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Bulletin SAF 1900


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Saint Cado le Sage, fondateur de Lancarvan et de Belz, évêque de Bénévent

Dom Bède Plaine

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SAINT CADO LE SAGE
Fondateur de Lancarvan (pays de Galles) et de Belz (Morbihan)
Evêque de Bénévent (Italie) et martyr 24 janvier 543.

Au 1 rang des sai,nts, qui jouissent dans notre Bretagne
continentale d'une grande popularité, bien qu'ils ne lui ap­
partiennent ni par leur vie, ni par leur mort, il faut compter
saint Cado le Sage (1), en gallois Cattwg: en latin Cado­
eus, Catuodus, Catmaglus: ou encore Sophius ou Sophias.
Ce dernier nom lui fut donné en Italie sans doute parce
qu'on trouvait trop dur le nom gallois de Cattwg.
Cado, on le sait: était fils de Gundleius (st. Gonlay) (2) roi
Clamorgan et de Gladuse, une des filles du célèbre Bra­

chan, qui a laissé son nom au pays de Breck nock. Ce fut un
homme puissant en œuvres et en paroles, il fonda plusieurs
monastères tant dans la Grande-Bretagne qu'en Armorique.
Pélerin infatigable, il fit jusqu'à sept fois le pèlerinage de

Rome et trois celui de Jérusalem , 11 fut aussi dans son pays
natal le protecteur des faibles et des opprimés contre la
tyrannie des grands et des puissants de ce m0nde. Finalement
il termina sa carriere par un glorieux martyre,

Mon intention no saurait être ici de retracer en détail la
et les actions de ce thaumaturge. Une pareille tâche
vie
réclamerait un volume, et je ne dispose que de quelques
pages~ Mais les hagiographes sont si peu d'accord depuis
(1) Il doit ce titre d'honneur aux maximes de sagesse pratique qu'il avait
les lèvres, et dont on a conservé un certain nombre.
fréquemment sur
V, HersarL de la Villemarqué: La légende celtique p. 180 et suivantes.
P) Ce saint est honoré le -29 mars. Il a du être le premier patron de la
paroisse de Saint"Gonlay près Montfort-sur-;\1eu (Ille-et- Vilaine).Mais au­
jourd'hui cette paroisse honore comme patron saint Guillaume, évêque de
Sain t-Brieuc. '

trois siècles sur la personnalité et la chronologie du fonda-:­
telll' de Lancarvan qu'il m'a paru utile de consacrer mes
De là la présente étude, dont le but principal est d etabllr
. que ce saint a hien réellement terminé sa cal'l'ièl'e mort811e
à Bénévent, en Italie, mais dans laquelle je me propose
aussi de donner quelques éclaircissements sur la fondation
du prieuré de Belz, au diocèse de Vannes, et sur le culte
de Saint-Cado dans notre Al'morique.
premier soin sera, à cet effet, de me demander ce
Mon
qu'il faut penser de l'ancienne vie latine de saint Carlo­
Sophius (1) et de son autorité.
§ 1. La vie latine de saint Cado et sa conformité
subetantielle avec une vie plus ancienne.
Nous n'avons actuellement qu'une vie latine Ile saint •
Cado-Sophius, c'est celle qui a été publiée il Landovéry, en
1853, d'après les manuscrits par M. ,Williams Rées (2). Elle
est due à un anonyme gallois des Xe ou Xlp siècles, et ne
parait pas de prime abord digne d'un grand crédit, soit en
raison des quatre siècles qui séparaient l'auteur de son
héros, soit en raison des incidents romanesques ou des pro-
diges d'aloi douteux, qu'il y a introduit.s. Mais ce qui rassure
néanmoins sur la valeur substantielle de cet écrit, c'est que
cet anonyme avait été précédé par un autre biographe plus
ancien et plus capable de faire autorité Cal' l'existence d'uue
vie originale de saint Cado antérieure au Xe siècle res-
sort nettement à mes yeux d'un passage du Cartulaire de
Sainte-Croix de Quimperlé, tout récemment mis au joUI'.
y lit: « Il y eut un homme digne de la plus haute estime

(1) Je joins ordinairement ces deux noms pour indiquer sans détour
qu'à mon jugement Cado de Lancarvan et Sophius de~ Bénévent ne son t
qu une seule et même personne .

(Z) Lite of (he Cambra British saints. P.22-96.

« pour ses bonnes œuvres, et entièrement voué au service
(f. de Dieu. Il se nommait Catuodus (1). .
« Il habitait Ulle ile du fleuve Etel. Tout ce que nous savons
« de lui, nous le savons par les récits de nos anciens. Mais
« cela nous suffit avec l'expérience des prodiges, que le
« Dieu Tout-Puissant opére jo'urnellement en sa considé­
• ration, cela suffit,' disons-nous, pour pouvoir affirmer que
« ce fut un homme du plus grand mérite. Car d'ailleurs
« nous n'avons plus le texte de sa ·vie . Un prêtre nommé
« J uduarn lé vola réceinment, et l'emporta au delà de la
c( Vilaine. Il est mort sans le rendre» (2).
Voilà ce qu'écrivait au commencement du Xlle siècle
Gorhéden, moine de Sainte-Croix de Quimperlé, et en tenant
ce-langage il avait manifestement en vue un écrit, qui n'avait
rien de commun avec l'anonyme gallois édité par Rées. Car
celui-ci n'avait jamais été connu ni en Armorique, ni en
Italie avant la publication de 1~53, la chose ne sàurait ètre
révoquée en doute. •
L'existence d'une vie originale de saint Cado ainsi établie,
aller plus loin et prouver que le texte a du être connu"
on peut
d'une manière plus ou mcins complète. non seulement dans
le pays de Galles: la chose va de soi, mais aussi en Armo­
J'ique, je viens de le dire, ct même à Bénévent ou en Italie.
hagiographe italien, il est vrai, n'a mentionné le fait
Aucun
ma connaissance. Toutefois Ghinius et Marius de Vipera,
qui écrivaient l'un et. l'autre avant Bollandus, et n'avaient à
leur disposition que des documents d'origine italienne, sont
entrés au sujet de la vie et du martyre de saint Cado-Sophius
dans des renseignements si précis et relativement si étendus,

.-( 1) C'est le nom latin' de saint Càdo, tel qu'il figure à dix reprises dans
le Cartulaire de Quimperlé et dans les autres documents armoricains.
Enès Caduod, telle est chez nous l'appellation vulgaire de saint Cado et
de son prieuré de Belz.
(2) Carlulaire de Quimperlé. édition Maitre Paris 1897, p. 217_

quelque ancien texte. Le lecteur va en juger par lui-~ême
Voici ces deux notices:
CI On célèbre aussi le 20 novembre: nous dit le premier,
« la fête de saint Sophius, qui après avoir fait trois fois
cc pieusement le pèlerinage de Jérusalem, et sept fois celui
Il. de Rome, fut transpercé d'uue lance, pendant qu'il célé-

CI brait la messe à Bénévent dont il était évêque (1). Yi
Marius de Vipera dit de son côté: cc Sophius,· 24° évêque
« de Rénévent, était fils de Guigliescus, roi du nord du pays
Il. de Galles (2) en Bretagne. Il embrassa la vie monastique,
Cl et devint abbé d'un monastère qu'il avait fondé lui-même.
« Il fit par trois fois le pèlerinage de Jérusalem et sept fois
cc celui de Rome. Enfin, il devint évêque de Bénévent à la
Il. mort de saint Thammarus. Les Ariens l'y percèrent de
CI. leurs lances en haine de la foi catholique pendant qu'il cé­
c( lébrait les saints mystères (3). »
Ces deux notices offrent entre elles, on le voit sans peine,
d'un point de contact. Mais il y a aussi entre elles une
plus
divergence, sur laquelle je dois appeler l'attention.
Marius de Vipera affirme, en effét, d'accord en cela avec
hagiographes que Cado-Sophius avait été
le commun des
moine et abbé avant de devenil' évêque, tandîs que Gbinius,
historien des chanoines réguliers, prétend qu'il était cha-

(1) Adest et Sophius, qui ter Hiel'Osolymam, et septiès Romam religiose
peregrinatus, Beneventi, ubi episcopus erat, dum missam celebraret, lancea
NATALE sanctorum canonicorum, die 20â novembris.
confoditur
(Rome 1621).
(2) Il Y a ici erreur, le Clamorgan est au midi du pays de Galles non
au nord.
(3) Sophius, Episcopus Beneventanus XXIV, filius Gugliesci regis Wallire
septentt'ionalis in Britanniâ,monachus efIectus est el postea Abbas. Ter
Hierosolymam. sepliès Romam religiose paregrinatus est.Demum Beneven­
tanam Ecclesiam summâ pietate gubernavit, ubi ob catholicam fidem ab
Aria.nis lancea confossus est ad allare, dum sacra mysteria perageret IX 0

kalendas Februarii ; die 24 J annarii. Calalogus sanctorum Beneventano-
rum (Naples, 1636).

noine. Or il se trouve précisément qu'un des chapitres de la
VIe latine de saint Cado a pour titre: De constitutione cono-
. nicorum Vantcarbanensis civitatis (1) .
. De la manière, dont étaient organisés les chanoines de
LancarIJan.
. Seulement ce chapitre se présente après plusieurs autres,
qui avaient trai~ au monastère et aux moines de Lancarvan .
Il n'y a donc là, de la part de l'auteur anonyme, que diver-
sité d;expressions et nullement contradiction. En d'autres
termes sous sa plume, comme sous la plume de beaucoup
d'autres hagiographes des VIle-XIIe sièüles~ les expressions
monachus, clericus,canonicus sont synonymes et se prennent
indifféremment l'un pour l'autre. Par conséquent Ghinius ne
pouvait s'en autoriser pour transformer Cado en chanoine
régulier. Toutefois le titre de ce chapitre, je puis l'avouer, a
été pour moi comme tin trait de lumière. Oui, j'en suis
intimement convaincu, si Ghinius n'avait pas rencontré
quelque part soit un exemplaire de la vie latine de saint
Cado-Sophius, soit au moins un fragment de cette vie, dans
lequel se trouvait le chapitre en question, il n'aurait jamais
eu l'audace de transformer de sa propre autorité en chanoine
régulier un . évêque martyr. On a donc là une preuve indi­
recte qu'on a dû posséder en Italie jusqu'au XVIIe siècle en
tout ou en partie la premiére vie latine de saint Cado-
Sophiùs.
La chose ressort encore plus clairement de la notice de
Marius de Vipera, qui vient d'être mise sous les yeux du lec­
teur. Cette notice, en effet, est trop étendue à la fois et trop
exacte pour qu'elle n'ait d'autre base que de simples souve­
nirs traditionnels. L'auteur d'un autre côté n'avait rien em­
prunté à des écrits gallois. Nous en avons pour garants
à peu près irrecusables, d'abord la mention qu'il fait des

(1) Vie citée, XLV, volume cité p. 82.

Ariens dans le récit du martyre, m'imtion, qui lui appartient
midi du pays de Galles, ennn surtout le double nom de
.Sophius et Guigliescus, qu'il substitue à ceux de Cadocus et
de Gundleus. Il faut donc, je le répète, que cet hagiographe
beneventan ait rencontré à Bénévent même quelque docu­
ment aujourd'hui égaré, qui lui aura fourni les éléments de
sa notice si digne d'intérêt sur saint Cado-Sophius.
Une conclusion ressort de là à mes yeux, c'est que l'ano­
nyme 3dité par Rées, n'est pas le premier qui ait retracéla
biographie de saint Cado-Sophius. Il avait été précédé par
un autre anonyme, plus capable que lui de faire autorité,
par un autre anonyme, qui lui a servi à lui-même de guide
et de flambeau. Nous avons même un moyen de reconnaître
s'il s'est écarté ou non de son modèle. Il suffit pour cela de .
contrôler ses renseignements à raide de ceux que nous
retrouvons en Armoriqne et à Bénévent, et qui, eux aussi,
relèvent du premier biographe, je viens de le montrer.
Toutes les fois qu'il y aura accord entre Rées et nos tradi­
tions locales nous pouvons affirmer que les faits ont droit de
passer pour assurés, quand il y aura désaccord nous devrons
nous tenir sur la réserve. Ce côté du sujet ainsi mis en
lumière, je puis maintenant en venir à rechercher ce qu'a
été saint Cado-Sophius dans sa vie, à quelle époque il a vécu,
s'il y a eu plusieurs saints de ce nom: Je ne désespère pas
d'arriver par ce moyen à dégager la personnalité et la chro­
nologie de ce thaumaturge des obscurités. dont elles sont
présentement entourées. Voyons d'abord si Cado de Lan-
carvan ne serait pas le même que Sophius de Bénévent.
§ 2. Identité de S. Cado de Lancarvan et de S. Sophius
de Bénévent .
Le biographe gallois de S. Cado-Sophius affirme sans
hésiter que son héros, après avoir fondé Lancarvan et plu-

sieurs autres monastères dans la Grande-Bretagne (1), se
rendit à Bénévent, en ltalie, sur l'ordre du Ciel (2), y rem­
plit d'abord les fonctions abbatiales, fut ensuite promu à la
dignité épiscopale et finalement y cueillit la palme du mar­
tyre (3). Mais tout cela a paru si invrais~mblable depuis trois
siècles à la plupart des hagiographes qu'un certain nombre
d'entre eux et à leur tête Wytford (4) et Ferrarius en sont
venus à supposer qu'il s'agissait de la ville de Benavennc,
en Angleterre (5). Parfois même cn a dédoubl~ le saint en
prétendant que le fondateur de Lancarvan n'avait rien de
commun avec l'évêque-martyr de Bénévent, en avançant
même qu'il y avait eu deux saints du même nom à Bénévent,
Cado l'ancien et Cado le jeune (6). Seulement où sont les
preuves de pareilles assertions? Sur quels documents
s'appuie-t-on pour les mettre en avant? Pour moi, j'ai beau
interroger la tradition, je n'y trouve rien d'analogue. Tout
cela me paraît hypothétique, arbitraire, invraisemblable,
moralement impo~sible, vu les circonstances. Comment ces
auteurs n'ont-ils pas vu par exemple qu'ils ne pouvaient
placer à Benavenne, au cœur de l'Angleterre, le martyre de
S. Cado sans aller à l'encontre de tout ce que nous savons
authentiquement sur le refus des Bretons du VIe siècle de
travailler à l'évangélisation des Anglo-Saxons, qui avaient
envahi leur pays et y avaient tout mis à feu et à sang (7) .
Car de deux choses l'une, ou le breton Cado n'a pas été
percé d'une lance à Bénavenne pendant qu'il y célébrait les
saints mystèrès, au milieu du VIe siècle, et il faut chercher
ailleurs le lieu de son martyre, ou si le fait est vrai, il sera
(1) Ouvrage cité de Rées, n. 6, etc., p. 34 et suiv.
(2) Ibidem n. 34, p. 71 ct 72.
(3) Ibidem, p. 73-75. .

(4) Martyrologe d'Angleterre, Londres, 1521, sur le 2.6 janvier .
(5) Benaventa, aujourd'hui Wœdon, dans le comté de Northampton.
(6) Acta sanctorum, t. 3 de mars, p. 783 de S. Guenleo, n. 1.
(7) Beda: Historia ecclesiastica Anglorum, II. 2. et ailleurs .

vrai aussi d'affirmer qu'Augustin de Cantorbery et S. Gré­
amèrement aux Bretons leur dureté de cœur. Il sera prouve
que le breton Cado avait réellement tenté, quarante annees
-avant les missiorrnaires romains, d'implanter la foi chré­
tienne parmi les Angles et les Saxons, puisqu'il s'était
construit un oratoü'e à Benavenne, puisqu'il y célébrait la
messe. Il faut donc rejeter comme absolument inadmissible
l'opinion d'après laquelle S. Cado aurait souffert le martyre
à Bénavenne en Angleterre. L'opinion, qui identifie Cado
de Lancarvan avec Cado-Sophius, évêque de Bénévent en
Italie, peut au contraire revendiquer en sa faveur, non­
seulement le texte explicite de la vie du saint (1), mais aussi
la tradition immémoriale du pays de Galles, où le saint était
né et où il avait passé la meilleure partie de sa vie (2) ;
de l'Armorique, où il avait fondé le prieuré de Belz, où son
nom et son culte sont entourés de tant de vénération, comme
on le verra plus loin (3); de Bénévent, où il avait passé ses
dernières années et cueilli la palme du martyre en y versant
son sang pour Jésus-Christ (4).
Jusqu'au XVIIe siècle, en effet, ces trois pays paraissent
avoir été unanimes à affirmer: 1° que S. Cado-Sophius avait
eu pour père un roi du pays de Galles (5) ; 2° qu'il avait fait
trois fois le pèlerinage de Jérusalem et sept fois celui de
Rome; 30 qu'il était mort à Bénévent percé d'une lance
pendant qu'il célébrait la messe .

(1) Explicit vita S. Cadoci, qui et Sophia. Incipit passio ejusdem IX' .
calendas Fabruarii, in Bereventana civitate. Lieu cité, p. 70.
(2) Ces traditions sont consignées dans Jean de Tinemouth et dans
Capgrave. Voir Legenda sanctorum Anglire. Londres 1507, p. 6t.
(3) Celles-ci se trouvaient conservées dans les légendaires de Vannes et
de Sainte-Croix de Quimperlé. Voir Albert Le Grand: Vie des Saints de
Bretagne.
(4) Voir plus haut les textes de Ghinius et de Vipera . .
(5) Ghinius ne mentionne pas cette circonstance, mais Vipera est expli-
cite sur ce point. .
BULLETIN .ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. - TOMEiXXVII (Mémoires) 8

Or, de pareils faits sont manifestement des' plus ca­
ractéristiques. Le second en particulier n'appartient qu'à
notre saint, et suffirait seul pour empêcher qu'on ne le con­
fondit avec aucun autre saint. Il faut donc accepter ces
données traditionnelles comme étant l'expression de la vé-­
rité historique, à moins qu'elles ne soient inconciliables
avec les annales particulières de Bénévent.
De là de nouvelles recherches sur ce point.
§ 3. Comment~le=martyre de saint Cado-Sophius doit
avoir eu pour théâtre Bénévent, pour date le 20 no­
venibr~ 542 ou le 24 janvier 543 ?

Saint Cado de Lancarvan appartient,à la fois à la fin du Ve siè­
cle,et par sa vie publique à la première moitié du VIe siècle.
Le texte de l'anonyme gallois nous en est un garant d'autant
plus irrécusable que le saint a été intimement uni de son
vivant au roi Arthur, à saint David de Ménévie, et à saint
Gildas de Rhuys (1). On vient de voir d'autre part que le
martyre du saint ne pouvait avoir eu l'Angleterre pour
théâtre. C'est donc à Bénévent, en Italie, qu'il faut lui cher­
cher une place, et c'est vers le milieu du VIe siècle qu'il faut
le fixer pour rester dans la vérité de l'histoire. La question
que j'agite en ce moment, est celle de savoir si la chose est
conciliable avec les annales particulières de Bénévent.
Marius de Vipera, qui partage mon opinion, je viens de le
dire, et le fait d'une manière si assurée, qu'il donne pour
compagnon de martyre à l'évêque, son propre archidiacre
Bénigne de Bénévent (2), a commis la faute, je le sais, de
proposer une dllte impossible, celle de l'année 490 et celle
du règne d'Odoacre, mais je n'hésite pas à affirmer qu'il ra

fait par pure conjecture, et par une conjecture si malheureuse
(1) Vie citée p. 39, 44, 48, 50, 58, 60. etc.
(2) Il est rité par les Bollandistes le 24 janvier, t. II de janvier p. 606 .

qu'il s'y est donné à lui-même une sorte de démenti. D'après
lui, en effet : « saint Cado-Sophius aurait été transpercé
« par les lances des Ariens, en haine de la foi catholique,
« sous le régne d'Odoacre (1). )~ Or, en réalité, Odoacre
(480-493).bien qu'Arien, n'ajamais persécuté les catholiques,
ni fait de martyrs ( ). Il faut donc chercher une autre date.
Mais il se trouve précisément que les Ostrogoths qui supplan­
térent Odoacre en 493, étaient bel et bien Ariens, et se sont
montrés plus d'une fois persécuteurs, témoins ]e pape saint
Jean II (27 mai 529), saint Herculanus de Pérouse et saint
Régulus, évêque africain, réfugié en Toscane t3). Bien plus,
il se trouve que leur roi Totila, sous lequel Herculanus et
Régulus périreut pour la foi, prit Bénévent d'assaut en no­
vembre 542, en rasa les murailles (4), et y commit maints
excès de tout genre, comme il ressort des vifs reproches que
lui adressa saint Benoit, lorsque ce roi barbare vint le visiter
pendant son séjour à Bénévent qui e8t tout proche du mont
Cassin (5). Que faut-il davantage pour nous autoriser à pro­
poser comme date probable du martyre de saint Cado le 20
novembre 542 ou le 24 janyier 543, en raison de ce que
d'après Vipera et la tradition tant galloise qu'armoricaine,
le martyre aurait eu lieu le 24 janvier (6), tandis que d'après
les calendriers de Bénévent on célèbre le 20 novembre la '
fête d'un saint Dorus, évêque de Bénévent et martyr, sur ·
lequel on ne sait absolurrient rien. Or, à mon jugement, le
nom de Dor-us n'est qu'une altération de celui de Cadocus
par la ' snppression de la syllabe Ca et le changement de c
en r Docus,· Dorus.
(1) Sophius, ob catholicam fidem, lanceis confossus est ab Arianis,lieu cité.
(2) Tillemont : Histoire des Empereurs, t. VI (Paris 1738) p. 437-440.
(3) Voir les Acta sanctorum Bollandianorum, 27 mai, 1 mars, 1 septembre.
(4) Procope De Bello Gothico, III, 6 et 7. .
(5) Saint Grégoire le Grand Dialogues, 2, 15.
(6) Voir les Acta sanctorum sur ce jour t. Il de janvier p. 603 .

L'historien contemporain Procope garde, il est vrai, le
silence sur le martyre de l'évêque de Bénévent. Mais il en
fait de même relativement au double martyre des saints
Herculanus et Regulus, bien que l'un et l'autre soient certains
historiquement (1). Par conséquent on ne saurait rien con­
clure du silence en question.
Quant au biographe du saint martyr, il ne donne pas de
nom propre au vainqueur de Bénévent et ne dit pas qu'il fut
arien, mais il affirme toujours que la ville fut prise d'assaut
par un roi barbare (2), et que le martyre eut pour auteur un
soldat, qui n'avait pas d~ mission spéciale, et ne consulta
pour cela que sa cruauté ou sa haine de la foi catholique: ce
qui fait penser assez naturellement à Totila et à ses compa­
gnons d'armes plus ardents au carnage que bien disciplinés.
Rien ne s'oppose non plus à ce que Cado Sophiu§! trouve
. place de 540 à 543 dans la série épiscopale de Bénévent. Car
dans cette hypothèse il aurait eu pour prédécesseur Saint
Marcian, qu'on honore le 14 juillet, et pour successeur Saint
Zénon, dont la mort arriva le 17 octobre 586 après 43 ans de
regne. -
Or, tout ce qu'on sait du premier, c'est qu'il occupait le
siège de Bénévent en 533, mais on n'a jamais prouvé que sa
vie se soit prolongée au delà du 14 juillet 540 (3). Quant au
second, son épiscopat n'est pas antérieur au mois d'octobre
543. (4) Qui empêche dès lors de placer dans cet intervalle
l'épiscopat de S. Cado-Sophius ? serait-ce sa nationalité?
Mais à la fin du siècle précédent Bénévent avait bien eu pour
évêque saint Tarnmarus qui était africain de naissance. L'ob­
jection~ombe ainsi d'elle-même. Seulement les adversaires,
je le crains, ne se tiendront pas pour battus. Ils ajouteront

(1) Voir lès Bollandistes sur leurs actes. 1 e· mars et 1 septembre.
(2) Vie de saint Cado n. 34, édition citée p. 71 et 7'2.
(3) Acta sanctorum, t. 2 Junii p. 958.
(4) Ibidem, t. VIII octobris p. 84 .

vement prise à la critique en avançant que son heros avait
été abbé d'un monastère de Bénévent, avant de devenirévèque
de la cité, en affirmant en oulre, que le martyre aurait eu
dans l'église de ce même monastèl'e, enfin en prétendant
lieu
que ce monastère lui aurait servi de sépulture et aurait alors
pris son nom (1). Car de pareilles assertions, dira-t-on, ne
reposent que sur un équivoque ou SUl' une confusion de noms .
en effet a hien possédé un monastère justement
. Bénévent
célébre sous le nom de sainte Sophie, mais il n'a été fondé
qu'au VIlle siècle, il était dédié à la Divine Sagesse, non à
un saint du nom de Sophie, Sophios . ou Sophius. Telle est
l'objection plus solide en apparence qu'en réalité. Car s'il est
cel'tain qu'Arichis, prince de Bénévent, construisit dans sa
capitale vers 775-780 un monastère de vierges, qu'il dédia
à la Divine Sagesse (Sophias en grec) et qu'il -
explicitement
dota richement (2), il ne faut pas oublier non plus qu'un in­
tervalle de plus de deux siècles sépare cette fondation du
martyre de S. Cado-Sophius, et que ces deux siècles furent
signalés en Italie et à Bénévent en particulier par des bou­
leversements politiques de tout genre.
Or ces bouleversements ont dû amener la destruction de
d'un monument, ils ont dû contribuer à rendre moins
plus
vivaces maints souvenirs des âges antérieurs, jusque là
demeurés chers à la piété et au patriotisme. Qui nous dira
par suite si ce ne fut point alors que fut détruit le monastère
habité par S. Cado-Sophius ? et que son souvenir cessa d'être
aussi présent à la mémoire des Bénéventans? La chose me
paraît d'autant plus vraisemblable que les Gallois réussirent
vers ce temps à s'introduir(j nuitamment dans l'église de S.
Sophius et remportèrent dans leur pays son corps vénéré (3) .
(1) Vie de S Cado, p 3') et suivantes, p. 7l et suivantes.
(-2) L'acte de fondation nous a été conservé et se trouve reproduit dans
la Patrologie latine 1. LXXXVII, p. 1.418-1.4·W.
(3) Vie latine de S. Cado, 36, volume cité p. 76, .

Enfin, ce qui dirime la question à mes yeux c'est qu'un ano­
nyme Bénéventan du XIIe siècle qui recueillit avec un grand
zèle les privilèges royaux et les souvenirs traditionnels de
l'abbaye des Vierges fondée par Arichis, n'hésite pas à affir­
mer qu'avant cette fondation Bénévent possédait un monas-
tère d'hommes du nom de S. Sophius et nouf' a même con-
servé le nom d'un abbé Maurice, qui le régissait au VIlle
siêcle (1). Je regrette vivement que cet anonyme ne nous ait
pas dit d'une manière plus explicite de quel Sophius ou Sophias
il parlait dans la circonstance. Mais dans tous les cas il est
question sous sa plume d'un monastère d'hommes, non d'une
abbaye de femmes. Par conséquent rien ne s'oppose à ce que
S. Cado-Sophius n'ait été abbé avant de devenir évêque de
Bénévent.
On le voit donc sans peine: les textes hagiographiques
comme les vraisemblances et les probabHités sont favorables .
à l'opinion qui identifie Cado de Lancarvan avec Sophius
de Bénévent. Ils donnent un nouveau poids à l'opinion qui '
place son martyre non en 490 mais en 542 sous le roi Totila .
Continuer avec D. Lobineau et Alban Butler ~ à vouloir
dédoubler ce personnage pour placer le martyre de Cado en
Angleterre et rejeter son épiscopat de Bénévent, ce serait se
montrer arriéré et appliquer tout à fait arbitl'airememt les
règles de la critique historique. Voilà ce que
principes et les
j'avais à dire pour dégager la personnalité de S. Cado des
obscurités qui l'entouraient et pour débrouiller quelqne peu
sa chronologie.
J'arrive maintenant au fondateur du prieuré de Belz. Ce
côté de la question aura pour nouci un intérêt tout particulier
puisque notre province y sera en jeu.
(1) Voir la chronique de sainte Sophie de Bénovent dans Ughelli. Halia
sacra t. VIII p, 618 Mabillon. Annales O. S. B. t. 1 p. 513 .

de Vannes (520-530). .
Jean de Tinemouth et Capgrave, auxquels on doit un abré-
pour l'Angleterre, n'ont pas jugé à propos d'y mentlOnner
la fondation du prieuré de Saint-Cado de Belz au diocèse
de Vannes. Les Bol1andistes de leur côté, qui n'avaient peut
être à leur dispositlOn que cet abrégé de vie, n'ont pas
reproduit autre chose dans leur collection déjà citée, et
ont gardé le silence sur le prieuré en question de Belz. Par
suite on a cru souvent que cette fondation elle-même et les
prodiges dont elle fut entourée, n'avaient aucune base his­
torique et devaient passer pour purement légendaires. C'était
une erreur. Le' biographe gallois, suivant sans doute en
cela l'exemple du devancier, que nous connaissons, leur a
bel et bien consacré un chapitre spécial, en lui donnant le
titre suivant, qui est significatif: « D'un édifice religieux,
que le B. Cado construisit en Armorique. ») (2) .
L'auteur,c'est ma conviction, n'a pas emprunté ses rensei­
gnements à une source armot'icaine, car il en est à ignore_ r
que son héros était attiré en Armorique par la présence de
plusieurs proches parentes, qui s'y trouvaient déjà fixées,
telles Ninnoch à Plœmeur:" Lorient, Guen-Candide à Scaër,
Nonne Mélarie à Dirinon. A l'entendre, Cado arriva en Ar­
morique par une sorte de hasard, vers les années 520-530,
au moment où il achevait une excursion de longue haleine à
travers l'Italie et la Gaule, à la recherche des reliques des
Saints (3). A mon jugement, le but premier de la venue de
(1) Legenda sanctorum Angliœ Londres 1507.
(2) De religionis edilicio, quod vil' Dei in Armol'ica contruxit. Lieu
cité n° 32 p. 67-69 Je le repl'oduis en appendice à cause de son importance
pOUl' nous et des divergences qui le diversifient des traditions populaires.
(3) Les modernes (les moines d'Occident, t. 3, p. 7,,), ont supposé que
Cado fuyait pou r ne pas "oi r la dévastation cie son pays par les Anglo­•
::Saxons, mais l'ancien auteur ne dit rien de semblable. On ne trouve pas
sous sa plume une seule allusion à ces envahisseurs.

saint Cado en Armorique, fut le désir de s'y entretenir avec
sa tante matern811e sainte Ninno(-{Ue, qui venait de fonder en
Plœmeur-Lorient le monastère de Lan-Nennoc, l'un des
premiers qui aient été élevés dans les Gaules pour les femmes.
Le saint s'y trouvait à tl'ois ou quatre lieues de Belz et de
la petite mer intérieure, que forme l'Etel en cette localité et
en Locoal. On lui en parla comme d'une solitude fort digne
d'intérêt, mais jusque là privée d'habitants .
Cado monta sur une barque avec .ses disciples pour s'y
rendre et visiter le pays. L'île qui porte aujourd'hui le
nom de Saint-Cado, attira particulièrement l'attention du
saint, elle lui parut si agréable et si propre à être cultivée,
qu'il se mit à dire à ceux qui le suivaient: (c Je fais choix
« de ce lieu avec le bon plaisir du Créateur, et je me propose
« d'y fixer mon séjour pour un temps plus ou moins long. »
CL Maître, lui répondirent les disciples, nous pensons comme
« vous et nous ferons tout ce que vous désirez. » En con­
séquence Cado s'établit dans cette île et commença sans
doute par y élever quelques hùttes en branchage pour lui et
ses disciples. Mais le biographe garde le silence sur ce
détail, et n'appelle notre attention que sur l'église et le
pont de saint Cado.. .
« L'église que fit construire le saint, nous dit-il, était élé­
« gante et toute en pierres de taille (1). Ce ne 'fut qu'après
« cette construction que Cado s'occupa de relier son île à
« la terre ferme et à Belz au moyen d'un pont en blocs de

pierres » si habilement et si solidement reliés entre eux que
ce travail a survécu aux révolutions, et est arrivé jusqu'à
nous. Ce pont est long de 100 mètres sur 4 de large (2) et la
structure· en est assez grossière. Mais on comprend sans
(1) La chapelle actuelle de sain t Cado est romane et ne manque pas
d'élégance, mais elle n'a rien gardé de la chapelle primitive.
('l) L'hagiographe suppose que la longueur est de 173 de lieue. Il y a
un peu d'exagéra lion

peine qu'il ait passé aux yeux des contemporains pour une
puisque les Romains n'avaient pu le réaliser;
merveille,
C'est aussi ce qui nous explique pourquoi la légende s'en
est emparée, et en a attribué la construction au diable en
personne (3). Pour l'hagiographe, il affirme tout au contraire
, que le saint recourut à l'art des 'maçons pour la construction
de ce pont. D'après lui cependant il y eut prodige surnaturel
non dans la structure de ce pont, mais dans sa conser­
vation. Voici comment:
Après que saint Cado eut présidé par lui-même à la cons­
truction de son église et de son pont: ce qui demanda selon
tontt~ apparence plusieurs années de travail, un ange apparut
en song8 ,à l'abbé de Lancarvan et lui fit entendre qu'il
devait reprendre le chemin de son pays natal parce que les
fils spirituels qu'il y avait laissés, étaient dans l'inquiétude
à son sujet. En conséquence le lendemain matin à l'issue de

l'office de Laudes, Cado réunit autoui' de lui ses disciples de
Belz, leur fit connaître l'ordre du ciel, letir donna ses derniers
avis etles exhorta paternellement à demeurer inviolablement
attachés au service de Dieu. Puis comme tous éclataient en
sanglots, le saint pour les consoler d'une cortaine manière de -
son absence, désigna l'un d'entre eux Catgualader pour tenü'
sa place et faire l'office de prieur. Après quoi il prit la rout.e
traversa d'immenses espaces et regagna heureu- -
du retour,
seme nt sa basilique de Lancarvan. Les moines de Belz,
quelques jours après le départ de leur Père, sortirent de
leur monastère pour revoir de leurs yeux le chemin qu'avait
suivi celui dOlJt l'absence leur causait tant de regret. Mais,
quel ne fut par leur étonnement! le pont de saint Cado était
enfoncé en terre, il ne paraissait pas plus aux yeux que s'il
jamais existé.
n'avait
(.l) Albert Le Grand est le premier à ma connaissance qui ait recueilli
ce souvenit' traditionnel, mais les peintres de leur côté s'en sont autorisés
depuis deux siècles en maintes occasions.

Ce spectacle plongea les religieux dans la plus grande
affliction. Revenus à leur église ils se prosternèrent devant
l'àutel la face contre terre, et pendant trois jours et trois
nuits ils vaquèrent au jeûne et à la priére, suppliant Dieu de
les secourir dans une si grande infortune, Or, une voix du
ciel se fit entendre au prieur au milieu de la troisième nuit
et lui annonça que Dieu avait exaucé leurs prières'par amour
pour saint , Cado, et, que le lendemain, ils reverraient leur
pont entier et exempt de fracture. De fait, le lendemain les
religieux coururent pleins de joie pour voir ce qu'il en était.
Or, le pont était à sa place, on l'examina avec soin dans tous
ses coins et recoins, et on acquit la preuve que rien ne lui
manquait ou plutôt qu'il était sept fois plus solide qu'aupa­
ravant (1)
Les religieux revinrent alors à hmr église le cœur plein
d'allégresse en louant et en bénissant Dieu. Le bruit de ce
miracle, on le devine sans peine, ne tarda pas à se répandre
dans tout le pays, et les habitants en prirent naturellement
occasion de combler de nouvelles louanges Dieu et son
fidèle serviteur Catuodus, leur père vénéré et bienfaiteur',
Aussi ont·ils donné à l'île le nom d'Ile. de satnt Cad1tOd (2).
Cette ile produit plusieurs genres de fruits et ces fruits pas­
sent pour avoir la propriété de guérir diverses maladies.
Tels sont tous les renseignements que nous fournit l'ano­
nyme gallois sur la fondation du prieuré de S. Cado de
Belz. Ces renseignements sont du plus haut intérêt et font
autorité; mais on regrett.e vivement que l'auteur se soit
arrêté à la fondation et ne nous ait rien dit de ce que devint
'fondation .
dans la suite cette
La chose est d'autant plus regrettable, qu'aucun autre
auteur arrivé à ma connaissance n'a mentionné, même en
(1) Vie de saint Cado, lieu cité.
(?) En breton Enès Caduod .

passant, ledit monastère avant le XlI siècle et l'année
A cette date, il était devenu la propriété particulière de
Rudalt (père d'Orscand, évêque de Vannes) et de quelques
. autres seigneurs du voisinage (2); mais le monastère et
l'église étaient encore debout (3). Ce qui donne à supposer
que la vie régulière s'v était maintenue jusqu'à l'époque des
dévastations normandes de la Hn du IXe siècle ou des pre­
mières années du Xe. A cette date, les moines durent s'ex-
patrier pour échapper à la mort. C'est alors que leurs Pl'O-
priétés devinrent la proie des séculiers. Mais ceux-ci à leur
tour reconnurent bientôt qu'ils avaient commis une grande .
faute en s'appropriant de ra sorte un bien qui appartenait à
l'Eglise. C'est pourquoi ils s'en dépouillèi'ent, vers les
années 1109, 1120. en faveur' ùe l'abbaye voisine de Sainte-
Croix de Quimperlé, récemment fondée, De là sortit le
prieuré de S. Cado, qui a subsisté jusqu'en 1789, et dont
l'histoire se confond avec celle de cette abbaye elle-même (4).
A près avoir fait connaître ce que nous savons authentique­
ment sur la fondation du monastère de S. Cado de Belz, jl
ne me reste plus, conformément à. mon programme, qu'à
jeter un coup-d'œil sur le culte de ce saint dans noh'e Bre­
tagne.
§ 5. Culte de S. Cado en Armorique.
S. Cado le Sage, après une vie sainte, une vie signalée
par tant d'œuvres éclatantes, enfin après une vie couronnée
par un glorieux martyre, ne pouvait manquer de laisser une
mémoire bénie et un souvenir impérissable. De fait, le pays
de Galles~ Bénévent et l'Armorique se sont plu à l'envi à
(1) Cartulaire de Quimper~é, édition Maitre, p. ,{18.
(2) Ibidem, p. 218, no. -
(3) Ibidem, p. ,{'21, '224.
(1) On y yoit encore dans l'église des peinture:5 du XIe siècle représentant
le martyre'du saint. . .

inscrire ce personnage au nombre de. leurs principales
gloires de . sainteté, à célébrer annuellement sa fête, à lui
consacrer .des églises et des oratoires.
Celui qui trace ces lignes, ne connait pas assez l'histoire
particulière de Bénévent et du pays de Galles pour entrer à
leur égard dans beaucoup de détails Il lui suffira de dire que
la fête annuelle de S. Cado se célébrait dans le pays de 'Galles

le 24 janvier et s'est célébrée fidèlement jusqu'au schisme de
Henri V II 1. A Bénévent la fête se célébrait le 20 novembre,
mais le saint y était appelé primitivement Sophius, comme je
raidit plus haut. Aujourd'hui c'est sous le nom de Dorus que
ladite fête est signalée sur le calendrier particulier de Béné-
vent. Mais à mes yeux: je le répète, il n'y a là qu'un nom
altéré: celui de llorus a pris la place de Cadocus par la sup-
pression de la première syllabe ca et le changement du c en r.
On aura beau parcourir les annales de Bénévent: jamais on
n'y trouvera place pour un évêque martyr du nom de Dorus.
La seule hypothèse vraisemblable c'est celle que j'ai proposée
plus haut, elle consiste à reconnaître que S. Cado-Sophius
fut choisi pour succéder à S. Marcien en 540 ou 541 et périt

victime de la fureur de Totila et de ses Goths ariens pendant
le siège de novembre 542.
En ce qui concerne notre Bretagne, rien ne prouve mieux
la popularité, dont le culte de S. Cado y a été entouré pendant
de longs siècles,que l'ardent' de dévotion avec laquelle Beau­
manoir et ses compagnons d'armes implorèrent sa protection
dans la mémorable journée des Trente (27 mars 1351). Voici,
en effet, le texte traditionnel de la supplication qu'ils lui
adressèrent: .
« Seigneur S. Cado, patron des guerl'Îers bretons, donnez·
nous force et courage, afin que nous vainquions les ennemis
de la Bretagne » (1) .
(1) Hersarl de la Villemarqué Bm'1.as-Breïs ou chants populaires de, la
Bretagne, t. 1 p. 313-331.

Ici d'ailleurs je puis entrer dans quelques renseignements
particuliers plus détaillés:
A Vannes età Quimperlé sa fête se célébrait le 21 septembre,
ori ignore pour quel motif; mais c'était, sans nul doute, le fon­
dateur de Belz, l'évêque martyr de Bénévent, qui était en ce .
jour l'objet des hommages de Ja piété publîque( 1) .Aujourd'hui
le saint n'a plus qu'une mémoire à Vannes, le 21 septembre.
avec une courte leçon; et par malheur, dans cette leçon on
place le martyre par erreur à Benavene dans l'île de Bre-
tagne (2).
La paroisse de S. Cast, près Dinan, a toujours honoré et
honore encore présentement S. Cado pour son patron et

célèbre sa fête le 5 juillet, probablement par imitation de
l'abbaye voisine de S. Jacut, qui célébrait en ce même jour
sa fête patronale. Mais ce qu'il m'importe davantage de cons­
tater, c'est que notre S. Cado n'est antre que le fondateur de
Lancarvan et de Belz. Il est en effet prouvé que la fête de
S. Cado se solennisait autrefois nonseulementàS. Cado de Belz
et dans les autres local.ités qui étaient sous le patronage du
saint, mais aussi dans tout le diocèse de Vannes, ainsi qu'à
Sainte-Croix de Quimperlé et dans les monastères qui dépen­
daient de cette abaye. On avait composé à cet effet une légende
liturgique, dont je n'ai pu jusqu'à présent retrouver le texte,
mais qui était aussi explicite qu'on peut le désirer sur l'iden­
tité dont je viens de parler. ' La chose ressort manifestement
de la notice du P. Albert Le Grand, qui avait sous les yeux
en écrivant, les deux .légendaires de Vannes et de Sainte­
Croix de Quimperlé sur lesquels cette légende avait été trans­
crite (3). Tout prouve donc que cette légende avait été com-
(1) Voir, Albert Le Grand, qui cite les légendaires de Vannes et de Sainte
Croix de Quimperlé, dont il avait eu communication. .
(2) Voit' le Proprium Veneten8a, année 1875, die 21" setembris.
(3) Vie des saints de Bretagne, 1 novembre. C'est par pur caprice que
l'auteur a placé le saint en ce jour; car il est le premier à déclarer que sa
fêle se célébrait à Vannes le 21 septembre .

posée primitivement pour le S. Cado,dontil a été question plus
sur l'ancienne vie originale,
haut. Elle avait dû être calquée
pratiquait avant S. Pie V,à l'époque où toutes les
ainsi qu'on le
leçons d'une fête et de son octave étaient parfois consacrées
retracer la vie et les actions du saint qu'on voulait honorer,
ce qui permettait souvent d'y insérer le texte presque inté­
gral de ces anciennes vies.
appen­
A défaut de cette ancienne légende, je publierai en
dice le texte de celle qui figure actuellement dans le Propre
de Vannes, non sans signaler les deux ou trois lapsus histo­
riques qui la déparent.
Au culte de saint Cado se rattachent directement son pa­
tronage et son iconographie. C'est pourquoi je vais dresser
ici la série des localités qui reconnaissent pour patron saint
Cado à un titre ou à un autre. Chemin faisant je signalerai
aussi les statues et images du saint dont a conservé le

souvemr .
1° Paroisses qui ont saint Cado pour patron .
1 e Saint- Cadou- Sizun, d'après l'ordo de Quimper et
comme le nom l'indique.
2° Saint-Cast près Dinan, Insula de Sancto-Casto portaient
les anciens titres. On a parfois prétendu qu'il s'agissait là
d'un disciple de saint Jacut, mais c'était par erreur: la chose
ressort clairement d'une lettre que D. Lobineau avait re­
cueillie pour sa vie des saints de Bretagne (1). Sa statue le
représente en évêque-martyr. Avant 1789, Cadélac (Cadoci
locus) avaitaussi saint Cado pour patron, mais cette paroisse
par Loudéac, et saint Cado a perdu jusqu'à
a été absorbée
son église qui a dû être détruite lors de l'incendie de 1803 .

(1) Voir les papiers des Bénédictins de Saint-Maur - Blancs-Manteaux,
t. XVIII, p. 109, aujourd'hui bibliothèque nationale (Paris), manuscrits
français t. 22, 32, (f~ 109.)

Aux portes de Quimper se trouve aussi une paroisse du
nom de CAST qui a peut-être eu saint Cado pour premier
patron. Aujourd'hui elle honore saint Jérôme.
IIo Localités où saint Cado est honoré d'une chapelle
publique, d'une sta.tue, etc ...
10 Belz, l'ancienne église priorale est aujourd'hui chapelle
et s'appelle saint Cado de l'île. .
20 Carnoët-Quimperlé, on y trouve l'anse de saint Cadou.
3° Saint-Clet (Côtes-du-Nord). La chapelle de N.-D. de
Clérin a pour second patron saint Cado ; pèlerinage assez
fréquent pour les maladies d'yeux; c'est saint Cado auquel
les pèlerins se recommandent (1).
4° Guégon (Morbihan), chapelle mentionnée dans le Ré­
pertoire archéologique de M. Rosengsweig.
5° Kerpert (Côtes-du-Nord), statue d'évêque-martyr du
XIe siècle {2}.
6° ..: Landrévarzec rFinistèreL àN.-D. du Quilinan (3), sta-
tue vénérée avec cette inscription: S. Cadocus abbas. .
7° Michel-en-Grève (Saint), visite de mai 1876.
8° Moëlan près Quimperlé (Finistère), v. Ogée, t.II p. 36.
go Plestin (Côtes-du-Nord) (4).
10° Plouarnel-Quiberon (Morbihan) (5).
11° Ploumilliau (Côtes-du-Nord), visite de mai 1876.
12° Plogonnec (Finistère) (6) .
13° Redené-Hennebont (Finistère), au château de Ros­
grand,chapelle avec statue de saint Cado, évêque et martyr.
On y montrait autrefois deux de ses crosses (7) .
(1) Du Mottay : Petite géographie, p. 543. •
(2) Du Mottay, Iconographie bretonne.
(3) Mémoires archéologiques du Finistère t.XX p. 125.
(4) Du Mottay: Iconographie citée.
(5) Guide-Joanne p. 571.
(6) Ibid. p. 603
(7) Ogée Marteville, t. II p. 436.

. 14 Sévignac (Côtes-du-Nord), village du nom de S. Cado.
J'arrête ici cette énumération. Elle témoigne hautement,
bien qu'elle soit incompléte, de la vénération populaire dont
saint Cado continue d'être entouré, treize ou quatorze siècles
après la fondation du prieuré de Belz. Elle prouve éloquem-
ment que la gloire des saints est la seule durable même ici
bas, la seule qui survive aux orages des temps et aux révo­
lutions. D'autre part j'avais établi précédemment que la cri­
tique hagiographique avait été vic.time de l'erreur lorsqu'elle
avait prétendu dédoubler saint Cado-Sophius et refuser au
fondateur de Lancarvan et de Belz, l'honneur de la dignité
épiscopale et du martyre. .
Il reste donc pro·uvé : 1° que saint Cado-Sophius n'est
qu'l1n seul st même personnage sous deux noms différents.
Il reste prouvé: 2° que ce saint appartient aux années 460-
'480 par sa naissance, aux annèes 510-535 par ses fondations
monastiques. Il reste prouvé: 3° que ses dernières années
se sont passées à Bénévent en Italie. Il a été successi­
vement : abbé d'un monastère probablement en 541, puis
évêque à la mort de saint Marcien. Enfin il a couronné sa
carrière de saint et de thaumaturge par un glorieux martyre,
le 20 novembre 542 ou le 24 janvier 543, à l'époque où To­
tila commandait à la nation des Ostrogoths et disputait à
Justinien l'empire de l'Italie.
Dom BÈDE PLAINE O. S. B.
APPENDICE
10 De religionis edificio, quod vir Dei in Armorica
construxit. .
In illo tempore,cum venerandœ rriemoriœ Cadocus Romam
adiisset, et omnia sanctorum loca per ltaliam atque Galliam
constitut a peragrasset g·ratia visendi reliquias sanctorum

conti O'it illum ad venisse ad quamdam provinciamquœ qllondam
Armol'ica, dei nJe LeLtau (1) ct nunc minor Britannia vocatur (2)
Acccpit autcm quod ihi erat quredam insu la nemine
illhabitante, in pelago sita c1islans à littore spatium tertire
unius leugre Aseendens ipse eymbam eum discipulis
pal'tis
suis, portuique tempesti ve illius solitùdinis applieuit, Aspi­
ciens quiclem illam clecoram atque feralem. ait suis sequa­
cibus : « Eia fl'atres, istum nutu Dei locum eligo hucque si
« vobis bencplacitum fuerit morari gestio » At illi responclentes
inquillnt : « Domine quod tibi bonum. videiur, libentius
!J. agemus ». Coilstruxit quidem basilicam lapidibus elegan­
tem. · Postea vero pontem lapideum artificiosé forniceo opere
compositum, arcus coemento conglutinatos habentem, à coe­
mentariis fabricari fecit.
FI is peractis dllm sopori indlllgeret, quadam nocte, ange­
lica voee sic loquentem alldivit : « Cadoee servornm Dei
J fidelissime nen lie et tibi diutillS hùe habitare, verum oportet
({ te velocills repatl'iare, quoniam cleriei tui pro diuturnâ
({ absentiâ tuâ non minime coritristantur ).
Porro matutinis lauc1ibus ex more Deo solutis, cunctos
ad se monaehos aeeersivit, eisque suam visionem clenotavit
« Agite jam soeii et fratres mei, in quit in Domino
dieens :
;( charissimi, nam hie diutillS permanere non valeo. Coete­
« rum modo vobis firmiter pi'œeipio quatenus constantes
« perseveretis in Dei servitio. »
His auditis amarius quique flere. coepérunt. Subro­
gavit il! is deinceps priorem vice suâ ex discipulis suis
nomine Catgualac1rum. Ut autem discipulis suis benedixisset
licentiamque ab eis abeundi recepisset, retrogradum coepit
(1) A vrai dire Armorica el Lettau ou Lelavia sont synonymes et. signifient
Littm'al de la mer .
(2) L'Armorique ne reçut ce nom qu'au IXc siècle dans les jours de
Nominoé. Par conséquent l'au leur n'est pas antérieur aux années 850-870.
Mais aussi rien ne prou ve que ce passage appartienne en propre au premier
biographe. Le second a pu l'y insérer au Xc siècle.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE . ' TOME XXVII (Mémoires) 9

iter carpere, transmigratis immensis terrarum superficiebus
prospere meruit ad propria-m basilicam de Lancarvan deni-

que pervemre.
Non post multum vero tempo ris exierunt monachi supra­
dictee insulœ, causa prospiciendi pontem, magistri sui
absentatione pertœsiillum spiritus desiderio oculorumque
prospectu, viâ, quâ migraverat persequentes, eum illico in
ietu oeuli, eis prospieientibus, pons subruit ita rude ad
nihilum redaetus ceu nunquam faetus fuisset. Quo viso, eum
maximo luctu ad ecclésiam regredientes in terra proni
eorruerunt, tribus que diebus ét noctibus jejunaverunt Domi­
super tanto infortunio flagitantes. Tertiâ vero
ni solatia
priori ipsius loci in somnis dîmittitur
nocLe. vox de celo
dicens: Exaudivit Deus deprecationem vestram pro S. Cadoci
amore, cras enim videbitis pontem integrum illœsum que
eonsistere. Matutinis plene laudibus decantatis, Prior reve­
lationem à Deo sibi patefactam clericis indieavit. Tunc
quantocius pro nimiâ lœtitia monachi ad intuendum .polli­
citum cucurrerunt inveneruntque pontem intemeratum,
septiesque robustiorem quam prius extiterat. Cumque dili-
genter pontem hùc illucque conspexissent. regressi sunt
alacres ad oratorium eorumdem, laudantes et benedicentes
Dominum . Mox per totam illam patriam percrebrescente
miraculo, omnes illius provinciœ cultores Deo et S. Cadoco
honorem et laudem exhibuerunt. Nam B. Cadocus apud
eamdein gentem Catuodus (1) vocatur, ex cujus nomine illa
insula nomen accepit id est IN1S CATUODI: in quâ fructuum
genera habentur, quœ diversorum morborum medelam con-
ferre dicuntur. · .
2° Legende liturgique de S. Cado (2) .
Cadocus in Britannia majore ex Gundleeo, Clamor-
gantiœ nrincipe natus est. Gundlœus, abdicato pl'incipatu,
('1) Hees écrit pal' erreur Oalhodus.
(z) Prepriu m venetens.e anni '187[>, ct ie ZIa. septembris nona LecLio.

vitre residuum in solitudine duxit (1). Cadocus, patris exem-
plum seeutu3 (2), abdieavit et ipse regnum, reeesslt qu~ l~
moilasterium Lanearvanense, ubi leetioni, jejunio et oratlOm
jugiterintentus am plissimum patrimonium dotandis ecelesiis
tum egenis propemodum innumeris sustentandis. impen­
debat (3) Monasterio postea prrepositus in sapientia eoelesti
elaruit ut pel' antonomasiam sophia nuneuparetur.
Celebrem Hiltutum in seeulari vita ad regularem observan­
tiam adductumAngliœ totius m:lgistrum sanetitatis effeeit(4)
Gildasium Albanensem Conani magni filium, eruditione
et sanetitate prœelarum,ad doeendam juventutem monasterio
suo preposuit (i»). IlIum et eonsilii eonsortem habuit pelendi
insulas desertas ut Deo magis vaearet. Gildasius Groatiam
tune temporis dictam Roneeh (6). Cadocus eontinenti viei­
niorem assumpsit insulam, quœ ejus dehine retinet appella-
tionem. .
lndè pulsus â piratis repetivit Angliam et Beneventœ in
Northantonia Episeopus ordinatus est, ubi in Barbarorum
saxonum ' il'ruptione trllcidatus. martyr occubuit anno uti
ferluI', quingentesimo et nonagesimo (7).
(1) S. Gundloé ou Gon[ay est honoré le 29 mars . Il a dü être le patron
primitif de S. Gonlay, paroisse du diocese de Rennes (Il[e-et-V ilaine,canton
cie Montfort). '
(2) . C'est tout le contraire ,qu'il faut ~il'e, le fil? ~ dev~nça [e pere et
pOUl' une large part a la conversIOn de celuI-cl. VOIr la Vie latine
contribua
p. 60 et 61, 8Hl4. . '
(3) La vérité est encore que Cado se mit sous [a discipline de S.Meuthius
d~IllS sa jeunesse, ma is Lanca l'va n fut fondé par lui, et non pa l' le maître.
(4) Iltut converti par Cado vers les années 520-5:30, était un compagnon
d'armes du roi Arthur (voir la Vie latine, p.45 et 46) et n'a rien de commun
avec le fondateur de l'école de Lantwit, qui était mort vers 500-.510.
(5) Les rapports de S. Cado avec Gildas de Rhuys sont antérieurs au
passage de celui-ci en Armorique et doivent appartenir aux années 5W-530.
(fi) Gildas n'est venu en Armorique (vers 550) qu'après le martyre de
S. Caclo; c'est ma conviction.
(7) Cette dernière phrase renferme plus d'un anachronisme et. plus d'une
erreur. En 590, Cado n'aurait pu être chassé de Belz par des pirates ni

allé cllercher un refuge chez les Anglais; car Bretons et Anglais ou Saxons
non cOlûebanlur, mais étaien L alors ennemis mortels.!1 au eait pu encore moins
or.cI?nné é.vêque d~ Bé,n~vent, dans !e comté cie Nortba!llplon, puisque
être
ceLte cite n'était pas VIlle eplscopale, pUIsque tout ce pays etait idolâtre et
à persécuter les chrétiens. . .
acharné