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Bulletin SAF 1898


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Pont-Château et Pont-l’Abbé aux Etats de Bretagne, 3ème partie

J. Trévédy

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XVII.

PONT-CHATEAU ET PONT-L'ABBE

AUX ETATS DE BRETAGNE.

(Suite)

3 e PART 1 E.
Les villes de Pont-Château et Pont-l'Abbé aux Etats.
Nous avons dit que les baronnies ne députaient pas aux
Etats~ les barons ayant le droit et le devoir d'y siéger en
personne. Au contraire, les villes ne pouvaient y paraître
que par déplJtés; mais les barons ne représentaient pas les
villes; et nous allons voir des députés de villes chefs-lieux
de baronnies siéger aux Etats en même temps que les barons
leurs seigneurs.
Des « dix-sept seigneuries gratifiées à tort ou à· raison du
titre d'ancienne baronnie de Bretagne » (1) je ne puis
m'occuper que de celles-là, onze avaient pour chefs-lieux
les villes dont elles prenaient le nom: Ancenis, Château­
briant, Derval, Fougères, La Roche-Bernard, Malestroit,
Pont-Château. Pont-l'Abbé: Quintin, Rohan, Vitré. Le
chef:-lieu de Léon était Landerneau; celui d'Avaugout' (le
Goëlo) Châtelaudren; celui de Retz ·, Machecoul. Enfin
Coëtmen, La Hunaudaye et Lanvaux avaient leurs châteaux
pour chefs-lieux.
Or sur les quatorze villes ou bourgades chefs-lieux de
baronnies, nous en verrons onze, parmi lesquelles de très
petites: députant, fut-ce une fois ou deux, aux Etats. Trois
d'entre elles seulement n'apparaissent pas aux listes que
nous avons pu consulter.

('1) M. de la Borderie, Les neuf bm'ons .... p. IV .

Quand nous parlons de villes députant aux Etats, il faut
nous entendre. Il ne s'agit pas, originairement du moins,
de communautés urbaines, que nous nommons aujourd'hui
communes ou 1nunicipalités. La députation des villes aux
Etats de Bretagne, ou, comme on disait alors, au Parlement
général du duc, a, pour la plupart des villes, précédé de près .
d'un siècle la naissance des communautés bretonnes.
Je n'ai pas à dire l'établissement de ces communautés.
Comme les peuples heureux, cet établissement n'a pas
d'histoire. En Bretagne, les èommunautés n'ont pas été
comme ailleurs formées par la violence, en vertu de chartes
arrachées aux souverains. Elles ont été (et c'e'st un titre
d'honneur pour notre pays) ou spontanément créées par les
ducs ou les seigneurs locaux, ou amiablement accordées par
eux à la demande des bourgeois. Les titres de concession,
s'il y en a eu, n'existent plus (1).
La première communauté est celle de Guingamp, ville
principale du Penthièvre, qu'on voit existante au milieu du
XIVe siècle et qui semble bien un don de Charles de Blois et
de Jeanne de Penthièvre. (( Les communautés de Nantes
. et de Rennes furent créées sous Jean V; ct, vers le milieu
du xv siècle, presque toutes les villes de Bretagne jouis­
saient d'institutions analogues. )) (2)

(1) La COlllrnlmau té était èll germe dans le conseil pm'oissial que nous
nommons conse'il de fabrique et qui fut appelé en Bretagne le général de
la paroisse. On pourrait presque dire que la communauté n'a été que le
développement du conseil de la paroisse. (Sur ce point, M. de Courson.
Proléuornènes du CartulaÙ"e de Redon.) De là certainement l'habitude en
cel'taines communautés de délibérer à l'église vers le prône de la grand'
messe sur des objets absolument étrangers aux intérêts ecclésiastiques.
(Ex. : Carhaix, 1610.) En d'autres lieux, les communautés délibèrent dans
une dépendance de l'église, comme à Quimper à l'église du Guéodet.
J'ajoute que longtemps avant qu'il fùt question de communauté, ll's
bourgeois des villes se l"éunirent POUL" délibérer sur leurs intérêts
communs de commerce et d'industrie et faire comme ferait de nos jours
un conseil municipal, par exemple nommer des mandataires pour défendre
en justice les intérêts du « commun de la eité. Il (Ex, Redon, en 1'289.)
Cl) M. de la Borderie l,a llreta!}ne aux derniers siècles lin Moyen· Age
(conférences), p. 7. . .

Mais longtemps avant, on voit les bourgeois des villes,
c'est-à-dire le Tiers-Etat, délibérer au Parlement des ducs
avec le clergé et la noblesse: c'est ce que montrent les
procès-verbaux des Etats ('L l.

Le premier Parlement général « où il est parlé en termes
exprès des villes )) est celui tenu à Ploërmel par le due
Arthur Ii, en 1309. Ce qui ne veut pas dire que les bour-
geois entraient pour la première fois au Parlement (2) .
Le procès-verbal du Parlement tenu par Jean III à Rennes
en 1315, finit par ces mots: cc Au Parlement ô (avec) solen-

nité des Trois-Etats)) (3).
Les villes représentées dans ces deux sessions ne sont
pas nommées. Mais voici un troisième procès-verbal où
apparaissent des noms de villes. Il est du 13 novembre 1352.
Il s'agit d'une grave affaire : l'envoi d'ambassadeurs en
Angleterre pour traiter du mariage du fils aîné de Jeanne
de Penthièvre avec une fille du roi d'Angleterre, et demander
la mise en liberté de Charles de Blois .
Jeanne de Penthièvre convoque à Dinan les prélats,
barons, seigneurs, et villes qui lui sont fidèles. Cette
assemblée réunie par celle qui pour les personnes convo­
quées est la duchesse de Bretagne a bien le caractère
d'Etats de Bretagne. Les évêques de Saint-Brieuc, Tréguier,
Vannes, Hennes, Dol et Saint-Malo sont présents, avec
vingt-trois seigneurs, dix a1!lbés et onze villes, savoir :
(1) Quand je parle des pl'ocès-vel'baux des Etats, je me relère aux copies
que D. Morice a imprimées, et qui peut-être sont malheureusement abré­
gées comme beaucoup des actes publiés par lui.
(2) En parlant ainsi Lobineau semble dire que les villes avaient eu avant
'1309 entrée au Parlement. D. Morice 'semble penser de même. (Pl'. III.
Préface, p. XV), Disons qu'elles ne pouvaient y sièger lonytemps avant,
en France le Tiers n'est entré aux Etals généraux qu'aux der­
puisque
nières années du xm siècle.
(3) Morice, Pl',!. 1252 .

Rennes, Nantes, Dinan! Morlaix et Quimper, et les
villes principales du Penthièvre : Lamballe; Moncontour,
Jugon, Châtelaudren, Guingamp, La Roche-Derrien. Les
bourgeois et habitants des villes délibèrent, donnent leurs
avis et « font apposer l~s sceaux des contrats des villes ))
absolument comme les prélats et les seigneurs (1).
En 1364, après vingt ans de guerre, la paix se fait. La
suprématie de l'autorité ducale est établie; mais Jean IV,
devenu plus puissant que ses prédécesseurs, est entraîné â
des dépenses plus considérables (2). Les revenus des domaines
ducaux deviennnent insuffisants; il faut recourir aux contri­
butions publiques; ees impositions sont de deux sortes:
rimpôt direct, connu sous le nom de fouage; l'impôt indirect,
c'est-à-dire des taxes notamment snr la vente et le traùsport
des marchandises.
Ces impositions doivent être votées par les Trois-Etats;
les réunions des Etats deviennent plus fréquentes; et on peut
conjecturer que le nombre des villes appelées à y députer
s'accroît en proportion. La participation des "filles au gou­
vernement et à l'administration devient ainsi plus active.
L'importance des villes, c'est-à-dire du Tiers-Etat breton,
n'avait pas échappé à la sagacité du roi Charles V. Dans les
graves conseils qu'au moment de sa mort il donna à ses
frères, je relève' celui-ci: « Le duc de Bretagne est un
homme cauteleux et divers et il a toujours été plus anglais
que français. C'est pourquoi tenez les nobles de Bretagne et
les bonnes villes en amour. Vous lui briserez ainsi ses inten­
tions; car ils m'ont toujours loyalement servi et aidé à garder

(1) MOI'ice, Pl'. I. 148fl-87. - M. LaI'onze, Essai sur le régime muni­
cipal en B1'eta{fne, t'ite ces Etats comme les premiers où les mandataires
des villes paraissent (p. 12). Erreul' certaine .... et qui n'est pas la seule
du volume. Cf. Mes Papegauts de BTetagne (18DL).
(2) M. de la Borderie, La Bt'etagne aux del'nie1'S siècles du Moyen-
1 1oe, p. ,7.

et défendre mon royaume contre les ennemis» (1). (16 sep-
tembre 1380:)
Sous Jean V, en décembre 1408, à l'assemblée où sont
délibérées les instructions à donner aux ambassadeurs du
« les
duc en Bourgogne, le procès-verbal nous montre
grand nombre. » Par malheur, cette pièce
bonnes villes en
ne nomme pas ces bonnes villes, pas plus que le procès­
verbal de la tenue de 1420 .
C'est seulement en 1422 que nous trouvons à l'assemblée
Etats traitant avec le duc de Bourgogne une liste des
des
villes : encore est-elle incomplète puisque l'énumération
finit par ces mots» et plusieurs autres bonnes villes » (2).
Les villes dénommées sont au nombre de quatorze; figu­
rent en tête les . chefs-lieux des neuf villes épiscopales,

et après elles : Fougères,
Vitré, Quimperlé, Dinan,
Morlaix.
Vingt-trois villes sont dénommées au procès-verbal des
Etats de 1451 où Pierre II proclama la liste des neuf baron­
nies. Ces villes sont, outre les neuf villes épiscopales, les
Bretagne: neuf d'entr'elles sont aujour­
villes principales de
d'hui chefs-lieux d'arrondissements, savoir : Dinan, Fou-
gères, Guingamp, Montfort, Morlaix, Ploërmel, Quimperlé,
Redon et Vitré. Les cinq autres villes sont Guérande, Hen­
nebont, Josselin, Lamballe, Malestroit.

Remarquez-le : cette liste est complète et les vingt-trois
villes . ont été convoquées : ra preuve, c'est que plusieurs
n'ayant pas député (Fougères, Guérande, Redon, Saint­
Malo) sont déclarées défaillantes, comme les seigneurs qui
ne répondent pas à l'appel de leurs noms. '
Le procès-verbal des Etats de 1455 donne la liste des

(1) Guizot. HisloiTe de F1'ance .. , 1 J. 205.
, ('2) Moriee, P,', II. 1127.

députés de 25 villes au lieu de 23 (1). Ces villes sont celles
nommées en 1451, plus Moncontour et Quintin (2) .
Les mêmes vingt-cinq villes sont appelées à l'ouverture
solennelle des Etats de 1462 (3).
Ainsi, 23 villes ont été convoquées par le due aux Etats
de 1451, 25 sont représentées aux Etats de 1455; les mêmes
sont appelées aux Etats de 1462. C~ni.ment douter qu'il n'y
eût à cette époque un rôle des « bonnes villes » ayant
entrée aux Etats?
Constatons que Pont-Château et Pont-l'Abbé n'étaient pas
sur ce rôle.

Pour la fin du xv siècle et la première moitié dn XVIe,
. nous sommes sans renseignements sur le nombre et les noms
des villes jusqu'à l"année 1567 où commence la collection
des procès-verbaux des Etats.
Par malheur les procès-verbaux du XVIe siècle et du
commencement du XVIIe, comme' ceux dl'essés de 1309 à 1455,
ne nomment pas toutes les villes représentées; et les listes
se terminent par des etc. D. Morice a essayé de suppléer à
ces lacunes et il a dressé deux listes des bonnes villes repré-
(1) Morice, Pi'. II. 1538-69. Alain Bouchard (folio 205, v' Ed. des Bibl.
de 18 'noms seulement, omettant Lamballe, Vitré,
Bretons) donne une liste
el Josselin.
Montfort, Malestroit
Le comte cie Laval, héritier présomptif de sa mère, siège comme baron
de Vitré, et auprès cie lui, Olivier de Saint-Melaine, bourgeois de Vitré.
(2) Morice, Pl'. II. 1 G71. Le procès-verbal ne donne que 24 noms; mais
de la ville cIe Vannes, où se tient la session, est certainement à ajouter.
celui
On pourrait dire que la lisle n'est pas complète et que le procès-verbal
ne donne que les noms des villes représentées en passant sous silence -les
villes défaillantes comme Vannes; mais nous allons retrouver le nombre
de 25 villes.
Le baron de Vitré et les nouveaux barons de Malestroit (Jean de Derval) .
et de Quintin (Jean du Perrier) siègent, et en même temps les trois
députés de Vitré, Malestroit et Quintin, Guillaume du Mars, J. Paindavoine
Pierre Plufragan.
(3) Morice, Pro III. 7-8. Le comte de Laval baron de Vitré, le baron de
Malestroit présents avec les députés des deux villes •

sentées aux Etats pendant cette période: la première com­
prend les villes ~ont il a retrouvé les noms aux registres
des Etats avant l'année 1600 ; la,seconde comprend les noms
des villes qui ont député entre 1600 et 1614. En comparant
ces deux listes avec la liste des 25 villes (de 1457 à 1462),
on éprouve quelque surprise. D'après D. Morice, huit villes
députant au milieu du xv siècle n'auraient plus député
avant 1614 : ce sont Redon, Montfort, Lamballe, Guérande,
Malestroit, Josselin, Moncontour et Quintin. En revanche, .

on voi.t apparaître à la première liste douze villes, à la
seconde huit villes qui ne députaient pas en 1451-1462.
Le tableau que je donne à la fin de cette étude montrera
ces différences au premier coup d'œil.
Les listes de D. Morice appellent quelques rectifications.
La première liste (villes députant entre 1567 et 1600)
comprend 30 noms (1). Elle omet deux villes épiscopales,

(1) Parmi ces noms remarquons celui de Saint-Renan. S'agit-il cie
Saint-Henan aujourd'hui chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bl'est,
ou de Locronan, commune du canton cie Chàteaulin ? Ces deux lieux por­
le nom de Saint-Renan ou Ronan (A)
taient autrefois
On me dit : «JI s'agit cie Locronan. La Reine Anne avait donné à
Locronan le titre de ville avec les privilèges attachés à ce titre (n) ».
Locronan avait acquis par ses fabriques de toiles une importance indus-
que Saint-Henan n'eut jamais (c). » .
trielle
Soit ! Mais Saint-Renan fut chef-lieu de la justice royale du bas
Léon. Ce siège avec celui de Brest fut uni à celui de Le5neven par l'édit
de (,hâteaubriant .octobre 1565); rétabli plus tard, il fut transporté à
Brest, mais seulement en lG81. Nous allons voir, en 1GU, Saint-Renan et
Beest comptés pour une seule députation' aux Etats. ,Jusqu'à preuve
contra ire, et pOIU ces raisons, nous pensons que c'est Saint-Henan et non
Locronan qui a député entre 15H7 et 1600, notamment en 157~.
(A) En breton Saint-Renan est nommé Locornan ar fancq (Locronan de
la boue), et Locronan est dit Locornan choat Nevet (Locronan du bois
de Nevet). Grégoire de Hostrenen. L'au teur nroteste contre l'assimilation
de'Saint-Ronan (en latin Ronanus) avec Saint-René (en latin Renatus).
(B) Ogée, 1. 5B . La date cie l'acte serait de 1505, lors cl u pèlerinage
que fit la B.eine venant de Quimper et « suivant le bord de la mer jusques
au Folgouet (Bouchard, fo 266, v Bibl. Bretons), c'est-à-dire passant par
. Locl'onan, Chàteaulin, Le Faou. Daoulas, Landerneau. La Reine fit son
entrée à Saint-Pol-de-Léon le dernier vendredi d'aoÔt. (Morice, Pl'. III. 869.)
(c) Cf. Bull. de la Soc. arch.. T XXII (1898) . Un C01'sairè
b1"esto'is sous Louis XV, pal' le Dr Corre, p. 344, et le Bu.reau des toiles de
Loc1'onan, par notre regretté cont['ère Serret. Le tissage des toiles à voiles
existait-il à Locronan dès la fin du XVIe siècle? Le chanoine Moreau ne le
dit pas. Ch. XXI. p. 152 (t'e éd.).

Dol et Saint-Brieuc, dont les députés siégeaient en 1451 et
1462; comment n'auraient-ils pas siégé depuis? Du moins
les voyons-nous siéger en 1567. La liste omet en outre
Redon, qui a député en 1567; Jugon, députant en 1578;
Conquet, Paimpol, Châtelaudren, députant en 1598 (1) .

Voilà donc sept noms à ajouter à la première liste qui
comprendra ainsi 37 noms. .
La seconde liste donne huit noms nouveaux: Le Conquet,
Pontivy, Roscoff, Machecoul, Clisson, Rhuys (Sarze~u:,
Bédé, La Roche-Bernard. Nous avons déjà ajouté L.e Conquet
à la première liste. Il nous reste seulement sept noms à
mettre à la suite des 37; nous arrivons ainsi au chiffre total

Pont-.Château et Pont-l'Abbé ne figurent pas sur les ljstes
de D. Morice et aucune indication ne nous permet de les y
ajouter.
qu'on · ne croie pas que ces 44 villes aient député
Mais
tour de rôle, tantôt les
ensemble. Elles députent comme à
unes, tantôt les autres, sauf sans doute les grandes villes.
En quel nombre les villes sont-elles représentées à chaque
session? C'est ce que l'on ne peut dire. Les procès-verbaux
nomment les villes des députés premiers arrivés et ajoutent
« et plusieurs autres », indication qui aiguise la curiosité
p,as.
mais ne la satisfait
Toutefois on peut · croire, avec D. Morice, que, « après
l'édit de pacification de 1598, la représentation du Tiers
») : ainsi en 1600, 22 villes sont nommées; en 1608,
s'accrut
23 ; en 1613, 29; en 1614, 31. .
Cette année 1614, les Etats furent assemblés à Nantes en
présence du Roi et de la Reine mère. Ils demandèrent qu'il
(1) Je trouve ces indications complémentaires dans le 1 volume de
Reche1'ches sur les Etats de Bretagne, du regretté du Bouétiez de Kel'or­
guen (1875).
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. ' TOME XXV, (Mémoires). 14

fût dressé un rôle des villes ayant le droit de députer. Le
28 août, le rôle fut arrêté.
Il comprit 44 villes dont quatre assemblées deux par deux
pour deux : Brest avec Saint-Renan,
ne comptèrent que
Antrain avec Bazouges. Les villes avaient ainsi 42 voix (1).
Encore une fois Pont-l'Abbé et Pont-Château n'ont pas
trouvé place sur la liste privilégiée. Tout espoir semble
p'erdu pour ces deux villes puisque les Etats supplient le
« de ne pas augmenter)) le nombre des vrUes députant
Roi
aux Etats .
restèrent en cette situation jusqu'en 1667.
. Les choses
Le 6 juin de cette année, un arrêt du conseil fixa le rôle des
communautés ayant la députation. La liste fut quelque peu
modifiée : au lieu de 42 noms, elle n'en comprend que 36.
Les six noms $upprimés sont ceux de Brest et Saint-Renan,
Châteaubriant, Clisson, Douarnenez, Machecoul, Antrain et
Bazouges.
Châteaubriant et Brest recou­
Hâtons-nous . de dire que
vrèrent aussitôt leurs places; mais les quatre autres villes
(21. Deux des
furent définitivement exclues de la députation
(1) Voir la liste dans Morice, P1', III. préface, p. XVl. Moriee dit
« qu'il n'y avait rien de réglé là, dessus». N'est-ce pas un peu d'exagé­
ration? et n'y avait-il pas un rôle quelconque ou un usage dont les villes
pouvaient se réclamer comme d'un titre à la députation. En 159\:1, Redon
se plaint de n'avoir pas été appelé aux Etats. M. du Bouétiez, 1 p. 62.
M du Bouétiez n'a pas tenu compte de la fixation du rôle dp. 1614; el
cette omission l'a entraîné dans quelques inexactitudes de détail. Chose
curieuse ! Les villes semblaient tenir au droit de députer, et elles n'en
usent pas .. Jamais les 42 viiles ·ne sont toutes représèntées : en 1614,
3t; en 16 18.29; en 1621,31 ; en 1629, 3t ; en 1f, ).l, 34; en 1661, 31. -
M. du Bouétiez, 1. p. 6Q et suiv
(2) L'omission sur la liste de Brest et Châteaubriant provient sans doute
de ce que les deux villes n'avaient pas envoyé les pièces établissant leurs
droits aux ·deniers d'octroi.
Douarnenez et Clisson seuls protestèrent. :\JI. du Bouétiez, 1. p. n.
On peut voir les singulières péripéties par lesquelles a passé la dépu­
tation de Port-Louis dans l'Histoire de la fondal'ion de Lorient, par M.
Jégou; et en résumé dans les Recherches .... de M. du Bouétiez, 1. p. 71,
note '1.
Qu'il nous sufilse de dire qne la ville autorisée à députer dés 1618, ne
députa pas; qu'en 1672, en 17ti:1, elle fut autorisée de nouveau; mais que,
dive l'ses causes, son député n'obtint l'entrée des Etnts que en 1770.
pour
U était temps !

places vacantes furent attribuées à Hédé et à La Roche­

Bernard; les deux autres étaient, paraît-il, réservées pour
le Port-Louis érigé en communauté dès 1618, et Lorient,
que la compagnie de$ Indes venait de fonder en 1666, et qui

et la députation aux Etats par •
allait obtenir la communauté
lettres de 1733.

Le nombre de quarante-deux c( bonnes villes
») approuve
par les Etats en 1614 était ainsi atteint, et il
est resté le
jusqu'à 1789.
même
On voit que les deux villes de Pont-Château et Pont­
l'Abbé n'ont pas député aux Etats: par conséquent il n'a
jamais été question entre elles, pas plus qu'entre les deux
t.Jaronnies, de voix alternative.
Ainsi les barons de Pônt-Château et Pont-l'Abbé n'ont
pas siégé alternativement aux Etats de Bretagne; les deu~
villes n'y ont jamais paru. L'alternance de voix entl'e Pont-
Château et Pont-l'Abbé n'exista jamais.
C'est une légende.". que la démonstration qui précède ne
car les légendes historiques même réfutées ont
détruira pas,

• la l1 ie d'ure.
Nous avons dit (ci-dessus, p. 202) quetrois villes chefs-
pas député aux Etats. A Pont-
lieux de baronnies n'avaient
Château et Pont-l'Abbé, il faut ajouter ,Derval. .
On trouvera ci-après, réunies en un tableau général, cinq
listes des villes bretonnes ayant eu, à cinq époques depuis
XV siècle, la députation aux Etats. Les noms
le milieu du
des villes sont rangés par départements actuels.
J. TRÉVÉDY,
Ancien Président du Tr'ibu.al civil de Quimper . .

LISTES DES VILLES AYANT DEPUTE AUX ETATS DE BRETAGN'E
LISTE DE L'ARRÊT
LISTE DE L'ARRÊT
AVANT ETATS
ETATS ·
de 1614 de 1667
du conseil
de t 455 à 1462 (1)
COTEs-nU-NORD
Châtelaudren (1598) .
Dinan.
Dinan. Dinan.
Dinan.
Dinan.
Guingamp.
Guingamp. Guingamp.
Guingamp.
Guingamp.
Jugon (1578).
Lamballe. Lamballe.
Lamballe
Lamballe.
Lannion. Lannion.
Lannion
Lannion.
Moncontour.
Moncontour. Moncontour .
Moncontour.
Paimpol.
Quintin.
Quintin. Quintin .
Quintin.
Saint-Brieuc.
Saint-Brieuc. Saint-Brieuc. Saint-Brieuc .
Saint- Brieuc (1598).
Tréguier. Tréguier. Tréguier.
Tréguier.
Tréguier.

Audierne.
Brest. Brest.
Brest et Saint-Renan.
Brest.
Carhaix. . Carhaix. Carhaix
Carhaix .
Châteaulin.
Concarneau.
Contameau.
Concarneau.
Concarneau.
Douarnenez.
Landerneau.
Landerneau. Landerneau.
Landerneau.
Le Conquet (1598).
Lesneven.
Lesneven. Lesneven.
. Morlaix.
Morlaix.
Morlaix. Morlaix. Morlaix.
Penmarc'h (1571).
Quimper. Quimper. Quimper.
Quimper. Quimper.
Quimperlé.
Quimperlé. Quimperlé. Quimperlé. Quimperlé.
Roscoff (1608).
Saint-Pol. Saint-Pol.
Sain t -Pol-de-Léon. Sain t-Pol-de-Léon.
Sain t-Pol-de-Léon.
Saint-Renan (1578).

ILLE-ET-VILAINE
Antrain (1571). Antrain et Bazouges.
Dol.
Dol (1567). Dol. Dol.
Dol. .
Fougères.
Fougères. Fougères.
Fougères. Fougères.
Hédé.
Hédé (1600).
Hédé.
La Guerche.
La Guerche. La Guerche. La Guerche.
Montfort.
Montfort.
Montfort.
~'ontfort.
Redon
Redon.
Redon (1567) Redon.
Redon.
Rennes. Rennes. Rennes. Rennes
Rennes.
~aint-Malo
Sain t-M alo. Saint-MaJo. Sain t-M alo. Sain t-M alo.
Vitré. Vitré. Vitré . Vitré.
Vitré.
LOIRE-INFÉRIEURE
• Ancenis Ancenis.
Ancenis Ancenis .
Châteaubriant. Châteaubriant. Châteaubriant. châteaubrian t
Clisson. Clisson .
Guérande Guérande. Guérande.
Guérande
Le Croisic. Le Croisic.
Le Croisic. Le Croisic.
Machecoul (H>13). Machecoul.
Nante.s. Nantes. Nantes. Nantes . Nantes
MORBIHAN
Auray. Auray. Auray.
Auray •
Hennebont
Hennebont.
Hennebont..
Hennebont. Hennebont.
.1 osselin. . • J osseIin. Josselin .
Josselin
La. Roche-Bemard ("1600) La Roche-Bernard.
La Rocha-Bernard.
Lorient
Malestroit.
Malestroi t . Malestroit.
Malestroit
Ploërmel.
Ploërmel.
Ploërmel. Ploërmel.
Ploërmel.
Pontivy.
Pontivy (1600).
Pontivy.
Pontivy.
Port-Lou is .

, Rhuys
Rhuys (1600). Rhuys
Rhuys .

Vannes . Vannes.
Vannes. Vannes
Vannes .

(1) En 1451, les mêmes villes qu'en 1455-62, moins Moncontour et Quintin.
(2) Aux Etats de 1788, la liste est la même qu'en 16ü7, plus Port-Louis et Lorient. -