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Bulletin SAF 1899


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Musée de Kernuz. Pierre tombale trouvée dans le dallage de la chapelle de Cuzon

E. du Crest de Villeneuve

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XXII
MUSÉE DE KERNUZ
Pierre tomhale t.rou vée dans le dttllage de la cha pelle
. de Cuzon. .
Cette pierre tombale a été trouvée dans la cha pelle de Cuzon,
près Quimper, faisant partie du dallage, la figure tournée vers
le sol. Elle est fort belle et la sculpture, sans être fine, pst
d'l] ne exécution passable. Le personn8ge esL assez bien dessiné.
c;est un homme d'armes des dernières années du XVe '3iècle
ou du commencement du XYlc. Tout l'indique dans son ar­
mure sans haubert, sans t11Ê'me de cotie de mailles apparente.
Elle rappeJle certaines armures des tenants clu triomphe de
Maximilien cl' A Ibert Durer. Remarquons les solerets au bout
bien. indiqu és . Ce sont ceux de l'armure de
large très

Charles VIn et de Francois 1 1'. .
. Le rersonnage est grand, les mains nues appuyées l'une­
J'aut.re dans J'altitude de ]a prirre. La facp, est rasée .
contre
Lrs CheY811X sont longs. C'est encore une délIe. C'est sous
Charlps VII et Louis XI qu'on commença 8 les l'orIel' ainsi.
La tête f'8t posée sur un coussin orné de quatre glands ou bouil-
Ions. Les pieds reposent sur un lénier qui a h tête retournée
sein maître . Une large épée esl suspendue à gauche par
vers
une belière qui l'art d'un ceinturon. Celte épée a les branches
de ln garde,. l'une abaissér., J'8utre releYée, principe de la
garde qui allélH l'pu à peu Nrc adoplée pour la protection de
la main. [Tn écu, suspendu par une courroie passé'e sur l'épaule
18 cuisse droite. Il est d'une forme parti­
gauche, repose sur
'culière qu'on ne rencontre généralement pas dans nos pays,
comm u ne en Allemagne et en Angleterre, su l'tout adoptée
assez

pour les joutes et tournois. C\;st la forme historiée, découpée
et enroulée qu'on voit encore aujourd'hui consenée en Suisse .
Cet écu porte un lion contourné, c'est·à-dire rampant vers
le côLé senestre' de l'écu, tandis que généralement les
animaux rampanls se dressent vers le côté dextre. De
chaque côté de la têle du personnage est un écusson de
forme relaliyement moderne indiquant le commencement clu
XVI<.J siècle. Chacun de ces éClissons est di\'isé en deux parties
égales suivant la perpendiculaire, ce qui à celle époque indique
des alliances. Sui\'ant le langage héraldique on doit dire que ·
l'écusson placé à droite de la tête porte: parli au ter d'un émail
inconnu à un oTêJier cO;1tourné et au 2 de ...... à un lion con -
toumé. L'autre écusson porte; parti au leI' de .... .. à un léo-
pard contourné et au 2e de ..... à un lion contourné. Les liolls
s{)nl exactement ceux figurés sur l'écu du personnage.
Deux réflexions se présentent immédiatement à la pensée.
1 Comment se fait-il que meubles et animaux soienttous ai~si

conlournés ? 2° Pourquoi les armes du personnage lui-même,
que nous connaissons par son écu. occupeot-elles lecôtésenestre
de l'écusson au lieu d'occuper le côté dextre, place des armes
du mari, le côté senestre étant par la règle et l'usage réservé
à la femme. Nous sommes' convaincus, en raison de tous ces
inversements, que le sculpteur s'est. trompé, et que, se trom­
la place des armoiries du mari et de la femme, il a
pant sur
bien pu se tromper aussi sur le sens dans lequel les animaux
se tenir et le grêlier être tourné On ne saurait
devaien t
admettre que pour trois armoiries différentes tout soit ainsi
Il est possible que, copiant les armoieries sur des
. contourné.
sceaux, il l'ait fait sans jugement, sans se rendre compte
de l'inversement obligatoire des armoiries dans les sceaux .

Admettons donc que les armes du personnage sont un lion,
un grêlier et. un léopard. Nous ignorons les
celles d'alliance
émaux. A celte époque les hachures indicatrices n'avaient pas
encore été inventées. Beaucoup de familles ont porté des lions

en Cornouaille. Parmi les plus connues nous trouvons les
maisons du Pont, du Juch, de, Penhoet. En raison de la forme

de l'écu, j'avais pensé que nous pouvions nous trouver en face

d'ungenlilhommeanglais ou allemand J'ai un peu cherché dans
cette direction, mais n'ai rien trouvé. G.Le Borgne cite bien une
famille Parisy, d'origine anglaise, qui porte un lion. D'autre
part il y eut un grand nombre de chevaliers appartenant à une
famille de Parisy attachés aux ducs. Mais cette famille avait
son siège dans le diocèse de Vannes et portait d'autres armes.
Si nous abandonnons l'idée d'un gentilhomme de nationalité
étrangère, nous nous trouvons amenés à supposer que cette
tombe est celle d'un membre de la famille du Pont ou de celle
du Juch: En Cornouaille, les grêliers se,uls ne sont pas très
communs. Je ne connais que les Cillart, les Pentrez et les
l\erfors. Le léopard se rencontre dans la maison du Faou et

celle de N evet.
Nous avons fait de nombreuses recherches dans ce que
nous avons pu trouver des généalogies de ces familles et
nous avons appelé à notre aide ceux de nos coilfrères qui
, pouvaient le mieux nous renseigner à ce sujet. Malheureu­
sement nous n'avons abouti à aucune certitude.
Nous avions pensé tout de suite à un seigneur 'du Mur,
château qui était peu éloigné de Cuzon et fut détruit au
XVIe siècle ou au commencement du XVIP. Il était situé
en la paroisse de Saint-Evarzec· et on en trouve encore l'em­
placement au milieu d'un bois domina~t un étang sur la route
de Quimper à Concarneau. Il s'agit de Messire Jacques du Juèh,
chevalier, seigneurduJuch, du Mur etde Coëtivy. Nous ignorons.
le nom de sa femme. Mais nous savons qu'il mourut sans
enfants en HH4. Son héritière fut sa sœur, Marie du Juch,
qui porta les seigneuries ci-dessus dans la maison du Chastel
par son mariage avec Tanguy du Chastel. .
Ceci du reste est une simple supposition. Lorsque j'avais
entretenu pour la première fois la Société de cette tombe,

j'espérais arriver à trouver quelque chose de plus certaIn, soit
en faveur de ,Jacques du Juch, S()it en faveur d'un autre per­
sonnage. Je dois humblement avouer que je n'ai encore pu
aboutir et que je désespère d'arriver à identifier le personnage
représenté d'une façon absolue. La question demeure ou\'erte
ne pouvons qlle prier ceux sous les yeux desquels
et nous
passera celte note et qui auraient des indications à nous
donner de vouloir bien nous les transmettre
E. DU CREST DE VILLENEUVE .

Pi.erre tontlJale .le (Juzon