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Bulletin SAF 1901


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Correspondance de Guillaume Charrier, abbé de Sainte-Croix de Quimperlé (1672-1707)

M. Bourde de la Rogerie

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III.
CORRESPONDANCE
. DE GUILLAUME CHARRIER
Abbé de Sainte-Croix de Quimperlé.
L'histoire de Sainte-Croix de Quimperlé est bien connue
gràce aux excellents travaux d'un bénédictin de la congré-
gation de Saillt-I\1aur: Dom Placide Le Duc. Son (( petit
ouvrage» publié de nos jours (1) nous a révélé l'histoire des
premiers abbés de Quimperlé, de leUl's successeurs au
Moyen-Age, des abbés commandataires et surtout de Guil­
laume Charrier, qui fut abbé de Sainte-Croix de 1668 à
1717, précisément à l'époque où vivait D. Le Duc. Lejuge­
ment très bienveillant que le bénédictin pOI'te sur le carac­
tère et les actes de son supérieur est confirmé pal' de nom­
breux documénts relatifs à l'administration de Sainte-Croix
et de ses dépendances au X Vile siècle. Mais quelle valeur
doit-on uttr'ibuer à une notice publiée à la suite de l'histoire
de D. Le Du.c? Les historiens de Quimperlé, MM. Audran
et de Blois, trompés sans doute par le caractère très laudatif
de cet écrit n'ont pas voulu prendre à la leUre le titr'e de
« Mémoires de l'abbé G. Charrier • ,~t l'ont considéré
comme une continuation de l'œuvre de D. Le Duc, due soit
à ce religieux lui-même, soit à l'un de ses confr'ères, En
(1) lIistoil'e de l'Abballe de Sainte-Croix de Quimpedé , par Dom Placide
Le Duc, religieux bénCdictin de la congrégation de Saint-~Jaur, publiée par
R,-F. Le Men, archiviste du Finisll>rc. Quimpel'!é, S, D" 1 volume in-S'.
1\1. Le Men n'a pas été un éd iteur très Scrulluleux : il a souvent négligé de
distinguer les annotations dont il est l'auteur de celles qui sc trouvent
dans les ruanuscrils ,originaux de O. Le Duc. ct surtout il a omis de pré­
venir le lecleur que l'appendice à partir du deuxième paragraphe de la
biographie de C,-L. Turpin de Criss6 de Sanay était son œuvre' person­
nelle.
Les manuscrits publiés par M. Le .\Ien se trouvent aux archives du
Finistère, fonds de Sainte-Croix, carton H 99 .

l'éalité, cette notice est bien une autobiographie, ainsi que
l'atteste celte note écrite au dos du manuscrit venu des
chartes de Sainte-Cl'oix aux at'chives du département du Fi­
nistère: • Copie de la vie de JI, Charrier, tirée SU?' une éc·rite
de sa main (1). II
Nous n'entreprendrons pas de discuter la valeur de chacun
des éloges que l'abbé G. Charrier s'est adressés à lui-même:
les lettres que no.us publions suffiront à pl'ouver que cet
abbé commandatail'e vécut toujours en bons termes avec son
ur et avec les moines; et c'est presque un anomalie dans
prie
l'histoil'e des abbayes du XVIIe siècle. Nous verrons qu'il se
montl'a toujours soucieux des intérêts matériels du couvent,
pas qualité pour veiller aux intérêts spirituels
(il n'avait
de la communauté) (2), et qu'il rendit d'utiles services à l'h6-
pital de Quimperlé et au clergé de Cornouaille .
G. Charrier était issu d'une maison noble d'Auvergne,
alliée aux familles de robe les plus considérables de la fin
du XVI" siècle: les Coiffier, les l\finard, les Sohier, Plu­
sieurs des membres de la famille Charriel" étaient eux-mêmes
parvenus à des situations importantes: Guillaume Charrier
avait été créé par Charles VI secrétaire de sa maison ct
receveur gr.néral des finances du royaume; son fils alné fut
aussi secrétaire du Roi et changeuI' du Trésor; son second
d'Orléans; en 1514, Louis XII
fils fut élu en 1437 évêque
nomma Jean Charrier, lieutenant-général d'Auvergne; il
habitait Issoire, Les désastres causés pal' les guerres de reli-
(1) Pal' suite d'une singulière négligence, cette note n'est pas reproduite
dans l'édition des Mémoù'es donnée par M. Le Men (pages 5:lU à 5\6 de
l'Histoire de Sainte-Croix), Dans son manuscrit, Charrier a,ait désigné les
personnages mentionn és par de simples initiales. 1\1. Le Men a su retrou­
ver la plupart des noms ainsi dissimulés, mais ses conjectures n'ont pas
toujours été heu reuses. C'est ainsi que dans le pas~~ge suivant (p. 51;;) :
« les sieurs de Kerustum-Billelle el René Le no, sénéchaux des juridic­
« lions de Quimperlé el de Carnouet", on doit lire Rosnevf70-Floyd et
CaLLac, au lieu de H. Le Flo et Carnouet.
(2) Charrier n'était pas prêtre, mais seulement diacre,

gion et les charges que lui imposait une très nombreuse
famille, il avait seize freres ou sœurs forcèrent Guil­
laume, fils du lieutenant-général, à aller à Lyoll faire le
commerce; mais, d'après des lettres royales de 1650, « il ne
« pratiqua que le négoce en gros et d'échange dans les pays
« étranger's, que les plus nobles parmi nos voisins exercent
« sans déroger, par le moyen duquel même il aurait rendu
• des services considérables pour le bien de l'Etat. » Ces
services contr'ibuèrent sans doute à lui obtenir l'échevinage
dè Lyon qu'il occupa de 1590 à 1508 et ne l'empêchèrent pas
de laisser à ses enfants une fOt,tune considér'able (l). L'un,
Jean, était en 1650 seigneur de la Rochette, pt'ésident au
bureau des finances de la généralité de Lyon; le secoad,
Aymé, seigneur haut-justicier' de la Roche-Jullié, Julienn'3S,
Vaulx et la Charme, était conseiller dn Roi et son procureur
en la généralité de Lyon (2). Quant au troisième, nommé
père, il est permis de supposer que,
Guillaume comme son
quoiqu'entré dans l'églif:e, il n'était pas dépout·vu d'ambi­
tion, car il lia sa fortune à celle du plus turbulent des prélats

de J'époque, le cardinal de Retz. Toutefois, lorsque le car-
(1) P Pollier de Courcy (Nobiliaire et Armorial de Bretagne. Tome l,
p. 'l28), décrit ainsi les armes de la Camille Charrier: d'atour ci une. l'oue
d'QI' sl/I'moniée rI'ml lambel rie trois pendants de même. (Armorial de
1611û); devise: Semper in orbita. Le cachet dont Caisait usage l'ablJé de
Quimperlé ne porte pas la devise ni le lambel : les armes des Charrier
sont écartelées d'un écusson portant de ....... à la ban'e de ....... accom­
pagnée C/S trois téte.ç de lévrier (71, une Cil chef et deux eu }Jointe .
Les archives du département du Hhùnepossèdent de nombreux documents
rclaLHs à la famille Charrier (E. :lUÎ-Ji5, fonds Cbarrier; E. 4J3-474,
Conds Colabeau de Juliénas). L'inventaire sommaire mentionne plusieurs
actes concernant l'abbé Guillaume Charrier el son ne\'eu Jean-Baptiste
Chaniel', prieur de la Salle, en Juliénas, près Lyon.
(2) Ces renseignements sont tirés des lettres patentes de Louis XIV, du
2! juin 1(jjU, portant défense d'inquiéter à raison de leur noblesse Jean
et Aymé Charrier; Guillaume Charrier. abbé de Notre-Dame de Cbaage­
les-Meaux, grand obéantier de Saint-Just de Lyon, el Gaspard. CharTier,
conseiller du Hoi, lieutenant assesseur criminel au Présidial de Lyon,
(Archives du Finistère, fonds de Sainte-Croix, H 179/ .

dinal définitivement vaincu eut été abandonné par le plus
grand nombre de ses partisans, Chanier eut le mérite de lui
demeurer fidèle; il ne se laissa pas tenter par l'olTre d'un
évêché (1), mais resta l'un de ses conse illers les plus zélés
elles plus écoutés,llotamment dans «l'aITairedu Chapeau.»(2)
Le cardinal voulut récompenser cet attachement en se dé­
mettant en sa faveur de son abbaye de Sainte-Cl'oix de
Quimperlé (3), mais Charrier mourut avant d'avoir reçu ses
bulles; l'abbaye put être conservée pour l'un de ses neveux,
un troisième Guillaume ChalTiel', qui devint ainsi le trente­
huitième abbé de Sainte-Croix.
Le monastère, depuis tl'ois-quarts de siècle, semblait être
devenu un fief de la maison de Gondi (4), que Notre-Dame
Buzay, au diocèse de Nantes (5). Sainte-Croix était peu à
tombé dans un déplorable état de décadence matérielle et
spirituelle. « Les religieux dinoiont ct soupoient en com-
(I) D. Placide Le I,uc. Histoil'e d3 l'Abbaye de Sainte-Croi:!: de Qlli7ll­
IJedé, p. 493. P. Le Duc esl singulièrement indulgent pour le cardinal de
Retz lorsqu'il nous dit que« ce seignelU' avoit la bon lé et la générosité
• pour partage .•. , qU'Il lut encore plus illustre par sa piélé et par son
• mérile que par sa naissance et sa dignité .... ele. »
(2) Cf. Mémoires du cardinal de Retz et de Guy Joly .
(3) L'abbaye de Buzay fut abandonnée à Lefebvre de Caumartin.
('l) Cet état de choses étai l fréquent en Bretagne, comme d'ailleurs dans
les aulres provinces de France: les Chasteignier de la Hocheposay possé­
da Beauport, les Cossé celle de Saint· Melaine, les Cambout
daient l'abbaye
celle de Saint·Gildas, etc, Cet abus disparut en partie sous Louis XIV:
• Le Roi a donné il l'abbé du Pas de Feuquière5 l'al:.baye de la Melleraye.
la mort de l'archevèque de Houen et l'abbaye qu'avoit son
qui vaquoit par
oncle, l'abbé de Feuquières (l'abbaye du Helee, au diocèse de Léon) a été
Llonnée à l'abbe de Grancey, neveu de l'archevêque de Houen, Ces deux
peu près du mème revenu et le Hoi a fait ce cbangemenl-là
abbayes sont à
pour montrer qu'il ne veut pas qlle les bénefices se pe'pétuent dans les fa­
milles, lJournal de Dangeau, '21 avril lG91},
(5) Le conseiller du cardinal de Helz, Guillaume Charrier. abbé de Notre
Dame de Chaage-les-lIteaux el aumônier de Gaslon, duc d'Orléans, lieule_
du royaume, et l'abbé' de la Rivière (mort évèque-duc de
nant-général
Langres), furent les parrains .du futur abbC de Quimperlé (né à Lyon, le
10 aoùt 1G41), Il eut pour marraine sa tanle Eléonore Charrier, veuve
de Belair. (Mémoires de G, Charrier, édi tion Le Men, page 530).
Grolier

o mun au réfectoire, mais qui vouloit y trouver sa portion
• de vin devoit l'y avoil' portée. C'étoit un acte de régularité
« de manger après prime le morceau de lard a déjeusné.
« La ~ison estoit ouverte aux deux sexes, la grande salle
« servoit de jeu de boules aux habitans et les chambres des
« religieux de beuvetlf:s aux bons garçons (1) », La réforme
de l'abbaye et l'aÎ'l'ivée des bénédictins de Saint-Maur fit
cesser ces abus 1665) ; mais il était résel'\'é à l'abbé Charrier
de sauvegarder les droits temporels de l'abbaye, Il contribua
de ses deniers à faire édifier ou réparer le cloître et le dortoir
du couven!., la maison abbatiale, la pr'ison, les ponts, l'hô­
pital de la ville, et s'employa à défendre les droits de son
abbaye dans les innombrables procès que soutenaient les
l'eligieux contre les repl'ésentants du Roy, contre les vicaires
Saint-Colomban et de Saint-Michel, contre les habitants
. de Quimperlé, contre les vassaux et les Cermiers des terres de
Callac et d'Houzillé ; en un mot, contre tous
. Cornouaille, de
ceux qui. de près ou de loin, avaient le malheur de froisser
les droits souvent imprécis de l'abbaye. ChalTier trouvait
cependant encore le temps de s'occuper des affaires de la
province pendant les sessions des Etats de Bretagne et de
remplir la mission délicate de syndic du clergé de Cor­
nouaille (2). Il se loue dans ses mémoires d'avoir été un
(1) Dom P. Le Duc. Ilistail'e de Sainte-Groix de Quimpel'lé, page 474. Il
convient de remarquer que les Bénédictins de la conHrégalion de Saint­
furent toujours duns leurs travaux historiques très sévèrcs pOUl' leurs
Maur
confrères non rétol'lnés.
,2) Charrier li écrit dans ses Mémoires qu'il supporta de grandes fatigues
mêllle cn péril de perdre la \'ie pendant la sédition dite du • papier
et fut
timbré ". Les nomhreux historiens de cette insurrcction n'ont cité aucun
documenl qui corrobore ce témuignnge ; mais peul-être fau :-il atlribuer ù
l'influence de l'abhé slIr ses vassaux le calme que conservèrenlles habitants
de la région de Quilllperlé, alors que de Carhaix il Quimper les campagnes
étail'nt en pleine insurrection. Le I:! décembre ltii5, G. Chanier était il
Carhaix lorsuue Pontgan cl I.leaulllo.nt assassinèl'ent le marqub de Mont­
gaillard Peu d'instants D\"anlle crime, l'abbé jouait tranqulliement avec
~1. de Pauline, commandant des troupes du Hoy à Carhaix. Son amour
pour le jeu eslle seul délaul qu'il ait avoué dons ses Mémoires. (Cf. E. du
Crest de Villeneu\·e. L'as.lassη llUt dit marquis de Alontyaillm'd. - Bulletin
archéologique de l'Association brelonne, 1896. Saint-Brieuc, 1897, in-S',
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE, - TOME XXVIII (Mémoires) 3

ami zél~ et serviable, et ce témoignage est confirmé par
de nombreux passages des lettres de Mme de Sévigné: Le
1 er septembre 1680, elle écrivait des Rochers à sa fille:
(l Nous avons trouvé un ami qui pourra nous estimer les
u terres que Mme d'Acigné nous offre, et nous lirer de touLes
(l nos affaires avec celui que Mme d'Acigné nommera de son
« côté; si nous réussissons, nous n'aurons pas perdu notre
u voyage: cet ami est le fils de M. Charrier, de Lyon, que
« nous cOllnaissons; il a une abbaye en Basse-Bretagne, et
a voilà comment les choses se tI'Ouvent par hasal'd dans une
« visite. lorsqu'on y pense le moins (1) D.
G. Chanier ne tl'ompa pas l'attente de Mme de Sévigné,
et, grftce à ses bons ofl1ces, l'importante terre de Lestremeur,
en Bodivit, entra dans le patrimoine de la famille de Sévi­
gné (2). Quatre ans plus tard, la marquise revenant en Bre­
tagne, toujoul's inconsolable de l'absence de sa fille, trouvait
queltjue soulagement dans la conversation de l'abbé de
Quimperlé: « Je trouvai sur le bOl'd de ce Pont (de Cé) un
• carosse à six chevaux qui me panlt être mon flls : c'était
« son CaI'osse, et l'aLbé Charrier qu'il a envoyé me recevoir
« parce qu'il est un peu malade aux Rochers; cet abbé me
« fut agréable. Il a une petite impression de Grignan par
« son père et par vous avoir vue qui lui donna un prix au
u dessus de tout ce qui pouvait venir au devant de moi. Il
« me donna votre lettre écrite de Versailles et je ne me
u contt'aignis point devant lui de répandre quelques larmes
(1) Lettre ecrite des Rochcrs. Il scmble que même avant de connaître
Mu de SCYigné, l'abbé Charrier aimait à recevoir de ses
pcrsonnellement
fermier dc IIvuzillé, Vaillant de Chambonneau.(Cr. infra.
nouvelles par son
Lcttres du 26 janvier Iliï4). Dans dcs lettres des 13 novembre lli71, 17 mars
16i:! et t3 anil lliï4, Vuillant rcnseignait son correspondant sur les dé­
placements de Mm. ue Sévigné,'. la belle voisine, de Houzillé.
(:!) Marie-Anne d'Accigné épouse, en 1li50, de son oncle Jean-Léonard,
céda Leslremcur vers 1(;50 à la marquise de Sévigné en
comte d'Accigné,
pal'cment de delles anciennes. (Renseignement dù à l'obligeance de M. n.
de Kerallain, propriélaire acluel de Lestremeur) .

" tellement amèt'eii que je seI'ais étouffée s'il avait fallu nie
u contraindre (1) ». Et plus tat'd elle défendait son confident
contl'e les sévél'ités de sa fille: u Ce que vous m'avez dit de
u l'abbé Chanier est fOl,t vrai; il n'a pas les grâces 'de son
« père, mais il a un espt'it droit et juste, un bon sens et un
« bon creul' que je ne lui conseillerais pas de changer contre
« personne de Lyon ni de Paris ... (2) Voilà un remet'cÎment
~ . de mon bon abbé Chan'ier; s'il n'avoit voulu vous écrire
« que comme à moi vous aimeriez ses lettres naïves et natu­
a relies, mais voll'e espt'it sublime l'a embarassé dans un
« soleil, dans un atome. Ne laissez pas d'y répondre, payez
a pour moi et assurez-le que votre soleil aura toujours
CI beaucoup de considération pour son atome, que vous
" verrez toujours en lui le fils de son père et un homme à
" qui votre mère est fort obligée .... (3) n. Mme de Grignan
suivit le conseil maternel et daigna écrire à l'abbé Charriel'
une letLl'e aimable (4) qui ne nous a pas été conservée. Par
contre (mais la compensation est insuffisante), les archives
du Finistère possèdent un certain nombre de leth'es de
Jacques Vaillallt de Chambonneau, fel'lllÏet' général de
la seigneurie de Houzillé (5), qui nOlis donnent des ren­
seignements curieux sur la société vitréenne au X V II"
(1) Lettre écrite des nochers le 18 jnnvier 169u.
(~) Lettre écrite dcs nochers le 7 mars 1G85.
(a) Lettre écrite des llochers le 18 jnnvier 16\)0. Cf, les lettres des 20 et
2'1 septembre el 1" octobr'e Hi8·1, 1" noùt !G85, 7, 18 et 23 féHier 1689.
('1) Lettre écri te des nochers le 22 févr'ier 1690.
(5) Vaillant de Chambonneau ct ~Iarguerite Le Segrétain, sa femme, de
Notre-Dame de Vitré, prirent à ferme toule la terre de Houzillé, moyen­
llant une redevance annuelle de 2,~OO livres. Les précédents fermit:rs
avaient été .Jean Lambaré, sieur de L\ollières (1(j53), Henéde Marcillé (1668/,
Guy Bergeron t IGil). Au XVIII" siècle, nous trouvons les fermier3 suivants:
Bcnj~min Chill'il, sieur de la Boulo~'e (1747), Nicolas Cochet, notaire (17G7),
nené Millaut de I:loislouyeau (lï7o), Madeleine ~oulastre, femme de Claude
Dorve, capil~ine de Yüisseau, et Pierre Jouin, avocat (1784/, fermage,
5.(;00 livres. (Archives du Finistère, H 169·173). .

siècle, sur ces sénéchaux et alloués, bourgeois ou hobe-
reaux si souvent et si cruellement critiqués par la châ-
telaine des Rochers (1). Les autres correspondants de l'abbé
de Quimperlé étaient l'évêque de Quimper, Mgr de Coëtlo­
gon, auteur de nombreux billets très courts, mal écrits et
incorI'ects (2) ; Fl·.-H.de Plœuc,qui devint évêque de Quim­
per (3) ; le l'ecteur de Gouesnac'h, un des memhres les plus
assidus allx l'éllnions du hureau du clergé de COl'nouaiIle, le
recteur de Botoha, qui procéda longtemps contre ses con­
frères et contl'e les agents du clergé: « On se ressent en ce
« pays-là de la rudesse du pays; on y trouve des hommes
« d'une rudesse inll'aitahle (4) n, disait rabhé de Coetma­
deuc (5), Mme du Stangier de Penanec'h inrol'mait Chanier
de ses efforts pour obtenil' des seCOUl'S à l'hôpital de Quim­
perlé, pauvre et sans revenus t1xes, que les habitants de la
voyaient d"tll1 mauvais œil comme tout ce qui dépendait
ville
de l'abbaye. Chanier employait ses nombreux amis à solli­
citel' la conversion de cet établissement E'1l hôpital général,
contrôlait la comptabilité et pl'enait des notes minutieuses
(1) On trouvera dans l'excellent oUl'l'age de ~1. Frain de la Gaul"~'rie,
Tableaux uélléalofliqltes des ramilles In'e/onnes, Hennes, 3 "olumes in-S" des
l'enseignements SUI' la plupart des personnages mentionnés dans 'les lettres
de Vaillant. .
('2) François de Coëtlogon, né en IG3t, fut évêque de Quimper, de IGG8
(3) François-Hyacinthe de Plœuc du Tymel1r, évêque de Quimper, de 1707
(~) Lettre du t3 septbmbre 1700. Botoha avec ses rêves de Lanrivain,
population de 12,000 ha­
Keriel, Canihuel, Sainte-Triphine formaient une
En tti4\J, le recteur, E. Micholl, avait suscit~ le plus d'obstacles
bitants.
pOSSibles aux l1li~sions du Père Maunoir. (Séjourné. /lis/oi/'e de J.Maulloù·.
Paris Hlllj. Tome l, pages ~i7-'79).
(5) Guy dt Lopriac de Coetmadeuc, Qui devint abbé de N.-D.de la Chaume,
était !'un ues corre~pond:lnts les plus assidus de t'abbé Charrier. Il lui
apprenait les nouyelles du pays ue Quimper et lui demandait en échange
de petits scnir.es. Le t3 oeptcmbre t711U, il le priait ue solliciter de 1\1. de
Boi~anger « des boules de hézoard de la gro~seur d'une grosse noix •. Le
bézoard était un composé de calcus ou de ~ecrétions animales auquel on
attribuait des vertus curatives presque miraculeuses.

sur les indigents qui semblaient dignes des secours de la
charité publique; ces notes qui jeLlent un jour assez curieux
sur le paulJérisrne à Quimpel'lé au comn1encement du XVI 11
siècle, nous révèlent l'existence de noml)l'eux mendiants ou
infirmes, de malheureuses réduites à l'in-digence pal' le
départ de leurs maris enle\'és depuis sept, dix, onze ans
pour sen'il' dans les armées du Hoi, el aussi d'Irlandais· ct
Ecossais, débl'is des familles et des régiment~ catholiques
tl'anspol,tés en Bl'etagne apl'ès la capitulation de Limerick:
« Elene Ealienan, veuve de Dnlliel Corquif, hibernois,
« demeure Jacques Le Sel'rul'Ïer; elle a le calal'he, elle ne
« peut travailler , elle demeure en ville depuis très longues
« années. Elle a une fille, Marie Corquik , mariée à Denys
' « Conal, qui est à: la guelTe depuis lI'ois ans, sans enfants.
" Elle file la quenouille, elle fait de la bière et ya à la journée
« quand elle trouye. La susdite Hélène ayait un lit avec une
« coette de balle. Elle n'a pas youlu en déelat'er davantage,
u et a dit qu'elle devait 6 lines pour son louage (1) D.
Lorsque G. Charriel' est loin de son .abbaye, à Pat'js ou à
Lyon, près de sa mère, le pI'ieur lui mande tous les petils
éyénements qui ont troublé la monotonie de l'existence des·
religieux. Ces lettres ne nous sont pas parvenues; les ré­
ponses de Chanier, écrites dans ce style naïf et naturel
qu'aimait Mme de Sévigné, sont pleines de cOllseils pieux,
de recommandations souyent un peu banales, et laissent
percer la fierté de ses [rayaux et la satisfaction de soi·même
qu'il a étalées dans ses Alémoil'cs.
Ce fut loin de Quimperlé, à son château familial de la
Hoche, près de Lyon,que la mOl't surpI'it Guillaume Charrier,
le 5 septembre 1717; il laissa à ses moines le souvenir d'un

(1) Archi"cs du Finistère, H 113. Les notes de "abbé Charrier coneel'·
neDt une quarantaine de familles pauvres .

supérieur bienveillant et charitable. Les exigences pécu­
niaires de son successeur, Christophe-Louis TUl'pin de
Crissé de Sanzay le firent souvent regretter.
L Vaillant de Chambonneau à l'abbé Chan'icl' ('1).
A Vitré, le 22' janvier IGn .
Monsieur,
Depuis votre dernière je suis toujours demeuré dans If'
silence parce que je n'ai trouvé aucun sujet digne de vous
écrire, mais il s'en présente un bien funeste dont je ne puis'
m'exemptel' de vous informer, sachant bien que vous en serez
beaucoup touché: c'est la mort du pau\'l'e 1\1. de la Gui­
chardière, fils aîné de M. de l\farciIIé, qui s'en retournant
mercredi dernier du bourg du Pertre avec M. de Bl'émanfanil
et M. de la Chapelle, firent rencontre dans le chemin d'un
homme du même bourg qui avait un fusil lequel ayant
jeune
près d'eux sans les saluel' ils lui dirent qu'il était bien ·
passé
iI1solent et se mirent en devoir pour lui ot.er son fusil si bien
que ce jeune homme s'étant jeté dans un champ pour se
sauver, M. de la Guichardière fit passer son cheval et le pour­
de près, ce que voyant, ce coquin lui fit face et le tua
suivit
tout raide mort d'un coup de son fusil et se sauva. On l'en­
terra aujourd'hui à Argentré où je vais présentement. Tout le
monde est extrêmement amigé de la perte de ce jeune gen­
tilhomme.
Nous aurons lundi prochain pOUl' alloué M. de Gazon, fils
de. M. de la Lande-Grimaudet.. ...
Ma femme vous baise très humblement les mains et je suis
(1) Cette lettre et les suivantes nppartiennent nux nrchives du Finistère,
de Sainte-Croix de Quimperlé, carton H 178. .
londs

sans réserve, Monsieur, votre très humble et très obéissant
serviteur.
DE CHAMBONNEAU (1).
II. Le P. Claude Martin (UL P. Boisgalltier, sOlls-priwl'
de l'abbaye de Sainte-Croix (2). .
Pax Clwisli. De Paris, le 1-1 mai 167'2.
Mon Révérend Pèrl',
Vous demandez avis au très Révérend Père général de ce
que vous avez à [aire sur les prétentions que M. votre évêque
a de faire la visite du Saint-SlIcrement de votre église et de
convoquer chez VOliS les ecclésiastiques de la ville. Pour réponse
je vous dirai que quand vous saurez que mon dit Seigneur
sera dans la ville vous l'irez saluer avec tout respect sans
faire paraître que vous sachiez rien de son dessein; s'il vous
en parle ou bien s'il vous le fait signifier, vous lui représen­
terez que c'est une nouveauté et que cela ne s'étant jamais
fait, vous le suppliez de ne pliS commencer. S'il persiste vous
lui direz que vous êtes en congrégation où les visites se font
(1) La seigneurie de Houzillé dont Vaillant de Chumbonnea u était fer­
mier est ainsi décrite dans une lettre de Vitré. le:V1 septembre 1715, par
le P. M. Béardin au P. Jacques Le Maitre. procureur de Sainte-Croix:
« La terre de Houzillé consiste en une maison seigncuriale qui n'cst pas
considérable, en six métairies qui ont chacune un bois plus ou moins grana,
une closerie et un moulin; elle a onze tiels qui rapportent GO livres en
argent ct 60 boisseaux d'Jvoine, mais autant en est-il dù au baron de Vitré.
seigueur de Vergeal. banc et al'moiries dans l'église, a été affermée ~,800 1.
autrefois, il ya douze ans ?,~OO livres, il y a six ans 2,050 livres, toutes
charges payées. Ce dernier ùail finit à la Saint-l\Iarlin prochain. M. La
Favrie l'avait repris, mais la mort de 1\1. l'abbé rend son bail nul. JI faut
beaucoup de relevées de ce'uvertures .... l'étang est comble, le manoir patit
dans un pignon en hau!. ... »
(2) Nous publions celle lellrc, quoiqu'elle ne se rapporte pas directement
à l'abbé Charrier, pal'ce qu'elle donne des renseignements curieux sur l'étut
d'esprit ct les préoccupations des rrligieux de son abbaye. Les preparatifs
de résistance du Père Boisgautier demeurèrent inutiles, car il ne semble
pas que l'évèque ait tenté en 1/j7~ de faire la visite de l'église abbatiale.

régulièrement tous les ans, et ainsi que vous devez jouir du
privilège du Concile de Trente qui exempte · de la visite des
évêques les monastères qui sont en congrégation; s'il s'opi­
niâtre, vous le conjurerez de ne faire aucune innovation parce
que dans la charge où vous êtes, vous êtes obligé de ne le pas
souffrir et que vous seriez marri qu'il se mit en danger de ne
pas avoir la satisfaction qu'il désire. Après cela vous vous
retirerez doucement sans contestel' davantage. Cependant,
vous aurez soin de tenir les portes de votre église bien ferm ées
comme aussi celles du chœur et du tabel'Oacle et aurez soin
d'avoir toujours prêt un notaire et deux témoins extel'Oes
afin que s'il fait rupture vous demandiez acte de la violence
et lui fassiez signifier une opposition et un appel comme
d'abus de tout ce qu'il pourrait faire même des excommuni­
cations et interdits qu'il pourrait jeter contre vous et votre
église. En tout cela vous et vos confrères prendrez garde de
lui parIer toujours avez respect et à ne faire aucune action de
fait qui lui puisse donner occasion de yerbaliser ou informel'
contre vous de crainte que d'une bonne alTaire vous n'en
fassiez une mauvaise.
Je me recommande à vos saints S vérend Père, votre très-humble et très-alTectionné confrère,
Fil. CLAUDE MARTIN, M. D.
III. Vaillant de ChambrmneG1t à l'abbé Cha1'1'iel'.
A Vitré, le 13' de l'an 1673. .
Hier au soir, â mon retour de Houzillé, je trouvai votre
lettre du ge du courant remplie de toutes les bénédictions des
patriarches de l'ancien testament que vous nOlis donnez
généreusement et libéralement pour nos étrennes de cetle
année dont nous vous sommes extrêmement obligés et vous en
faisons mille remerciements ma femme et moi.
J'ai rendu votre lettre à notre illustre voisine qui l'a reçue
avec beaucoup de joie, elle m'a prié de VOliS faire des baise­
mains aussi bien que M. et Mm du Cerniz, ils se portent tous
- parfaitement bien à présent.
Nous apprîmes hier de Saint-Malo que M. d'Estrées est
arrivé à Lisbonne el qu'il ell doit partir au premier jour pour
se rendre fi Cadix ou M. de Martel le va joilldre avec six
navires de guerre dont il escorte les navires chargés de mollies
depuis Mal'spille jusqu'à ce port et de là on leur en dOllnera
. d'autre pOlir le convoyer jusques à Saint-Malo. M. d'Estrécs ,
doit attendre le retour des galions afin de favoriser les
marchands français pour retirer leurs elfets
Puisque vous désirez sa\'oir ce 'lue nous apprenons clc Paris
je reçus lundi une leUre de M. clu Chastelet clont. la premiGrc
feuille est remplia cie louèlnges et cie recommandations pour
vous et ensuite il me mande en ces termes pour nouvelles:
(( VOliS savez la lovée du siège de Charleroy etquc Montald
« força un quartier pOUl' se jeter dedans. Depuis le cluc de
« Luxembourg a taillé en pièces trois mille hommes et les
« troupes qui sont campées à ULrecht sont parties pour allcr
« brûler les faubourgs d'Amsterdam. 1\-1. le Prince revient et
« ses troupes se mettent en quartier d'hiver. Avec tout cela
« on croit la pa ix. Vous sa vez la mort du Roi de Pologne
« Casimir; l'abbaye de Saint-Gel'main des Prés est pour le
« petit prince fils de Madame La Vallière. Je suis extrêmement
« fâché des dé~orclres de la Bretagne: le Roy est le maltre. il
(( fallait obéir et puis implorer ses grllces. Il y eut arrêt
« vendredi au conseil d'en haut pal' lequcl Mrs deBrétigny et
« de Gouello du Frémur ('1) ont ordre de se défaire de leurs
(( charges et M. Barin exilé. On parle de transférer le Parle·
« ment il Nantes. On croit pourtant que les choses s'arrange·

(( l'ont, le Roy est bon et juste Il . .
M. Boustin mancie ;l M. de la Mothe que M. le clue de
Luxembourg a défait 6.000 hollandais à plat de couture, tant

tués sur la place que faits prisonniers. On attend aujourd'hui
la confirmation de celte nouvelle.,.. .
Voilà, Monsieur, tout ce que nous savons des nouvelles qui
concernent l'État.
...... J'ai fait vos baise-mains à 1\1. et à Mme l'Alloué, en
présence de Mlle de Gazon, qui s'est fort offensée de ce que
vous ne pensez point à elle, en disant: (( Ha ! le gros vilain,
(( le gros vilain! il m'a oubliée; j'en suis bien fâchée contre
(( lui. Je vous prie de lui mander )J. M. et Mme l'Alloué m'ont
prié de vous assmer de leurs très humbles services.
Nous passons le temps aux assemblées, il yen a de tous
les calibres comme vous savez et chacun prend son parti. On
fait peu d~ repas ensemble, c'est ce qui fail que je me couche
de bonne heure à mon ordinaire.
Je me rendis mardi au soir à Vergeal. .. il m'a fallu coucher
deux nuits dans le bon petil dodo où nous couchùmes si
délicatement ensemble; je n'ai non plus dormi qu'un lutin et
les puces m'ont pensé dévo rel :. Je n'ai vu qu'un moment l\f.
le Recleur qui est fort irrité contre M. du Parillon qu'il accus.e
d'avoir voulu manger sa molue pendant qu'il chantait la
grand messe le jour des Rois et dont il prêcha sur ce sujet
dimanche dernier, il a chez lui une sœur ainée de Mademoiselle
de Launay qui est la surintendante.
. 1 V. Le même au même.
A Vitré, le 2û' de l'an 1671.
Je vous ai écrit ce matin, mon bon sire,par le messager que
j'ai chargé d'un paquet de ch"aussons, chaussettes et bas à feu
dont j'ai fait l'adresse à M. Charles, procureur au Parlement,
pour en charger le messager de Quimper.
Voilà une leure que je reçus lundi par la poste et dont j'ai
eu grande démangeaison de faire l'ourerture croyant que ce
sont nouvelles afin de mieux expliquer la lettre de Madame
la marquise de Sérigné du 20 qui me mande en ces termes:
J'attends mon fils à tous moments et peut-être ma fille. Celle

grande apparence de guerre s'est terminée plus heureusement
ne pensait.Ne diriez-vous pas que la paix est faite mais.
qu'on
. comme ces bonnes nouvelles feraient plus de bien. Par ma foi,
je ne sais qu'en dire et je m'imagine que ce n'est que la queue
de M. de Luxembourg qui s'est dégagée plus heureusement
qu'on ne croyait. (1) .
Mais revenons à nos moutons: j'eus donc mercredi dernier
toute ma compagnie, il ne me manqua que M. ct Mme de la
Louvelais qui sont malades, Je leur donnai qualorze perdrix,
autant de bécasses et de pigeonneaux, un aigncau fort gras,
un dindon et une longe de veau à la daube, une tourie de
pigeonneaux et un paté de langues ayec des salades el deux
douzaines de tn~s bonnes oranges. le dessert il l'équipollent,
bon vin blanc, clairet et d'Espagne, ayrc grand feu el grande
réjouissance au son cles \'iolons et des chansons cie Mlle cie la
Fautrière, et cie Milo cie la Bénflrdais. On ne manqua point
aussi de saluer yotre santé de la bellè manière elnprès le
souper nous fumes visités pal' une belle compagnie de masques
savoir: M. le Procureur fiscal. l\-J. de la Mathelais, M. de Iii
Courbe el I\L cie Gaillon qui menaient Mlles de la Marre, de
Gennes, de la Morandière ct de la Grange qui étaient parfai­
tement bien habillées et nous tinrent compagnie jusqu'il deux
heures après minuit sans qu'il me prit une ell\'ie de bôôller
(sic) une seule fois, tant j'étais rayi d'aise. Enfin tout se passa
le plus gaillardement du monde: les masques eurent même
la bonlé de laisser '13 pistoles à mes commis. Nous devons
passel' les trois demiers jours du Carnayal au ChaslelN ct
cela est résolu contre l'ayis du président qui n'aime pas les
emba rras de la corn pogn ie en hiver ('2).
(1) Vaillant ne semble pas avoir transcrit tn's fidèlement la lettre de
M'" de Sel·igllc. Il serail il désirer que les érud i ts l'il rpens recherchassen t
les papiers de Vr.jllant tle Chambonneau et en parliculier les leltres qu'il
de sa " helle l'oisinc »
recevail
(2) On ,"oit que les habitants de Vitré étaient d'humeur gaie et aimaient il
diner les uns chez les autres. LI! ~ décembre fti7-! Vaillant informait l'ahbl'
Charrier qu'il l'enait d'entreprendre « une petite socicté entre M. l'Alloué,
M. le P\'ocu\'eur, 111. de la Loul'elais UI"CC leurs femmes, 1I111e de Lentillèrc,
ma femme cl moi pour manger ensemble trois fois la semaine >,

Voilà tout le détail de nos affaires, failes nous savoir l'état
des voIres que nous vous souhaitons heureuses.

V. . Le même an même.
Vitré, le 12' février 1G74 .
. Jeudi au soir à mon retour de Vergeal comme je méditais
à vous faire des reproches pOUl' votre long silence, mon bon
seigneur, je reçus la votre du !je qui me fit rengainer ma
colère pour recevoir vos excuses légitimes et ensuite pour me
l'éjoUir du bon état de votre santé et de votre heureuse alTivée
à Quimperlé où étant préselltement parmi les turbots, les sole.,
et. les saumons, vous avez tout sujet de vous narguer de nous .
qui sommes san., poisson Cela vous récompensera de la perte
que vous avez faite de nous avoir abandonnés au moment que
nous commencions nos réjouissances du Cal'l1aval qui ont
du Ca­
continué très agréablement jusqu'aux premiers jours
rême: nous avons passé les trois del'l1iers jours du Ca l'I1ava 1
au Chàtelet, savoir M, et Mme la Sénéchale, M., Mme et Mlle du
Gazon, M. et Mlle de la Bénardais, M, et Milo Collot, MM. du
l1es
Plessis d'Argentré, de Nouail, 1\l de 1\Iaisonneufve-Le Coq
et ma femme et moi avec quatre bons violons .. " et j'oubliais
les trois demoiselles de Launay, Mlles de la Rouvray, du
Cormier et la petite d'Argentré. Je vous assure que je n'ai
mon temps plus agréablement, nous étions tous
jamais passé
couchés et cbauffés à merveille, faisions une chère magni-
le seigneur et la dame de la maison étaient ravis de
tique,
nous avoir. Nous nous déguisâmes de mille façons pour chan­
nos farces et nous donner de nouveaux sujets pour rire;
ger
MII~ de la Fautrière fit parfaitement bien son personnage et
. se fit admirer autant au masculin qu'au féminin. Enfin, nous
ne manquions que de vous pour rendre nos plaisirs pal'faits,
nous rabillasmes un peu ce deffault en boivant souvent à votre
santé, c'étoit notre seule consolation. Lorsque je reçus votre
lettre jeudy M. du Chastelet estoit CbéZ moy qui s'en saisit

pour la faire voir à Mlle de la Fautrière. J'en attend aujour­
d'huy des nouvelles: je n'ay pas manqué de faire vos baise­
. mains à M., Mme et MUe du Gazon qui vous en font aussi
autant de leur partetde M. de Mme la Sénéchale .
..... M. le premier président arriva hier icy sur les trois
heures, ce qui nous surprist extrêmement et Messieurs nos
magistrats estant allés le saluer il leur dist qu'il avoit receu
l'ordre du Roy vendredy par la poste de partir en diligence;
il s'en va a cheval et Madame sa femme le suit en carosse,
elle doit arriver aujourd'huy icy. Nous ne scavons point ce
que cela veult dire.
On fait demain un service solennel à Notre-Dame pOUl'
·dellunt Mgr le ·duc. de la Trémoille; le père prieur des Béné­
dictins fera l'oraison funèbre dont je vous dirai des nouvelles
au premier voyage. Je vous fais mille baise-mains et je vous
supplie d'avoir la bonté d'assurer s'il vous plait le R. P. Dom
Yves Landry de mes très humbles services.
Nous apprenons peu de nouvelles de la guerre à présent
que les généraux sont tous en Cour. On dit que le Parlement
nous veut tourner casaque ce qui gaterait le po-
d'Angleterre
tage ou avancerait la paix. .
Ma femme est votre très humble servante et moy aussi
votre très humble et très obéissant serviteur.
\' AI LLANl'.
VI. Mgr de Coetlogon, évêque de Quimper a.u même .
De Loyal 11 décembre 1 iOO.
Je ne crois pas que mon neveu, l'archidiacre tienne de
bureau que vous n'y soyez ou ordonniez de le tenir ,et je man­
derai que s'il le tient on n'innove rien de contraire aux pré­
On ne saurait mieux faire que de suivre
cédentes délibérations.
vos précautions et de vos lumières ..... Je ne. manquerai pas
de mander à mon secrétaire qu'il marque la station de Car-
. haix que vous avez désirée pour le père récollet frère de votre
digne prieur .

On m'a dit qu'il y avait une nouvelle déclaration du Roy
qui permet aux évêques d'ériger en paroisse les trèves qui en
font une trop étendue. Est-ce que ce ne serait pas une bonne
chose que Rosporden fut une paroisse? (1) Si j'étais àRennes
je consulterais l'évêque de Tréguier : permeLlez-moi de le
saluer et me croyez, mon cher abbé, plus à vous que je ne
puis l'exprimer avec toute 1I10n éloquence.
FR. EVEQUE DE QunIPER.
VIJ. Madame du Stangicl' (2) ait même:
Le 3 décembre (170111
Je me donne l'honneur de vous écrire à l'occasion de Mme
de pennenjeun qui m'a chargée de vous apprendre qu'elle est
à Saint-Cyr depuis le ,!Oe du mois passé; le 20 elle eut l'hon­
neur ·d'Nre présentée à Mme de Maintenon et depuis elle a
celui de lui parler toutes les fois qu'elle a été dans la maison
Ol! Dieu lui a fait la grâce de se rendre agréable en sor te qu'il
dépend d'elle d'être reçue au nombre des dames de ce lieu;
son inclination la porte entièrement à y l'ester persuadée que
• c'est la maison de France la plus régulière et où la vertu se
pratique plus parfaitement mais elle a fait connaître qu'avant
de prendre son parti elle croyait en conscience devoir donner
quelqu'ordre à ses afIaires domestiques pal' rapport à ses
enfants; Mmo de Maintenon a eu la bonté de lui .dire qu'elle
la recevrait toujours à bras ouverts et a fait expédier les'lettres
pou\' )'Hopital-Général (3) et a voulu présenter elle-même un
placet au Roi pour demander une gratification. Cette nouvelle
(II Hosporden demeura jusqu'à la Hévolulion simple trève de la paroisse
d'Elliant.
(2) Celle lellre n'est pas sigQée mais le cachet armorié ((/'Il/'{Jtnl ci Irois
tOUl'leau:,; de yue!ll~sl indique que l'auleur élait la femme de Jacques du
Stangier, écuyer, sieur de Penanech, qui fut receveur alternatif des décimes
de l'évèché de Cornouaille.
(JI Le projet de ces lettres patentes existe aux archives départementales

nous donne quelque espérance que nos pauvres seront secourus.
A moins que Dieu ne nous envoie quelques biens étrangers on
est fort à plaindre parce qu'on languit ici cruellemenl. Pour
ce qui regarde le bon ordre, j'ose espérer, Monsieur, qu'en
èonsidération de Mme de Penn en jeun vous aurez la charité de
dire quelque chose à M. l'intendallt en faveur de notre hopilal
pour qu'il oblige messieurs de la ville à faire leur devoir. Il
est cruel qu'il n'y ait que deux femmes qui se mêlent de ceLLe
œuvre. Pour moi, monsieur, c'est de tout mon cœur que je
me suis attachée à cette œuvre pour suivre le bon exemr,Je de
Mmo de Penn en jeun et de Milo de Hautchamps, mais j'ai épuisé
la bourse de mon mari et je cherche une ressource dans l'argen t
qui est dû à mon fils du bénéfice de Lochrist. Si nous pouvons,
Monsieur, par votre crédit obtenir de M. l'intendant la main
levée, tous ces misérables qui sont renfermés ne manqueront
pas de pain. Je ferai si bon usage de cet argent que vous nous
. saurez bon gré, Monsieur, de nous avoir accordé votre protec­
tion. Mmo de Penn en jeun et Milo de Hautchamps seront nos
cautions de ce que j'avance, je ne parle pas à crédit CUI' elles
savent ce que j'ai avancé.
Faites moi l'honneur, Monsieur, d'être persuadé dè ma
sincérité et du respect avec lequel je suis votre très humble et
très obéissante servante.

VIII. L'abbé de Coetmadwc au même, à Pœ/'is.
A Quimper, ce 22 may 1 iO'l .
.... Nos troupes s'amassent de tous côtés et M. d'Estrées a
envoyé ici J'ordre à nos soldats de milice d'aller camper par
détachements aux paroisses de Telgruc, Camaret, Crozon et
autres lieux; la cavalerie de Vannes est ici qui n'aLLend que
le même orMe. Notre M.aréchal a assuré le Roy 'qu'il défen­
draitla Bretagne avec la milice et la noblesse, chose bien
difficile. En cas d'alarme, nous n'avons aucune cavalerie de

troupes réglées et je ne crois pas même qu'on songe à nous
en envoyer (1 1. .
Si vous voyez jour à parler à nos agents du clergé, deman­
dez-Ie.ur, s'il vous plait, si les Cours souveraines et beàucoup
d'a u tres officiers à peti tes cha rges de nou velle créa lion étant
exempts de contribuer au ban, pourquoi les ecclésiastiques
n'en seroient pas aussi exempts pour leurs biens patrimoniaux
nobles pour lesquels ils paient déjà capitation et assez consi­
dérable, car il me semble que leurs privilèges accordés autre­
fois nar nos Roys devroient en"core avoir la même' force à
présent et je vois qu'ils étoient exempts de touLes charges.
Je ne sais cOOlmentcela se pratique ailleurs mais il me paroist
que les ecclésiastiques. sont bien maltraités la dessus dans
ceLLe province.
L'allaire de nos chanoines pOUl' les m.aisons a été décidée.
Messieurs de Keranroch et de Lesguern ont gagné leurs procès
et ont chacun les deux maisons vacantes après avoir bien
bataillé pendant plusieurs audiences, ils ne se sont pas épar­
gnés de part ni d'autre.
Nous avons fini quinze jours de notre jubilé pendant les­
quels notre église a fait des stations dans les lieux marqués
pal' notre prélat. Nous laissons aux particuliers à faire la
même chose pendant le reste des deux mois ....

(1) Le recteur de Gouesnach, membre du bureau du clergé, écrivait le
17 mai: « M. le maréchal d'Jo:strées a passé par ici, il a resté dcux jours
à rEl'èc\lé, on nous menace d'une descente ries Hollandois ... , et le !) juin
de Quimper: • Nous sommes ici parmi maint défenseurs des
l'évêque
diocèses voisins du mien. Lcs lIolles d'Hollande et d'Anglctel'l'c uuies nous
menacent en deux ou trois ,jOUl'S par les grandes marées. 1\1. le Maréchal
n'cst point ellrayé ct donne les ordres avec son application ordinaire .....
Le même, ll'ois jours plus tard: • Il n'y a rien ici de noul'eou que la
crainte qu'on a d'une deseente pendant deux juurs que doÎl'cnl durer les
grandes marélls. Toutc la noblesse espère après cela retourncr chez eux.
Ils yiennent d'être obligés il faire une I(ranùe dépense: ils aimeroient
occasion chaude ct présentc. Voilà tout l'état dt: notre noblesse
mieux une
Catigué .... J

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' . IX. - L'abbé Cha.?'1'ie1', à M. de Nointel, intenda,nt
de B1'etagne.
A Paris, ce 2'\ juin 1701 .
Celte lettre, Monsieur, vous attend au passage pour vous
faire mes très humbles compliments et en même temps mes
excuses si je ne suis pas à Quimpel'lé pour avoir l'honneur de
vous y recevoir et vous faire l'honneut' de l'abbatiale où vous
m'avez promis de me faire celui d'y prendre votre logement.
Les personnes qui vous présenterout celte lettre sont chargées
de faire de leur mieux pOUl' vous le rendre le moins incommode
qu'il se pourra et pour vous invitel' à y prendre un peu
baleine et vous donner tout le loisir d'établir un meilleur ordre
dans la maison de ville qu'il n'y a eu jusques ici et de pourvoir
' . à tous les besoins de celle petite ville qui se ruine visiblement
faute d'une bonne police, des réparations du quai pour le
commerce, des ponts, des pavés et aussi etaussi d'une prison.
Le sénéchal de mon abbaye qui aura l'honneur de vous rece­
voir, homme d'une probité à toute épreuve et d'une réputation

digne de votre bonté et de votre considél'ation, vous expliquera
ou plutôt vous rendra raison de tout cela en particulier, si
vous voulez bien vous en informer.
L'on me mande que M. du Boschet fait avec vous, Monsieul',
la course ou le tour de la province; permettez-moi de lui faire
mille très humbles compliments et de le prier sous votre bon
plaisir de ne pas laisser nos grands. chemins de Basse-Bre- .
tagne, ponts à faire et à refaire, sans ressentir de son pas­
sage. Le public et le particulier lui en sauront tout le gré pos-

sible. Jc voudrais qu'il ne dépendit que de moi qu'en allen-
dantles récompenses éternelles il en reçut abondamment de
temporelles et telles qu'il les mérite.
Je suis avec respect, Monsieur, votre très humble et très

obéissant servi-teur.
L'ABBÉ CHARRIER.

X. Lc mêmc à D. Hardoltineau p1'icltl" de Sainte-Croix.
A Paris, ce 24 juillet 1702 .
Mon Révérend Père,
J'ai reçu votre lettre du '17 de juillet; je suis très sensible .
au souvenir dont vous m'honorez, mais la perte que vous avez
faite en quittant les délices de la Touraine pour les solitudes
les landes de la Bretagne et l'état f3cheux auquel vous avez
trouvé les facultés de la manse conventuelle me touchent si
fort que j'oublie ici à vous faire des compliments SUI' les
préférences que vous nous arez données et sur la résolution
où je vous vois de faire la porte clu couvent et ensuite d'ache­
ver les cloîtres. Quand je serai SUI' les lieux et que je serai
,un peu moins angustié dans mes allaires que je ne le suis,
clans vos besoins, n'ayant pas moins à
j'entrerai volontiers
cœur que toute la congrégation et vous en particulier, mon
Révérend Père, en avez pour le parfait rétablissement cie mon
abbaye et pour qu'elle soit quelque jQur en état de faire une
des plus commodes et des plus régulière~ communautés de la
congréga lion .....
Pour ce qui regarde l'hÔpital général ('i) il sera difficile si
les charités se refroidissent de le maintenir en l'état que vous
l'avez trouré. Quand vous ne pourrez plus de ses fonds cer­
tains ou casuels en soutenir toutes les dépenses, il faudra .se
aux plus nécessaires et faire comme on a déjà fait:
réduire
recevoir moins de pauvres dans l'hôpital, retrancher la distri­
du pain au dehors et ouvrir la porte à la mendicité. Ce
bution
n'est pas que si messieurs les directeurs et tous les habitants
de la ville voulaient entrer dans les considérations de leurs
(1) Le ''22 février 1 i02 CIJarl'ier écrivait il Don) Hardouineau : « Ce qui
« est fùcbeux c'esl l'aliénation de tous les habitants il faire du bien à
c l'hôpital parce qu'iI dépend de l'abbaye et qu'ils ont un éloignement et
« une telle aversion pour tous les droits de l'abbaye qu'ils la marqllent en
• toute occasion. Je n'ai rien oublié depuis que je suis abbé pour les
« obliger à prendre d'autres sentiments ... » .

propres intérêts et de tous les avantages qu'il en revient au
public et aux particuliers ils ouvriraient leurs bourses et ne
diminueraient en rien leurs charités. Il est à propos avant de
prendre des délibératio~s extrêmes et d'une si grande consé­
quence de faire prier M. le Procureur du Roi, M. le Syndic et
tous les autres directeurs d'assister au bureau et les exhortér
ensuite de porter leurs remontrances en la maison de ville
pour y prendre des délibérations convenables au temps pour
le repos et le bien de tous les habitants .
me recommande toujours aux prières de votre com­
munauté que j'honore et que je chéris comme un père ses
enfants; ne me refusez pas un peu de part en votre chère
me croyez aussi parfaitement que je le dois, Mon
amitié et
Révérend Père,
Votre très humble et t~ obéissant serviteur.
L'ADnÉ CHARmER.
XI. - Le même au même.
A Lyon ce ·i octobre 170:2.
... Il n'est pas en mon pouvoir, quelque bonne yolonté que
j'aie de mériter le litre honorable et spécieux de restaurateur
d'u ne a bba ye il laquelle il ne l'esta it pas:q ua nd j'en ai été pou l'VU,
la seule apparence d'une maison régulière et conventuelle s'il
n'y avait eu cinq ou six religieux de votre congrégation et dont
les biens el les droits n'étaient pas en meilleur étal. Il faudrait
un Allain Caignard, ou quelqu'un de ces anciens ducs de
Bretagne qui l'ont fondée pour vous faire jouir de tous les droits
ils l'avaient enrichie et pour lui redonner son premier
donl
lustre. Ce sera beaucoup pour nous si nous pouvons avec tout
le crédit de 1(1 congrégation, ,"os soins elles faibles conlribu-
tions d'un abbé plein de bonne volonté et d'un si médiocre ,
revenu (qui d'ailleurs est épuisé par tout ce qu'il a déjà faiL
et par les malheurs des temps) en faire une maison et une

communauté de douze religieux qui puissent observer une
régularité édifiante et remplir avec dignité les fonctions atta­
chées à cette maison et empêcher que le père de famille ne
vienne et ne loue la vigne à d'autres vignerons comme on a
fait à Daoulas et à Notre-Dame de Folgouet et dans une infi­
nité d'autres bénéfices que les Révérends Pères de la Société
se sont ap'propriés (1).
Sur tout ce prélude vous pouvez donc compter que je consens
et approuve, ne pouvant de moi-même ni de mon fonù que
vous retiriez tout ce que vous pourrez des biens de l'abbaye et
que vous en fassiez votre profit. ...
trouve fort mauvais que M. de Villeroy, mon procureur
fiscal, en qualité de syndic, n'ait pas suivi le cérémonial
ancien quand il est question des Te Deum et de mettre le feu
aux feux de joie, contre ce qui s'est Pfaliqué et contre les droits
et prérogatives de mon abbaye: il fera bien de réparer la
chose, qu'il l'ait fait par mégarde ou de dessein. M. de !{erus­
tUIl1 ne m'en dit rien par s~ lettre, je lui mande de dire à son
neveu de ma part que s'il ne fait ce qu'il faut faire pour que
ce passe-droit ne soit d'aucune conséquence je donnerai bon
ordre qu'il n'arrive plus même chose par un de mes officiers
J'entends d'ailleurs qu'il travaille de concert et d'intelligence
aycc le Père Procureur pour la réformation et la conservation
de nos fiefs; mandez moi après cela si vous en serez content.
XII. Le même au même.
A Lyon, ce 28- février 1703 .
.... A l'égard de la nouvelle mairie qu'exerce le sieur du
Plessis-Pégasse, assurémen t on ne pouvait meUre cette com-
(1) Les jésuites avaient obtenu dn Roi l'union a1l collège de Quimper du
prieuré de LocDmand, malgré la rési stance acharnée des religieux de
Quimperlé. On pourra lire duns l'hi stoire de Sainte-Croix l'expression
du ressentiment des bénMictins contre les pères de la compagnie
passionnée
de Jésus - qui étaient, on doit le reconnaître, singulièrement plus zèlés
pOUl' le salut des ilmes que les .... ugustins de Daoulas, les chanoines du
Fo'goet, ou les Bénédictins de Quimpel'lé.

mission en main d'un homme plus entreprenant et plus auto­
risé; je suis accoutumé .de voir les habitants de Quimperlé
crier au feu quand tout est bru lé: que vingt des principaux
habitants se collisent et fassent une somme pour acquérir
celle charge et qu'ils la meLlent sur la tète de celui qui leur
conviendra le mieux. Je n'ai garde de m'en mêler après ce qui
s'est passé depuis peu sur les règlements de la maison de ville
à notre égard. Au reste quand ce nouveau maire s'avisera
d'entreprendre quelque chose contre nos usages et nos droits
à l'hôpital aux feux de joie et ailleurs dans les cérémonies
publiques, nous tacherons de nous défendre et de porter nos
plaintes dans tous les tribunaux du monde pour nous y con­
server. Vous ferez bien de ne pas vous laisser entamer, les
moindres négligences, faiblesses et omissions coutent cher à
réparer et après cela, la perte des droits utiles suit de près
celle des droits honorifiques.
Je vous loue fort d'ache\'cr votre cloitre, après quoi il fauclra
bien se reposer si la Providence ne nous em'oie pas des se-
cours extraord.inaires que nous ne prévoyons pas, .
On poursuit vivement les fanatiques des Cévennes et du
. Vivarais; 0'1 ne leur fait aucun quartier: en vérité ils n'en
méritent pas, ces malheUl'eux ont fait cles maux qui font
horreur et ce feu pouvait avoir des suites si les troupes du
Roy sous le commandement de M. le maréchal de Montrevel
ne les avaient arrêtés. On compte bien qu'on les réduira en un
état à ne plus faire de mal et à donner l'épouvante. On a été

obligé en c.etle ville de doubler et de tripler les gardes et de
se donner des mouvements extraordinaires pOUl' couper che­
min à toutes les menées et intelligences qui pouvaient s'y
pratiquer. .
Je YOUS sais bon gré eL à M. de !{erustum de la petite dé­
bauche que vous avez faile avec votre communauté dans l'ab­
batiale et je YOUS remercie de vous y être souvenu de moi .
J'embrasse cordialement et fraternel1ement tous vos religieux

et c'est dans les mêmes sentiments que je suis, mon Révérend
Père, votre très humble et très obéissant serviteur.
L'ADBÉ CHARRIER
Ce que vous me dites de l'évêque de Saint-Paul me sur­
prend fort, lui qui s'est fait sacrer et qui n'a pas d'autre de­
meure à Paris que dans le noviciat des Jésuites (1).
XIII. Dom Joseph _Miniac a1~ 1!tême.
PAX CHRISTI.
6 janvier 1704.
Mon Révérend Pêre,
L'acte de visite qu'on fait dans les prieurés n'est autre
chose qu'un procès-verbal de l'état où l'on trouve l'église, les
ornements, les logements, etc., qui sont au prieuré, par
exemple je mettrois: « Le 17 février 1704, nous prieur de ....
accompagné de Dom N .. .. religieux dudit monastère notre
secrétaire nous sommes transportés à .... en vertu de l'arrêt
de la Cour du .... lequel prieuré est distant de notre monastère
de .... lieues. Nous avons 1° visité la chapelle, les ornements
et autres choses appartenant au service divin, nous sommes
enquis du . nombre de messes qui sont dues et si elles sont
avons remarqué que telle et telle portes ou vitrés
acquittées,
sont. .. item qu'il manque un crucifix .... et autres choses.
Ensuite nous sommes transportés au logis pastoral dont nous
avons trouvé un plancher .... , item la couverture d'un tel côté
tout à fait ruinée .... , avons ordonné que telle et telle répa­
rations seront faites incessamment, item que les prestations
et redeyances qui sont ducs à la manse seront payées J ) . Il faut
votre procès-verbal pal' deux témoins,
ensuite faire signer
marquel' leur domicile, et laisser copie de votre procès-verbal
au fermier. Pour le droit de yisite les procureurs de Mar­
moutiers prennent 20 sols pal' lieue, mais ils nr. comptent
(1) L'évèque de Léon étail alors Jean-Louis de la ilourdonnaie.

pas toujours ces. lieues de Marmoutiérs, mais du lieu où ils
ont fait leur dernière visile. VOliS pouvez en rigueur prendre
une pistole chacun mais comme cela fail quelquefois crier les
titulaires, je n'ai pris quand j'ai fait des visites que deux écus
par jour; on ne fatt pas des visites pour y gagner, mais il
n'est pas juste que vous y mettiez du votre.
Le procès· verbal fait, le plus court est de le mettre entre les
mains du Procureur du Roy du présidial du lieu d'où dépend
le prieuré à moins que vous ne fassiez vous-même saisir et
les fruits, ce que votre arrêt doit porter si l'on a bien
arrêter
expédié, et donner assignation au titulaire pour faire faire
les réparations.
incessamment
Il est vrai que les Malouins ont perdu deux navires chargés
de morues, mais en récompense ils ont fait pour plus d'ùn
million de prises enmoins de quinze jours. '
Je vous souhaite une heureuse année et suis d'un profond
respect,
Mon Révérend Père,
Votre très humble et très affectueux confrère,
FR. JOSEPH MINIAC, M, D.
XIV. L'abbé Char'ricr à Afllc mUette de Kerusturn .

Vitré, 4 janvier 1705 .
J'ai reçu, Mademoiselle, votre lettre du 30· du passé, vous
m'apprenez bien des désordres et des ruines causés par des
. orages et des inondations extraordinaires. Il y a eu deux coups
de vent en ces cantons, le dernier a été le plus v'iolent, ils ont
jeté des clochers., des arbres, des couvertures, et en mon par­
ticulier en la terre d'Houzillé on ne peut être plus maltraité
que je le suis. On écrit de toutes parts que ce même coup de
vent a été accompagné de tremblement de terre, qu'il ya eu

une infinité de vaisseaux perdus, plus de 8,000 muids de sel
inondés, et des œillets ruinés en Guérande, que celte perte ira

à plus de 200,000 livres, la levée du côté de Saumur rompue
et la Loire a inondé et submergé un grand pays, bien des
habitations et du monde. S'il est vrai que la consolation des
malheureux est d'avoir des semblables, nous ne serons pas
sans consola tion. Voilà qui devroi t bien fa i re d imi nuer tou tes
les levées de deniers extraordinaires qu'on sera obligé de faire
dans ceLle province pour satisfaire aux besoins présents du
Roy. J'envisage avec beaucoup de frayeur toutes les suites
fascheuses d'une misère extrême et générale. Il peut nous
venir des secours du Ciel, ce sont les seuls qui peuvent nous
tirer de l'abime dans lequel nous tombons avec trop de pré­
cipitation. Je souhaite qu'au milieu de tous ces malheurs vous
conserviez, et toute votre famille, une bonne santé et la fer­
meté nécessaire dans les disgraces.
Il ne paroit pas que les Etats finissent bJentôL, il y a encore
tant de choses et les plus essentielles à régler, sur quoi il est
nécessaire de consulter la Cour, qu'il est à craindre que nous
ne passions encore ici tout ce mois.
Je suis fort touché des indispositions opiniâtres de Mme du
Plessis de Kerdrého, je lui souhaite la bonne année, plus de
santé et de bonheur qu'elle n'en a eu par le passé .....
Adieu, Monsieur et Mademoiselle, conservez-vous et me
croyez en ,tous ces temps et partout entièrement à vous.
A Vitl'é, ce 4' de 170J.
La tour de l'abbaye n'a-t-elle pas été ébranlée ni celte de
Notre-Dame? Il Y a eu en ces cantons bien des clochers ren­
versés
X V. Le même à D. a.-B. Hm·douyneau .

Ce 25 noyembl'e (1706).
Mon Révérend Père,
Vous m'apprenez par votre dernière la mort de notre prétat.
Voilà une fin bien triste qui devrait donner à penser à Lous
(1) La tour de Sainte-Croix de Quimperlé subsista jusqu'en 1850.

ceux qui COUI;ent et qui briguent la pré;ature; cel illustre
besoin des miséricordes du Seigneur, parLicu­
défunt a grand
lièl'emenl si sa succession n'esl pas emplo~fée au soulagement
de tout son diocèse et à tirer son clergé de l'oppression où il
est pal' la perte du procès contre les héritiers PenllallE'C et M.
de Révol, à laquelle il n'a pas peu contribué avant l'érection
de sa chambre des décimes (1). Les héritiers s'ils ne sonl
dans les mêmes dispositions que M. son frèl e, le lieutenant
fort à plai ndre : ce bien ne fera pas jlrospérer
général, sonl
ils doivent craindre les jugements de Dieu pour
leur forlune et
l'autre vie. Si M. l'abbé de Kel'mellec ne se donne quelqlle
mouvement et n'accepte l'ordre de ceux du clergé pour arrêter
les elletsde celle succession jusques à la conCUITence de celle
deLLe on aura peine à donner une bonne forme cl celle procé-
dure et à cette formalité. 11 faudrait pour cela, je pense, lui
inspirer d'assembler incessamment un bureau . .Je prévois qu'on
à l'y déterminer à cause des discussions dans les­
aura peine
quelles il faudra peut-ètre entrer conlre les syn([ics qui ont
de la susdite chambre cles décimes au
précédé l'érection
nombre desquels l'abbé de la Rive, son oncle, s'y trouve. On
_ pourroillui promeLLre une indemnité pOUl' luy en particulicr.
II sel'oil difIicile que l'on puisse vous douner un cOflseil SUI'
lequel une partie du clergé se délermi nal à demander une
résiliation si la plus grande parlie s'y opposoit e~ qu'elle refusal
fOl'lami clsel'yiteurde M"de CoeLiogon.
d'y concourir. Je suis
(1) François de Coellogon, év~que de Quimper était mort le ü novcmbre.
L'abbé Charrier n'est pas plus indulgent pOUl' l'abbé de Kermellec, archi­
diacre, que pour l'évêque; • M. l'abbé de I{ermcll~c cst donc Ic syndic par
• inlérim de votre diocèse; c'cn esl assez pour être pcrsuadé que tous no~
. • roles ct toutes Ics impositions du diocèse sur le clergé rcprendront leu
• premicre forme ou plutôt s~ fcront sans {orme ni règlc et le moyen de
« rcprendre nos prcmiers I!rrcmenls si les commissai,·cs sont tous ù la
« dévotion (lu 1)I'élat ct qn'il n'y -ait point de chef appliqué, désinl~res5é,
« capable et formé pOUl' en maintenil' l'ordre? • (Lcttre li /)0111 Hardoui­
neau. 2ü oct(.brc 1706).

Il ne me convient pas de paraître dans cette procédure à moins
que ce ne soit la cause générale du clergé. '
.... On voilure ici (Lyon ?) beaucoup de piastres à dos de
mulet qui viennent de Bayonne et passent pal' Limoges et on
travaille beaucoup icy à la Monnoye mais c'est je pense pou\'
les pays élra ngel's ca l' l'espèce est icy d'u ne ra reté aussi gra nde
que les billets de monnoye sont communs à Paris, et si cet
estat violent dure encore longtemps, je ne scais ce que nous
deviendrons tous, La Providence y pourvoira s'il luy plait.
X VI. Le même au même.
(31 décembre 1707.)
Mon Révérend Père,
Je reçois dans ce moment dernier jour de l'année 1707,
votl'e beau, ample et éloquent compliment dont vous m'hono­
rez SUI' la nouvelle année, Je ne mérite pas tout le bien que
vous me dites et je vous remercie pour moi et pour ma mère
des prières dont vous nous faites part dans les mémoires des
saints sacrifices que vous of Irez tous les jours à Dieu et de vos
VŒUX pour nous voir un jour au nombre des bienheureux;
ce qui doit être l'objet unique de nos espé­
c'est assurément
rances, les biens et les grandeurs de ce monde ne sont rien
en comparaison. Continuons je vous supplie de demander à
Dieu par les mérites et la médiation de J.-C. la grâce
d'une foi "Ï\'e et de cette charité absolument nécessaire pour
être du nombre des élus. Nous sommes très' sensibles ma
mère et moi au sou\'enil' obligeant dont vous nous honorez,
Nous en conservons un pareil pour Votre Révérence et nous
espérons qu'à la faveur de vos prières Dieu "ous fera misé­
ricorde.
Notre bon et illu5tre Prélat (1) m'a fait beaucoup d'honneur
el de plaisir de se souvenir de moi quand il a passé à Quim-
(1) François-Hyacinthe de Plœuc, él'èque de Quimper,

perlé; ne vous a-t-il pas dit qu'il m'avait fait celui de m'é­
crire des Etats et de me mander que l'on m'avait donné deux
livres de l'His/oi'fe de Jlretagne, UII pour notre abbaye et l'autre
pour moi et même qu'il s'était chargé de me les faire rendre
à Quimperlé? Peut-ê tre qu'il aura laissé ce soin à M. Billell.e,
qui avait ordre de les prendre, on m'a mandé depuis qu'il les
avait laissé au prieuré de Léhon d'où l'on devait les envoyer.
J'ai su d'ailleurs tout ce qui s'est passé fi l'éga rd du livre et
de l'auteur; ce dernier fera bien de défendre son li\Te et d'a­
chever l'ouvrage; pour les W,OOO livres qu'il demandait nOlis
ne sommes pas dans un temps à obtenir de pareilles gratifi­
cations (1).
Je ne sais que vous dire sur ce que vous mandez de notre
hopital. Si l'on ne peut le maintenir SUI' le pied fju'il a été
il faut se contenter de fournir aux pauvres ses revenus cer­
tains et les casuels tels qu'ils soient; s'ils ne sutl1sent pas,
laissez la mendicité libre comme ailleurs. J'avais écrit fi mes
amis et même à M. le Maréchal pour obtenir quelqups portions
de charité des Etats, je n'ai pas su quelle distribution on en
a fait. Je me donnerai l'honneur d'écrire il M. rEvèquc, je
n'oublierai pas de le solliciter en faveur de notre hopital.
. mais si la destination est faite il sera diflicile qu'il la change.
Vous me mandez que Dom Perrault ( 2) se porte assez bien
et qu'il se défend heureusement de l'air grossier de Quimperlé
je serais bien heureux du retour glorieux dont il sc flatte. M.
l'abbé d'Auvergne a assez de pouvoÎl' pour le l'établir et je
souhaite pour sa satisfilction qu'il le fasse bientôt, mais je ne
silis s'il s'e!'t fait absoudrc canoniquement des censures qu'il
On m'a aussi demandé si je savais comment il se
a encourues.
( 1) On comprend que G. Cha ITier veut pa rIel' de l' /1 isloll·~ de III'e/ayne
publiée cn 1 iU7 Ilur D. Lobinea u, et des protestations dp. la famille cie
Rohan que la sincérité de l'historien bénédictin choquait llans ses préten-
les plus chères. .
tions
m 00111 Perrault, prieur des Salles dans les enl"irons de Lyon, exilé ;j
Quimperlé par lettre de cachet.

gouvernait et quelle était sa conduite dans le lieu de son exil;
j'ai répondu qu'il y était aimé et considéré et qu'il avait l'ap­
génerale, que d'ailleurs je n'en savais rien de parti­
probation
culier si ce n'est qu'il était visité de la ville et de la campagne
et qu'il rendait ses civilités avec \'o us. Les religieuses de son
monastère se plaignent de ce qu'il s'oppose qu'elles ne reçoi­
vent des religieuses el se sont je pense pourvues à la Cour
pour cda. Je n'ai rien su de l'ordre que M. le Sénéchal a eu
de M. l'Intendan! de Bretagne de s'informer s'il était dans le
monastère. II se pourrait faire que la Cour veuille être infor­
mée s'il se donne la liberté d'en sortir. Au milieu de sa dls­
je veux croire qu'il est intrépide et même dangereux
gràce
comme vous le dites et qu'on devrait même changer
ennemi
de baLlerie contre lui, je veux croire aussi que cela ne me
regarde non r,lus que la part que j'ai eu et que j'ai à toutes
les contestations qu'on lui a fait et qu'on lui fait peut-être
eacore. Il ya bien des personnes en ce pays qui ne le croient
pas d'une vie aussi régulière qu'il vous parait. Après cela
mon témoignage, que je ne puis donner n'ayant jamais eu le
bien de le connaître que pal' ce qu'on m'en a dit, ne contribuera
sa canonisation ni ne l'empêchera .....
Si vous ne conser\'ez pas le prieuré de Doëlan, ce ne sera
pas ma faute mais la \'ostre uniquement. Vous avez souhaité
des provisions de cour de Rome: j'ay sceu du banquier quelle
date avoit. esté prise dans le temps ct qu'on en attend les
expéditions de jour à autre. Après quoy je vous prie, mon
R. Père. de me croire tousiour parfaitement
Vostre très humble et très obéyssant serviteur,
L'ABBÉ CHARmER.
Ce dernier de 1707.
H. BOURDE DE LA ROGERIE.