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VII.
AUTOUR DU VIEUX QUIMPER
Bien des études ont été publiées sur le vieux Quimper; ne
citons que les travaux de M. Aymar de Blois, les P'l'omenades
à Quimpm', de M. le président Trévédy (Bu!. de la Soc. arch.
1885, p. 213 et suiv.) ; les Prébendes et Maisons p1'ébendales,
de M. le chanoine Peyron (ibid. 1900, p. 273 et suiv.). Après
tout cela il reste encore bien des choses à dire sur notre cité
cornouaiIlaise.
Aujourd'hui je voudrais dire un mot des vieilles maisons,
qui existent encore nombreuses, particulièrement de celles du
XVe et du XVIe siècle; elles ont abrité bien des générations,
elles ont été témoins de bien des événements; c'est à peine si
les gens du pays leur accordent un coup d'œil distrait, il n'y
a que les étrangers à s'arrêter pour les contempler, trO'Jvant
avec raison que, dans notre ville si gracieuse par sa situation
et son ensemble, ce sont ces vieilles façades qui donnent à
quelques-unes de nos rues leur cachet pittoresque et leur
note originale.
Transportons-nous, pour commencer, sur la place Saint
Corentin, à l'entrée du grand portail de la cathédrale A notre
gauche nous voyons le Bazar du Finistère, tout flambant
neuf, bâti sur l'emplacement d'une ancienne maison prében
dale. Sa façade sur la place n'avait qu'un aspect banal, mais,
sur sa façade postérieure conservée, et qui donnait du côté de la
rue Dorée, on retrouve encore quelques fenêtres à meneaux et
à gorges du XV· siècle, et lors de la réparation et de l'aména
pièces restantes on découvrit une chambre à
gement des
grande cheminée de pierre, voûtée en berceau ou lambris de
bois, avec corniches et nervures ornementées de clefs pen
dantes, de têles grimaçantes et d'écussons portant les armes
des Du Bot et de Lescoët : d' Ikgent à deux haches d'armes
adossées de sable, sOlLtenues d'un croissant de gueules et accom
pagnées de trois coquilles de même. Ces blasons datent sans
doute du chanoine Charles de Lescoët qui occupa cette
maison de 1487 à 15ti. Toutes ces pièces sculptées, gracieu
sement offertes par M. Anglaret, se trouvent maintenant au
musée archéologique .
Au coin de la même place Saint-Corentin, l'hôtel du Lion
d'O?· a voulu cacher son aspect vieillot sous une enveloppe un
peu moderne, mais déjà défralchie. Pénétrez dans la cour et
vous trouverez certains détails absolument moyen-âge, quatre
ou cinq fenêtres à encadrements à gorge et à trace de meneaux,
et surtout une sorte de grande tour carrée, à cheval Sllr l'édi
fice entier, toute revêtue d'ardoises et se permettant des
encorbellements et des porte-à-faux invraisemblêibles. D'un
autre côté on voit le dos du logis des Dumarnay, fenêtres et
petites baies moulurées, grande lucarne à fronton hérissé de
crochets, tourelle d'escalier de forme très irrégulière, à la
quelle s'accroche maintenant tout un réseau de fils conduc
teurs d'éclairage électrique.
la petite courette qui conduit à cette tourelle
Passons dans
et nous trouverons une porte des premières années du XVIe
siècle, à jambages moulurés et linteau en accolade, quantité
de fenêtres gothiques ayant eu autrefois meneaux et croisillons,
et à l'intérieur, un escalier à vis avec noyau et marches en
pierre, plus modeste que celui de l'évêché, mais présentant de
très ingénieuses combinaisons de paliers, d'arcades soutenant
ces paliers, et de portes fort variées, terminées les unes en
linteau droit, les autres en linteau à corbelets, en anse de
panier, accolade et arc en tiers point ; sans compter que
quelques-unes ont conservé leurs vieux huys à assemblages
serrés, à panneaux à godrons et pointes de diamant.
Les maisons nos 18 et 20 sont plus récentes, mais la
mouluration de leurs fenêtres, lucarnes et corniches,
semble indiquer le XVIIe siècle. Même le n° 20 a conservé
une enseigne qui ne date peut-être pas de quatre-vingts ans,
mais qui est déjà du domaine de l'archéologie. On y lit, en
caractères à demi-elIacés : Messageries, Berlines, Po.çtc.
Gratteurs de pierres de taille, rafraichisseurs de façades,
respectez, je vous prie, celte vénérable inscription et en la
déchiffrant dans cinquante ans, nos alTières-neveux se
demanderont quels étaient ces étranges moyens de locomotion
d'un ùge tant soit peu préhistorique.
La maison Le Fèvre, formant l'entrée de la rue Kéréon, est
dans la même note architecturale, et la maison Morcrelte, qui
lui fait vis-à-vis, a avec elle quelques points de parenté dans
ses lucarnes ct sa niche d'angle.
])e là, il faut aller jusqu'à la maison Clément. Son pignon
Est, qui s'avan'çait autrefois davantage, a dù reculer pOUl' se
meUre à l'alignement de la rue Royale et n'a plus, par suite,
son ancienne ornementation. Mais sa vieille architecture se
retrouve à l'entrée de la rue du Guéodet: petite et grande
porte moulurée, fenêtres avec appuis et linteaux garnis de
bandeaux en saillie, petites gargouilles sous ces appuis,
machicoulis portant des lucarnes à croisillons surmontées de
pignons aigus hérissés de crossettes avec fleuron de couron
encore un bel escalier en pierre, plus
nement A l'intérieur,
ample, plus riche que l'escalier ])umarnay, avec la même
variété de portes et de voùtes.
Vers le milieu de cette rue du Guéodet, au no .'~, nous trou
vons le. spécimen le plus curieux de Quimper en fait de
sculpture en pierre. Séparant et limitant une porte centrale et
deux larges baies latérales, quatre pieds-droits en granit,
bordés de Hnes moulures, se terminent en corbelets pour
recevoir une plate-bande ou sablière en bois portant l'empou"
!'rement, et chacun de ces corbelets est garni à son extrémité
d'une Lête grimaçante, véritable charge, exprimant des senti
ments variés: moquerie, dédain, Herté, insolence. En plus de
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE TOME XXYIll (Mémoires). 6
ces figures, six bustes sr. dégageant du nu des pilastres,
coilh's dans le genre de la fin du XVIe siècle:
costumés et
pourpoints,brodés et tailladés, manches à crevés et bouffantes,
cols découpés en pointes, toques à plumets tapageurs, casque
à couvre-nuque et turban à plis abondants, Tous ces person
nages vous ont cles airs cie caclets cie Gascogne et évoquent
le souvenir cie Cyrano cie Bergerac,
irrésistiblement
Plus loin, dans celte l'Ile, rien d'ancien; il n'y a que les
maisons qui, au commencement du siècle demier, ont rem
placé l'église municipale de N ,-D. du Guéodet.
Hevenons clonc sur nos pas et remontons la rue Royale,
autrefois nommée rue Obscure. Ce qui lui valait cette déno-
mination c'étaient les maisons à pans cie bois et encorbr.lle-
ments qui,surplombant à chaque étage, venaient presque se
rejoindre à leur somnl"et, enlevant à la rue la clarté du ciel
et l'obscurcissant presque complètement. Désormais pour
de ce genre de façades il faut monter jusqu'au
retrouver trace
no 20, puis au no 22 l'este une porte gothique ornementée,
de pilastres carrés à bases et chapiteaux. portant
accostée
deux pinacles et une contrecourbe à moulures prismatiques
que garnissent des crochets en feuilles de choux.
Cette porte donne accès clans une courette qui a gardé
sa physionomie moyen-ûge: traces de colonnes
absolument
l'ondes portant sablière, grande arcade surbaissée, petites
c31Tées disposées en triplet, portes, fenètres et lucarnes
baies
du commencement du XVIe siècle.
Plus haut, au no 26, l'bOtel cie la famille cie Jacquelot de
Boisrouvray, yieille maison il hm se, à deux grands encor
et à toiture débordante, dernier reste des anciens
bellements
logis qui bordaient autrefois la rue Obscure. En face, au n 31,
une large porte de cour, encadrées de colonnettes à chapiteaux
à plein-cintre, donne
feuillagés portant une arcade moulurée
UII ancien hôtel qui fut autrefois la l'salLelle et
entrée dans
qui doit surtout son intérl't à une tOUl'elle octogonale
émel'geant des toilul'CS. A la suite, aux n')~ 35 et 37 sont deux
vicilles masures branlàntes et misémbles, anciennes maisons
de M. Tilly, mais qui donnent à ce coin un aspecl étl'ange,
si l'on a le talent de se placer au point voulu. pour
surtout
obtenir une silhoueLle toule découpée, vrai fouillis de hautes
de toits aigus el de cheminées, tableau extraordi
llicarnes,
nai re auquel serven t de fond les clochers de Sain t-Coren Li n
et les arbres du Mont-Frugy.
Redescendons et tournons à gauche dans la rue Verdelet
pOUl' aller voir au no 10 la maison cie l'aumônier des Ursulines,
autl'efois maison prébendale appartenant à l'abbaye de
Landevennec, ayant portes et fenêtres gothiques et bel esca-
lier cie pierre à l'in térieu r. .
Ilebroussant chemin, nous prendrons la rue du Sallé à
l'entrée de laquelle nous donnerons un coup d'œil aux
nos ' 3 et If, façades il herse auxquelles on a enlevé leur
caractère; le no Il est plus intéressant, ct SUI' un pilastre
du no 13 nous lirons celte inscription:
1 II S
F.F.PAR.lI.H
GUlL. LE. BLANC
AN. -1685, JET, 64
Plusiems autres maisons sont également a-nciennes, mais
la plus remarquable eslle no·12 avec son triple encorbellement,
ses abouts de solives saillantes, ses sablières à moulures
serl'ées et son pignon garni d'ardoises.
La Place-au-Beul'l'e ' ne manque pas d'intérêt, avec son
no 3 à herses et encorbellements, ses masures délabrées, set:;
petils recoins gothiques, et au fond, dominant le tout mais
-dominée clle-même par la colossale chapelle du Lycée, la
maison (le Me Bodollec, couverte d'une toitul'e en pavillon
avec deux poinçons en plomb ornementés; les fenêtl'es en ont
éle singulièrement remaniées, si l'on s'en rapporté à l'appal'eil
de pierres dé taille qui accuse d'importantes modifications.
Prenant au bas de la rue du Collège, nous ayons, aux nos 2
et 4, un pignon et une façad e avec belles ouvertures gothiques,
à moulures et il
dont quelques-unes agrémentées de' frises
feuillages. Au-dessus de l'une des pOI'tes on croit pouroir
lire ou plutôt deriner la date de 1::i30. Dans le foyer de la
maison du four on trouve une plaque de cheminée portant le
nom et les armes des Rohan-Cha bol. Et nous retrouvons encore
plus haut les pans de bois et les encol'bellements aux
nO~ 1, 3, i:i, G, 7 et 9.
Quant au n° 12, école communale des garçons, c'était
autrefois une maison prébendale. Une porte de cour avec
rudiments de chapiteaux feuillagés nous indique' le com-
mencement du XVIe siècle, 1537, disent quelques témoignages.
la cour, nous voyons le bùliment Norcl percé cie
Entrés dans
larges fenêtres gothiques, et faisant avancée SUl' le tout une
grande tourelle dont le bas forme porche, La porte en anse cie
panier est surmontée d'un écusson fruste et a ses jambages
garnis de colonnettes et d'une gorge profonde. A droite est le
départ d'un bel escalier à vis dans lequel on trouve une jolie
fenêtre avec pelit banc de pierre ménagé clans l'embrasure,
et aux différents palier5, toujours des portes à gorge et à
accolade ,;;.
Au haut cie la rue, au no '14, faisant angle SUI' la place du
Lycée, saluons la vieille maison -des clemoiselles i\farlin, et
au milieu de la rue cles Vendanges, isolée de tout ct comme
conspirant clans l'ombre, la légendaire bicoque cie Jean-Pierre
Dupont. Elle fait un contraste singulier avec les constructions
si modernes et si correctes du Ivcée .
Le nO 12 du haut de la l'ue Mescloaguen mérite une mention·
en passant, el de là nous de\'l'ons nous porter au n~ 6 de la
Tl'averse-i\fescloaguen, ancien presbytère de l'église Saint
Nicolas,montrunt un joli pelit. pignon de bon style XVLle sièele,
percé d'une porle ornée de pilastres portant un arc ell plein
cintre avec modillons et clef, et par là-dessus un fronton assez
ol'iginal, toujours avec modillons, pilastre central et petit
Au haut, une petite fenêtre cintrée,
entablement supérieur.
la même note.
absolument dans
Descendons jusqu'à la rue des Boucheries, au haut de
laquelle se trouvera, à notre droite, un groupe bien assorti,
. composé des nos 26, 24, 2':f et 20, portant pignon ~ur rue,
avec pans de bois el saillies aux dillél'ents étages. Si
toujours
nous voulons pénétrer dans l'imprimerie I\érangal, construite
en 1MO, nous pourrons visiter les ateliers dont le sous-sol a
lIne porte à arcade ogivale et des fenêtres gothiques; et par
les fenêtres de même style de la salle des compositeurs nous
apercevrons les alTière-façades de quelques maisons de la rue
I{éréon, conservant leurs larges ouvertures du XVIe siècle, ct
les jardins et les cours l'ail' et la
pompant abondamment sur
lumière qu'elles ne peuvent avoir que parcimonieusement du
coté de la façacle principale. Dans le bas cie celle rue des
Boucheries tout a été renouvelé, et nous n'avons qu'à passel'
à la rue I{éréon.
Les nOS 9, 11, 13, 12 et H nous o!frent cles types fort inté
de facacles à pans de bois et d'encorbellements ingé
ressants
. nieux. Au no 9, trois petites statueUes pleines de verve
forment comme cariatides sous le ressaut du deuxième étage:
un petit bonhomme assis et endormi, les bl'as croisés sur ses
genoux; une femme en tablier et coille aux longues ailes
repliées et tombantes, telles qu'elles devaient exister autrefois
à Quimper et qu'on les retrouve encore dans le Cap-Sizun et
à l'lle-de-Sein ; un autre bonhomme avant comme un labliel'
de forgeron et coillé d'une sorte de caloUe. Le pignon est
coupé de quatre ressauts dilIérents et est garni d'ardoises
de frise, losanges et ligne de tuiles.
formant ornementation
Le n° H a sa principale saillie portée pal' des encorbel·
lements oU\Tés et moulurés, avec décoration de feuillages et
cie tètes sculptées. Au no 1:3, encore quatre grands porte-à
pignon sur rue.
faux et
C'est le no i2 qui donne peut-être les avancées les plus fortes
et le plus beau déploiement de sablières moulurées et d'abouts
de poutres formant corbeaux. Tout au haut, sous le toit,
contre un potelet d'angle, est un petit bonhomme en culotte
boullante, costumé presque en polichinelle elformantcarialide .
Le n° '14 a très peu de bois apparent, rien que les sablières ou
corniches des étages, et sur le plein des murs sont des garni
comme de petites toitures super
tures d'ardoises dessinant
posées et se débordant dans le genre des toils des pagodes
chinoises.
Au-delà de cette maison, plus rien dans la rue Réréo n.
Tournons donc dans la rue Saint-François, et dès le no 22
nous avons un joli pignon du Lemps de François 1 , dont les
poteaux forment toute une série de petils pilastres sculptés,
dE: médaillons ronds, pointes de diamant et chapiteaux
ornés
il volutes. Sur la sablière du haut sont deux cartels il extré
mités enroulées portant en leLtres gothiques; J. H. S. Maria.
Les quatre maisons suiyantes peuyent être de la même
époque, mais d'une architecture moins remarquabl:3.
Allons à la Terre-au-Duc en enfilant la rue Kéréon, etarri
vés sur le pont Médard donnons un coup d'œil à la tourelle.
en échauguette au-dessus du Stéïr, il la maison
suspendue
Linérac et à ses deux yoisines, surplombant de deux mètres
J'ea1J, et menaçant d'y tomber quelque jour. Toute celte
sur
place de la Terre-au-Duc a gardé un aspect moyen-,Îgeux ;
nous comptons au moins douze ou treize maisons du XVIe
siècle, mais en somme, rien de bien extraordinaire.
Dans la rue du Chapeau-Bouge, quelques bons yieux restes
du côté Midi, quant au côté Nord, tout a été renouvelé . Allons
jusqu'à la prison faisant autrefois partie du courent des
Ursulines; regardons ses hautes murailles, ses corniches SUI'
modillons et son joli campanile, mais ne nous attardons pas
dans cc mauvais voisinage de peur d'être pris pour des cons
pirateurs et d'être mis à j'abri, dans cet asile peu enriable.
Faufilons-nous donc par la venelle du Pain-Cuit pour tom
ber en pleine rue Saint-Mathieu. Là nous compterons une
quinzaine de vieilles maisons gardant assez bien leur physio-
nomie ancienne, et même SUI' les lucarnes du no W, nous
verrons avec plaisil' deux épis en plomb fort bien découpés el
déchiquetés,
Rue du Quai, encore un bon nombre de maisons du XVie
el du XVIIe siècle, même le majestueux hOtel du Marhallac'h
transformé désormais en boucherie.
nos pas pOUl' revenir à la rue des Gentils
Retournons sur
hommes. Bien vieille encore ceLLe rue, biens nombreuses
encore les maiso!,!s à pans de bois; vers le milieu surtout, du
côté Nord, deux pignons ardoisés à hardis encorbellements,
une grande façade en pierre de taille avec porte à plein
puis
cintre encadrée de deux pilastres ioniques et surmontée d'un
à toits arrondis en visière,
petit œil-de-bœuf; lucarnes
com'onnés d'épis en plomb. Après cela il ne nous restera guère
à voir que les rues Sainte-Catherine et Sainte-Thérèse, et
nous aurons fini notre tournée dans le vieux Quimper.
de la rue Sainte-Catherine, au no 2, est une
A l'entrée
maison assez vaste et d'assez bon style xvnc ou XVIII" siècle,
qui a servi de palais épiscopal dans les premières années qui
ont suivi le Concordat; puis au fond, deux petites maisons à
herses et deux autres défigurées pal' des plâtras. .
la rue Sainte-Thérèse, la façade du n° 14 toute
Dans
empétréo dans un gros enduit, et une dernière au n° Hi, ayant
conservé meilleur aspect.
la suite, mentionnons le b
vieilles maisons de la rue Basse à Loc-maria, et terminons par
la belle façade en hois toute sculptée qui se trourait encore en
place en 18'16, tout près du porche Sainte-Catherine de la
cathédrale, où elle a été dessinée par M. V. Roussin, et qui
{orme maintenant une magnifique vitrine dans notre musée
archéologique.
Dans le soubassement sont des panneaux de facture
moderne, mais, comme séparations de ces panneaux se
trouvent. adossées des cariatides anciennes, les unes agenouil
les autres assises: satyre barbu et poilu, tenant entre
lées,
genoux un lion auquel il oune la gueule; bonne femme
ses
filant sa quenouille; autre bonne femme, tenant d'une main
un pot de vin, de l'autre une coupe qu'elle porte à ses lèvres;
bonhomme habillé d'un surcot serré à la taille par une cein
de grands eflorts pour porter l'entablement
ture et faisant
qu 'j 1 soutien t : autre bonhom me coillé d 'u ne ca lolle à oreillettes,
lenant un baril et buvant à la bonde faite en forme de goulot;
autre personnage costumé de même, mais au repos.
Plus haut viennent deux rangées de cases yitrées, séparées
des potelets couYerts de difIérentes sculptures: granula
par
à rangs de
tions, feuilles imbriquées, écailles, torsades
perles et de pointes de diamant, tous genres de décoration
le XVc siècle.
indiquant
Le pied de chacun de ces pilastres émerge d'un gueulard ou
gueule monstrueuse, et se termine encore de même ou par
des chapiteaux variés . feuillages, moulures: griffon, tHc
tri pie, tiges enchevêtrées. Les séparations horizon tales son t
des frises feuillagées portant grappes de raisin et
faites par
fort habilement évidées.
La partie haute est la plus riche et la plus étrange. Là sont
les caria tides qui sou tenaien t les a bouts des pou tres su pporta n t
le pignon sur rue: 1 Un personnage il J'obe descendant jus
genoux et sorte de veston ou manteau à manches pen
qu'aux
dantes, fendues près des épaules pour laisser passer les bras;
2° Un monstre à tète de lion et corps de grillon ailé; 3' Saint
4° Saint Yves
François d'Assise montrant ses stigmates;
tenant un rouleau de parchemin et coillé d'unc loque ronde;
5° Un riche tenant une escarcelle et ollrant une pièce d'or à
saint Yves; 6° Un ange aux cheveux frisés, tenant un l'hylac·
tère ; 7° Personnage à moitié à genoux ; 8° Saint Michel
telTassant le dragon.
On peut s'estimer heureux de posséder au musée cette belle
vitrine, c'est le plus beau l'este qui puisse exister de nos
vieill.es maisons de Quimper,
J,-M. ABGBALL,
chanoillf. hOl1o/'tlù 'e •