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VIII .
DEUX TROUVAILLES A CARHAIX
L'un de mes correspondants, très dévoué à l'archéologie,
M. Le Rumeur, m'a écrit, à la date du 27 décembre 1898,
sur Carhaix des renseignements inté
une lettre contenant
ressants que je crois bon de consigner dans notre Bulletin .
Je lui en adresse tous mes remerciements ainsi qu'à M.
Monfort.
sa lettre :
Voici une partie de
« Monsieur, par le même courrier, je vous adresse une
caisse contenant deux vases anciens très simples n'ayant pas
plus de OmiO à Omit de hauteur sur Om08 à Om09 de diamètre,
légèrement évasés du haut, qui ont été trouvés dans le courant
de septembre ou d'octobre dernier dans l'intérieur du mur
qui formait le côté ouest de l'ancienne chapelle des Carmes' à
Carhaix. C'est en transformant cette ancienne chapelle en
école de garçons que M Monfort, entrepreneur à Carhaix,· les
a trouvés.
« 'Le mur ouest de cette chapelle était en bon état, construit
en schiste du pays, il avait une longueur de 20 mètres; il
était recouvert à l'intérieur d'un enduit d'argile et c'est en
dégradant cet enduit, pour le remplacer par un autre en
mortier de chaux, qu'on en a trouvé cinq. Ils étaient posés
sur le côté, l'ouverture tournée"vers l'intérieur, à une hauteur
de 2 50 au-dessus du sol et à une distance de 1 !)O les uns
des autres. Mais on n'a point dégradé assez profondément
le mur pour reco'nnaître s'il n'y avait pas plus de cinq vases ,
L'ouverture de chaque vase était bouchée par une ardoise
,posée à plat dont le centre, qui correspondait au milieu du
vase, était percé d'un trou de Om02 à Om03 de diamètre. Deux
petits trous percés dans l'ardoise, en dehors de l'orifice du
vase, servaient à maintenir l'ardoise contre le mur au moyen
de clous. . .
« La façade de la chapelle a été construite avec des pierres
granitiques de diverses provenances; on y remarque des
pierres du grain de Gourin à côté de celles à grain de Huelgoat
ou de Rostrenen. La date inscrite au-dessus de la façade
nord, donnant sur la rue, est 1727. Cette façade est de
beaucoup postérieure au mur où ont été trouvés les vases,
qui, je le pense, ont été placés dans ce mur pour donner de
la sonorité aux chants de l'église. .
« Je joins à mon envoi un goulot de grande amphore avec
ses anses et une machoire de ruminant trouvés en creusant
les fouilles d'une construction que l'on établit à Carhaix sur
le bord de la route nationale n° 164, entre la rue du Pavé,
conduisant de la mairie à l'église, ancienne traverse de la
route nationale nO 169; de Lorient à Roscoff, et le couvent des
Ursulines, au centre même de Carhaix, à 200 mètres à l'ouest
de l'ancienne chapelle des Carmes et àune égale distance de
l'église paroissiale. La fouille ouest de la construction, faite
mètres environ au-dessous du sol actuel, affleurait une
excavation ancienne .creusée dans le sol primitif de Carhaix
qui était remplie de débris de vases et d'ossements. C'est à
titre de curiosité que j'ai pris ces deux échantillons pour
joindre aux deux vases que M. Monfort, sur ma demande, a
eu l'amabilité de m'offrir pour vous les envoyer. »
Cette excavation,. dont M. Le Rumeur parle en dernier
lieu dans sa lettre, était, sans doute, un de ces trous que l'on
creusait aux issues de la plupart des habitations romaines,
et où on jetait la vaisselle cassée et les détritus de la maison.
L'emploi des poteries, pour obtenir de la sonorité, avait
. aussi lieu, autrefois, dans nos campagnes pour faire résonner
les aires à battre. J'ai dans mes collections deux grands
vases en argile, dont l'un est à col étroit et à panse très
renflée, .l'autre en forme de grande jatte tin peu rétrécie vers
le bord supérieur. Ils ont été rencontrés en défonçant
les aires de deux anciens villages de la commune de
Penmarc'h. Ils étaient placés debout en terre, recouverts
d'une mince pierre plate empêchant la terre d'y pén.étrer,
ils sont du XVIe siècle. De la sorte, quand on battait le grain,
l'aire, au milieu de laquelle ils avaient été enterrés, avait une
plus grande sonorité, qui entraînait les batteurs par la
résonnance ainsi obtenue.
P. DU CHATELLIER .