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Bulletin SAF 1901


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Notice sur la chapelle Ty-Mam-Doué, en Kerfeunteun

M. Chaussepied

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NOTICE
Sur la Chapelle de TY-MAM-DOUE
Avant d'envoyer au Salon de Paris, qui va bientôt s'ouvrir,
les dessins et relevés de cette chap~me, nOlis avolls pensé
qu'il serait intéressant de les soumettre aux membres
présents à cette séance, et qui sans doute connaissent 10lls
ce joli monument situé aux portes de Quimper.
Une étude approfondie faite l'été dernier nons a permis
de réunir dans un même cadre les ensembles et détaih. de
ce curieux édifice.
Nom; ne redil'ons point l'historique de cette chapelle,
notrll éminent collègue, M. le chanoine Peyron, nous nyalll
précédé dans cette tâche avec ~on talent habituel, nous nous
contenterons d'y ajouter seulement une courte description
purement archéologique.
La Chapelle de Ty-Mam-Doué, ou maison de la mère de
Dieu, fut rebâtie vers le milieu du XVIe siècle sur le versaltt
d'un coteau, et subit comme tous les monuments de celle
époque divet'ses transformations successives.
En plan elle a la forme d'une croix latine orientée de
l'Est à l'Ouest avec nef sans bas-côtés, large transept et
abside terminée par un mur droit. le tout flanqué de contre­
forts d'angle, quoiqu'on n'eût sans doute point l'intention
de la voûter.
Les charpentes sont recouvertes d'un berceau en lambris
peint de date récente; il est probable qu'autrefois les entraits
et poinçons de charpente étaient apparents, mais il furent
coupés et l'on en retrouve quelques traces le long des murs.
De larges Laies géminées éclairent le fond du chevet ct
du transept, d'autres petites ajoutent encore de la lumière
à l'intérieur de ce monument.

Outre la partie principale du côté Ouest, trois autres
portes sont pratiquées dans lés murs, deux du côté Sud,
une du côté Nord; une petite sacristie est adossé.e de ce
à l'extérieur. .
même côté avec sortie directe
Les proportions de cette Chapelle sont élégantes, mais
. certaines dispositions présentent des taLonnements ou des
erreurs regrettables.' Ainsi nous ['emarquons ces deux
transept qui ne portent que de
hautes piles octogonales du
légères poutres, et l'irrégularité des rampants de cette
partie de l'édifice; il est évident que cette disposition était
il .nous sera permis ùe dire que les
voulue, cependant
aux prises avec des aifficultés, n'ont pas su
constructeurs,
atteindre un 'résultat satisfaisant. II en est ainsi du léger
gâble qui surmonte la porte Ouest, il n'est ni courbe ni
qui le
droit, mais d'une forme indécise et, comme la fenêtre
sUl'monte, produit le plus fâcheux efTet.
Tout l'intérêt de la Chapelle réside particulièrement dans
élégant clocher. Bâti de quilles légè['es, sur le sommet
son
d'nn contrefort d'angle, il est surmonté d'une flèche gracieuse
etde clochetons;aux quatre angles
ornée de crochets,de gâbles
remarquons quatre petits .marmousets
des retombées nous
lem silhouette dans le ciel.
qui détachent curieusement
Toule la richesse d'ornementation fut réservée aux façades
Sud et Ouest; les contrefOI'ts sont ornés de niches peu
à pinacles fleuronnés, et dont
p['ofondes couronnées de dais
les supports sont ornés de têtes et de feuillages' entrelacés.
surmontaient autrefois ces contreforts.
Des pinacles
La porte ogivale que surmonte une accolade à gros fleuron .
est formée de fines nervures et flanquée de deux colonnes
bagues ornées de couronnes et cordelières,
torses, avec
et terminée par des pinacles fleuris; elle ['appelle cette
XII, si riche et· si féconde que nous avons
époque Louis
sur les bords de la Loire bien souvent.
admirée
cette · porte s'étale une large inscription
Au-dessus de

supportée par des anges et sur laquelle on lit en caractères
gothiques: Cette Chapelle · en l'honneur Mam-Doé l'an
mille cinq cent qnarante et un nous y {ait scavoir que chez
Noblesse gisent (devocion) bonne (oy, qui donne une date
assez précise de la reconstruction de l"édifice . .
La porte principale du côté Ouest est aussi riche que la
précédente, mais sans être d'aussi belles proportions, on y
remarque pat'liculièrement les beaux feuillages qui ornent
les gorges profondes de ces nervures et les deux personnages
en ronde-bosse, aux amortissements du gâble au-dessus du
bandeau. L'un représente un guerrier coilTé d'un casque et
à corps d'animal, porlant un étendard déployé, l"autre une
femme la tête couverte d'lin voile et tenant une banderolle
SUl' laquelle on lit ces mol:: : Pa.7: Vobis 1592.
Les meneaux des fCl~êll'es alTl'ent peu d'intérêt; nous
y avons même trouvé une, certaine gaucherie d'exécu­
lion qui dénat.ure certainement l'ensemble de l'œuvre.
Au-dessus du gl'os gàble du transept Sud sont sculptées
des al'moiries pl'esque efTacées,et supportées par des grilTons.
Nous ne quitterons pas l'extérieur sans parler des
curieuses gargouilles et sujets d'amortissement des gâbles,
homme au poisson, lorse de femme cOUt'bée) animaux
fantast.iques, personnes à deux têtes, etc. , tous atteslant une
période féconde en production, où la naïveté jointe à une
sûreté d'exécution, engendra des combinaisons souvent
bizarres, mais toujours intéressantes.
L'intérieur est peu remarquable; cependant nous y
trouvons les bell!:ls piscines, pratiquées dans les murs,
toutes quatre diverses de formes, que nous nous sommes plu
à l'eproduire fidèlement; puis de jolis bénitiers, les uns
adossés, les autres isolés comme celui du XVIIe siècle,
monté sur un groupe de quatre petites colonnettes engagées.
Dans le bas de la Chapelle il semble qu'on ail voulu
établil' une tribune dans de plus grandes proportions

que celle qui existe aujourd'hui, si nous considérons les
quatre encorbellements puissants placés le long des murs
latéraux.
A l'angle Sud·Ouest un escalier à noyau central conduit à
la tribune.
N'oublions pas de mentionner aussi les quelques consoles
ou supports habilement sculptés, les deux du fond du chœur
qui sont figurés sur nos dessins attirent particulièrement
l'attention; ils représentent des monstres marins prêts à
dévorer un mortel.
Au XVIIe siècle on pratiqua dans le mur Sud une autre
porte, qui, ornée de deux colonnes isolées, disparues
maintenant, devait produire un très bel efTet. Elle est en arc
surbaissée, ornée de pilastI'es, d'une fine corniche et d'un
fronton au-dessous duquel on remm'que un petit motif
sculpté également en ronde-bosse, représen tant le Père
Eternel couronné de la tiare. Les petits pilastres sont ornés
de têtes d'anges et de démons; sur les socles des colonnes
se voient, mais bien mutilés, des personnages ailés; et
au-dessus des entablements, de riches dais abritant sans
doute des statues de pierre aujourd'hui disparues.
La restauration, mais surtout la conservation de cet
édifice, s'imposent. Aussi demanderons-nous à M. le Ministre
des Beaux-Arts de vouloir bien le classer parmi les monu­
notie
ments historiques de la région,si caractéristiques dans
département, pour l'étude des anciennes écoles françaises,
CHARLES CHAUSSE PIED
AI·chi/tc/e .