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Bulletin SAF 1898


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Les séances du congrès de 1898 à la Sorbonne. Notes et impressions.

Abbé Antoine Favé

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XIV .
LES SÉANCES DU CONGRÈS DE 1898 A LA SORBONNNE .
NOTES ET IMPRESSIONS

PAR L'AnnÉ ANTOINE FAVE.

Dès le 18 avril, un chroniqueur parisien signalait l'arrivée
des délégués des départements : « Le Congrès des Sociétés
savantes qui vient de s'ouvrir, disait-il, fait venir à Paris '
un type curieux, bizarre et digne d'observation : c'est le
savant de province ». Ce bon savant qui sait que s'il vaut
quelque chose c'est précisément parce qu'il aime et cherche
à mieux connaître sa province, payait d'un sourire de bon aloi
le spirituel pastiche de M. Le Conte; et d'autre part se dispo­
sait à applaudir M. le Ministre de l'Instruction publique, dans
le discours de clôture, le remerciant d'être venu et lui faisant
savoir, avec beaucoup de cordialité, que la visite serait rendue .
En effet, M. Rambaud avait à annoncer que le Congrès annuel
des Sociétés savantes serait désormais appelé improprement
Congrès de la Sorbonne, puisque ce Congrès se tiendra à
l'avenir, dans une des villes des département.s: de la Bretagne,
de Provence, de l'Artois, de la Franche-Comté, etc., et
exceptionnellement à Paris, comme en 1900, où on compte,
paraît-il, sur nous, comme un des clous de la future Expo­
sition. De cet acte de décentralisation joint au fait de la
restitution de nos Universités provinciales, semble ressortir
l'exécution d'un plan d'ensemble de réformes fécondes faites
pour amener et répandre la vitalité scientifique aux extré-
mités, au lieu de la refouler et de l'accumuler exclusivement
da ns la tête.
Ces généreuses aspirations se faisaient jour dans le
discours du présidE;ln.t de la séance d'ouverture ) M. Alexandre

Bertrand, membre de l'Institut, à la grande satisfaction du
« savant de province » : « L'intérêt de la science exige, disait-
« il, que soient resserrés de plus en plus les liens qui ratta­
« chent Paris aux Sociétés savantes des départements .... Sans
« vos savantes recherches dans les annales locales, sans vos
« fouilles, vos explorations, que pourraient les savants de
« cabinet ? Vous leur faites connaître les richesses de la
« France, que, sans vous, ils ignoreraient. C'est grâce à
« vous, grâce à vos efforts incessants, que la lumière se fait
« de jour en jour plus éclatante sur les premiers temps de
« notre histoire nationale.
« Comment ne seriez-vous pas les bienvenus?

« L'année dernière, l'éminent président de la section
« d'histoire retraçait, ici même, un tableau saisissant des
« travaux accomplis en province, depuis un demi-siècle,
(c dans l'ordre de l'histoire. Il s'en félicitait au nom de la
« France. Permettez-moi de dire, à mon tour, que la France
« n'a pas lieu d'être moins fière de ses archéologues que de
« ses archivistes. Les archives que contient le sol sont plus
« riches encore que celles de nos mairies, de nos préfec­
(c tures , de nos archevêchés et de nos monastères. La source

« en est inépuisable. Or, 'quels progrès, sous ce rapport,
« n'avons-nous pas faits, grâce à vous, depuis cinquante
« ans? ))
M Alexandre Bertrand insistait avec raison sur la néces­
sité de dresser scientifiquement et de publier largement des
catalogues de ces richesses; elles restent parfois improduc­
tives, mais souvent par suite des résistances de toutes sortes
. auxquelles se heurtent les chercheurs les plus autorisés.
Cette plainte devait se faire entendre dès la première
séance de la section d'histoire et de philologie, à l'occasion

de la 5 question du programme: « Indiquer les mesures qui

« ont pu être prises dans certains départements pour aSSU1'er
« la conservation des minutes notariales et en fàciliter les
« com1nunications demandées en vuo de travaux historiques.»
M. Flour de Saint-Genis exposa dans un mémoire lu par
M. Léopold Delisle, président de la section, la situation
Côte-d'Or : les minutes notariales sont une source
dans la
inépuisable d'informations exactes; mais souvent elles sont
refusées par suite d'ignorance,d'indolence, ou par le scru­
pule trop exagéré du secret professionnel. Pour M. Flour
de Saint-Genis, il n'y a que deux remèdes à ces difficultés:
autoriser le maintien des anciennes minutes dans les études
à la condition d'en donner et d'en publier les inventaires
bt de les mettre à la disposition des érudits; ou
détaillés
bien exiger le versement sous trois mois, aux archives
des minutes antérieures à 1790, comme le .
départementales,
pr.ojet de loi présenté en 1893 par M. de
demandait le
Benoît.
M. Thoison fait ressortir l'intérêt de documents impor­
tants, historiques et financiers, retrouvés par lui. Où ? -
dans un minutier de Nemours ayant servi de « chemises »
à d'autres pièces courantes à l'époque de la Révolution.
Une discussion prolongée s'engage. M. Advielle et M.
Vincent, notaire honoraire, délégué de la Société archéolo-
gique de Touraine, y prennent part. On fait _ observer que le
logement, du jour au lendemain, des innombrables minutes
notariales exiger'ait, au bas mot, la construction de 900
salles; et supposé pratique la construction de ces locaux,
il resterait à éviter un encombrement qui causerait de
longtemps un véritable chaos .

Le digne M. Vincent, notaire honoraire, ne serait pas le
à reconnaître la valeur inappréciable de ces minutes
dernier
notariales : il en sait quelque chose, par le dépouillement
a fait lui-même des actes de son ancienne étude, de
qu'il

156'O .A 1790, mais il ne peut admettre que l'on accuse de
mauvais vouloir et de petitesse de vues le corps des tabel-
lions qui, semble-t-il, à son sens, a ce privilège avec la
femme de César: de ne pouvoir être soupçonné. M. L:
Delisle . résume les débats, en disant que tout le monde
est d'accord pO\lr souhaiter qu'il soit pris des mesures à
l'effet de rendre access.ibles aux travailleurs les dépôts des
notaires. La question est reprise à l'occasion d'une commu­
nication de M. de Gérin sur les anciens registres paroissiaux
de Provence de 1503 à 1790. Il signale les travaux faits
à Aix, Marseille, Auriol, et
dans cette région et notamment
préconise comme moyen ,de consenxttion de ces ac-tes, un
système de transcription sous form.e de tables.
M. Léon Maître, archiviste de la Loire-Inférieure: commu-
nique au Congrès quatre documents de grande importance,
dont une charte de 676, contenant l'énumération des domaines
donnés à saint Philibert de Noirmoutiers, et un diplôme de

Louis Le Débonnaire et de Lothaire autorisant les religieux
de Noirmoutiers à fortifiér leur monastère. Ces pièces ont
été retrouvées chez le propriétaire de l'ancien domaine
du prieuré d'Arnauld (Maine-et-Loire). M. Maître , signale
pour les érudits, de pousser leurs
fortement la nécessité
investigations dans les archives particulières et surtout
dans les fonds des domaines confisqués sur le clergé.
- Dans la séance du 14 avril, M. l'abbé Marbot, de
présentait au Congrès une note sur un
. l'Académie d'Aix,
cartulaire arlésien, qu'il a découvert, formé de quar:ante­
trois chartes relatives à la prébende du sacristain du cha­
pitre d'Arles. La plus ancienne de ces chartes est de 1210.
M. Marbot fait remarquer à propos de cette collection dressée
1775, qu'en la moitié du dix-huitième siècle, on a, dans le
Midi, collectionné et analysé beaucoup de documents, ce qui
sem.blerait indiquer un pressentiment de la dispersion pro­
chaine de tant d'archives. Cette observation mérite qu'on s'y

arrête, Dans les anciens diocèses de Cornouaille et de Léon
de Léon particulièrement, on se préoccupa, à la veille de
la tourmente révolutionnaIre, de dresser des chartriers et
rentiers,' d'inventorier les documents et pièces justificatives. ,
Etait-ce, dans les administrations, un progrès des habitudes
d'ordre et d.'exactitude, ou un pressentiment mystérieux de
l'orage qui allait éclater sur la vieille France? Toujours
est-il que nous relevons des traces nombreuses de cette

préoccupation: pour mémoire, nous citerons deux exemples.
Louis Maufras du Châtellier, né en 1718, quittait de
bonne heure l'évêché d'Avranches pour venir habiter Rennes.
Il y montràit une aptitude extraordinaire pour les études
paléographiques : un texte qui le déroutait ou l'arrêtait,
éta:it déclaré indéchiffrable. Il mit en ordre et inventoria les
archives de la riche abbaye de Saint-Georges, et vint à
Saint-Pol, à la prière de Mgr de la Marche, pour 'remettre
en ordre le chartrier du diocèse. Ce fnt un travail de 2 ans,
dont le résultat fut quatre fort volumes in-4°; de plus, il
classa à Landerneau, les titres de cette communauté poli-
tique, en 153 pages ill-fo à 2 marges (1).
Nous. voyons ce même travail de conservation et de pré­
servation entrepris dans les paroisses rurales elles-mêmes.
Je retrouve, en effet, qu'en 1781, ]e 29 juillet, le corps poli­
tique de Plounéour-Trez décidait que les papiers de l'église
seraient inve'ntoriés, puis transportés au presbytère dans
une chambre plus propre à leur conservation et aux délibé­
rations de la communauté. Ce ne fut qu'en mai-juin 1783
que dette décision fut mise à exécution et qu'on en chargea
Messire François Raoul, sieur de Kerlan, faisant fonction
d'archiviste de l'évêché de Léon. L'opération fut menée de
main de maître ouvrier : elle prit du temps, exigeant
p~tience et sagacité, et fut payée la somme de 207 livres.

(1) Bib~iographie bretonne de Leyot : art. Du Chatellier.

On jugera que cette mesure était heureuse, qu'elle est,
somme toute, la plus pratique à prendre à l'égard de nos

modestes archives locales, paroissiales ou communales, car,
Plounéour, ou ailleurs, les actes et pièces mentionnés
si à
dans ces inventaires et répertoires ont pu disparaître, pour
cent et une raisons que l'on devine, il en reste un duplicata
au~hentique, comme la photographie d'une preuve écrite
aux assises et vérifié à dire d'expert. "
soumise
Le mardi soir, nous avons entendu une communication de
. Guesnon au sujet du « Livre rouge de la ViJ~taine d'Arras ))
c'est-à-dire de la « Gueude ou Guilde de la draperie :
foulons, tisserands, tondeurs de drap. C'était une commis­
sion technique de vingt membres chargés par délégation
règlements du métier et
échevinale de faire exécuter les
d'en appliquer les pénalités: ce livre comprend cent pièces
et doit son nom à sa tranche rouge .
différentes
. le comte de Loisne, de la commission départementale
des monuments du Pas-de-Calais, exposa le résultat de ses •
recherches sur « les Baillis, Gouverneurs et grands Baillis
de Béthune, de 1270 à 1789 : la décadence du bailli et du
rognés, diminués, dépouillés de toute attribution
baillage
militaire, puis financière, d'où des conflits d'attribution
de juridic.tion, véritables guêpiers de procès interminables
que la Révolution devait trancher sans appel.
travaux sont remarquables par une méthode
Ces deux
d'investigati.on et un procédé d'exposition que l'on gagne à
voir pratiquer pour apprendre à les appliquer utilement
genre d'études quand l'occasion se trouve" .
dans le même
M. Dast Le Vacher de
Le lendemain, mercredi 13 avril,
Boisville, de la Société des archives historiques de la Gironde
procédait au dépouillement d'un Registre de baptême de pro-
testants de Castelnwron d'Agenais, de 1634 à 1662, soit
pendant une période de 28 ans, comprenant 1393 actes, que
M. de Boisville a analysés avec une rare patience. Les noms

les pius con1muns ,qu'il relève sont Pierre (999 fois), Marie
(886 fois) Jean (968 fois). Dans l'énumération de ces prénoms
nous retenons quelques-uns dont la forme cadre assez bien
Basse-Bretagne: ainsi Phelip,
avec nos appellations de
Guilhem, Bertholomy, Berthomieu, Mathelin, .peyronne (notre
Perrine), Mondett@ (sans doute diminutif de Raymonde),
Marquise (que nous avons trouvé assez fréquemment dans
registres. paroissiaux de Cornouaille d'il y a deux cents
les
ans. -
M. Hœuser, professeur de la Faculté des lettres de l'Uni­
sité de Clermont. a entretenu la section des Suites d'une
grève au X VIe siècle, celle qui agita l'imprimerie parisienne et
lyonnaise de 1539 à 1542 : dans cette étude, on voit naître
la même phraséologie qu'aujour­
les haines socialistes avec
d'hui, y compris les malédictions d'usage aux exploitèurs de
la sueur du peuple. Mêmes problèmes, mêmes organisations
. pour l'attaque et pour la résistance: Nil nOlJi sub sole!
M. A. Héron, de l'Académie de Rouen, met au point,
d'après les archives du Parlement de Normandie, d'étranges
méprises de la part de quelques érudits, Furetières, et
Littré lui-même, qui ont dit que le nom de drap
d'après lui,
du sceau venait de ce qu'il était fabriqué à Usseau, village
près de Carcassonne. Or, cette localité n'a jamàis
situé
existé: le drap du sceau était une fabrication appartenant
exclusivement à Rouen et avait fait l'objet d'un trafic· consi­
Moràle: se défier des dictionnaires
dérable avec le Levant.
y compris au besoin, celui de Larousse!
·M. Georges Musset, de la Charente-Inférieure, fait une
communication sur les Pèlerinages à Saint-Jacques de
. Co,mpostelle en ce qui concerne l'Aunis et la Saintonge. Nous
grandes lignes dans une intéressante
en avions déjà vu les
Etude publiée l'an dernier par ilL Nicolaï dans le Bulletin de
la Société archéologique de Bordea'ux; nous avons regretté
une fois de plus que ce travail restât à faire pour les pèleri-

nages des bas-bretons à Saint-Jacques de Galice, car pour
notre pays nous n'avons encore que les traditions recueillies
dans la Haute-Bretagne par M. Gaidoz et la Rev'ue des tradi­
tions populaires .. Il serait à désirer que l'on put faire pour
ce pèlerinage, autrefois si connu, ce que M. le Président
, Trévédy a fait pour le Pèlerinage des Sept Saints de Bretagne.
A la séance de l'après-midi, nous entendons une commu­
, nication que le R. P. Camille de La Croix développe avec sa
verve ordinaire.
, Il signale l'existence d'une chapelle ' érigée au douzième
dans la propriété ancienne de Vernay, distante d'Er­
siècle
vault (Deux-Sèvres) d'environ 1 kilomètre, et celle de deux
séputure du douzième siècle. Sur
couvercles en pierre de
l'un se trouve seulement un blason et sur l'autre un blason
semblable, accompagné d'une épée et de l'inscription
SUIvante:
HIC EXPECTO RESVRECTIONI (RESVRECTIONBM?)
MORTVORVM.
Le P. de la Croix présente quelques observations sur le
blason, l'épée et l'inscription. Il pense que ces deux sépul­
tures, qui se trouvent dans une chapelle sous le vocable de
saint Thomas de Cantorbéry, pourraient avoir appartenu aux
par' l'archevêque deux jours
deux de Broc, excommuniés
avant son martyre. Il fait ensuite appel aux savants qui par
leurs études spéciales sont à même de résoudre le problème,
il met à leur disposition le dossier bien do­
et généreusement
cumenté qu'il a amassé sur la question, et la correspondance
arriver à des éclaircissements, avec
qu'il a entretenue pour
nombre d'érudits et les bibliothécaires du British.
M Roucaute, de la Lozère, attirè l'attention du Congrès
sur un manuscrit inédit des archives de l'Hérault, ,dont, le
titre génér.al est: « Estat du domaine et des propriétés tail­
lablesen 1625 d'après le registre du taillon ». Il comprend une
liste de toutes les communautés réparties entre les vingt-deux
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. . TOME XXV. (Mémoires). 12

diocèses civils du pays de Languedoc « avec le tariffe et
pesag3 de ce que chàscun lieu porte tous les ans à la totalité
de l'imposition du taillon ». On reste étonné de la somme de
recherches ardues qu'il faudrait mettre en ligne pour recons-
tituer imparfaitement même: dans notre département, un
important. ' . '
document aussi
Le 14 avril, nous entendons M. le chanoine Calhiat nous
décrire les Superstitions de son pays, le Tarn-et-Garonne;
et M. Halberg, professeur à l'Université de Toulouse, exposer
Recherches sur le fond historiq ue de certaines légendes
ses
historiques relatives à Strasbourg. Son but est d'éveiller
l'attention des savants et des curieux, notamment sur cer-
tains points qui peuvent intéresser plus spécialement notre
patriotisme, et qui sont relatifs aux attaches françaises de
Strasbourg. En voici la simple énumération: 1° les Stras-
bourgeois descendent ,des Ninivites, comme les Francs des
Troyens; 2° étymologies du nom de Strasbourg; 3° prophé­
sur les' grandes batailles dont Strasbourg doit être le
ties
th~âtre ; ,4° évêques français ou aquitains de Strasbourg au

septième et au onzième siècle; 5° la légende de Brutus à

Strasbourg; 6° les Flagellants venus de France au quator-
zième siècle; 7° origine des Zigeuner ou Bohémiens; 8°
invention de l'imprimerie; go le roi de France, Henri II,
devant Strasbourg; 10° les esprits frappeurs avant la Révo-
lution française; etc., etc.
Le soir, la présidence revenait, à bon droit, à . A ulard,
puisque la séance .devait être occupée par les questions du
programme relatives à l'Histoire de la Révolution. Après
la question 18 : « Etudier les déli1.Jérations
que fut épuisée
d'une ou de plusieurs municipalités rurales pendant la
R.élJoluti.on, M. Camille Bloch, archiviste du Loiret, raconta .
les opérations préliminaires d'une réunion électorale, soit
Clamecy:
dans la circonscription, soit ùans la ville mê,me de

journée électorale agitée, admirablement décrite, commcncêe
à neuf heures du matin et close à minuit.
La section d'histoire et de linguistique terminait ses
jeudi soir.
séances le

A la section d'Archéologie nous avons avons pu connaître
résultat de recherches intéressantes sur les sépultures

anCIennes:
Léon Mm'el.
« Fouilles dans les cimetières gaulois de
la Marne. »
M. Barrière-B lary . CI. Un cimetière de l'époque des
Invasions barbares dans le Jura ». Le président, tout en
remerciant le rapporteur de cette dernière étude, l'engageait
à faire ressortir davantage les différences qu'il a pu
constater entre les cimetières bourguignons et visigoths.
M. Léon Coutil, de la Société normande d'études préhîs­
toriques, intéressa la section par un inventaire du Mobilier
funéraire des Véliocasses (époque préromaine). Il a recueilli
dans ses fouilles une bonne quantité de statues très frustes
terre cuite et une quantité considérable
de Vénus en
d'oiseaux en poterie; ce dernier détail nous rappelle les

terre vernissée, d'une invention qui se perd dans
coucous en
la nuit des temps, instruments de musique fort rudimentaires
• aux modulations agrestes, joie des. enfants et amusements '

des parents et qui se vendent encore dans nos pardons de
Basse-Bretagne.
M. Fillon, de la Société académique de Saint-Quentin,
résume une notice sur une balance du septième siècle trouvée
dans le cimetière de Jlontencourt (Aisne); les pesons en étaient
par des monnaies romaines. Le Congrès a eu
constitués
aussi à entendre de curieuses communications sur la
céramique; citons Jf. Blanchet: les ateliers céramiques dans
la GtLUle romaine; M. Louis BOUf'rez: la poterie gallo­
romaine en Touraine: M. Feuvrier, professeur au collège

de Dôle : sur un atelier de poterie gallo-romaine découvert
dans le Jura. Il nous a été donné plusieurs renseignements
importants sur les voies romaines et leur dallage retrouvé
intact dans des tourbières, sur des lits de fascines, notam-
ment dans le pays situé entre la Prusse rhénane et le pays
de Liège. (Communication de M. de Laigue, correspondant
du ministère.)
M. Guignard fait connaître la découverte d'nne cité antique
à Averdon (Loir-et-Cher), mais M. Marcel Imbert fait
remarquer que cette station n'est pas une véritable cité et
que les débris recueillis par M. Guignard appartiennent à
des époques différentes. Les fouilles que le P. Camille de la
Croix a faites dans l'Hypogée païen de Louin (Deux-Sèvres)
pas offrir des résultats aussi hypothétiques et
ne semblent
aussi contestés. Cet hypogée rectang'ulaire se trouvait à 5 m .
au-dessous du sol: il était maçonné et enduit avec soin à
l'intérieur. La porte avait été murée aussitôt après le dépôt
des deux cercueils en marbre de Saint-Béat et en pierre du
L'un des cercueils renfermait le corps d'un homme et
pays.
l'autre celui d'un adolescent, et les squelettes étaient ren-
fermés dans des cercueils en plomb sans ornements. Après
avoir inhumé les corps, le caveau . avait été muré et un
bizarre avait été construit au-dessus, pour
temple de forme
mieux dissimuler l'entrée de l'hypogée. Le plus grand
cercueil renfermait une magnifique urne en verre blanc
de 57 centimètres de hauteur. Cette curieuse découverte est
unique en son genre, car on n'a signalé aucun hypogée
païen en France.
Le P. Delattre n'ayant pu venir au Congrès, il fut lu en
son nom une communication sur le sable a'ltrifère de la mer à
Carthage et sur une collection de plombs à inscriptions: ce
n'est pas chargé.de pépites et de paillettes, mais
sable curieux
d'or ouvré, de débris de bijoux et de
de petits fragments
parures, de balles de fronde romaines, de plombs ornés

d'initiales variées et même de sceaux en plomb d'évêques de
Carthage. M. l'abbé Sourice signale du sable aurifère du
même genre à Alexandrie (E.gypte) : ce sable est ramassé
mélangé de grenats et de débris de parures en or ; les indi­
gènes exploitent ces fragments en passant le sable après les
tempêtes. Cette observation est d'autant plus précieuse à
retenir que nous voyons chez nous ce même phénomène d'un
passé pulvédsé se représenter à nos yeux en millè et un
débris, comme l'a constaté notre confrère . le chanoine
Abgrall : épingles gauloises en bronze dans les dunes de
Plouhinec. .
l'abbé Sourice, professeur au collège de Saint-Pol­
de-Léon, qui avait appuyé la communication du P. Delattre,
a passé trois ans à Alexandrie; il l'a étudiée en archéologue
achevé et la décrit en guide sûr de lui-même, comme la
veille, il l'avait démontré de façon fort pertinente dans une
belle étude sur l'Acropole d'Alexandrie, le serapeum et le
qlwrtier égyptien de Rhacotis, extrait d'un grand ouvrage
que l'auteur tient en préparation.
Comme breton, c'est avec intérêt que nous entendons
M. Caron lire une notice sur les titres que les souverains
de Bretagne prenaient sur leurs monnaies. La hiérarchie
des titres de comte et de duc n'existait pas encore. Ainsi,
Jean 1 prend le titre de « cornes», tandis que ses prédé­
cesseurs portaient le titre de duc. Conan 1 s'intitule comtB
Rennes, Geoffroy prend le titre de dux et de princeps
dans une charte de 1026. Cette observation corrobore les
remarquables travaux de M. Longnon, qui désigne toujours
la Bretagne sous le nom de comté dans ses cartes si utiles
à consulter pour connaître l'état de la France au douzième
et au treizième siècle.
Il va sans dire que dans la Section, l'archéologie monu­
mentale avait trouvé d'éloquents et de savants interprètes:
M. de Lahondès sur les églises gothiques de l'Ariège, et M .

Noël Thiollier sur l'église de Cargy (Saône-et-LoIre), et sur­
tout M. de Rochernonteix dans un beau travail d'ensemble:
Etude sur les caractères qui distinguent les diverses écoles
d'architecture religieuse à l'époque romane dans l'arrondis-
sement de Mauriac (Cantal) .

Le délégué de la Société archéologique du Finistère au
Congrès de la Sorbonne en 1898 rapporte ce qui l'a frappé
'dans les séances ou parties de séances auxquelles il a assisté.
Parfois il s'est dit, en toute sincérité, qu'il occupait un rôle
eut dû être réservé à plus expert que lui en matière
qui
d'Archéologie préhistorique et monumentale, de documents
et d'archives historiques, et il regrettait, pour l'honneur de
notre Société, de ne voir à sa place nos meilleurs, certains
confrères dont nous sommes fiers à juste titre.
Le cardinal Maury professait que lorsqu'il lui arrivait de

contempler il se trouvait peu de chose, mais quelque chose
de considérable quand il se comparaît. En comparant
ce que fait notre Socièté à ce que produisent les Sociétés
similaires réunies à Paris, nous avons ressenti une plus
grande estime de . sa valeur. La collection de nos Bulletins
arrivée au Tôme XXVe, chiffre ordinal qui signale les ~5 ans
d'existence de notre Association, vaut à elle tout seule un
Congrès scientifique. Outre les publications qu'elle renferme
concernant le champ tracé à notre activité, l'Archéologie et
l'Histoire, elle fournit un apport appréciable à deux autres
sections: l'Economie politique et sociale et la Géographie
historique.
- Du reste, il arrive souvent que la section d'économie
politique et sociale inscrive à ses ordres du jour des rappor­
teurs qui ne sont que de modestes historiens constatant les
sociaux et économiques dans l'ancienne· France. C'est
faits
à ce titre que nous nous sommes trouvés dans cette section

pour répondre à la question 14 du programme: « D8S
mesures prises, au XVIIIe siècle, pour le traitement des
aliénés. »
A cette même section se rattachent naturellement des
travaux comme ceux de M. le docteur Corre, qui exigent
l'expérience de l'historien avec les qualités spéciales du
sociologue: l'Instruction publique et les Ecoles à Brest avant
/789; ses Récherches SUT les procédures criminelles en Basse­
Bretagne au XVIIe et au X VIlle siècle) et surtout ce travail de
longue haleine, si exact, si documenté, sur les « Anciennes
corporations brestoises ». Citons d'autres, de chez nous, au
risque d'oublier les meilleurs: .
Le major Faty, avec son étude laborieuse sur « les
comptes desmiseurs de la ville de Quimper »; et sa belle
monographie des « hôpitaux de Quimper avant la Révolution ».
- Dans le même ordre d'idées, M le Président Trévédy
. avec « la léproserie de Quimper ».
- M. le Carguet avec ses recherches « sur les épidémies
dans le Cap-Sizun », et M. le chanoine Peyron sur « la peste
de 1639 à Quimper ». .
- M. Serret nous fournissant l'histoire du « transfert du
bureau des toiles de Locronan », M. Audran étudiant « les
foires de Quimperlé», et M. le chanoine Peyron « La Martyre
et sa foire ».
Et disons, qu'une section de géographie historique
n'hésiterait pas à recevoir des documents comme . ceux
qu'a relevés M. Audran concernant (( le domaine du Roi
à Qui1nperlé » ; MM. Hardouin et Le Menn, touchant «( le
domaine ducal à Morlai,'IJ et à Lanmeur », sans compter
les «( pêcheries et sècheries de Léon et de Cornouaille» de M.
Trévédy, travail cadrant avec une c( note historique sur la
pêche dtt hareng et de la morue à Dunkerque » par M. Finot,
archiviste du Nord, que nous avons entendu à la section de
géographie du Congrès.

Notre Société est riche de 25 ans de travaux appréciés,
elle a bon renom par le monde et ce n'est pas un mince
honneur d'avoir eu celui de la représenter .

ANTOINE FA VÉ .