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Bulletin SAF 1898


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Le Mobilier artistique des églises bretonnes

Chanoine J.-M. Abgrall

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LE MOBILIER ARTISTI UE DES ÉGLISES BRETON
Les monuments de pierre, églises, chapelles, clochers,
porches; etc., que j'ai mentionnés et succinctement décrits
dans une notice précédente, ne sont pas les seules choses
qui constituent les richesses d'art de notre Basse-Bretagne.
Il y a une foule d'autres créations qui décèlent le talent et
le génie inventif des gens de métier dans le temps passé,
et qui entrent dans le mobiliel' et la décoration . de nos
édifices religieux. Faisons-en la nomenclature rapide pour
les passer ensuite en revue et en faire une brève description.
Car pour un travail complet, il faudr'ait établir un inventaire
détaillé de tous les monuments du diocèse en décrivant par
le menu toutes les œuvres qui s'y rattachent.
Ce qui fait l'objet de notre étude aujourd'hui, ce sont:
Les autels et retables, jubés, chancels et clôtures de
chœurs, stalles, portes sculptées, chaires à prêcher, poutres
et corniches historiées, statues, groupes, bas-reliefs, niches
à volets. sépulcres de N. S., cuves baptismales et baldaquins
de fonts-baptismaux, tribunes et bufIets d'orgue, bénitiers,
tombeaux, vitraux, tableaux, bannières, croix de procession,
calices et pièces d'orfèvrerie, châsses et reliquaires .

Autels et retables .
Si nous nous occupons d'abord des autels en pierre, nous
en trouverons assez peu qui aient été conservés; la plupart
ayant été remplacés par des autels en bois ou englobés dans ,
des coffres de cette matière, à l'époque où est intervenue la
mode des grands retables à colonnes inspirés, semblerait-il,

Jes geandes compositions et des majootuellx frontispices
D'ravés en tète des in-folio édités au XV[ e et au XVII e siècle.
On peut citee cependant la table de l'autel de la chapelle
absidale de la cathédl'ale de Quimper, portant encore une
inscription commémorative de sa consécration en 1295 par
l'évêque Alain Rivelen; l'autel dll fond du chœue de la
Saint-Pol, avec ~ix autres rangés à l'extérieur
cathédl'ale de
de la clôture duühœur, puis deux dans la première çhapelle
latérale du côté nord, tous du xv siècle. Au Folgoët on en
compte huit d'une tI'ès grande J'ichesse de sculptul'e, éga-
!ement du XV sièclé, cinq en ligne droite adossés au 'mur
ol'iental, deux sous le jubé, et un aux fonts-baptismaux. Le
maître-autel de GoulveR. est remarquable par sa large frise
et par la banderolle qui eourt sur ses arcatures.
feuillagée
A Melgven, un joli autel en gl'anit fin de Scaër porte cette
inscription: Lan. mil. JIIlC TIIIxœ IX. (1489) V. et D. (J . le.
Manchec. p. fist-f'aire. ceste.
A u maître-autel de Penmaœ'h l'ancienne table est con-
servée, meSllt'ant 5 mètres de longueul'; à Saint-Jean­
Balanan, de Plouvien, on a déposé il y a quelques années la
magnifique table du maître-autel, mesurant 4 mètres, et
servant maintenant de degeé sous la balustl'ade. Signalons

encore un autel SUl' c.olonnettes, du XIVe OU du xv siècle,
dans le collatéral midi de Pont-Croix, et un autre très
simple, du XVIIe, adossé à un pilier près du porche dans
l'église de Plougasnou et portant cette inscription: SANT:
SACRAMANT.
Arrivant aux autels et retables en bois, il faut faire observer
qu'on en trouve bien peu d'exemplaires datant de l'époque
gothique. A Goulven, un autel latéral porte .des arcatures
flamboyantes et des bas-reliefs dans son coffre et SOB petit
retable.
Le superbe retable de Kerdévot est un travail dans le

style du xv siècle, provenant d'Anvers. A Brennilis, un

retable d'autel secondaire, Ol'né de scène~ de rh'stoire de la
Sainte-Vierge, a tous les cal'actèl'es d'une œuvre de ]a fin
de la période ogivale, malgt'é les colonnet.tes .tol'!-ies du xvn
siècle dont on ra affublé. Il en est de même du retable de
l'autel de N. D. à Bodilis, qui fonnait Hut1'erois une gr'ande
niche à volets. Egalement le retable de dix mille martyrs de
1 église de Cl'ozongat'de enco,'e LIll reste de traditions
gothiques.
Ma is c'est la Renaissance, Je règne de Louis XIII et celui
de Louis XIV qui nous ont légué le plus d'œuvres en ce
o·enre. En g-énél'alles coffres ou tombeaux d'autel n'olTrent
rien de bien impOl'lant, le t1'avail s'y résume en quelques
panneaux ol'nés d'al'al)esques et encadrés de fortes moullll'es.
Toute la 1'iche~se se repol'te SUl' les gt'adins et spécial ement
les t'etables qui sont de deux SOl'tes : les uns à tOUt'elles,
pavillons et châtelets, enLoat'és et accostés de cal'iatides ou
de colonnettes t01'ses ou can nelées. avec COUl'onnement de
halnsll'ades à fuseaux et de lantet'nons ; les autt'es se com-
posaill de deux~ quatre, six' Olt huit g'I'andes colonnes lisses
011 torses, enguil'landées de ht'anche~ de lauriel' ou de pa m­
de vigne, encadl'ant d~! g'1'ands b'iS-I'eliefs, des gl'oupes'
p,'es
des tableaux, et COllrOtlllél~S par' des t'l'ontons variés ou

des sél'ies de niches fonnant deuxième étage. Quelquefois
les deux genres se trou ven t éll! iés ensem ble, le peti t retable
à tourelles est circonscrit et SIll'l11onté par les grandes
colotlnes; c'est ce qn'on tt'ouve tout spéciah.ment à HoseofT
et à Saint-Jean-du-Doigt, dans cette del'nièl'e église le
tr'avail est en plet're blanche ct en mal'bl'e. ·
Les pl'incipaux retables à tout'elles qui sont à citer sont
ceux de PloaI'é~ Pleyben, LoquefTl'et, Landévennec, Telgruc,
Bl'iec, Elliant, Rosp0l'dell, At'ZHIlO, Comb.'it, Plougasnou,
Locquénolé, Bodilis, Sailll-Sauveur, Ploudit'y, ce dernier
provenant de l'ancienne dwpelle de N. D. des POl'tes fi
Châteauneuf.

Les grands retables à colonnes se trouvent à la cathédrale
de Saint-Pol-de-Léoll, à N. D. du Creisker, Plougasnou,
Saint-Melaine , de Morlaix, Saint- Thégonnec, Guiclan,
Lampaul, Plouvorn, Bodilis, Comanna, Sizun,
Guimiliau,
Loc-Mélar, Ploudiry, Trémaouéazn, Gouesnou, Plabennec,
Plouguerneau, Bl'asparts, Pleyben, Loqueffl'et, Rumengol:
Le Faou, Lopérec, Chapelle de Saint-Sébastien en Saint­
Ségal, Dinéault, N. D. de Châteaulin, Sainte-Marie de
Hom, Argol, Telgl'uc, Locronan, Pont-Croix,
Ménez-
B~uzec-Cap-Sizun, Saint-Tujean en Primelin, Plouhinec:
la Trinité de Plozévet, Penmal'c'h, Pont-l'Abbé et Lambour,
Rosgrand près Quimperlé, Saint-Maurice de Clohars­
Çarnoët et Saint-Philibert de Trégunc.
Jubés.
Les jubés, grandes galeries transversales en pierre ou en
bois, posées à la séparation de la nef et du chœur, étaient
autl'efois plus nombreux dans nos églises.
L'histoire de nos monuments, des traces et amorces
restées dans la maçonnerie indiquent leur existence ancienne.
C'estainsi que nous pouvons savoir que l'on construisit un jubé
. au xvu siècle à l'entl'ée du chœur de la. cathédrale de Quim­
per pOUl' recevoir le reliqnail'e du bras de saint Corentin. Des
escaliers et des passages nous révèlent qu'il y en avait
autrefois à la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon. à Sa:nt-

Michel de Quimperlé, à N. ]). de Kerdévot et probablement
à Quilinen. Désorma is il n'en reste que sept, dont deux en
pierre et cinq en bois . .
jubé du Folgoët est la merveille de la sculpture en
pierre dans notre pays. C'est la découpure la plus fine et la
plus déliée qui ait été rai te dans le Kersanton, formant trois
arcades à redents et guirlandes qui soutiennent une plate~
forme entourée d'une galerie · à arcatures d'un côté et à
quatre feuilles de l'autre. .' ,

Le jubé de Làmbader, 1481, est aus!ilÎ l'expression la plus
parfaite du travail sur bois. Au milieu des fantaisies et des
enchevêtrements les plus harmonieux du style flamboyant,
trouve déjà deux ou I,l'ois panneaux qui sont absolument
on y
dans le génie de la Renaissance.
A la Roche-Maurice nous sommes en pleine Henaiss'ance
ou même dans le style Louis Xnf, et malgré les assertions
de M. Léon Palustre, je trouve bien peu de faiblesse dans
cette œuvre; j'y reconnais au contraire beaucoup d'habileté,
de correction et d'imagination. 1
Pareilles qualités sont à louer dans le jubé de Saint-
Herbot qui offre un plus gl'and développement, vu qu'il se
continue sur les deùx côtés par ' une sorte de chancel en
fermant le chœul'. A l'intérieur est une série de quinze _
clôture
stalles surmontées d'un dais continu Misant saillie de 0 m. 60,

séparées par des accoudoirs très épais et ayant sous les
miséricordes des sujets , fOl't bien sculptés et tous variés. Il
est à croire que cette œUVl'e est à peu près de même-date
que les vitraux de l'église, c'est-à-dire de 1556 environ .

A Berven nous trouvons larnême disposition dans l"en-
semble, mais pas la même pel'fection dans le tl'avail. Les
arcatures en pierre formées de colonnettes cannelées, qui
fel'ment le chœur par devant, ainsi que les clôtures de bois
deux côtés, sont réellement classiques, mais les pan-
des
neaux de la plate-fol'me et du COUl'onnement sont plus incor-
rects, ce qui n'empêche pas cette œuvre d'avoil"grand air
. et grande valeur, SUl'tout si on eonsidère les stalles qui y
sont adossées et qui sont en vérité un travail· d'un excellent
style, grâce aux cariatides genl'e sphinx qui en forment les
separatIOns.
jubé de Sainte-Croix de Quimperlé, placé maintenant
contre le m1lr occidental de la nef, terminé en 1581 sous le
gouvernerI)entde l'abbé Daniel de Saint-Alollarn, est un
magnitique ouvrage en pierre de Taillebourg, où l'on trouve

toutes les finesses et toutes les ingéniosités de la Renaissance,
pilastres couverts d'arabesques déliées, chapiteaux, bustes
gracieux de cariatides, niches à coquilles couronnées de
dais aux pinacles et pyramidions ajourés, statuettes et figu­
rines, dauphins et feuillages d'un gras et d'un g'albe sur­
prenants.
Tout près de Quimperlé, dans la chapelle du château de
Rosgrand, est ' une autre œuvre d'une richesse et d'une
perfection étonnantes. Fant-il l'appeler jubé ou simplement
chancel, puisque ce n'est qu 'une clôture ou cloison ajourée?
Ce tl'avai1 en chêne sculpté se compose d'un soubassement,
d'une colonnade et d'un entablement formant grande frise
et double corniche de couronnement, Chose curieuse et assez
ordinaire à cette époque, l'on y a mêlé d'une manière
ingénue le sacré au pl'ofane, les scène~ bibliques aux sujets
mythologiques. SUl' la face du soubassement on voit l'his­
toire du prophète Jonas et celle du sacl'ifice dAbraham, puis
Mercure, Diane~ une foule de petits génies, faunes, satyres
et nymphes; de l'autre côté, les traits de force de Samson
répondant aux travaux d'Hercule. La colonnade est composée
de huit colonnes entourées de pampl'es de vignes et lauriers,
et de huit balustres cannelés ou torses, au milieu desquels
se trouvent deux statnes allégoriques de la Justice et de
l'Espérance. Dans la fl'ise, encadrés par dix cariatides à
gaînes, trois gl'ands bas-l'eliers représentent l'Adoration
des bergers, l'Aùoration des mages et la Pl'ésentation au

temple. Plus haut, au milieu, le buste du Père-Eternel, et
entre les deux comiches, des bustes profanes.
Chancels et clôtures de chœur .

Lcs arcades ùes tL'ois travées du chœur de la càthédrale
de Saint-Pol-de-Léon sont l'emplies jusqu'à trois mètl'es de
hauteur par un mur plein ell piel'res de taille auyuel sont
adossés les dais ues stalles du côté intél'ieur , et, qui du côté

des ' collatéraux, se t1'ouve orné d'al'cades moulurées, sous
lesquelles s'abritent les petits autels dont il a été déjà pa1'lé
Un point à note1' c'est que, au bout du retable de deux de
ces autels sont percées deux peti tes meur trières biaises
permettant au regard de plonger SUl' le maît.re-autel et de .
suivre la marche des cérémonies dans le chœur.
Autour du sanctuaire on a l'établi une Clôture en colon­
nettes et arcatures de Kersanton. Si elle n'est pas ' la
rep1'oduction exacte, de l'ancienne clôture. elle a du moins le
mél'ite d'avoir été copiée fidélement sur celle qui existe
encore dans l'église de La Ma1'tyre.
Au Folgoët, même disposition qu'à Saint-Pol-de-Léon
des deux côté du chœur~ sauf l'absence des petits autels,
mais les arcades donnant sur les collatéraux sont encore
d'une plus grande richesse. ' "
A Lanmeur, la chapelle des fonts-baptismaux est fermée
par une porte et une fenestI'ation flamboyarit.es qui formaient
autrefois l'entrée du chœur dans la chapelle de Kernitroun .
A Plougasnou l'ancienne porte du chœur se trouve main­
tenant à l'entrée de la jolie chapelle de KOl'icuff.
Non loin de Plougasnou dans la paroisse ùe Guimaëe

se trouve une chapelle dédiée à Notre-Dame-des-Joies, perdue
au fond d'une campagne ignorée. Cette chapelle est en
quelque s:)f'le remplie de belles œUV1'es d'art tant en pein­
tures qu'en sculptures, On y trouve tout spécialement une
clôture en bois fe1'mant le ChCClll' de teois côtés et dont:-les
colonnettes sont d'assez mauvais goùt~ torù1l8s qu'elles sont

en gl'OS tire-bouchons ou en ressort à boudin; mais au-dessus
règne une frise Renaissance de la plus pUI'e beauté, et eom­
prenant une vingtaine de panneaux seulptés et découpés.
formés d'arabesques, gri ffons, g én ies ailés soufflant dans
des trompes, elc.. .
Pour finir . cette sériel signalons la clôture des fonts­
baptismaux de Brennilis, toujours dans le style de la Renai$-

sance, balustl'es tournés et frise recoupée de médaillons
rehaussés de têtes et de bustes,
Stalles,
Les slalles de la chthédrale de Saint-Pol, au nombre de
soixante-dix, . datent de l'épiscopat de Jean de Carman,
, 1504-1514, et de celui de Guy Le Clerc. 1514-1523. Quoi­
qu'elles aient été faites en pleine époque de la Renaissance,
elles sont en très put' style flamboyant, et on n'y sent en rien
l'influeuce de la nouvelle école. Les traditions gothiques
sont absolument vivaces dans le dessin d'ensemble, les beaux
enroulements des deux extrémités·, les découpures des pan­
neaux des dosserets, l'agencement des dais qui la couronnent,
les petits pinacles, les statuettes, l~s sujets variés et bizarres
des accoudoirs et des miséricordes. J'ai déjà mentionné .les
stalles de Berven et de Saint-Herbot; je pourrais aussi
indiquer dans l'église de Pont-Croix quelques-uns de ces
vieux sièges chassés honteusement du chœur depuis de
longues a.nnées et mis en pénitence le long de quelque mm'
de bas-côté .
A Lampaul-Guimiliau, quelques vieilles stalles et d'autres
toutes récentes, faites d'après le modèle ancien, sortent
absolument du commun grâce aux serpents ou monstres qui
leur servent d'accoudoirs, aux pieds en console et aux
cariatides qui les soutiennent et aussi aux médailons et
cartouches qui séparent les panneaux du dossier, Tout près
de ces stalles,aux deux extrémités de la table de communion,

il faut signaler deux griffons ou monstres ailés d'une puis-
sance extraordinaire de galbe et de tout'nure,
Les mêmes modèles ont été imités dans le chœur
de l'église de Saint-Thégonnec, sans atteindre la même
correction; mai~ une· pièce d'une perfection rare qui se
trouve dans cette église, c'est le siège triple à accoudoir et
dosseret à l'usage du célébr~nt et de ses assistants.

Les stalles XVIIe siècle de Sainte-Croix, de Quimperlé,
ont été éliminées de l'église pour' dégager les arcatures de
l'absid'e ; elles ont heureusement trouvé place dans le chœur
de l'église de Riec.
Il m'a été donné de voir quelques-unes des vieilles stalles
de Carhaix, mais c'était chez un brocanteur de Morlaix.
C'est vraimènt dommage qu'elles ne soient pas demeurées
dans leur local primitif, car ce sont des œuvres gothiques
d'un aspect réellement monastique et dignes de cette grave
collégiale.
Portes sculptées.

Quelques églises ont encore leurs vieilles portes en chêne
datant de la construction de l'édifice. A Lampaul-Guimiliau
los cinq portes qui donnent sur l'extérieur forment des pan-­
neaux d,'un assemblag:e ingénieux et solide, elles doivent
remonter' à 1610 ou 1620. La porte de la saCl'Ï'stie est de
1679. A Locmélar, la porte ouest sous le clocher est couverte
de neuf panneaux sculptés en bas-r.elie.fs représe-ntant des
scènes de la Passion de N .-S~ et datés de 1577'.
Les deux portes du porche de Goueznoll doivent re:monter
à 1664, et sont décorées d'entrelacs, de têtes, de chéruhins,
d'anges drapés portant les instruments de la Passion, et
dans les petites niches du haut sont logées les statuettes de
la Sainte-Vierge et de saint Goueznou.

Chaires , à prêcher.
Les principales à citer sont celle de la cathédrale ,de
Quimper, donnant en différents bas-reliefs les principaux
épisodes de l'histoire de saint Corentin, celle de Locronan
retracent la légende merveilleuse du
dont les panneaux
saint patron. A Guimiliau sont représentés les quatre évan­
cardinales: et ]a date
gélistes avec les vertus théologales et

de t677. A Lampanl, les quatre évangélistes et les quatre
grands docteurs d'Occident. Saint-Thégonnec a les mêmes
représentations en huit panneaux, mais dans un style et
dans des cadres d'une richesse qu'on n'a jamais pu espéraI'
de surpasser.
Poutres et corniches historiées.
Dans nos anciennes églises recouve.rtes généralement de
vo·ùtes en bois, il y a profusion de poutres apparentes desti-
empêcher l'écartement des murs et l'effort de la
nées à
charpente poussant au vide. Nulle part l'imagination des
sculpteurs ne s'est donné plus libre champ que dans ces pou­
tres ou tirants et dans les corniches ou sablières qui courent
sous les lambris en berceau. Les poutres généralement sont
saisies à leurs extrêmités par la gueule d'un monstre qui
les serre entre ses gl'andes dents. A Lampaul-Guimiliau, la
subsiste a sur sa face huit bas-reliefs de la Passion
seule qui
et sur le côté opposé l'Annonciation et les douze sibylles.
est N .-S. en croix entre la Sainte-Vierge et saint
Au-dessus
Jean. Autrefois cette église avait une vingtaine de poutres
sculptées, ornées de torsades, de rosaces, de feuillages, de
rangs de perles et de pointes de diamant; et les sablières
étaient aussi richement travaillées. Le tout a disparu lors
de la rél'ection de la charpente. Signalons rapidement les
pontl'es et sablières de Guimiliau, Bodilis, La Martyre, La
Roche, Goueznou, Combrit, Sainte-Marie du Ménez-Hom,
chapelle de Saint-Guénolé, en Ergué-Gabéric. Quelques­
unes de ces sablières sont datées : à L,a Roche, on lit:
Il Rolland, 1559; à Goueznoll : Cet, édifice. fut . faict. au.
temps. de. Ml'. C. Tourance. rect. t615. A la chapelle de la
Vél'Onique, en Bannalec: J. Prima. le. fa. 1605. M. Vincent.
Le. Maont. Et pour montrer que c'est là le nom du cha l'pen­
tier QU menuisier qui a façonné ces bois , il a figuré une

hache et une équeree dans un cal'louehe tenu par des mou ...
tons: ce qui foeme des armes parlantes: le mot breton

maout signifiant mouton.
J .-M. ABGRALL,
Chanoire honorai1'e .
(A s1ûvre.)

.. ........ S---Lh-..