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Bulletin SAF 1900


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Un Procès d’art à Bodilis, en l’évêché de Léon. Sculpteurs brestois et quimpérois (1695-1701)

Abbé Antoine Favé

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UN PROCES D'ART A BODILIS, EN L'EVECHE DE IlEON
SculptenI"S b.-estois et qui
pérois (lG95-1701 j
PAil L'ABBÉ Al'iTOINE
FAVE .
Le 7 août, à l'issue de la messe dite et célébrée par
Messire Bozec,prêtre de la paroisse de Plouvorn, fut remontré
au (~énéral par Me Guillaume Lerrel que sur ravis donné
par H. G. Alain Penner de Gorréquear et Didier Le Iaouanc
de Crequial, fabriques en charge, après délibération du
Général; bannies avaient été 'faites « qui pour le 'RlOins
l( auroint entreprins le feur et marché de faire un taber­
~( nacle et rétable sur le grand autel de ladite église de
c( Bodilis et en outre les aisles du pignon du grand autel
CI. avec trois chaises pOUl' Messieurs les célébrants de l'o1"dre
CI. de Corantm (1) avec tous les ornem:antz et figures néces- .
CI. saLres .•
L'adjudication était fixée au 8 juillet. « Ledit Lerrel s'y
« estant trouvé et aussy autres sculteurs et apprès bannyes

« et encherres à estaincte de chandelle et à la manière accous-
« tumée, ledit Lerrel comme dernier enchérisseur à la lueur
« de la dernière chandelle estainte, conformément au dessain
« qu'il avoit dressé et représanté en l'endroit audit prosne
Il audit général congrégé, est demeuré adjudicataire dudit
« feur et marché pour faire ledit Rétable, etc., ainsy qu'il
« fust arresté par la voye publicque et commune dudit Géné­
« raI pour cornrnancer l'ouvrage de jour à autre et continUel'
« jusqu'~ la parfaite construction entierre dudit dessain quy
ex est dudit jour en deux ans prochains et pour en faire ledit

Il travail et ouvrage dans la meilleure perfection et de son

« mieux selon l'art descultery, et à dire d'expert qu'on
« conviendera si recquis est ».
(1) Une correction en surcharge porte « de l'ordre de Corantinte l, lisez:
. Corinthien.

Le prix convenu était de deux mille six cents septante
et six livres, payables 300 1 ivres au commencement
de l'entreprise. 600 livres trois mois après, et le jour de la
l'ouvrage, le tiers de la somme tolale; et enfin par
pose de
définitil, trois mois apprès la perfection de l'ouvrage
paiement
rendü en renable li. Il est même prévu et entendu qu'en
cas où il n'y aurait point d'argent dans le trésor, Lerrel en
conférer'ait avec le recteur 'de Plougar et le seigneur de Les-
tang d.e Launay, vapitaine de ladite paroisse et de sa trêve de
« qui donnen L les mains aux conditions dmlit marché». •
Bodilis,
A requête de M" Lerrel cet exposé fut lu tant en commun
et vulgaire langage breton qu'en français: il proteste de
plus contre certains Tréviens qui ont entravé la conclusion
et transcription légale et définitive du traité en insistant sur

un point dont il n'avait pas été fait mention jusque là dans
les négociations: il les montre «( troublant confusément les
délibérations sous ombre de cauption, que ledit Lerrel a fait
u offre de fournir de solvable à la réalité de la somme de
« 300 livres quoyque non tenü ny obligé d'autant que le jour
u de ladite adjudication finalle il ne fut aucunement parlé ny
« conditionni », De plus il donne ( l'obtion au général de
. « leur céder le marché ou de le payer de ses retardements,
(( dommages et intérests et fasson audit dessain, le tout à
u devis d'experts, ou à deffault à protesté de ce pourvoir en
CI justice )).

Par suite et conséquence, le 27 août, Jacques Sitton.
premier huissier héréditaire de la cour royale de Lesneven,
donna terme et assignation aux Allain Penner et Didier Le
laouanc' de comparoir à la prochaine audience pour se voir
condamner de passer outre avec Lerrel touchant ledit
.. marché, sinon de lui payer dommages et intérêts, la façon
du dessein qu'il a abutté à soixante et quinze livres, . « sy
(( mieux n'ayment lesdits Trefviens convenir d'experts » •

Le 4 septembl'e suivant, jour de dimanche, en présence de
deux notaires royaux est exposé à nouveau ce qui précède
par MEl Corbel l'un d'eux, de la part d'Allain Penner et
Didier Lejeune (1). Il est reconnu que les Tréviens a,voint
fi donné l'ordre à Lerrel de faire un proiet de l'ouvrage
« d'après l'applacement, que l'ayant faict et présenté audicts
« Trefviens, ils auroint esté pronallement d'advis que
oc ledit Lerrel eut mis lesdits proiets au . net et (ormé le
« dessain dudit ouvrage, et que l'ayant fait et représenté
« auxdicts Trefviens aussy pronallementet les aU1'oint esté(sic)
« d'advis d'adverlir dans les villes circonvoisiiles au fort du
« marché qui pour le moins Doudroint entreprendre ledit
« ouvrage '11.
Il est reconnu, en outre, que lors de l'adjudication le
8 juillet. Lerrel obtint l'entreprise aux conditions énumérées

plus haut mais « l'acte de traitté touchant lesdits ouvrages
lots de l'adjudication, faute de trouver des
n'ayant esté (aicte
notaires présents sur les lieux )). Les Tréviens ayant différé
nonobstant les réquisitions que Lerrelleur avait faites tant
verbalement que par sommatio"ns par notaires, ce dernier
leur fait adresser exploit du 27 août les assignant à Les­
neven.
Le général, sur cette remontrance déclare consentir et s'en
tenir à l'accord adjugé audit Lerrel, le 8 juillet précédent,
« moyennant qu'il cauptionne deuement par personnes sol­
« vables et que les conditions dudict marché soint rédigées
« devant M le recteur de ladicte paroisse de Plougar ».

Nous ne possédons pas la minute du marché intervenu et
ratifié définitivement entre les parties. Le travail fut exécuté
mais un différend s'éleva au sujet de la façon de l'œuvre et
(l) On remarquera qu'ici Didie1' Le Iaouanc a son nom francisé à la
fantaisie du notaire régistrateur.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. . TOME XXVII (Mémoires) 17

les deux parties convoquèrent chacune leur expert, pour four­
nir leur appréciation sur la réception du renable : C'était
pour le Général de Bodilis, Nicolas Renard, maître-sculpteur
~ntretenu au port de Brest; et pour Lerrel, son confrère
François Hamon, maître-sculpteur à Landivisiau .
leur expertise, individuellement faite et
Voici le libellé de
rapportée séparément:

g febvrier 1701.
Devant nous notaires de la Cour Royale de Lesneven avec sou­
mission à icelle a comparu en sa personne M' Nicolas Renard,
Me sculpteur entretenu au port de Brest, Evesché de léon . lequel a
déclaré avoir été requis de la part de Jean Le Quélennec et Yves
Riou fabriques et marguillier du bien temporel de l'église trévinlle
de Bodilis en la paroisse de Plougar pourvoir et estre présent au
renable de l'ouvrage que Me Guillaume Lerrel. Me sculpteur a fait
en lad. église sur et autour du maïtre autel située en lad. église,
on esthnt rendu et procédant au fait de sa commission ce jour neu­
vième de febvrier l'an mil sept cent un en présence de M' François
Hamon maître sculteur, demeurant en la ville de Landivisiau.
de la part dud. Lerrel pour procéder au renable en
expert nommé
Led. maître Nicolas Renard après avoir veu et visité le
question,
nouveau tabernacle et l'étable que ledit Lerrel a fait sur et autour
dud. maltre p.utel, ayant pris la lec~ure de lacte de marché passé
par les Tréviens dud. Bodilis avec led. Lerrel le vingt et deuxième

septembre mil sept cent nonante et cinq au raport du Soubsignant
le dessein y référé estant sur
Corre notaire royal Registrateur, veu
apparu par led. Lerrel, a dit et déclnré quil trouve le
parchemin
haut dud. rétable depuis la corniche frises et architraves de bois
de chesne assez conforme au dessein, et a trouvé les colonnes dis·
proportionnées et non faites dans leurs ordres et figures, et avoir
deux figures sçavoir : de Saiut Pierre et de Saint Panl non
veu
aux niches La figure de Saint Pierre de deux sortes
proportionnées
de bois, le corps de chesne et la teste de bois de chastaigne et de
pllls fort ~nal lra'Dailté ; pour le tabernacle il déclare n'avoir rien

à redire esLant de chesne comme il est porté par l'acte non
trouvé
de~sin parceque sur le dessin le barrelief tombe
conformément au

jusque sur les gradins et dans l'ouvrage ils sont plus courts parce-
led. Lerrel a voulu continuer la mesme distance des pieds
que
afin de faire régner l' architect ure également; ..... à costé
destauts
des chaises des célébrants il y a un banc de menuserie non con-
forme au dessein, parceqne dans le dessein il y a une chambranle
un cadre auctogonne nestant point
d'arcbitecture qui renferme
dans Louvrage: Il a trouvé aussi du bois picqué des vers
et atteint d'auuourt des niches composé6s d'architeclures et
lCbqltelles architect ures ne sont achevées parcequ'il y
ornements
manque des morceaux pour raccorder Zefi 'ltnS atiec les autres.
Au dessus des niches, les morceaux d'ornements sont conformes
mais il manque les arrières corps de menuiserie. Dans
an dessin.
niches des aisles se trouve une figure d'ange ga,rdien Mal tra­
les
vaillé et tout disproportionné (sic) . Au dessous sont les chaises des
est"ant un peu plus estroits que sur le dessein. Man­
céllébrants
que encore sous la chambranle qui renferme les chaises des céllé­
à porter jusques à terre, à l'aisle du
brants deux socles nécessaires
vé la figure de saint Paul de Léon d'un bon
costé de lépistre est trou

bo'is et passablement travaillé; a trouvé aussi du mesme costé de
l'ambourt et bois picqué des vers avec quelque morceau de moulure
rendre conforme au dess.ein ; autour des fenes-
qui manqué pour le

tres des cos tés ~ont fait des chambranles taillées en ornements
leur emplomb et hors de leur reigle ; et a trouvé
n'estant point dans
la plus grande partie mal travaillée et rapatassée : c'est sa décla-
ration qu'il déclare vél'itable.
Ainsi signé: N. R~NARD.
Ledit M' François Hamon, aussi en personne devant nous,
a déclaré après avoir veu et visitè le tabernacle et rétable
et après avoir confronté le
dont est cas situés en lad' église
dessein avec l'ouvrage a dit et déclaré estre cognoissant avoir vell
en plu:;iellrs endroitlj que l'ouvrage augmente le dessein et que le
son jugement et a signé ainsi
tout luy paroit bon et loyal selon
Signé: FUANÇOIS HAMON.
Me Nicolas Renard, s'en tenant absolument et strictement
aux termes du marché et aux détails du dessin ou plan
préserÙé par Lerrel et appt'ouvé par le général comme base

et condition formelle du traité à exécuter, est sévère pour
le sculpteur de Lalldivisiau : il se refuse à tenir compte
d'améliorations apportées au plan primi tif et conclut à ]a
malfaçon sur des points notables d'exécution.
D'autre part, François Hamon montre un peu de parti· pris
en ce qui regarde la bonne exécution du plan arrêté entre les
Tréviens et l'adjudicataire; mais il est très affirmatif quand il
certifie « avoir veu en plusi{=mrs endroits que l'ouvrag'e
« augmente le dessein» ; c'est-à-dire que tout bien compté,
les Tréviens de Bodilis en ont eu pour leur argent. Il est
à remarquer que le tiers expert~ quelques jours plus tard,
reconnaîtra avec Hamon qu'il y a bien certaines parties
non conformes au dessein primitif, mais que ce sont des
corrections et améliorations faites au cours de l'œuvre.
Les experts, se prononçant de façons si opposées, il ne
restait plus qu'à trouver un tiers expert qui les mit d'accord
ou tranchât la question en dernier ressort: le 21 février 1695,
la Cour de Lesneven. faisant droit aux fabriques et mar­
guilliers de Bodilis, ordonne que les parties conviendront
d'un tiers expert, sous l'audience du lendemain, faute de
quoi elle 'se réserve d'en nommer d'office. Aussitôt, ce même
21 février, Guillaume Lerrel fait signifier son choix par son
,procureur, ~1e Yves-Guillaume Godefroy, et indique Me
PaI'may de la ville de Morlatx sommant le procureur des
Tréviens, Me Guillaume Tyrot, de nommer t\ qUt bon luy
u sem~lem autre que ceux de la ville de Brest. »

Héponse du bel'ger à la bergère, de Tyrot à Godefroy, du
226 février :
o Soit déclaré à Me Guill. Godefroy procureur de Guil!.
• Lel'rel portant nomination de la p(-\rsonne du sr Parmay,
• IUC SC I.l lte ,1 l' de Modaix, polir l'expert aux fins du renable
« de Bouillis, que ledit TiroL ne cognoit point ledit, qtti de

« droit est suspect à ses pœttyes ayant app't'is q'u'il est
cc associé et l'amy dttdit Lerrel pour plusieu't'S entreprises
« d'ouvrages: Ainsi ledit, TY1'Ot audit nom déclare nommer
cc pour tiers la personne de Sébastien BO'Ltrillé (a!ias : Bonr­
« lier), Af sculteur entretenu au port de Brest. )l Tyrot a
soin d'ajouter, sur cet acte de nomination, cette indication
qni montre bien l'estime dont jouissait le corps de nos
sculpteurs de marine, même avant ]a seconde moitié du
XVIIIe siècle: cc Il ne doit pas estre suspect aud. Godefroy
ct pUisqu'il est à la connaissance publicque que les Mes scul-
(c teurs entretenus au port de Brest sont très habilles en co­
« gnoissance d'ouvrages, et somme ledit Godefroy d'affider
{( ledit Bourillé, faute de quoy luy denonce ledit jour pour
« voir dire qu'il en sera nommé d'office. »
Immédiatement Godefroy de répondre, du tic au tac, qu'il
proteste de nullité cette nomination du sr Bourlier : « d'au­
(c tant qu'il est sous la direction du sI' Renard en qualité de
« compaignon et par cette raison incapable de juger ce diffé-
« rend entre les partyes.) ' .
Un tiers expert, Le Déan de Quimper, fut indiqué par
le Sénéchal de Lesneven. Nous allons voir, par la lecture
de la pièce qui suit, ce qu'il advint en l'aventure:
Du 28' feburier 1701.
Un autant du cornpanmt de convention du tiers . expert du
22' feburier presant mois expédié entre Guillaume Lhérel, maistre
et les fabriques de la treffve de Bodillis cy attaché a esté
sculteur
mois soubzigné Ignace. Texier huissier des fermes de l'établI de
par
Quimpe'r expt par tout le royaume de France demeurant d
Quimper rHe ~Viniou paroisse de St Sauveur. Le me requéeant
Jan Quélennec et Yves Riou fabriques qui continuent à procureur
de Lesneven maistre Guillmlme Tyrot et domicilié
au siège royal
chez lui intime et signifie an sieur Pierre Fenestre (1), m' sculteur

(1) Le nom de Le Déan est effacé et remplacé en surcharge par celui de .
Fe.estre. . .

demenrant en la ville close de Quimper Corentin rue de Quéréon
paroisse de St Jullien auquel j'ay donné ai'signation de comparoir
au siège dans l'hotel et par devant Mons' le Sénéchal dud. Lesneven
de mars pour prester le serment, pour
jeudi proschain trois du mois
prendre jour et assignation pour descendre en lesglise treffiale de
Bodillis aux fins de faire estat et procès-verbal du rétabI~ fait en
lad. église par ledit Lhérel et pour reigler les différents d'entre le
sieur Renart et François Hamon maislre sculteur cy devant con-
le renable de l'ouvrage fait par ledit Lhérel, le
venus pour reigler

tout sur les procès-verbaux, actes de marché et dessein qui seront
représentez et administrez audit Fenestre, offrant de le salariser à
taxe de · justice protestant quen cas de deffault qu'il y sera COll-

tramt et emmenee par mam mIse.
Fait sçavoir audit sieur Fenestre en parlant à sa personne en
l'absence dn dU ::;ieur JJ1athia8 Le Déan qui est mort depuis les
trois mois derniers pour vacquer à laditte commission.
Signé: J. TEXIER, huissier.
Une requête du 3 mars pour convenir d'un tie1"s expert au
. lieu de Déan, décédé, atteste qu'en conséquence de l'ordon­
nance du 22 février, un exprès fut envoyé à Quimper aux
fins de faire assigner Le Déan et prêter serment, mais voici
que (( Texier huissier de Quimper auquel l'assignation a
« esté remise entre mains pour la garentir voyant que ledit
Cf. Déan estoit décédé affin de se conserver la pratique d'une
Cf signification s'est advisé de · son propre mouvement et sans·
(/. a'l.tcun Q1'dre de rayer dans l'assignation Le nom dudit Le
a. Déan et d'y employer celluy du sie'l.f.-1' Pierre Fenestre se
« qualifiant de maistre sculteu1'. )) Les suppliants ne con­
naissant point ce dernier, se déclarent en droi-t de révoquer
'l'assignation et prient la Cour de ·révoquer l'assignation
adressée à faux à Fenestre. .
Pendant que le sénéchal Sébastien-Corentin. de Mollien
dé.cernait acte et permis d'appeler aux fins de la requête,

Pierre Fenestre se mettait en devoir d'arriver à Lesneven

« pour obéir à justice». Le 8 mars, il signifie par un sergent
royal, prenant pour procureur Me Prigent Le Becq, donner
assignation à Quélennec et à Riou de comparoir à une pro-
chaine audience pour être sommairement et provisoirement
condamllés de lui payer la somme de 60 livres ou toute autre
qui sera arbitrée de justice. Il invoque à l'appui de sa cause
le luc1'um cessans, se::; journées employées en route, et le
damnum emergens, ses dépens et frais de séjour.
Le 16 mars~ Jean Quélennec et Yves Riou répondent à
l'assignation du 8 de ce mois . en témoignant de leur surprise
de la réclamation. « LesdefPs n'ont qu'une folle intimation
« à proposer contre cette demande fondée sur ce que par
« comparant du 23 de feburier der le siège ayant nommé
« d'office Me Le Déan, Me sculteur de Quimper, les
« deffendeurs envoyèrent un exprès aud. Quimper avec un
« exploit dressé" lequel exploist dressé, ayant, esté remis à
« la Damll~ de 1Warest Marchande, elle s'adressa à Me Ignace
« Texier, huissier des termes, lequel voyant Le Déan décédé,
« soit d'intelligence avec ledit Fenestre, ou autrement aurait
« de son autorité privée 1'ayé dans l'exploit le nom dudit
« Le Déan et remply celluy dudit Fenestre. Ce qui estant venu
« à la connaissance des deffrs ils auroient révocqué le tout
cc par leur requeste du 3 mars. » Les Marguilliers demandent
qu'ils soient renvoyés hors d'assignation comme mal et fo11e-
ment aSSIgnes.
Le 16 mars, la Cour fait droit et décerne commission à
Tyrot de mettre l'huissier Texier en cause, et le 23 mars,
Quélennec et Riou lui font assignation à se présenter à la
proc'haine audience du juge royal de Lesneven, après temps .
comptant, pour s'envisager avec led. Pierre Fenestre et s'ouïr
condamner par provision, néanmoins appel de les acquitter,
libérer et indemniser des prétentions dud. Fenestre.
(1) Quelques Déan étaient bons commerçants de Quimper. La Dile Des­
marest était, semble-t-il, de la famille de feu Mathias, ou son hôtesse.
on s'explique difficilement son intervention .
A utrement

En tout cas, le 9 mars, la Cour royale de Lesneven, avait
nommé d'office, attendu le décès du Déan, maître Olivier
Daniel sculpteur de la ville de Quimper, assigné pour se
trouver à Lesneven le mercredi 6 avril, pour prêter serment
en qualité de tiers expert et prendre jour et assignation con­
tradictoirement avec Lerrel afin de donner son rapport, rap­
port qui semble la déclaration d'un homme au courant de
son métier, aussi sincère que compétent.
7' avril 1701.
Je qui soussigne tiers experts nommé d'office suivant l'assigna­
tion a moie donné le 3' mars de la présente année par Monier
husier comis à cette fin certifie avoir descendu en leglisse trévialle
de Beaudilis et y avoir visitté suivant le devis il moie présanté et
acte de marché et mins entre main, premierement visité depuis le
haut de l'hostel ou sont les conronements conformes au desein et
dessous ou sont les figures et colonnes d'un ordre corinte le tOI1 t de
bois de chenne et conffowe audit desein dans la niche du corps de
l'ouvrage du costé de levangille j'ay trouvé la figure de saint Pierre

qui a le corps de chenne et la teste et un bras qui flst bois de cha-
tainne, quant à la figure de saint Paul du costé de lespittre tout .
bois de chenne, pour ce que est du tabernacle je l'ay trouvé conf­
forme dans le desein avec deux couronements qui ne sont point
dans le desein marqué et qui sont sur les bas relieff des ailes du
tabernaccle composé de deux enfants avec un globe au millieux
entre les enfants ce qui est une augmentation, j'ay aussy trouvé
sous les deux panneaux des bas relieff du corps du tabernacle deux
petits panneaux composé de branche de vigne entrelassé dépis de
blé ce qui n'est point dans le desein, ausy je trouve les deux pa-
n:mx qm ne sont point conformes au desein dans louvrage scavoir
que Jes panaux de bas relieff qui sont dans les aille du tabernaclle
tombe dans le desein sur le gradin, et à louvrage ils sont à hautenr
des piédesteaux estant pour mieux suivre lordre, le devant dhostei
je lay trouvé confforme au desein par suitte avec augmautation
dornements dans le panau sur laille du costé de lévangille. Il y a
un non confforrne au de sein atandu quiI y a dans le desein

un cadre octogonne et ledit Lerrel la mins caré, et non par suitte il
ce qui est dans le desein, et du mesme costé dans le lembri il y a
du bois picqué et de nulle valeur lequel domage peut valoir la
somme de 9 livres.
Du costé de lévangille dans 13 niche ou e5t lenge g:udien, les
ornements et architecture sont conITorme au desein et le tout en
bois de chenne. Quant à la figure de lenge gardien il y a plusieurs
morceaux ra portés pour remplir les ouverture faiet par letfort du
bois et qui ne porte allchun domage, jay ausi trouvé dn costé
lespittre la pareille nièhe ou est St Panl le tout contforme au dict
à l'exception que dans le le'mbri qui est sous ladicte niche
desein
de St Panl il y a du bois picqllé et non vnleur, duquel jestime le
domage la somme de 7 livres, autour des vittre il y a des chemhralle:;
dornements contforme au desein et non a plom pour la non valeur
de 4 livres. Jay al1sy trouvé dans le couronemeDt des dl't1x Diches
de costé les deux ariere corps fjui ne sont faict et qni est marcqué
au desein et estimé la non v31em de chacql1n la sorne de lOlivrcs.
Je BUSy trouvé quelque bois dobonr par difTérent endroit pt pOllr la
non valeur que jestime et domnge la some dr. 5 livrps Pour ln
chaise on sont les célébr-ants sont conITormes an desein hors flui (sic)
sont du costé de levnngille et. sont marcqué de l'antrr. costé.
Le reste de l'ouvrage du rétable et taberJ)(\clle de lad. egilse de
Beaudilis et autres architecture y estant ay trouvez conformément
au devis et acte de E1arcbé à moy mins entre main à l'exception
des architecture cy desus dont j'ay estimé la non valenr Lequel
rD port j'ay eertiffié véritable pour valoir et servir ainsy qn'il appnr­

tiendra.
Faiet à Baudilis le sept avril mil sept cent et Ull.
OLL: DANIEL.
Deux jours plus tard, devant le sénéchal, Me Ollivier
Daniel, après avoir prêté serment, était appelé à répétition,
c'est-à-dire à jurer et affirmer que son procès-verbal ou rap­
port sur l'état du renable de l'ouvrage exécuté par LerreJ.,
ne contenait que vérité et n'y vouloir 'ajouter ni diminuer:
sur quoi, il lui fut adjugé la somme de 39 livres 4 sols pour
six jours de vacations et frais.

Le 3 mai intervint la sentence définitive, basée sur le rap­
POI't du sculpteur quimpérois: nous en donnons la notifica-
tion faite aux intéressés.
La sentence rendue au siège royal de Lesneven entre les partyes
cy-après nommez le 3 de rriay 1701 et signiffication à procureur
ad verse.
Le Me Requérant le général des Tréviens de Nostre dame de
Bodilis en Plougar poun~uitte et diligence dhonnorables gentz Jan

Ql1elennec et Yves Riou fabriques et marguilliers lan présant de
ladite Treuve y demeurantz qui déclarent continuer pour leur
au siège royal de Lesneven Me Guillaume Tyrot et domi­
procureur
chez luy pour recevoir tous les exploits ce touchant insinué et
cille
signiffié et par original aparu à Me Guillaume Lhérel mêlÎtre-sculp­
teur demeurant à Landi vizian paroisse de Plougourvest au quels
pa rlant en présence desdits Quélennec et Riou. Je luy ay de par
le Roy fait sommation et commandement d'obéir et porter estat
de ladLle sentence, Ce faisant de recevoi.r présentement la somme
de huit cent trente six livres pour ledit general demeurer entiére­
ment quitte du contenu en l'acte du marché du 22 septembre 1 i95,
Sauf la déduction des sommes cy-après articulées pour lesd:ts
fab1"iq'l.Les en faire rétantion conformément à ladite sentence,
de trois cents trente ZÏ'/;res pour moins -value de l'ouvrage
scavoir
frais des rapports, experts, sommes payées en aèquit d'Udit [hM'el
el de l'instance, etc .
\Suit une énumération détaillée d'autres articles.)
Revenant toutes lesquelles sommes ensemble dont esehet faire
de Irois eent dix-neuf livre~ un sol quatre deniers
déductioll à celle
sur celle de 836 livres revient de net audit
laquelle somme déduit
Lhérel la somme de 456 18 s. 8 d. quy a esté en l'endroit réalizée
par lesdits Quelennec et Riou en louis et demy louis d'argent de
feance et autres bonnes monnaies ayants cours uvee sommation
audit Lhérel présant de la recevoir et d'en donner quittance pour '
valoir dentière décharge audit generai et sur ce qui en a fait ~erfus
le requérant lesdits fabriqu'es, aux périls et fortunes dudit Lhérel
je Iuy ay donné assignation à 'comparoir à la prochaine audience
dudit Lesneyen pour voir répétter et réaliser les offres et en cas de

continuation du reffusde la part duq.Lhérel voir dire que le génp.ral
l:iera reçu à consigner ail bureau de consignation du.dil Lesneven
ladite somme de 456 l. 18 S. 8 d pour demeurer entiérement quitte
At déchargez sans préjudice d'autres droits.
La somme en litige fut-elle consignée? Lerrel s'obsLina-t il
bout? Nous l'ignorons: nous ne possédons posté­
jusCJu'au
rement à la sentence, qu'une quittance qui mOlltre qu';'} la fin
de l'année de 1702, il0tait encore en compt.e avec les Tréviens
de Bodilis.
« Je connois avoir esté sessis d'un quitence portent la
« somme de trois cens quatre veint un livre paiez a mOIl
(1 acquit au sieur de Keriven Labous ce parIan Quélennec et
« Ivez Riou marg'iliers de la Tl'effe de Bodilis de laqllelle
« somme de trois cens quatl'e veint un li \'re ie pl'omet n ladite
a fabrisce acquit valloi1' de ce que ié faict douvrage laquelle
~ quittence en date du disiemejuin 1701 ie prommest l'epré­
« senter que requis sera sans préjudice de me, p0l1 'r'l)oi'1~ si
ct bon me semble de la sentence de Lesneven .
En fois je signne ce jour 3e novembre 1702.
Guillaume LEH REL.
Nous sommes parvenus au soir du combat: il ne resto plus
qu'à ramasser les blessés: le pl'ocès est terminé, il faut en
payer les frais et les mémoires de pl'ocureul's: qui ne jouissent
pas de meilleur renom que les mémoires d'apothicaires .
Les Tréviens de Bodilis, en quelques semaines, doivent pOUf'
avances et vacations à leur urocul'eul' 124 livres 4. s. 1 d. soit
pour façon d'exploit; de requête, cédulle de présentation \ '
retrait d'ordonnance, comparants et dénoncis, plaidoieries,
et même pour divertissement du procureur taxé II 1. 10 s.
Là nous trouvons les dépenses du procès bien établies et

justifiées, ma is il y avait encore à régler cc que 1I0US pouvons
appeler les taux frais. Nous les voyons énumérés par la

plume de Mre Ian Bérég'ar, prêtre de Bodilis que nous avons

déjà fait connaître (1) .

Les comptables ont payé ' au sr Renard maistre scuIteur pour
20 livres. Ledit Riou auroit payé
avoir esté renabler ledit ouvrage:
allant à Brest pour quérir ledit sieur Renard: pendant deux jours
ils logèrent à Landerne:m : 6 1. 15 s. le dimanche matin sortant
de Landerneau payé 10 sols demande trois jours de vacation et pour
ce Iny sera alloué à raison de 50 sols qar jour 7 1 10 s. Payé pour
Remird chez Guillaume Cornilly pendant six jours
les frais dudit
qu'Il auroit esté attendre le jour de l'assignation pour le renable :
12 li\'. 3 s. pour le cheval de IOlUlge qu'il prit à Brest: 5 liv. 5 s
Pour la nourriture du cheval chez Comilly pend:wt les 6 jours:
2 1 9 s payé au sr Corre notaire royal pour le rapport de déclara­
du sr Renard touch<1nt le rétable et pour sommation faite à
tion
Landivisiau audit Errel le lundy de se présenter audit renable
ou d'envoyer de sa part: 8 liv. 7 s 6 d. au second notaire pour sa
signature et sa présence: 15 sols, pour le diner du dit sr Corre et
pour
marguillier audit Landivisiau: 2 livres., demandent allocation
, eux et pour ce : 5 liues , plu~ auroint payé au sr Deniel de Quim­
per maistre sculpteur et nommé d'office pour son voyage: 411 12 s.,
et pour son dîner payé à Bodilis: 2 Iiv. l~ s. pour deux contrôlles
. à. Landivisiau payé: 14 sols ; le jour que ledit Déniel donna quit­
liv ; payé au procureur pour ses vacations
tance en collation : 2
et avances al] sujet du proci's ; 111 liv. ; et pour traiter avec ledit
Kerlein en collation par deux diverses fois le sollicitant de [JOigner
et poursuivre l'affaire, payé: 4 1 14 s. ; à l'advocat, donné: 9liv, ,;
à Monsieur le sénéchal: 61. 14 s. ; au tiers procureur: 161. 10 s. ;
au greffe : 9 1. 19 s. ; au contrôlle : 8 1. 5 s. ; pour retrait du fil
exécuté payé: 21 7 s ; pour la main levée au sénéchal : 3 l. 6 s. ;
au con trolle : 3 1 6 s. au greffe 3 l. 6 s. ; à Bonbout ~?) : 6 sols.
A Jean Qllellennec on auroit pris en argent qu'on ne luya pas
fut exécuté: 13 livres
. restitué par les records et les gens lorsqu'il
8 sols.

(1) Le prône à Bodilis (Bulletin de la Société Archéologique du Finis-
tère, 1899), par l'abbé Antoine Favé.

frayé avec Bellair pour avoir sollicité nostre procès: 5 1.
- Plus
5 sols.
- Ledit Riou auroit fait treise vov3ge~ à Lesneven, à Lander­
p' la suite dud. procès et pour ce luy sera alloué
neau trois exprès
livres
- Et led. Quellennec quatre voyages entre Lesneven et Landi
et pour ee sera alloué 40 livres.
visiau
Le tout B79 livres 18 sols 6 deniers.

D'après ce qui précède on voit bien que ces bons justiciables
virent se renouveler une fois de plus, mais à leurs dépens,
l'histoil'e de l'Huîtl'e et les Plaideurs. Que n'avaient-ils pas mé­
dité ce conseil si sage qui donnait à Argante, le Scarpin dès
Fourberies, pour le détourner de plaider à contretemps (1 ) !
« Mais pOUl' plaider ilï'audra de l'argent. 11 vous en faudra
« pour l'exploit, il vous en faudra pour le contrôle, il vous
« en i'audra pour la procuration, pour la présentation, COll­
($. seils, productions, journées du procureur. Il vous en fau­
« dra pour les consultations et plaidoieries des avocats,
« pour le droit de retirer le sac et pour les grosses d'écritures.
« 11 vous en faudra pour le rapport des substituts, pour les
« épices de conclusion, pour l'enregistrement du greffier,
« façon d'appointement, sentences et arrêts, contrôles, si­
« gnatures et expéditions de leurs clercs !..... l)
La sentence de Lesneven tranchait définitivement un inci-
dent que Me Guillaume Lerrel avait soulevé aux premiers
jours de février 1701. Voyant les atermoiements des Tréviens
de Bodilis, cet abus de réponses dilatoires, il perdit patience,
d'assigner à nouveau les fabriques en charge, il
et, au lieu
purement et simplement exécuter par voie de saisie,
les fit
frappant dans le tas, pour trouver à qui répondre et les forcer à
(1) Molière : Fourberies de Scarpin. Acte II. Sc. VIII.

conclure. Dans cette intention, le 4février, l'huissier Madeline
« plusieurs marchandises de fil dont il fait
enleva chez Riou
)) et mit: chez Quélennec, « arrêt sur les bestiaux
commerce,
et la plupart de son ménage. ») L'opération se fit avec une
telle rapidité qu'ils apprirent, par la copie des procès-ver­
baux délivrés aux abienùeurs, qu'ils étaient éxécutés par
LeTTel, faule de paiement d'une somme de 836 livres.
Dans leur requête du 12-14 février, ils démontrent, sans
peine: que pour l'exécution il fallait un jugement, une obli­
gation ou un acte passé; or, l'acte de marché n'a pas été
par ellx, mais bien par leurs prédécesseurs; que si
fait
étaient susceptibles de contrainte, c'était aux
les fabriques
, prédécesseurs qu'il fallait s'attaquer, etc.
Pour obtenir la fin de leur requête en réjection d'exécution,
ils durent présenter de~ cautions et ainsi arrivèrent à avoir
main· levée des objets saisis à leur préjudice.
29 février, Lerre1 expliquàit sa conduite aux juges de
dans la pièce qui suit, où nous retrouverons un
Lesneven,
détail intéressant au sujet de l'exécution des peintures du
Rétable en litige.
M' Guill. Lerrel M' Sculteur deff' en requête du 17' f"' 170 1, le
. Général des Tréviens de 'Bodilis adhérés de M" René de Moucheron
p" S' Recteur de la p'" de Plougar Demu. '
Dit en la Cour royalle de Lesneven que le S' Lerrel na fait procé­
à l'exécution Esbien des fabriques de Bodilis que sur le reffus
der
de venir prendre le renable du Rettable dont est question et de le
par payer est:ms encore en reste de 836 1 au désir de la sommation
faitte par No'" pronallement quoyquil fust à leur connaissance et de
toutte la treve que le S' Lerrel avoit entièrement rem ply de sa part
l'acte de traitté passé entreux et cella pour demeurer de la pari desd.
Nant y desd. deniers et en profiter. Comme ils font aussy ne
fabriques
se mis depuis en debvoir dagir ny de rien faire pour accepter le Renable
leur offert quapprès l'exécution dont est question, depuis laquelle
ils ont demandés le Renable, et àllafin la représantation du dessain,

Or le S' Lerrel ne demanda pas mieux que de rendre le Renablp.
pour pouvoir une fois obliger lesd. fabriques de faire led. payement
eITect il offre de présenter led. dessain Au jour qui sera
pour lequel
]a dessante desd. expertz et mesme on a desja fait
destiné pour
dessendre sur les lieux des Experts convenus respectivement par
les partyes et comme lesd. Experlz ne sont pas tombéz daccord de
ce fait il ne reste qu'à nommer d'office un Tiers,
Au regard des peintres il n'est que trop de la connaissance du
Général et du S' Recteur que le nommé Dtt,jardin de Nantes y ait
travaillé sur le déccdz du nommé Bénœrd quy est décédé: Le nom
y est 'n'Lesme marqué et plusieurs thémoins de . Landivisiau et de
Guimilliau marchands traffiquants et de Nantes et rnesme M. le comte
de Rieux et le S' de Keryven Lapouce advocat peuvent attester cette
veritte audessus dequoy le S' Lerrel est en estat de pouvoir conclure,
A ce que sans s'arre8ter à la re(t desd. dem", Ils se voint débout-
tés et audessus des offres du S' Lerrel et de son soustien ,et.. .. .... ,
se voint condamnés de payer au S' Lerrel le restaux qui est la
somme de 836 1. avec Intérest, Despans sam préjudices d'antres
droits et actions.
Pour coppye : Y. GODEFROY.

Il faut reconnaître gue, dans le Finistère, nous sommes
en arrière sur les autres provinces, en ce gui concerne
bien
l'histoire de nos artisans d'art, de nos sculpteurs et de nos
peintres. Pour s'en rendre compte, il suffit d'avoir assisté,
à Paris, à une séance du Congrés des sociétés des Beaux­
AI,ts des départements: Flandre, Bourgogne, Provence con­
naissent les ateliers qui ont produit les chefs-d'œuvres de
leurs églises, de leurs édifices communaux et autres. Et cepen­
dant, tout le monde sait si la Basse-Bretagne peut soutenir la
pour la beauté originale et la multiplicité mer­
concurrence
veilleuse de son effiorescence monumentale.
Cataloguons' du moins, d'après les procédures, les inven­
·taires, d'après les actes de marchés, les noms de nos modestes
travailleurs, menuisiers, sculpteurs, peintres, puis groupons­
les par localité, suivons-les dans leurs associations, les con-

ditions de leur collaboration confraternelle et peut-être un
jour trouvel'a-t-on les éléments propres à nous faire connaître
leur histoil'e par éCùles, par ateliers, par les pratiques de
certains procédés communs à tel groupe plutôt qu'à tel autre.
Dans cette Atude un tant soit peu diffuse, rédigée sur une
trentaine de pièces conservées dans les archives de la
fabrique de Bodilis, nous ' rencontrons au passage le
sculpteur de la chaire de la cathédrale de Quimper, Ollivier
Daniel; Mathias Le Déan, frère ou cousin de Pierre Le
Déan, qui, en 1681, résidait en la ville de Brest., paroisse de
Saint-Pierre, et de Jean Le Déan, le collaborateur de Pierre
dans les travaux de Roscudon (1.673-74) (1).
'. Nous avons vu l'estime, ou même la terreur qu'inspiraient
comme experts les sculpteurs de la marine, puis nous ren­
controns des peintres de Nantes comme Dujardin venant
relever de leur savoir pictural les œuvres de nos tailleurs
d'images de Basse-Bretagne.
Et les retrouvant eux et tant d'autres, qui ont fait le bon
renom du pays et ont travaillé à faire de nos églises l'orgueil
Je nos pères et le nôtre, nous les saluons avec tristesse, car
ils sont de nobles inconnus, de grands oubliés.

Abbé ANTOINE FAVE .

(1) Cf. La mono{jmphie de la cathédrale de Quimper, de M. Le Menn. '
p. l~O et 298.