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XVIII.
uelques monuments de la commune de Plouescat
(FINISTÈRE)
Au commencement de l'automne de 1896, notre collègue
M. le chanoine Abgrall me parla d'un grand tumulus situé
à 1500 mètres au nord-ouest du bourg de Plouescat. Il lui
avait été signalé par M. l'abbé Picart qui le croyait intact.
M. le curé Goasguen m'ayant très aimablement offer,t
l'hospitalité, dans les premiers jours d'octobre de la même
année je me rendis à Plouescat; à peine arrivé, il voulut
bien m'accompagner chez le propriétaire du monument. Il .
nous reçut le mieux du monde et, nous ayant assuré qu'il
était intact, après avoir trinqué au succès de la fouille, il
fut convenu que le lendemain matin, 6 octohre, nous
commencerions· l'exploration. Le reste de la soirée fut
employé à emhaucher quelques travailleurs, avec lesquels
le lendemain à la première heure nous nous dirigions,
accompagné de notre fouilleur, vers ~e village de Kernéac'h
sur les terres duquel se dresse le tumulus, à 300 mètres au
sud-ouest des édifices.
En arrivant sur les lieux nous eùmes un grand désappoin
tement, le tumulus avait été fouillé par une large excavation,
en forme de puits, percée au sommet. Les fermiel's du lieu
interrogés n'avaient pas connaissance de l'époque de cette
fouille. Elle était donc ancienne. Par suite nous crùmes
devoir la reprendre espérant tout au moins constater la
nature de la sép.ulture intérieure, ce qui ne fut pas difficile.
C'était une chambre à parois maç.onnées à pierres sèches
recouverte par une voûte. Sur le fond, probablement recou
vert d'un plancher, il avait été déposé des restes incinérés
dont IlO\lS avons rencontré des traces. Quel mobilier y
trouva-t-on, lors de la première fouille? Nous n'avons pu
le savoir. Quelles ét.aient les dimensions de la chambre?
Elle était trop bouleversée pour pouvoir le dire.
Quoiqu~ peu favorisé par le temps, qui s'était mis à la
pluie, nous n'avons pas voulu abandonner ce beau tumulus,
qui a 37 métres de diamètre sur 8 mètres de haut, sans
tenter une nouvelle exploration dans sa partie est, qui était
absolument intacte .
. A cet effet nous avons ouvert à sa base une tranchée de
4 mètres de large allant de l'est à l'ouest, en passant par 'le
centre, dans laquelle nous avons recueilli quelques éclats
de silex et quelques morceaux d'une poterie très grossière
a cassure nOIre.
Dans cette tranchée, à dix mètres cinquante de la base
du tumulus, nous avons rencontré une aire circulaire d'argile
calcinée de 2 m. 23 de diamètre et de 24 centimètres
. d'épaisseur, dont le centre était à 2 mètres sous l'enveloppe
du tumulus, sur laquelle ét~it étendue une couche de cendre
de 22 centimètres d'épaisseur, mêlée de fragments d'os
brûlés et de morceaux de charbon de bois. Au-dessus de
cette couche de restes incinérés était une enveloppe protec
trice faite de gros galets de la côte, dont plusieurs avaient
subi l'action du feu .
. Comme on le voit, nous nous sommes trouvé là en pré
sence d'une sépulture secondaire à incinération faite sur
place, chose rare. Constatation nous permettant de dire que
notre visite au tumulus violé de Kernéac'h n'a pas été inutile
et que les deux journées que nous avons consacrées à son
exploration n'ont pas été perdues.
Pendant ces deux jours, les visiteurs ne manquèrent
pas sur les lieux de la fouille. De l'un d'eux, un jeune et
bourg, nous apprîmes que, dans l'anse
aimable docteur du
la g~ève, les restes d'un grand
de Kernic, on voyait, dans
monument mégalithique. En rentrant au presbytère, nous
fîmes part de ce dire à M. l'abbé Picart qui, avec la plus
et~ malgré la
parfaite complaisance, fit atteler une voiture
pluie qui nous fouettait le visage, poussée par un fort vent
d'ouest, nous partîmes à sa recherche.
Placé sur la grève, au sud de la pointe de Kernic, ce
vaste monument, aujourd'hui complètement ensablé, visible
seulement à la basse mer, est perpendiculaire à la côte et
orienté sensiblement est-ouest. Nous trouvant sur les lieux
au moment favorable, c'est-à-dire à la basse mer, nous
avons pu en relever le plan que nous donnons ici. La situa
tion actuelle de ce monument prouve l'affaissement consi
dérable de cette partie de notre littoral.
En jetant les yeux sur notre plan, on voit que l'ensemble
de ce beau monument se composait, primitivement, de deux
galeries couvertes parallèles, dont les tablés n'existent plus,
par des mégalithes en travers, et
fermées à leurs extrémités
de chambres à ciel ouvert dont on voit encore les traces
pour trois d'entre elles. D'ici peu d'années, probablement,
les sables s'amoncelant sur les restes de cet important
monument d'une époque bien lointaine, en auront fait dispa
raître toute trace.
Ajoutons. à cette courte note que dans la commune de
Plouescat il existe:
Un menhir de 5 mètres de haut à Lannerien. à 2 kilomè-
tres à l'ouest du bourg ; .
Un menhir de 7 mètres de haut à Kergouara, au nord
Près de ce monument quelques
nord-ouest du bourg.
pierres fichées en terre semblent être les restes d'un
cromlec'h;
Près de la ferme de Gorré-Ploué, à 800 mètres à l'est du
bourg, au sud de la route menant de Plouescat à Saint-Pol,
60 de haut: accompagné d'un
un autre menhir, de 4 m.
dolmen qui a été exploré;
Un dolmen à Créarc'h-ar-Vrenn. connu sous le nom de
An-ty-Roc'h, ouvert à l'est; la table de forme ovale repos~
sur cinq .piliers ;
Un autre dolmen renversé près du chemin conduisant de
Plouescat à .Lochrist ;
Enfin, dans cette commune, en 1867, il fut trouvé une
cachette de fondeur composée de haches à douille, de frag
ments de haches à ailerons et de fragments d'épée, le tout
en bronze.
P. DU CHATELLIER •