Bulletin SAF 1899

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Musée de Kernuz. Tombe de Locamand

P. du Chatellier

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XX.I
NOUVELLES DÉCOUVERTES A CARHAIX
AOUT 1 99

Le premier août dernier je recevais de Carhaix une leUre
de Mme Lancien, dont 'l'esprit distingué et cultivé- est
en éveil aux moindres trouvailles qui peuvent inté­
toujours
resser nos études arcbéologiques Elle m'annonçait qu'en
les fondat ions c1'une maison, dans' un terrain lui
creusant
appartenant, le long de la route nationale n°'16!~, . qui traverse
la ville, à 600 mètres de la ga re, son entrepreneur rencontrait
dA nombreux fragments de poteries, et, ayec la grande bien­
veillance qui caract érise son désin téressement et son empres- .
à favoriser nos recherch es, ce que l'on ne rencontre
sement
pas toujours chez les propriétaires à qui nous nous adressons
nos explorati ons, elle m'engageai t à me rendre sur les
pour
lieux pour y pratiqu er une fouille·régulièr~. Je ne saurais trop
l'en remercier, n'oubliant pas que j'ai déjà contracté une
grande detle de reeonnais~ance, vis-à-yis d'elle, pour l'explo­
ration qu'elle m'a mis fi même de fain~,' en janvier et en
. féuier - 1898, de la nécropole antiqlle que recouvre un terrain
lui appartenant, e.xplora ti on dont je n'ai pas encore rendu
compte, parce qu e auparaYclllt je voudrais bea ucoup la com-.
pIéter; mais dont je eon~erye soigneusement les notés.
Retenu ehez moi par des deroü's de fami Jl e, je ne pouvais
m'absenter en ce moment. J'en écrivis à un ' de mes amis,
M.- Le Rui11enr, qui m'a déjà rendu de nombreux services
lors de ma campagne de fouilles clans les l110l:tagnes d'Arrhées.
Il a bien voulu me suppl éer et aller immédiatement à
Carhaix où, arec quelques ouvriers, il a foui ll é, ayec soin, Je
terrain ou deyait s'éJerer la maison 'projeté·e. Aux détails qu'il
m'a donn és sur ce traysi l, il a jointle plan ici annexé, qui fixe

d'une façon exacte le point où ont été faites les trouvailles
dont nous allons entretenir la société.
Si, depuis un siècle, on avait noté, à la mairie de Carhaix,
sur un plan de la ville, toutes les trouyailles se rapportant à
l'époque de l'occupation romaine, faites dans son enceinte,
nous aurions aujourd'hui un plan du plus haut intérêtde la cité
antique qui joua un rôle si im portant dans le passé lointain de
. cette région, citédontle nom reste encore enveloppé d'un certain
mystère pour beaucoup d'entre nous. Que chacun soi t attentif
aux trouvailles qui se font dans ce coin de notre département
et l'on finira par voir sortir du sol quelque document qui
nous renseignera à ce sujet, qu'on examine surtout avec soin
les pierres de démolition proyenant des anciennes cons­
tructions et on y rencontrera, peut-être, quelqu 'i n scri pti on, p lu~
ou moins complète, qui nous donnera le nom souhaité .
En déblayant le terrain pour la construclion de Mme
l,ancien, à 3D mètres au sud-est de l'embranchement de la
route départementale no 3 de Châ tea ulin à Guingam p avec la
route nationale no 16Q, d'Angers à Brest, on rencontra en A,
voir le plan, une fosse rectangulaire orientée est-ouest ayant au
niveau du soIt m 80 de largeur sur 3 05 de long, sa profordeur

au-dessous du sol ét.ant de 2 30 et sa largeur ae fond de 'lm sur
2 30 de longueur. C'est cetîe fosse, toule remplie des déchets
rejetés d'une habitation romaine qui, sans dout.e, ne deyait

pas être éloignée, que M. Le Rumeur, a eu la complaisance
d'explorer pour moi. Elle était de forme éyasée ainsi que le
montre sa coupe A' (voir le plan\. Ses parois étaient taillées
dans le sol sans maçonnerie ni enduit de ciment. An fond il a
rencontré des cendres de bois mêlées de débris de vases en
terre cuite de tuiles de recouvrement et de brirrnes à crocbets,
d'ossements de bovidés, de moutons et de porcs .et de nom­
breuses coquilles d'hllîlres: amoncelées sur10ut le long des
parois, dans tou1e la profondeur de la fosse. Dans la partie
ouest, au fond de la fosse, jJ a recueilli une urne en 1erre grise,

assez grossière, écrasée, paraissant avoir eu Om HSQ de hauteur,
et dans la partie Est quelques moellons schisteux ,du pays
ayant Om 25sur 5 à 8 centimètres d'épaisseur, primitivement
posés debout, quelques-uns ayant encore consené cette po si-
tion. Celte première couche de débris et de cendres ayait
60 centimètres d'épaisseur au milieu.
Par dessus était une autre cou'che de forme concave formée
cie cendres et d'ossements mêlés d'une sorte de bouil1ie calcaire
de '10 à 15 centimètres
blanchâtre sans consistance, ayant
clûe peut-être à une décomposition de coquilles
d'épaisseur,
et d'ossemen ts. Cette couche élait J'('\cou'e l'te d'une autre de
, charbon de bois de 5 à 8 centimètres d'épaisseur présentant la

meme CODcante. .
Par desus venait une couche de petits moellons, n'ayant pas
plus de 10 àtn cenlimèt.res de hauteur, posés debout. Une
nouvelle couche de chaux, ou bouillie calcaire blanchâtre,
plus pur~ que ]a précédente, mêlée de coquilles d'huîtres,
reposait sur ces pierrailles. Par dessus était une seconde
couche de charbon de bois, ces dernières couches ayant
toujours ]a forme concaye.
se rendre compte de la disposition de ces couches
(Pour
yoir sur le plan la coupe A' de la fosse.)
il a constaté une couche de sable fin mêlé de
Au-dessus
pierrailles, d'ossements, parmi lesquels une corne de jeune
bovidé, de débris de poteries et de coquilles d'huÎtres~ du
reste) toules les couches en renfermaien t. La concavité de
cette dernière conche était moins prononcée que celle des
précèdp.ntes, pa r suite son épa isseur était plus grande au centre.
Dans la partie est de celte couche il a recueilli, à 'lm 1)0 au­
dessus du fond de la fosse, un petit vase intact assez grossier
(voir sur la feuille de plans le dpssin de ce petit vase),
ayant Om 2M'i de haut sur Om 0'1·7 de diamètre à l'orifice, Om 040
.cle diamètre à la base et Om '103 rie plus grand diamètre à la
·panse.

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Par dessus étai t une nouvelle couche formée de débris de
repas . dA fragments de poteries, de tuiles et de briques de
recouvrement, de cendres, de sable et d'attraits, recouverte
par unB couche de terre végétale, a~'ant une épaisseur de GO à
80 centi mètres, dans laquelle on rencontra de nombreux
de poteries comme du reste dans toute la terre
fragments
la surface du terrain déblayé pour la cons-
végétale formant
tructlon.
Les nombreux restes extraits de la fosse A ont donné
des débris de vases en terre grossière et en
quelques clous;
terre fine de toutes formes parmi lesquels quelques morceaux
beau vase rouge, dit Samien, richement orné d'oves de
d'un
personnages et d'animaux, la moitié d'une petite écuelle en
même terre décorée intérieurement d'une fleuret~e au fond,
,marque de potier sans doute; des fragments d'un petit vase
en terre très fine à couverte plombaginée, orné.de rinceaux en
relief; le goulot muni de son anse d'un beau récipient en verre
une parUe notable d'une urne en terre grise, sur le
blanc;
fond de laquelle, extérieurement, a été t.racé à la pointe, assez
profondément, avant la cuisson, une sorte de da miel' formé par
des lignes s'entrecroisant à angle droit, certainement la
marque d'un potier; les trois-quarts d'un vase plat en terre
de grande assiette, le fond d'un vase en terre
grise, sorte
un nom gravé à la poin'te S"-AS, peut-être le
rouge porlant •
nom du propriétaire, en abréviation, la moitié d'une t.errine en
terre jaune très épaisse portant le cacbet d'un potier, malheu­
ement illisible. Un ga let rond, ayant :::erYi de percuteur;
reus
à an es de petits vases à col allongé
quelques goulots
en terre fine et quelques restes d'une amphore d'assez petite
des objets ayant quelque intérêt
dimension, complètenl.la série
fouille.
recueillis dans cette
M. Le Ru meut' à qui j'adresse tous mes remerciements,
nour l'empressement qu'il a mis à me remplacer sur les lieux,
ajou te, aux . notes que j'ai transcrites ici dessus, la j usle obser-

vation que voici : « La forme concave des diverses couches
que nous ayons rencontrées dans celle fosse IWoyient sans
de l'affaissement de quelques pierres plaif's qui parnis­
doute
saient aY011' été, p'rimitiyement, placées debout au fond
de la fosse, de la décomposition des ossements et. des coquilles
de l'éclaspment des débris de Ya~es qui
d'huîtres et aussi
remplissaient le foncl de la fosse n'étant pas soutenus dans
le milieu comme le long des l'arois ou il n'y a ras e':l cie
gli ssem en t.

P . nu CHATELLIER.