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XVIII.
EN COMBRIT
Depuis Malakoff jusqu'au corps de garde situé à l'entrée
de la baie de Bénodet, au lieu dit: «( Pointe de Combrit »,
on trouve à chaque pas des traces irrécusables d'une occu-
pation romaine importante. Pierres de taille, briques, débris
de poteries se rencontrent partout; mais partout aussi dans
un état de détérioration qui provient évidemment du fait des
générations nombreuses qui se sont superposées, sans inter-
ruption, sur ce point de la côte .
Les pierres de taille de grandes dimensions qui ont servi à
construire de modestes étables et qui n'ont certes pas été
tirées de carrière pour cet usage, les débris de tuff, que j'ai
. , trouvés au milieu de cendres dans une ruine près de la grève
de Kerob"estin et plus encore la pièce d'or à l'Agneau de
Jean II qui était soigneusement placée entre ardoises et
pierres de taille au jambage d'une porte de chapelle, à Ker-
garadec, prouvent qu'au Moyen-âge ce quartier était habité
par des gens d'import.ance et ayant même guerroyé avec
du Guesclin, Richemont ou Clisson. Tout porte à croire qu'il
en' fut de même depuis l'occupation romaine jusqu'à cette
époque. Aussi est-ce grand hasard si on peut trouver autre
chose que des débris,dans une terre si souvent foulée et tra
vaillée.
La villa romaine dont j'ai mis à jour les caves se
trouvait à l'angle N .-0. de la prairie de Kerobestin.
Il y avait là une butte d'environ 10 mètres de long sur
autant de large et 1 m. 50 de hauteur en moyenne, et que
j'ai aplanie pour ajouter à la prairie. Elle se composait pour
les 3/4 de terre végétale ,et pour le surplus de pierres et
briques romaines mélangées. A deux pieds, au plus, au
dessus du niveau du sol environnant, j'ai trouvé les subs
tructions d'une maison relativement moderne, aspectée au
sud, et de construction très modeste. (A. B. C. D.) En les
, démolissant j'ai été fort surpris de rencontrer un mur ma
çonné avec soin et portant les traces d'un ciment rougeâtre
contenant des morceaux de briques.
J'ai fait arrêter la démolition et procéder prudemment au dé
blaiement extérieur et intérieur de ce mur et, après plusieurs
semaines de travail, j'ai obtenu les résultats suivants, que le
plan ci-joint fera comprendre plus aisément:
. Cave 1. Sous la maison, dans sa partie Ouest, une cave
murs en bon état et revêtue
de 2 m. 87 de côtés, avec ses
d'un enduit cimenté d'une grande finesse. Le ciment du sol et
deux pieds, tout autour, ainsi que les plinthes et les angles
obtus en relief sont en parfait état et absolument étanches.
Caves 2," 3, 4. . Au Nord de cette cave il en existe deux ,
autres, et une quatrième coupant la dernière à angle droit
s'oriente v:ers l'Est; malheureusement les murs de refend et
mur Sud de la dernière ont été démolis : le mur
même le
extérieur d'Est n'existe plus que sur la moitié ,de sa hauteur.
L'enduit du sol de ces trois caves est inégalement conservé:
très bon dans la moitié de la première et dans la quàtrième,
il est effrité dans le reste comme s'il avait été piétiné ou
cassé par l'énorme qUantité de pierres qu'on y avait jetée.
Et dans la quatrième un trou' (E) d'un diamètre d'au moins
sur la face
deux mètres et profond de cinq pieds a été creusé
entamant le ciment et les fondations du mur. L'enduit
Sud,
latéral est en bon état sur le mur de refend (F) qui sépare ces
caves de la première trouvée et sur une petite partie (G) du
mur Ouest en angle avec ce refend: la hauteur va par
endroits jusqu'à cinq pieds. Tout le pourtour de la première
cave et les murs Nord et Est de la dernière ont aussi
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXVI (Mémoires). 20 •
conservé leur enduit sur une hauteur d'environ deux pieds;
les plinthes et angles obtus en relief existent partout, et
presque partout en parfait état.
Il semble que les trois dernièr~s caves aient été utilisées
postérieurement à l'invasion pour un usage quelconque par
des gens qui n'ont pas osé pousser leurs fouilles ni sous la
maison', ni trop près d'elle de peur de la jeter bas, La cave
nO 4: étant de 20 centimètres plus bas que les autres, le sol était
recouvert de sable jaune tassé et pris évide'mment dans la
roche siliceuse environnante: ce qui la mettait de niveau avec
, le reste. Puis on avait creusé dans ce sable rocheux un boyau
, de 4 à 5 pieds (H. 1. J K. L on avait élevé un mur grossier
pour éviter les eifrit.ements et on avait prolongé les fouilles de
à obtenir une salle irrégulière de 6 m. de long sur
façon
4 m. 50 de large (suivant L. J. M. N.), et les déblais trouvés
dans ce polygone étaient tout à fait différents de cel1X que
contenaient la cave nO 1 et la partie Sud (L. O. P. Q.) de la ·
cave no 2. Je me suis assuré que tout autour, sauf à l'Est de
le cave n° 4, il n'y avait ' pas d'autres excavations: à moins
de deux pieds au-dessous du haut des murs, ,on trouve la
roche siliceuse qui fait le fond de la prairie.
Les déblais, dans la cave n° 1 et la partie Sud (L. O. P. Q)
du nO 2, ,ont donné de la terre, des pierres mélangées de
briques sur une profondeur d'environ 3 mètres, le tout très
tass'é et comme faisant corps: puis, au-dessous, une épaisseur
d'un pied et tenant toute la largeur de la cave, de chair
séchée de poisson mélangée d'écailles et de quelques
têtes d'anguilles ou d'aiguillettes, mais sans aucun corps
étranger. Les marins affirment reconnaître des écailles de
sardines, surtout.
. Au dessous et jusqu'au sol, une terre très grasse et mé-
langée d'une grande quantité de gros ossements de bœuf:
mais rien que des os de membres, comme si on y avait mis
quartiers de viande de boucherie. '
des
Le poisson était séparé des débris au-dessus par des
charbons et des cendres : les briques et pierres mélang~es
portaient trace de feu. '
Dans les autres caves, sauf peut-être à l'angle Nord-Est
de la 4 , sous la couche de terre du dessus les déblais ne
donnaient presque rien que des pierres, avec très peu de
briques mélangées ; et la terre qui y était mêlée était friable
et sans adhérence avec elles. De plus, la couche de charbon
et cendres était presque au niveau du sol des caves, sauf
l'angle de la 4 où elle était à deux pieds, et au Sud de cette
même cave où charbon et cendres, celles-ci plus jaunes que
les autres,se trouvent au fond du trou que j'ai signalé (en EJ.
Parmi ces déblais et précisément dans ce trou, j'ai trouvé
~e socle d'un des piljers do la porte d'entrée de la villa: il
4 fines moulures et est ouvert sur le coté d'une section
porte
à angle droit qui montre qu'il était à l'angle d'un mur.
Ce socle est en granit. Je n'ai trouvé que deux médailles,
mais si oxydéès qu'elles se sont effritées tout de suite: elles
indéchiffrables et toutes petites. Il en a été
étaient d'ailleurs
de même d'un objet qui pouvait être une tête d'épingle.
Les poteries en débris présentent un certain intérêt. Il y en
a cinq morceaux en terre rouge, portant des fleurs, et l'un
tout
d'eux représente l'arrière-train d'un chien en relief; le
d'unjolitravail. Un eol d'amphore en terre brune avec dessin
en creux d'un joli effet est le . seul débris un peu important .
Une section de sphère · en marbre blanc et des
morceaux de carreaux ' ou fragments de terre cuite
émaillés finement fon.t regretter d'être arrivé trop tard pour
pouvoir trou ver complets les objets dont ils faisaient
pa!t'. .
Un bloc de terre à ciment non cuit, et redevenant malléable
à l'eau, pourrait peut-être donner une idée du procédé em
ployé.
Enfin quelques briques de faîtage d'un travail original et
une douzaine et demie de pierres de taille du modèle des
constI'uctions romaines ont été conservées comme témoins
irrécusables .
Kerobestin, ce 20 mai '1899. , .
BORRELLY DE KERV~L~GAN.
P. S. Je ne donne pas, évidemment, le p'oissbn et les « quartiers
de bœuf» comme de l'époque romaine: seulement la dureté de la
terre mêlée aux débris laisse supposer qu'il y a bien longtemps
il est évident que les gens
qu'elle n'a été déplacée. D'autre part,
qui ont bâti et habité la maison superposée ne se sont jamais doutés
les pieds. Et depuis quand ont
qu'ils avaient un garde-manger sous
ils disparu, avec même le souvenir de leur masure?
Subst.ouctions (l'une -villa
Gallo-Roillaine
en UO'llbrito
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