s'empresse cie le publier (14 messidor an V,
2 juillet) ; et elle déclare consentir à envoyer p"ovisoÏ1'pmenf
ses délégués à Duault pour les assemblées électorales.
La place de commissaire à Duault était vacante. Le 20
messidor an V (15 juillet), le département en pourvut provi
le citoyen Jouan, qui remplissait. les mêmes foncsoirement
Lions il Carnoët. En homme avisé, Jouan abandonna Carnoët
pour Duault, et son installation, le 5 thermidor (~3 jllillet),
da te la désorga n isa tion àe la lTIun ici pa 1 i té de Ca l'noël. De ce
jour, il ne reshl à (( l'ancien canton)) (2) que la justice de paix.
Pourtant Carnoët ne renonçait pas au titre de canton L'an
VI ramenait les élections des municipalités et des justices de
paix. Les électeurs de Carnoët furent convoqués à Saint
Servais (Duault.) avec ceux de Duault pour le 'l germinal
(21 mars 098). Ils s'y rendirent; mais, avant de Yotel', ils
déposèrent un écrit signé de plusieurs et dont ils demandèrent
l'an nex ion a u procès-verbal. Da ns cetécri t ils protestaien t con tre
l'arrêté et invoquaient la jurisprudence du Conseil des Anciens
qui venait de déclarer inconstitutionnel un arrêté analogue;
enlin ils annonçaient leur recours au Corps législatif.
(1) Pourqui ces ch liTres mensonge/'s? S'ngirait-i1 oe jouer un tour au
curé? Son traitement serait de 1800 livres si la population eSl de plus oe
20UO; au-dessous ju,qu'~ 1000, le traitement est de 1;)00 livres. (Décl'et du
n juillet li90, tit. III, arl. 5.)
('2) L'expression est de la municipalité du canton du Duault qui se croit
de l'annexion de Carnoël (Proccô-verball"' germinal
définitivement assurée
an VI, '21 mars 1 ï9tl).
Après quoi, ils concoururent à l'élection des électeurs, du
juge de paix de Duault et des seize assesseurs de celui-ci,
quatre pal' chacune des quatre communes du canton, y compris
Cal'Ooët.
Nous avons dit que le juge de paix de Carnoët siégeait
il arrivait au terme de deux ans pOUl' lequel il avait été
encore;
mais, en élisant un jugede Duaull, les électeurs de Cal'Ooët
. élu;
a va ien t renoncé à él i re un juge de Cal'Ooët.
Quant à la protestation contre l'arrêté et le recours au
Corps législatif, plus n'en fut question. Laissant dire le Con
seil des Anciens, l'administration centrale du département ne .
pas, comme c'était son devoir d'obéissance, SUI' cet
revint
arrêté inconstitutionnel, par lequel supprimant un canton
pal' la loi, elle en formait un d'une étendue condamnée
établi
la loi. Le provisoire devint définitif.
par
comme simple commune, dans
Carnoët allait bientôt passer,
l'ar/'ondissement communal de Guingamp.
Les districts avaient été supprimés, nous l'avons vu, par
la Constitution de l'an Ill; mais on reconnut bientôt qu'un
le département et le canton. La
intermédiaire était utile entre
Constitution du 22 frimaire an VIH ('12 décembre 1799), qui
établit le consulat, créa les arl'Ond'issements communaux, plus
étendus que les districts et administrés par des sous-préfets.
L'année suivante ('1801) se faisait le premier recensement
de France. J'ai le regret de ne pouvoir en indiquer le
général
résultat pour ce qui concerne Carnoët.
Vers celle époque la forêt de Coatfréau fut distraite de
Cal'Ooël. Depuis, la population a été portéeà 2169 (Jollivet, 1856
à 20'i8) (Du MOLlay Géog. 1862) à 2LOl (Joanne, 1878), à
2202 hisl. (Géog. 1890). Le recensement de 1896 indiquait le
chiffre 2367 que le P. Jouan jugeait insuffisant: « Nous savons,
disait-il, que le chiffre de 2500 serait plus près de la vérité.»
(P. 5. ) Le l'ecencement de '1901 dément celte appréciation:
il réduit le chiffre à 2239 habitants, 128 de moins qu'en 1896. '
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTimE. - TOME XXYUI (MémOires). 17
Je n'ai pas voulu scinder ce que j'avais à dire de l'organi
de la population de Carnoët ; mais pour finir, voici
sation et
un souvenir qu'il faut rappeler.
II ya cent ans, Carnoët réclama l'honneur d'avoir vu naitre
La TOUl' d'AuYergne-Conet, l'illustre Prcmicr Urcnadia.
Voici à quelle occasion ceLLe prétention se produisit.
Un arrêté des Consuls \20 mars '1800) avait ordonné qu'une
« colonne serait élevée SUI' la place principale des chefs-lieux
de départements sur laquelle seraient inscrits les noms des
braves nés dans le département tués à l'ennemi ou ayant reçu
des armes d'honneur. ))
Le 27 juin 1800, à Ober-Hausen, le Premier Grenadier
tomba à la tête de la compagnie qu'il commandait comme ca
pitaine. ("1) Personne plus que lui n'ayait droit à l'inscription
SUl' la colonne. A la nouvelle de sa mort ce fut la pensée de
tous. Mais où était-il né? On indiqua Carnoët, et le conseil
général décida que le nom du Premiel' Grenadier serail ins
crit sur la colonne départementale {( s'il était reconnu qu'il
né à Carnoët (2) 1).
qu'il était
La preuve ne devait pas être fai te : et on se demande, non
sans surprise, sur quoi se fondait la prétention élevée au nom
de Carnoët. Pour mon compte, après avoir bien cherché, je
pu trouver à ceLLe prétention ni cause ni prétexte. Elle
n'ai
semble de pure fantaisie, comme d'autres analogues.
Faute d'avoir sérieusement étudié l'acte de baptême de Cor
ret, dressé à Carhaix le 2t) décembre '1743, on avait indiqué,
jusqu'en juin 1900, huillieux de naissance de La Tour d'Au-
(1) La statue de Carhaix montre le Premier Grenadier simple soldat
serrant sur sa poitrine un sabre el auprès de lui un (usil, armes qu'il ne
porta jamais. JI ne servit que comme oflicier el son litre honorifique de
PI'emiel' Grenadiel' ne lui enleva pas son grade de capitaine.
('l) Revlle des Arch. des Côtes-dlt-NoI'd, 18~5, 3' Iiv., p. 93.
vergne; et voilà qu'à propos de son centenaÏl'e, on vient: sans
le moindre indice, d'en imaginer un neuvième, le Chalealt de
Kel·bau{fret ..... q'ui n'exista jamais 1. .. .. li)
J'aurais voulu donner sur quelques points des éclaircisse-
ments que je ne pouvais trouver qu'à Carnoët. A mon . grand
je ne pouvais aller Jes y chercher; et la demande de l'en
regret,
seignements que j'ai faite il lu mairie est restée sans réponse .
.1. TRÉVÉOY .
Allcien l'rbit/elll t/It Tribu1IIIl tle (JI/.Î/IIpel· .
(1) Michelet (Soldats de la HévoluLion. La Tour d'Auvergne, p. 40) fait
de l{erbaufTret « une imperceptible seigneurie (peU l jardin des environs.
de Carhaix). Un généalogiste ell fuit une sei~neurie dont Adèle de Corret
avait héritée de son père ct dont clic était dall.e. (1Inn. (le III lIoblesse).
1883 p. 148. En ré .. 1 i té, I\c rll
au fond de la Commune de Lanrivain .C" de Saint-Nicolas du Pélera arr.
de Guingamp) ,lcquise vers lüï9, par l'aïeul du Prelllie,. G"elladiel',
Mathurin COI'ret, expert et notaire il Lanrivain, qui en prit le nom.
Cr. mes deux brochures \0 Lieu de n~issance de La Tour d'Auvergne.
La Légende el La Tour d'Auvergne; .!. La Tour d'Auvergne el son manoir
de Lampoul. 11900.)
Je donne ce~ renseignements pOUl' éllargller la peine de che/'che/' le
c!H1tCIIII de KerbaulIl'el.
Société Archéologique du Finistère - 8c rue des Douves - BP 81156 - 29101 Quimper
Téléphone: 02 98 95 08 21
E-mail: soc.archeo.finistere@orange.fr
