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Bulletin SAF 1899


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Les chapelles du Cap-Sizun (suite)

H. Le Carguet

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Pi.erre tontlJale .le (Juzon

XX.III
LES CHAPELLES DU CAP-SIZUN (suite) (1)

Les Sa· n ts .~t
fions
les lU UD. i
bre fo) es
uSDlaires.
I. Les vieux Saints.
La plupart des vieux saints du Cap-Sizun ont reçu, de la
tradition, une origine bretonne insulaire.

Leur biographie est inconnue.
L'iconographie les représente généralement sous l'habit
religieux, mais on ne peut en déduire aucun indice biologique
certain.
Leurs pouvoirs sont variés. Les uns sont invoqués comme
guérisseurs; les autres passent pour accorder des grâces
sp éciales, ou sont les proteclcurs du pays .
Dans ces pouvoirs différents trouverait-on le souvenir de
ce qu'ils ont été, de ce qu'ils ont faiL ? .
Les saints guérisseurs auraient-ils été des personnages
dont la charité et le dévouement étaient la règle de leur-vie?
Les maux pour lesquels on les invoque étaient-ils ceux qui
afiligeaient le plus fréquemment les populations parmi
lesquelles ils vivaient? .

. Les saints invoqués pour des faveurs spéciales ont-ils
détenu la fortune, les biens de la terr.e ?
Les saints, protecteurs des paroisses, étaient-ils les puis­
sauts de lel~r époque?

(1) Cf. Bulletins de la Société archéologique du Finistère. (Juillet 1891,
féArier et avril 1899.)
BULLETIN·ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXVI (Mémoires) 27

La tl'adition est si ohscul'e qu'on n'en peut l'ien déùull'e
de certain.

Tous les saints bretons ont étô canonisés pUI' la vonol'atioll
populaire, tacitement appl'ouvée pal' l'Eglise.
Des idées jansétlistes ayant pl'is cours parmi Cjuelques
membres du clergé bi'eton, la gu.erre l'ut déclurée aux vieux
saints qui n'avaient pas la canonisation romaine. LeLll's sta­
tues, malgré plusieul's siècles de vénération, furent descen­
dues de leut' piédestaux et rdéguées dans les combles des
sacristies; leurs noms supprimés aux baptêmes, ou rajeunis
et transformés d'apr6s le marlyl'ologe l'ornain .
Des assi milalions fJ.chensus out élé commises, de compli-

cité avec les fidèles qlli chel'clwient, dans Jeurs livl'es impri-
,més, la vie de leul',';; saints patl'ons~ et, ne les y tl'ouvallt pas,
en prenaient ù'autres, SHiJS aulres motifs qu'une cerLaine
assonnance ùans les syllabes composant les !loms.
C'est ainsi que Uwnonus, abbas, d'Audieme, est devenu
saillt Haymond Nonllat ; que Onneus,d'Esquibien,apl'ès avoil'
disputé la titularisation de son église à N -D. des Grâces,
n'a plus reparu, daus les noms de baptêmes, dUl'ant un siècle
et demi; que Ctéden, (de même que suint Cleuzen, ou Cleyé,
du Tt'éguier), e~t devenu saint Clet, aussi bien que Anaclet,
sans préoccupation de savoir que celui-ci, Athéllien de nation
ct vivant sous Trajan, ll'était pas le même que le premier,
romain d'ol'igine et martyr'isé sons Domitien.
Une autre cause de eonl"usion provient du culte, tont spé­
cial, accordé à des saiu1s locê-\Ux. La dévotion popnlail'e qui
se porlait de ]Jl'éfél·ciH':e vel'S ceux-ci s'est plu à les orner des
méi'ites et des dLl'ibüts d(·~s suillts moins COllnus, ou moins
on faveur. Il en est résulté deux falls : que les noms des saints
vel'S lesquels ne se pOl'tnit pas le culte populail'e sont tombés
daus l'oubli; qne la 18gende des autI'es contient tant d'ana-
, chronismes et de contl'adictions.

IL Les Immigrations .
Dans l~ Cap-Sizun, la légende de plusieurs saints
locaux est inconnue. Cependant la tradition semble avoir
conservé le souvenir ùe leue arrivée dans le pays.
Comme la plupart des émigrations bretonnes insulaires se
sont faites, par masses, sous la conduite de chefs civils et
religieux, il faut admettre que le Cap a reçu, par cette voie,
un sUl'ceoît de population, attirée peut-être par des relations

antél'ieures, commerciales ou autres.
C'était un événement que J'arrivée de ces bandes, venant,
avec leur double organisation civile et religieuse, s'implanter
au milieu ou à côté de populations sans force, ni cohésion;
installer leues Plou et leurs Trew, près des lJlansiones et des
Vici gallo-romains en déteesse; et il n'est pas impossible que
souvenie d'un tel événement se soit conservé jusqu'à la
population actuelle qui dérive de la fusion des anciens habi­
tants avec ces nouveaux venus,
Dans le Cap-Sizun, la commune de Plogoff est la seule à
posséder son Plou et son Trew, C'est là aussi que se trouve
le principal point d'atterrissage adopté par les immigrants.
La crique de Pors-aT-Sent, le ]JOTt des Saints, située sous la
chapelle, de date nfcente, de N. -D, de Bon-Voyage et de Bon­
PorL, est aujourd'hui impraticable, Il n'en était pas de même
autI'efois. La légende y fait débarquer trois saints: il faut
comprenclee trois contingents de population étrangère. D'où
venaient-ils? Quels étaient leurs chefs? La tradition, à cet
égard, est muette, excepté pour un saint qui serait venu du
Midi
• Un autre point d'attereissage d'une émig'ration est situé
entre la rivière d'Audierne et l'anse du Cabestan. Il comprend
toule la commune d'Audierne et la partie basse de celle d'Es­
quibien, appelée le Goulet .

C'est dans cetLe paetie qu'on trouve des noms caracté-
ristiques d'une occupation bretonne insulaire:

Près des Capucins d'Audierne, 'la colline de Roz-ar- Walès,
qui rappelle le nom de la Cornouaille anglaise;
Au centre d'Esquibien: le village de Ker-od-Tyel'n, rési-

dence probable dll chef: ou Tyern breton;
Le nom, le territoire, la plage et le port d'Audieme, ou

OLl-Tyern, la rivage du 'l'yem : p uis Lès-Ongar.
Deux noms de sai nts inconnus sont aussi les titulaires des
deux paroisses; Rumonns, à Audierne, et Onneus, à ES(l Ui­
bien, auxquels l'ancienne légende utLriblle une origine
bretonne insulaire.
Un leoisièmc point d'immigration serait ia commune de
Goulien, la partie ouest de Beuzec, et la partie haute, ou le
gOl'Té d'EsquilJien .
. D'après une tradition locale, les habitants de GouEell
'sel'aient venus en B retagne-Al'lnorique :lyec saint Coulven,
ou GoulcïlCl1. Une pU l'lie ùe cette émigl'ation sc sera it établ ie
dans le Cap-Sizun. Queh.p.tes i'aits paJ'aissent donner raison
à cette assertion: le nom de la p:1l'oisse, Goulien, par adou­
cissement du c'Il bretoll ; la cloche carrée d~ saint conservée
dans l'église paeoissiale ; le village de [(er-Maden, rappelant
le nom du serviteur du saint. '
La popula tion de cette paroisse présent.e aussi quefques
caractères ethniques qui la différencient des autres capistes.
Nous citerons seulement une légère tendance à la stéapigie,
chose inconnue dans le reste du Cap; une plus gra.nde fierté
et une meilleul'e prestance dans son attitude ; puis l'ancienne
vesle des hommes avec le col droit et les gTands revers du
Léon.

III. - Les anciens Vocables.

La plupart des vocables du Cap-Sizun se rappol'tent à
. des saints d'origine bretonne insulaire. Nous en donnons la
nomenclature avee les renseignements po,pulaires que nous
~vons recueillis sur quelques uns.

PAROISSE DE PLOGOFF

1 ° SAI~T-COLLODAN. Sa chapeile et le vocable sont
l'exécution d'un vœu. Un capitaine, en perdition avec son
navire, fit vœu de bâtir une chapelle à saint Collodan, en
l'~ndroit où il pOllrI'ôit atterrir; on ne sait rien de plus .
Saint Collodan est le patron de la paroisse de Plogoff. Sa
statue le représente comme abbé mitré.
2° SAINT-FIACIUÎ ....... .
:1° SATNT- VOULIEN. Ainsi que Saint·Columba, en

Ecosse, ce saint est ÎtlYoqué comm~ l'arbitre des vents.
contentait pas de le priér, ou d'user
Autrefois, on ne se

envel's lui de respectuenses olJjurg:8tinns quand il n'exauçait
pas les prières. Si le yeot que lui demandaient les marins
tardait à souffier, la- statue du saint recevait incontinent,
dans sa forme et dHns tonte sa rigueur, la maltresse correc­
tion octroyée aux enfanls désobéissants.
4° SAIKT-A;'iDHÉ. AVRllt 162G, sa chapelle se trouvait
Ru-dessus do Pors-~.r-S~nt même. Ce vocable indiquait-il
que l'Evangile a pénétré: dnl1s 10 eRp-Sizun, aux premiers
temps de l'ère clll'étienno, du moills pendant la période où
donnait pour pntl'ons, aux nouve1les églises, les saints
l'on
invoqués au canon do la 111e'sse ?
PABOISSE DE CLl~j)EN
Ce vocable iudiqllerait également la
vcn ue du Christinnisme: RllX pr~")mieJ's ~iècles, si l'on admet -
l'idenlification de f:aiot They 8YCC le diacre Adéodat, com­
pagnon de snint Clair, premier évêque de Nantes.Sa chapelle,
qui menflce do s'écroulc!', du haut de ]a falaise, dans la baie
des Trôpassés, rappelle, pal' sa situation, ces mols du Père
Alhcl"t Le Grnnd, disi'\fIt que le diocèse de Sai.llt·Clair «( s'es-
(, tendoit depuis Nantesjw;:ques élU Cap de SiZUIl et]a Grande
(( Mer Occidentnle (1 ) )).
(l) Vie 'cle saint Clair, p. lJ21. Édition de 1\1. de Kerdanet.

Saint-TheY .possède encore deux antl'es chapelles situées
sur la baie d'Audierne: à Saint-Jean-Trolimon, cèlle de
Saint-They-ar-Gorzec, et à Plouhinec, près du dolmen de
Poulhan.
Mais cette identification de Saint-They du Cap avec saint
Adéodat est-eUe exacte? .
Un saint Deï, dont le nom, à ]a prononciation adoucie, .
rappelle eelui de notre saint, était aussi disciple de saint
Guénolé {il. Or la chapelle de Saint-They, du Cap: se trouve
au centre de souvenirs de Saint-Guénolé et ùe l'abbaye de
Landévennec;comme nous le décrirons plus loin. Par ailleurs,
la tradition veut que le saint ait vécu là ou est sa chapelle. .
« Me vel bagou Breadie 0 pesketa cr Raz,
« Hile oe'h ma guelet aman na rent ked cals a gaz ! ))
« Jo vois les bateaux de Brehat à la pèche clans le Raz-de-Sein,
« Et pour me voir ici ils ne font pas grand cas! ))
C'est ainsi que le saint, se pr0l!lenant, un jour, devant
son ermitage de la baie des Trépassés,déplorait l'indifférence
des pêcheurs de Bréhat .
Saint They, originaire du Midi, aUl'ait aussi débarqué à
Pors-ar-Sent:

« Sant They, erves an isto.r:', il so gu;nidic deus il Vourclcl;
« Dre bermission Doue il so cleud da chom e Breis-Izel »
« Saint They, d'après l'histoire, est natif de Bordeaux;
« Dieu permit qu'il vint demeurer en la Basse-Bf'et~lgnc. »
Mais ce sont là de trop faibles argumen1s, que ces quaLre
vers bretons, pour décider d'une question hagiographique.
2° SAINT-CLÉDEN, aujourCl'hui saint t'let, pape. Chaque
fois que nous lisons les Chartes Xl. p. 1[1:8 et LllI. p. 172 du
Cartulaire de Landévennec, nous sommes tenté de faire,
(1) Vie des Saints de l'abb6 Tresyuux. T. 1 p. gO,

de Cléden, un peinee, dans le gent'e du comte Even. Cléden
aurait eu' sa cour, son a.ula, à les·Cléden, au lieu

dit: Ar C'hasteltic, en l'ace de l'étang de Laoua1.
Mais ce n'est qu'une suggestion à laquelle nous obéis-
sons; seulement nous ferons remarquer la çonfusion qui
entre Saint-Clet et Saint-Tugdual. Le pardon de
existe
saint Clet, pape, actuellement patron de la paroisse de
(]édeu, a lieu le dimatlche cie la Tl'inité et s'appelle: Pardon
Pabu. 11 se fait au bourg. 01' saint Tugdual, dont la fête se
premier diman~he d'oclobre dans la chapelle du
célèbre le
est lui-même appelé Pabu. Cette confusion a-t-ellé été
saint.,
'faite lorsque Cléden fut remplacé par Clet, ou Anaclet, les
deux, papes? .
aUSSI eXIsté un ancien
aurait
Aux environs de Kernot
. château de Ker-Tyern.
3° SAINT·TnÉMEuH. On le fait,parfois,frèl'e de saint They.
4° SAINT-TuGDUAL ou 'l'UAL. Partout on retrouve ce
vocable: chapelles, fontaines ou lieux dits. Ce sont les
oignages des relations, ou des liens établis, par ce . saint
tém
évêque, entre les Plou el les Trew cl'origines bretonnes insu­

laiees .
5° SAINT-OAX. - Ce seul vocable existe à Lan-Oan .

PAROISSE DE GOULIEN

1 SAli\T-GOULVEN, ou GmÛc'hen ... nous l'avons quelquefois
entendu appeler sant OuUen Dans la commune se tl'ouve
aussi le village de Lès-Oulien; ce nom indiquerait la demeure
princière d'un personnage de ce nom, alors distinct du
patron de la pal'oisse.
2° SAll\T-LAUREl\T. Cetle chapelle est aussi désignée,
dans les registres paroissiaux, sous le nom de j\'otre-Dame

Majew"e de Bonne-.YoulJelle de [annOlwec. Elle est voisine du
Cou-guériou où se trouvait. le monastère de Sainte-Azénor ;

le vocable de Saint-Laure·nt, comme celui de Saint-André,

en Plogoff, serait antérieur il la chapelle actuelle et reli1onte-

rait aux premiers temps du chris tianisme dans le Cap-Sizun.
PAROISSE DE PRIMELIN

1 SAINT-PRIMEL. Un dicton rappelle le souvenir du
miracle opéré par saint Corentin, faisant jaillir une fon-
taine près de l'ermitage de Saint-Primel, dépourvu d' eau:
_. « Kent a vanko merc'h da vam,
« Evit glao da Brevel-Kam! ))
« Plus-tôt femme cessera d' avoir des fi lles, (1)
« Que la pluie de tomber au pardon de Sa int-Primel-lc-
. [Boîteux 1 ))
saint nous paraît remonte!' à
2° SAINT-TuGEN (2).
l'époque cles doubles monastères qui Ollt élé régiemelllés, en
Irlande, par ' saint Patrice, et interdi Ls, commc nouvelles
fondations, en Angleterre, par l'archevêque Théodore .
La légende le fait venir d'Angleterrc .

3 SAINT-THÉODOHE, en breton sant Theodard. Sa cha-
pelle est à une faible distauc,e de l'église de Saint-Tugen .
On y trouve aussi la statue de saint a/wu, représenté avec
costume de moine. La chapelle du saillt aUl'ait existé à

[.1:00 mètres au sud-est, entre Kervrant et Kerhas-a-Bis .
4° SAINT-CRlSEN.· Dans le Cap, on le fait disciple de
saint-They, dont il aurait contiriué les œuvres. Sa chapelle
est toute récente. Elle est bâtie ",ur une vieille fontaitle. qui
était l'objet d'une grande vénération.
• COlUi\!U~E D'AuDmnNE
SAINT-RuMON , Nous demandous t.rès h umbleme nt
pardon à saint Ra.ymond l\'onnat, cardinCll, de venir lui en-
(1) Autre sens de ce yers : « Plu tôt fille restera sLéri le, etc. ))
('Z) Voi r, dans les hl1lkLins de lu Sociéi" arc!h~o!ogiqllû cie 1891, la légenc!e
de saint Tugen,

lever, pour la donner à saint Runwn, abbe, l'ancienne titula-
risation de l'église d'Audierne qu'il nous a cependant si bien
aidéàdéfendre,dans les bulletins de la Société archéologique,
au mois de f~vl'ier dernier, contre la pioch.e du démolisseur.
Voici les titres que présente le saint abbé Rumon pour
cette revendication.
Le, nom de R.aynwnd a paru, pour la première fois, aux
registres paroissiaux, dans un acte de bR ptême du 3 septem­
bre 1657, rédigé par Jean Mazéas, euré . L'acle précéùent,
du même curé. est du 22 aoùt et porte RUl1lon. Ce nom ,de
Rumon~ à part quelques variantes Rhumon et Rymon, en
1646, (Henri QueITein plre), est le se nl emp loy é antérieure- '
ment à 1657 et se rapproche du nom breton actuel Rumen.
Dans les comptes de la fabrique d 'Aud iern e, si ce n'est
Rymon, en 1043 et 16 t!! , nous trouyons le seul nom Je RUn/on,
jusqu'en 1662. En :L6C'i3, c'est Umnond; en 166!1, Remond;
puis, en 1665, Raymond, pour aills i contin uor.
Ce nom de Haymond, avec les val'jantes Humoncl et Rema nd
de 1663 et 166!t, RpparaîL, pout' la pl'emièl'e fois: et co nt i nue
dans les comptes de tl'ésoriel's étrangers à Aud ierue et qua­
lifi &s de Nobles Hommes. sieur's de Ponlan.' de Kcm'an . de
Petlaménez, etc . E Il 1673 , 1674. :LG77 ct 1678, 16 nom de
Uumon revient,. ql.lal1l1 les cornfJtnbles SOllt qualifiés de
. mUI'chands, LOlll'geois et habita'nt.) d'Audierne . C'est un
indice que le nom Je RUl110n était le n0111 pop'dail'e, le seul
con~lU et adopté à ,\ ndierne et qu'il a été rem placé par celui
de Raymond apporté par Jes étrnngOl's.
Dans les registres paroissiaux d'Esquib ien nous avons pu
remonLer j llsqu'en 1552 , et toujours le nom de nUlilon s'est
mOlltré. Nous reproduisons l'un des nombreux 'Hcles qui le
porlent. Cet acte est de 1572, Nous lui donnolls la préférence
parce qu'il dévoile la qualilé du t'Clillt :
( Anno quo Supra (15721 c1ie exP mensis Januarii fuit
« bnptisatus 11 1 edibw; Vin 'i RWlnoni abatis in tte/raia de Goa.·

« :tian Guillesrnus filius naturalis et legitimus Vinga]oei
« Kel'saudy et Lucie Guezennec ejus uxoris corn patres
« fuenmt Alanus Melguen et Cuill bis comer fuit Johannes.
« Guezennec. . .
« Baptisans :
« N. MOYSE~. »
La qualité d'aubé. simplement ~onnée à saint Rumon,

par Noël Moysen, recteur d'Esquibiell, dans l'acte de 1572,
suffit pOUl' le distinguer du saint cardinal et con fessenr de
l'ol'dl'e de N.-D. de la Merci.
trad i tion locale, dégagée des sou venil's de sa int Raymond
Nonnat, fait de saint Bumon, le parent, quelquefois le fils
sainte Thllmette. fi serait venu de PenmRfc'h à Àudieme.

'Les légendes de sainte Tbumette, de saint Dém et, de sainte
Evette ct de saint Humon concoI'dent pour faire atterri l', dans
la baie d'Audierne, une émig,'ation de la fin du IVe siècle .
P AllO 1 SS ED' ESQUI BIEN

1° SAINTE-EvETTE. Nous avons donné sa légende, dans
le bulletin du mois d'avril Le vœu par lequel nous tèrminions
not~ notice, demandant la réfect-ion du pOl't, a été repris
par-le Conseil municipal d'Esquibien et transmis pour étude ..
2° SAINT-Ol\NEUS, ou ONNEAU. C'est encore, d'après la
tradition, un saint breton in sulail'e qui aurait débnrqué à
Trez-Goarem, ou mieux Trez-Goalam, la dune du nord-
ouest, par opposition au, Trez-Cadec, celle du sud-est, en
Od-Tyern, qui appartient à saint Humon.
Saint Onneau, patl'on de la paroisse d'EsquilJien, avait,
autl'efois, son église, au Cannaëc. point cUlminant du Trez­
Goalarn.
trouvait un poste gallo'Tomain tl'ès important, dont
Là se
les débris ont servi à des constl'uctions .plus récentes.

Parmi les ruines de celles-ci nous avons trouvé une monnaie
de Conan II.
Près du Cannaëc, est la fontainè de Saillt-Ormeau rebùtÎe
en 1648. Elle est surmontée d'une voûte. en eintl'e surbaissé

et petit appareil allongé. Cette conslruction est bien anté-
rieure à la fontaine. En .1rrière et en dehors de la voùt8 se
trouvait un lec'h cannelé de sept mètres de hautoul', dont
on a fait, en 1889, trois rouleanx agricoles.
Au Cannaëc se rencontrent de nombreux squelettes rangés
comme les tombes d'un cimetière, et, SUl' la plai ne, des terres
de labours couvertes par le sable.
Ces renseignements viennent confirmer la traùition plaçant
l'église de Saint-Onneau en cet encIroit .
L'établissement dn Cannaëc aurait existé jusqu'au Xll~
siècle . Les sables l'auraient ensevel i, l'annëe qui rorte
quatre bât 'ns dans ses chin~/'es, c'est-;\-dil'e, eri tH!.
Comme pour saillt Clédcn, ou Clet., la tradition ne doline
aucun l'enseignement SUl' saint OUlleau .
Les registI>es lalins de la pal'oisse l'appellent Onnnls,
sans autre quali.ficatif que celui de dominus. Vers 1650,
cbns les actes 1'0dig~3 en fl'ançais, il. appal'ait sous le nom
de Onneau, comme de nos jours.

Un testam€nt du 2 aoùt 1701 et des lettres recognitoil'es du
2l1: janviel' 1743 l'Rppellellt Donat.
Un livl'e hreton intitulé an e:r:erciçol.t santel eus ar vuez .
Christen, imprimé ù Quimper en 1715, dalls un catalogue
des saints nés ou morts en Bretagne, en fait mention sous le
nom d'Onéon. .
M. l' nb1)é Quéincc, é:lllcien recteur d'Esquibiell, l'ideu1ifie
avec saillt Onen, ou Onet, patron d'une succursale du canton

de Saint-Ï\Iéen , dans le diocèsA de Rennes . -
NI. A. du Chatelliei', père do notTe président, dans ses
(C Hecbm'd1es statistiques SUI' le département du Finistère »,
1836, 3 liYI'aison, page 73, l'appelle Oman .

M l'abbé Tresvaux parle aussi de quatre saints Donan.
L'un d'eux était neveu de saint Sénan dont le nom figure
dans les lieux-dits de la commune d'Esquibien .
Bref, on ne sait rien sur le compte de ce saint. Pourrait-
on alors faire de Onneus des registres de .1552 un person- .
nage comme Cléden et E,ven ?
Anciennement la procession du pardon de Saint-Tugen
se rendait à la fontaine de Saint-Onneau et les pèle­
rins allaient en tous temps la visitel'. Les parois de

la voltte portent des dessins de navires du XVIe siècle
gl'avés à la pointe du couteau .
30. SAI;\'TE-BHIGlTTE. Sa chapelle se trouvait aull'efo.is
à Lanuign, cn Beuzec. Elle fut t.I'anspof'tée,rn 1ô51.à Tl'aon­
J-anIluguentel, en Esquibien, où on ]a vénél'c anjourd'hui .

D'après un aUlhentique du 17 aoùt 17:36, la parojsse d'Es-
qutbien possède une relique de sainte Brigitte, veLite.
Mais ]a sainte Brigitte, Deuve, native de Suède , morte e n
1373, est-elle bicnla Pe1"c'het qui avait sa chapelle cn Beuzec?
Dans un eppace rûst!'eint ~lOuS trouvonB groupés': au
Cou-Guériou, en Goulien, le so uveni!' de sainte Azénor,
mère de sain t. Beuzec; à Beuzec, I.e voeu LIe de ce sai nt; pUIs
la chapelle de Sainte-BI'igitte.

DclDS la vie de saint Budoc, par Alber't Le Grand, 1I0US
t.f'Ouvons les mêmes pe!'sounages; mais ici, la Brigitte que
Azénor invoquait comme sa pat.!'on ne ét « dont Dieu, en ee
« temps-là, munifestait la gloire par de grands mii'êlcles, qu'i l
« opérait à ~Oll tombeall» était saintc . Brig'lttf?, vierge,
dont la tombe éta it à Dun, avec celle de saint PàU'ice .

Puisque, dans nos deux gr'ou pes , nous avons les mêmes
personnages, et que deux d'clltre cux sont identifiés, il faut
admei.tl'e l'identiflcation pour le tl'oisième .
La P erc'het de Bcuzec n'est donc pas sainte Brigitte de

vIerge,
Suède, YCU \' C, mais bien sRinle BrigiHc ,

victorieuse et l'immaculée (1) » ,de la légende d'Hibernie,
la patronne de l' [rlande.
Sainte Brigitte, en Esquibien, comme ~ainte Azénor, à
Langnengar (2), sont toutes les deux invoquées pal' les nour­
rices pour augrnenter leur lait. Ce rapprochement vient
encorc à l'appui de Ilotre assertion .
IV . Les invocations
Des pouvoirs variés sont attribués aux vieux sainls du Cap .
Ainsi saint They, saint Onneau et sain~ Crisen guél'issent
les doüleul's ; saillt André, la toux des enfants, (an dreo) ;
saint Théodore, la fièvre; saint Yves, les maux de ventre;
saint Goulien, les maux de tête; saint Tugdual, les maux
d'oreilles et les humeurs; saint Guénolé ùe la Terre-Sainte,
les tumeurs blanches
Saint Tugen préserve de la morsure des chiens enragés
et de la rage non déclarée; sainte Evette avertit les jeunes'
fllles qui doivent se marier dans l'anuée et sainte Brigitte
donne du~ lait aux nourrices,
Les autres saints sont les pl'Otecteurs deI' paroisses, ou
les dispensateurs de geâces aussi variées que puiss~ntes.
C'est par l'eau de leurs fontaines que nos saints opèrent
généralement leurs miracles, après que la demande leur en
a été faite en 'priant dans leUl:s chapelles.
Il existe Ulle autl'c catégorie de saints, dépourvus de' .
chapelles ct dont le vocable est seulement attaché à une

fontaine. Nous citerons saint Oan, en Cléden, et saint Ohou,
en PrImelin .
Si les pouvoir's attribués aux saints peuvent servir à
quelque indice biologique, c'est dans cette catégorie qu'il
faudrait le chercher.

(1) Les moines d'Occident. T. 3. p. 29'2 .
m Vie de saint Budoc, p. 753, in note de M. de Kerdanet.

Les saints, possesseurs de chapelles, voient accourir, à
leurs autels, des pèle!'ins de toutes les régions. Ces pèlerins ·
appol'tent, ave~ eux, les croyances et les pratiques de dévo­
tion qui Ollt cours dans leur pays, et souvent ils les laissent
aux sanctuaires qu'ils viennent visiter. Il cn es\". résulté que,
dans beaucoup de chRpelles, le culte pr'imitir s'est altél'é:
Au cOlltraire, la dévotion qui s'adresse uniquement aux
fontaines est toute locale. Ce sont les gens du voisinage,
seuls, qui connaissent le saint, son pouvoir spécial, les
pratiques de son culte. Ils détiennent sa tradition, ses
légendes, qui se transmettent fidèlement comme un hé­
ritage de famille (1) ; et· cct héritage ne se livro que
difficilement de peur d'être amoindri. Mais quelle source
abondante de l~enseignements hagiographiques, quand on
, peut l'obtenir! .
V. Saint-Guénolé et le Cartulaire de l'abbaye
de Landévennec

« Au printemps, lorsque le soleil se lève et darde ses
« premiers rayons dans la vallée qui ~épare Clédcl1 de Plogoff,
« tout]e Cap pl'end un aspect merveilleux. T Je sommet des
« collines revêt la t<~inte de l'or; lèS bonquets d'arbres qui en­
« tourent les villages de Cléden'sembl~nt flotter dans l'azur .
« Le Raz-de-Sein, uvee ses eaux bl'llissantes, encore dans
« l'obscurite, est un fleuve qui se perd dans l'Océan. Mais
(1 quel contraste entre ses rives! VIle-de-Sein, d'un côté,
« encore endopmie, entourée de sa ceinlul'e de l'oches dénu­
« dées et sur laquelle passe le vent, semble indigne du séjour

(1) Plusieurs traditions insérées dans celle notice nous ont occasionné
un an ct plus de recherches et de pourparlers. Il nous fallait circonvenir,
Lous les moyens possibles, ceux qui les détenaient. Ce n'est pas dans les
pal'
,"eillées, ni près des COll teurs de profession, en passant sel! lemen t, qu'on
trouve la m'aie tradition, celle qui se transmet de père en fils et qui est la
seule histoire d'un pays.

"« d'aucun être vivant. De l'aull'e, la Grande-Terre: qUl renaît
«( à la vie, sous les l'ayons du soleil.
«( Bientôt, du fond de la vallée, au-dessus de l'étang de
« Laoual, une fumée blanchâtre s'élève, dl'oite vers le ciel
«( puis~à une gl'and-e hauteur,s'épanouit,en prellallt les formes
«( les pills féeriques. Ce nuage, qui devient immobile, est le
« Boùquet de Jean Le Vien:r, Boquet Yan a Go (1), qui l'éjuuit
«( les Iliens, car souvent il leue anllonce vent favorable pour
«( la pêche. )) "
Tel est le spectaele que rOll aperçoit, de la colline du
Roujou, à l'lIe-de-Sein, lorsque le soleil se lève.
Tel aussi était celui que contemplaient saint Guénolé et
ses onze compagnons, devisant, assis sur une colline, au
centre de l'He de Thopopigie (2 ).

Celte partie du Cap-Sizun;que nous venons de voir prendre
vie sous les rayons du soleil levant, rappelle, à chaque" pas,
, le souvenil' de saint Guénolé et de l'abbave de Landévennec.

Deux celltees principaux sc rapportent à cette époque,
L'un, comprend toule la .vallée des Trépassés, depuis le
village de Ker-hamn, à l'est, jusqu'à Lan/lJiret et lé fond de
la baie des Trépassés, à la base de la pointe de H.az, à
l'ouest; puis, le"versant de Cléden, avec les villages de
Ker-huet, J(er-sangui, Ker-ninon, etc.
A l'est de Lanviret, sous le village de Laoua], en Plogoff,
la tradition place l'anGienne chapelle de saint Guénolé, où

(1) Revue des traditions populaires, 1891. Le Raz,-de-Sein et les phares.
(2) « Locus asperrimus, ad omnem venLul11 pOl'recLus, mari undique pene
(c et aculis rupiblls pl'ecinclus, nulli humanœ habitationi dignus ........
« Erat autem quidam collis in medio insulœ, .super quem Cllm
« undecim sedere et dictare COllsueverat discipulis. Hinc vero silva conspi­
« cilur decorél super l110nliculum posita, et vallis in medio conslitula ad
(c ortum solis conspcctn ; seL! magnum pelagus, cui fluvius ingens proprio
« nomine Al11pnis jungilur, quasi fere bini miliarii spacio intererat.
(c A valUs autem media (ime/o, sole cotùlie protinus e.'Col'l 0, ' quasi {umus in
« altum pOl'riyebalur neb'llla, et locus inde cotidie aspicientibus lœtissirmts
« appal'ebat.» , CartuIaire de Landévennec, p. 61.

se rendaient à la messe les grands seigneurs de la cour dB
Grallon :
- « Daou-uguent manlel skarlat-ru, hep niveri ar re al,
c( Aie, oud ar guer a Is, hep sul, d'an ofem, da Laouai. ))
- - c( Quarante manteaux d' écarla le rouge,s:ms compter les autres,
c( Allaient, de la ville d'Is, chaque di III lLaoual. ))
Des substructions: deux fontain,es et un lec'h indiquent

l'emplacement de cette chapelle. L~ l~c'h, cylindrique,
encastré dans un mur, présente plusieurs lignes d'inscriptions
que nous n'avons pas eu le 10isÏl' de déchiffrer, bien que le
propl'iélaire nous ait proposé de dégager entièrement, la

p18rre.
En Cléden, SUl' le versant du coteau si bien exposé au
, soleil, que l'on aperçoit, à ùl'oite de la route de la pointe dn
Haz, après avoir dépassé le bourg de Plogoff, est ]e village
de Les-Cléden Ce village paraît indiqué dans la charte XI du
cal'tulaire de Landévennec.
La tradition rapporte que ce village et tout le territoire
qui entoure la colline du VeUen et de Ros-color, payaient
la dime aux abbés de Landévennec , Mais ce n'était pas
sans rechigner; un dicton en fait foi:
- c( Ar falla douar a zo el' C'hab,

c( Donat' otron a douar abat! »
c( Les plus man vaises terres du Ca p, '
c( Sontles terres des seigneurs etcelles des abbés. ))
De tous temps, les capistes ont été rebelles à l'impôtdirect.
Cette occupation nous paraît avoir réuni les éléments
civils et religieux: le [es, l' 4 uZa de Lescléden et la chapelle

de Saint-Guénolé. Le nom de Guézennec, qui est celui du
fr8re de saint Guénolé, est, aussi, commun dans les noms
de famille de çette partie du CHp .

ta seconde occupation qui prend la partie est de la com­
mune de Cléden s'appelle an Douar-Santel, la Terre Sainte.
Le père Grégoire de Rostrenen qui connaissait si bien le
Cap-Sizun et dont le dictionnaire a du être composé aux Ca-
pucins cl 'Audierne, en fait mention, mais bien discrète-
ment; car ce mot de Douar-Santel, de son temps, comme
de nos jours, était pris en mauvaise part.
«.11 y a,» dit-il, cc dans la Basse-Bretagne, un .
(c certain canton qu'o~ appelle par ironie la terre s·ainte.
« Andouar santel pe ê lec'h ez santifyér a daulyou baz an
. cc dud pacyanclt (1). » ,
Bien que, dans la Terre sainte de Cléden, on rencontre le
village de Ker-laeron, ou des Voleurs, où maint voyageur a
être, non sanctifié, mais assommé, sans doute, à coups

de bâtons, noùs donnerons, à ce blason, une autre origine.

Ce nom vient de ce que ce territoire a été consacré à saint

Guénolé. . .
Dans la charte L HI, fJ' 172 d~l cartulaire de Lanclévcnnec,
. on lit:
« ••. Seluestee (2) ... dedit sancto Wingualoeo terram Pen- .
« ka1'n liberam ... ,; et. .. , quod quidam locus supra maTe fusta
. « Tolmaen concessus fuit i1li. si vellet, ad turrim instruendam ..

« Et si domus facta fuerit, capellaniarn illius domus et omne

« quod ad ecclesiam pertinet sancto Wingualoeo concessit.»
Dans la Terre sainte de Cléden, on trouve, au bord de la .
. mer, le village de Penharn ; en avant du village, une roche
détachée porte le nom même de Pen-J(arn.

" Toute la côte est élevée de 70 à 90 au-dessus de la mer;
à l'est de Penkarn est le dolmen de [(erbanalèc, en Beuzec:

entre les deux, Castel-aT-Roc'h, qui est d'une construction
'postéeieure à l'occupation romaine.
(1) Dictionnaire françois-ccllfque, p. 917.
(~ ) Ce nom de Seluesl~r doit corœspondl'e à Sylvestel' qui répond au nom
brelon Guézennec. .
. BULLETIN AllCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXVI (Mémoires) 28

Si l'éloignement de la galerie de Kerbanalec ne permet
. pas d'admettre cette proposition, on trouve, à Penharn
même, les indications de la charte. Contre le village est un

dolmen, anciennement ouvert et dans lequel a été recueilli lIn
fragment de poterie samienne; au delà du dolmen, sur; la

pointe la plus élevée, sont des substructions d'·où l'on a retiré
une grande quantité de ·pierres, qui ont servi ~ réparer l'an­
.. cienne voie romaine, au delà du moulin de Kerharo . Dans ce
cas, la tour mentionnée au cartulaire, et dominant la mer,

ferait le sommet d'un triangle dont Penharn et son dolmen
seraient la base.

est le village de Land-sulien, où,
A côté de Penharn
d'après la tradition, a\lrait encore existé une chapelle de·saint

Guénolé. Nous avons rencontré, près d8 la fontaine aussi
dédiée au saint, un fragment de statue en pierre inséré dans
un fossé. . .
A trois kilomètres sud-est de Penharn se trouve la colline

de Ros-Tuder, en Goulien.
En citant ces noms de lieux du Cap-Sizun nous n'avons
-pas voulu en faire une assimilation topographique absolue
avec ceux du cartulaire de Landévennec. Nous les avons
donnés à titre de simple curiosité. Peut-être pourrait-on en
déduire qu'un antique usage était d'entourer les lieux, où
les saints étaient vénérés, de tous les souvenirs qui se rap­
portaient à eux. Un autre exemple de ce fait se rencontre
dans les communes de Goulven, du Léon et de Goulien, dù
Cap-Sizun, où de répêtent les mêmes noms de villages .

VI. Communautés religieuses .
La tradition a gardé le souvenir de monastères qui auraient
anciennement existé dans le Cap-Sizun, ou plntôt 9.e monas- .
Mais elle varie sur la destination de ces établis-
teriuncula.

SI ce sont ·
sements. On ne peut dottc préciser, pour chacun,
des communautés d'hommes ou de femmes .

Ces monastères auraient été au nombre de trois: au bourg
d'Esquibien, à Saint-Tugen et au Cou-Guériou, près du
presbytère actuel de Goulien (1) .

On rappDrte, qu'au Cou-Guériou, se trouvait une com-
munauté de femmes, fondée par sainte Rosa. (Pourquoi sainte
• Rosa? .. ) D'aucuns disent une communauté d'hommes qui se
seraient, plus tard , établis au bourg de Cléden.

M, l'abbé Floc'h, ancien recteur de Goulien, a trouvé,
dans une famille habitant près du Cou-Guériou, une an-
cienne prose latine manuscl'il e, dirigée contre les moines.
S'adressa'it-elle à cette communauté, ou est-elle un pas­
tiche plus récent ? ·Cette prose ne nous a pas été communi-

quee.
La sœur A. de Jésus, dans son Istar Breis, p. 129, rapporte

aussi que cette commuq.auté a été bâtie par Azénor, fille
du comte Even, femme du roi Judual .et mère de saint
Beuzec. Mais la version bretonne de l'auteur diffère ,de sa
traduction française. Elle dit seulement que Azénor .... « alla
« demeurer en un couvent de la pointe du Haz, entre le. bourg
« de Goulien et l'église de Lanourek ... » . .
(\ Ha dont a reaz da choum en eur gouent e beg 'ar Raz,'
. ~( etre borc'h C'oulien 'hag iliz Lanoureck. » .

Si l'on admet le texte breton, on reconnaîtra que ce couvent

existait avant Azénor .

Les monastè l'es de Sainr-Tugen et d'Esquibien n'ont laissé
. aucun souvenir précis. Ma is il est certain que les faits, ou­
bliés par la suite des années, se retrouvent souvent sous une
forme merveilleuse. J ... a t1'adition a fait place à la légende.
légendes donneront les caractères de ces éta-
Ici, les
blissements . .
D'après la légende de saint Tugen que nous avons .repro- .
duite dans les bulletins de la Société archéologique, en
('l) On attribue aussi, vulgairement,
tous les post~s gallo-romai ns aux
mo ines rouges, ou Templiers.

. 1891, (c le saint avait voué à Dieu la virginité de sa s~:ur ...
« Jour et nuit il1a gardait près de lui et ne laissait homme
(c que ce fut s'approcher d'elle et encore moins lui parlel'.
(c Lorsqu'il était obligé de quitter le monastère, il se faisait

(c accompagner par elle, etc .. , )) . ,

Saint Tugen et sa sœur vivaient donc ensemble.
Cette légende rappelle une · institution conllue dans la

C;aule-Franque avec sainte H.adegonde et saint Columban,
mais surtout en Idande, même dans les premiers temps d:e
la conversion de cette île : nous voulons parler d,es doubles

monastères « où deux communautés, complètement dis­
« tinctes, de l'noines et de religieuses, vivaient réullies dans
(c un même lieu ou sous un même gouvernement (1 ) ».
On peut déduire de la légende que saint Tugen avait la
, direction unique de deux monastères voisins, l'un d'hommes, .
l'autre de vierges.
D'après Monseigneur Barbier de Montault, la clé de saint
Tugen , que nous avons dessinée, en 1891, serait, à cause

de sa poignée en forme de double volute rentl'ante, com~e
la reproduction d'un Tau abbatial, ce qui viendrait confirmer

.la tradition, fais,!-nt du saint un abbé .
Dans la légende ue sainte Evette, au contraire, nous re-.
trouvons une doctrine plus récente, celle des saints qualifiés
saints de second ordre, dans les annales de l'Irlande , Ceux-ci
- (c déclinaient la responsabilité de l'administration des
« communautés de vierges qui ·s'étaient groupées autour
« des saints plus anciens (2) »). . .

. Saint Demet renvoyant sa sœur, sainte Evette, parce que

- ( la règle de la sainteté le lui ordonnait, )) rappelle la
conduite de saint Sinan, fondateur, vers 530, d'un monastère

dans une île à l'embo·uchure. de la Shannon, où il n'était

cie Monta lembert. Tome 5,
("1) Les moines d'Occident .par M. le comte

(2) Les moines d'Occident, p, 316.

permis à aucur~e femme de débarquer. On cite même qu'il
refusait l'accès de sa retraite aux recluses qui venaient lui
denümder le viatique (i ).
Nous avons, non loin de la chapelle de Laüdrévette, un
vallon du nom de Stanc-Sena,l~ , ou Sunt-Sénan, aboutissant

à un,e partie du rivage Je lervily appelée Corn lœtus', 'ou
Corn litt1.l.'i, Un disciple de sairit Sénan aurait-il quitté les
rives de la Sbannon, poùr celle de la baie d'Audierne? Nous
n'a,;ons pas d'au tre preuve que le l'approchernent de la

égende de sainte EveHe, avec ce nom de Sénan qu i a,
' ·depuis longtemps , att iré notre attention.
Mais cornrneut R été aUl"ibué à saint. Demet ce trait qui ap­
partient à saint Sénan, vivant un siècle et demi après lui?
Cet anachl'Onisme indiquerait deux immigrations l)retonnes .
insulaires dans la r(\gion , 'On aurait rapporté au sa int le plus ,
' " vénél'é les actes et les mérites de celui , moin::; 'populaire:
dont le souvenir a fini par dispaJ'aître.
Nous n'avons trouvé aucun in c!'ice pouvant faire connaître
l'influence monacale dans l,e Cap-Sizun, à ces époques. Mais
il est probable qLl'elle a dù être considérable, si l'on reIi1arque
que la plupart des vieilles statues des sainfs du Cap sont

revêtues de l'habit de "dignitaires religieux. '
Les moines missionnaires se mêlaient à la.foulc, l'instrui­

sant, Ta consolant, la soulageant. Les monastères servaient
, d'appu i, ou d'asile, en temps de troubles ou d'invasions .
Partol~t où le bien était à laire, ln l'Obe du moine apparaissait.
C'est done un témoignagè de reconnaissance et de véné-
ration enVCl'S ceu;<' qui la portaient, que d'en avoir revêtu les
sai nts,sans sepréoccup'er de l'état [lans lequel ceux-ci ont vécu .
Audierne, le '.29 aotît 1899, '
, ~H. LE CAHGUET.
(1) Voie aussi les Joculatnn~ f?retons . par M. de la Villemarqué. - Bu l· '
, letin de 1887, p.IH~: « Ce li eu , (l'oratoire ou Pen iU Gouesnou,) où ,
« ;'11011111e ùe Dieu faisait pénitence éta it situé dans un enclos eareé, de
« quatre stades sur chaque face. olt les malheureux trouvaient un asile,
« mais dont l'entrée était interdite aux femmes. li •

1ViOO":9 Ue;I

tk~del. - 7

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1. Les-eoff.
10. Land-viret.
22. Plo.:.goff.
LES SAIN1'S DU CAP-SIZUN

eléden.
- . drer (dréo). 23. ~en-drew.

anquen.
oan .
24. Dreff.

L.EGENCE

trivin.
boban.
25. Tré-venan.

5. teurme.
sulien.
vern .

oulien.
huet.
27. Ker-Tyern (à Kernot)
Chapelles

ouale'h_
vrell.
maner.

Chapelles démolies 9
lannou.
ourek.
29. od-Tyern.
La terre sainte

uree.
groas.
30. Od-Tyern.

Limite naturelle du Cap A '" ..• B

esquenna .

Monastères t .

uguentèl.

évette.