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Bulletin SAF 1901


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Le Finistère à l’école de Mars (1794)

Abbé A. Favé

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XIII.
LE FINISTÈRE A L'ECOLE DE MARS
PAR L'AOBK ANTOINE FA VÉ
Dans la pl'éface de son 1 ivre L'école de Afars, publié
chez l'éditeur Plon, à Paris, en juin 1899, M. Arthur Chu­
quet constate que « nulle institution n'est peut-êtl'e moins
« connue que l'école de Mars. Thiers, Hippolyte Carnot et
« d'autres s'imaginent que les élèves sortaient de cette école
« avec le grade d'officier et qu'elle avait remplacé l'ancienne
• école royale militail'e ~, M, Chuquet avait toute uutol'ité
pour exposer et fixer l'histoire de cet établissement qui dura
quatre mois, une des applications les plus intéressantes à
étudier de la méthode 1'évolutionnaire, et qui fut tout aussi
coûteuse que stérile,
Suivant le livre de M. Chuquet comme un guide sûr, nous
avons songé à coordonner les documents que nous avions
trouvés, aux Archives départementales, dans les registres des
Délibérations ou la Correspondance de nos districts, pour re­
tracer la participation du contingent du Finistère à l'école
de iJ'Iœrs,
Nous avons écarlé toute discussion sur les organisateurs
du camp des Sablons et leUl' œuvre, pour ne voir que
cinquante-quatre apprentis-guerriers envoyés à Pal'is par les
Finistère, que des bas-bretons comme nous,
neuf districts du
partant de chez eux résolus, hantés pal' une pensée idéale et
noble et prenant, par hasard, leur part dans un des épisodes
saisissants de l'histoire de la Révolution: 'l'hel'midor !

Le 1 juin 1794 (13 prairi :~l an Il) Barère lisait à la Con­
vention au nom du Comité de Salut public son rapport sur la

fondation do l'Ecolo do Mal's. Ce l'appOl'L « long, dilTus, très
mal composé, plein do digressions et de redites» est aujour-
d'hui lisible gl'âce à l'analyse qu'en fait M. Al,thur Chuquet,
dans le chapitre Il de son livre: « Il y avait déployé les
petites habiletés de son stylc bl'illant, comparaisons, con­
trastes, tirades contl'c la tyrannic ct ces airs de bravoure où
il excellait» . Barère insistait su~' les dilTérences ent.re l'école
de 1\1al's et l'école Royale militaire ..... « L'orateul' du comité,

(1 observe très justement M. Chuquet (p. 25), ne connaissait
(1 pas ~Iors (et fOI·t natlll'eHement), les nom~ des glorieux ca­
u pilaincs récemment sortis dc l'écolc Royale mililail'e ct qui
" commençaient ù se signalel' SUI' les champs de bataille:
li Bonaparte, Davout, Clal'iw, Nansouty, Hédouville, Bois­
« gél'ard, La Bruyère. Aussi assurait-il que le briHallt ensei­
(\ gnement de l'école Royalc militaire n'avait donné à la
« France un seul gue1'l'iel' célèbl'c: pas un général, pas un
" adminisl\'aleur, et que l'école de M(I('s, ce tel'rain infel'.tile
" en appal'encc, mais fécondé par la liberté, l)I'oduil'ait des
li o(ficiers habiles .el d'inll'épides soldats. »
Outl'e le rapport de Barère: le document capital c'est le
décrel même de la Convention (lue nOlis donnons ici.
Décret du 13 p'rail'ial, SUI' ln fOl'mation de l'école de iJf ars
dnlls la. plaine des Sablons, l)/'ès Paris.
(( La convenlion nalionale, après avoir enlendu le rapport
. du comité du salut public, décrète:
. Art. 'le . (( 11 sera envoyé à Paris, de chaque dislrict de la
Hépublique, six jeunes citoyens, sous le nom d'élèves de l'école
. de ]Jfa-rs, dans l'âge de Hi à n ans et demi, pour y recevoir,
par une éducation révolutionnaire, touLes les connoissances
elles mœurs d'un soldat républicain.
Art II. (( Les agens nalionaux des districts feront, sans

délai, le choix de six élèves parmi les enfants des Sans­
culottes.
(1 La moitié des élèYes sera prise parmi les citoyens peu
fortunés des campagnes; l'autre moitié dans les villes, et par
préférence parmi les enfans des volontaires blessés dans les
combats ou qui servent dans les armées de la République.
« Les agens nationaux choisiront les mieux
Art. III. .
constitués, les plus robustes, les plus intelligents, et qui ont
donné des preuves constantes .de civisme et de bonne con­
d uile.
« Ils seront tenus de faire imprimer et aHicher dans le dis­
trict le tableau des citoyens qu'ils auront choisis.
Art. IV. cc Les élèresde l'école de Mars Yiendrontà Paris,
à pied et sans armes; ils voyageront comme les défenseurs de
la République, et recevront l'étape en route.
« L'un d'eux sera chargé par le district d'une surveillance
fraternelle sur ses collègues en route, et sera responsable de
leur conduite.
Art. !:>. Cl Les agens nationaux des districts sont autorise:;
à leur donner l'état de route nécessaire pOUl' se rendre à Paris
Il prendront des mesures telles que les élèœs de leur alTon­
dissement soient en route 10 jours aprés la réception du pré­
sent décret par la voie du bulletin.
Art. G. C( Il ne sera pas reçu d'élères dans l'école de
Mars après le 20 messidor. .
VII. cc L'école de Mars sera placée à la plaine des
Art.
Sablons, près Paris.
C( Les élèves y trouveront il leur ~rri\'ée, un commissaire
des guerres chargé de les receroi r et de les placer. .
Art. VIII. l( La commune de Paris, cl raison de sa popu-
lation, fournira quatre-vingt élèves. L'agent national de la
commune les choisira selon les mêmes conditions que ceux
des districts, ct en soumettra la 1 iste cl l'il pprob3 Lion du Co­
mité de salut public.

Art. IX. - ({ Les élèves de l'école de Mars seront habillés,
armes, campés, nourris et entretenus aux frais de la Répu­
blique.
Art. X. - « Ils seront exercés au
maniement des armes,
aux manœuvres de l'infanterie, de la
cavalerie et de l'artil-
lerie.
u Ils apprendront les principes de la guene, les fortifica­
tions de campagne et l'administration militaire.
({ Ils seront formés à la fraternité, à la discipline, à la
frugalité, aux bonnes mœurs, ù l'amour de la patrie, et à la
haine des rois
Art. XI. ({ Les élèves l'esteront sous la tente tant que la
saison le permeLlera. -
(( Aussitôt que le camp sera levé, et en attendant qu'ils
aillent faire leur service aux armées, ils retourneront dans
leurs foyers où ils seront admis à d'autres genres d'instruc­
tion, suivant l'aptitude et le zèle qu'ils auront montrés.
XII.' « L'école de Mars est placée sous la sUl'veil­
Art.
lance immédiate du comité du salut public qui est autorisé à
prendre toutes les mesures nécessaires pour l'èxécution du
présent décret, et pour l'emplir l'objet de celle institution ré­
volutionnaire.
« Il choisir~ les instituteurs et les agens qui doivent être
_employés près des élè\"es, et les plus propres à leUl' donner
les principes et l'exemple des vertus républcaines.
Art. XIII. :t L'insertion du présent décret dans le bulle-
tin de la Convention tiendra lieu de publication. »

I.E CHOIX JlES AG El\TS l'\A1'IONA UX UIlS UIS1'I\IC1'S.
Le décret laissallt .IUX agents nationaux la plus grande
latitude dans le mode d'éleclion qu'ils aUl'aient Ù adoptel',
plusieurs firenl désigner pUI' les clubs, sociétés populail'es

ou comités de sUl'veillance, des délégués ou commissail'cs
pour les aider dans leur' choix : c'est cc que nou s voyons
faire pal' Saillour, pour le ùish'ict de Morlaix. D'autres
annuncèrent qu'ils choisiraient les élèves à un jour fixé ct.
convoquèrent, le même jour, tous les jeunes citoyens de l'tige
de seize ans à dix-sept ans ct demi, ct pI'il'ent pal'mi eux
les six sujets qui leUl' pal'urent remplir les conditions du
décl'et. Quelques-uns prièl'ent les agents nationaux des
municipalités de leUl' désignel' chacun un candidat ct rati­
fièl'ent pUl'ement et simplement ce clloix.
L'agent national du district de Pontivy, fOl't gêné ùalls
ses entournures, trouva un moyen IOgenleux pour sc: tll'el'
d'e moarJ'as. (( 'l'ous les jeunes gens, dit-il, désiraient 1)(I/'/il' ))
et il n'osait les désigner :« pOUl' évitel' des pleurs n, il {cs
fit tire/' au sort, et c'est ainsi que fUl'ent choisis les élèves de
de Ma1's de ce district.
l'école
Nous allons voir comment 011 pl'atiqua cette opératioll
dans le département du Finistère ct ùans quelles conditiolls sc
fit le recrutement.
1, Distriet de Brest
Dans une lettl'e, du 3 messidor, au Comité de Salut public,
le citoyen Descombes substitut. de l'agent national du
~istrict, expose qu'il n'a l'eçu le décret du 13 pt'airial que le
21 du même mois: c'était une el'reur de le dire, étant donné
que, dès le 19 prail'ial, il éCl'ivait à l'agent national de la
commune:
« La commune de Brest doit fournir trois élères pour l'école
de Mars conformément au décret, ils doi\'enl se metre en
marche pour se rendre à Paris, dix jours après la réception
du décret inséré au Bulletin. IL srrait ûealt 'lite le chai,!' de ces
se fit demain cl {lit Jiroclamé S01lS l'rn'ûr(' de la l.ib(,I'/(I.
élèus
Je n'ai pas besoin de te reti'acer la manière dont ce choix doit
être fait, tu la troureras dans le décret Fais Lout ce que Lon

zèle patriotique te suggèrera, consulte les ofTiciers municipaux,
cal' je désire ardemment que mes idées soient agréables (sic). ))

On allait, le 20 pl'airial, célébl'cr la rêle de l'IttJ'e Suprême:

la présentation des élèves de l"lal's: Ilurait été un des numéros
sensationnels du programme, et une des aUl'actions de la
journée. On s'y était pris trop' lard ; la Cète fut complète, el,
, il n'en est pas fait la moindre ment.ioll, comme on le voil.,
dans le rapport décadaire qui suivit le 20 prairial.
« ... La cérémonie s'est terminé par un citoyen qui·a adopté
un vieillard indigent pour son père, le président de la Société .
populaire au nom de celle Société a adopté une orpheline.
Lépouse d'un patriote venait de donner à la République un
rejeton fruit d'une union chère, accourt l'offrir à la patrie sur
la montagne et engage le représeIrtant du peuple à le -nommer,
ce représentant lui a donné le nom de Théophile Marat. Tout
était terminé lorsqu'un autre père accourt ofTl'il' aussi les,fruits
d'un amour conjugal, c'était un citoyen qui a reçu du repré­
sentant le nom de Cornélie, Un jeune citoyen et ulle jeune
citoyenne dotés par la Socièté populaire s'approchent de l'arbre
de la Liberté et là en face de l']~tre Suprème y forment les
nœuds sacrés du mariage,
« Une salve d'artillerie annonce que la cérémonie est finie ...
tout sc mêle' et se confond dans des embrassements mutuels.
Les jeunes citoyennes jettent des fleurs à l'Auteur de la nature,
Le représentant invite les citoyens à retourner dans leurs foyers
pour y prendre quelques mets dont la frugalité serait l'orne­
ment, et à se transporter au Cours d'Ajau pour les partager cn
frères. Là des groupes sur le gazon se sont formés de toutes
pûrt el ont partagé les délices de vine en famille. Le repas
fini on s'est mis à danser et chan leI' .... , La nuit s'évanouit, on
se porte vers la place de la Liberté, elle est illuminée, on con­
tinue les danses ct les chansons et la fête commencée à l'au-
rore ne finit qu'à l'aurore, elc, ))

DaliS la ville de BI'estle choix lies élèves était facile à
fail'e: il n'L'II l'ut pas de même dans les campagnes, 011 Ics
mllll!<:ipaux qui Ile compl'cnaicnt l'ien au nouveau décret
y opposèl'elll la pills gralldc inerlie, Au derniel' moment,
la lIlunicipalité de Sainl-I{ellall ('hoisit un candidat, mais
oi) l'st-il? il ('st tl'ojl tal'd, illù1I'I'iverajamais;i temps; on est
ail 2:-> pr[\il'ial, et le dépal't est fixé au lendemain, 2!-l, comme
l'ée.!'il l'agent. national du distl'iel
(( C'eut été arec bien de la satisfaction que j'au rois reçu le
jeune citoyen que \'OUS ayez nommé pour être envoyé aux
élèves de l'école de Mars, près Paris, dans la plaine des Sablons,
l\'lais où est-il? Veuillez me l'envoyer cor un plus long retard
me ferait croire que rotre choix est simulé. Le temps presse
et je n'ai pas besoin d~ ,"ous dire qu'il faut que ces jeunes
gens soient rendus à Paris'le 20 messidor. J'ai fixé le départ
pOUl' demain. Leur rendez-rous est ici, et je me lemi un
,daisir de les ccucil/in' jl/s'i/l'ô Landc/'ueau,
Dellx leltl'es de Drscombes ail Comité du Salut public
flOIiS fOlll'lIi!'selll des l'ellseig-npments sur ce qui fllt fait, ou
du moins t(~lIlé. dans les ranlolls du disll'ict.
(1 Celle loi, dit-il que je reçus le 'H) prairial ru le court
espace de temps et l'éloignement de Brest à Paris fut de suite
enrayée aux Illunicipalités chefs-lieux du canton avec injonc­
tioB de se concerter arec les municipalités de leur l'essart pour
présl'n leI' i ncessam menl chacu ne, un jeu ne ci toyen de leu l'
canlon choisi conformément à la loi, art. 2 et:i,
« SUI' neuf cantons, six seulement s'expédièrent, les canlons
de Brest, Saint-Renan, Lannilis, Ploudalmézeau, Plouzané
et Guiparas. Le canton de Ploudalmézeau offrit un jeune
élève qui se trouvait lol's embarqué, celui de Lannilis en
olTrit un autre dont le ci\'isme me parut plus que douteux par
un l'enseignement que je me procurais au bureau de J'agent
maritime et que je joins ici.

« Le tems s'écouloit et javois fixé lenr départ au 29, atin de
. profiter du Lems nécessaire pour se rendre aux termes de cc
décret bienfaisant à la plaine des Sablons.
« Le jeune élève du canton de Saint-Renan ne parut pas, il
ne resta plus que le canton de Plouzané qui oflrit le citoyen
Poudaven, et celui de Guipavas le citoyen Hallégoüet. tous
deux cultivateurs ........... Le canton de Brest me
présente 5~ citoyens, sur lesquels je fis le choix des citoyens
et Floch pour compléter le nom­
Dorange, Chauveau, Legrand
bre de six: et ce fut seule"n1ent le 28 prairial que se termina
mon choix. )}
(\,.,. Thermidor).
(1 Le décret du i 3 pra iria 1 que j'a i reçu la 21, concerna n L
les jeunes élèves de l'école ciE' Mars, a été envoyé incontinent
aux chefs-lieux de canton pour être communiqué aux muni­

cipalités de leur ressort, afin que les agens natiollaux des
communes, eussent a présenter cles jeunes ciloyens pOUl" être
choisis conformément au décret Trois communes seulement
un citoyen. Mon choix ne pouvoit pas pal'
ont présenté chacun
conséquent s'étendre, deux seulement son partis, parce que
le troisième étant à l'école des apprentis canonniers fut em­
barqué SUI' le Brutus.
(( Citoyens représentans, si le choix parmi les sans-culoUes
cultiva teurs esttel, n'en soyez pas surpris. Depuis l'ùge de douze
ans ces jeunes gens sont employés soit dans le port, soit sur
les vaisseaux de la République. Celte difficulté se trouve éga­
rement dans cette cité. N'importe, j'ose croire que les six
partis de Brest le 29 prairial rempliront l'objet, leul' zèle,
leur courage et leur patriotisme, m'en sont les garants .
13 Messidor).
L'agellt national passe en revue les nOllls et qualités des
. . jeunes guclTiel's et émet le vœu que le littoral ait aussi son

école; l'école de Neptune, dont la création préoccupait alors
esprits (1),
les
« Je joints à cette leUre l'instruction et un état de route qui
leur a été donné. Vous verrez que l'éloignement de Paris à
Brest a rendu le tems court et qu'ils n'ont qu'un séjour en
route. Leur signalement est joint à cet état. Le citoyen
de la conduite est le fils unique d'un invalide
Dorange chargé
respectable par quarante-huit années de service. Ce vieillard
de son fils. Le
sans-culotte n'a rien épargné pour l'instruction
citoyen le Graml commençait à apprendre l'art de menuisier.
Il y a déjà deux de ses frères à la défense de la Patrie.
( Le père du citoyen Pondaven est un cultivateur sans­
et servant en qualité de canonnier sur les batteries de
culotte
la côte.
« Le citoyen Hallégouet a son père qui est expert cultivateur
el patriote. Le cituyen Jean-Pierre Chauveau n'a que sa mère
qui est venue de l'Isle-de-France à Brest où elle réside depuis

six mois. Son civisme a été attesté par les commissaires de
section.
( Le citoyen François Floch serrurier est le fils d'un tailleur
Tous ces jeunes citoyens sont instruits et se
vrai sans-culotte.

sont mis en marche d'une joie (sic) qui m'a engagé à les con-
. duire jusqu'au premier logement. Là je les ai vus aller à l'étape
comme si c'eut été des anciens défenseurs de la Patrie.
Il Voilà, citoyens rcprésentants, le précis de nos opérations,
pOUl' l'exécution de ce décret qui m'a fait formcr le vœu d'un
autre pour l'établissement d'une école de Neptune dans les
principaux ports de la Hépublique, ou de jeunes élèves de tous
les districts viendroient aussi y puiser les leçons de la navi­
gation. Alors l'Ardennois, le Mont-Blanc, deviendroient
comme les habitans de l'ouest et les embrassements
marins
de la République à l'autre . .
fraternels s'étendroient d'un bout
(1) Les écoles révolutionnaires de navigation el de canonnage maritime
• furent décrétées par la Convention, le 3\ décembre 1791. · .

({ Puisse ce vœu s'accorder avec les vues bienfaisantes de la
Convention nationale (3 messidor). »
L'agent nalionRI spécifie les conditions dans lesquelles il
fitpal,tir ces jeunes gens; équipement, réserve, état de route
et instructions. Ces documents sont intéressants à lil'e pour se
faire une idée de leul' voyage à Paris.
<1 Je leur fis un état de route et une instruction que vous ave~
dù recevoir ainsi que le Comité de sùreté général dans mes
opérations de la troisième décade de prairial. Le lendemain je
leur fis délivrer pal' le district à chacun un sac à peau et une
paire de souliers une paire de guêtres et douze livres.
{( Ils se mirent en route et je les conduisis jusqu'à Lander-
neau. Là je les vis aller à l'étape comme d'anciens militaires.
_ Je puis vous assurer, citoyens représentants, que s'il en est parti
de plus forts et de plus robustes pour se rendre à l'école de
Mars il n'en est pas parti de plus contents ni de plus patriotes.
« Je vous envoy la liste de leurs noms imprimés que je fais
aflicher conformémen tau décret (-ter thermidor). ))
. Les instructions et l'étal de ('oule qui furent not.ifiés à nos
six jeunes Hl'etons sont lI'ès intéressants à lire pour se faire
un tableau de l'odyssée qu'ils allaient entt'epl'endre. Ces
documents 1I0US montl'entla paternelle sollicitude du citoyen
Descombesse !nanirestant dans des conseils pratiques qui
prévoient toules les éventualités.
, (( Suivant l'ordre de route dont le jeune citoyen François
DOl'ange, demeure chargé ainsi que de la présente instruction,
ils aniveront à Paris le [ J Messidor.
((Ce jeune citoyen est responsable de la conduite des autres,
ils voyageront en frères et se procureront actuellement tous
, les secours que J'amitié frate1'l1elle leur suggérera. Ils auront
grand_ soin d'être toujours ami, et de ne jamais se séparer en
, route, d'alTi ver au logement ensemble et d'en partir de même .

« Ils inviteront les officiers municipaux des communes où
ils logeront, de leur accorder leur logement il portée les uns
des autres.
« Deux à tour de l'ole iront chaque jour il l'étape. Sitüt
nprès leur arri\'ée au logemeat, ils choisiront pour faire la
soupe le logement d'entre eux qui leur puraitra le plus con­
\·enable.
(1 Le départ il cause des chaleurs sera toujours cl l'aurore;
ils feront halte à moitié chemin, soit dans un bourg, s'ils s'en
trouve à portée de leur passage. soit il l'ombre d' un ormeau
ou d'un chêne, Ce dernier étant préférable; à celle ellet ils
auront soin de conserver des alimens qu'ils n'auroient pu
consommer la veille el chacun en sera porteur suivant ses
forces.
c( L'amour des verlus les rappelle à la frugalité el la fra­
ternité leurs rappelle qu'il ne doit point se faire de dépenses
secrètes et separées.
« Si par hazard quelqu'un des élèves tomboit malade en
route au point de ne pouvoir continuer, le citoyen chargé de
la conduite se transportera à son arrivée au logement, à la
municipaJiLé, afin d'en obtenir les secours que l'humanité ré­
clame, il en écril'8 sur le champ à l'agent national du .dis­
trict de Brest en lui indiquant le lieu où il aura laissé son
confrère et quelle maladie a pu l'atteindre afin que ce dernier
p.n rende compte à ses parents. La salubrité dépend essentiel­
lement de la propreté, aussi ils auront attention de changer
cie linge en route au moins deux fois par décade et dans les
logements où ils se trouveront arrivé de bon heure, ils feront
et sécher le linge qu'ils auront changé .
laver
({ Arrivé à Paris ils présenteront aux commissaires char-
ges de les recevoir. Le citoyen Dorange tiendra en route
un journal pour y marquer les désagrémens qu'il pouroit
éprouvër de ses camarades, il choisira pour l'aider et lui
suppléer au cas de maladie, le plus robuste et le plus

habile à la marche, il communiquera son journal aux com­
missaires des. élèves qui statuera SUI' la punition à inlliger
aux délinquans. Le lendemain de leur arrivée au camp il
instruira l'agent national du district et lour ressort en leur
. faisant un précis court et détaillé tant sur l'ordre de la marche
que sur lei> petiles dépenses quelle aura occasionné
. (( La présente instruction est spécialement recommandé au
citoyen Dorange, il en donnera lecture do temps à autre ~\ ses
collèg,ues, tous s'y conformeront, l'amoul' de la patrie et l'ami­
lié fraternelle leur en font un de\'oir.
cc L'agent nalional allend de leur dévouement qu'ils ne lui
laisseront rien é1 désirer sur le bon comr.'le qu 'il aura il rendre
au Comité du Salut public. ))
L'état de l'oute que les élèves do -J'écolo de Mal's dO\'flicnt.
suivl'c pOUt' all ol' de Bt'cst ù Pal'is C i;t il J'appt'ochcI' de l'élal
qui full'crnis li ceux de Lesneven pal' l'agent national, le
citoyen I.e Gnll. Les BI'estois n'eul'ent, en chemin, qu'lin
j01l1' de SéjOUl' ou de repos.
(Du 28 prairial).
cc Etal de route pour les élèves de l'école de Mars qui doi­
vent se rendre à Paris pour le 20 messidor prochain confor­
mément au décret de la convention national du 13 IH'airial.
Le jeune citoyen François Dorange, Jean-Frédéric-Marie Le

Grand, Hel'vé Hallégouet, Jean Poudavcn, tous six choisis
par ragent national du district en yertu du même décret de la
convention llationale, partil'OBt de Brest le 29 prairial et
recevront le logemenL eL l'étape. dans les communes ci-après
désignées:
Le 29 prairial à Landerne3u. Le 3 id.
à Port-Brieux
id. à Morlaix. id.
Le 30 à Lamballe.
I,e 1 messidor à Belle-Isle. id.
r Le 5
à Broons.
à Guingamp id.
Le 2 Le 6
à Montauban.

Leï id . à Rennes. Le13 id. séjour,
ici .
Le 8 id. il Vitre. Le 14
id. à Mortagne.
Le 9 ici. à Laval. Le 15
ici. il Verneuil
Le 10 messidor il Mayenne. Le - 16
id. à Dreux.
Le ·11 id. il Présem- Le 1ï
id. à Houdon.
paille. Le 18
il Versailles.
Lel2 messidor à Alençon. Le 19
à Paris, où
ils camperont dans la plaine des Sablons.
« Les ofl1ciers municipaux dans les communes où ils loge­
ront et recevront l'étape, sont invités à leur fournil' en cas
de maladie tous les secours que l'humanité réclame.
« Le citoyen François Dorange a reçu une ordonnance du
directoil'e du district se montant il la somme de soixante-douze
livres pOUl' subvenir il leurs besoins clans la route. »
Apl'ès l'inoubliable marche de Bl'est à Landel'ncHu, le 29
prairial, une partie de plaisir faite cn famille, pl'esque u au
I)('a\l soleil de messidor' )), alors que l'enthousiasme enflam­
mait les cœurs, et comprimait les regrets de la sépar'ation,
on continua la route d'un pas allègr'e et sans incident, jus­
qu'à Mortagne. Là nn malheur vint contrister nos jeunes
Brestois et montrel' que dans ses instructions, l'agent
national n'avant pas manqué de prévoyance.
(Le 23 messidor, du représentant du peuplei.
« Je m'applaudissois d'avance d'un choix que j'ayois fait de
six jeunes éléves envoyés à l'école de Mars conformément à
voll'e décret clu '13 prairial, je me félicitois d'apprendre qu'ils
(ussent arrivés bien portant au camp cie la plaine des Sablons
avec le même courage et la même joie qu'ils avoient à leur
départ, un malheur inattendu ma privé de cette satisfaction.
Le citoyen Hervé Hal!égouet, cultivateur de la commune de
Guipavas, étant à Mortagne le 14 messidor par un amu:;e­
ment innocent et enfantin s'est cassé la cuisse en tombant de
dessus une cidevant église où il était monté pour dénicher un

nid de moineau, suivant le rapport de son collègue DOI'ange,
chargé de la conduite' de 'ses confrères, en date du 15 mes­
sidor. ))
cc Citoyen repl'ésentant, vous avez mis tOlltes les vertus à
l'ordre du jour et pardonnant à une étol1l'derie, vous étendrés
la bienfaisance nationale sur ce jeune républicain. Je vous
prie de le 'recommander à la municipalité de Mortagne ou il
est à l'hospice et s'il a Je bonheur de guérir sans en être incom-
modé, comme il est près de Paris, je sollicite pour lui une
exception à la Loi 'qui porte qu'après le 20 messidor nul ne
sera reçu à l'école des élèves, vous lui permeUré de continuer sa
l'oute, rendu à sa destination, le patriotisme que je lui connois,
vos bontés quil aura présentes à la mémoire et dont il ne
manquera de vous témoigner la reconnaissancepar une appli­
cation durable à toutes les leçons qui lui seront données au
camp, lui feront oublier la douleur que son imprudence lui a
causee. )) .
L'agent national s'adJ'essa • de Mortagne pOUl' leul' recommander son compatriote:
(Du 2/~ messidol') .
« Un jeune élève destiné pour l'école de Mars appellé Hervé
Hallégouet cultivateur,de la commune de Guipavas en ce dis­
trict a eu le malheurde se cassel' une cuisse pal' un amusement
votre cité aussi estimable par son civisme que
inocent dans
par ses bonnes mœurs il mérite toute l'attention dont votre
humanité est susceptible. Je vous prie de lui Caire rendre à
l'hospice dont les soins vous sont confiés la copie de la lettre
que j'ai écrite pour lui au Comité de salut public, Veuillez en
lui servant de père m'instruire de sa situation afin que j'en
puisse en faire part à ses parents comme aussi' s'il a besoin de
secoul's pécuniers. Vous voudrés bien aussi m'honorrer d'une
réponse et compter SUI' ma reconnaissance. ))

La loi était formelle: Hervé Ilallégouct n'était pas au camp
BULLE'l'lN ARCHÉOL. DU FINISTÈltE, TOME XXVIII (Mémoires), 12

des Sablons le 20 messidol" donc il pel'daillous les avantages
du 'choix qui avait été fail de lui, poyr l'école de Mars.
Descomhes l'ecevait, même le 10 thermidol' « une letll'e du
« citoyen Liégeard agent des représentants du peuple au camp
« des Sablons pour le choix d'un autrejellne citoyen en rem­
« placement du citoyen Hervé Hallégouet resté malade fi
« Mortagne. » En conséquellce, l'agent national du district
convoquait les communes de Saint-Piel'l'e-Quilbignon et de
Lambézellec, qui avaient déjà étaient assemblées à cet égal'd,
mais « aucun n'ayant présenté les qualités requises, SUl'tout
de la bonne volonté. Il
(Le 11 thermidor!.
« Les officiers municipaux de la commune de Lambézellec
feront assembler quintidi prochain les jeunes citoyens depuis
l'age de seize ans jusqu'à dix sept ans et demi, pour l'école de
Mars.
« Lagen t national choisira quatre des pl us robustes et des plus
intelligents sachanllire et écrire, et des plus patriotes: il aura
attention que ce soit de la classe des sans-culottes et surtout
parmi les fils dont les pères et les frères sont à la défense de la
Patrie et amènera dessuite ces quatre citoyens au district, ceux
qui sont employés dans le port ne sont point exempts de se
trouver à l'assemblée excepté ceux embarqués. ))
(Le 12 thermidor).
« Je vous fais passer copie de la lettre du représentant du
peuple près le camp des Sablons concernant le jeune Hervé
Hallégouet vous y verrés que leur intention est qu'il se rende
à son posle, lorsquil sera parfaitement guéri, ce que je désire.
je lui envoye également copie de cette lettre que je vous prie
de lui faire rendre et continuer envers lui les mêmes soins que
vous avez bien voulu prendre. Daignés m'instruire de sa situa-
tion eL comptés sur ma reconnaissance. »

C'était dOlic un cOllll'c ol'drc Jont Hallégouët pouvait béné­
ficier.
« Ilallégouet Hervé, arl'i\'é le 4 vendémiaire, et l'envoyé
au qual'licl' ùe santé jusqu'à ce qu'il soit pal'faitement
,'élabli. " 'l'clIc est la mention faite SUl' le l'egistl'e cles ins­
.criptions du camp des Sablons.
Le 3 fr'imaire, après le licenciement de l'école, HalIégouet
se trouvait depuis quelques jours de retour cheil son pèrc :
• revenu convalescent et sans équipement. » On le com­
'prend, il ne parut pas aux exel'cices, et il n'arriva au camp
des Sablons que pour entrer à l'infil'merie et y l'es leI' jusqu'à
SOli dépal't.
11 y ou t peu de mal ad ies gl'a ves au camp des Sablons: sul'lrois
mille quatl'e cént élèves, vingt six fUl'ent l'envoyés pOUl' infir- .
mités cl faiblcsse de sanlé, ('12 pour épilepsie). Plus de cinq
cents attaqués de divers maux cntrèl'ent ft l'hopital, et mal­
gl'é le noml)['e cie fièvl'CS putrides et malignes, des fluxions
de poitrine, des dysenteries que les chaleul's du mois d'aoùt
rendent fort communes, douze seulement succombèrent.
Le quartier ou camp de santé comprenait 18 tenles,
. Chaque tente 10llgue de 1,5 pieds et large de 24 l'enrer'maiL
12 lits placés SUI' 2 rangs, etc.
2. - DisCriet .Ie Carhaix
l'vI. ArthuI' Chuquet, dans son lumineux travail sur récole
de Mal's dit que « sitôt que le décl'et du 1~r juin fut connu
« dans les dépal'tements, les jeunes gens se présentèl'ent en
« foule et les municipalités n'eurent pas de peine à désigner
« des candidals (p . /10). )) M. Chllquet a peut-êtI'e l'aison
' pour la généralité du tel'riloire de la Hépublique, mais nous
devons fuil'e des ('éserves pour ce qui concel'ne les districts
du Finistère, et erl par'ticlllim' celui de Carhaix C'est l'agent
· national de cc ressol'l qui établit la difficulté qu'il tl'ollva
dans ses opél'ations pOUl' le choix des élèves,

« Du 26 prairial lan 2 de la République Une et Indivi­
sible (1).
« Nous agent national.. ... procédant à l'exécution du décret
du 13 et 17 de ce mois ..... certifions que tel est l'esprit de la
campagne dans le ressort du district de Carhaix, que les jeunes
gens s'y rer~lsent aux grands awntages que la République lw.,.
off/'e à l'école de Al ars, en yain ayons-nous circulairemen L
écri~ aux communes, en vain les municipalités obéissant à
notre lettre ont rassemblés les Jeunes citoyens de leur arron­
dissement et leur ont exposé combien cet établissement étoit
avantageux; trois seulement ont suivi l'impulsion de leur
patriotisme, ont dit: nous youlons faire partie de cette école
guerrière, èt sont venus se présenter au district. L'ardeur qui
les animait, l'impatience qu'ils témoignoient, les témoignages
flateurs que leurs municipalités nous en ont rendus, et les
ayant trouvé en outre bien constitués et robustes, nous avons
fail choix de leurs personnes, leurs noms et leur signalement
suivent:
Savoir.
« De la commune de Poullaouen, François JOl/rdrcn, âgé
de 16 ans: taille de 4, pieds 9 pouces 7 lignes, cheveux et sour­
cils blonds, yeux roux bienfendus, nez écrasé, bouche gra nde,
menton rond, front haut, visage ovale.
« De la même commune de Poullaouen, Simon mou, âgé
de 17 ans. Taille de 4, pieds t.i pouces 6 lignes, cheveux et
sourcils chatains, yeux bleus pâles. nez pointu et mince,
cicatrices occasionnèes par des brûlures.
« De la commune de Berrien, Julien Blanchard. âgé de 'i(3
ans: taille de 4, pieds 'iO pouces .....
« De la corn mune de Carhaix, il s'en est présenté sept el de
ces sept nous avons fixé notre choix sur le citoyen
« Adrien Afœrie Lanezval, âgé de 17 ans et demi. Taille 5
(1) Délib. du district. Rég. n' 6.

pieds 1 pouce 2 lignes, cheveux el sourcils chatains foncé,
yeux gris, nez poinlu, bOllc!le moyenne, menLon rond, front
visage ovale.
ordinaire,
(( Thomas Ft'ançois Nouet, ùgé de n ans passés, taille de l:i
p~ds 1 pouce 3 lignes, cheyeux et sourcils cha tains clairs,
yeux gris, nez large un peu relevé, bouche moyenne, menton
rond, front peLit, visage plus long qu'ovale. .
• Benjam.in Mal'ie Siga.!j, âgé de 17 ans passés, Laille de 4,
pieds 10 pouces · 10 lignes, cheveux et sourcils blonds, yeux
bleus, nez grand et pointu, bouche petite, menton rond, front
bombé, visage ovale. portant. à la joue droiLe une petite
tache noire. »
L'agent national Hobel'l eut la bonne idée de faire con­
lIaltl'e dans son procès-verbal les motifs de ses désignations
et de fournir des détails SUi' le passé ct la valeul' des candi­
dats de la municipalité de Carhaix, qu'il avait choisis en con­
ayant vu grandil' . sous ses yeux, et
naissance de cause, les
pl'omeltl'e pal' leurs succès scolaires, de devenil' des sujets
d'élite.
{( Les motifs, écrit-il, qui nous ont déterminé li fixer notre
choix sur ces trois derniers citoyens sont:
« ( 1 par ce que ledit LanezwII malgré qu'il ne parait pas
des plus robustes est bien constitué et qu'il est d'une taille
avantageuse; 2° pal' les connaissances que nous a:vons de son
pa./'/'iotisme dont 'il dévelol)pe jOH1'nellcment dams nos assem­
blées populai'/'es les plus gr(t1)(ls p1'incipes, ayant lait de (l'ès
bonnes études, et ayant des talens et du mérite personnel.
Enfin par ce que c'est nn mjet q'!/(: nOlis crayon.'; de la plus
grande eSpé1'Clncc . .
« Ledit Nonet pal' ce qu'il est bien constitué, robuste, intel­
ligent, ayant {ait aussi des éludes, par ce qu'il est d'une con­
duite régulière, et qu'il a toujours donné des preuves du plus
pur patriotisme,

« Et ledit Sigay, par ce qu'il a du corps et qu'il est bien
constitué à son âge, et par ce que malgré qu'iL '1/.'0 pas encore
son esprit rait à. pOllt:Oil' C'I/ jugcr, il manifeste des dispositions
avantageuses et qu'il est cn oulrc d'un caractère très doux.
« Nous arrêtons en conséquence que les six citoyens susdé­
nommés partiront demain prochain vingt ct huit du présent
mois pOUl' se rendre cl leur destination en vertu d'une feuille
de l'ouLe que nous leur délivrerons. »
3. District .le Vité-sur-Aône,
ei-de,'ont VI.âte;lulin.
Foltrgny, Sébastien .
. Marion, Jean (1) .
Cogan, Louis-Jean-Baptiste.
Le jJfoigne, Pierre-Marie.
La.gnel, Yves.
Abaslin, Piel're (2j,
A mesure .quc les élèves al'l'ivaient ail camp des Sablons,
i·ls étaient insCl'its SUI' deux l'egistres, daus l'un pal' district,
et dans l'autl'c pal' ord l'e alphabétique, M. Al'llIur Chuquet a
repl'Ocluit la liste des élèves pa r distl'ict, et pour plus de com­
modité, il ra ordonné pHI' départemcnt.
C'est d'après ce document contenu dans l'appendice dc
l'école de !J-Iol's que nous avons pu donner la liste des
élèves de l'école du camp des Sablons, pOUl' les d istl'icts do
ChÎlleaulin, Quimper el Quimpe rl é, tOlil. autl'o sou l'ce d'infor­
mations nous faisant défaut.
(1) lIlarion Jeall--lIlarie-Alex is était fils du sicur J ean-François Marion,
recevellr tles Det'Oil's, en 1777 (Hegistrcs paroissiaux dc Châtcaulin).
('!) Fils de reu J ca n-Paul et de 1)'" Mnrgucrile Lal'sonncllr, Parrain ; le
sieur Pierre Pennarun, grellier ùe la juridiction l'oyalc; mlll'I'aine ; Mal'ie­
Jean ne Magado, épouse cl u sicu l' G uioma l'.

l.. nistriet de L .. n.le .... e .. u.
Les l'cgistl'es de ce district délibératiolls (hl Corres-
pOlldance ne nous l'oUl'nissent tlucllill'en,;eigllement. mais,
1I0U!; avons été assez heUl'eux pour retl'ouvel' dans les liasses
appartenant ù Lalldel'llCau (sér'ie L. 14t), une partie des
lisles des candidats c1I'essées pnr les municipalités. L'agent
national de chaque commune pl'ésente des noms , peu ou
beaucoup, plus ou moins, selon son. cal'actère, sa défiance,
de lui-même ou son cxtl'ème confitlnce. Dans la colonne des
ObSC1'1j(llions, il met ses indications que l'agent national du
district aura à apprécicl' : appl'éciation qu'en deux O~l
ll'Ois mots brefs et décisifs, il inscl'it cn mal'ge, d'apl'ès SOI1
examell personnel et son conll'tl!e particuliel'.
La commune de Landel'lleau pl'ésente ll'enle candidats:
dix sont écal'lés pOUl' faiblesse eonstitutionnelle, cinq ne
savent pas lil'e. Frant,:ois Phélep, l'LIC de la Fontaine Blan­
che est noté" fort et inlelligent » mais il n'a que 15 ans et
de:.mi! L'agent national choisit, de la ville, trois élèves de
Mal's: llfalltw/'in /lope'I'S, (1) ûgé de lG ans, l'ue de la fontaine
Blanche choisi pal'ceque I( 'indirlcnt)) ; HŒl'lhélérnyKcrlcn, (2)
figé de 17 ans, même rue ; Jo,5(~ph-Mal'ic F'a.vier, 16 ans, quai
de Montagne, Ce dernier avait il SOli dossiel' une pièce qui fut,
sans doute, d'un gl'and poids pOUl' son admission C'est un
certical signé de 5 ou 6 ofllciel's qui constatent des services
qu'on ne s'allendl'uit pas à voir à l'aclil d'un enfant de 16 ans,
6 Nous olllcier de la ci-devallt force armée du district de
« Landerneau certifions qne le citoyen Joseph-Mal'ie Faviel',
« en qualité de capOl'HI dans la 3" compagnie de la force
« al'mée et qu'il a fait nombre dans deux déthacement, qu'il
« s'est, porté sur la Vandé, donc nous cerlifions que ledit
« citoyen ces compOl'lés en \TRi ,'épublicain et en vl'ai dé-
(Il Au camp on rinscril'it, par crreur son le prénom de Mathieu.
("!l La lisle donnée pal' M. Cnuquct, parle {\lcn omettnnt (\e barrel' le 1\
le nom exacl étnit Ke1'lcll.

Il. fenseurs de la pall'ie pendant le COUI' des deux difTél'cnts
déthacement,ainsi quedanssa gal'llison, En foi de quoi, elc,»
Dirinon présente villgt sujets. Le premier candidat esl
. Françoi~ l\Iuzellec, 16 ans, L'agent national de la coml\luntl
le recommande par cette no te el obscl'\'ation : " il a. ljueL­
ques capaCités et i nteLligelll, 1/01lS croyolls q Il' il pou l'rait taire
lin suJet: l'agent national du distl'ict met cn marge celte
annotation; (( ne parle pas lin mol de FraI/rais )) ,
On trouve bien « VSitncant (sic) J}\'clla ùgé de 17 ans Il ;
il fl'appe l'altention de l'agent national qui écrit: (/ ?le sait
écrire, est robuste et d'une agréable 10/1/'1111/'(', )) 8 ne savent
pas un mol de français, les aull'cs sont tl'OP faibles,
Ploudil'Y amène 13 jeunes gens, SUI' lesquels 11 n'ayant pas
l'lige et 5 sont lrouvés ll'Op malingl'cs,
Au Tréhou, sur 16,4 sont uop bas, 9 ne savent le fl'ançnis,
A la Hoche-Maul'ice, SUI' Il,6 sonl écartés pour les mêmes
motifs,
A Sizun, on aurait à examinel'lrente adolcscents : mais 1:3
sont absents, 7 ne comprennent pas le français, les aull'es ne
sont assez robustes: loutefois l'agcnl national choisit He/Té
Carré, demeurant au chef-lieu (bourg) : " sait lil'e et écril'e; "
rr est de jJ[orlai.r. ))
A Commana, sur 25 jeuncs gens, 1 mol'!, 4 absents, ill trop
faibles, 3 IlO sachant pas le fl'ançais,
L'agent national de Daoulas présente 3 sujets qui sont
Yves Bodénès, 17 ans. IL sait lir!' en latin el en breton. Ce
jeun!' citoyen atolls pleills d,' dispositio/ls. Frallçois Liol'zou
16 ans 1/2 : Il a ·reçu qlldql/I' édllcatioll l't if parle conrcna­
blemclltle (rançais: ce qI/ille facilitera dalls les il/strl/ctions
qlle L'Olt pal/l'rait lui dO/I//er. Jean Quénadec, 17 ans: "//01105
ne conllaissoll.~ pas ses dispositiolls !
L'agent national de Saint,UI'bain établit Ulle « liste des
citoyens etc ..... » qui ne compl'cnd pas que le llom d'un
« laboUl'eur a gage au HouaI, en Dil'inon depuis 10 jours. »

Irvillac offre 24 sujets: 5 ont 5 pieds-et plus de taille, deux
seulement ne savent pas le Crançais. Deux se présentent mais
après vérification on voit qu'ils vont S1t'I' lcu:rs 19 all,ç, tandis

que Yves Berrou présenté comme ayant l6 ans n'a que I I ans,
et Jacques Brélivet présenté comme ayant le même âge n'a
guère plus de 13 ans.
A Plougastel, l'Agent national le Gall pl'ésenle cinq can­
didats; de ces cinq, 2 sont absents, 2 ne savent lil'e ni écril'e,
et l'autre, le 1J7'imus intc',' ]Ja:I'CS, est pl'ésenté p.n ces termes
au district ,
« Si ton choix tombe SUl' quelqu'un de notl'e commune
nous désirons que ce soit ce jeune citoyen (Clande IZel'v01'1I)
, qU'i cst 'intelligent et bon pat'/'iote cl qui cl' aillcu1'I:i nous llo,l'ait
assez ','obtlstc, au SÙ1'plu,s 1'épublicain. La note marginale de
l'agent national de Landel'l1eau pOI'Le simplement: faible et trop bas de taille. »
L'agent de Rosnohen présente 21 sujels ; il inscrit en ob-
servation pour le 21 e et dernier: « le sus-dénommé à une
infirmité parce qu'il est sourd et il l'end de l'oreille depuis
plusieurs années. ))
A Quimerch, nous trouvons 12 jeunes gens, dont quatl'e
sont absents: SUI' les huit qui restent, ragent national du
district choisit pOUl' l'école de ~IIal's, Jea,n-/~ollis La.uclw'lt, dll
Pont-de- Buis, Voic.i la noLe que lui donne. l'agent national
de la commune, ; robuste, un peu timide, mais intel-
ligent, fils d'un pèl'e de huit enCans et point de fortune, el
qui n'a que le fruit, de son travail pour faire vivre sa fa­
mille, D
Nous avons relevtl, pour le dislt'ict de Landerneau, le nom
de cinq élèves de l'école de Mars. : Faviel', Lauchou, Hopel's,
I~Ien, Corvé. Il l'estait un sixième Pie',"/'c Chopin: nous
n'avons pas trouvé le nom de la commune dont il p,'ovenait.

5. DistrÏet .Ie Lesneven .
L'agent national de Lesneven le Cen Le Gall ne pm'dit pas
de temps pOUl' notifiel' les lel'me de la loi aux municipalités
du 4istl'ict, Voici la. circulaire qu'illeUl' adresse. '
Citoyens,
(( En exécution du décret du 20 prairial publié pal' la voie
du bulletin,je vous enjoins de me fournir pOUl'lundi , 28 de ce
mois, une liste exacte des jeunes gens dans l'àge de 16 ans à
:Ji ans 1/2.
(( Vous enjoindrez à ces jeunes gf'\ns de se rendre à Lesne­
yen pour mardi 2D du courant, et d'être à la porte du district
les huit heures du matin.
pour
« 11 faudra six jeunes gens de bonne volonté, robustes, peu
fortunés, intelligens et qui auront. donné constamment des
preuves de civisme et de bonne conduite, trois seront pris
es campagnes et trois dans les villes; c'est le but du
dans l
Décret. Seront exemps de se présenter 'i les malades. 20 ceux
qui ne jouissent pas d'une forte santé, 3° ceux dont le pall'io­
tisme est douteux.
« Vous désignerez particuliérement sur la liste, les citoyens
peu fortunés et ceux qui ont des parens à l'armée.
«( Ces six jeunes gens iront à Paris pOUl' y recevoir une
éducation révolutionnaire, toutes les connaissances et les

mœurs d'un soldat républicain. »
Les mUllicipalités bien dressées par l'agent national du
district aussi actif qu'intelligent, répondirent ù son appel
avec la plus entièl'c unanimité. Le choix des jeunes élèves
de l'école de Mars se fit donc dans d'excellentes conditions .
Procès-verbal de nomination deq jeunes élèves
de l'école de Mars.
(( Ce jour vingt neuf prairial deuxième année de la Répu­
fran<:~ise Une et Indivisible, moi agent national près le
blique

district de Lesneven ayant fait assembler tous les jeunes gens
du district de l'âge de seize à dix sept ans et demi, à l'eflet de
choisir parmi eux six élèves pour l'école de Mars, ,conformé­
ment au décret du 13 de ce mois, j'ai fait l'appel nominal de
lous les jeunes gens, et, après les avoir tous vus et examinés
en présence des Maires et officiers municipaux de leurs com-
munes respectives et avoir écouté les observations de ces der­
niers touchant les mœurs, l'intelligence et le patriotisme de ces
jeunes gens, j'ai commencé pal' écarter tous ceux qui me
paraissaient être mal conslitués el peu intelligents, et dans le
nombre qui me restoit j'ai choisi parmi les leunes citoyens de
la campagne, (fuillŒît7llC Abgrall, ûgé de dix sept ans, fils
d'Yves et de Marguerite Floch de I(eriven, commune de Saint­
de Plounéventer ;
Servais canton
" .T con Castcl (1), âgé de seize ans fils de François Castel et
de Marguerite Coatélès, originaire de la commune de Lesne\'en
et domicilié en la commune et canton de I\ernilis, et Jo:;cjllt
llottda.ttt, ûgé de seize ans six mois fils de feus Yves Houdaut et
Marie Jacobin de la commune de Plouider (2), et parmi les
jeunes citoyens de la ville de Lesneven j'ai choisi Yves Lescan
âgé de -16 ans 2 mois, fils cie François Lescan et de Marie
Morvan de la commune de Lesneven;
(( Gotdven T~e Borgne, âgé de '\ ï ans, fils des feus Jean Le
Borgne el Marie Jeanne Le Men de la commune de Lesneven,
.et Yves Hiliou, âgé de 16 ans et 6 mois, fils cie feu Jean Wliou
et de Claudine Délou de la commune de Lesneven.
({ De laquelle nomination j'ai dresse le présent procès-vcrbrll
au temple de la Raison, lieu de l'assemblée des jeunes gens,
à Lesneven , lesdits jour et heure que devant.
(( Le Ga.ll, agent national. ))
(Il OrigilJoire du village de Kcrgol(~slrec, en Guicquellenu, commune de
Lesneven cn service en cclle de !{crnilis.
(2) Au service chez Lunl'cn .

L'agent national fait suivre son procès-verbal de la note
qui a la valeur d'une constatation om.cielle du dépal't des six
élèves et des conditions d'après lesquelles' ils devaient efTec­
tuel' leUt' voyage.
« Ces jeunes gens sont partis de Lesneven le trois messidor
sous la surveillance du citoyen Abgrall l'un d'eux. Nous leur
avons donné l'état de route nécessaire pour se rendre à Paris.
108 1. pour 120 lieues à raison de trois sols par lieues. Comme
ces jeunes gens étoient tous de vrais sans-culottes, nous les
avons équippés avant de partir et nous leur avons donné à
chacun deux chemises, habit veste et culotte, un col, un cha­
peau, un bonnet de police, un sac de peau et une paire de
souliers. ))
Nous trouvons ensuite leur itinéraire ou état de route, et
on voit qu'ils étaient dans de meilleures conditions que leurs
confrères Brestois, étant donné que les enfants de Lesneven
avaient en route quatrejoUl'nées de séjour pour se défatiguer
el se retrouvel' plus frais pour le lelidemain .
• Route que tiendront les jeunes citoïens du district de Les·
neven, département du Finistère ..... choisis conformémentll
la loi du 13 pra;rial, sous le nom d'élèves de l'école de Mars,
puur sc rendre il Paris, sous la conduite du citoyen Abgrall
l'un d'eux, pal,tiront de Lesneven le 3 messidor l'an second
se 1'0 nt. logés le même jouI' à Landivisiau.
l'épublicain
Arrivés à Landivisiau.
Finistère: MOl'laix.
Côtes-du-Nord : Belle isle sur terre; Guingamp, à Guin­
gamp : séjoul' d'un joUI' : Pont-Brieuc; Lamballe; Broons,
Ile ct Vilaine: Montauban: séjoul' d'un jouI' ; Rennes:
Vitré. .
Mayenne: Laval; Mayenne: séjour d'unjm/!'; PI'é en Pail.
Orne: Alançon ; Mortagne.
Eure: Verneuil: séjolll' d'un jOlll',

_. Hls-
EUI'e·ct-Loil'6 : Dreux,
Seioe,et-Oise : MonLfol'l ; Vel'sailles.
à Paris.
Arrivés
Aux lieux de passage ci dessus, l'étape eL le logement
sel'ont roumis auxdits six citoïens confol'mém:mt à la Loi,
l'aiL à Lesneven le jour deuxième messidor l'un second de la
Hépublique fl'ançaise Une et Indivisible ,,-
6, Dil!Jtriet de orlaix.
Dès que le texle de la loi du 1:3 prail'ial pal'\.int à Mol'iaix,
Saillolll'agent national, l'édigea unepl'Oclomation aux pèl'esùe
ramilles, leUl'en expliquant les dispositions et les convoquant
·avec leUl's fils , ù passel-le lendemain à la maison commune.
« Pères de famille, disait-il, la convention vous offre l'oc­
casion de procurer à vos en[ans une éducation révolution­
naire, Toutes les connaissances et les mœurs d'un soldat
. républicain, vous la saisirés sans doute av.ec empressement,
et qui sera dévolu à ceux qui réunissent toutes les qualités
présentées par le décret, auront suivi l'exemple de leurs pa­
rens, en marchant dans le sentier du patriotisme et qui
auront donné des preuves constantes de leur civisme et de
leur bonne conduite. (1) )l

Le citoyen Sailioul' n'euL qu'ù sc félicitel' de la docilité de
la population i\lol'laisienne (2) :
{( Mon choix s'est porté SUI' des sujets intelligents et sans­
culottes. J'ai nommé deux de Morlaix comme la communE'.,

la plus peuplée du district. Chacune des autre communes
en a foumi un. Ces citoyens sont partis pOUl' Paris le
2!) du mois dernier, avec le désir bien marqué de profiter des
_ . avantages que leul' offrent nos o,u(J7tstcs ?'epré,çenta.nts et de

(1) Corresp. du distr, de Morlaix. Ileg. 18.
(2) Corresp. concernant la sùrelé générale. Heg. 17,

s'en servir bientôt contre les ennemis de la liberté ..... Je ur
dni.~ pas liasse/' SOll.ç silence le générel/,r dévouement des jeunes
citoyens de JJtol'laix: alt moment de la nomination du contin- .
gent de ceLLe commune, tOIlS ont roI/ln lW/'li'l', /OIIS élOienl
pénéll'lis de ne pOllvoi/' snivl'e leul's camal'ades ! » (Annalise
des opérations de l'agent national pendant la 3 décade de
prairial, an II).
Saillour mit toules dilligences à infol'ffi8r les agents na-
tionaux des municipalité du distl'ict . Le 22 prail'ial, il envoie
il F. M. Buhot, agent national du Guel'lesqllin, la lettre ci­
dessous. (1)
« Tu aura eu sans doute connaissance de la loi du '13 prai-
1 lUI ..... Les agents nationaux près des districts sont chargés
de l'exécution de ceLLe loi, elle doit être prompte pu.isque après
le 20 messidor, on ne recevra plus d'élèves. J'ai jeté les yeux
sur ta commune qui devra me fournil' un sujet qui réunisse
les qualités exigéetl pal' la loi ..... .Je m'en l'apporte à ton
patriotisme pour m'éclairer sur le choix que je vais faire et
surtout pour faire connaître aux cultirateurs de la commune
les avantages qui peuvent résulter pour l'éducation de l'élève
qui sera choisi, et pour leur faire sentir que la convention
sans cesse occupée au bonheur public, cherche tous les moyens
possibles. pour propager toutes les connaissances utiles et
dignes d'un républicain.
« Comme le choix exige beaucoup de céleri té, je l'ai fixé
pour ta commune, au 24 prairial (jeudi V,S.) Je te prie de me
marquer par le retour de mon e;xprès, si tu peux faire ce ch~ix
sans moi ..... Activité, zèle, vigilance et ça ira! ))
Buhot l'épolldit à Saillolll', pnr la même voie .
« Ta présence est in(lispcrt.~able. Je t'attends le 24 du cou-
rant à 8 heure du matin. Tu trouveras ces jeunes citoyens;
(1) Reg, 18,

il n'y aura pas de di{ficultés si lu en trouves de convenable,
Je te prie de m'accorder la préférence de la person Ile, Tu
auras bon visage d'holte et Ca, salut et fraternité, ))

A Saint-Pol-de-Léon (Paul Léon ou mieux Afont-P'I'i­
- m.ai'rc) (1) l'agent national Le Boul'guay était assez emba­
l'assé pour la IH'éférence qu'il accordait au jcunc Lttcas SUI'
les aull'es jeunes gens. Son candidat, c'était Lucas, ou
Ducoin, à son défaut: malheureusement sc ne sera ni l'un ni
" - l'autl'e. Le 23 prairial il éCl'it'à Saillonr.
« Je t'envoie, citoyen, un jeune homme nommé Lucas, âgé
de 16 ans, moins 3 mois, C'est le plus ardent patriote quc'
ayons dans notre communc, son frère cîgé de f 7 a ns et
nons
demi s'est enl'ollé volontairement pour v~ler fi la défense de
, la patrie. Celui que je te recommande ne cesse depuis hier de
me prier de le désigner. Il est fort, robuste el. intelligent, feu
son père était un des meilleul's patriotes de son tems, je veux
dire depuis 88 jusqu'à 9l qu'il moUl'ut.
La mère de ce jeune homme vient à chaque instant me priel'
de donner la préférence à son fils. Ainsi je crois que tu peux
passel' SUI' ce petit défaut d'âge. Il s'en présente encore un
autre debonnevolonté,quiestle filsde Michel du Coin mainle-

nant aux frontières, mais ce jeune homme a eu une espèce
de teigne qui exhale une puanteur insuportable. Si le jeune
homme que je -l'envoie ne te convient pas je te prie de le.
(1) Saint-Paul-de-Léon venait d'être débaptisé tout récemment, comme
nous le voyons pnr la c01'/'espondance du district:
. Du 13 messidor, au comité de division, Paris.

, • Quelques communes de ce district voulant faire disparaître à jamais .
tout ce qui peut encore retracer le règne alTreux de la Boyauté et du fana­
(isme, viennent de chnnger de noms: J'en soumets ci-joint l'état il votre

approbation.
Saint-Paui-de-Léon. - Mont-I'rimait'Il.

Sainte-Sève. - Sève .

Saint-Mm·tin-des-Ghamps. - Unité des champs,

fiouégat-Guérande. - Plol/égat- Valon,

1/'(fIi.5llorler ci Saint-/'ol ('t IWI/S tac!icrom tl'el/. l/'(JI/ur II1/.
1lw'mi les aristocrates, II
Le 26, Cil ellvoyant le pl·ocès-vel'!>al dt~ ln levée Je l'écol e
Je ;\Ial·~ , illl'oul'e moyen de l'c'·enÎI' SIlI' le compte du même
I.ucas,
« ,l'al/rai bien désiré que tu eû pli procurer une semblable
place au JII'li/ 1~lIcas, qllc je l 'avo"Ïs enrayé "'il'I'; à. son
a/Tin:/! de Morlai.'C ·il l'st tCI/U che;: moi tondant en larmes ,~1/1'
[1' malhcu1' ql/'il Mail de n'a.voir lwS l't1.g(~ f!O"tnpé/c"Ilt. Si lu
connaissais quelques jeunes gens sous ton ressort qui ne vou­
lussent pas aller volontairement cl Paris, tache de le mettre
en l'emplacement. ))
I.e pl'ocès-vel'lHll que 1I0US donnons à la suit.e nous illdi-
que le choix se fixa sur Vincent Le Houx el les raisons Cjui
le fil'ent dire Pal' l'agent IIslionill de nIonl-IJrimail'c.
SAINT-POL-DE-LÉON, commune du même nom, district
de Morlaix. (1 Nous agent national près celle commune en
vertu de la loi du -16° Isic) jour du mois de prairial cl nous
notifié pal' l'agent national près le district de Morlaix, k 22 du
courant à leffet ùe faire partager aux habitants de Pol-Lt~on
les faveurs et les avantages que la Convention oITre au peuple
français, avons en conséquence des ordres à nous donnés,

pOUl' l'élection d'un jeune homme ligé depuis 16 ans jusqu'à
-t7 et demi, fait l'assembler à son de caisse et ù la manière
accoutumée tous les jeunes gens désignés pal' la loi susmen­
lionnèe à lefTet de procéder au choix d'un bon pall'iote, d'un
- vl'ai sans-culoLLe, bien constitué, robuste et intelligent, el
après un sérieux examen de leur conduite, de leurs mœurs ct
de leur capacités avons fait tomber notre choix sur le citoyen
Vincent Le Roux fils de François pel'l'uquier natif de ceLLe
commune et garde national, Lequel Vincent Le Roux âgé
de 17 ails moins un mois s'est ollert volontairement pour être

admis en qualité d'élève à l'école de Mars. Le zèle et le patrio­
tisme qu'il a montré depuis deux ans qu'il est enrollé dans la
garde naliooale à l'exception de six mois d'absence, travaillant
à Brest eo qualité d'élève chirurgien dans Ihopital ci devant
Saint Louis, comme il est constaté par un certificat en bonne
forme du chirurgien en chef signé Billard, semblent militer
en sa faveur pour être admis au nombre des élèves qui doivent
profiter des bienfaits de nos augustes représentants, et le choix
que nous avons fait dudit citoyen Le Roux nous sont un SUI'
garant que nous avons satisfait à la Loi. .
« Fait et alTèté en la Maison commune, les dits jour, mois
et an que dessus. Le Bowrguays. t)
Enfin nons trouvons un historique complet des opérations
pour la levée de six élèves, pour le camp des Sablons, dans
l'étendue du district de Morlaix. Ce sont les procès-verbaux
du CC ll Saillour qui nous le fou1'I1issent.
i( Ce jouI' vingt trois prairial au second de la République f.
(Une ct indiv.) deux heures de l'après-midi, Je, agent national
....... . pOUl' me conformer à la Loi du 13 prairial.. .. . , me suis
transporté dans une des salles de la Maison commune, accom­
pagné des citoyens Guillou, Maillard, Bernard, Beau, Cha­
maillard, Le Cocq et Guéguen, lous membres de la Société
populaire et nommés .sur mon invitation, pour ~tre pré­
sens et me guider dans le choix que j'avois à faire, de deux
élèves pour le contingent de la commune de Morlaix à l'école
de Mars. Rendus au lieu de l'assemblée, nous y avons trouvé
réunis plusieurs jeunes citoyens de l'âge de 16 à 1.7 ans et
demi, auxquels nous avons fait lecture de la loi, et après une
inspection générale et les renseignements particuliers que nous
nous étions procuré d'avance, nous avons reconnu que les deux
citoyens les plus propres à remplil' les vues du décret et qui
réunissent les qualités ~xigées wnl Gtlillaume ]Jostcao, âgé de
47 ans el demi, demeuranl à Morlaix section des Halles, fils
BULLETIN ARCHÉOL, DU FINlSl'ELlE, ' TOME XX VlIl (Mémoires), 13

de Jacques tanneur de profession, taille de il pieds 3 pouces,
yeux roux, visage rond t.rès marqué de petilcvùo!e, nez allon­
gé, bien fail, bouche petite, menton rond, front petit, élevé,
cheveux et sourcils chataings .
« Ce citoyen malgré qu'il n'avoit pas l'cige requis s'estoit
les jeuces gens de la 1 Réqui­enrolé volontairement dans
son père est excellent citoyen, a des mœurs austères
sition ;
el républicaines ; le fils a constamment suivi son exemple, il
est bien constitué et a de l'intelligence eldu patriotisme.
« l'ier/'e Ma/'ie 111lt'al demeurant section de La Roche, fils
d'Alexis, âgé de 1ï ans, taille de 4 pieds et demi, figure ronde,
uu pert 1iw/''l!lé (/(~ la petite 1 (;/'()1!' , yeux bleus, nez allongé,
bien fait, sourcils et cheveux blonds, bouche moyenne, menton
rond, front relevé; son père ancien employé retiré des douanes,
après 22 ans de service. Ledit Pierre Marie Duval sait lire et
écrire, fait le service dans la garde nationale et est bon
patriote.
cc Ces titres nous ayant paru suffisans pour mériter la pré­
férence d'autanl qu'il n'existe dans l'assemblée aucun enfant
de volontaires blessés dans les combats DU qui servent dans
les armées de la République ..... j'ai déclaré auxdits citoyens
que je les choisissois pour être de l'école de Mars et du nombre
des six que le district enverra à Paris. Signé: Saillour,
agent national. ))
cc GUERLESQUIN. Ce jour 25 prairial, je agent n .••
pour me conformer à la loi du '13 prairial, me suis transporté
dans la commune de Guerlesquin. Accompagné des c ens com­
missaires normnés liaI' la ~ociété papillaire du dit Morla'Ïx, swr
mun invitation pOli'/' me guider dalls le choix que j'avais à
faire d'un élève ..... .
« Nous avons reconnu que le citoyen le plus propre à l'em­
plir les vues du décret du 13 prairial est l'tiCS Kef'néau, de­
meurant au Guerlesquin, fils de Maurice et. de Marie GefIroi,

culLivaleul', (Signalement). Ledit Yves Kernéau, est un
sujet très intelligent, sait lire et écrire et est un patriote. . ,
PLOUÉZ0CH. «( Ce jour, 2ti prairial. , .. , . après avoir
fait une inspection générale et scrupuleuse el mettre procuré
les l'enseignements nécessaires, j'ai reconnu et choisi Jcan
J Uénez, âgé de 16 ans 9 mois, fils de Jean et de Marguerite'
Guillou. , .. , , excellent pat-I'iotc et (1'ès intelligent,
PLOUJEAN, a Ce jour 26 prairial: choisi « le sujet le
plus propre à remplir les vues de la loi ») le citoyen ]i"l"a-nçois
Choquc'I', âgé de 17 ans 3 mois de Ploujean, fils de François
de Marie Guiomar, taille de 4 pieds 11 pouces, cheveux et
sourcils blonds, b01whe [j-mnde, ncz O~tvc'rt. (On ne signale pas
ici la gl'andeUI' du patriotisme ni l'ouverlure de l'inlelligence),
MONT-PRIMAIRE, cidevt Paul. « Ce jour 22 prairial,
me sU'Îs t-ransportc-r dans la commune de Mont-Primaire. Le
choix tomba sur Vincent Lc BOtt,T, de Mont-Primaire âgé de
17 ans moins un mois, fils de Francois, pm'rnq!t'ie1', taille ' de
;) pieds 2 pouces, figure ovale, nez gros, yeux roux, cheveux
sourcils et bO//"be chalains, bouche moyenne.
(( Ce citoyen a beaucoup de patriotisme et de talens et lait
depuis deux ans le service dans la garde nationale de Mont­
Primaire,
7, Distriet de Pont-Croix.
1.. Tréhot-Clel'nlOnt étant incul'céré, ce fut le citoyen Gri­
val't, agent national pm' inté1'im qui eut ft pOIll'voil' ft l'exécu­
tion de la loi touchant l'école de Mal's Dcux des sujets
choisis fil'cnt défaut et ne se pl'ésentèrell~ pas.
On verl"a plus bas, que cellc défection devait avoir de
gl-'a\"es conséquences pour eux et lCl\!' famille: ipso facto, ils
passaient sur la, liste des SUSpCCIS, et Lous le monde sait cc
que cela signifiait ft cette époqu~ . Voici le procès-vel'bal bien
. détaillé que rédigea Gri'(urt, à celte occa&ion :

Pont-Croix, 1 jour de messidor, l'an 2'.
L'agent n'" entendu,
(( Vu le décret du 13 prairial dei' sur la fondation de l'école
de Mars dans la plaine de Sablons, près Paris. Et YU le ta- 1
bleau du choix fait pal' l'agent national conformément à
l'art. 2 dudit décret, des six élèY8s du district destinéf> pour
cette école.
(( Considérant que le Co'n Chapalain s'est déporté du choix
fait de sa personne par de mauvaises raisons, et des argu­
peu propres à consolider la première opinion conçue de ,
ments
son civisme, et que Dominique Cloarec également choisi ne
s'est pas présenté. Considérant qu'il est instant de donner
au susdit décret. Les cens Chapalain et Cloa­entière exécution
ne s'étant pas montrés dignes du choix qu'en avait été
rec,
fait, et ayant pal' la consté d'un patriotisme douteux .
entend u.
L'agen t n
( Le directoire arrête qu'ils seront remplacés pal' les C"1lS
Joachim Morvan et Jacques I~ivel, et que leurs noms seront
inscrits au tableau des cens choisis, qui va être imprimé et
affiché pour que leur indifférence à leur proprt! avantage
autant qu'au bien public prévienne du peu de valeur de leur
(Ajouté en sll/'chagc.]
civisme:
( En l'en droit s'est présenté le c Dominique Cloarec qui
n'avait différé de le faire que parce qu'il croyoit que le défaut
d'âge l'en dispensoil, el ayant fait reconnaitre qu'il étoit trop
jeune encore, le directoire regarde comme non avenues les
observations ci-dessus provoquées par son absence.
(( Arrête en outre que le signalement des jeunes cc ; dési­
gnés et agréant sera enregistré au présent et comme suit:
« Hervieux Maurice-Eustache fils de Maurice-Yves et cie
Mal'ieMichelle Madezo, né à Pouldavid, municipalité de
P01t!del'gat, âgé d'environ 17 ans, taille de :5 pieds 2 pouces,

cheveux et sourcils châtains, les yeux clairs bruns, visage
blanc, nez pointu, menton rond, bouche ordinaire.
« I~ivel Jacg tbCS (2) fils de Daniel et de l'ttnévez Jigoux na­
tif de Pont-Croix, âgé d'environ 18 ans, taille de 4 pieds 10
pouces, cheveux et sourcils châtains-bruns les yeux bruns,
visage rond, marqué de petite vérole, nez et menton rond,
bouche ordinaire.
(( Guillou Pienc, fils de Pierre et de Marie l~ivel, natif de
Pont-Croix, ùgé d'environ 18 ans, taille de 4, pieds 6 pouces,
cheveux et sourcils chàtains, ' les yeux clairs-bruns, visage
uni el vermeil, bouche ordinaire, menton petit.
« Morvan Joachim, fils d'Yves et de Marie Dugay né à
Chateauneuf, àgé d'environ t6 ans, taille 4- pieds 6 pouces,
cheveux et sourcils châtains, les yeux gris, menton allongée,
visage uni, bouche ordinaire .
(( Merp.lct Louis-Pierre-Marie, fils de Pierre-Marie Antoine
. et de Marie-Jeanne Trévignon, né à Plomeul', âgé d'environ
16 ans, taille de 4 pieds 6 pouces, cheveux et sourcils châtains-
bruns, nez pointu , les ~'éux clairs-bruns, visage uni et vermeil,
menton pelit
((" Forcet Guillaume, fils de Guillaume et de Marie Dévénec,
. né fi Plonéour, âgé de '17 ans, cheveux et sourcils châtains­
claire, visage blanc et marqué de petite vérolc, les yeux bruns,
IDenton petit, bouche ordinaire.

Lesdits futurs élèves de l'école de Mars partiront deinain
de Pont-Croix et se rendront à Quimper ou le commissaire
des guerres leur fera fournir l'étape et le logement et leur
donnera une Tonte pour se rendre à leur destina Lion, char­
ge le c· Maurice-Eustache Hervieux de la surveillance frater­
nelle sur ses collègues en route et le rend responsable de leur
conduite,
(( Vu l'élat estimatif des effets /OW"/ÛS p01t1'lwl' p/'O}J1'C éq-wi-
J1ement par les jeunes ceos ci-dessus désignés et montan t à
('2) (Non Ignace) cumme on l'inscrivil au camp des Sablons .

'120 Iiv. L'agent n entendu arrète que [adit somme de 120 Iiv.
sera sur la présentation du présent comptée aux c· PielTe

Guillou, Jacques I~ivel, Hervieux et Mermet ('i).
8. District .le Quimper.
l'cltrtrois, Alexis-Marie.
Le Dall, Ange-Jacques.
Lamy, René.
Barbe, Jean-Baptiste. .
TOlt'/'biés, Jean-Baptiste.
FOl'get, J acques- Louis.
D. Distriet .le Quhll •• erlé .
Renault, Corentin-Hyacinthe.
Bouvier, François-Marie.
Leuras, Guillaume. .
Bidan, Samuel-Marie.
Torcy, J ean-François-H yaci nthe.
Me'/'rien. Jean.
(l) Registre 11° i des délibérations du district .

HIl)

(~UATIW ~IOIS AU CA~I",

Le 8 juillct, la plupart des élèves étaicllt, comme disait.
Ba .. èJ'e, au poste d'étlucal'tOn quc lC'ul'tntliq'ua-it la. patrie: non
pas lOll~, cm-les élèves du Midi ne vinrcnt que plus lard;
ceux de Ment.on n'al'l'ivèl'cnl qlle le 1"' août; ceux de Puget­
Théniers le 2 août; ceux de Gl'asse le 3 :lOlÎt, dc ...
Le 8 juillet eul lieu l'ouvel'tul'e solennelle de l'école. Ils
n'avaient pas enCOI'e d'unifol'me, mais beaucoup d'enl .. e eux
pOJ'laient l'habit de garde national, qu'ils avaient déjà endossé .
dans leur municipalité l'espective, comme paJ' exemple Le
Houx à Saint-Pol-de-Léon , Favier à Landerneau, elc.
La musique jouait et (1 les jeunes gens de Mal'seille et de
Brest, ceux de Strasboul'g et de Bayon_ ne marchaient
en!>emble au pas de chal'ge comme s'ils n'avaient mal'ché
<[u une Journee. n
Hyacinthe Langlois, de Pont-de-l 'AJ'che, enll'é plus lal'd
tians l'ateliel' de David (l'auleur des Saûincs le prit pOUl'
modèle de son Homuh.ls) ; le seul des élèves de Mal's qur ait
laissé des mémoire.s sur le camp des Sablons, nous fou l'nit
une. esquisse d'une form alité qu'ils eUl'ent à acc omplir
immédialement.
« A peine arrivés, les élèves dUl'ent se mett .. e entre les
mains de fl'alers ou de barbiers qui les tondirent à un pouce,
à un demi-pouce de la peaLl, cl ' dit un de nos jeunes gens (1)
- dans la tente où avait lieu le sacl'ifice s'élevèl'ent bientôt
. d·énormes pyramidcs de cheveux où sc confondaient la toison
lIoirc el cl'épuc lhl ProverH,:al, lcs mèrhes gl'asse:; ct I01L[Jlte.s du

(1) Arthur Chuquet, p. 7-1.

Bas-B/'eton, les boucle" blondes ou dOl'ées du Flamand, de
l'Alsacicn,la chevelure brune comme chàtaigne du NOl'mallrJ,,,
L'école devait comprendre d'abol'cl trois COl'pS ou milléries,
formées chacun de mille jeunes gens, mais. le nombre des
élèves dépassa les prévisions. Il fallut composer une quatl·ième
millérie qui compta 4(jO sujets. Chaque millél'ie se composait
de dix centuries; cha1ue centurie de di.r décnries,
Le millérion était chef de bataillon, le centul'ion capitaine
et le décurion sous-officiel', sel'gent ou capol'al.
Donc, en arrivant au camp, tout élève faisait pal'lie d'une
millérie, d'une centul'ie et d'une décurie.
a: Six jeunes gens {il étaienl pal'tis ensemble à leul' disll'iet
à la voix de la Convention, et le voyage avait fOl,tit1é.la liai·
son commencée par la communauté d'OI'igine. Mais le Comilé
voulait subordonnel' les affections pal'Liculièl'es à des affec­
tions plus géné!'ales et à de plus gl'<1ves intél'ôls, Il voyait
dans les élèves de l'école de Mal'3, non pas des enfanls de
tel distl'ict, de tel département, mais les enfants de la gl'ande
. famille française unis les uns aux autres pal' la fl'êllel'nité
républicaine, rivalisant à qui sel'viraient mieux la pall'ie. Dès
le!t1' GI'/'i véc , ils furent dispe/'sés, SUI' six sujets d'un même
distl'ict, deux furent placés dans la même millél'ie, et les dellx
élèves placés dans la même millérie n'étaient IIi dans la même
centurie, ni dans la mème décurie ll, M. Al'thur Chuquet
note que l'on agita même, dès le début, la queslion de savoil'
s'il ne conviendrait de changel' ullél'iell/'ement les élèves cie
déclll'ie, de centurie et de millél'ie (( pOlll' édtel' l'cS/P'il de
co 'IJOI'alion )),
Une lettre cI'Adl'ien-i\iarie LannClwnl, de Carhaix, que
nous donnons plus bas indique à l'Agent national SOli
ad['esse : (( Au citoyen L.,. élève ct l'école de Ma/'s, 1 milléric,
8 ce nt u l' ie, g" décllT ie )).
(1) Op. cil, p. 70,

Son millérion était Devaux, âgé de f 4 ans, ancien instruc­
- teur aux gardes fl'ançaises, adjudant général de l'armée l'évo-
lulionnaire : il avait une trop forte corpulence, el il éCl'ivail
SWTLtw'ion pOUl' centurion. Les représentanls le jugeaient Lon
pOUl' faire un adjuJant de place,
Son décurion était, d'autre pal't, Monnin, fil ans, qui était.
. d'apl'ès l'observation ajoutée à son nom sur la liste dressée
par le repl'ésenlant Moreau (13 brumail'e an III), faible ins­
(( tructew', a cl' aillCît1'S iJ'ien cond'wit sa cenl1l'l'ie. Quelflnes
(( 1'CP1'ochcs sur sa conduitc pa'/'ticul-ièl'c )) .
Nous n'osons nOlis risquer fi recherchel' le nom du chef de
la g décurie. La liste dressée pal' l\'IOI'eau ne comprenant dans
la 8 cenlurie que deux décurions, ou mieux deux instruc­
teul'S, De plus, tous les élè\'es de la décul'ie exerçaient le
commandement à tour de rôle, selon leul' rang d'fIge, pendallt
une décade, et celui qui commandait alol's avait le nom de
déCUl'ion. Pendant cette même, décade, les décurions de lu
inême décurie tiraient au sort le nom du centurion, et les
centurions til'aient au sort le nom du millér'ion en 'fonction
pendant la décade,
Tous couchaient sous la lenle ct avaient une boltc de paille
, fl'aÎche par décade.
Le fameux costume des élèves de Mars dessiné par David
ne fut distl'ibué qu'assez tard, L'habit des élèves qui devaiellt
pal'aÎtre d :lU magasin pal'ce que la solennité n'eut pas lieu, mais ce Ile
fut 'que le 16 septembre que les élèves eUl'ont ordre de Ile plus
porter d'a ult'Po vêtement à l'exception du Sal'reau, LeUl' ll'ous­
seau n'était pas considérable: ils n'eUl'enl d'abord que deux
chemises, puis ulle troisième; un havresac et un sac à dis­
, tribution, un démêloir, un peigne à fond, un tire-bouchon et

une alèlle,
La noul'I'itul'e était fI'ugale et abondante, tout comme il est
dit dans les prospectus des maisons d'instruction.

Chaque jour on l'ecevait une livre et demie de pain et un
demi lill'on de légumes secs: hat'icots ou fèves; le quintidi
ct le décadi, une livre de viande fraiche; les huit autres
jours un quart de livre de porc (1). Parfois, ils avaient des
légumes fl'ais, choux et pommes de terre. Les pommes de
terl'e, aît lieu de les mangel' avec lw/' viande, ils se les pa1·ta­
geaient entre eux et entretenaient du l'eu pour les ('aire cuire
en !létail dans l'après-dinée. L'OI'dl'e intel'vint bientôt de fail'e
cuire toujours les pommes de terre dans la marmite com­
mune en même temps que la viande.
La boisson était de l'eau pure où on mettait du vinaigre ;uo
demi-setier pal' décurie. Pendant les grandes chaleUl's, on
pouvait puiser librement dans des baquets d'eau où nageaient
quelques bàtons de réglisse. JI y avait des distl'ibutions d'cau­
dc-vie et de vin, dans de rares circonstances et en petite
quantité.
Le Comité avait eu la précaution d'6ter leur argent aux
élèves.
Ordre de la joul'llée : à 5 heures du matin, un coup de
canon anllonçait le réveil, l'l)ulement des tambours et tantam
des trompeltes. L'excellente musique de l'école, composée
d 'élèvcs de l' 1 nsl itul. national, jouai t l'Hymne à 1'1~ tl'e su pl'ème
de Gossec. De ;) h. 1/2 à 7 h. 1/2, école du matin. A 9 heures.
déjeùnel' : puis distribution des postes, travaux de guerl'e ct
de propreté ou co/'cées, quoiqu'il fut défendu de se servir de
ce mot. A midi, la soupe. A une heure, enseignement oral
dans la salle d'insll'uction dite gl'ande baraque. De 2 h, 1/2
à II heures, l'écréation. L'école du soir durait une heure ou
deux, d'après ' le mois. Le souper avait lie.u à des heures
diverses selon la saison; II h. 1/2, 5 h., 7 h A 7 h. 1/2, un
coup de canon terminait celte laborieusejoUl'née: on donnait
(1) Celle viande de porc provenait d'un stock de lard allemand qui lais-
pur sa fraicheur et son bon état de conservation.
sait fort à désirer

le mo~ d'ordre, on ballait la retraite et on faisait l'appel pal'
décurie devant les tentes. Alors commençaient les patrouilles.
Le Bullet·in de la Convention était afliché dans le camp,
mais les instructcUl'S avaient ordre de lc lire aux élèves. Lc
soÏ!', à la fin de ) 'exel'cicc, les chel's de millél'ie passaient
sur le 'l'ont de bataille et distl'ibuaien-t les impl'imés. Les
décurions faisaient alors former le cel'cle et lisaient ù haute
yoix le Bu.lletin, les gazettes et l'ol'clre pour le lendemain.
(Cf. Arthur Chuquet. Ch. IV. Le l'égime de récole, p. 65-94).
Tel était le régime OI'dinairc, au camp cles Sablons, POUl' ce
. qui concerne le vic tus et Ici tectus : une lettre que nous trou­
yons dans les liasses du district de Lesneven consel'vées aux
archives départementales, leltl'e adressé pal' le citoyen Yves
Hiliou il · Le Gall, agent national du district, \lOUS mOlltl'c
qu'il ne se plaint ni de l'ordinail'e ni de toute autre chose.
La plens des Sablon !:lite le tronte messidor (1).
Libe'l·té, égalité, li'alenti té Ott la morte,
« Vive la mantane faile avec le six eleve de Marce de Lesne-
Ycn.
" Ciloyens Le Gall nous vous écrire ces linge pOUl' nous for­
mer de lelat de votre santé pour nous nous portons biens dieux
mersis ormis le citoyens Abgrall qui a pensée l'es leI' dans le
chemens celuis qui et notre conduclul' et je vous pris de faire
nos compliment au citoyens lestard et vous luis dire que nos
chaque de pos sont venus jusqua se cans et que nous les a,ions
encore et je youspris de faire nos [ ) au administrateur et
au ciloyens Greé et au citoyens priser vous leur cliré que nous
some biens nous faisontlexsersise de fois par jour nous vous
disont que noue avons beaucoup de plaisir je vous pris de
faire les compliment de Hiliou au citoyens le pelit roux et
vous pris de luis dire que je suis biens je vous prie de faire

(1) Hcçu par l'Agent Ilolionalleoi thcl·midor. Hépolldu le IG .

les compliment du Borne à sa sœur et vous lui diré quit
Cl porté trois lettre et vous luis diré de luis doner une lettre ct
nous vous dite (sic, que nous irons a la tous Saint a la maison.
CI Siné le citoyens
« Yves HlLlOU,

(( CheU' de tante. JJ
Si le style c'estl' homme, comme le dit BulTon, et nous révèle
la complexion de l'individu, selon l'expression du ma,'échal
de Montluc, celle leUre nous édifie sur le compte d'Yves
Hiliou.
C'est un p,'imitif, vrai celte, affectueux comme ceux de
l'ace, s'altachant quand leu!' confiance n'est pas repoussée, ou
qu'elie est pl'ovoqllée pal' des marques de bienveillance. .
Hiliou ne déclame pas; nul trace du jargon de l'époque
dans sa lettre; il ne tutoie pas ses supérieu!'s, mais c'est avec
une sincèl'e co,'clialité et une charmante simplicité qll'il
s'ad,'esse au citoyen Le Gall, aux administt'ateu,'s, au citoyen
Grée-Villeneuve et Priser, au citoyen le petit Roux, des pro­
cédés desquels il avait eu sans doute :.\se féliciter, et il n'est pas
un ing,'at. Il ne tient compte du nouveau calendrier et an­
nonce le retour à la maison à « La tous Saints n.
Quand les enfant.s de Mars quitlèl'ent Lesneven, voici ce
que certifiait le citoyen Le Gall: (. Comme ces jeunes étoient
tous de vrais sans-culottes, IIOUS les avons équippés avant
de pa"ti,' et nons leu,' avons donné à chacun deux. chemises,
habit 'veste et culoue, 1ln cul, u.n chapeau, 'ltn ùonnet de poriee,
un sac (le peal' ct une pai're de souliers. J)
Les r,ars de Lesneyen an'iyèl'ent au camp fiel's de leul'
équipement comme des fils de bonne Camille mieux soignés
que les autres, et montrant par cet équipement confortable
d p,'opre que, dans leur pays de Basse-Bretagne, on savait
bien faire les choses. Il paraît que les sacs de peau, Hiliou

dit « chaque de pos D, dont l'entretien leur avait été ins­
tamment recommandé, faisaient les ll'ois-qual'ts de leUl' légi­
o"gueil. Ils étaient confectionnés en cuir de veau, avec
time
bullletel'ies de cuir de vache passé au blanc, doublés de toile
de halles dites de Saint-Pol ou de toile à carreaux commune,
avec des houcles de llYl' b la.nc hi , dont Caen était le centre de
fabrication.

Hiliou n'était pas dépourvu d'amoUl'-propre, loin de là: il Il
emhoîté le pas, il cl'ie Vive la. Mantane et. perd aucun de ses
avantages, comme on le voit pal' sa signatUl'e qu' il sonligne
avec une complaisance comique du titre de u chetT de tante. A
Ln consigne' est d'être d'humeur alm'te et de bonne com­
position: Hiliou s'y confol'me du reste sans peine, et on peut
le croire quand il l'affirme : « Nous vous disont que nous
avons beaucoup de plaisil' », Au camp, on faisait l'exel'cice
deux fois pal' jour: Hiliou y était apte et idoine, mais où il
devait avoir moins d'agrément c'était aux grands cours qui
étaient fails à l'amphithéâtre, car vraisemblablement il n'y
comprenait pas grand chose. Le sympathique chef de Lente
, Hiliou, si 011 le compal'e à la masse des élèves recl'utés pal'
les disll'icts, était loin d'être à classel' dans les ignorants et
les illetlrés. Sa syntaxe ou construction de phrase est bl'e­
lonne; son Ol·thogl'aphe est fantaisiste: il écrit. c.omme il pl'O­
nonce, on entend prononcer, ou cl'oit avoir entendu rH'ononcer
les termes de son vocabulaire,
Si Hiliou n'était pas à hantwl', combien de centaines-d'au-
tres des enfants de Mars qui ne pouvaient 'suivre un maître
tel que Bizot-Charmoy, et entendre même l'énoncé de son
progl'amme
aux exercices et manœuvres militaires, infHnterie,
En effet,
et génie, se joignit un enseignement que
cavalerie, al,tillerie
le Comité du Salut public nommait « l'instruction orale qui
peut se donner cn plein air ", Cet enseignement se fit dans
une salle qui fut appelée soit l'amphithéâtre, soit la salle des

démonslrations. soit, ellt~ plus souvent, la bal'aque dïnstruc-
tion ou la g'rande baraque. ,
Cette baraque (1), de fort légèl'e charpente, lougue de 80 à
100 pieds, large et haute en pl'oportion, frêle et vaste il
la fois, était extérieurement l'evètue de toile g,'ise l'ayée aux
couleul's nationalEs.' Elle recevait intél'ieUl'ement la lumière
par un immense transparent pratiqué dans le plafond en
forme d'éventail. Des peintul'es imitant le bronze représen-
taient des faisceaux, des trophées, des boucliel's chal'gés de
maximes répuhlicaines. Dans les angles étaient posés deux
coqs de six pieds de haut, entourés chacun d'une coul'onne
de chêne qui mesurait huit pieds de diamètre. Entre les deux
portes de la bal'aque s'élevait une li'jbulle sOl'le de guggeslus
romain il deux escaliers : c'étaient là que siégeaient les
délégués de la Convention escortés des chefs de l'école et
des juges militaires. Derrière la tribune se dressait ulle
statue de la Libel'té, gigantesque et touchant presque la
pal'lie supérieure de la salle ......... tenanl de la main droite
une massue et traînant de la main gauche une chaîne ft
laquelle était attaché un joug rompu .... , Aux deux côtés de
la déesse, SUi' d'énol'mes gaines, étaient les bustes colossaux
de Bal'a et de Viala, génies tutélail'es du camp. En ayant d~
la tribune, une tl'ès belle table dans le goùt antique sel'yait
aux démonstl'ations des pt·ofesseUl's. En face, la masique
occupait l'orchestre, et derrière l'orchestre, trois mille
quatre cents adolescents couvraient l'amphithéâtre.
L'enseignement oral de l'école comprenait deux pal'ties :
l'art militaire et l'administration militaire.
Le COlll'S d'art militaire, professé par Bizot-Charmoy eut
lieu tous les seconds jours; le cours d'administration mili­
taire, professé par Hassenfratz, Lous les jours.
, Bizot-Chal'moy, alors âgé de tl'ente-sept ans, étaitun des
(1) Op. cil, p. 123-124,

officiers les plus distingués de l'arme du génie: Il était dans
Thionville nu siège dp. 1792 et il y commandait dans sa
.. spécialilé, lorsqu'il fut nommé instructeur principal des
fortifications à l'ecole de Mars. Commandant le génie d'un
des corps de la GI'ande-Armée, ilsuccomha d'une manièl'e
sinisll'e et atroce, dans ln l'el.raite de Russie, à Vilna.
Hassenrl'alz était. le principal « instituteur )J. « Les enfants
de Mars l'écoutaient, Je regal'daient avec curiosité, dit
M. Chuquet. parce qu'il avait joué dans la Révolution un
rôle co'nsidérable n. Violent et exalté, il avait l'aspect d'un .
alchimiste: un espl'it confus, hien qu'il eut lIne él'udition
extraol'dinaire, et qu'il fut l'élève ùe Bauvin ct de Monge,
colh\bol'aleur de Lavoisier', futUl' l11embr e de l'Institut et
professeur' ùe l'Ecole polytechnique.
Oull'e Bizot - Charmoy et Hassenfl'utz, un troisième
« instituteur» vint aux del'niers de l'école professel' dans la
gTunde buml]uc, ce fut le célèbre médecin et professeul'
(haussier, qui fit de longues leçons SUI' les moyens d'entl'c­
tcnil' la salubrité parmi les troupes et chez l'homme isolé.
- « Si sèches que fussent ces leçons, elles olTl'aient des
« enelt'oits où l'auditoil'e, rompant le silence qu'exige la
fI discipline, saisissait l'occasion de s'abandonner à l'en-

" thousiasme de son âge et de fail'e du tapage sons pl'étcxte
« dc pah'iotisme J) Le fougueux Jacobin Hassenfratz s'en­
tendait mieux que le sévère officier du génie à trouvel' des
tirades patriotiques, :\ les débiter avec une chaleureuse em-
phase et l'on prétend même qu'un jour il désigna l'or, roi des
métaux, sous le nom de métal SQ,ns wlotte, parce que les
métaux, comme les hommes, ne devaient pas avoil' de l'ai .
A pplaudir de confiance n'était ni comprendl'e ni appl'elldr'e,
el on peut se demander combien pouvaient s'assimiler cette
instruction bien supérieure pour leur cerveau surchauffé,
cOlllprimé par un enseignement qui n'était pas suffisamment

gradué. .

En efTet, le recrutement des élèves du camp des Sablons,
et le Comité de Salut public fini.t pal' le comprelldl'e, avait été
tl'OP inégal et c'était une erreUl' d'avoir fait choisit" SUI'
les six sujets de chaque district, trois pauvres paysans. Les
deux tiers des enfants de Mars n'avaient qu'une tl'è;; mince
instl'Uc1ion, et si la Convention avait transfOl'mé le camp en
il eut fallu, dit
une véritable école ou maison d'instructioll,
Guyton de Morveau, (( 1'eprerulire en sO'lt,-œuvre ta p1'emiè'/'e
'( éduwtion qui manqtla.it à la plupa.rt des élèves. )) Le com­
missaire de l'école nÏnvitait-il pas les jeunes gens à éCl'il'e
ou à ja,i're écrire plus lisiblement l'adresse des let.tres qu'ils
à leurs parents?
envoyaient
ft Bon nombre de ces élèves n'avaient d'autre mérite 'que
leur indigence et leur sans-culottisme. Ils étaient imbus de
préjugés de village. La haine que les instructeurs leur avaie'nt
inspiré contre l'aristocl'atie leur mettait dans la tête des
absurdes. Ils s'imaginaient qu'une sourde cOllspiration
idées
s'était formée contre eux. ,
« Vainement, l'école de Mars s'était prononcée con1l'e
Robespiel're. Vainement elle avait défilé devan1 la Conven­
et juré de lui rester dévouée. Vainement elle recevait
tion
des adl'esses de plusieul's sociétés populaires qui la félici­
taient de son attitude du 28 juillet.,· Les thermidoriens
savaient que la plupart des instt'ucteurs sortaient Je l';u'mée
révolutionnaire, et ils craignaient que les jeunes sans­
culottes, enll'ainés par l'irréflexion de leur âge et par le
fanatisme jacobin, ne prissent parti contre le nouveau gou-
vernemenl. »

Le 31 août 1775, à Carhaix, le sieur Yves Lannezval, fils
mineUl' d'Adrien et de Pélagie Benjamin, épousait demoiselle
Jean et Noëlle Destoc,
Jeanne-Renée Allaire, fille des feus
domiciliés à Carhaix et de droit à Paimpont, diocèse de

Saint-Malo, décrétée de justice, comme mineure « de la
châtellenie de Brécilien )). De cette union naquit, le

19 aol1t 1776, Adrien-Marie Lannezval, baptisé par Messire
Pau.lou, curé, qui eut pour parrain son grand-père paternel
Adrien Lannezval et pour marraine sa tante maternelle
Jeanne Allaire. A en jugel' par les procès-verbaux inscrits
aux registres de la paroisse et par ses relations, Yves
Lannezval n'était pas une quantité négligeable dan.s la
Société Carhaisienne : il assiste spécialement à tous les 0
actes de la vie civile et religieuse qui se passent chez les
Saint-Pezran, il voisine et semble cousine?' avec cette Camille.
D'autre part, quand ful baptisé son second fils, il fut nommé
par écuyer François-Marie Courbon de Péruzel et dame
Thérèse Nicole du Porlal de Goasmeur dame de Patot :
assistaient Marie-Louise Viel Villereux, Le Bo11och et Beau­
vallet, sans doute des alliés de la famille de LannezvaL
Adrien-Marie fut choisi, en 179 1, par l'Agent national
pour faire partie de l'école de Mars: ce dernier déclare
« 1° par ce que ledit
avoir été déterminé dans son choix.
Laneszval malgl'é qu'il ne paraît pas des plus robustes est
qu'il est d'une taille avantageuse; 2° par
bien constitué et
les connaissances que nous avons de son pat1'iotisme dont il
développe jowrncllcmcnt dans nos assemblées populaires les
plus [j1'ands principes, ayant {ao it de très ûonnes études, et
ayant des talens et du mérite personnel. Enfin pal' ce que
c'est 1tn sujet que nous m'oyons de la plus grande esperance )J.
Lannezval avait l'ail de bonAes études classiques: et tout
autorise à croire que c'élait au Petit-Séminaire de Plouger­
nével, que l'on a appelé l'université de la Haule-Cornouaille.
Par la Jettre que nous donnons plus bas on lui voit une
écriture assurée et éléganle, une orthographe d'une correction
l'are pour l'épuque, ét un style, malgré le sujet qu'il traite,
relativement sobre et peu ampoulé quand on le compare au
style général d'alors.
_ BULLETIN ARCHÉOL, DU FINISTÈRE. TOME XXVlll (Mémoires). 14

L'attestation de l'Agent national Robert nous 'e montre, à
17 ans, comme l'orateur écouté du club et le docteur de la loi
nouvelle. Lannezval était bourré des réminiscences classiques
de Vi7'is illust1'ibus et du selectœ, de Tite-Live et de Tacite,
ct il pourrait dire comme tel autre écrivant au district de
Morlaix, le 27 pluviôse (1), pour solliciter la place de biblio­
thécaire : Q J'attends tout d'administrateurs sages et justes
« qui pour la plupart m'ont vu naître ..... Comptez sur tout
« le zèle et l"activité possibles. Je puis vous P'I'o/we'I' pm'
Ir l'enthousiasme avec leq7lcl j'ai pa7'lé de la République
Ir ?'omaine dans mon p1'ogmmme de collège, il y a sept on huit
Ir ans, que j'étais 1'épublicain .aVl'tnt que la llépubliq7le /1I,t
Il déc1'étée. Salut et fraternité. Signé: le républicain Morvan,
1: ame. l)
Nous avons de Lannezval une lettre précieuse, vu la rareté
de ce genre de pièces de correspondances dans nos archives
. publiques, et curieuse à cause du court récit qu'il fait\ d'im­
pression et sur le chaud de la nuit du 9 thermidor au camp
des Sablons.
Au camp des Sablons, le 17 thermidor année '!, de la Hép .
Une el Indivisible.
Lannezval, élève de l'ecole de Alan, au citoyen
agent national du dist1'ict de Cal·haix .
ct Je ne sais si conformément à ta promesse, tu as écrit à
Paris pour faire tenir aux élèves du district de Carhaix les
trois sols par lieues que la loi leur accorde. Ta volonté est
sans doute que nous les ayons. Et bien! Voici le vrai moyen
de l'accomplir. Écris-moi, insère dans ta lettre au commissaire
des guerres près le camp des Sablons, avec le décret qui ta
fondé à nous dire que les trois sols par lieues nous étoient
dûs, avec ces pièces je pourrai obtenir la somme que d'autres
ont reçu.
(1) Archives du Finistère. Série L.

« Tu ne concevras qu'avec peine l'esprit qui règne dans le
camp des Sablons. Son attitude désespère les aristocrates.
Une multitude de jeunes gens accoutumés aux plaisirs, à une
vie molle, à des mœurs douces, à la jouissance de leur liberté
et à l'accomplissement de leurs désirs, se complaise sous un
régime qui leur apporte toutes les privations, voilà ce qui
étonne, voilà ce qui affiige les ennemis de la chose publique .
Mais ils s'étonneront, ils s'affiigeront encore plus, lorsqu'ils

apprendront que des jeunes gens après deux mois d'instmctiori
font trembler les despotes et reculer leul's satellittes.
« Le général infâme que l'abominable dominateur de l'opi·
nion publique avait placé à la tête du camp a été destitué, il
ne doit plus exister. Dans la nuit du 9 au ' 10 thermidor tout
le monde se ll'ouva lout à coup sur pied. Deux représentants
envoyés par la Convention étoient venus nous apprendre les
dangers qu'avoient encourus la liberté et la découverte de la
conspiration tramée contre nous. Le général et bien des repré­
sentants du peuple en étoient les auteurs. Nous devions être
égorgés. La plaine des Sablons devoit être teinte du sang des
jeunes français eL.cetLe pépinière de héros étouffée dans son
pl'incipe. A cette nouvelle une indignation générale se peignit
. sur les visages. Nous demandâmes des fusils et des cartouches
tant pour anéantir les scélérats qui méditoient le massacre de
la Convention que pour Lenasser les chefs infidèles qui vou­
loient nous faire égorger. Le défaut de papier me défend de
t'en dire d'avantage, écris-moi le plus tOt possible. ·Salut et
fratemité. u LANNEZVAL .
« [En marge) N'oublie pas de dire à tes collègues que je
n'ai point perdu leur souvenir. Je désirerais leur écrire, mais
je n'ai point de papiel'. Adresse le paquet que j'attends de toi:
au citoyen Lannezval, élève de l'école de Mars 1r~ mil/érie,

- 8 centurie, 9 décurie, camp de la plaine des Sablons près
Paris. »

Cette lettre est à rapprocher du récit vraiment saisissant
que Cait M. Arthur Chuquet de la chute de Robespierre.
-' Un instant, au soir du 9 thermidor, lorsque l'on sut
que les deux Robespierre, Saint-J ust, Couthon, Le Bas,
Hanriot s'étant sons traits au décret d'arrestation et rendus
à la commune, la Convention craignit que . l'école de Mars
ne prit parti pour elle. Robespierre avait visité l'école, au
moins une fois. La Convention savait la grande influence
que Le Bas-exerçait sur les élèves. Aussi les membres du
Comité, menacés par Robespierre, prirent d'énergiques
dispositions.
Un de leurs premiers soins Cut d'arrêter Bertèche, direc­
teur de l'école, et de le remplacer par Chanez. Tallien dit
que. les scélérats. Crappés par la Convention avaient tenté
de pervertir l'opinion de l'école de Mars et que, suivant un
bruit qui courait. Le Bas venait de chercher un refuge dails
le camp, et il proposa que deux représentants fussent nom­
més pour aller aux Sablons. L'Assemblée décréta que Brival
·et Bentabole, adversaires notoires de Robespierre, seraient
adjoints à Peyssard.
L'école (1), qui faisait l'objet des débats de la Convention,
dormait tranquillement à l'abri de ses palissades sans se
douter de ce qui se passait dans Paris. Mais les élèves qui
montaient la garde entendaient au loin, à travers la nuit
pluvieuse et noire, le son du tocsin, le grondement du canon
d'alarme et les roulements de la générale qui rassemblaient
les sections encore indécises de la capitale. Bentabole et
Brival arrivent. Ils font réveiller le camp.
En un instant, à l'appel des tambours et des trompettes,
l'école est debout, et,'à la lueur d'énormes morceaux de paille
enflammée, il se forma en bataillon carré autour des repré­
sentants qui le haranguent. Aux discours de Benlabole et
(1) Op. cit. p. 158.

de Bl'Ïval annonçant qu'un complot se tramait contre la Ré~
publique, et qu'il est déjoué, succèdent d'unanimes clameurs
et d'enthousiasme: Vive la libe'rté ! Mort aux t'raî­
de colère'
tres ! Mort à Le Bas! bfort à Btl'tèche ! Nombre d'élèves en
voulaient au général de sa !3évérité : les plus exaltés couru~
rent se saisir des barrières en déclarant qile Bertèche n'en
sur les épaules, Tous désiraient venir
sortiraient pas la tête
à la Convention pour faire à l'Assemblée un rempart de leurs
, corps. Bentabole et Brivallivrèrent les fusils renfermés dans
et les élèves, ravis de tenir, de posséder
le magasin du camp,
les armes qu'ils n'avaient eues jusqu'alors pendant la durée
représentants: « On ne nous les
des exercices, crièrent aux
la vie l ,
arrachera qu'avec

Ill.
LE IIETOUII DANS LES FOYERS.
L'école de Mars était condamnée et ne devait plus renaître.
Le 23 octobre, Guyton de Morveau lisait fi la Convention,
au nom du Comité du Salut public, un rapport SUI' récole de
Mars (1) j le plus c1ail' de ce discours, c'est (~'Ie le Comité
renvoyait les enfants de Mars en les couvl'ant de neUl'S, et
l'habile rapport de Guyton fut accueilli pal' des applaudisse-
ment unammes .
Le 24 octobre, les élèves se rendaient pal' centuries et en
bon ordre à la salle d'instruction pour entendre la leclul'e du
décret qui fermait l'école de Mars. Le lendemain et les jours
suivants, ils nettoyèrent le camp, enlevèl'ent loutes les pailles,
comblèrent les latrines, rétablirent le tert'ain dans l'élat où
ils l'avaient trouvé.
Tous les jours les élèves s'en allaient pal' détachements.
Dès le 26 octobre, ceux du district d'Avignon , de Saloll, de
Tarascon se meltaient en marche.
Le 8 novembre, les tentes qui restaient debout étaient
abattues. L'école avait vécu .
. Les élèves qui rbtournaient à leUl' domicile louchèrent
pour leur route la solde de 'canonnier de 1'· classe, ulle
livre quinze sols par journée de marche de cinq lieues. Ils
partirent et voyagèrent ensemble sous la surveillance de celui
qui les avaient guidés quatl'e mois aupal'avant 1000squ'ils
venaient à l'école.
Dans son décret, la Convention déclarait qu'elle était satis­
faite de la conduite des élèves et de leuI' progrès en tous
genres et elle autol'isait le Comité de Salut public li les placel'
dans les al'mées ou à les employer en d'autres fonctions. La
Convention décidait qu'ils pounaient suivre les COUl'S puhlics
(1) Pages '!21-222-~,;!iI.

qui seraient établis à Paris pendant l'hiver, sur toutes les
parties de l'art militaire, et notamment sur le service des
commissaires des guerres, soit faire l'apprentissage de divers
métiers dont la nation ferait les frais. Ce n'étaient que des
promesses qui ne furent pas tenues. Ceux qui voulaient être
placés au'ssitôt dans les armées désignèrent au commissaire
des guerres de l'école le corps qui leur plaisait, et dès qu'ils
. furent nommés reçurent un état de route pour se rendre à
leur nouveau poste. ,
Dix-sept élèves qui eurent le rang de canonniers de 1
classe furent employés àu service d'artillerie, à la maison des
épreuves nationales de Mendon. Vingt autres furent admis
l'éc.ole
au même établissement parmi les soixante élèves de
des Aérostiers fondée le 31 octobre. Six autres qui furent
traités comme canonniers ouvriers, entrèrent dans les fonde.,
l'art de poser les grains
ries de canons pour sc former dans
des pièces d'artillerie.
Par arrêt du Snovembre, Jacques-Marie Forget, de Quim­
per, orphelin et sans ressources, est également envoyé à
Meudon pour y être traité « comme ses collègues canonniers
« qui y sont déjàjusqtt'à ce qtt'il pttisse êtn empl,oyé à l'école
« centrale des travaux publics. »
Collet, commissaire des guerres à l'école, envoya aux dis­
tricts la circulaire suivante dont nous avons relevé deux
exemplaires: Morlaix et Carhaix.
ACCUSÉ RÉCEPTION LE 3 FllJ~1A1RE
ECOLE DE MARS
Au camp des Sablons, le Il brumaire, l'an 3" de la République
, française une el indivisible.
Le commissaÏ1'e des G1œ1"1"eS, p1'és l'école de Man
au citoyen Agent national dtt dist'rict de Af01"Zaix.
« Je te préviens, citoyen, que je viens de délivrer une
feuille de rouLe aux jeunes élèves de l'école de Mars envoyés

par ton district; ils sont partis [le 11 brumaire] et doivent
arriver à Morlaix le [ ]
« Conformément à la loi du deux brumaire, les élèves sont
tous porteurs du rapport et du décret rendus SUi' l'école de
Mars, au bas duquel se trouve le certificat des représentants du
Peuple, Tu recommanderas de nouveau aux élèves de ton
district de garder ces pièces, qui doivent leur servir de titre
honorable, et de moyens justificatifs pOlir prouver qu'ils ont
été à l'école de Mars, Ils sont également porteurs des effets
d'habillement et d'équipement qui leur sont accordés par le
décret. Tu voudras bien m'accuser réception de celle lettre et
me faire part du joUI' de leur arrivée.
(( Salut et fraternité.
« COLLET. »
Le 3 frimaire, Saillour écrivait au commissaÏl'e des guerres
près l'école de Mars (1),
u J'ai reçu ta lettre du 11 brumaire et je t'annonce que les
par moi pour élèves de l'école
six jeunes citoyens désignés
en vertu de la loi du 11 prail'ial (sic) sont arrivés au
de Mars
district le 30 brumaire dernier. Ils sont munis
chef-lieu du
rapport et du décret susdits et m'ont lo'us promis de con­
server soigneusement les certil1cats honorables de leur
bonne conduite, l)
Le rapport et le décret dont il était question formaient un
livret revêtu d'un fort papier rouge.
De Brest, l'Agent national écrit à Collet, le 14 frimaire:
« Citoyens, les jeunes élèves de récole de Mars sont arrivés
{1'imain, au nombre de trois, ayant avec eux l'habillement
et l'équipement que la loi leur accorde. Les citoyens Ch.al/.veau.
et Le Grand sont ?'estés à Pa.ris. Le citoyen Hallégouet IÎw.it
a.I"I'ivé quelques j01t1'S avant ses collègues. Ce jeune homme en
au camp s'était cassé une cuisse, et est revenu conva-
allant
(l) Morlaix. Rég. et Correspond. du district. Hég, 10, n° IG6.

lescent, sans équipement. Ils sont munis du décI'ct de la
Convention nationale avec le l'apport rendu SUI' l'école dl?
Mar,s. Cette 'institution contrilmc'l'a bca1/c01tlJ à propagc/'
l'esprit des jennes citoycns claus les campag/ws où. nn id'iome
difficile les ?'cnd p'l'esquc tous ignorans. ii
Dans un rAppol·t envoyé aux municipalités, où il est
raconté un épisode de la chouannerie dans le i'l'lorbihan,
un représentant du peuple dit avoil' vu, pendant lin
engagement, l'uniforme cfe l'écol-e de 1\1al's confondu dans
les rangs des Bl"igmuls : pauvre unifol'me ! D'une POI't, OH
pouvait dire avec le poète' ; Sic 1)OS, non vobis ..... ii ; d'un
Autre côté, on ne pouvait pas dire que ceux qui le portaient
comballaient sous l'uniforme anglais! '
Il est impossible de diI'e ce que devinrent les cillquante­
quatre jeunes envoyés pal' les districts du Finistère au camp
des Sablons, et on le comprendra facilement. NOliS savons,
et c'est peu, qu'un des élèves de l'école de Mal's, du distl'ict
de Carhaix, Thomas-François Nouet, fils de l\Iichel et de
Marie-Triphine Minguet, né le 29 janvier 1776, épousa dame
Marie-Louise Balosse, des mines de Poullaouën, et mourut
dans la peau d'un tabellion, Après avoir administré sa viIJe
(9 septembre 1842.)
nAtale
Nous trouvons dans le Tablewn dc la Société pOlnda'i?'c de
Pont-Oroi: r;, dressé le 5 frimaire an TlI, que Jacques KC'l'ivel,
19 ans, e~ P 'iC1"J'C Ouillo'/t, tous deux couvrelll'S, et de Ponl-
Croix par leur naissance, élèves de l'école de Mars de PaI'is,
faisaient partie de cetie Société, Etaient aussi membl'es de ce
club 7 volontaires ù l'armée de Sambre-et-Meuse: Guégucn
Dominique, né à Pont-Croix, 17 ans; Guéguen Fidèle-
Marie, 20 ans j Le Bris ChAl'les-François, id., 20 ans; -
Le Goff Simon, id., 21 ans; ChApalen Yves, 23 Ans, né ù
,Locronan; - Daniélou Jean-Fr'ançois, 16 ans, et Testeruiùe
Pierre-Marie, 18 ans, nés aussi à Pont-Croix, commis au
district., tons élèves dl\coHège de Quimper, ,

L'école de Mars avait colÎté fort cher, et elle ne répondit
pas aux espérances de ses fondilteurs. Trop rapidement, trop
fiévreusement OI'ganisée, eu un clin d'œil par une sorte de
gageure, pour montrer que le génie révolutionnaire vient à
bout de tout, elle fut une improvisation curieuse, inefficace
poul'tant, et stérile , Il n'en l'esta rien ou pl'esque rien (1) .
..... L'école de Mars eut néanmoins quelques résultats .....
Elle ne forma que des soldats . Mais ces jeunes gens possé-
daient la connaissance des manœuvres et le maniement des
aI'mes lorsque la réquisition les appela sous les drapeaux,
Nombre d'enl;re eu,r appartenaient cl ces dem'i-brigades qu.i lut­
aliec taut d'ardeul' et de courage au. commencement de
tèrent
la campagne de 1799 contre les Autrichiens. (( Les conscrits,
s'écriait Sé/'llrier, c'étaient el/,r qui menaient les colonnes, il
n'y a pas moyen de les arrêter)) (2). .
Il est impossible de dire quel fut le destin de ces jeunes
élèves de l'école de Mars: mais nous avons une indicatiou
ulile: consultons les listes cles conscrits de l'an VII : et,
sans doute, nous les retrouverons SUI' les champs cie bataille
faisant bonne figUl'e et honneur au pays breton, dignes devan-
ciel's cie ces conscr'ils du Finistère levés à la hâte, soldats im-
provisés ne sachant pas un mot de français, qui, en 1812 et
1813, pal' leurs qualilés de l'ace et leur attachement mérité
pour lems officiers,ne l'eculèl'enl jamais,et fùrent des corps
de la Grande-Ar'mée, cel~li qui perdit le moins de son effectif
aux jours des désastres.
. Quimper, le 15 Juillet 1901.
Abbé ANTOINE FAVE,
(1) Op. cil. p. 237 cl 239.
(:!) Louis Têtuey: Le général Sérlll"iel', p. 241.