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Bulletin SAF 1898


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Pont-Château et Pont-l’Abbé aux Etats de Bretagne, 2ème partie

J. Trévédy

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XII •
Pt>NT .. CHATEAU ET PONT-L'ABBÉ

~UX ETATS DE BRETAGNE,

2 PARTIE (Suite).

Etats de 1451. Règnes de Pierre II, A rthul' III, Français II.
Il nous faut étudier l'œuvr-e de Pierre II et de François II.
Notre grand Arthur, le connétable de Richemont, qui a
régné entre eux, fut trop occupé de guerre et porta trop peu
de temps la couronne; il ne changea rien en ce qui concerne
les barons. .
Que voulut faire et que fit Pierre II ?
On a écrit: « La mesure prise aux Etats de Rennes (lisez
« Vannes) en 1451 s'imposait, afin de bien délimiter l'ordre
« donné aux chevaliers bannerets dans les cérémonies

« ducales (1) ». C'est considérablement amoindrir je ne
dis pas assez c'est absolument méconnaître l'œuvre de
Pierr~ IL 11 fit tout autre chose. Il accomplit une révolution
dans l'organisation nobiliaire. Parmi les cent seigneurs, et
plus, ayant titre de baron, il en choisit neuf qu'il éleva
au-dessus des autres seigneurs bretons; il les fit les
chefs de la noblesse de Bretagne, et il dit aux autres :
« Vous descendrez au rang de bannerets ou même de sim-.
pIes seigneurs hacheliers (2) .

(1) Chevalzàs bannerets, p. 5. Voir note in fine.
(2) Des seigneurs s'étaient éveillés barons, le 25 mni 115', qui s'rndor­
rnireut le soir simples bacheliers. Exemple: les seigneurs de la Muee et
du Chastel. Ils avaient siégé com me barons sous Jenn IV, en 1386 et 13d7;
et leurs seigneuries, dites bachclc1'ies, furent érigées en bannières pal'
Pierre H, le 12 novembre H55. Morice, [l?,. lü68-J()70 .

Pierre II a la prételüion de ne pas innover. 11 est convaincu
que ses prédécesseurs~ rois ou ducs, ont créé les baronnies
dont ils ont fixé le nombre à neuf. En ce moment, le nomhr~
est réduit à six. Pour ramener ce nombre à neuf, Pierre II
va créer les trois 'baronnies de Derval~ Malestroit et Quintin
qui prendront rang après les six autres (19, 22, 23 mai
Le 24 mai, le duc ouvre les Etats à Vannes; et, le 25, les
trois nouveaux barons , Jean de Châteaugiron et de Derval(2),
grand chambellan héréditaire~ Jean Haguenel, sire de Ma ..
lestroit et Largouet, maréchal de Bretagne, Tristan du
Perrier, comte de Quintin, prennent place au banc des
barons.
Trois seulement des barons anciens sont présents: ceux
de Léon, Vitré, Ancenis. Vitré est représenté par Guy (XIV)
de Laval, héritier présomptif de sa mère, comtesse de Laval
et « baronnesse de Vitré)). Trois noms manquent, le procès­
verbal ne mentionnant que les barons présents. Mais les trois
absents sont nommés au procès-verbal des Etats de 1455 ;
ce sont les barons de Châteaubriant, Retz et la Roche­
Bernard (3).
(1) Mais qu'on le remarque: Les trois noU\'elles baronnies ne rempla­
çnient pas Avaugoul', Fougères et Lanvaux; le duc dit expressément que
les nouveaux barons prendront assiette au rang des neuf anciens barons
dont la prééminence est réservée. Moriee, Pl'. 11. 1560-1561.
11 ne faut donc pas dire avec le P. Toussaint de Saint-Luc qu'Avaugour
fut remplacé par Derval, Fougères par Malestroit, Lanvaux par Quintin
(2" partie, table, p. 1 et 2). Les lettres de création données (p, 23-~9)
n'indiquent pas ces remplacement$. ,
Les baronnies d'Avaugour et de Lanvaux furent rétablies par François
au domaine ducal.
Il, Fougères restant définitivement
(2) Jean de Derval (et non de Laval. Chevaliers bannel'els, p.5, note 1.)

- Sa femme, Hélène de Laval, était fille de Guy XlV, comte de Laval, et
d'Isahelle de Bretagne, sœur de Pierre II. C'est à eux que Pierre Le Baud
présente son histoire dans l'estampe publiée par Lobineau, JJist, p. 822;
et Morice, Hist. II. p. 245.
(3) l'ttorjc~, Pro II. 1Gn.

1 U il
Voici Jonc la liste des neuf baronnies dressée par Pierre
,II : Léon, Vitré, Châteaubriant, Re.tz, la Roche-Bernard,
Ancenis, Derval, Malestroit, Quintin.
Les six premiers noms sont empr"untés à lu liste du dicton
latin sur laquelle, comme nous l'avons Vll, Le Pont n'avait
'pas place (1).
Mais ces neuf baronnies, chi1nère avant 1451 (2), ne seront
réalité que pendant le règne de Pierre II et le règne trop
court d'Arthur III. A près onze années, la réalité redeviendra

chimère. .
. . Le duc Pierre II a paru se préoccuper surtout de rétabli!'
le nombre des neuf baronnies. FrançoisH semble avoir
d'autres visées et tenir surtout à ce que le banc des · barons
soit garni. Or, aux Etats ouverts par lui avec tant de pompe
à Vannes, en juin 1462, quatre barons seulement sont pré-

sents, les barons 'de Derval ct de Malestroit, Jean de Laval,
haron de la Roche-Bernard, et son père Guy, comte de
Laval, répondant pour les deux baronnies de Vitré et Châ­
teaubriant (3).
Le duc ne peut souffrir que « deux baronnies ainsi réunies
dans une seule main soient réduites en un seul suppôt et
personnage » (4); c'est-à-dire que le baron, qui ne peut se .
dédoubler pour occuper deux sièges, laisse une place vide.
C'est à cet inconvénient que le duc prétend porter remède (5). '

(1) Dans Chevalie1's èanne1'ets, p. 4, on trouve une liste toute autre .
Nole in fine.
, (2), L'expression est de Lulli neau .
, (3) Guy de Laval, avait hérité la Roche~Bernal'd de son aïeul naoul de
Montfort, et l'avait donnée au second fils de son premier mariage, .Jean.
Les autres barons sont excusés: le baron de Léon (Jean Il de Rohan) est
mineur; le baron d'Ancenis (Jean IV de Rieux) est mineur; le baron de
Retz est malade; le baron de Quintin (Tristan du Perrier) p-st à Saint-
Jacques-en-Galice. "
, (4) Mor:ce. P1'. III. G.
(5) Lettres d'érection de Coëtmcn et de la Hunaudaye, 6 septembre 1487.
Morice, Pr. JII, 553. " ,

-' lat '
Rien de si simple! Une place est à remplir: Il faut em-
ployer le moyen que le comte de Laval ava~t proposé, en .
quand il avait présenté un procureur pour sa femme
baronne de Châteaubriant! (1) Mais non! Comme si la décision
de Pierre II repoussant ce procureur avait fondé une règle
de droit, François)I va user d'un autre moyen: il va créer '
une baeonnie. Il rétablit la baronnie de Lanvaux en faveur
maréchal de France André de Laval, illustre sous le nom
C'était une gloire bretonne, puisqu'il était né
de Lohéac.
' . d'un père breton. (Décembre 1463.) (2)

Jamais place au banc des barons ne sera plus dignement
occupée; mais le rétablissement de Lanvaux porte à dix les
neuf baronnies de Bretagne. En effet, la situation est autre
. que en 1451. A ce moment, Pierre II a pu créer trois ba
ronnies sans excéder le nombre de neuf, parce que trois
baronnies réunies au domaine ducal peuvent être, pour un
temps au moins" considérées comme éteintes. Pour que
François II puisse àéer une baronnie sans excéder le nombr~
neuf, il faudra une cause d'extinction, une réunion au duché;
mais cette extinction ne se produira que v-ingt-trois ans plus
tard et elle sera éphémère (3).

(1) Morice, .p?'. 11. 1672.

(1) Le maréchal de Lohéac avait siégé aux Etats comme baron de Retz

du chef de sa femme Marie de Laval-Retz, fille du trop célèbre maréchal

de Relz: mais elle était morte en 14;)8, sans enfants; la baronnie avait
passé à René de Laval, frère puiné de son père; et le maréchal n'avait
des baron!!. . .
plus place au banc
Vingt-deux ans plus tard, retiré à Laval, le maréchal, usé par . les
de la guerre, ne venait plus aux Etats, où U avait siégé au­
fatigues
de Derval (Lobineau, Hist. p. 690.) San's enfants, il
dessus du baron
avait pour héritier présomptif le fils aîné de son frère, François, héritier de
la baronnie de Vitré (depuis Guy XV). Le duc François II demanda à celui-ci
~a renonciation à Lanvaux; et, par lettre du '22 septembl'e 1485 (Morice. Pr.
Ill. 480-8'?) donna la survivance de Lanyaux à . Louis Il de Guémené­
Hohan. Le maréchal mourut le U décembre suivant. Note in fime.
(3) Je veux parler de la confiscation de la baronnie de Léon en punition
de la rébellion 'du vicomte de Rohan . en 1.486 .

'J " ~ as _

Guy de Laval avait paru en 1451 et 1455 aux Etats comme
représentant sa mère Anne, baronne de Vitré; mais il tenàit
la baronnie de Châteaubriant du chef de sa seconde femme
Françoise de Dinan. Ne pouY'ant occuper les deux sièges, il
présenta le comte de Gavre, fils aîné de son premier ma­
riage, comme procureur de sa belle-mère cc baronnesse de
Châteaubriant ». CI. L'assiette fut refusée au comte de Gavre:

mais la baronnesse fut excusée, parce que son mari est
présent J (1).
• Ce n'est pas à dire que la baronne de Châteaubriant est
représentée par son mari présent; non, elle est considérée
comme absente, mais CI. excusée .» , parce que son mari qui
siège pour Vitré ne peut siéger en même temps pour Châ­
teaubriant. La représentation par procureur était admise
pour les bannerets (2) : pourquoi ne serait-elle pas admise
pour les barons? Cette décision va avoir pour conséquence
la ruine du principe des neuf baronnies.
Le duc et son conseil n'auraient-ils pas compris que
extinction d'une baronnie et réunion de deux baronnies en la
même main _ne sont pas des termes synonimes '? On ne peut

s'imaginer une pareille erreur de droit comme de fait. La
réunion de deux baronnies ne produit pas l'extinction de
l'une d'elles.
La réunion de deux baronnies est un fait nécessairement
transitoire; la création d'une baronnie fonde un droit per-
pétuel. En droit, il y aura dix baronnies au lieu de neuf; et,
en lait, le jour où la réunion cessera, dix barons au lieu de
neuf poueront siéger ensemble. Ainsi, pour prendre un exem­
ple, que Françoise de Dinan meure, son mari le comte de
siégera comme baron de Vitré, François, fils aîné et
Laval,
(1) Moriee Pl'. 11. 1ü72.
(~) Exemples . Moriee Pl'. n. 1673.

héritier de Françoise de Dinan, siégera comme baron da
Châteaubriant; et, auprès d'eux: comme baron de Lanvaux,
siégera le maréchal de Lohéàc: que les autres barons
soient présents, il y aura dix sièges occupés.
En 1471, une nouvelle réunion se produit. Voilà Françoise
Haguenel, femme de Jean de Rieux: baron d'Ancenis" héri ..
tant de son père la baronnie de Malestroit! Le duc va-t-il
laisser passer l'occasion de créer une baronnie? On le dirait, ..
mais le duc attend la majorité de son fils naturel: François;
elle arrive en H,80, et le duc s'empresse de rétablir la ba­
ronnie d'Avaugour, avec le titre usurpé de première baronnie
de Bretagne; et, dans les lettres très solennelles qui érigent
Avaugour et portent ainsi le nombre des baronnies à onze,
le duc prend soin de rap.peler que ses prédécesseurs, « rois

01J, ducs ont été régis en ordre et pol ice de neuf prélats et
neuf h~rQns.. .. (1) »

En 1482, nouvelle réuu'ion : Françoise de Rieux, baronne
de Malestroit pa~1a m.ort de 'sa mère, hérite l'année suivante
la baronnie de De·rval de sa grand'mère maternelle Gilette '
de Derval: et elle est fiancée à François. de Laval qui héri-
tera Châteaubriant de sa mère FrançolS~ de Dinan ,
En présence de cette éventualité (2), le duo comptant sur.
des réunions futures, d ont l'une se fera seulement seize' ans·
plus tard, créa deux autres baronnies, La Hunaudayc et
Coëtmen (1[187).
En sorte que, à la mort de ~rançois II, qui a solennelle-
ment proclamé le dogme des neuf baronnies, en réalité il
y en a treize! (3) Savoir:
(1) Lettres du 24· septembre 1480. Morice Pro III, :ki8. .
(2) Cette éventualité est expressément indiquée dans les lettres d'érection
des deux baronnies de Coëtmen et la Hunaudaye: Morice, P1-. III. 551-555.
La réunion prévue de Quintin à La Hoche-Bernard se fera, mais seulement
en 1 ~04 a ux mai ns (non de François nom mé I)a r erreu r) de N irolas de
LaYaI, fils de ,IeaD; baron de la Hoche-Bernard. et de Jeanne du Perrier.
de Jean de Laval eil 1470, aujourd'hui femme cie Pierre cie '
Celle-ci, "euve
Rohan, mourut en 15U1.
(3) Je souligne les créations de Pierre II et Fronçois 11.

. Âvaugour,
La Roche,.Bernard,
Quintin,

. I-I.~on, Ancenis, .
. La Hunaudaye,
Lanvaux,
Vitré,
Coëtmen:, .

Châteaubriant, Derval, •

Retz, 111 a lestl'oit,

sans comptel> Fougères qui est resté dans le domaine ducal!
Nous verrons plus tard à quelles obstinées réclamations
de ces deux dernières baronnies.
donna lieu la çréation

Un auteur qui rejette l'autorité de Lobineau et de D.-
Morice même quand ils publient des actes authentiques (1),
a cherché ailleurs que dans leurs histoires ou leurs preu-ves .
la liste des neuf' barons de Bretagne; il a publié une- liste
inédite jusqu'ici, comprenant dix bàrons au lieu de neuf, s,ur

laquell-e le baron ' de Pont-l'Abbé occupe le neuvième rang;
et se reportant au lendemain des Etats de 1451: l'auteur dit
que « désormais les barons de Pont figureront sous la déno-
mination de haut baron ou baron ancien» (2). . , .
Deux erreurs certaines. La liste est erronée : ce qui
précède démontre l'inexactitude de cette liste. En second
qu'après les Etats de 1451 les sires de Pont
lieu, affirmer
jusque là barons furent dits barons anciens ou hauts barons
est une autre erreur, dont la preuve est faite par les sires de
Pont eux-mêmes .

Aux Etats de 1451, 1455 et 1462, Jean III de Pont répond
à l'appel comme banneret;' 'et, en 1480, son fils Pierre n'a
pas et ne réclame pas d'autre titre. .
Jean III et Pierre aux Etats, voir le
Il nous faut suivre
qu'ils y ont joué, rechercher « jusqu'à quel point ils
rôle

(1) Le,~ ChevalieTs banne1'ets, préface V. « ... D. Morice, Lobineau, le
cha noine- Moreau ... : je les ai en suspicion plus que tous autres parce
qu'ils ont trop écrit sur la généralité pour ayoir pu flpprofondir les dé­
tilils .. » Voilà qn grief dont il est facilt de défendre Moreau.
(2) Les ChevalieTS banncTets p. 4 et 5. Ci-d~$sOUs, pote. ..

« élevèrent leurs prétentions», et reconnaître si et comment.
« ils arrivèrent petit à petit, comme on l'a écrit, à se débar-
(( rasser de leurs compétiteurs (1). »

Les anciens barons réduits par Pierre II au rang de ban­
nerets se résignèrent-ils à cette diminution de dignité? Le
publié, ne mentionne aucune
procès-verbal, tel qu'il a été
exhalèrent leur mauvaise
protestation (2). Quelques-uns
humeur en de stériles contestations à propos de leurs places
au rang des bannerets.
Parmi eux se trouve Jean, sirè. de Pont-l'Abbé et Rostre-
nen. En 1451, il prétend avoir assiette avant le vicomte de
; le duc adjuge la premièl'e place pour ce jour (lU
Coëtmen
sire de Pont-l'Abbé; le lendemain, elle appartiendra au
vicomte de Coëtm_ en, et ainsi de suite jusqu'à la clôture des
Etats. En effet, le sire du Pont paraît un jour l'avant-dernier
sur la liste, le vicomte de Cüëtmen étant le dernier. Le len-'

demain, le tour est changé (3).
La décision du duc ne satisfait ni l'un ni l'autre et -chacun

fait ses réserves dont le duc dorme acte. Quatre. ans plus
tard, la question n'était pas jug~~ ; et le débat recommença aux ,
Etats de 1455 (Vannes: novembre).: Le duc décida que le sire'
de Pont siégerait le premier, et le sire de Coëtmen après',
de leurs droits pour cette fois. Ce,n'était pÇlS
sans préjudice

encore une décision (4).

Aux Etats de Vannes de juin 1462, Jean de Pont allait sou-
lever une bien autre question. En 1420, Charles de Rohan,
sire de Guémné, avait obtenu 'le droit de porter sur un
carreau le cercle royal dû duc. Son fils et héritier était mort

(1) Les Bigoudens, p. 126.
('2) Il est vrai que Gilles de Tournemine, baron de ' la Hunaudaye, qui
prot~stera plus tard (1455), était malade et repl'ésenté. Mol'iee. Pl". II, 1567.
(3) Moriee· Pro II, . 1565-1;)68.:
.' (4-) Morice Pro II, 1672-73 •

en 1457; le fils de celui-ci, Louis II, était mineur et trop
Jeune pour remplir cet office , et Jean, sire de Pont, son
tuteur, le suppléa (i). Il marcha dans le cortège portant le
cercle royal; en séance, il se tint auprès du duc.
N'ayant pas siégé au banc des bannerets, le sire de Pont
y réserva sa place pour l'avenir, ce qui était de droit. Mais
autre prétention; et il avait prémédité cette
il souleva une
réclamation, puisqu'il la fit appuyer par un homme de loi.
rang des. bannerets après le sire de Clisson, (que
Appelé au
sires de Rochefort, Montauban et Guémené,
le duc tient), et les
et avant les sires de la Hunaudaye et de Coëtmen (2), il se .
mit à réclamer la première place que prétendaient aussi les
bannerets de la Hunaudaye et de Coëtmen (3 ).
Quelle imprudence!. Jean de Pont-l'Abbé a obtenu pour
son fils Pierre enfant la main de sa pupille Hélène de Rohan; .
est à la disposition de son aïeul maternel, Jean de Mon­
elle
tauban, amiral de France. Celui-ci n'est pas présent; mais
comment prendra-t-il les prétentions du sire de Pont­
l'Abbé? (4)
(1) Il s'agit de Louis II dcîlohan, plus tard (14R5) baron de Lanvaux;
soh père éta it mort en 14 )7. On voit que Louis II se maria en 14. ,):}. Il ne
peut s'agir que du contrat de mariage. puisque son père s'étant marié seu­
lement en 1 '!~3, Louis II ne pouvait être qu'un enfant. Sa sœur Hélène.
plus jeune que lui, avait été de même fiancée à Pierre. héritier présomptif
de Pont-l'Abbé en 14.)4, et en H(j3, on arrêtait les . del'l1iers accords du
mariage encore à faire (Morice P'/'. 111,41- 13 ) Pierre de Pont, seigneur
de Rostrenen, du chef de sa m2re, n'avait pas vingt ans, donc, en 14.11, il
_ aVélit onze ans (JU plus.
Louis 1 avait pat· testament donné la tutelle de ses enfants au sire du.
Pont. Sa veuve, Marie de Montauban, autorisée de son père l'arniréll de
France, la réclama. Le duc Arthur III, par ordonnance du 3 juillet 1158,
maintint le testament Morice PI'. Il, 1730-3'1-3"L
(2) Morice, Pro Jll, 7.
(3) Morice P1'. II r, 10 et 1 1. .
(4) Y eut-il quelque difficulté entre eux? 11 semblerait puisque nous
voyons un accord inLen'enir relativement au mariage 18 juin 1463.
Morice. Pro ILl, 41-4!. Pierre est dit sieur de Rostrenen, du chef de sa
mère morte en 1456. (Mme du Laz.)
11 y avait eu autrefois une grosse querelle entre les sires de la Hunau­
dayl~ et rie Rostrenen. V. Parlement généra) tenu à Rennes par Jean IV en
, mai 1384. Morice. Pro if, 4~\:l-465. Le sire de la Hunaudaye avait enfreint
une sauvegarde accordée par Monsieur (le duc) au sire de Rostrenen pour
Jui, sa famille et ses possessions. Le duc rel)ouvelle la sauvegarde et com-
mande de la tenir. 160 bas de la page, 4Gt idem, 164 fin du 1 alién.a

Quoiqu'il en soit, les dires du sire de Pont soulevèrent tes
protestations de ses deux compét.iteurs; en même temps
celles du sire de Rieux pour sa bannière de Rochefort, du
Derval pour sa bannière de Rougé, du baron de
baron de
pour sa bannière de Combourg .... Le duc les
Malestroit
tous se pourvoir en Parlement (1). Jean de Pont
renvoya
allait mourir avant que la question fut jugée (2). .
En septembre 1480, les Etats siégeaient à Vannes; et
Pierre, sire de Pont et Rostrenen: avait répondu comme ban­
neret. Le duc résidait près de la ville, au manoir de l'Estren-

nie. Les Etats députèrent au duc pour le supplier de relever
.la baronnie d'Avaugour, première baronnie de Bretagne, di-
, sait-on (3), en faveur de son fils naturel François de Bretagne,
qu'il a déjà fait seigneur de Clisson. Les députés étaient
quatre évêques, trois abbés, deux barons et un banneret,
Pierre de Pont-l'Abbé. Combien cette démarche dût coûter
au jeune banneret! Il a sans doute hérité les ambitieuses
prétentions de son père; il prétendait passer avant le sei­
gneur de Clisson au rang des bannerets, et il va supplier)e
duc de faire monter le sire de Clisson au rang des barons!

(1) Morice, Pr. II ' . 110-11 et 12. Mais le duc ne leur interdit pas cie
paraître aux Etats avant d'avoir un arrêt. V. note in fine. ,
('2) A quelle date mourut Jean 11 ? On a dit 1480 en se fondant sur
deux actes donnés par D. Morice. Pr. Ill. 339 et 3G8 : 21 septembre
1480 et '23 septembre. La date du ,premier acte où comparaît Jean est
erronée. En effet, dès 1477, entre le 27 mai et le 1 t ju.in, on voit cité
le sù"e du Pont et de Rostrenen. (Morice, h. Ill. .l~3.) C'est certainemènt
de Rostrenen par la mort de sa mère en 145G, et
Pierre, seigneur
seigneur Ju Pont comme héritier de son père.
(:3) Première ... pourquoi 1 ... Pas parce qu'elle est la plus ancienne. Ce
titre appartient à Vitré remontant aux premières années de XIe siècle,
anlérieure de 150 ans à Léon, fief donné en partage au cadet de la maison
de Léon en 1\ ni, M de la Borderie, baronnies ... p. LXX r, note 3.
Première, sans doute pour celte raison (d'imagination) empruntée à la
charte, « parce que le seigneur deseend de la ligne d'Audren, roi de
Bretagne Il. Très mal imaginé. puisque, -deux lignes plus bas, l'auteur
au 5" rang, apl'ès Avaugour, Léon, Fougères, Vitré, le seigneut'
mettra
de Rohan qu'il dit descendre de Conan lui-même. Morice, Pro lI, Préface
X-XV, note.

Mais quel crève-cœur pour lui, lorsque, sept ans plus tard,
le duc érigea en baronnies les seigneuries de deux autres
compétiteurs: la Hunaudaye et Coëtmen! Et il lui faut
bannerets ont mérité cette faveur
reconnaître que ces deux
par leur fidélité au duc. Quelle folie à lui d'avoir suivi dans
leur rébellion le vicomte de Rohan, le sire de Rieux et l'in-
grat baron d'Avaugour! Que n'a-t-il suivi l'exemple de son
lleiveu Jean de Coëtmen! Sire de Pont et Rostrenen, plus
puissant" seigneur que Coëtmen, il serait baron de Pont (1).
Hâtons-nous de dire pourtant que le sire de Pont-l'Abbé
revenu au duc réparait noblement ses torts en tombant avec
la bannière bretonne sur le champ
son frère Vincent sous
de bataille de Saint-Aubin-du-Cormier.

Ainsi,dans cette seconde période,la rivalité des siresdePont-
Château et de Pont-l'Abbé n'apparaît pas, et pour une bonne
c'est que tous les deux sont descendus .ensemble du
raison,
banc des barons à celui des bannerets. Les procès-verbaux
des Etats nous montrent le sire de Pont-l'Abbé élevant la'
préte'ntion presque ridicule d'être le premier banneret
de. Bretagne; il n'a pas pour compétiteur le sire de Pont­
Château, mais surtout les bannerets de laHunaudaye et de
Coëtmen ; et ces discussions cessent lorsque ces deux han-
nerets passent au rang des barons. La défaite de Pont-l'Abbé
est entière. .
En présence de ces faits comment dire: « Les barons de
Pont petit à petit arrivèrent à se débareasser de leurs com­

pétiteurs? ») Imagination au moins pour cette période ... .

Voyons la suite. J. TREVEDY,
Ancien PTésident du Tribu1ial civil de Quimpe1'.

(A suivre.)

(1) Au mot Trémeven (lI. p. 934), Ogée a écrit: « En H97 (lire 1487)
ta terre de Coëlmen fut érigée en baronnie par le duc François II (qui
Mait mort en 1488) en faveur de Jean, vicomte de Coëtmen, époux de
.Jeanne du Pont, fille de Pierre. baron du Pont, el d'Héléne de Rohan. l)
Jeanne élait sœUl' de Pierre et non sa fille. Cf. sur ce point la lJa­
ronnie de Ilo6trenen par la comtesse Jégou du Laz, p. 24 et 30,

XIII.
PONT-CHATEAU ET PONT-L'ABBÉ

AUX ETATS_ DE BRETAGNE .
2 PARTIE (Suite).

3 PÉRIODE.

Sous la Royauté. (1)

Après ' le mariage d'Anne de Bretagne, le dévoûment
marqué à la duchesse contre le Roi devint un titre à la
faveur royale. La mort de Pierre de Pont-l'Abbé sous la
bannière bretonne était une recommandation pour son fils
pour mère Hélène de
enfant. Ajoutons que celui-ci avait
Rohan-Guémené (2); et que le Roi ne pouvant (et pour de
trop bonnes raisons) avoir confiance au vicomte. de Rohan,

devait chercher à détacher du vicomte pour se les attacher
à lui-même les seigneurs de la maison de Hohan.
En décembre i492, Hélène de Rohan demanda au Roi le
tiÜ'e de baron de Pont et de Rostrenen polÀ.r son fils Jean et
pour sa descendance. Charles VIII accorda la demande et dit
que la ' nouvelle baronnie prendrait rang après celle -de
Quintin, c'est-à-dire avant les baronnies de la Hunaudaye et
Coëtmen (3). ' .
On pourrait croire que ces deux barons protestèrent :
toutefois nous n'avons aucune preuve des réclamations de
( 1) Pl us exaclemen t : Depuis le rnœ/'iage d'Anne de B1'etagne avec
Chm'les VIII .
(2) Serait-ce à cause de son nom qu'on a imaginé que Pont-l'Abbé
passa au xv· siècle dans la maison de Rohan (et de celle-ci dans.la famille
de Richelieu) ? Ogée, II. p. 474, note.
(3) Il ne faut pas oublier queles rangs d'Avaugout' (1), Fougèl'es (4) et
(9), avaient été réservés par PielTe II.
Lanvaux
La baronnie nouvelle était ainsi au 12" rang, comme nous allons voie.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXV. ( émoires). 10

Coëtm~n; La Hunaudaye protesta à l'assemblée de février
1493. Mais les Etats s'empressèrent d'admettre les leUres
du Roi en leur teneur; et firent placer le sire du Pont-l'Abbé
après le baron de Quintin, on réservant les preuves que la
Hunaudayo demandait à faire (1). Celui-ci renouvela·t-il ses
réclamations? Peut-être. Du moins le baron de Pont-l'Abbé
crut-il utile d'obtenir de nouvelles lettres. Treize ans
plus tard, Louis XII et Anne de Bretagne lui accor­
dèrent des lettres confirmatives de celles de décembre

Or, un temps viendra où ces leUres royales demandées et
reçues co"mme "une grâce insigne seront dissimulées par le
baron comme compromettantes. Elles sont un titre trop
jettne; elles ne permettent pas au baron de réclamer une
place parmi les neuf barons anciens. En preuve de cette
prétention, il invoquera les anciennes assises des ducs,
notamment celle d'Alain Fergent de 1087 (2) ; comme si la
déclaratipn de Pierre II n'avait pas mis à néant l'assise
prétendue de 1087 ; comme s'il était démontré que le Pont
nommé en 1087 est Pont-l'Abbé et non Pont-Château (3) l
Quand il donnait à la baronnie de Pont-l'Abbé la première
place après Quintin, le H.oi ne tenait pas compte des der­
nières créations de François Il ; mais il acceptait sa pensée
en ce qui touchait l'effet des réunions de plusieurs baronnies
en une seule main; et, comme François II, il faisait échec au
principe des neuf baronnies.

(1) Morice, Pro III. 749-750. Nous n'avons pas les lettres de 1492; ell es
ne sont pas relatées in extenso dans le procès-verbal rapporté, et nous
n'avons des lettres confirmatives de 1505 ou 1506 que celte simple nole :
« ConfirmatIOn du Roy des mandement et eréation du feu Roy Charles et
de la Reine du titre et nom de baron pour Jean, sire de Pont-l'Abbé. »
Morice, Pro III. 876.
('2) Aveu de Pont-l'Abbé (1732) au début. M. Puig (Les Bigoudens,
p. 173) avait fait allusion à ces lettres royales. Il n'en est plus question
dans les Chevaliel's bannerets. Vo ci-dessous p. 168 et nole in fine.
(3) Ci-dessus, p. 81 et suiv. .

Supprimons, si vous voulez, la baronnie de Fougères qUl
est et restera au domaine ducal; comptons pour 'Une les
pour le moment
deux baronnies de Malestroit et de Derval
réunies; Vitré et Châteaubriant séparés par la mort de
Guy XIV (en 1486) comptent désormais pour deux. Ainsi
Pont-l'Abbé ne vient qu'à la onzième place dans la liste
suivante:
1° Avaugour, 2° Léon, 3° Vitré, (Fougères), 4° Château-
briant, 5° Retz, 6° La Roche-Bernard, 7° Ancenis, 8° Lan­
vaux, 9° Malestroit et Derval, 10° Quintin, 11° Pont-l'Abbé.
Et Pont-l'Abbé n'aura que le 12 r'ang quand Malestroit et
Derval seront séparés: ce qui ne tardera guère. .
Ajoutons que les deux baronnies de la Hunaudaye et Coët-
men que le Roi semble oublier existent et réclameront leurs
places. Le nombre des baronnies est donc de 14 ... et ce n'est
pas tout. ,
Voici une quinzième baronnie! Nous l'avons vu, Pont­
avait eu avant 1451, ainsi que Pont-l'Abbé et
Château

nombre d'autre:; seigneuries, le titre de baronnie (1). Comme
Pont-l'Abbé, Pont-Château avait été réduit, en 1451, au rang
de bannière sans qu'il apparaisse de la protestation du baron,
en même temps vicomte de Rohan et baron de Léon.
Après la mort du vicomte (1462), Pont-Château appartint
à sa veuve Perronnelle de Maillé; et par la mort ou la démis­
Pierre fut seigneur
sion de celle-ci (vers 1479) son fils aîné
de Pont-Château. Aussitôt le jeune seigneur se para du titre
de baron dans les actes plus solennels. (2). Que prétendait-il?
au nombre
Voyant les neuf baronnies dites anciennes déjà
1480, espérait-il créer une tradition en faveur
de onze . en
de Pont-Château? Voulait-il simplement rappeler le souve-
(1) Ci-dessus, p, 49, 78.
(2) Ci-dessus, p 52. Cf. son contrat de mariage du 'W novembre 1184
(Moriee Pl'. III. 141.) Sermeht sur les reliques de saint Hervé, 2ô mai
1.197. (Morice Pro III, 788. Son testament 12-22 juin 1518. (Mol'ice Pro
III. 943.)

nir de l'ancienne dignité de sa seigneurie? Toujours est-il
que cette usurpation de titre absolument contraire à l'usage (1)
se perpétua après lui i et que ses successeurs, de leur auto-
rité, et sans intervention du Roi, ajoutèrent Pont-Château à
la liste des neuf baronnies l
Chose curieuse l Cette usurpation réussit. Les Etats tolè­
rèrent cette violation du principe des neuf baronnies iet la

baronnie de Pont-Château, qui était sans titfe, allait survivre
aux baronnies d~ François II, même aux deux dernières que
ver­
des lettres du Roi avaient confirmées, comme nous le
rons.
Bien plus, la baronnie sans titre prendra rang' avant les
trois baronnies de Pierre II et avant Pont-l'Abbé i et cette
" dernière bat;onnie, cl'éée pour prendre rang après Quinti Tl,
passera avant les trois baronnies de Pierre II, et viendra à

la huitième place.
Or des quinze haronnies que nous venons de nommer, en
quatre n'apparaissaient plus aux .Etats au milieu du
XVIIe siècle.

Il n'est plus question de Lanvaux après les premIeres
XVIe siècle (2).
années du
Après avoir présidé les Etats en 1597 et "1598, Avaugour
disparaît (3).
(1) « On sait bien que tous les grands seigneurs s'appelaient (étaient ditsi
barons en ce siècle (le XII e) ; mais ils ne se c10nnaieni jamais cette qualité
eux-mêmes dans les acte3. » Lobineau. Ilist , P 136. « Aucun ti tre ni
s~eau ne porte la qualité de baron qu'aucun seigneur ne s'appropriait: ce
n.e fut qUt~ clans le dernier si ècle (le XVI") qu'on s'em bal'onna, de même
qu'en celui-pi (le XVII ") on s'est emmarqui sé. » Hévin écrivant après lG8~
(J1testions. p. 21, n° 2.7.
(2) La baronnie de Lanvaux donnée en 1'18;; à Louis III cie Rohan­
Guémené, amiral de Bretagne (l 491: , ne consistait guère que dans les
ruines du château' que le nouveau baron étail autorisé à « édifier ».
(Morice, Pro I1[ 1 18 1-4.)4.) Il s'en ga rda bien. Après sa mort 1')08 l , son
fi ls, SOI1 petil-fils, comte de Montbazon, son arriére· petit, fil s, prince cie
Gu émené etduc-de Moutbazon, morts en 1527, 1") ')7, Hil1, ne paraissent
pas avoir réclamé lem pi'érogalive de baron
(3) Cependant Clau de de Bl'etagne comte cie Vertus et Goello (qui com­
prend Avaugourj mort en 1637, prenait encore le titl'e cI'Avaugoul' .

Le baron de la Hunaudaye préside en 1605 et en 1610 (1).
En 1621, il prend la présidence qu'il cède au baron de Pont

et de Coëtmen (2). Puis l'opposition des Etats aux dernières
créations de François II finit par en avoir raison.... au
moins pour cette époque ....
Vers le même temps: en 1587, Pont-l'Abbé préside. Le
baron est alors Toussaint de Beaumanoir, vicomte du Besso.
En 1590, sa fille Hélène hérite la baronnie, et, en 1621, -
comme nous venons de le dire les Etats sont présidés par
son second mari, Charles de Cossé, marquis d'Acigné, et en
même temps baron de Coëtmen. .
Jusqu'à cette époque p8rsonne ne contestait le titre de
Pont-l'Abbé. Mais, un peu après, Pont-Château reparaît aux
Etats, et alors commencent des débats qui s'assoupissent
pour reprendr2 plus tard et vont durer jusqu'en 1789.
L'histoire de ces débats aurait son intérêt; nous ne pou­
vons en dire que quelques mots; mais nous devons montrer
Pont-Château et Pont-l'Abb.é adversaires l'un de -l'autre aux
deux derniers siècles, et n'admettant pas comme transaction
l 'alteniance dont on parle aujourd'hui. _

La seigneurie de Pont-Château avait· passé par acquêt aux
mains de Hené du Cambout, seigneur de Coislin. En 162[J:,
son fils César obtient l'érection elu marquisat de Coislin avec
annexion de Pont-Château; mais ce titre nouveau ne lui suffit
pas et il réclame sa place parmi les neuf barons à l'ex­
clusion du baron de Pont-l'Abbé.
(i) En 16u.'). c'est René cIe Tournemine, baron cIe la Hunaudaye, premier
mari cI'Hélène cIe Beaumanoir, qui tua, en combat singulier (décembre .
1 GO()), Tuussaint de Guémadeuc, cousin de sa femme,et reçut de
Guémadeuc une blessure dont il mourut en février '/(-)08
En 1610, le baron est Sébastien, marquis de Rosmadec.
(2) « Sébastien cIe Hosmadec (baron de la Hunaudaye) présida l'ouverture
des Etats ... et céda la présidence à Charles de Cossé, baron de Pont (par
sa femme) et de Coëtmen, lorsqu'il fut arrivé » Morice, Pl'. II Préface
XXXV. ) Il est clair que c'est au baron cie Pont que la Hunaudaye fail
place, puisque la Hunaudaye avait le pas sur Coëtmen. .

Pont-l'Abbé ~tait alors aux mains d'Hélène de Beauma­
noir, devenue veuve, qui allait mourir abandonnée. Comment
ses intérêts furent-ils défendus? Bien mal assurément
puisque la demande de César du Cambout fut admise, quand

il n'avait pas de titre! Avant 1636, il avait pris possession
de la place de baron (1) .
Mais Pont-l'Abbé qui avait passé à Françoise de Guéma-

deuc, mariée au Mis de Pont-Courl.ay, neveu du cardinal de
Richelieu, ne fut pas exClu des Etats; et, en 1651, Charles
de Grossove, comte d'Orrouer, second mari de Françoise de
Guémadeuc, les présida (2). .
1644, Armand du Cambout, fils de
Avant cette date, vers
César, était devenu acquéreur de la baronnie de la Roche­
Bernard; en 1663, il allait obtenir l'érection du marquisat
de Coislin en duché avec annexion de la Roche-Bernard.
Il va présider les Etats en 1659 et 1665; en '1683, c'est
Pierre, marquis de Coislin, qui préside (provisoirement) ;
en 1693, c'est Armand, ' duc de Coislin et baron de la Roche­
Bernard (3) .
Le duc de Hichelieu, fils de. la marquise de Pont-Courlay,
baron de Pont-l'Abbé, et son neveu le marquis de Hichelieu,
en faveur duquel le duc se démit, siégèrent-ils aux Etats?
C'est ce que nous ne pouvons dire. En 1685, la baronnie
passa à ]a famille d'Ernothon an (1) « Entre le sr baron de Pont-Cha$teau et celui de Pont-l'Abbé en
cc Cornouaille, il y a dispute à qui demeurera ancien baron des neuf; et
(1 M. de Pont-Chasteau en a faiL acte de possession, il n'y a pas longtemps.»

- Cette phrase est datée de Hi3G. ltinéraiTe en fh'etagne (p. 170, de
Nicolas du Buisson-Aubenet, récemment publié pal' la Société des Biblio­
philes bretons, et dont la publication fait grand honneur à MM. Maître
et de Berthou, '

(2) Pour plus de détails sur les transmissions de Pont·l'Abbé, on peut
se reporter à mon article Sm' la bar'onnie de Pont-l'Abbé, Bulletin de 1~97.
(3) En sorte que l'on peut se demander si les marquis puis ducs de
Coislin durent la présidence, en 165Q, 1665, 16~3 et 1693, à la baronnie
de Pont-Château ou à celle de la Roche-Bernard. Il est probable que c'est
à cette dernière, dont le titre n'était pas contestable. .

taire du Hoi. En 1746, elle était aux mains de Catherine
d'Ernothon, mariée à Louis d'Argouges, marquis de Rannes.
Voici vers cette époque la liste et l'ordre des baronnies
alors au nombre de onze au -lieu de neuf.. .. et se disant .
des neuf.
toutes

1 ° Léon,
7° Pont-Château,
2° Vitré, 8° Pont-l'Abbé.
go Derval,
3° Châteaubriant,
4° Retz . 10° Malestroit,
5° La Roche-Ber'nurd,
11 ° Quintin.
6° Ancenis,

Or le rang a une importance majeure que voici:
Les huit pl'emières places confèrent une prérogative que
n'ont pas les trois dernières baronnies. Les barons de Léon

et de Vitré excluent les autres de la présidence des Etats
qu'ils exercent alternativement, l'un à une session, l'autre, à
une autre (1). Entre les six possesseurs des six baronnies qui
suivent de Châteaubriant à Pont-l'Abbé (nOs 3 à 8) -
droit de présider se règle pal' l'ancienneté personnelle de
chaque baron dans sa dignité. Les trois derniers barons
(ceux de Pierre II) ne viennent qu'après les autres et dans
l'ordre des dates de leur création en 1451 (2) .

Cl) Person ne n'a va i t osé juger la quesLion de p'réséance pen clan Le depuis
clrs siècles enLre les deux baronnies. Léon est nommé av'ant Vitré dans la
eh.arte prétendue d'Alain Fergent et dans le dicton latin devenu la lisLe
oflicielle cie Pierre Il. Il semble cependant que si aux Etats de 1451, Rohan
conLesta la préséance au comte de LayaI ponr Vitré, c'est que le comLe n'était
encore qu'héritier présomiJLif de Vitré. La date d'ancienneté était pOUl' ,
ViLré remonLant au commencement du XI" siècle; Léon n'était que le
, partage d'un cadeL cie la mai ::on de Léon en 1179 Cf. Morice, Pro
II. 1 G81 et les Neuf Barons, p_ LXXI. '
(:2) Je ne mentionne pas ici la s1lccession spéciale aux baronnies dont il
sera parlé plus loin NoLe in fine. ' .

M. de Menou 'venait d'acquérir Pont-Château (1) _ Il pré­
senta requête aux Etats réclamant « les honneurs dus à l'un
des neuf anciens barons ». Le marquis de Hannes fit oppo­
sition par l'intermédiaire de 1\1. de Plœuc chargé de sa
procuration. Bien que . ancienne et noble, la famille de
Menou n'avait pas l'iIlfluence des marquis puis ducs de
Coislin : les Etats renvoyèrent à la commission intermé­
diaire.
La commission laissa: à ce qu'il paraît, sommeiller l'af­
faire. En 1760, le 11 novembre, les Etats chargèrellt l'abbé
du Laurans, membre de la commission, de faire examen des
pièces. En 1762, le rapporteur déposa son mémoire' concluant
contre Pont-Château; et les Etats admettant ces conclusions
repoussèrent la demande de M. de Menou. .
Le marquis de Rannes était mort en 1748, et, sans atten­
. dre la décision des Etats, sa veuve avait vendu la baronnie,
le 9 septembre 1753, à Henri Baude, fils d'un secrétaire du
Roi et qui n'avait pas encore entrée' aux Etats. Il mourut

. en 1757, laissant des enfants mineurs. L'aîné devenu baron
de Pont-l'Abbé mourut en tutelle avant le mois de juil} 1762,
et la baronnie passa à son frère Jean-Georges-Claude, aussi
mineUl,:qui allait le dernier porter le titre de baron de Pont.

La victoire posthume du marquis de Rannes, stérile pour
Pont-l'Abbé, fut peut-être l'occasion de nouvelles réclama-
tions de la Hunaudave et Coëtmen.

(1) M. de Courcy dit 1754-. Plus haut, j'ai proposé de lire 174-'1. D'a-
près l'inventaire sommaire des archives de la Loire-Inférieur:e, il faut peut­
être lire 174·3. T. II. Série C. 3288. p. 303 en tête de la 1 re colonne. Le
mémoire daté de 174(} commence par ces mots: « Feu M. le comte de
Menou, possesseur' depuis [l'ois ans de cette baronnie, supplia, en 'tH·G, de
le meltl'een possession des honneurs dus aux anciens barons. de Bretagne,
instances auxquelles le seigneur de Pont-l'Abbé fil opposition. »
Sur tous les débats qui vont suivre se reporter aux cartons C 32aO-
3 ~91, arch, d'Ille-et- Vilaiue. Il y li là l'objet d'une curieuse étude .

Les deux seigneurs avaient imaginé de demander au Roi
la confirmation des lettres du duc Fl'ançois II de 1487. Le
Roi accorda leur demande en 1739; et les seigneurs s'empres­
sèrent de présenter les lettres aux Etats en requérant leur
admission (C aux droits et privilèges des anciens barons ».
Conformément aux conclusions du procureur général syndic,
les Etats refusèrent l'enregistrement et demandèrent auHoi le
retrait des lettres (1). Ceci se passait en 1740-45, vers le temps
où M. de Menou, se disant « ancien baron de Pont-Château)),
avait affaire au marquis de-Rannes. -
En 1762, les seigneurs de la Hunaudaye et de Coëtmen

n'avaient pas encore obtenu leur admission; mais ils n'en

désespéraient pas. A ce moment, le seigneur de la H 1llau-
. daye était Louis-Auguste de Rieux, comte de Rieux, marquis
d'Assérac, lieutenant général (2) ; et le marquis de Rougé, .
aussi lieutenant général, était seigneur de Coetmen- du chef
de sa femme, dernière héritière de sa maison (3). Leur cause
était commune; ils unirent leurs efforts; et l'occasion leur
parut favorable: il fallait profiter de la défaite du seigneur .
de Pont-Château et de l'impuissance des successeurs du
baron de Pont-l'Abbé.
En 1762, les. deux seigneurs. renouvellent les réclamations
de 1740. Ils sont repoussés; mais, sans se décourager, . à
Cl) Le seigneut' de Coëtmen réclamant recoumt au Conseil d'Etat, qui,
embarrassé, semble-t-il, rendit, le 18 décembre '1745, un arrêt « en­
très
de Bretagne de comparaître devant lui pour fail'@
joignant aux barons
connaître leurs intentions en ce qui concernait la baronnie cie Coëtmen. »
(A rch cI'ille-et-Vilaine. C. 3~D1.)
(2) En 1761, il avait acquis des héritiers de Mlle ~anycan, mariée à
Huchet de la Bédoyèl'e, procureur général au parlement, la terre de Rieux,
au Litre de comté ten lô(7) pour Henri de Guénégaud, marquis
érigée
de Plancy, garde des sceaux, acquéreur des Lorraine-Elbœuf, descen­
des Rieux (branche ainée). Son fils Louis-François, héritier en 1ï68,
dants
continua les réclamatiuns entamées pat' son père.
(3) Le derniel' des Coëtmen (branche ëadelle) avait acquis Coëtmen ,en
1 i37) des La Pierre de TaI houet, acquéreu rs des Neufville de Villeroy,
des Cossé. Coëtmen passa à sa fille, dame de Rougé En 1775,
successeurs
Coëlmen était à son fils, mestre de camp. Ogée. Vo Tr'éméven . II. 934 ..

chaque session~ jusqu'à 1772, c'est-à-dire au moins cinq
autres fois, ils persistent à réclamer leur titre et leurs droits
barons (1).
d'anciens
Ce n'est pas tout: animé par leur exemple, et sans avoir
titre qu'il n'eut jamais, Pont-Château revient à
trouvé le '
partir de cette date, les Etats
la rescousse en 1772; et, à
vont à chaque session entendre et repousser les requêtes des
trois obstinés réclamants.
La question était singulièrement posée. Chacun des récla-
mant$ revendiquait « les droits et privilèges de baron »,
comme étant « l'un des neuf barons anciens de Bretagne».
0-1' la retraite d'Avaugour et de Lanvaux avait rétabli la liste
des six barons que Pierre II avait complétée par la création
de Derval, Malestroit et Quintin. Le baron de Pont-l'Abbé,
auquel les Etals avaient donné raison contre Pont-Château
en 1762, occupait la dixiême place. La liste des neuf était
donc plus que complète. Que parlait-on d'y adjoindre trois
autres noms? L'un des réclamants n'avait même pas le titre
d'érection : les deux autres produisaient des titres posté­
rieurs à ceux des neuf premiers barons. Pour leur faire
place fallait-il éliminer les trois barons créés par Pierre II
et en plus le baron de Pont-l'Abbé que ses lettres plaçaient
après le baron de Quintin?
La question imprudemment posée soulevait cette objection
et devait être résolue contre les réclamants. Mais ceux-ci

avaient attiré l'attention sur le nombre des neuf baronnies;
et leur réclamation fut fatale à Pont-l'Abbé.
, En 1779, sans que d'ailleurs il apparaisse d'une délibé-

ration des Etats, l'A lmanach de Bretagne, qui avait un carac-
tère semi-officiel, publia l'indication qui suit: « Baronnies .
« Il n'yen a que neuf en Bretagne et l'on ne doit pas en

(1) Ogée, écrivant en 1775, constate le débat en ce qui concerne la
Hunaudaye. " La Hunaudaye fut érigée en ' baronnie ... (1 't8ï) Les Etats
disputent aujourd'hui cette prélogative. Il Vo Plécléliac. 1. 279 .

« supposer un plus grand nombre. Ces haronnies sont :
« Léon, Vitré, Châteaubriant, Retz, La Roche-Bernard,
« Ancenis, Derval, Malestroit, Quintin » (1 ).
C'était revenir à l'état de choses créé par Pierre II, trois .
siècles auparavant. . .
est plus question des créations de François II, de la
Il n'
création de Pont-l'Abbé par le roi Charles VIII, et de la
création de Pont-Château par le baron lui-même.
Il n'apparaît d'aucune protestation de Pont-l'Abbé; mais
La Hunaudaye, Coëtmen et Pont-Château ne tinrent aucun
compte de l'avis; et jusqu'en 1782 au moins, ils continuèrent
à réclamer les droits et privilèges des neuf anciens barons.
On a dit que « des deux baronnies de Pont-Château et
Pont-l'Abbé il ne restait plus, en 1789, que des préten­
tions » (2). Restait-il même des prétentions à Pont-l'Abbé?
N'est-ce pas simplement à titre de souvenir que le rédacteur
d'un acte donnait' à Jean-Georges Baude le titre de « sei­
gneur de l'ancienne baronnie de Pont, première et seule
baronnie de Cornouaille? » (3)
Jean-Georges Baude aurait-il marqué ses prétentions en '
prenant ce titre fastueux dans ses aveux au Roi? On en peut
douter. Mais ce qui ne peut faire de doute, c'est que, pas
plus qu'aucun de ses prédécesseurs, il n'a réclamé le titre
récemment imaginé pour lui « de fondateur et non de préé­
minencier dans la cathédrale de Quimper ») (4).
Le baron ne pouvait prendre ce titre contradictoire: il
savait que le fondateur est toujours premier prééminencier . .
contraire, il réclamait des prééminences, il les avait; et

(1) Les Neuf baronnies, p. IV. nole '2. ' .
(2.) Annotateur d'Ogée (dernier alinéa) Vo Pont-l'Abbé, II. 375.
(3) Aveu du 4 juillet 1781 Remarquez que le titre de baron dénié par
l'A lmanach de Bretagne en 1n\) est donné à Georges Baude dans la liste
des émigrés. S1l1' la baronnie cle Pont-l'Abbé, p. 410-41 1, Bulletin cie
(-1) Les Chevaliers-Bannel''ets, p. 'l, nole in {ine ..

aujourd'hui encore en entrant dans la belle église nous
briller aux vitres de la nef et du transept l'écusson
voyons
d'or au lion de gueules des barons de Pont-l'Abbé Quant
. au titre de fondateur, comment l'aurait-il réclamé? Ce titre
appartenait sans conteste au successeur des ducs de Bretagne,
Sa Majesté le Roi de France 1

Nous avons suivi les deux baronnies de Pont-Château et
de Pont-l'Abbé aux Etats de Bretagne, aux temps antérieurs
à la déclaration de Pi.erre II, touchant les (1 neuf anciennes
baronnies: » -' sous les règnes de Pierre TI et de ses deux
la royauté française. .
successeurs, sous
De l'exposé qui précède résultent les faits suivants:
1° Avant 1451, il n'a pu.se.produire de compétition entre
les deux barons. puisque tous les deux siégeaient aux Etats;
2° De 1451 à la fin du duché de Bretagne de même,
puisque les deux- seigneurs étaient devenus bannerets;
3° Sous la monarchie, vers 1636, l'usurpation de Pont­
Château fut tolérée ou admise par les Etats, mais Pont-
les deux barons siégèrent
l'Abbé n'en . fut pas exclu; et
ensemble ultérieurement;
4° Le débat s'engagea plus sérieusement au XVlli siècle,
seigneur de Pont-Château réclama place
quand un nouveau
aux Etats « comme un des neuf anciens barons» et que le
baron de Pont-l'Abbé s'opposa à cette .demande, qui fut
repoussée (1746-1762) ;
5° Il n'y eut jamais alternance de siège ni de voix aux
Etats entre les deux baronnies ou seigneuries.
Cette alternance aurait-elle existé entre les villes de Pont­
Château et Pont-l'Abbé députant aux Etats? C'est ce qu'il
nous faut rechercher. •

NOTE (1)

Dans Les Chevaliers bannerets dtt Pont, M. Puig publie
sur cc les neuf baronnies de Bretagne» et sur la déclaration
de Pierre H, en 1451, un système nouveau qui soulève plus
j'ai marqué plusieurs renvois
d'une objection. A ce propos,
pages qui précèdent: je vais m'expliquer sur les
dans les
points signalés. .
Mais auparavant qu'une double observation me soit

permIse.

M. Puig a écrit: Préface des Chevaliers bannerets, p. V) :
« Je ne cite qu'à coup sûr. » En quoi il se trompe, comme
nous allons voir. Mais combien vérifier ses citations est
difficile! Il aurait voulu (ce qui n'est pas) dérouter ou au
décourager le lecteur qu'il n'aurait pas fait autre­
moins
ment.
(2), que de renvois inexacts!
Que de renvois énigmatiques
Exemples: P. 10. Renvoi au T. VI de D. Morice : or Morice
(EIist.); 1,2,3
n'a que cinq tômes ainsi numérotés, 1, 2
(preu·ves). P. 4. « Voir l'acte au 2 vol. de l'histoire de
Bretagne, p. 264. » Lisez: T. II des Pre'uves de D. Mariee.
Préface, p. xxv.

(1 ) C'est à cette noLe que se réfèrent les renvois indiqués ci-dessus aux
pages 13!1, 136, 140, 1!tG, 151., 155.
(2) J'appelle énigmatiques des renvois à des volumes de huit et neuf
de la page. Ex. : D'Argentré, Histoire de
cents pages sans indication
Bretagne; Histoire de Bretagne (sans nom d'auteur, c'est D. Morice;, liv.
III, liv. IV; et les citations de documents sans indication du lieu où
ils se trouvent, comme Mémoires de Molac, Mémoù-es de Tournemine,
A1'chives du Château de Nantes, Hist. gén. de la maison de Léon, Reg.
original d'Oliviel' de Coëtlogon, etc., etc. Heul'eusement que nombre de
ces documents se ' trouvent par extraits aux P1"euves de D. Morice. -
Pourquoi ne pas tout simplement citer la colonne des P'reuves ? De même
les Comptes de chancellerie et les Regisb'es cles Etats consultés sans doute
Pl'euves de D. Morice.
aux

Après plusieurs renvois à l'histoire de D. Morice, on lit
p. 16 et 17, ce renvoi: « Preuves du tôme XVIII. ... du tôme
XIX de l'histoire de Bl'etagne. )) D. Morice n'a pas, comme
distl'ibué ses preuves entl'e les livres de son
Lobineau,
sans autre
histoire. Nous voilà donc renvoyés à Lobineau,
indication (1).
P. 34. L'auteur cite le chanoine Moreau; mais il le cite
inexactement. En effet il rapporte au temps de la Ligue, en
1590, l'invasion de Quimpel' par les p-aysans des Montagnes
Or Moreau (p. 15 et 16, Fe édition) rapporte ce fait
noires.
à 1489 ou 1490, date exacte (2).
P. 38. Henvoi à D. Morice, p. III: « Journal de Jérôme
d'Aradon,« organe de la Ligue à Rennes et aux environs. ))
Quoi! Est-ce que le seigneur de Quinipily, gouverneur
de Hennebont, publiait un -journal officiel de la Ligue à
Rennes, ville fidèle au Roi? Or le journal d'Aradon
par D. Morice dans le tome II de son Histoire
a été publié
parmi les suppUments aux Preuves (p. CCLVIII àCCLXXVI).
La phrase est empruntée au Journàl de JeJwn Pichart,
notaire royal et procureur au Parlement de Rennes, aucu­
nement ligueur. C'est son journal que Morice a publié au
tome III des Preuves, col. 1695-1758. (Voir colonne 1742.)

(1) Au lieu de T. XVIII ne faut-il pas lire XlV? Le fait cité (qui n'a
de 1405. Cette date est comprise au livre XIVe.
d'ailleurs aucun intérêt) est

(2) Il est imprimé 1489 ou 1430, faute d'impression certaine. La date
'\490 juillet: elle est donnée - par le compte du miseur de Quimper
est
des travaux importants de défense
(Arch. du Finistère, série El, payant
par la ville. Cf. ma Pl'omenade dans Quimper, p. 13 (1885 •
faits
A la même page 34-, M Puig parle de Pont-\' Abbé assiégé par J'armée
du haron de Pont (Toussall1t de Beaumanoil') « laissant se
royale en t588,
rouiller son épée de ligueur, - hésitant à prendre parti se tenant clans
une inactivité déplorable en 159(; ));- mais (p. 37) M. Puig se démentant
nous montre Beaumanoir « s'affirmant ardent partisan de Henri IV,
suivant le prince de Dombes ft Ancenis, blessé et mourant de sa blessure. li
Ce fait est placé après un fait de 159:7; mais (p. 38) il est dit que Beau­
manoir mourut le 12 mars 1590. Date vraie. Conclusion: la page 34 est
à effacer toute entière.

Mais voici une citation qui est une énigme. P. Puig cite
très souvent le rnsct (manuscrit) de Redon. Qu'est-ce que ce
manuscrit? P. 8, M. Puig s'explique: Manuscrit du monas­
tère de Sainte-Mélanie de Redon. Qu'est-ce que ce monastère
jusqu'ici inconnu? Tout le monde connaît l'illustre abbaye
Saint-Sauveur de Redon; quel rapport entre les noms
Saint-Sauveur' et Sainte-Mélanie? Mais il y avait à Rennes
la célèbre abbaye de Saint-MelaÏne. M. Puig aurait-il
vu ce manuscrit cité en abrégé: Msct. sanct. Melan. Red. ?
Aurait-il traduit Sainte-Mélanie au lieu de Saint-Melaine?
et aurait-il interprété le mot Redonensis par de Redon,
quand il veut dire de Rennes ? De Redon se dit en latin
Rothonensis du vieux nom du lieu Raton.
"Mais autre question ? Qu'est-ce que ce manuscrit de
Saint-Melaine de Rennes? (1) Mystère!
En voilà assez pour démontrer que M. Puig ne cite pas
toujours à coup sûr. Nous pourrions multiplier les preuves
de ce fait.
Avant de citer certains passages de M. Puig, il faut, sous
peine de n'être pas compris, présenter une seconde obser-
vatLOn.
M. Puig emploie comme synonimes les mots baron, ban­
neret et même le mot bachelier.

(1) On trouve à la table alphabétique des manuscrits de la Bibliothèque
nationale: « )Jfélanie SIC (histoù'e de l'abbaye de) Il N° 23356 du fonds
français, 86 A des Blancs Manteaux. Le manuscrit donne (fus 1 il 52) une
brève histoire de l'abbaye Saint-Melaine de Rennes; mais il ne contient
que 71 folios, soit 142 pages. Or M. Puig cite les pages 278 (p. 6;, 373
(p. 8), 461 (p. 9) : donc aucune identité entre ce manuscrit et la pièce
citée.
Aucun rapport non plus entre le manuscrit cité et le Carlulaire de Saint­
Melaine. Le cartulaire est un recueil cle chartes cles XIIe et XIIIe siècles,
« transcriptes l'an de grayce mil tres cens et quarante et quatre ». II
contient 'Z~6 feuillets. Il se trouve à la bibliothèque de Rennes olt je l'ai

L .. a synonymie des deux premiers mots s'affirme même
dans le titre Les chevaliers-bannerets. Voilà le mot banne-
rets employé en parlant de seigneurs qui tous, sauf un,
Pierre (i475-1487), ont eu le titre de barons; et M. Puig
donne ce titre à tous même à Pierre (p. 19 et 21). Donc pour
lui baron et banneret sont synonimes (1) .
Erreur singulière dont la lecture d'un seul procès-verbal
des Etats aurait dû sàuver M. Puig! Le duc fait appeler
d'abord aux barons et, quand ils ont pris place, il fait
appeler aux bannerets qui ne siègent pas au banc des'
barons.
Autre question: Les seigneurs de Pont barons ou bann~­
rets étaient-ils donc tous chevaliers ? Le titre chevalie1's­
bannerets donnerait à le croire. Or des 24 chevaliers-ban­
nerets compris dans la généalogie, quinze sont postérieurs
XVIe siècle, époque où l'on n'arma plus de che­
au début du
valiers (2); et de leur neuf prédécesseurs un au moins ne
fut qu'écuyer (Geoffroy) (3), et nous n'en trouvons qu'un

(1) M. Puig ne tient compte ni de quelques prérogatives de justice appar­
seuls comme les patibulaiees à six pots, la C i connais­
tenant aux barons
fell )) (chap. 1!r2, T A. C) et art fiO N. C ; ni surtout ce
sance du
qui est autrement important de l'attribution à l'aîné de la baronnie
entière sauf apanage aux cadets, principe posé au chap . 209, T. A. C. et
fin dans l'article 5!1"l de la N. C.
qui est resté jusqu'à la
Cf; Duparc-Pou llain. Coutumes, Ill. 496 et sui v. et p. 30G-307, Cou tu me
(abrégée, el surtout la très curieuse consultation d'Hévin (nOS 8 et suiv.
p. 399 et suivantes des Questions féodales.
('2) Peut-être faut-il reculer un peu cette date? Le roi François 1
voulut être armé chevalier pal' Bayard, au lendemain de Marignan (11
septembre 1515). Son fils Henri If fut at'mé étant Roi, donc après 1547.
« C'est, dit M. CouŒon de Kerclellec'h, le demiel' roi armé chevalier. ))
. Le savant auteur dit aussi (p. 73) que, à partir de cettê époque, CI le
titi e de chevalier est sans valeur à moins qu'il n'indique un chevalier de
l'ordre du Roi » Cependant on voit Henri II, par lettres de mars 1556,
créer chevalier Pierre de la Marzelière ' Morice, P1'. II r. 11 8!) ; et d'Hozier
explique qu'il s'agit cc de chevalerie pure et simple )J. Chevaliers dè Saint­
Michel, p. 243.
(3) Traité de mariage de son fils avee Mahaut dé Léon, 1318 (Morice,
PT. II. 1281.) Geffroy -aurait pu prendre le titre d'écuyer-hanne1'ç.t que l'on
BOfî, Jean de Montfort, époux d'Anne, héritièra
rencontre souvent. Ex. En
de Laval, et ayant, à ce titre, pris le nom de Guy (il sera Guy XIIl', a le
titre d'écuye1'-banneT'et et fa i t montre de quatre cheval iers bacheliers,
douze écuyers, etc .

auquel soit donné le titre de chevalier: c'est Hervé IV,tué .
à Saint-James de Beuvron en 1426 (1) .
C'est qu'en effet le titre de chevalier purement militaire et
personnel ne tient aucunement à la seigneurie.
Le titre Les chevaliers-banne1"ets est ' donc doublement
et est fait pour surprendre tout lecteur un peu
inexact
attentif.

Mais une cause de surprisè non moindre c'est l'emploi du
mot bachelier au sens de baron et banneret.
P. 13. « En 1386, nous trouvons (le baron de Pont)
« nommé après d'autres gentilshommes bacheliers.»
(D'autres .... c'est dire que le baron de Pont lui-même est
bachelier !) Et quels sont ces a'/J;tres bacheliers nommés
Pont-l'Abbé? Voici les trois premiers:
avant
« Le vicomte de Rohan et Léon, le sire de Montfort et
« la Roche-Bernard, le sire de Rieux et d'Ancenis. »
Bacheliers, ces grands seigneurs, les plus puissants de
Bretagne avec le sire de Laval, sire de Vitré, et dont les
sur 178, 85, 64 paroisses! (2)
possessions féodales s'étendent
Qu'est-ce, auprès de ces prétendus ba:cheliers, que le che-
valier-banneret ou baron de Pont-l'Abbé avec ses neuf
? (3) En réalité les neuf prétendus bacheliers·
paroisses

(1) Le titre de miles (chevalier) lui est donné dans son acte d'obit nu
nécrologe de Saint-François de Quimper. .
Selon toute apparen'ce, Hervé III que M. Puig nppelle le plus grnnd de
nos barons) n'était pas chevalier en 1335. (Morice, Pl'. I. 1RO'!.)
(2) Ces chiffres sont au-dessous de la réalité. Je ne puis compter que
les principales seigneuries. Ainsi :
1° Jean l possède: Rohan, 81 paroisses; Léon et annexes, 97; en tout
178 paroisses.
'2' Jean Il de Rieux, maréchal de France, seigneur de Rieux, 15 pa­
sa femme, Jeanne de Rochefort (1374) : Rochefort, 14 pa­
roisses, et par
roisses; Ancenis, 1 9 ; Châteauneuf, '25; Donges, U; en tout Kl paroisses.
3· Raoul VIII, seigneur de Montfort, 40 paroisses; et par sa femme,
de Lohéac (13ti3) : La Roche-Bernard, 1fl; et Lohéae, 10; en tout
Isabeau
64 paroisses.
(3'/ En disant neuf paroisses, je dis trop.
Les neuf paroisses sur lesquelles le baron de Pont réclamait la supério~
rité en· '173'2, sont comprises aujourd'hui dans huit communes du canton
de Pont-l'Abbé et une du canton ·de Plogastel-Saint-Germain. En 1386, le
fief de Pont-l'Abbé était moins étendu.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXV. (Mémoires). 11

nommés avant le sire de Pont étaient, en 1386, barons au
même titre que le baron de Pont; cinq de ces neuf sei­
gneuries auront titre de baronnies aux Etats de 1451, trois
autres seront possédées par des barons; et la neuvième (La
Hunaudaye) deviendra baronnie, en 1487, avant Pont­
l'Abbé (1).
Donc, à partir de 1451, les possesseurs des huit premières
seigneuries, et, à partir de 1487: le seigneur de la Hunau­
daye sont appelés aux Etats comme barons, c'est-à-dire,
selon la pensée de Pierre II, comme chefs de la noblesse
bretonne.

Ces observations faites, examinons M. Puig dit
ce que
des baronnies de Bretagne.

M. Puig écrit (p. 4) : « Nous ne devons pas perdre de vue
« que les Etats tenus à Rennes (lire Vannes) en 1451, furent
« les premiers où l'on commença à faire mention du nombre
« fixe et du rang des neuf barons. ))
Ainsi, avant 1451, il n'était question ni des neuf barons
ni du rang qu'ils auraient eu entre eux.
C'est très bien dit! Mais la recommandation que l'auteur

(1) Voici les neuf seigneuries dont les possesseurs sont nomniés en 1383
et leur situation en 1451. Cinq sont nommément baronnies; trois
appartiennent à des barons; une (La Hunaudaye) deviendra baronnie

1386 Léon, 1451 baronnie au v:comte çle Rohan.

. Ancenis,
baronnie au sire de Rieux.
Quintin,
baronnie au sire de Quintin.
Derval,
de Dervlll.
baronnie à Jean baron

Malestroi
baronnie à Jean de Malestroit.

Montfort,
la baronne de Vitré, comtesse de Laval.

• Deaumanoir,
la haronne de Châteaubriant, Françoise
de Dinan, dame de Laval. .
de Malestroit.
. Combourg, au baron
Voilà la liste de 1451 presque complète; il ne manque que la baronn ie
de Retz.

fait au lecteur, il l'oublie tout aussitôt: il écrit cinq lignes
plus bas.
« Précédemment (avant 1451) le rang attribué à la ba­
« ronnie de Pont était sujet à des fluctuations. »
Donc, avant 1451, la baronnie de Pont et de même les
un rang. Contradiction .
autres avaient chacune
Mais combien, avant 1451, y avait-il de baronnies?
Quelques lignes plus bas, M. Puig répond à la question:
il cite des passages du manuscrit de Redon qui se réfèrent à

des chartes (ou assises) de 1057 et 1087, cette del'nière

connue souS le nom de Charte d'Alain Fergent {il.
M. Puig a lu la charte de 1087 dans d'Argentré et dans
à l'un et à l'autre (p. 4) .
D. Morice, puisqu'il nous renvoie
cru à la sincéTité de cette acte, bien que la main du
Il a
faussaire s'y révèle maladroitement. Or la charte nous donne
les noms et le rang de neuf baronnies, et les voici: 1° Avau­
gour, 2° Léon, 3° Fougères, 4° Vitré, 5° Rohan, 6° Château­
briant, 7° Retz, 8° Le Pont, go La Roche-Bernard ... De plus
Ancenis qui, selon quelques-uns, devrait excluant le Pont
prendre la neuvième place (2). .
M. Puig admet, comme nous verrons, Ancenis et le Pont;
mais lequel ? Pont-Château ou Pont-l'Abbé? Il ne se pose
(1) M. Puig aurait-il vu la charte de 1057 ? J'en doute puisqu'il ne cite
pas l'auteur qui l'a donnée. C'est Le Baud (Hist. p. 201-202).
Le Baud intitule ainsi la charte: {( Acte qui est rapporté à la fin d'un
les anciennes coustumes de Bretagne et appa­
livre manuscript contenant
roist escrit il y. a plus de II 1 cents ans. )
il se trompe. 11 écrivait après 1498; et la charte n'avait pas
En quoi
La preuve c'est qu'elle donne pour baron le sire
deux siècles d'existence.
de la Roche-Bernard et Lohéac : or le premier qui ait pu avoir ce double
de la Roche-Bernard qui épousa Hermine, héritière de
titre est Eudon
Lohéac, en 1298. Voilà la marque du faux.
ou traduction de la charte de 1037. (Les
Cette charte est une imitation
neuf bm'on1ties, LXIII.) Les deux sont pre~que identiques. En 1057, le
Pont est nommé le 7" ; en 1087, le 8" ; mais toujours au milieu des baron­
nies de l'évêché de Nantes, et en concurrence et alternance avec Ancenis.
(2) Nous avons donné cette liste ci-dessus, p. 80.

pas la question; pour lui le Pont, bien que nommé au milieu
quatre baronnies du pays nantais, est de toute évidence
Pont-l'Abbé. -
Voilà donc les neuf seigneuries énumérées en 1087, au
nombre desquelles Pont-l'Abbé, et leur ordre dans lequel
Pont-l'Abbé tient la huitième place. Comment donc, l'auteur
disait-il tout à l'heure, qu'il n'était pas question du nombre
et du rang des baronnies avant 1451 ? .. Poursuivons ....
P. 11, M. Puig écrit: « Le baron de Pont signe, en 1365,
barons de Bretagne, en 1366, etc. ».
comme un des neuf

Imaginations! Lisez les textes, vous reconnaîtrez aussitôt
que le sire de Pont comparaît à ces actes comme seigneur
de Cornouaille, au même titre que l'évêqve, les sires de Ros-
madec et du Juch et le vicomte du Faou (1).
P. 13. « Son titre de banneret devait le placer dans les
, neuf premiers barons près du .duc. Or, aux Etats de 1386,
CI. nous le trouvons après d'autres gentilshommes bacheliers,
« le vicomte de Rohan et de Léon.... le sire de Rieux et
« d'Ancenis .... » Il ne vi.ent qu'en dixième rang. « Le haut
« baron se plaignit-il, ou le duc lui rendit volo,ntairement
« (spontanément) justice ? .. Aux Etats de 1387 à Rennes (2),
« nous le trouvons mentionné à son rang de banneret,' et la

(1) Modce, Pro 1. 1603-1604 et suiv. (11 août 1365).
M. Puig dit qu'il signe après l'évêque, « c'est-à-dire deuxième après le
duc. » C'est vrai; mais pomquoi ? Parce que les signataires, l'évèque de
Cornouaille, les sires de Ponl, de Rosmadec, du Juch, le vicomte du Faou,
de leurs possessions maritimes!
'sont rangés dans l'ordre géographique
M. Puig nous montre le sire de Pont signanl comme l'un des neuf

hauts barons ces actes: 1 Lettres du 25 février 1335 sur les fouages.
Pro l, 1604). Erreur. La lettre n'est signée que pour le duc en
(Morice,
faveur du sil'e de Laval; 2° nouvel impôt SUl' le clergé de Cornouaille;
- 3° droits sur les poissons, fromenls, etc. Ces deux actes n'en font qu'un .
Pl'. 1 lG03-160i) ; 4° lettres données à l'abbé de Redon
(Morice,
(Morice, Pro 1. 1608) signées par le duc en son conseil. Donc l'acle cl u
li août 1:365 seul porte le seing du sire de Pont. '
(2) Lisez Vannes. Les Etats de 1487 sont célèbres: ils se terminèrent
par l'attentat du duc sur le connétable de Clisson .

« Chronique de Saint-Brieuc
le place après le sire de
(( Quintin ___ . )) A quel rang?
« C'est-à-dire au cinquième
c( rang. » (p. 4).
Erreur ! J'ai sous les yeux la Chronique de Saint-Brieuc
(Pr. 1. 59) : Pont-l'Abbé vient après Quintin; mais Quintin
est à la neuvième place et non plus à la qtbatriè'l1'w, comme
en 1386 : donc Pont-l'Abbé est encore à la dixième place.
P. 5. (( Mais depuis la donnée de ces assises (de 1057 et
(( 1087), les titulaires de ces seigneuries (les neuf baronnies
«( nommées dans la charte de 1087) avaient rendu des ser­
(( vices plus ou moins considérables, dont il y avait à tenir
« compte. Le droit de préséance était déplacé; et la mesure
' « prise aux Etats de Rennes (lisez Vannes) en 1451 s'impo-
(( sait afin de bien délimiter l'ordre donné aux chevaliers-
(( bannerets dans les cérémonies ducales .... (1) (c Toutefois
« le duc crut utile de créer les trois nouvelles baronnies de
(( Derval, Malestroit et Quintin .... (2)

(1) Chevaliers-bannerets trois nouvelles baronnies .. _. nouvelle preuve
de la synonymie des mots banneTels et barons_
(2) 1\1. Puig a mis en note ?e la page 6 ces créations de baronnie~ :
« 1 Par acte cl u 19 mm 14;:>1, en fa vcur de Jean de Laval (IJsez de
Derval , ;
« 2° En faveur de Jean de Malestroit, sire de Largoët, par acte du n
mai 1451 ; .
c( 3° En faveur cie Tristan, sire ,comte) de Quintin, par acte du 22
(lisez 23) mai 1451 ; , .
« 4.0 Rétablissement cie la baronnie de Lanvaux, en faveur d'André de
Laval, sire (et maréchal) cie Lohéac, le 17 janvier 1485, lire le '2-'1 mars
1 ~(j3. (Lobineau, lI'ist .. p. G90, et Morice, Pr. III. 4·80. note marginale).
Le 4 janvier 1!l8.) (8G n. s.), le duc fait don à Louis de Laval, seigneur
de Chatillo'n, du rachat dû à raison du décès de son frère Lohéac. (Lobi­
neau, H-ist . p. 755.) Il était donc mort avant le 17 janvier 1485 (1486, .
n. s. '. La baronnie avait été du consentemen t de Lohéac transférée à
Louis II cie Rohan, sire de Guéméné, par acte du n septembre 1485.
lMorice, Pro TIl. 48 ) La date donnée par M Puig (17 janvier '1485
(1 H~(j n. s ) est celle de l'hommage fait au duc par le nouveau baron;
« 5° Erection de Coëtmen le 5.septembre l·Hl? (lisez 6 septembre) ;
« Go Erection de la Hunaudaye, le 6 septembre.
Les deux érections sont du même jour; si celle de Coëtmen avait élé
d'un jour anlérieure, le duc n'amait PLI donner le pas à la Hunaudaye
sur Coëlmen (Moriee, /'1'. III ?i5 l-j5,») .
.M. Puig a omis l'érection d'Avaugour, dit prernièTe baronnie de Bre­
Lagne, par acte du 1!t septembre [ l18U (Moricc, /)1' . III 368-370) Mais il
nommera celle baronnie un peu plus loin (p. 1U et '2U)
Voilà hiel1 des inexactitudes.

Voilà qui est bien clair ! Pierre II n'a qu'à replacer le
droit de préséance, à établir un ordre nouveau entre les '
baronnies; mais, sauf les trois « qu'il croit devoir créer »,
les baronnies ne changeront pas et resteront au nombre de
neuf, au nombre desquels Pont-l'Abbé.
M. Puig va nous montrer toute autre chose!
P. 4. « Voici, d'après plusieurs documents que j'ai con­
« sultés à la Bibliothèque nationale, un abrégé de l'ordre
« de préséance accordé aux barons du Pont aux Etats ... ; »
« les neuf barons déclarés anciens sont par ordre:
Rochefort, Monfort, Pont-l'Abbé,
Ancenis, Chastillon, Pallais {2}. l)
Derval et Rougé (1), Quintin,
Montafilant, Combour,
Comptons Derval et Rougé pour une baronnie. Voilà
pourtant dix baronnies au lieu de neuf; et, de toute .néces-
sité, il nous faut ajouter à cette liste déjà trop longue, une
des trois baronnies créées à la veille des Etats de 1451,
Malestroit. Voilà donc onze baronnies au lieu de neuf!
Sur cette liste figure Châtillon qui ne peut être que Châ-
tillon en Vendelais, simple châtellenie sous le fief de Vitré;
Châtillon n'a pas été baronnie même avant 1451. Or, laissant
le pas à Châtillon, Pont-l'Abbé figure en rang bien modeste,

le neuvième.
Encore ce rang ne lui appartient-il pas! D'après ses lettres

d'érection, Malestroit a rang avant Quintin qui précède
à la
Pont-l'Abbé. Donc l'addition nécessaire de Malestroit

(1) Rougé lbaronnie avant 1)51), fief de la baronnie de Châteaubriant
(non admise par M. Puig) ne fut plus que bannière après 1451. La sei­
gneurie passa en 1400 à Derval; et le baron de Derval réclame pour
Rougé la première bannière, en contestant ce titre à Pont-l'Abbé, Etats
, de 1462. (Morice, P1'. III. Il.)
('2) Apparemment le Pallet, ancienne mais médiocre seigneurie du comté
de Nante~, baronnie avant 14')1, ct qui est entrée dans la composition du
marquisat de la Galissonnière, en Ifi ·j~. Céo[j. féocl. p. 103. .

liste recule Pont-l'Abbé au onzième rang. Voilà donc
Pont-l'Abbé exclu des neuf baronnies par M. Puig' lui-même,
comme en réalité le Pont en fut exclu par Pierre II ! '
Mais le seigneur de Pont-l'Abbé aurait mauvaise grâce à
se plaindre. Il est exclu du hanc des barons et refoulé au
banc des bannerets en trop bonne compagnie, avec les plus
grands seigneurs de Bretagne, le vicomte de Rohan et Léon,
le comte de Laval, sire de Vitré par sa mère et de Château­
briant du chef de sa femme, etc.
La vérité est que sur cette liste, sauf les trois baronnies
nouvelles créées par Pierre II, il ne. se trouve qu'une seule
baronnie, Ancenis, déclarée ancienne aux Etats de 1451.
En sorte que la liste donnée par M. Puig est une révéla­
tion : elle dément le dit;tum latin que M. Puig ne semble
pas connaître, la charte d2.Alain Fergent en vertu de laquelle
Pont-l'Abbé aurait été baronnie, dès 1087, enfin la décla-
ration de Pierre II en 1451.
Qu'est-ce donc que cette liste? C'est une liste quelconque
de seigneurs, barons, bannerets et simples châtelains, qui
semble postérieure à l'an'née 1400, date de la réunion pour
un temp's de Derval et Rougé. Non ! cette liste a été
composée par M. Puig (lui-même nous l'apprend) « d'après
plusieurs documents de la Bibliothèque nationale. ))
Quels documents ? Nous serions curieux de les connaître,
non pour aller les consulter, mais pour en écarter les cher­

cheurs que nous renverrions allX procès-verbaux des Etats
de 1451 et 1455. (Morice, Pro II. col, 1564 et 1670.)
Cette liste est une nouvelle surprise. Combien de personnes

en Bretagne qui n'ont jamais ouvert uue histoire de Bre-
tagne ont entendu pourtant la fable des neufbaronnies avant
1451, et M. Puig dresse une list~ de onze! Les mêmes ont
entendu parler de ce procès interminable entre les deux
baronnies de Léon et de Vitré, à propos de la présidence

des Etats; et M. Puig n'admet pas les seigneurs de Léon
et de Vitré au nombre de ses anciens barons !
, Et qua.nd Pierre II, de propos délibéré, et', quatre siècles
et demi après lui, M. Puig, par inadvertance, ont destitué le
seigneur de Pont du titre de baron qu'il avait la veille des
Etats de 1451, M. Puig écrit (p. 5) : « De là cette dénomi-
« nation de haut baron ou bar-on ancien, sous laquelle figu-
reront désormais les barons de Pont. »
Eh ! non! Et c'est le seigneur de Pont qui dément ici M.
Puig. En 1451, en 1455, en 1462, Jean II du Pont et de Rostre­

nen répond à l'appel de son nom comme banneret; il se met
à récllimer avec une insistance dignd d'une meilleure cause
la première place au rang des bannerets; et il meurt s_ ans
l'avoir obtenue. Son fils Pierre répond aux Etats comme
banneret; et, restant banneret, voit monter au rang des
barons trois des compétiteurs de son père à la première

bannière, François de Bretagne, seigneur de Clisson, devenu
baron d'Avaugour, et les seigneurs de la Hunaudaye et de
Coëtmen qui vont devenir barons (1).
Et la preuve authentique de son erreur, M. Puig doit la
voir: elle est dans les lettres du roi Charles VIII sollicitêes
par Hélène de Rohan, veuve de Pierre, et érigeant la ba-
ronnie en faveur de son fils, en 1492. On ne crée pas ce qui ,
existe déjà (1). -
Voilà en abrégé ce que nous avions à dire de la théorie
des neuf baronnies anciennes de Bretagne inaugurée par

(1) On voit combien il est inexaèt de dire avec Puig (p. 4) : cc Tous les
barons du Pont apportèren t la même intraitable ténacité dans la revencli.
cation de ce titre (de ba l'on). » .
(1) M. Puig a fait allusion à cette création « vers 1494 )J, diL il, page
- 173, des' Bigoudens. Dans Les chevaliers bannerets, il n'en est plus question.
M. Puig parle de l'acle de 14.91 comme d"une sor Le de confil'mation de

la baronnie: il s'agit pien d'une création en 1'192. Ci-dessus, p. 1-16 .

M. Puig. Mais que d'autres erreurs dans les Chevaliers- .
bannerets !. .. Je ne signale qu'un point:
M. Puig a écrit dans sa préface (p. VIII) : « J'ai tant glané,
{( tant peiné, que je défie quiconque de pouvoir refaire une
« chronologie (des barons de Pont-l'Abbé) plus exacte que
(c celle ci après ... »
Nous acceptons le défi;
et un jour nous proposerons -
à l'appui
avec preuves quelques rectifications à cette
généalogie.
TRÉVÉDY,
Ancien P1'ésùlent du Tribunal civil de Quimper .
(A suivre.)