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XII.
N OTES SUR FR~RON & SES COUSINS ROYOU (suite) (1)
3 Ulaude Royou, (Ut Guer.ueur (2).
Claude, né le 20 octobre 'li58, était le plus jeune des quatre
frères. Ses humanités commencées aux Jésuites de Quimpel'
s'achevèrent à Paris, sous la direction de Thomas (3). Eut-il
le titre d'avocat (4) ? Quoi qu'il en soit, il succéda à
jamais
Jacques comme procureur fiscal de Pont-l'Abbé, en 1782 ;
dès les premiers mois de 1788, il avait quitté ces fonc
mais,
tions et était à Paris (5). Pourquoi? Avait-il, comme le dit le
pamphlet de 178D, enlevé sa nièce Catherine Calvez, fille de
sa sœur aînée, et de cinq ans seulement plus jeune que lui (6) '?
Ce qui est certain c'est que, pour abandonner ses fonctions,
il n'avait pas aLLendu la suppression de la justice seigneuriale,
et que plus tard Catherine Calvez, épouse divorcée d'Hétet
épousa son oncle Claude.
Crainyille,
Arrivé à Paris, entré en relations avec son cousin Stanis
las Fréron, lancé dans les clubs, il tourne brusquement le dos
à ses frères, abandonne, sa mère vivant encore, le nom
(1) Bull. 1!l00, p. 178 à 196,220 à 241,307 à 3'l7 - 1901 p. 121 à 144.
U) POlir plus de détails, Cf. lIoyou-Guumeur, nolicc publiée en i8n'!
par J. Trévédy.
~3) Si l'on en croit le pamphlet cité plus haut (p. 139) etque nous citerons
encore.
(.i) Ce litre lui est donné seulement dans les deux partages des IG avril
1788 et 20 fénier 1789.
(.:,) Il était il Pnrisavantle IG avril 1788. Partage de son oncle le curé de
Trébrivan
(6) Voici le quatrain le concernant:
, Échappé de ses mains (A), cn disciple fidèle,
Son frère a débute paJ' un coup de docteur:
Il n su débaucher ln fille de sa sœur,
voler mninls écus pOUl' s'enfuir UI'CC elle.
(AI" ,,, , des lIIains de son frcre ThollloS,
respecté de son père, et prend le nom de Guermeur (-l). En
septembre 1792, il est jugé digne de faire partie du comitéd' e.Téctt
tion qui va l'emplir les prisons et présider aux massacres (2). II
signe la proclamation par laquelle la commune de Paris pré-
tend justifier ces horreurs, et invite toutes -les communes
de France à l'imiter. Il est chargé par Danton,' doot · il est
« l'homme (3) D, d'une mission en Bretagne.
Le 22 septembre, il arrive à Quimper. Il se vante d'être
« patriote enragé )) et « d'avoir porté les premiers coups à la
femme Lamballe D. La violence de son langage épouvante.
Le directoire départemental le fait enfermer au château du
Taureau, en rade de Morlaix. Marat proteste avec violence à
la Convention contre la persécution dont « son ami Gue\'
meur » est victime. Le triomphe définitif de la Montagne
amène la mise en liberté de Guermeur ('J3 février 1793). Une
réparation lui est due: il devient (( commissaire des représen·
tants du peuple à Brest )); et, à ce litre, il va (1 régénérer)) les
villes et établir des comités révolutionnaires, pn même temps
qu'il tirera vengeance des administrateurs du Finistère.
Le 3 prairial an III (22 mai 1794), vingt-six administrateurs
monleront sur l'échafaud, à Brest.
. Entre ces deux dates, le 18 février 1794, à Pont-l'Abbé,'
deven u Ponl--Liln'c,Calheri ne Cal vez fait prononcer son divorce
avec Hemi Hétet-Crainville. Son mariage avec Guermeur est
dès lors arrêlé, puisque les publications se fonlle 2'. mars.
Le mariage sera célébré six mois après le divorce (30 thermi
dor an II, 17 août 1794) (4),
(1) D'une petite propriété en la commune de Plobannalec (canton de
Pont-l'Abbé). Ce nom de CUel'llIe11I' appartenant à un eonvcntionnel du
Finistère a causé plus d'unc erreur,
n) C'est lui que le Moni/eul' appelle ClIel'nIC1l. Ii!l'!. n" 251, p. IOGL
(3) !\lm. Iloland - Mémoil'es . Ed, Faugère. L p. !l'l.
1.\) Le décret des 8-1/1 nivôse an Il (28 décembre 1i!l3 - Jjanviel' IiO·I),
4, permet, uus"itôl .prés le divorce, le mariage de ln lemme divorcée,
url.
est constaté que son premier mari l'a quittée dcpuis dix Illois, DUl'ergier,
s'il
VI, p, .\43,
Je remarque que pas un membre de la famille Royou n'est
nommé dans l'acte de mariage, pas même le père, la mère, la
grand'mère maternelle de Catherine Calvez. L'officiel' muni
cipal qui constate le consentement des époux est Marin
Perdoux, ex-carme, vici:lire assermenté, mais {( ayant abdiqué
pour toujours ses fonctions sacerdotales» P), et devenu
officier municipal. Les témoitis sont: le juge de paix, deux ins
tituteurs, un membre du comité de surveillance de Pont-Libre,
pénétré sans doute d'une respectueuse admiration pour l'an
cien membre du comité d'exécution de Septembre.
Dans ceL acte, Guermeur se pare, ou est paré pal' son ami
Perdoux, du titre usurpé de (\ commissaire du comité de salut
public dans les cinq départements de l'ancienne Bretagne )).
Repoussé par sa famille, odieux par ses Yiolences, Guermeur
ne pouvait, surtout après la l'évolution du 9 thermidor qui
venait de s'accomplit·, réside!' dans le Finistère. D'ailleurs il
fallait trouver des moyens d'existence, Il peut compter sur
de Fréron. Il part pour Paris, el un peu après il est
l'influence
pOUI'VU d'une situation obscure, mais suflisamment rétribuée
dans une administration publique ('2).
On sait la part prise par Fréron au 9 thermidor (29 juillet
'\ 794). Dès le siège de Toulon, Fréron redoutait Robespierre (3).
Depuis, le supplice de Camille Desmoulins l'a exaspéré. POlir
sauver sa vie, il prend une part active à la chute de Robes
pierre. l\Iais les Jacobins ne seront-ils pas ses vengeurs?
Fréron entre résolument dans les rangs des m1/sca~lins dont 1
il sera bient6t le chef. A l'exemple de son cousin, Guermeur
ême s'éloigne des Jacobins. En voici la preuve:
lui-m
(1) Conllté révolutionnairc de Quimper. Séancc du 'li décembre 1793,
Jl. (jO-(j 1 .
('n Cclte situation n'cst JlilS mentionnée dans son acte de mariagc (l i
aoùt), mais Gucrmeur rayait dès le 10 septcmbre, comme nous allons voir.
(3) Apprenant la liénollciation portée contre Camille Desmoulins, il écrit
il Lucile: • On veut JlOUS prendre les uns après les autres, et on garde
Robespierre pour le dernier. » Monselet, p. 1'l5.
Dans la nuit du 20 au 21 septembre 1794, il s'éleva, au
Palais-Royal, entre muscadins et Jacobins, une rixe qui pro
duisit une vive émotion dans le voisinage; et voici cc que le
capitaine des canonniers de la section des Tuileries contait le
lendemain au club des Jacobins ('1) .
a La nuit dernière, je rencontrai dans un café de la rue
Honoré (Saint-Honoré) le frère de l'abbé Royou. Je le nomme
par ce que je l'ai souffleté. On causait de l'événement du ci-
devant Palais~Royal ; et ce JJfonsiclI1' (souligné) dit il un
citoyen: « Toi aussi tu es Jacobin)J. « Oui, répondit-il, et je
1)1'en fais gloire. » L'a li tre l:epri t : • Un hom me se banda nt les
yeux, entrant au club des Jacobins et étendant la main au
. hasard est SpI' de toucher un assassin ou un voleur. )l
« On le mena à l'administration de la police qui le fft con
duire au comité de sûreté générale. Merlin de Thionville
regarda celle afIail'e comme de peu d'intérêt et laissa partir cet
homme, cousin de 1"rél'ol'l et employé dans une administration
publique n. . .
Le capitaine des canonniers aUl'ait été moins indulgent (2).
(1) Séance des Jacobins du 5 des Sans-Culotlidcs an Il (21 septcmhrc 1ï!J3.
- A/oniteur du 26 seplembre, n' 5. p. 2'2.
(2) Remarquez la IJérilJ/ll'ase : • le [rè.·c de l'abbé Royou " [aile pour in
disp.oser les Jacobins con 1re celui dont il parle: elle eut un plcin succès.
J'ai insistè sur ce [ail par ce que le premier je l'allribue il Claude Hoyou .
Gucrmeur, en contradiction avec Levot qui l'attribue il Jacques (Biog.
Bl·et. Il. p. 789). JI l'oil dans ce fail la prcu\'e que « le courage que
. Jacques eut de nc jamais pactiser avec les opinions dominantes alla parfois
jusqu'à la têmérilé •.
Voici des objéctions :
l' .Jacques, royaliste déclaré, ne poul'ait se ranger parmi les muscadins
républicains;
2" JI avait été décrété Ic 18 mai; se signnlcr ainsi etH él.é un acte de dé
mence aussi dangereux pOUl' lui qu'inutile il ln cause royale;
3' Le litrc d' • employé dnns unc administration publique» n'a jamais
appnrtenu au royaliste Ho~'ou ;
'1" Enfin, Levol dit que. Mcrlin de Thionville eut la générosité de le
[aire relàeher .• Celte générosité envers un royaliste avéré nurait·elle été
du gOLÎl et au pOUVOir de l\lerlin ? - Ali contraire, la décision de Merlin
sc comprend s'agissant de Guermeul'. Merlin a travaillé activement avec
Guermeur put donc le lendemain reprendi'e ses fonctions .
Un an plus tard, il avait encore la même situation. Sa femme
vint faire ses couches à Pont-l'Abbé, le 6 septembre 1795; et,
dans l'acte de naissance de sa fille, Guermeur est qualifié
c. écrivain de bureau, demeurant à Paris, rue Fromentin,
maison du Muséum (1) ».
En 1797, Guermeur résidait encore à Paris; et c'est là qu'il
reçut son frère revenant de Londres; mais, comme nous
l'ayons dit, il n'eut pas à soustraire ce frère aux rigueurs de la
loi de fructidor; et il n'aurait pas pu lui remetlre pour sa
défense des pièces prouvant son séjour, à lui Royou-Guermeur,
en Angleterre, avant 1789 (2).
On a parlé des désordres de sa jeunesse, d'une lettre de
cachet obtenue par son ' père, de son exil à Londres, elc.
Tous ces faits sont vrais; mais ne se l'apportent pas plus à
Guermeur qu'à Jacques Royou.
En effet, n'avons ·nous pas suivi Guermeur de proche en pro
che: né en 1.ï58; procureur fiscal à Pont-l'Abbé, de 1782 à
1787; à Paris en 1.788; septembriseur en 1792; chargé d'une
mission de Danton; se mariant à Pont-l'Abbé en 1794, vivant
à Paris, 1795-1797 ? Donc il n'a pas habité l'Angleterre.
Autre erreur: On a dit que Guermeur, devenu veuf de
Catherine Cal vez, (( se remaria à une de ses nièces, égale-
. ment veuve)) (3). Non, Guermeur n'a eu pour femme que
sa nièce Calvez ; et elle lui a survécu. ' .
Fréron à la chOle de Robespierre, et avee lui il combat les Jacobins. -
Guermeur n'est pas seulement le cousin, mais l'auxiliaire de Fréron (dont
Jacques Ro~'ou estl'adl'ersaire) ; Guermeur est employé d'une administra
tion : il a droit à quelques égards. Enfin, ses services au comité de Sep
tembre ne sont-ils pas un titre aux yeux de Merlin, dont « la première
inspiration. au 10 aoùt avait été de luer Louis XVI? C'est lui qui l'a dit.
Séance du 4 déeembre 1 ï92. A1onitell1·. li9:!, p. 1446.
(1) Il semble résulter de là qu'il était employé aux bureaux du Muséum
ct qu'il y était logé.
("l) Ci dessus, p. 141.
(3) Levot. Royolt-Gltel'1lleltl' p. i 93. - 11 ajoule: • nous ne savons si ellë
(la seconde femme) lui a survécu 'J.
Nous avons dit plus haut (1) qu'à la fin de 18tH Gucrmeur
partit pour Saint-Domingue avec son cousin Fréron et son
'. neveu Frédéric Royou ; et que seul des trois le dernier revit
la France . Or 'Catherine Calvez a vécu lougtemps après à
Pont-l'Abbé ayant auprès d'elle ses deux filles non mariées:
Françoise Hétet, née de son premier mariage, et Aimée née
du second. .
Lorsque Mme Guermeur mourut à Pont-l'Abbé, le 1ü juin
'1841), il fut écrit dans racte de décès, (( épouse de Claude-
l'tHcbel Hoyou Guermeur, commissaire du Comité du salut
public (2), passé à Saint-Domingue, sans qu'on ail eu de ses
nouvelles depuis nombre d'années n. Treize ans plus tard,Aimée
Royou Guermeur mourut, le 20 janviel 1858, dans la même
ville; l'acte de décès porte: (( fille de Claude Royou-Guermeur,
âgé de quatre-vingt-dix-sept a nS,absent n. --Erreur: Guermeur,
le 20 octobre suivant, aurait accompli sa centième année.
Le biographe que j'ai rectifié SUI' tant de points a semblé
invoquer des circonstances atténuantes en faveur de Guer
meur : « C'était, dit-il, un de ces contrastes dont les temps
révolutionnaires ont fourni plus d'un exemple .... Il redoutait
la vue du sang à tel point que celui d'un poulet le faisait
pâlir ..... (3) Le montagnard exposa sa vie pOUl' sauver son
frère, défenseur de la cause royale .... n
Mauvaises raisons ! NOliS avons démontré que le frère
accueilli par Guermeur n'était pas Jacques Royou. La viede ce
frère n'était aucunement en danger; puisqu'il arrivait d'An
gleterre où il séjournait avant lï89, les rigoureuses lois de
fructidor n'étaient pas faites pour lui.
Q,uant à l'horreur que causait, dit-on, à Guermeur la vue
du sang d'un poulet, c'était un efTet purement nerveux, né
(t) CF dessus, p. 130.
(~) Tilre usurpé, comme nous l'avons dit, ci-dessus, p. 15G.
(3) Je copie textuellement.
peut être de quelqu'impression d'enfance, et dont ne peut
être tirée aucune conclusion morale.
Vingt ans plus tard, le biographe publiait son Hi,~toil'e de
la Ten'eu/' à Brest; et, mieux informé, il disait la sanglante
vengeance exercée par Guermeur sur les administrateurs
du Finistère.
Mais, depuis, un auteur qui avait pu lire l'Histoire de la.
Ta/'el//' a essayé de jeter quelques doutes sur le caractère de
Guermeur: « Une légende s'est formée, a-t-il écrit, autolll'
du nom de Guermeur ; mais il valait peut-être mieux que sa
réputation, le jacobin qui donnait asile à son [l'ère royaliste
proscrit.. .. )) (1) . Encore et toujours la même errem concel'-
nant Jacques Royou !
Le même auteur a fait plus: il appelle Guermeul' « agita
teur maratiste 1) ; mais il ne mentionne ni sa présence au
comilé d'exécution de Septembre, ni la mission acceptée par
lui de propager la proclamation du lendemain, ni la . san
grante vengeance exercée contre les administrateurs du Finis
tère. Or, voilà justement les traits qui donnent à Guermeur
sa physionomie et ont fait sa notoriété! .
Protester contre la légende, surtout quand elle accuse a tort,
c'est bien. Mais conter j'histoire en omettant les faits princi
paux n'est-ce pas créer la légende?
4,0 Guillaulne Royon .
Le quatrième frère, .dont M. du Chatellier seul a su l'exis-
lence sans savoir son nom, était Guillaume-Jacques. Ainé de
toute la famille, il était né à Quimper (La Chandeleur) le 22
février 029; il avait quatre ans de plus que Thomas, dix ans
de plus que Jacques et dix-neuf de plus que Claude, l'avant
dernier né des treize enfants Royou.
Après de bonnes éludes, sans doute au collège des Jésuites
(1) Journal Le FinÎstél'e de Quimper. mal 1884.
il Quimper, il alla faire son droit à Rennes. Son nom se trouVé
aux registres de l'Association · des étudiants de la seconde
moitié du XVIIIo siècle ('1). Il fut reçu avocat en Parlement
vers '1763; et ce titre lui est constamment donné.
« Guillaume, écrit un de ses neveux, fils de sa plus jeune
pour le plus spirituel des Royou », ce qui n'est
sœur, passait
pas peu dire. (1 Mais il avait noyé ces heureuses facultés dans
le vin et la débauche. Le pèl'e, avec l'aide de Fréron, son
gendre, le fit passer en Angleterre l) (2). Ce qui veut dire sans
doute que la conduite de Guillaume avait contraint son père
à demander une lettre de cachet; que cette lettre le procu
reur fiscal ne pouvait se flatter de l'obtenir; que Fi'éron mit
son influence au service de son cousin Royou; et que Guil
laume, pour éviter l'anestation, passa la Manche .
Ce fait est-il antérieur à 1766, année du second mariage de
Fréron? Tout ce que nous savons c'est que Guillaume n'assista
pas au mariage de sa sœur à Pont-l'Abbé, en septembre, c'est
au moment des vacances du Parlement.
à-dire
En '1770, nous le verrons, des renseignements seront
demandés sur un avocat breton du nom de Royou, résidant à
Londres. Le seul avocat de ce nom, c'est Guillaume; et 'les
personnes intefl'ogées il Rennes répondront: « Homme de
beaucoup d'esprit; mais très mauvais sujet ... » Renseigne
ments qui concordent avec ceux donnés plus haut et qui ne
peuvent se rapporter ni à Jacques-Corentin, qui n'est pas
encore avocat, ni il Claude, qui n'a que douze ans.
En 1788, Guillaume est partie à un acte dressé à Pont-
J'Abbé; il est dit « avocat résidant à Londres)) (3). .
Absent de France en 1789 et années suivantes, c'esllui qui
(1) Mélanges histol'iqlles publiés pal' la Société des Bibliophiles bretons.
T. JI, p. 7, note 1.
(2) M. Le lI1oyne, avoué à Quimper. Lellre il Monselel.
(.1) Pnrtage de la succession de l'oncle noyou, curé de Tl'ébri\'an.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FIN1STEfiE . - TOME XXVIII (Mémoires). 11
figure SUI' la liste des émigrés du Finistère dressée le ü dé
cembre 1793, que j'ai sous les yeux.
C'est lui qui revient de Londres en i 797, est reçu par son
frère Guermeur, et venu à Quimper, est arrêté comme émigré.
C'est lui qui écrit pour sa défense la lettre ùont j'ai cité quel
ques mots, et dans laquelle il appelle la moitié de Quimper à
témoin « qu'il avait un établissement à l'étranger bien des
années avant la Révolution )1 (1). Réponse péremptoire!
Nous avons démontré que cette affirmation ne pouvait se
rapporter ni à Jacques, rédacteur de journaux à Paris, en
1790 et années suivantes, ni, quoique dise le biographe, à
Claude, procureur fiscal à Pont-l'Abbé, et parti pOUl' Paris
. Guillaume repoussa ainsi l'accusation, Outre les pièces ClU'il
put produire, il aurait pu, pour démontrer son absence de
France avant f789, invoquer la saUre imprimée à Quimper,
celte année même, où il est dit de lui:
« Voici de nos Royou l'édifiante histoire:
L'aîné vil apostat, diffamateur affreux,
Banni de son pays our ses exploits fameux
Dans les murs d'Al ion enseigne l'art de boir~. »
A son retour, après trente ans d'exil, Guillaume touchait à
la soixantaine. Il retrouvait sa famille heureuse de le revoir,
11 demanda et obtint le pardon de son frère Jacques et de sa
belle-sœur Louise Fréron (2) ; il vint demeurer à Rennes et
il revenait de temps en temps visiter sa mère octogénaire et
sa famille à Quimper. Hélas, en vieillissant, il n'avait pas su
vaincre ses funestes habitudes; et il ne dînait chez sa jeune
sœur, Mme Le Moyne, que lorsqu'il était « dans un état conve
nable Il.
(1) Ci-dessus, p. 141.
("2) Il est eD relations amicales avec eux dès les premiers jours de IBOI.
Plusieurs lettres .
TOUlefois, de bons sentiments survivaient en lui, son l'es peel
pOUl' sa mère, son allection pOUl' ses proches, le repentir sin
cère des faules commises,
En 1804, il allait venir à Quimper pour le parlage à faire
a I)rès la mort de sa mèrc; il devait y trouver sa sœur Mmo
Fréron qu'il avait quittée presque enfant près de quarante
ans auparavant. Avant de la voir, il voulut obtenir son par-
don, et lui adressa une lettre que nous donnerons plus loin.
Sans accepter la répara lion publique qu'offrait Guillaume
Mmo Fréron pardonna.
repentant,
Guillaume repartit pOUl' Rennes où il mOl\l'ut, non cn 1808
ou 1809, comme on a paru le dire (1) ; mais le 12 mars 1805.
Par un vieux souvenir, t'acte de décès lui donne le litre d'a-
vocal (2).
J. TRÉVÉDY .
. Ancien Présidenl dit Tl'ibllual de QIIÙIl11e1',
(A suivre).
(1) Levot écrit: • On a dit que Guermeur était mort à Rennes "crs
IIlOS ou 180D : mais les registres de l'état·eivil ne mentionnent pas son
décès ...... - Non; mais ces rc~istrcs mentionnent le décès d'un autre
Hoyou dont la révélation aurait sauvé Levot de bien des en'curs. C'est
cette indication qui il pcrmis, et sans peine aucune, de trouver l'acte de
d6cès à Rcnnes qU6 Lerot a mal il propos rapporté il Guermeur, Riog, /lI'cl.
P) Un des déclarants du décès il titre (l'ami était ,Joseph Jourjon, arque-
ligne, modESte autant qu'habile, mort
_ busier, sculptcur ct ciseleur hors
. entouré du respect il n,ennes, en 18,)7, père d'un peintre de talent et d'un
colonel du génie mort il Solférino, commandant une brigade d'infanterie.