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Bulletin SAF 1898


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Procès-Verbaux

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SEANCE DU 27 JANVIER 1898
Présidence de M. le Chanoine PEYRON, Vice-Président .

.Etaient présents : l\tI~1. le c,hanoine PEYRON,
DU CREST DE VILLENEUVE, LE MAIGRE,
LEPRINCE, FAVE, BOURDE DE LA ROGERIE.
1\1, clu Chatellier, retenu à Carhaix par les fouilles
qu'il fait exécuter dans la nécropole de l'ancienne
cité Romaine recouvertè par la ville actuelle, exprime
à ses collègues tous ses regTets de ne pouvoir assister
à la séance et les assure du plaisir qu'il aura à leur
donner prochainement la primeur de ses découvertes.
Ouvrages reçus pour la Bibliothèque:
Jean Lemoine : La réDolle dite du papier ti'mbré
ou des bonnets 1'ouges en Bl'etagne en 1675. Paris et
Hennes, 1898, in-8

Bulletin de la Société académique de BI'est,
tdme XXII, 1896-1897.
nOS de novembre etdécem bre
Journal des Samlnts,

l'Ouest, nOS de novembre et
Revue historique de
. décembre 1897.
Revue populaire des Beaux-Arts, nO du II décembre
L'ordre du jour ' appelle la nomination de deux
membres de la Commission de comptabilité en
rempla~ement (le MM. Guépin et Senet, décédés.
MM. d~ Crest de Villeneuve et Leprince sont élus,

1\1. UU Cl'e.';~t de Villene/we l'enrl compte de l'étude
de M. Lemoine sur la Révolte du papiel' tlnl,b1'é. Les
membres pré::;ents ~l la réunion s'associent à l'éloge
èru'il fait de ce livre excellent.
lJ. l'abbé Favé lit ensuite une notice sur Un }Jl'ocès­
verbal des pi'ééminences et droits honorifiques li.
Land/'évarzec et à Quillinen en 1648, et le mémoÎl'c
de M. le ehanoine Abgl'all, intitulé: Le mohilier
artistique des églises bretonnes. .
La séance est levée à quatre heures.
Le V ice-Préside nt,
. Chanoine PEYRON.
Le Secrétn ire,
H. BOURDE DE LA ROGERIE .

p_ p .~n • ..
- ~ 1îii .'8. •

'-.. III .. ,,,.

ÉLANGES & CO~IP11ES-RBNDUS

en Bru
La Révolte dite dn des

PAH M. J. LE~IOI:\E.
NI J. Lemoine, tout dernièrement encore arcbiviste du
département du Finistère et Président de notre Société, vient
de réunir en un volume les études déjà parues dans les
..J n:wles de Bretagne, sous ce tilf'e: « La RévolLe dit.e du
papier timbré ou des Bonnets rouges en Bretagne en Hi75 )J.
M. de la Borderie a\'ait en '188'1 déjà publ'é un récit complet
des événements de la haute Bretagllc, mais il n'avait pu donner
beaucoup de détails sur la Jacqu eri e qui avait ravagé une
partie de la basse Bretagne à la mème époque. Depuis lors,
certains cberche\1rs avaient soulevé un coin du roile; à

lVI. Lemoine était réservée la bonue fOI'lune de mettre la main
sur des documents nouveaux permetta;lt cie compléler cette
tragique histoire. II les apporte au public en les faisant pré­
céder d'un tableau rapide des érénemenls tracé cie main de
Illnitre.
La première partie: Hisloriqu e des hénements, est divisée
en six chapitres.
Le premier tra.ite des causes et clu l:araoLère cie la réyolte,

el, de l'èlal dRS sources.

Comme'causes, M. Lemoine indique d'abord l'Edit de lôï3
établissant l'obligation du papier timbré, ceux de J6ï5 concer-
nant la marque de l't\tain et le monopole du tabac. Ils lui
paraissent expliqu er sutnsamment les séditions de Rennes et
de Nantes Pour la première de ces villes la présence des
tl;oupes royales dans son enceinte privilégiée portera rexas­
à son comble. Quant au soulèvement des paysans
pération
bas-Breto ns, il en trouve d'aulre~ causes encore dans la mul-
tiplicité des petites juridictions et les abus commis par les
juges inférieurs et gens de cllÎcan e. Il est certain que J'exer­
cice de la justi ce éta it bien comp liqu é, fort défectueux, et. que
les influences l'entravaient sQLlyent. M. Lemoine insiste par-
le~ vexations l'abituelles dont souffraien1. les
ticuliérement sur
paysans cie la part de leurs se igneurs. Il appuie cette opinion
sur le rapport cie Charles Colbert, frère clu ministre, envoyé_
par celui-ci quelques al1ilées aupRravant pour étudier l'état '
de la proyince qu'on youlait tondre à merci en raison dé sa
prospérité connue.
Nous nous permettrons de iùire beaucoup de réserves
SUI'

en ,ce qUI
les allégations de Charles Colbert., notamment
concerne les accusalions cOlltre la noblesse
brelon ne.
Nous comiendl'ons yolonli ers que
certains seigneul'3 abu-
saient de la corvée, que quelques -uns a\'aient des , habil.udes
d'intempérance, mais il est toujours inju ste de généralise!' .
Nous savons par des doculTIen Is de cette époque que les- paysa ns
cornouaillais, presque tous co lons convenanciers, étaient
pour la plupart da :ls une situation aisée. Enfin nous
connaissons l'bostilité des Colben contre les privilèges de la
Bretagne, défendus avec âpreté par les Etats, et contre les
idées d'indépendance qui em pl~ch rli e;l t enco re <:1 c.efl.t' t'poque

'lJeaucoup cie gentilshommes de servir le Roi cie France. Le
duc de Chaulnes parle bien aussi de la haine des paysans
con lrp, leurs seigneurs, mais Il ne pouvait vis-à-vis de Colbert
les Edits dont celui-ci était l'auteur. Du reste il
trop accuser
y eut en somme peu de manoirs attaqués par les paysans qui
\'isaient encore plus les villes, pillèrent Carhaix et Ponti"y, et
UrH~ ' lecture
s'apprêtaient à saccager Quimper et Morlaix.
al.lenlive de clocuments publiés par M. Lemoine nous a

confirmé dans ce sentimAnt, qui est celui de M. de la Bor­
Les paysans virent surtout dans les gentilshommes les
derie,

agenLs du Roi et du clue de Chaulnes et; suivant Ie111~ langage,
rIes (c gabeleurs )) 11 faut remarq uer que cerüüns seigneurs
maltraiLés par eux étaient notolrement bienfaisants. Notre
conriction est que la révolte assez naturelle eontre les Edits
-du Roi de France prit les proportion~ .. d'une Jacquerie grâce à
la surexcitation de tous les mécon tentements et de tous les
. appétits par des ,meneurs qui pensaient pouvoir profiter du
désordre.
Comme sources, M. Lemoine indique en premier lieu 1'01l-
\Tage de M, de la Borderie; la correspondance administrative
générale « à laquelle, dit-il, se trouvent mêlés à des titres
divers M. Pomponne, secrétaire d'Etataux Affaires étrangères,
qni avait dans son département l'administration de la province
de Bre!.8gne; Colbert pour les affaires de police et l'application
des noU\-eaux Edits; Louvois et Seignelay, en ce qui concerne
la répression des troubles )i ; les comJ.Jtetl et délibMa1ions des
rilles déjà utilisés par M. de la Borderie, M. Ropa'rtz et M.
Luzel; les documents judiciaires nombreux et déjà connllS C'l
parUe par les soins de quelques chercheurs; eertains mémoi-

l'es et récits conteri1porains.

troubles
. Le chapitre second nous entretient des premIers
de Rennes pl'om plement répri més gl'ùce au sang-froid eL ~I
l'énergie du fils du gou.\'erneul', M. de Coëtlogon, qui, ea
J'absence de son père, réunit quelques gentilshommes et
les mutins; de la fermentation de Saint-Malo, où
dispersa
les 2 . .000 marins, sur Je point de partir pour Terre-Neuyp-·
allaient commettre les plus grands désordres sans la sagesse
et. la fermeté de l'évêque de Saint-Malo, M. de Guémadeuc;
des émeutes cie Nantes, de cette femme appelée l'Eveillonlle.
qui y joua un rôle ardent, et de l'arrestation de l'évêque cl po
Nantes pal' les érneuliers.
Le chapitre troisième nous donne des détails précis SUl' III
répression des troubles de Nantes. Le duc de Chaulnes y
arriva le 22 mai, avec Je noU\:eau gouverneu r de cette ville,
le marquis cie Lavardin . Des troupes assez nombreu~es étaient
attendues. Nous voyons tout de suile le duc cie Chaulnes atté-
nuant. dans la mesure du possible la rigueur des ordres CJu'i l
recevait du terrible Louvois. Dès le 28 mai tout était pacifiô
et les bureaux des commis étaient rouverts.
Le duc se rendit ensuile à Rennes et les troupes commen­
à y arriver, mais en t.rop petit nombre. Leur présence
cèrent
exaspéra toute la ville. Le duc de Chaulnes fut insulté. Sa
femme courut de vrais dangers. Il pouvait appeler les troupes
de Nantes et rétablir l'ordre les armes à la main . Il est cer­

tain que la bourgeoisie pactisàit avec le peuple. C'eût été un
vrai massacre. Le duc de Chaulnes défendit aux soldats de
tirer, supporta toutes les insultes et préféra temporiser. 11
résista formellement aux ordres de la Cour remettant à une
époque où l'importance des forces ,dont il disposerait, le
dispenserait de verser le sang.

--- V Il

Dalls le cbapilre qualr'ième, nouS trouvons le commence­
ment des troubles de basse Bretagne, le récit des incidents dc
Ch~lteaulin et de Guingamp, du sac du manoircle la Bouexière
où les paysans recherchaient les gabeleurs, la fermenlation
des environs de Quimper, le soulèvement des gens de Combrit,
l'assassinat de M. de l foyers d'insurrection : les environs cie Quimper et ceux de

Carhaix. Il no'us entretient du rôle du marquis de NeYet,' lieu-
du Roi en remplacement du marquis de la Coste,
tellaut
blessé dans l'émeute de Cbâteaulin, de la mission du Père

Lefort, supérieur du collège des jésuites cie Quimper, chargé
par le duc de Cbaulnes de parcourir les paroisses. des envi-
l'ons de Quimper où il était fort connu; de la rédaction de ce
qu'on a appelé le Code paysan, sorle de programme des
muLins adopté par quatorze paroisses entre Douarnenez el

' Concarneau, déjà publié' pal' M. de la Borderie; de l'arrivée

du duc de Chaulnes à Port-Louis et de quelques troupes à
Quimperlé dont la menace, avec l'action du marquis de NeveL
et celle du Père Lefort, maintint la basse Cornouaille.
Le chapitre cinquième continue l'historique des soulève-
ments de la Cornouaille et particulièrement celui des événe-
ments qui eqsanglantèrent les environs de Carhaix.
M. Lemoine a rlu enfin nous donner une véritabl e biographie
du chef des révoltés, Le Balp, sur lequel on sayaitsi peu de
chose et dont la mort n'était pas connue. Il nous peint admi­
ce jeune notaire royal de 30 ans, fils d'un meunier
rablement
ruiné et voleur, ayant déjà fait toutes sortes de métiers,

commis des faux, détenu successivement dans les prisons d(J
Morlaix et de Carhaix, mais intelligent et énergique, qui avait
pu soule\'er 30.000 paysans et demeurer maître du pays pen-

y 1 Il
danlles deux mois de juillet et d'août.. M 'Lei11oine raconle
s uccessivement les pillages de Carhaix, le sac du Kergoët, les
ravages de Callac, de Langonnet, de Maël-Pestirien, de Ker­
de Pontivy, de Maël-Carhaix, de Lanvenegen
grist-Moellou,
Duault.
Nous sommes arrivés au li juillet. A Hennes une nourelle
-sédition agitait la ville. Les insurgés de basse Brelagne cher­
haient. à s'entendre avec les Hollandais dont les vaisseaux

croisaient sur les côtes. l,a situation était /l:raYe. Mais le duc
Lie Chaulnes avait en ce moment sous la main les troupes
dOlll il avait besoin el il allait marcher sur Carhaix devenu le
seul foyer de l'insurrection. Auparavant il tenta encore d'a­
paiser les esprits par des missions-religieuses et il fut ici
seco ndé par le saint Père ManDoir ainsi que par un mission­
envoyé par l'EYêque de Saint-Malo dont le nom malheu­
naire
clans la correspondance de ce prélat. .
reusement n'est pas donné
Le marquis de Nevet, le marquis de Montgaillard, qui habitait
de Tymeur près de Carhaix, agissaient égalemen l,
le cbâtea u
lant par de bonnes paroles qu'ils faisaient porter aux mutins
qu'en cherchant à réunir autout· d'eux les gentilshommes de
leur région pour organiser une _ résistance. L'un ' et l'autre
entrèrent même en relation avec Le Bâlp et entravèrenl
pl usieurs fois ses projets. Mon tgaillard était à peu près
son chfttea u. Le Balp avait fait prisonniers
prisonnier dans
quelque~ gentilhommes qu'il avait forcés à prendre des habits
{le paysan et qu'il prél.endait conlraindre à sen-il' de chels à
ses bandes. Il voulait que Montgaillard, ancir-m colonel du
l'ég imentde Champagne, prit le comma ndement pour marcher .
sur Morlaix. Montgaillard malgré ses menaces résistait. Le
"Balp, furieux de ces refus et d'avoir été plusieurs fois joué

par lui, allait le faire massacrer ainsi que son frère, quand
ce dernier, saisissant Ulle épée, la lui passa au travers du
corps. Des paysans du Tymellf', fidèles ~l leur m8itre, se
jetèrent ?ans la foule des mutins, qui, démoralisés et pris cie
peur, se déballdèrent. Il n'y eut point cie comba~ ni de mas­
sacre de paysans ainsi que l'ont cru certains historiens .
L'insul'reclion était t.erminée, mais le trouble était encore
grand partout.

Les crimes commis appelaient un cb~Himenl. C'est à celte

tâche que va s'appliquer le duc de Chaulnes.
Le chapitre sixième nous donne de grands détai:s sur la
rt!preS3sion et l'amnistie. M. Lemoine a pris à tâche cie réha­
biliter le duc de Chaulnes accusé jusqu'ici de froicle et impi­
toyable cruau t é. Macla me de Sévigné, pa l' ses plaisé! n i eries
d'un goùt douteux, sur les ch;\timenls infligés aux mutins,
le cluc de ChèHllnes lui·m l~me dans sa correspondance ont
contribu8 à établir cette réput.a lion de bourreau sanguinaire.
Nous n'hésitons pas à clire que nous partageons entièrement
l'avis de M. Lemoine. Le duc de Cbaulnes était dans une
situation extrêmement difficile enlre les ordres sévères ('e
Louvois, la nécessilé de pUllir les meneurs et celle non moins
grande d'apaiser des popuJa lio lls .à la tête chaude, très
surexci lées, que des rigueUl's inutiles n'auraient fait qu'exas- .

péret' cla\'8illage Nous ayons vu les mesures conciliantes qu'il
prit tout d'Clbord pour amener les paroisses à déposer les
armes . En somme la répression pour celle-ci consista à saisir
!es armes, à descendre les cloches, à raser quelques clochers
de paroisses plus compromises et à les forcer à réparer les
dommages causés Il est cerLain qu'on pendit LI il certain
nombre de meneurs Mais la plupart de ceux-ci passère;Jt en:ju-

gement et furent régulièrement condamnés par la Commission
spécial e, que présidait M. de Maril lac, ou par les tribunaux
ordiiwires. Beaucoup d'autres furent simplement envoyés aux
galères. Vraiment le gouverneur de Bretagne pOUl' le Roi de
France pourait-il faire moins après une semblable insurrec­
tion? Nous avons du reste un témoignage irrécusable dans
le jugement du Père Maunoir.qui a\'ait assisté el. collaboré à
la répression et qui éerivait: « J'admirai dans celle expédition

la clém ence et la fermeté, la justice et la sagesse de M. le duc

de Chaulnes Je compris que Dieu eommuniquait le don de
Conseil à ceux qu'il destinait au commandement. »
La rille de Rennes fut, en revanche, cruellement fr.appée.
G.oaa hommes de troupe l'occupèrent et furent logés el nourris
chez l'habitant pendant près d'un mois. Le faubourg de la rue
Haule, principal siège des émeutes, .fut démoli et ses habi­
tant s furent cha ssés de la yille. Enfin, le Parlement fut exilé
à Vannes où il l'es ta de longues années. On comprend facile­
la haine traditionnelle des Hennais contre celui qu'ils
ment
avaient surnommé le ({ gros cochon ».
M Lemoine termine par ces mots qui résument toute sa
pensée sur le rôle clu clue de Chaulnes. ( Ainsi donc, au bout
de quelques mois, la tranquillité était définitirement rétablie
en BretClgne, l'autorité du Roi affermie et l'exécution des nou-
"ea ux Edits assurée. Pour quiconque a suivi arec attent.ion
les di"el'ses manifestations de cette révolLe, il est impossible
de ne pas reconnallre les qualités rléployées par le duc de
Chaulnes en ces circonstances et la gl'aritè des maux. que sa
politique prudente et ferme sut éyiter à la province et au

royaume tout entier. l)

Ln Jeu\ième pelltie du yolume COll Lien 1. les UOCLlll1ents classés
en trois catégories, d'après leur origine et leul' nature: cor­

respondance administralive générale, comptes et délibérations
des villes, documents judiciaires, mémoires et documents
divers.
La première catégorie est de beaucoup la plus importante
el contienL un très grand nombre de lAttres et dépêches.
très précie.uses et pl'écisent nettement les rôles
Toutes sont
du gouvel'l1eur, des agents qu'il emploie, des collaborateurs

auxquels il fait appel ou qui lui offrent leurs services. Citons
en particulier la dépêche du duc de Chaulnes à Colbert
nO LXXX, la lettre de l'intendant de la marine à Brest, du
Seuil, no LXXXLV,' la lettre de l'évêque de Saint-Malo à Col-
bert no XClI!.
Dans la seconde catégorie signalons tout ce qui concerne
l'action du marquis de Montgaillard et la mort de Le Balp.
Dans la troisième, M. Lemoine cite des extraits des gazelles
Lie France, d'A.ms~enlam, de Bruxelles et de Londres sur' les
événements.
On ne saurait trop félicitèl' M. Lem.oine d'avoir profité de son
trop court séjour aux archives de Quimper pour mener à bien
ce travail si complet. Il a pu dans le même temps retrouver
au ministère de la guerre et à la Bibliothèque nationale 11 n
de documents qui n'étaient pas connus et qui
grand nombre
lui ont permis, en complètant l'histoire des événements, de
remeltre au point la figure du duc de Chaulnes que les Bretons
ne sauraient sûrement porter clans leur c::eur, mais auquel il
faut pourtant rendre justice.
Les qualités littéraires de l'œuvre de M. Lemoine ne le

cèden t en rien à sa yalelll' historique et, en lui rendant hOI11-

tnrig~, nolis êXpl'llriollS le ferme espoir que so n réce nt allaché-
ment au ministère . de la Guerre lui· facilitera de nouveaux
tra\'aux qui cO;'lfirmeront la place distinguée prise déjà par
lui parmi nos jeunes historiens.
E. DU CHEST DE VILLENEUVE .

- xut

SÉANCE DU 24 FÉVRIER 1898
Présidence' de M. P. DU CHA T~LLIE~, Président.

Étaient présents : MM. DU CHATELLIER, le
chanoine PEYRON, LE MAIGRE, DU CREST DE

VILLENEUVE, le chanoine ABGRALL,)'abbé FAVÉ,
l'abbé KERUZEC, JENKYN JO~ES, BOURDE DE
LA ROGERIE.
Publications offertes à la Société :
Recueil de la Commission des a rts et monu'ments
la Charente-I n(érieure; bulletin de
historiques de

janvier 1898 .
Revue des Sciences naturelles de l'Ouest; bulletin
mars-avril 1897. -

A nnales de B/'etag nt>; nu méro de janvier 1898 .

Société d'E mulal ion. des Côtes-du-V otd; tome
XXXV (1897) . . "Vl. Bour'de de la Rogerie signale à
l'attention des membres de la Société plusieurs études
contenues clans ce volume qui sont intéressantes pour
l'histoire du Finistère. P. du ChateUier : Explol'ation
sur les montagnes d'A rt'hées el leurs l'il mificalions .

XIV .'
P. Hémon : La Révolution en Bretagne. J'lotes et
dOClunents. François Delaizire (suivi de notes sur
F.-M. Allain de Launay et F. Abgrall). Seymour de
Ricci : Répettoil'e épigraphique de la Bretagne
occidentale et en particuliel' des Côtes-du-N ord.
L'auteur de ce dernier travail annonce qu'il le COffi­
piète ra en ce qui concerne le Finistère par une note
qui doit paraître dans un an. Il est à souhaiter qu'il
reçoive ùe nos confrères les COffiffi unications et les
observations qu'il demande et qui lui permetteont de
dresser un répertoire aussi détaillé et aussi complet
pour notre département que pour les Côtes-du-Nord.
J1.. le Président donne lecture de la lettre suivan te
de M. le Dr A. Corre:

Brest, le 9 février 18\Hl.

Monsieur le Président,

L'éloignement où je me trouve du centre de la Société d'ar-
chéo logie ne me permet pas de suivre la marche de ses travaux
avec .tout le soin et l'intérêt que j'eusse désiré apporter et
(rU~ me paraît comporter la fonction de vice-président.
J'ai donc l'honneur de vous prier de vouloir bien trans­
mettre à la Société ma démission de vice-président, en même
temps que je- remercie mes oollègues pour l'hon neur qu'ils

orit daigné me faire en me décernant ce titre:

Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de m3
considération très dj~tinguée.
Dr A. CORRE.
Les instances les plus pressantes tentées auprès de
notre collègue pour le faire revenir sur sa déter-

mination étant restées inutiles, Al. du Chatellier
exprime les regrets que lui cause, ainsi qu'à nos
confrères, cette détermination. M. le Dr Corre, ajoute-
t-il, est l'un déS membres les plus actifs de la Société.
La part qu'il a prise à nos discussions, ses .intéres-
santes communications insérées dans le Bulletin ont
eu la plus heureuse influence sur le développement
de la Société archéologique du Finistère. En l'élisant
vice-président, nos confrères avaient voulu lui mar-

quer leur affection et leur estime. Tous auraient désiré
qu'il conservât ce titre qu'il Inéritait si bien .
M. du Chatellier propose qu'en témoignage de nos
regrets et de notre constante sympathie, la place de
vice-président abandonnée par lVI. le Dr Corre soit
laissée vacante. NI. du Crest de Villeneuve appuie
. chaleureusement cette proposition qui est admise à
l'unanimité.
lVI. le Dr Corre conservant le titre do membre de
notre Société, A1.. le Président espère qu'il voudra
bien nous continuer l'envoi de ses communications si

appréciées de tous.

- XVI

IIf. l'abbé Pavé lit une lettre de M. ' le Maire de
Carhaix auquel on avait tl'ansmis le veeli émis par la
Société archéologique dans sa séance du 28 octobre
1897. M. le Maire envoie un extrait du registre des
délibérations du ConseiJ municipal, séance du 10
février 1898 :
« M. le Maire donne lecture au Conseil d'une lettre de M.
« le Secrétaire de la Société archéologique du département
« du Finistere et d'un extrait du Procès-Verbal de la séance
« de cette Société tenue le 28 octobre 1897, demandant que

« M. le Maire de Carhaix veuille bien s'intéresser à la conser­
« vation de la section d'aqueduc qui est visible du côté Est de
« la ville et souhaitant qu'une grille protégeât ce reste curieux
« de l'époque romaine contre toute dégradation ou accident
« regrettable. .
« Le Conseil reconnaissan t le bien fondé du vœu émis par
« la Société archéologique du Finistère, déclare qu'il consent
« à ce qu'une grille soit placée près de l'aqueduc en question

« afin de le protéger contre tout accident, mais à la condition
« que ladite Société participera pour moitié dans l'achat et

« le placement de cette grille. »
M. du Chatellier et 1\1. le chanoine f~eyron
observerlt que les ressources de la Société ne lui per­
mettent pas de se charger de cette dépense et proposent
que la délibération du conseil municipal de Carhaix

- XVII

soit tl'ansmisc à la Commission desmonùments histo­
riques qui sera pt'iée de Gontribuer aux frais dont la
ville de Carhaix ne consent pas à être chargée seule.
Cette proposition est acceptée.
NI.. du Cre8l de Villeneuve communique au nom
de la Commission de comptabilité, les comptes de la
Société pour l'année 1897, (Annexe au Procès-Verbal.)
1\1. Hourde d.e la Rogerie lit ensuite une très inté-
ressante communication de M. le Dr Corre : Les
anciennes corporations bl'esloises (suite), les maçons,

les cha}'penLiers et les couvreurs .
M. du Crest de Villeneu1)e lit l'étude de 1'1. Tré­
védy : Pont-l'.4.ùbé et Pont-Chateau aux Etats de
Bretagne.
}f. l'abbé A bg l'all contin ue la lecture de son
mémoire : Le mobilier artistique des églises bl'e-
tonnes. •
1\1. UU G'halclliel' lit une notice de 1'1. A veneau de
la Grancière : Statuette en bronze du dieu Péln,
à Elliant.
découverte
Ni. du Chatelliet observe que l'on ne peut fixer

avec certitude le nom de la commune où a été trouvée
cette fitatuette. Le marehand qui a dit à M. de la
Grancière qu'elle avait été découverte à Elliant a

i;lffirmé à M. du Chatellier qu'eHe avait été trouvée

- XVIII
à Ero'ué-Armel ct à un ' autre client sur le Mont-

Frugy.

La I-iéancc est levée à cinq heures.

Le Président,
P. DU CHATELLIER .

Le Secrétaire,

H. BOURDE DE LA ROGERIE .

- _ rGir:-S

XIX

des Sociétaires

retard.
Exereiee •

RECETTES.

1. Cotisations des Sociétaires pour 1897 ... .
Z. Reliquat de l'exereice 1896 ............ .

3. Mandat préfectoral ................•....
4 •. Vente de 3 tomes des bulletins ......... .
5. Vente de Z collections complètes ....... .

6. Vente de 50 catalogues à 0 fI.'. 75 :37 .cr. 50 ;,

1 grande photographie 2 fI'. 75, 2 pe-

tites 1 fr. 75 : 3 fr. 50 ................ , .
7. Vente de 2 cartulaires.. . . . . . . . . . . .. ..,
8. Souscri ptions pOUl' le buste de M. Luzel
(fin). . . . . . . . . . . . . . . .. .............. 95»
9. Souscriptions pour le buste de M. de la
Ville marqué . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 548»
DÉPENSES .
1. Port de collection de bulletins à M. Loth . 1 65 \ .
2. Payé à M. Beau, directeur du musée, pour \
transports du buste de M. Luze!. . . . . . . 7» \
3. Payé à M. Hector Lemaire, commande du
buste en bronze de M. Luzel .... : .. " 1500 »
4. Payé à M. Le Bras pour 1000 plans auto-
grahiés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53»
5. Payé traitement 1897 à M. Salaün, aide-
bibliothécaire. . . . . . . . .. ............ 60»
6. Payé à M. Le Febvre, libraire, brochage 3468 7,)
de 65 bulletins 1897, à 0 fr. 20.. . . . . . . 13»
7. Payé à M. Coton nec pour impressions
di verses. . . . . . . . . . . . . . . .. ..•..•.... 1546 95
8. Payé aux concierges pour préparation de
la salle des 11 ~éances .... · ..•.. . . ; . . 11))
9. Retenu par le trésorier pour a ffranchisse-'
ment de lettres et bulletins ......... : .
10. Retenu par le trésorier pour ses honoraires
En caisse chez le trésorier ... .
à la caü,se d'épargne ... .
Avoir
Total formant l'actif de la Société ......•.

Certillé par le trésorier soussigné.
Quirnpel', le'25 f~vrier 1898. '

Signé: A. LE MAIGRE.
Vu et approuvé par les membres de la Commissiçlll nommée pa~
le bureau pour procéder à l'examen de la vérification des comptes
de M. Le Maigre, trésorier de la Société archéologique du Finistère.
Quimper, le 25 février 1898.
Le Président,
Signé: DU CHATELLIER '
Les Membre.ç de la Commis,'iion"

: DU CREST DE VILLENEUVE,
Signé

A. LE BRAZ,

LEPRINCE.

- XXI

SÉANCE DU 31 MARS 1393

présidence de M. P. DU CHA TELLIER, Président .

Étaient présents: MM. DU CHATELLIER,
pEYRON, ABGRALL, FAVÉ, DU CREST DE VIL­
'LENEUVE, LE MAIGRE, JENKIN JONES, BOURDE
DE LA ROGERIE.
Ouvrages offerts à la Société:
Annales de la Société historique et archéologique
,de Château-Thien'y, année 1896. .
Journal des Savants, fascicules de janvier et ré­
'vrier 18ç.,8.
Bulletin du comité des sociétés des beaux-arts
,des départements, 1 mars 1898.
Le Clocher breton, mars 1898.
Annales de la Société archéologique de Bruxelles,
tome XII. livraison 1.

Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie,
.année 1897, nOS 1 et 2. ,
Mémoires de l'Acadénûe royale de StochJwlnl,
Revue historique de l'Ouest, livraisons de janvier
·et février 1898. .
Bulletin archéologique du comité des travaux
histol'iques et scient'ifiques, année 1896, 3 livraison.
Mémoires de la Société des Antiquaires de Pi­
cardie, tome XIV; cartulaire du chapitre de la cathé­
.drale d'Amiens.
A veneau de la Grancière: Les rouelles gauloises et
en plomb du i\1orbihan (mémoire pre­
les f'usaïoles
senté au Congrès de l'Association bretonne à Rennes

A. du Chatellier: Evêché èt ville de Kempel~.
,Paris 1888, in-f'.

XXII
, M. Hourde de la Rogerie fait remarquer que plu­
sieurs artides publiés clans des revues étrangères à la
Bretagne sont cependant utiles à consulter pour l'his­
toire de cette province; on lira avec fruit dans les
annales de la soeiét.~ historique d~ ' Château-Thierry
rétude de M, Moulin sur le congrès archéologique de'
1 Morlaix et de Brest en juin -J 896 'èt dans 10 bulletin
, du comité des travaüx historiques le l'apport de M. de­
Lasteyrie sur les fouilles de Saint-Similien de Nantes,
et la notice de M. Maître sur l'église de Saint-Philbert
de Grandlieu.
1\1. du Chatellier donne lecture du passa~:e sui\-ant
d'une lettre qu'il a reçue de notre 'sympathique col­
lègue M. le docteur Corre :
« .... Je crois de mon devoir de rou s témoigner, à "ous et
à la Société, toute ma gratit.ud~ pour la façon dont vous aY(~z
bien voulu recevoir ma démission de vice-président.
(( Non certes, je ne me désintéresscl"ai point de la Sociét ;~ ;
je serai toujours heureux de continuel' arec tous ses membl'e~
des relations sympathiques. »

M. du Chatellier et ses eollèg-uC's remercient M. le
Corre de cette nouvelle assurance de son COl1-
do.cteur
cours. .
lvl. clu (>'o::;t de VillellBUI)(l l'appüI1n qll'~lU mois de'
novembre 1897, la Société a décidé de proposer à la
Société historique et ~rchéologique du Maine l'échange'
de nos publications. Cette demande n'ayant pas reçu
de réponse) M. du Crest de Villeneuve propose qu'on
la renouvelle en rappelant it la Société du Maine qu'en-
1879 elle nous avait adressé une demande analogue,
Cette proposition est adoptée. '
kt. cl'u Chatellier lit une lettre de M. Oartailhae,
demandant des renseignements sLlr des vases en terre
cuite trouvés dans les environs de Quimper et décrits
dans une comn1unication adressée au Ministère de
l'Instruction publique, en 1874, par M. le docteur de­
Girardot, de Nantes. Oes vases étaient à cette époque
conservés à Lorient chez M. Rustuel, économe de­
l'hospice .

XXIII

A\lcun des membres présents n'ayant eu connais­
san6e dl~ cette' découverte, M. l'abbé Abgrall veut bien
se charger de rechercher ce que ces vases sont devenus.
M. du G"re.'~t de VillAnelu;e qui vient de pl'oeéder
au récolement de la bibliothèque de la Société obseryn
devenus Insuffisants. L .. a ~o('.lete deClde ((u une somme
de '1 (JO franes sera consacrée à l'aménagement d'un.
nouveau corps de bibliothèque.
-, :.1 : l'ahbé Goazg'uer1, curé doyen clp Plouescat,
présenté. par M ~1. les chanoines Al~~T~1l et Peyroll"
est admIs c0111me membre de la SoclUte.
JI. du Chatellie)' lit une communieation de ~f. le
comte de Iü~rdrel :

FOUILLE D'UN TUMULUS
situé dans les bois de Keruza,ret (Plouvorn) .

.r i'lI1viel' 18\:l8.
, Ce tumulus mesure 20 ,mètres à sa bClsesur4 mètl'esde'
Au mois de janvier '18~8, j'ai pratiqué dans son dia­
haut.
mètre une large LI'èluchée en suivant le ni\'eau du sol. Près
du centre la terre fut remplacée par un sable blanchâtre,
dans lequel la bêche enfonça profondément: mais nulle trace
de dalle, de pierre ()II de eOllsLïuctioa Après avoir fait isoler
qui formait un rectangle de 2 mètres sur
cet espace sablé
'1 m. 30 enyiron, je fis enlever le sable ayec les précautions
les plus minutieuses. Dans cette fosse, dont les Lerres avoi­
sinantes constituaient les parois, il ne se présenta rien d(~
remarquable avant d'avoir atteint une profondeur de ,1 m. 60.
Alors le sable devînt noirâtre, portant des traces éviden tes de
décompositions animales. Du côté de l'r,st., je recueillis un
débris de maxillaire avec les dent.s; il sa gauche, H petites
pointes en silex, trM régulièrement taillées, agglomérées
comme si elles s'étaient détachées d'un faisceau; à droite'
trois lames en bronze.
Le chef auquel a été consacrée cette sépulture a donc été'
inhumé dans une fosse creusée au ras du sol; près de sa tête'"
orientée vers l'est, ont été déposées ses armes, puis' la fosse'
a été comblée avec un sable de terre dont on retrouve dans

les environs de nombreuses carrières. Mais, comme nOliS,
l'avons déjà dit, la pierre n'a pas été employée pour la

XXIV
construction de ce monument et un simple tertre de gClzon a
protégé pendant de longs siècles les restes du guetTier dont
on a youlu honorer la mémoire .
Comte DE KERDREL .
M. du Chatellier, remerciant M. de Kerdrel de son
. . - intéressante communication, observe que cette sépul­
ture est d'uné construction particulière. Il est surpris
{Ille le corps ne fùt pas protégé; ii n'a pas été trouvé
de pierres, mais peut-être y avait-il des madriers qui
empêchaient l'éboulement des terres supérieures
comme dans le tumulus de Kergoniou, en Guissény,
qu'il a fouillé ayec M. AbgralL Les traces de décom­
popition remarquées par M. de Kerdrel pourraient être
des traces de bois décomposé.
M. de Kerclrel fait don de deux pointes de flèche
-en silex et· d'un fragment de lame de poignard en
bronze trouvés dans cette sépulture. La Société vote
des remerciements au donateur et décide que ces
objets seront placés en dépôt au Musée départemental
d'archéologie. . '
• . Lecture est ensuite donnée des communications
suivantes :
Droits el charges d'un grand voyer de Cornouaille
il la fin clu .YVIP siècle, par M. Villiers du Terrage.
Vieux papiers, par M. l'abbé Favé.
U ne 'montre à Saint-Renan, 24 août 1557.
Pont-Château et Pont-l'Abbé aux états de Bre-
tagne (suite), par M. J. Trévédy.
La séance est levée à If heures.
Le Président,
P. DU CHATELLIEH.

Le Secrétaire ,
H. BOURDE DE LA ROGERIE.

- xxv· -"

SÉANCE

AVRIL

Présidence de M. P. DU .cHATELLIER; Présid,ent,

Étaient présents: ' ,MM. les chanoines PEYRON ,et

TOULEl\10NT, DU CREST DE., VILLENEUVE; .~
JENKYNS JONES, Ch3noine ABGRALL, LE MAIGRE ,

et FAVE. , . , 1

Le procès-verbal de la précédente séance,est adopté
sans observation, et M. le Président dépose sur le
bureau les publicati,onss'uivantes : . '. .
Annales cle Bretagne, livraison ,d'avril. . .
Annuaire de la Société.archéologique de Bruxelles;
La Renaissance des Etucles liturgiques, par M; le
chanoine Ulysse Chevalier. (CongrèB scientifique inte( ... ·
national de Fribourg ep 1897) , . ' " ~ r . ",
Exploration du tUrnulus ç1;e . Kerhué-Rras., ,en
Plonéour-Lanvern, ',par M. ,P. du Chatellier. (Extrait
des Matériaux pour l' histoiTe, primi'tive et natureU~
de l' homme, recueillis sous la d~rection de M. Emile
. Cartailhac.) , . ; : '" . " "
Dans une circulaire, notre confrère M.Le Btaz fait
appel . au concours sympathiquè de la Société ';pour
mener à bonne fin une œuvre qu'il a entreprise , avec
la collaboration et l'adhésion des célébrités de la Bre..,
tagne contemporaine. Il s'agit de monter et d'exécuter,
pour la ' mi-a-oût, à Ploujean, aux portes de Morlaix

- j. XXVI ",
1e Mystère de Saint-Guénolé; un vrai mystère joué
par les descendants ' et disciples' des anciens acteurs
du Moyen-Age retrouvés au pays de Tréguier.
Sur la présentation de MM. du Chatellier et Peyron,
M. ,Georges Guépin, de Quimper, ·est admis comme

sociétaire.

IvI. Antoine Favé, au nom de M. Ulysse Chevalier,
'chânoine' de la primatiale de Lyon, demande 'que la

SOciétë ~éonsente àîaire' l'échange avec la volumineuse
, publicatiori de ' la Société que j'éminent paléographe
dirige sous le titre de Conûté d' histoire ecclésias­
tique et d'archéologie relig ie'use des diocèses de Va-
lence, Gap, nrenoble et Viviei's, à · Roma'ns. L 'é-
change est voté et ' conformément au désir de 1\1. le
chanoine U . Chevalier, il lui sera expédié 'le's années
écoulées de notro Bulletin depuis 1886,
M. du Crest de ' Villeneuve dépose sur le bureau
le rapport d'e comptabilité-matière de la Commission des

finances; ce documen.t sera annexé au procès-verbal.
Le rapporteur ayant exposé l'urgence de faire un
brochage par année des collections du Bulletin men­
suel de nos travaux, la Société décide que ce brochage
doit être exécute dès maintenant.

M. du Crest de Villeneuve soumet, de plus, un
devis estimatif des frais qu'amèneront la réfection et
l'établissement d'étagères à la bibliothèque ' de la
Société archéologique. Ce devis, se montant à 103 fr"
sera' contrôlé par notre confrère 1\1, Abgrall, architecte,

qui voudra bien communiquer son appréciation .
. M . l'abbé Favé résume en quelqùes mots les im-
pressions qu'il a rapportées du Congrès des Sociétés

c ' XXVII "

t;avantes à la Sorbonne, où il a représenté notre As~o.
ciation. , Il promet de les développer plus au long dans ,
un mémoire qui sera inscrit à l'ordre du jour de la"

prochaln9 ,seance. :
M. l'alJbé Abg1'all , dans une yisite archéologique à,
T/'égon t ,, ~~!{ab, entre E3aint-Evarzec et Ergué-Armel "
a eu occasion d'étudier, cI 'ébaucher, en face des ma- ,
par M. Colomb, un plan cIe resti-
tériaux recueillis
tution du cloître et de l'église cles Cordeliers de
Quimper. Cela nous vaut une intéressante communi-
cation qui sera insérée comme-annexe au procès-verbal.
La Société appuie cordialement le vœu que M. Abgrall
adrebso à notre distingué et dévoué confrère M. Ker-

" iler: celui ùe ' le voir opérer la résurrection, le sau­
vetage intelligent de ces restes précieux de notre archi­
tecture locale.
~~f . le chanoine Peyron lit de curieuses recherches
sur les maisons prébendales du Chapitre de Cornouaille
dans la ville-close de Quimper; tout en constatant la
difficulté grande de placer la maison prébendale de
Landévennec, avec certitude, il fait, pour les autres
maisons, sa démonstration sur un plan drossé par lui
avec une précision topographique parfaite. MM.du Crest
de Villeneuve et Toulemont échangent quelques éclair-
issements sur cette matière.

kl. du Crest de Villeneuve donne lecture de la suite
du travail de M. le président Trévédy concernant les
baronnies de Pont-l'Abbé et de Pont-Château.
1\1. le Président remercie M. Trévédy de son inté­
ressante communication ,qui sera insérée au bulletin.

. XXVIII

- AI. du Chatellier donne connaissance des fouilles
fructueuses qu'il a 'pratiquées à Ploneour-Lanvern. Il
exhibe deux· collections fort adrniréos do pointes de
flèches en silex. La Société, félicitant son Président,
le prie de vouloir bien fairo insérer sa .communication
au I3ulletin, ainsi que le plan qu'il a dressé à 1'0cca-
s-ion, d'une de c.os fouilles. .

La séance est lo'vée à 4 houres.

Le Président,

P. DU CHATELLIEr{,

Le .secrétaire,

Ântoin'e FAVE, prêtre, '

i L;: LX . r tIC oc-

- XXIX 'W

ANNEXE· A U PROCÈS-.VERBA~
i" hi ;: .,,! 2(1 :

Messieurs, ' .
Votre commIssion des comptes s'est occupée de la ~érifi·
cation de la comptabiJité-mati.ére et a constaté ce qui SUIt:
. 1° Bulletins de la Société.

Il existait aux archives 39 collections complètes. Depuis 2
ont été vendues, 1 a été offerte à M. Loth, doyen de la Faculté
des lettres de Rennes. Il devrait en rester 36, nous n'en avons
trouvé que 33 . Mais il ya lieu de supposer qu'en cherchant ·
dans les livraisons non brochées, on pourra en établir un
plus grand nombre. Il serait, pour leur conservation, utile 'de
fai re brocher celles que l'on pourra compléter et votre com­
mission émet le vœu que la dépense de ce brochage soit dès.
à présent décidée 'par la Société.
. 2° Anciens plans de Qt.timper. .
Le compte de l'an dernier en porte 121 existant aux ùchi V8S.
Il n'yen a que 120, nous supposons qu'une feuille blanche
qU I se trouve au milieu a pu être prise pour un plan.
, 3° Catalogues du Musée.
A ·· la clôture du dernier exercice il en existait 66 pétit
fo rmat. Il n'yen a plus que 38. Il en a été vendu 28 dont le
prix a été remis par le gardien à votre trésorier.
11 restait l'an dernier 264 catalogues grand format. Il en a
été vendu DO. Il en reste 214. .
4° Photographies du Musée ethnographiq'ue.
Il n'yen a plus entre L~s mains du gardien du Musée.
M. Le Bras, libraire, ·en a en dépôt 3 grandes collées; 8 .

grandes non collées, 13 petites. .
. . 5° Cartulaires de Landévennec.
Le Trésorier a entre les mains 4 exemplaires sur papier de
Hollande, 187 sur papier ordinaire. 2 de ces derniers, qui
fo ut la différence avec les 189 existant l'an dernier, ont été
vendus dans l'année et leur prix porté en recette.
I.e Vice-Président,

P. PEYRON, Chanoine .
La Commission : .
, E, DU CREST DE VILLENEUVE.
LEPRINCE.

A. LE BHAZ.

." xxx '.

MELANGES & COMPTES· REND· US .

UNE PROMENADE A TRÉGONT-MAB . . ,

Dans une notice insérée au Bulletin de notre Société,
volume de 188a, p, :199, M. Bigot, ancien architecte diocésain"
donne la description de l'église et du cloître des Cordeliers de ,
son mémoire en disant que les matériaux
Quimper et termine
• en ont é1é acquis par M. Colomb, ancien conseiller de préfec- .

'. ture,et transportés par lui dans les années 1842 et 1845 en
sa propriélé·de Trégont-Mab, où ils sont complètement oublies
et enseyelis sous les ronces et les folles herbes .
Depuis longtemps j'avais le désir d'aller à Trégont-Mab voir
les débris de ces deux vieux monuments du XIIIe siècle; dans
le courant d',avril, j'ai pu réaliser ce vœu, en compagpie de ,
notre jeune confrère M. ,Gravelotte. Le , manoir de Trégont-
Mab est situé dans la comm:une d'El'gué-Armel, non loin de
Saint-Evarzec, entre le moulin du Lenn-Du et le moulin du .
Pont, par conséquent entre la route de Quimper à Concarne?-u
et la route de Quimper à Bénodet. Il doit ce nom de Trégont- J
Mab (Trente fils), d'après la tradition, à ce qu'une des châte-
laines ql1il'habila avait trente fils. Un jour que la duchesse
Anne, 'dont elle avait été l'amie d'enfance, était venne la voir
en sa tene, ~lIe la pria de vouloir bien s'asseoir à sa table et .
de prendre un repas chez elle. La duchesse accepta, mais à la
condition que ce serait uri repas intime, qu'il ne serait fait
chez les gentilshommes du voisinage et qu'il .
aucune invitation

n'y aurait que la' famille seule, En entrant dans la salle, la ,:
duchesse voit une immense table servie, avec tren te-deux
cou verts; elle se fâche contre la châtelaine et lui reproche
des invitations contre sa défense. Mais, duchesse, .
d'avoir fait
tre.ote 1ils, et tous les jours leurs trente couverts sont mis,
j'ai
et nous mangeons en famille. On dit que la duchesse fut émer-

--" . XXXI - .

- veillée, qu'elle accorda bon nombre de pdvilèges à 'cette légion
cl'enfantset que depuis la terre a gardé le nom de Trégont-Mab .
, Mais' nous voilà loin de n'os monuments. .

. ' M. Colomb qui avait une passion pour les antiquités et les
œuvres d'art, qui a passé sa vie à faire une foule d'acquisi-

tions, à commencer une foule d'œuvres et à ne jamais rien
terminer, voulut rétablir 'chez lui l'église des Cordeliers, du

moins en partie, et cela pOUl' servir de musée, pour loger les
nombreux tableaux anciens qu'il avait collectionnés. Mais ce

qu'il epnstruisit n'était qu'une réduction de l'église dll couvent
'de Saint-François, et mesurait à peine 20 mètres de longueur
au lieu des 40 que M. Bigot attribue à l'édifice primitif; puis
les murs n'ont été mOntés qu'à 5 mètres, la porte principale

les baies des fenêtres sont restées à mi-hau­
est inachevée,

et maintenant de grands arbres poussent entre ces mu­
teur,

railles et finiron t par en faire des ruines en seçonde édition.

On ne peut cependant se défendre d'admirer la belle facture

de cette construction, les pierres de parement sont si fines et
'si bien dressées qu'on les dirait taillées d'hier seulement.

J Cette église commencée et inachevée se trouve à l'ouest de
la maison d'habitation, et à 40 ou 50 mètres, du côté de l'est
dans un bois taillis, on est tout surpris de voir le sol jonché
de pierres œuvrées et sculptées, fûts de colonnes', bases, cha­

de fenêtres, entre lesquels poussent des
piteaux, meneaux
plantes et de vrais buissons.
La première chose que l'on rencontre, à main . gauche à
l'entrée du sentier, c'est une immense fenêtre déposée et

en ordre sur le gazon, avec ses six baies de OmS;)
. rangée
d'ouverture et son magnifique tympan flamboyant, le tout
mesurant 7 ou 8 mètres de hauteur. En suivant le sentier on

trouve sur la gauche bon nombre d'au tres fenêtres, mais de
plus petite dimension, et offrant dans leurs tympans les
dessins variés du XIIIe et du XIVe siècle, trilobes, quatre ..

XXxiI -
feuilles, tels qu'on les trouve au chœur de la cathédrale de
Quimper et à l'église' du Creisker, à Saint-pol-dè-Léon.
Sur le bord même du sentier on voit toute une série de
bases de colonnettes et de chapiteaux avec des fûts cyliri-

driques de Om~4 de longueur sur Omi7 de 'rl~amètre. Ce sont

les restes de l'aneien cloître dont M .. Bigot nous a laissé .un
plan et qui formait un rectangle de '12 mètres sur 20, com­
prenant en tout 76 colonnes, dont quelques-unes disposées en
groupes de trois dans les angles.
Ces chapiteaux dans leur sculpture simple et sobre décélent

admirablement l'art du XIIIe siècle, et si l'on en a fait une
reproduc:tion dans les deux petits passages couverts de la
sacristie de la cathédrale, et aussi dans J'arcature qui orne la
cour de l'évêché, il faut reconnaître que la palme reste au vieux
tailleur de 'pierres qui a su modeler et galber ses -feuilles col­
lantes et ses crochets bien plus harmonieusement que les sculpr
teurs de notre époque. Pareilles quali tés et mêmes caractères se
retrouvent dans la sculpture végétale de l'abside de Bénodet.
Disons en ou tre que tous les chapiteaux du cloître des

Cordeliers .ne se trouvent pas .à Trégont-Mab. Il en existe
cinq ou six au-musée de Quimper; dans le temps on en voyait
un autre à la maison de garde du château de Pratanras, sans
compter qu'il en existe une dizaine au cimetière de Bodivit,
en Plomelin, où ils avaient été transportés par les frères Le

Déan ou par les Bastard de KerguifIinec . . Maintènant cette
propriété de Bodivit appartient à M. René Pocquart-Kerviler,
ingénieur en chef des ponts et chaussées à Saint-Nazaire; et
comme à la mort de M. Colomb il est devenu aussi acquéreur
de Tregont-Mab il lui serait possible de réaliser le projet que
cet amateur fantasque et incomplet n'a fait qu'ébaucher et
ressusciter dans cette campagne la vieille église de Saint­
François de Quimper avec son joli cloître XIIIe siècle. .
. J.-M. ABGRALL,
chanoine honoraire •

XXXUI -

SÉANCE nu 2 SMAI 1898

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président.

Étaient présentfl : MM. DU CREST DE VILLE-
'NEUVE, LEPRINCE, Chanoines ABGRALL et
PEYRON, LE MAIGRE et FAVE.
M. Jenhyn Jones s'excuse par lettre de ne pouvoir

assister à la séance.
Après lecture faite du procès-verbal de la précé-
.dente réunion, M. le Président procède au dépouil­
lement de la correspondance.
La Société des Bibliophiles bretons nous commu­
nique l'appel qu'elle fait aux Sociétés littéraires de Bre­
tagnè à l'effet de les amener à prendre part à un concours
,ouvert à l'occasion du Cinquantenaire des funérailles
de Châteaubriand. Le programme indique comme

.sujetl? :
Poésie: Un poëme en l'honneur de Châteaubriand ..

Prose: 1. Etudier le livre VI des Martyrs. (Ba-
taille des Romains contre les F'fanks.)
II. Etudier le livre X des Alal'tyrs. (L'épisode de

Velléda.)
III. Etude historique et archéologique sur le Châ,..

teau, la Ville et la Seigneurie de Combour.
D'autre part, M. le comte de Marsy, directeur de
la Société française cl' archéologie, adresse à 1\1. le
Président un exemplaire du p'rogramme du Congrès
.archéologique de France, qui se tiendra à . Bourges

du 6 au 12 juillet, avec prière d'exprimer à notre
.société du Finistère le désir de la voir représentée à
Bourges . par quelques-uns de ses membres.

-- XXXIV -
Le Président dépose sur le bureau les publications
suivantes:
Bulletin archéologique du Cornité des , travaux
historiques, année 1897, 1 re livraison.
Recueil de la Commission des arts et monuments

historique,; de la Ch aren te-Inférieure, avril 1898.
Société archéologique de Bordeaux, T. XXI, 46-
trimestre. '
Journal des Savants, livraisons de mars et d 'avril.

Bulletin de la Société d'études historiques et
géographiques de Bretagne, janvier-avril 1898.
Bulletin (n° 3) de la Société d'émulation des
Côtes-du-N ordo -
. Acadén1ie d'IIippone, r éunion du31 mars J 898.
Bulletin d' histoire ecclésiastique et d'archéologie
.1'eligieuse des 'diocèses de Valence, Gap, Grenoble
et Viviers, janvier-iuin 1898, deux fascicules.
, Dans ces différentes publications on peut signaler
les articles suivants :
Journal , des Savants, d'avril: « Le système de la
Tribu », par M. R. Dareste, étude où le docte écri..:
vain nous fait connaître l'ouvrage de Frédéric
Seebohm : « The tribal systen1 ». C'est un tableau
des anciens monuments du droit Gallois où nous
retrouvons des termes qui se rapprochent de notre
idiome d'Armorique, et des détails qui cadrent avec le
peu que nous savons de l 'organisation de nos anciens
clans; à ce titre, il est propre à intéresser le linguiste

et l'historien.
Dans le Bulletin de la Société archéologique de
'Bordeaux, l'attention est attirée ' par trois études de
M. François Daleau, dont une très curieuse, à propos­
des - (1 Gravures sur rocher de la caverne de Pair-
-non-Pa'ir ».

Dans le Bulletin de la Charente-Inférieure, nous

xxxv -
trouvons d'intéressantes recherd1es sur « Les vieilles
enseignes il Saintes », par M. Ch. Dangibeaud, recher­
ches basées sur des minutes de notaire et qui montrent
que nous pourrions facilement en faire autant avec les
mêmes moyens, pour relever les enseignes d'autrefois
dans nos localités bretonnes. .
Le Bulletin de la Société d 'études historiques et
géographiq'ues de Bretagne, qui met à l'étude le
développement de son format, donne une analyse cri­
tique sur la Bretagne (Die Bretagne) , de M. Rüti­
meyer, naturaliste suisse et professeur à l'Université
de Bâle, analyse substantielle et savante due à M. A.
Rainaud; il est intérel;sant de relever les appréciations ·
et les hypothèses de -cet étranger concernant nos

monuments mégalithiques. , .!
A roccasion du procès-verbal, où mention est. faite
d 'une communication de M. le chanoine Abgrall au
sujet . des' matériaux dispersés du cloître et de l'église
des Cordeliers de Quimper, l'attention de la Société

est appelée sur le sort des trois arcades de l'ancienne

église de Penhars. Elles en valent la peine; elles se .

composent de piliers formés de. faisceaux de colonnettes
et surmontés de chapiteaux ayant beaucoup de rap-

port avec ceux de la nef et du chœur de Pont-Croix,
,re ce qui, ainsi que l'expose 1\1. Abgrall, les reporterait
à la fin du 12 siècle. S.ur l'un des chapiteaux on peut
reconnaître une fleur d~ lis héraldique, ornèment que
l'on retrouve aussi à Pont-Oroix, à Languidou et dans .
lte
la petite chapelle du cimetière de Loctudy. Les archi­
voltes à plein cintre qui les surmontent sont aussi

remarquables par leur tracé que ' par leurs moulures;
Lors de la démolition de l'anêienne église, toutes ces
pièces ont été démontées avec soin et déposées
dans le jardin du presbytère, dans l'espoir qu'elles
seraient remontées un jour, comme souvenir de l'ancien

- XXXVI

édifice et comme spécimen d'art religieux. Elles
attendent depuis longtemps déjà qu'on s'occupe d'eUes·
et qu'on leur donne une place au soleil.
Sur la proposition de M. le chanoine Abgrall,
appuyée par M. du Crest de Villeneuve, la Société émet

le vœu que des n1esures Roient prises par qui de droit

pour que ces gracieuses colonnes soierlt conservées et
relevées en lieu convenable.
lM. l'abbé Favé expose les impressions qu'il a rap­
portées du Congrès de la Sorbonne; il profite pour
comparer ce qu'il ya entendu aux études consciencieuses
et solides conservées dans la collection de nos bulle­
tins. Il lit ensuite la communication 'qu'il fit, le 15
avril, à la section d'Economie politique, en réponse à

la 14 question du programme: « Des mesures prises
au XVIIP siècle pour le traitement des aliénés. »
M. du Crest de Villeneuve donne lecture de la ~uite
de l'important travail de M. le président Trévédy sur
« Pont-Château et Pont-l'A bbé aux Etats de B1'eta­
, gne»; les conclusions en sont rigoureuses et, solidement
établies, fournissent le dernier mot sur la question.
M. du Crest de Villeneuve, dans une causerie
nourrie de faits intéressants, fait un tableau de ce
qu'étaient, du temps de nos ducs, la marine militaire
et la marine marchande. Il communique des détails
relativement peu connus sur le Droit de bris, et ter­

mine sa communication ' par l'histoire du convoi, de
s'On organisation, de ses privilèges et de ses services.
La séance est levée à 4 heures.
Le Président,
P. DU CHATELLIER.
Le Secrétaire,

Antoine FAVE, prêtre.

- XXXVII -

SEAN CE DU 3 0 JUIN 1 8 9 8

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président.

Etaient présents : MM. DU 'CREST DE VILLE­

NEUVE, JENKYN JONES, Chanoines TOULEMONT

et ABGRALL, H. BOURDE DE LA ROGERIE, LE

MAIGRE, A. FAVÉ.
Après lecture, le procès-verbal de la précédente
séance est adopté sans observation.

M. du Crest de Villeneuve fait hommage à la
Bibliothèque de la Société archéologique de son
« Essai historique sur la défense des privilèges de
• la Bretagne concernant l'A 'miraulé ».

l'J.. Aveneau de la Grancière, notre confrère,
envoie aussi un extrait de l'importante revue l'A n­

thropo.logie, . contenant son intéressant travail sur

« Le bronze dans le centre de la B1'etclgne Arn10-

rique » (fouilles du tumulus à enceintes semi-circu­

laires de Saint-Fiacre, canton de Baud).
D'autre part, sont parvenues pour la Bibliothèque

les publications suivantes : '
Du Ministère de l'Instruction publique: Comité des
travaux histm'iq ues et scientifiques, année 1897,
2 livraison du Bulletin archéologique et du Bulletin
his'torique; le Bulletin de la section des sciences
économiques et soc.iales.
Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
avril 1898 . .

. XXxVIii-
Bulletin du comité des Sociétés des beaux-arts
des départements, 1 el' juin 1898.

Mémoires de la Société neufchâteloise, 1897 .
Bulletin du Congrès archéologique de France à
Saintes et La Rochelle, 1894. .
Bulletin du Congrès archéologique de France à
Clermond-Ferrand, 1895.
Gazette médicale, nOS de juin 1898. .
. Le prospectus recommandant le Sy lloge epig1'aphica
Rornani, de M. Hector, Ruggiero, et le Dizio­
orbis
nario epigrafico di antichita Romane, sous la direc­
tion du même auteur.

Bulletin de la Société polymathique du Morbihan
(séance du 29 mars).
Revue histo1'ique et archéolpgique du Maine ,

année .1897, 2 semestre.
Revue historique de l'Ouest, mars-avril 1898.

Bulletin n° 4 de la. Société d'é1TIulation des Côtes-

du-Nord. .

Pendant que notre vénéré confrère, M. le présiden t
Trévédy, fournit à nos séances et à notre Bulletin

l'apport considér~ble de ses recherches et de ses

discussions critiques sur les Baronnies de Bretagne,
nous le voyons, d'autre part, contribuer à l'ordre du '
jour de la Société d'émula,tion par un mémoire Sur
la voie roma in e de Coz- Yea udet à A leth, et à la
rédaction de la Revue historique de l'Ouest par la
2 partie d'un app~nclice fort documenté ele son His-
toire du Comité révolutionnaire de Quimper .
Sur la présentation de MM. P. du Chatellier, pré-
srdent et du Crest de Villeneuve, M. l'abbé L. Hol-

- XXXIX-

. land, aumônier de l'école Sainte-Marie, à Quimper, est
reçU membre de la Société archéblogique. .
Le bulletin de la séance du 29 mars 1898 de la

Société polymathique du Morbihan, tenue sous la

marque de c~nfraternelle sympathie que la Société

archéologique est heureuse cIe constater.
En effet, nous y lisons aux communications diverses
que M. lB Prépident rappelait qu'à la séance précé-
dente il avait donné lecture d'une lettre du vice­
président de la Société archéologiqne du Finistère
l'informant que les membres de cette Société avaient
l'intention de placer un buste en bronze de l'historien

du Chatellier dans la salle de leurs séances et espéraient
voir la Société polymathique pr'endre part à cette

souscription. L'extrait suivant du procès-verbal in-
clique quelle suite ' a été donnée à cette eomniuni-

eation.

« 1\1. le Président-dit que le vénérable et savant du
Ct Chatellier a été jusqu'à sa mort membre de notre

cc Société, qu''il s'est toujours intéressé et qu'il a pris

« part à nos travaux. On n'a pas oublié qu'une
cc remarquable étude de lui, sur les Laëùneç, a été
cc publiée dans nos ' bulletins. L'auteur-du livre: La
cc RéDolution en Rtetagne a été, dans notre siècle,
cc un des premiers à collectionner les documents et à

cc les utiliser pour écrire l'histoire de son pays. " A
cc tous ces titres, il a droit à l'hommagg que la Société
cc du Finistère se propose de lui rendre, et la Société
cc polymaihique s'empressera certainement de s'y

«aSSOCIer .

« La Société polymathique du Morbihan approuve
« les paroles du Président et vote une somme de
(1 100 francs, qu'elle met à la disposition de la Société
le du Finistère:, pour contribuer aux frais d'un buste
« en bronze de l'historien du Chatellier, une des
« célébrités scientifiques et littéraires de la Bretagne. »
La Société envoie à la Société polymathique du
Morbihan ses remerciements pour cet hommage rendu
à la 'mémoire du travailleur, dont les recherches et
les efforts font partie du patrimoine ~le nos deux
aSSOCIa t1Ons .
. M. Massillon-R.ouvet, architecte, élève de ViolIet­
Le-Duc, correspondant du Ministère, et nos savants
confrères de Nevers font un appel énergique . au
concours des sociétés archéologiques pour obtenir de
la direction des Beaux-Arts la conservation cl'un
monument du plus grand intérêt historique pour lu
capitale du Nivernais. Il s'agit d'empêcher la démo-
lition « d'un des rares exemples qui nous restent de
« la construction militaire au XIIe siècle et contem­
« porains de la promulgation des franchises 1TIuni·
« cipales de , la cité en 1 H.H }). Ce monument a été
mis en évidence par une publication subventionnéo
par le Ministère et le Conseil général de la Nièvre.
Ce volume richement relié a été offert au Président
de la R.épublique avant son voyage à Nevers, pl r la
n1unicipalité actuelle qui se désintéresse par trop

de la conservation de · ce mur, « une des curio . .,ités
qui pa?' la suite serunt particulièrement visitées
par les étrangers». Le mur à conserver, d'après les
termes Inême de la pétition rédig'ée pour être adressée

XLI -
• au Ministère, est le prolongement d'un c( mur de
cc refend dans l'Hôtel-de-Ville : il ne peut donc
« empêcher de (aire les ouvertures destinées à
cc éclairer.... les walerclnsets qui .~eront créés là;
cc à tous les étages d~ l'Hôtel-de- Ville. »
» Les membres préli,ents à la séancesouserivent à la
pétition et signent d'autant plus volontiers 1 que nos '
Sociétés départementales doivent s'animer du plus
grand et du plus large esprit de solidarité et se porter
seeours à l'oecasion pour disputer aux injures du temps
et à des démolisseurs inconscients, ce qui reste des
monuments du passé. Un des sociétaires fait observer
que ce n'est pas seulement à Nevers, mais même
clans notre pays qu'il faut se tenir en éveil, se concerter,
protester, solliciter l'intervention de l'Administration

supérieure, pour cc genre dè sauvetage dont l'insuccès
est souvent une honte pour le patriotisme local. 'Voyez

. ce qui arrive pOUl' l'ancienne église de Lambour :
sur le rapport de personnages compétents, sur le vœu ,
manifesté par la municipalité cIe Pont-l'Abbé, elle a

été classée par la Commission des monuments histo­

riques. Les GU'ides et les Itinéraires se feraient une

faute grave d'inexactitude s'ils n'en signalaient la
visite au touriste; ct, à plusieurs reprises, nos

confrères ont par de sérieuses études travaillé à mettre

bien en yue ce gracieux monument. Pont-l'Abbé,
déjà dépossédé du beau cloître des Carmes serait
trop à plaindre si disparaissait, abandonnée, condam-

née, sa belle église de Lambour. Et cependant
Lambour serait en voie .de disparaître si on ne l'en-
tretient.

-' XLII

A titre de consultation, M. le chanoine Abgrall
veut bien fournir quelques détails sur cet édifice, sur
son clocher découronné, ainsi que les deux tourelles
octogonales qui l'accompagnent et même les pinacles
qui eu ornent la base. Après avoir
des contreforts
flétri, en bon breton qu'il est, ce vandalisme de
Louis XIV qui, au moment où il faisait construire les
s'acharnait' en
meI'veîlles de Versailles et de Marly,
Basse-Bretagne à décapiter des clochers 'comme ceux
de Lambour, Combrit, Languivoa, pour punir la
paysantaille de sa résistance dans l'affaire du Papier
1imbré, notre confrère nous fait voir, avant l'exécu-
. tian, cette façade de Lambour alors si belle avec son
de deux tourelles, la galerie' en loggia
clocher escorté
qui courait à sa base, sa riche porte et ses deux graves

contreforts. On ~st attiré par cette .façade construite
dans le beau style flamboyant du xvO siècle, et frappé
retour par la constatation, aux bas-côtes nortl et

suel, d'une maçonnerie . de la période romane bien
caractérisée .. Au sud, on retrouve encore la construc­
lion gothique: d'abord une fenêtre mutilée, puis un
joli porche recQuvert d'une voûte très gracieuse dont
la clef est formée par un écu~son ' portant la rose des

Trimic. A l'intérieur, l'édifice est composé d'une nef
et de deux bas-:-côtés, dont deux branches de transept
qui forment la lettre T en prolongeant l'abside par
un n1ur droit. La nef est partagée en ,quatre travées
par trois colonnes de chaque côté. Après avoir décrit
les colonnes et les chapiteaux, M. Abgrall attire l'at-

tention sur les statues d'un fort bon travail qui ornent

l'église.

- xLui -

Nous ne pouvons que résumer à traits rapides
cette exposition faite ' par un maître entendu en la
matière. " . .

La Société archéologique du Fini~tère insiste près
de la Commission des_ monuments historiques pour la
conservati.on de cet édifice dont la solidité est deve­
nue . problématique par suite de l'état de la charpente

qui est ruinée, de la toiture qui s'écroule, des murs
qui, pal' suite, menacent de tomber. La réfection de
la charpente s'impose à bref délai et, par cette réfection
à faire à des conditions relativement peu onéreuses, la
conservation du monument sera assurée.

La Société archéolog-ique ne pouvait se désintéresser
de l'avenir d'un monument classé sur la demande de

la municipalité et après une enquête qui en a reconnu ·
la valeur; aussi, c'est instamment qu'elle exprime le
présent vœu à M. le ministre des . Reaux-Arts. En
l'accueillant, il aura tout droit à la gratitude de

quiconque a souci de la conservation des restes de

l'art ancien en Bretagne.

La Société souhaite l'insertion au Bulletin de la li~te
des monuments historiques classés à ce jour dans le
Finistère; satisfaction sera donnée à cette demande .
M. du Crest de Villeneuve donne lecture de la suite
du mémoire de M. le président Trévédy sur les Baron­
nies de Pont-l'Abbé et de Pont-Château.

M. P. du Chatellier communique à la Société les
résultats d'une enquête archéologique qu'il fit en 1896

Plouescat. Notre Président signale que s'il trouva

quelque déception d'un côté, d'un autre il ne perdit pas

- XLiV-

son temps, et qu'il releva de beaux monuments mégali-
thiques dans l'anse du Kernic : monuments qui d'ici
peu cl 'années, hélas! seront ensevelis sous les sables.

La séance est levée à. f! heures.

Le Présiden t,
P. DU OHATELLIER
Le Secrétaire, .

Antoine FAVE, prêtre.

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL

Par arrêté du Hi juillet dernier, ont été classés au nombre
des Monuments historiques: le Vitrail ('11)39) de la chapelle
de l'église de La Roche-Maurice, et le Jubé en bois
absidale
du XVIe siècle.

, , XLV

SÉANCE DU 28 JUILLET 1898

présidence de M. le Vle DE VILLIERS DU TERRAGE.
Étaient présents: MM. PEYRON, ABGRALL, LE
'MAIGRE, FAVE, JENKYN JONES, DE VILLIERS
DU TERRAGE, DU CREST DE VILLENEUVE,
,LEPRINCE, BOURDE DE LA ROGERIE.
M. Villiers du Terrage, doyen d'âge, occupe le
fauteuil de la présiden.ce. Il donne lecture d'une lettre
M. du Châtellier qui s'excuse de ne pouvoir assister
. à la séance. Il rappelle que les statuts de notre Société
.établissent que le bureau doit être renouvelé chaque
.année à la séance de juillet et fait en conséquence
aux élections. .
procéder
M. du Châtellier est réélu président à l'unanimité .
MM. les chanoines Peyron et Abgrall sont réélus vice-

présidents; MM. Favé, Le Braz, Jenkyn Jones, Bourde
la Rogerie sont nommés secrétaires, et M. Le

Maigre trésorier.
M. BauTde de la Ragerie lit le procès-verbal de
-la précédente séance qui est adopté.
demande de M. de Villiers du Terrage, M. du
A la
·Crest de Villeneuve donne les renseignements sui-
vants sur la question de l'église de Lambourg: « La .
fabrique de l'église de Pont-l'Abbé a voté un crédit,
.. mais le Conseil municipal de cette ville a ajourné sa
décision. Il serait fort désirable que de nouveaux
.. délais n'aggravassent pas la situation de cet intéres-
~sant monument e~ utile d'appeler l'attention de l'ad-

XLVI -
ministration préfectorale et de la commission des:
monuments historiques sur ces déplorables retards,
rien ne justifie, la fabrique et la ville ayant toutes·
que
les ressources nécessaires. Le bureau de la Société,
reconstitué aujourd'hui, est prié de faire toutes les
démarches à cet effet. » Les membres de la Société
présents à la réunion remercient M. du Crest de
Villeneuve de son intéressante publication et s'asso-­
cient au vœu qu'il vient de formuler.
, l'Y!. de Villiers du Terrage lit une lettre dU'
Président et des membres du Comité qui s'est cons-­
titue pour célébrer à Saint-Malo le cinquantenaire de
la mort de Châteaubriand. Ce Comité demande à
notre . Société de bien vouloir contribuer par une­
souscription à supporter les frais de cette solennité.
Après un échange d'observations entre MM. du Crest
de Villeneuve, Peyron, de ' Villiers du Terrage, les­
membres de la Société d~cident qu'ils ne peuvent, a
leur très grand regret, accueillir favorablement cette-
demande. Le but précis de la Société, qui est unique--
ment l'étude de l'histoire et de l'archéologie et les·
ressources très limitées de notre budget nous imposent
le devoir de n'engager aucune dépense qui ne soit pas·

prévue par les statuts.

. Plusieurs revues ont été reçues par M. le Président

depuis la dernière séance:

Journal des Savants, numéros de mai et juin 1898 ..
Bulletin de la Société archéologique de Nantes,..
tome XXXVI et XXXVII (années 1896, 1897).
Rwoue historique de l'Ouest, livraison de mai 1898 ~
Annales de Bretagne, 'numéro 4, juillet 1898.

- XLVII -
Une lettre de M. le Préfet du Finistère demande
M. le Président de lui fournir sur les travaux de

ort
la Société un rapv qu'il soumettra aux membres

du Conseil général. M. du Chatellier, réélu Président,
sera prié de bien vouloir rédiger ce rapport.
M. Bourde de la - Roger'Ïe communique, comme

complément à la ' liste des monuments historiques
insérée dans le dernier bulletin, un arrêté ministériel
en date du 25 juillet qui classe les verrières anciennes
de la chapelle absidale et d'une fenêtre du collatéral
dans l'église d'Ergué-Gabéric.
sud

M. du Crest de Villeneuve lit la note suivante

de 1\1. Trévédy:

(r Me permettez-vous d'appeler l'attention de la Société

sur les lec'hs du cimetière de Plogonnec? Il Y en a là une
collection que l'on chercherait, je crois, vainement
certaine
Il y en a de cannelés qui sont, je pense, une
aiileurs.
de vieux lec'hs du IXe siècle .
contrefaçon perfectionnée
« Autres desiderata.

« Je crois avoir signalé à M. Le Carguet un beau
menhir près du môle d'Audierne disparu aujourd'hui ,
mais marqué sur le cadastre dans le champ dit de ce

nom, champ d'u 'menhir. J'ai entendu dire qu'il y a une
trentaine d'années on a vu dans ce champ surtout aux
abords du menhir une énorme quantité de dents humaines.

Elles doivent y être encore. Ne verriez-vous pas un intérêt
à vérifier le fait? .
({ J'ai signalé aussi une longue inscription sur une
du pignon de la chapelle de Sainte-Cécile, route
pierre
de Briec. L'inscription intéressa vivement Luzel auquel

je la montrai. Elle est renversée et nous ne .pùmes
songer à la lire.

XLVIII

« Il y ' a au Guelem, mêmes parages, sur l'ancienne
voie romaine, une borne milliaire enlevée du Penit y
(ancien embranchement des deux voies de Brest et de
Morlaix). Brisée en trois, . elle sert de poteaux de barrière.
Elle m'a été offerte à la condition de donner d'autres
en granit. Elle doit porter une inscription
poteaux
bien dans votre musée
aujourd'hui enterrée. Elle serait
Si j'étais resté à Quimper, je l'aurais réunie
lapidaire .
à l'auguipède du Guelem.
cc J'aurais voulu rechercher aussi les débris du cavalier
de son cheval qui doivent être dans un talus construit
Guélem, il y a aujourd'hui une quinzaine d'années. )

Lecture est ensuite donnée des communications
inscrites à l'ordre du jour:
M. l'abbé Favé: Bourgeois et gens de rnétier à
Carhaix (1670-1700).
M. du Crest de Villeneuve: Pierre tombale
découverte en l'église de Saint-Louis à Brest .
M. Bourde de la Rogerie: Prise de Carhaix en
1590 (document inédit). .
La séance est levée à quatre heures et demie"
Le Président,
vte DE VILLIERS DU TERRAGE .

Le Secrétaire,
H. BOURDE DE LA HOGERIE .

- XLIX-

,y SEANCE DU 25 AOUT 1898

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président. ·

Etaient présents : MM. les Ohanoines PEYRON et

ABGRALL, Vicomte DE VILLIERS DU TERRAGE,
AVENEAU DE LA GRANOIERE, BOURDE DE LA
HOGERIE, Abbé ROLLAND, LE MAIGRE, A. FAVE.

Après la lecture du procès-verbal, adopté sans
observation, }.II. du Chatellier, réélu Président,
adresse à ses confrères les paroles suivantes :

Messieurs,
de vous remercier de la haute marque de
Permettez-moi
sympathie que vous m'avez donnée en m'appelant de nouveau
à la présidence de vos séances. J'en suis très touché, croyez-

le bien.
Il m'est particulièrement agréable de rappeler le zèle avec
lequel chacun de vous a apporté ici pendant l'année qui vient
de s'écouler, le résultat de ses recherches. Vos travaux
, assurent à notre Société un des premiers rangs parmi les
Sociétés départementales d'étude. Je ne puis, Messieurs,
que vous demander de continuer cet empressement auquel
vous ne faillirez pas, j'en suis certain.
Votre cordialité et la volonté que chacun met à suivre
le cours des études vers lesquelles il se sent porté me
rendent la tâche que vous m'avez confiée facile et nous
permettra d'arriver, je l'espère, â la fin de l'année que nous
commençons avec un ensemble de communications non moins
remarquables que celles de l'année terminée.

Que ceux de nos collègues qui, moins heureux que valls,
Messieurs, ne peuvent assister à nos séances, me laissent
leur demander de resserrer les liens qui les unissent
à nous en nous adressant des communications qui seront
toujours accueillies avec empressement. N'ont-ils pas, .du
reste, en cela, l'exemple de quelques-uns des membres de
cette Société qui, par leur éloignement, ne peuvent que
rarement, ou même jamais, venir s'asseoir au milieu de
nous, dont les travaux remarquables tiennent une grande
' place dans nos bulletins. J'espére que, répondant à mon
appel, ils voudront bien le suivre,

Les membres présents à la reumon
saSSOClent
pleine.ment à ce vœu de leur Président.
Sur la présentation de ' M. P. du Chatellier et de
M. 1e chanoine Peyron, M. l'abbé RouIl, curé-archi­
prêtre de Saint-Louis, de Brest, est reçu membre. de
notre Société.
M. le Président donne ensuite lecture du rapport
annuel qu'il a envoyé à 'M. le Préfet du Finistère, '
à l'occasion de la Session d'Août 1898 du Conseil
général, snr les travaux de la Société archéologique
pendan~ l'année 1897. Ce document Fiera annexé au
présent procès-verbal.
M. l'abbé Guiriec, vicaire à Mellac, a fait présenter
par M. le chanoine Peyron un fragment de poterie
samienne recueilli à Feunteunyou et qu'il veut bien
offrir à notre Musée. Des remerciements lui sont votés,
ainsi qu'à M. Peyron qui a fait ressortir d'avantage,
dans un bon dessin, les traits fort classiques de cet
intéressant échantillon de céramique ancienne.

M. le Président communique une lettre reçue par'
lui de son confrère, M. le chanoine Pottier, Président
de la Société archéologique de Tarn-ct-Garonne. Il

::Ill
informe notre Association que nos confrères du Midi

doivent nous faire V!/site, du 8 au 9 septembre, et
lle
mettent, soup notre patronage, le séjour qu'il doivent
faire à Quimper. .

En réponse à la lettre de M. le président Pottier, il
est déclaré que les membres disponibles de notre
1t Société se tiendront, à la date indiquée, à l'entière
disposition de leurs confrères du Tarn-et-Garonne,
le pour leur faire les honneurs de Quimper et con~racter

avec leur Société d'amicales et précieuses relations
e bien profitables toujours entre les associations scien-
tifiques de la province .. (1)
Publications déposées sur le bureau :

Rapport de M. l'archiviste départemental présenté
au Conseil général du Finistère, dans sa session

d'août 1898. .
Lettte ouverte à M. Loth, doyen de la Faculté des

Lettres de Rennes, par M. du Chatellier.
Revue historique de l'Ouest, juin-juillet 1898.

Liste des membres titulaires, honorifiques et non
résidants du comité et correspondants du Ministère de

l'Instruction 'publique, 1898.

(1) Les excursionnistes du Tarn-et-Garonne ont été reçus à Quimper et
on trouvel'a annexé au procès-verbal un rapport SUl' l'accueil qui leur a
été fait.

Comité. des travaux historiques et scientifiques:

discours prononcés à la séance générale du Congrès
de la Sorbonne, le 16 avril 1898, par M. Darlu, et par
M. ,Alfred Rambaud, Ministre de l'Instruction publique.

"Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
juillet-octobre 1898.
N°S de juillet et d'août de la Gazette médicale.
Bulletin de la Société des A ni'iquaires de Picardie,
, année 1897, nO 4.
Recueil de la Commission des Arts et Monuments
historiques de la Charente-Inférieure et Sociél~
archéologique de Saintes, juillet 1898.
M. le Président donne communication d'une lettre
de M. le Ministre de l'Instruction publique et des
Beaux-Arts l'informant que la réunioT! annuelle des
Sociétés savantes, se tiendra à Toulouse, en 189V,
pendant la semaine de Pâques. Le texte des mémoires'
présentés, ou l'analyse de leur plan et sujet, devra

être parvenu au 5 Bureau de la Direction de
l'Enseignement supérieur, avant le 20 janvier pro­
chain .
A cette lettre étaient joints dix exemplaires du '
programme que M. le Président met à la di~position

des membres de la Société.
M. Favé donne lecture du travail de M. le docteur
Corre sur la confrérie de Saint-Elme, les calfats et
charpentiers de Brest. Des remerciement sont adressés
à l'auteur de ce substantiel mémoire.

-, LIlI

NI. le vic01nte de Villiers du Te1'rage est félicité

sante cl 'une pièce qu'il a découverte à la Bibliothèqup­
nationale. Ce document ouvre la voie à des investi­
(l'ations laborieuses et est rempli de renseignements

d'un grand intérêt local.
M. le Président lit ensuite des notes de M. du Crest

de Villeneuve sur deux pierres tombales conservées
aU château de Kernuz. Notre confrère y apporte un
grand talen t de cri tique et son érudition héral­
dique. Il pose des jalons pour amener sur ce sujet
obscur, des conclusions que la Société attendra
impatiemment. '

La séance est levée à 4 heures.

Le Président,

P. DU CHATELLIER

Le Secrétaire,

Antoine FAVE, prêtre.

- LlI-
Comité. des travaux historiques et scientifiques:
discours prononcés à la séance générale du Congrès
de la Sorbonne, le 16 avril 1898, par M. Darlu, et par
M. ·Alfred Rambaud, Ministre de l'Instruction publique .

.. Annales de la Société d'archéologie de Bruxelles,
juillet-octobre 1898.
N°S de juillet et d'août de la Gazette 'médicale,
Bulletin de la Société des Ant-iquaires de Picardie,
année 1897, nO 4.
Recueil de la Commission des Arts et Mon umen ls
historiques de la Charente-Inférieul'e et Société
archéologique de Saintes, juillet 1898.
M. le Président donne communication d'une lettre
de M. le Ministre de l'Instruction publique et des

Beaux-Arts l'informant que la réuniofl annuelle des
savantes, se tiendra à Toulouse, cn 189\},
Sociétés
pendant la semaine de Pâques. Le texte des mémoires

présentés, ou l'analyse de leur plan et sujet, devra
être parvenu au 5 Bureau de la Direction de
l'Enseignement supérieur, avant le 20 janvier pro­
chain .
A cette lettre étaient joints dix exemplaires du
• programme que M. le Président met à la disposition
des membres de la Société.
M. Favé donne lecture du travail de M. le docteur
Corre sur la confrérie de Saint-Elme, les calfats et
charpentiers de Brest. Des remerciement sont adressés

à l'auteur de ce substantiel mémoire .

LIlI -
NI. le Vic01nte de Villiers du Te1'rage est félicité

par ses confrères de la communication · fort intéres­
sante d'une pièce qu'il a découverte à la Bibliothèque
Ce document ouvre la voie à des investi­
nationale.
laborieuses et est rempli de renseignements
()'ations

d'un grand intérêt local.
NI . le Président lit ensuite des notes de M. du Crest
de Villeneuve sur deux pierres tombales conservées
château de Kernuz. Notre confrère y apporte un
grand talen t de cl'Ï tique et son érudition héral­

dique. Il pose des jalons pour amener sur ce sujet
obscur, des cQnclusions que la Société attendra
impatiemment.
La séance est levée à 4 heures.
Le Président,
P. DU CHATELLIER
Le Secrétaire,
Antoine FAVE, prêtre.

-' LIV , , - '

ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
RAPPORT

du Président au Préfet du Finistère sur les travaux
de la Société A rchéologique pendant l'année 1897.

Monsieur le Préfet,
Par ' lettre du 27 juillet dernier, vous voulez bien me
demander le compte-rendu des travaux de la Société archéo­
logique du Finistère pend-ant l'année '1897, pour être présenté
au Conseil général. Votre demande témoignant l'intérêt que
vous portez à notre ' Société, j'ai l'honneur de vous en
remerCIer. '
Le nombre des membres de notre Société est de cent
une des Sociétés départe­
trente-cinq; c'est, sans contredit,
les plus nombreuses. Leurs noms portés sur la liste
mentales

générale de ses membres vous permettront d'en apprécier la
notoriété et le mérite. Vous y trouverez les noms de plusieurs
du département.
Conseillers généraux
En outre nous échange'ons nos publications avec tren te-
quatre Sociétés savantes, parmi lesquelles sont plü$ieurs
étrangères ayant une place considérable dans le
Sociétés
monde savant.
Nos réunions ont lieu une fois par mois. En hiver dans une
salle de la Mairie, mise gracieusement à notre disposition par
Monsieur le Maire de Quimper, en été dans une salle du
Musée. ,

Après chaque séance paraît un bulletin donnant les ]ll'oc'ès­
verbaux et les lectures faites ,aux séances.

pour que vous jugiez de l'importance de nos travaux, il me
suffira, Monsieur le Préfet, de vous en donner l'énoncé tel
que je le trouve à la table des matières du volume que notre
Société a publié à la fin de l'année 1897.
Table des pièces annexées aux procès-verbaux en 1897
1° société des études historiques et géographiques en Bretagne.
2° Généalogie de la maison de Saisy de Kerampuil, par Mm, la
comtesse de Saisy.
3° La poterie aux époques préhistorique et gauloise en Armorique,
par M. P. du Chatellier, ouvrage couronné par l'Institut de
France, au concours des Antiquités nationales. (Etude critique
, M. le docteur A. Corre.)
sur l'ouvrage par

4° Rapport de la Commission de c0111ptabilité .
5° Graphium trouvé à Tronoën, en Saint-Jean-Trolimon, note de
M. P. du Chatellier.
. 6° Explorations sur les montagnes d'Arrhées et leurs ramifications,
par M. du Chatellier. (Etude critique sur cette publication par
M. le docteur A Corre.)
7° Communication d'une lettre de M. ' le Ministre de l'Instruction
de la Sorbonne. .
publique, relative au Congrès
8° Notice sur une statuette trouvre à Berrien en 1861, par M. P.
du Chatellier.
Table des mémoires et documents publiés en 1897
I. Les anciennes corporations brestoises. Les chirurgiens
M. le docteur A. Corre.
et les apothicaires, par
Cabbaye de Daoulas, par M. le chanoine Peyron.
III. Corrections et additions à la note intitulée « Pèlerinage
», par M. le président
des Sept-SailJts de Bretagne
Trévédy.
IV. Légendes et traditions de Basse-Bretagne (suite), Saint­
M. l'abbé Antoine Favé.
Tugdual pape, par
V. Chartes inédites de Locmaria de Quimper, 1022-1336, par
.M. Arthur de la Borderie, .membre de l'Institut.
VI. L'abbaye de Daoulas (suite), par M. le chanoine Peyron.

-' LVI

Alain de Guengat, vice-amiral de Bretagne, 1526, par M.
VII.
E. du Crest de Villeneuve .
VIII. Documents sur la maison du Fou, par M. E. du Crest de
Villeneuve .
IX. Les anciennes clocbes de paroisses et leurs inscri ptions,
M. A. de Bremond d'Ars.
par
X. L'abbaye de Daoulas (suite), par M. le chanoine Peyron.
XI. Les enfeus de l'église de Loctudy, par M. G. Puig. .
XII. L'abbaye de Daoulas (suite), par M. le chanoine Peyron.
XIII. Note sur les inbumations de laïques dans l'habit religieux,
par M. le président J. Trévédy.
XIV. L'ancienne marine. A propos et autonr d'une lettre
anonyme écrite à M. Hector, chef d'escadre, comman­
dant la marine à Brest, 1780, par M. le docteur A. Corre.
XV. Noël, par 1\'1. H. Le Carguet.
XVI. Sur la baronnie de Pont-l'Abbé, par M. le président J.
· Trévédy. '
XVII. Documents relatifs à la maison du Fou, par M. E. du Crest
de Villeneuve.
XVIII. L'abbaye de Daoulas (suite), par M. ~e cbanoine Peyron.
XIX. Sur la baronnie de Pont-l'Abbé (suite), par M. le président

J. Trévédy.
XX. L'île de Sein aux temps préhistoriques, par M. H. Le
· Carguet.
XXI. Les grandes époques de l'architecture religieuse en Basse-
Bretagne, par M. le cbanoine Abgrall. .
XXII. Séances et travaux de la Société archfiologique d'Ille et­
M. l'abbé
Vilaine perdant les trois dernières années, par
Antoine Favé. .
XXIII. Note sur l'église de Loctudy et la question des templiers,
par M. E. du Crest de Villeneuve .

XXIV. Sur la baronnie de Pont-l'Abbé (suite et fin), par M. le

président J. Trévédy.
XXV. Le souterrain de Rugéré (Plouvorn, Finistère), par M. le
comte de I{crdrel.
XXVI. L'abbaye de Daoulas (suite et lin), var M. le chauoÎne

Peyron.

LVII -

XXVII. Séances et travaux de la Société archéologique de Nantes
pendant les trois dernières années, par M. l'abbé A.
Favé.
XXVIII. Analyse du bronze d'un celt armoricain, par M. le docteur

A. Corre.
XXIX. Documents relatifs à la maison du Fou (suite), par M. E.
du Crest de Vîlleneuve
XXX. Documents inédits (vieux papiers), par M. l'abbé A. Favé •
Tels sont, M. le Préfet, les titres qui rerommandent
la Société archéologique du département du Finistère,

à tous ceux qui ont souci des études intellectuelles. Ses tra-

du monde savant, ne peuvent
vaux, justement appréciés
je l'espère, d'attirer votre attention bienveillante
manquer,
que celle de MM. les Membres du Conseil
sur elle, ainsi
général, qui, je n'en doute pas, lui feront une part dans le
budget départemental. .
Veuillez agréer~ Monsieur le Préfet, l'expression de ma
considération distinguée. .
Le Pr'ésident de la Société archéologique du Finistàe,
P. DU CHATELLIER,

Lauréat de l'Institut,
I{Cl'l1UZ, ~g Juillet 19U8 .

- LVIII -

ÉLAN GES & COMPTES -REND US
La Société Archéologique de Tarn-et-Garonne à QUimper

Pendant la semaine pascale dernière, à la Sorbonne, au
moment de quilter Paris, je recueillis un « Au revoir! » qui
me laissa tout pensif, puis sceptique comme l'on se trouve lors­
de projet d'une réalisation problématique.
qu'on entend parler
M. le chanoille Ulysse Chevalier, l'éminent paléographe et le
vieil ami de M. Léopold Delisle venait de me dire: qu' « aux
», ses confrères de la Société archéologique
grandes vacances
de Tarn-et-Garonne seraient venus nous faire visite à

Quimper et qu'il se promettait d'en être. Je fis part à nos
confrères, dès mon retour, de cet agréable propos, de ce
projet d'une exécution si difficile.
Après tout qu'un Montalbanais ballotté par les exi­
gences du service administratif vienne échouer sur les
bords de l'Odet, passe encore, mais ce qui dépassait les
bornes de notre imagination, c'était de nous représenter
à l'esprit u ne collectivité d'u ne vingtaine d 'indi vid us vail-
chez nous, de là-bas, alors que
lants et savants venant
Quimper est si loin de Montauban. Nous Bas-Bretons, nous
De considérions que la distance de Quimper à Montauban,
tanctis que nos confrères n'envisageaient que le voyage de
Montauban à Quimper. Il est vrai qu e le point de vue et le
point de départ influent fort souventsur les décisions humai­
nes. Nos confrères du Midi aYClient pour stimuler les timides
et les indolents, un Président infatigable et habile à planter .
du cœur au ventre des autres, selon la pittoresque expression

- LIX-

de nos pères. De plus cette Société avait, depuis plusieurs
son programme des'excursions annuel­
années, introduit dans
les d'études, excursions que M. le chanoine Pottier qualifie
très heureusement de « manœuvres d'automne » de la savante
compagnie qu'il préside.
Le 28 juillet, ce dernier adressait à ses confrères archéolo­
gues une invite chaleureuse à s'entendre pour orienter ces
grandes manœuvres dans la direction du Nord-Ouest de
la France. Ce document était rédigé avec un entrain admirable
et montrait l'érudit bien connu doublé d'un adepte inspiré du
du « gai savoÙ'». Oyez vous-mêmes et admirez cet appel
empreint d'un certain lyrisme.
« A travers la Saintonge et l'Aunis, disait-il, nous gagnerons
« la Vendée, avec le regret de ne pouvoir pénétrer dans le
« Bocage. Nous allons au pays des Celtes et des Kymris,
« terre de la fidélité,
« Où le sol a gardé les antiques d6bris,
« Et l'âme des aïeux anime encor les fils.

« Peut-être réveillerons-nous la chanson des bardes endor­
« mis auprès des vieux dolmens et entendrons-nous frémis-
« santes les harpes suspendues jadis aux portes des demeures,
« dans les bois de l'Armorique.
« Arrivant en vue de la Normandie, nous n'hésiterons
. « point à saluer à nouveau le Mont-Saint-Michel et Tombe­
« laine. Qui résisterait à l'attrait de « la Merveille ll, de la
« plus grandiose et la plus intacte des œuvres bénédictiQes ?
« Tout en rencontrant, pour y prier, le sanctuaire de
« S::lÏnte-Anne-d'Auray, et,. pour les admirer, plus de dix
« cathédrales, des églises en grand nombre, beaucoup du
« XVe siècle, des ossuaires, des cal vaires, vrais mystères
« cie la Passion vivants dans la pierre et faisant défiler tOl:1te
« la Bretagne clu XVIe siècle; ' tout en visitant de curieuses
(1 illÇ\isons; 'des palajs, des !orterèsses médiévales, des mon~-

(l ment.s mégalithiques, des ports de guerre, de riches musées,
( nous suivrons les côtes de cette terre de granit, qui finit
« dans l'Océan, déchiquetée en immense promontoire. )i
En août, notre Président reçut une lettre de M. Pottier,
J'informant de l'arrivée de la docte caravane pour le vendredi
!) septembre. Il y était dit de façon fort aimable: « Ce sera
ve satislaction pour nous de pOU'l)oir établir des rela­
. ·une vi'
tions avec des archéologues que nous regrettons de ne pas
mieux connaît1~e, nos sociétés n'étant pas à mo·n grand
ngret en échange de publications. J'espère que cette lac'une
Sfwa comblée .. .. »
Le lundi 29 août, eut lieu le départ de Montauban, avec
étapes à Anger~, Le Mans, Vitré, Rennes, Dol, Saint-Malo,
Saint-PoI- de-Léon, Brest.
Dinan, Morlaix,
Dol, quelques excursionnistes battirent en retraite sur
des affaires urgentes ou harassés
Montauban rappelés par
la fatigue dll voyage. A Brest, M. Pottier avait remanié
par
son plan, à cause de l'encombrement où allait se trouver
on n'était plus sûr de s'assurer des logements,
Vannes :
des grandes manœuvres de la Division militaire.
par suite
Nous vîmes donc nos confrères de Tarn-et-Garonne arriver
dès le jeudi soir au lieu de vendredi qu'ils étaient aUendus .
Le télégramme qui nous annonçait cette modification au
programme prim)tif nous_ causa une vive déception, car nous
étions ainsi pris au dépourvu, et se trouvait nécessairement
la soirée que nous voulions offrir à nos
décommandée
conh~ères du Midi dans une des salles de notre Musée
archéologique: En effet, d'accord avec notre cher Pré-
siden t, nous 110US occupions de réunir les éléments d'une
des membres des deux Sociétés; au pro­
réunion intime
gramme : causerie, projections et musique bretonne. Notre
le chanoine Abgrall qui aime la Basse-Bretagne
confrère,
avec une ardeur et une foi qui édifierait même un mécréan t,
songeait à présenter. des projections lumineuses des plus

LXI --0'
belles richesses monumentales du Finistère, puis, on avait
fait choix de cinq ou six mélodies nationales authentiques,
vraiment anciennes et vraiment bretonnes qui eussent été
chantées par des Bretons tout aussi authentiques.
Et hélas! nous n'avons pas la consolante ressource de nous
promettre que ce sera pour une autre fois!
En tout cas, M. le président Pottier et ses compagnons,

à la descent.e du dernier train venant de Brest, le jeudi
8 septembre, trouvèrent pour les saluer notre vice-pré­
sident, M. le chanoine Peyron, M. H. Bourde de la Rogerie
et celui qui a le plaisir de rédiger ce compte-rendu. On se
• rendit à l'Hôtel de France, où à la hâte, on arrêta les détails
du programme du lendemain. Nous dûmes nous féliciter et
nous réjouir lorsque nous apprîmes que la journée d~valt
s'inaugurer par une visite à Kernuz. .
De bon matin, on prit. le train pour Pont-l'Abbé: nous
avions fait une précieuse recrue, celle du susdit cha,noine
Abgrall, le meilleur mentor dans la circonstance, un précieux
dictionnaire à compulser en route pour obtenir tout rensei­
gnement précis, exact et satisfaisant. La Basse-Bretagne,
pendant le trajet, fl'aternisa sans peine avec la Gascogne, et
nous constations que nos conf l'ères gasçons sont aussi affables
que nos compatriotes bas-bretons, à l'occasion.
A la gare de Pont-l'Abbé, nous voyons 1)otre responsabilité
de guides s'alléger: nous reconnaissons sur le quai notre
Président, et nous nous sentons plus forts, mieux armés,
pour ne pas tromper la confiance de nos hôtes. .
Deux voitures attelées de rapides trotteurs nous attendrnt.
On visite l'église des Carmes de Pont-l'Abbé, on y admire sa
magnifique rosace, mais le temps presse; il faut être d.e retour
à la gare pour le train de dix heures et quelques minutes.
A Kernuz, nos confrères se déclarent émerveillés par
l'aspect général du site et du noble manoir, mais surtout
par la réception cordiale de M. du Chatellier qui en fait les

" LXll- ,

honneurs. Ils sont charmés à l'inspection de ·ce musée qui
restera la gloire des ~eux savants bretons qui l'ont fondé, qui
leur méritera toujours la reconnaissance du pays à l'hisloire
duquel ils ont contribué en en sauvant les documents.
Chez les Anglo-Saxo.ns, les écoles de science supérieure son t
de luxuriantes campagnes, loin du tumulte
installées dans
des villes. A Kernuz, ' au cel1tre 'de ce musée si complet,
ne manque-t-il pas· une chaire d'enseignement, et dans
un professeur, pas autre que M. P. du Cha­
cette chaire
tellier, chargé d'un cours de Bretagne préhistorique,. dont il '

se tirerait à l'admiration de tous, grâce $ ses qualités de clarté
et de précision didactiquès ?

Avec une compétence consommée, M. le chanoine Pottier
attire l'attention sur l'importancp capitale des principaux
de ces riches collections, et · établit un lumineux
articles
eux et les découvertes et trouvailles
. rapprocbement entre
la région du Sud-Ouest.
faites dans
Mais il est temps de sonner le ralliement et nos confrères
du Tarn-et-Garonne, après avoir inscrit leurs noms sur le
registre ouvert aux visiteürs, montent en voitures pour
le train, accompagnés de notre Président.
reprendre
le trajet de Pont-l'Abbé à Qui:nper, on s'entretient
Pendant
beaucoup des caractères ethnographiques curieux du costume
du type « bigouden »: on interroge, on rapproche les
renseignements reçus et on prend force notes: Le bigouden,
le point est à élucider, est-il, en définitive, un descendant
des Phéniciens, ou bien des .-t rlJernes, lisez Auvergnats,
ou bien encore toute autre chose?
la gare de Q~imper, on retrouve M. le chanoine Peyron

qui nous conduit directement à l'Evêché. Après les saluts et
présentations, Monseigneur Valleau adresse aux archéologues
de Tarn-et-Garonne d'aimables souhaits de bienvenue. Notre
vénéré Président d'honneur, qui est du métier, dirige
lui-même la visite à travers le palais' épiscopal, fournit des

. -- LXIIi -
indications et des appréciations écoutées avec le plus vif
intérêt. Nos confrères de Gascogne 'partent sous le charme
d'une affabilité dont ils se promettent de garder le souvenir
comme un des meilleurs de leur voyage chez nous.
On se rend ensuite à l'Hôtel de France où on partage un fra­
de bonne humeur et arrosé du Cidre
ternel déjeuner assaisonné
du pays, que quelques-uns de nos hôtes du Midi coupent d'eau
de Seltz. On se rassemble, on visite le musée archéologique
la belle galerie de tableaux du musée communal. On
examine ensuite la cathédrale, en détail, sous la direction
de M. l'abbé Peyron, comme toujours, le plus obligeant des
ciceroni et le moins rébarbatif des érudits.
Après avoir parcouru quelques rues, examiné quelques
on est de retour à
vieilles maisons d'un cachet original,
l'Hôtel pour fermer les malles et boucler les valises.
Vers quatre heures, on se sépare et nous souhaitons bon
voyage à ces chers confrères de Montauban, dont nous
enregistrons les noms, sauf erreur: .
MM. Fernand Pottier, président de la Société depuis 31 ans;
Méla de Cabarieu, ancien sous-préfet de Brest, vice-président;
Dumas de Rauly, archiviste du département; Buscon, avocat
au barreau de Montauban; de Gastebois, ancien secrétaire
de la préfecture de Toulouse; le baron Yzarn de Cap­
général
deville ; Moron, architecte; le docteur Constans; Arthur de
Costes ~ Fourmant; Barthe; Dulès ; l'abbé Laborie, professeur
au séminaire; Vernhes.
Quand un fils de notre Armorique part aux pays lointains
pour défendre l'honneur du drapeau, au moment de la sépa­
il a le cœur gros de quitter la vieille grand'mére: se
ration,
verra-t-on encore? Et la pauvre aïeule cassée par les années,
le chagrin, penchée sur l'épaule de son petit-fils lui
brisée par
dit: kenavo ! au revoir! hélas, elle ne croit pas à ce bonheur
en ce monde qui est si grand, mais elle ajoute
désormais,
un correctif touchant dans sa sublime simplicité:
aussitôt

Kena·vo .. " el' Baradoz ! .tu 1'evoir ... , au Paradis!
Et nous aussi, avons-nous grand espoir'de nous revoir ici?
Voilà pourquoi, Messieurs les archéologues de Tarn-et-
nous vous disons: Kenavo er Bal'adoz !
Garonne,
, Ce vœu est émis dans la langue des vieux celtes, et venu du
pays des Celtes, il vous sera agréable, comme une -gerbe
d'ajonc fleuri et de bruyère rapportée du pays d'Armor.

Abbé Antoine FAVE,
Secl'étaiTe de la Société aTchéologique du F'inislàe .

LXV

SEANCE DU 27 OCTOBRE 1898 '

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président .
Étaient présents: MM. les chanoines PEYRON et
, ABGRALL, vicomte DE VILLIERS DU TERRAGE,
abbé FA VÉ, DU CREST DE VILLENEUVE, .TENKYN
JONES, LE MAIGRE.
1\11. Bourde de la Rogerie, obligé de s'absenter pour
son service, s'excuse par lettre de ne pouvoir assi~ter
à la séance. .
Lecture est faite du procès-verbal de la séance du

25 août 1898. Celui-ci est adopté Rans observation.
M. l'abbé Favé donne lecture du compte-rendu de
la visite , de la Société archéologique de Montauban
dans le courant du mois de septembre dernier. Cette
Société, qui est ainsi entrée en relations par la per­
sonne de plusieurs de ses membres les plus distingués
avec notre Société, a d~mandé l'échange des bulletins
à la suite de cette visite. Elle a déjà envoyé ses bul­
letins de 1897. Les mêmes, de notre Société, devront
lui être adressps.
Publications reçues depuis la dernière séance: .
Bulletin de la Société scientifique çl'Aix.
Histoire du Finistère de la Formation quater­
naire il. la fin de l'ère romaine, par le baron Halna
du Fretay (offerte par l'éditeur, M. Leprince).
Compte-rendu de la réunion du 30 juin 1898 de
l'Académie d'Ilippone.
Journal des Savants (Juillet et Août 1898).

Revue historique de ' l'Ouest (8 et g livraisons;
Août et Septembre 1sg8).

LXVI
Revue de l'Education mathématique.
Gazette médicale (8 numéros).
Bulletin de l'Amateur du livre .
Bulletin n° 6 de la Société d'émulation des Côtes-
du-Nord.
M. le Présidenl donne lecture d'une lettre de la
Société archéologique de Bruxelles demandant le don
de la première partie du Cartulaire de Landévennec.
Cette Société ayant envoyé elle-même ' ses propres
publications, renvoi du Cartulaire lui sera fait.
M. le Prés'ident lit ensuite une lettre de M. Tré-
védy annonçant une communication sur une A.ncienne
maison de Quimper et une autre sur une Trouvaille
archéologique faite en 1385. Pour la compléter il
aurait besoin de savoir la date de la loi .anglaise qui
attribue à la Reine les sommes et trésors trouvés en
terre. M. Jenkyn Jones, consulté à ce sujet, ne la
connaît pas, mais aura l'obligeance de la demander à
qui droit en Angleterre.
M. l'abbé Favé donne lecture de son travail sur La
classe moyenne et le menu peuple de Carhaix, de

. M. du Crest de Villeneuve rend compte de la session
du Congrès de l'Association bretonne tenu à Vannes
du 10 au 16 octobre dernier. Le vénérable ' directeur
de l'Association, M. de Kerdrel, a présidé avec sa
courtoisie et son habiletée accoutumées. Un public'
nombreux et brillant s'est pressé ,à toutes les réunions.

Un grand nombre de travailleurs avaient apporté ou
envoyé des mémoires de grande valeur. On a eu à

_. LXVII
regretter malheureusement l'absence de M. de la Bor­
derie retenu par sa santé et ses immenses travaux. '
Notre Société y a été représentée par deux de ses
membres : M. Aveneau de la Grancière qui a lu en
partie un travail assez considérable sur L'Époque du
bronze où il a réuni avec méthode tout ce que l'on
sa.it et tout ce que les nombreuses fouilles ont pu
démontrer depuis quelques années ; et M. le chanoine
Abgrall qui avait envoyé un mémoire d'une forme
aussi alerte que pittoresque sur Les costumes de
Basse-Bretagne et leLtr variété. Le -Congrès, qui a
beaucoup applaudi ce travail, a toutefois regretté que
. son auteur n'ait pas expliqué les raisons de ces variétés
multiples et a formulé le vœ u de lui voir traiter cette
question, posée depuis longtemps, et à laquelle il est
plus à Inême que tout autre de donner une solution .
La question de la conservation de la langue bre­
tonne dans les écoles et par les écoles, dont l'Asso-
ciation br~tonne se montre si soucieuse, a beaucoup .
occupé le Congrès. M. du Crest demandera à la
Société de l'en entretenir complètement dans une pro-
chaine séance. Il se borne à mentionner le bon vouloir
de certains instituteurs de notre région, et particu­
lièrement la religieuse directrice de l'école des filles
de Plonéour-Lanvern à laquelle le Congrès a décerné
une médaille.
L'Association bretonne, a'yant de se :-3éparer, a
répondu à la demande de concours qui lui avait été
adressée par notre Société pour l'érection du buste de
M. du Chatellier. M. de Kerdrel a fait valoir en fort
bons termes les mérites de ce savant qui fut un des
ETE ARCH~
DU FIN1S ~

LXVIII
meilleurs ouvriers de la première heure en Bretagne
et l'un des fondateurs de l'Association bretonne. Sur
sa proposition, le concours a été voté à l'unanimité
avee la faculté laissée au bureau de l'Association d'en
fixer le quantum suivant l'état de ses finances. .
NI. le [.Jrésident lit une notice sur la pierre gravée
de Kerlnaria, en Pont-l'Abbé. La lecture terminée, il
dit qu'il a tenu à donner la primeur de cette commu­
nicati0n à notre Soeiété. Cette pierre sera l'objet de
communications semblables dans un grand nonlbre
d'autres sociétés en raison de son importance. La
Société d'anthropologie de Bruxelles a déjà demandé des
photographies en priant notre Président de l'autoriser
à les reproduire.
M. le Président lit ensuite une lettre du XVIF
siècle adressée par le marquis de Rosmadec à d'Hozier
sur un tumulus qu'il avait fouillé près du château de
Kergournadech, dont il était seigneur.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Le Président,
P. DU CHATELLIER
Pour le Secrétaire e'mpêché, .
E. DU CREST DE VILLENEUVE .

, . LXIX -'

SEANCE DU 24 NOVEMBRE 1898

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président
Etaient présents: MM. DU CHATELLIER, président,
l'abbé FAVÉ, LE BRAZ, JENKYN JONES, les cha-

noines ABGRALL 0 et PEYRON, DU CREST DE

VILLENEUVE, LE MAIGRE, DE VILLIERS DU
TERRAGE, l'abbé ROLLAND, BOURDE DE LA
ROGERIE.
M~ le Président adresse, au nom de la Société
archéologique, de chaleureuses félicitations à notre

confrère M. Le Braz dont le beau livre Pâques d'I~-
lande vient d'être couronné par l'Académie française.
M. du Chatellier lit ensuite une lettre des mem­
bres du bureau de la Commission historique du
département du Nord qui demande l'échange de nos
publications. Après discussion, la proposition est
acceptée; nos bulletins seront adressés à la Commis­
sion historique du département du Nord à partir de
1899. Elle recevra en outre quatre volumes choisis
dans notre collection en échange .de quatre années de
ses mémoires que cette société veut bien nous proposer.
M. du Chatellier dépose sur le bureau les volumes

ou fascicules reçus depuis la dernière réunion. '
Bulletin archéologique du comité des travaux

historiques. Année 1 ~97, 3 livraison.

- LXX-

Annales de Bretagne, n° de novembre 1898.
Bulletins et mémoires de la Société archéologique
Vilaine, tome XXVII, 1898. .
d'Ille-et-
l'Ouest, 1)0 d'août-septembre
Revue historique de

Six numéros de la Gazette médicale.
M. de' Villiers du Ten'age lit le compte-rendu

exécuter à
d'une fouille trés intéressante qu'il a fait

Kerambriel, en Elliant.
Sous un tumulus, en partie aplani par. des labours
successifs, notre honoré confrère a rencontré un
monument circulaire, à parois maçonnées en pierres
sèches. Le compte~rend~ de cette exploration, accom-
d'une photographie donnant une· vue du monu- .
pagné
au moment de sa ' découverte, a vivement '
ment,

intéressé , tous les membres présents à la séance.
notre bulletin il sera lu avec profit par
Inséré dans
tous ceux qui s'occupent de ' notre archéologie bre-

tonne.
Lecture est ensuite donné des
communications
inscrites à l'ordre du jour. ,
M. Trévédy : Une maison de la rue Saint-François
(Lu par M. du Crest de Villeneuve).

M. Le Carguet: Le cuIte du soleil. La génération
par le feu (Folk lore du Cap-Sizun et de l'île de Sein).
(Lu par M. Bourde de la Rogerie) .

_. LXXI

L'intéressante étude de M. Le Carguet soulève
quelques objections de la part des celtisants présents
à la réunion. D'après M. Le Braz lè mot tantat dési-
gne la « flambée »' du feu de la Saint-Jean j an naon
est un mot très usuel qui signifie cc les âmes ». Le
souvenir 'des' morts est partout en Basse-BretaO'ne lié

d'une façon très étroite aux feux de la Saint-Jean et
suffit généralement pour expliquer les différentes cé-
rémonies qui y sont pratiquées. Et M. Le Braz nous
décrit avec sa verve habituelle les feux qu'il a vus au
cours ne ses pérégrinations à travers la Bretagne:
très souvent il 'B, vu jeter des pierres dans le foyer
pour servir de sièges aux âmes des défunts. A Rou­
doualec, une vieille femme lui montra, entassées dans
un coin de sa demeure, toutes les pierres qu'elle avait

ainsi jetées dans les feux auxquels elle avait assisté
depuis son enfance et qu'elle conservait pieusement
en souvenir des parents qui étaient venus s'y reposer. '
M. Jenkyn Jones et M. Le Braz reconnaissent d'ail-
leurs que plusieurs des cérémonies décrites avec
tant de précision par M. Le Carguetont disparu
partout ailleurs que dans le cap Sizun. Comme il est
impossible de les expliquer par, la pensée de la mort,
il faut supposer, . comme l'auteur l'a fait, que l'on
se trouve en présence des rites plus ou moins modi­
fiés d'une religion ' oubliée .
M. du Chatellier lit un passage d'une lettre de

LXXII

renselgne- ,
M. Le Carguet qui ajoute de nouveaux
ments (1) à ceux que renferme sa notice .

« Dans le Cap je n'ai pas trouvé de traces d'une autre céré-
monie qui existe encore dans quelques endroits, surtout dans
, le Morbihan, à Baden principalement: C'est d'amener les
bestiaux sous les feux de la Saint-Jean; la fumée de ces feux
les préserve, dit-on, des maladies et des loups.
« A Kerfeunteun et à Esquibien, autrefois, on conservait
les tisons ou les manches des 'torches qui avaient servi à la
procession des feux. Je n'ai pu savoir pour quel motif, ni
quelles étaient leurs vertus,
« Dans le Cap, il est d'usage aussi, que chaque assistant
jette une pierre dans le bûcher, avant de s'en aller: les morts
viennent se réchauffer sur ces pierres. Celui dont la pierre
est retournée'c'est q'u'un de ses ancêtres l'a fait et l'appelle:
il mourra dans l'année. D'habitude on marque les pierres
d'une entaille quelconque afin de se rendre compte si elles
ont été retournées. Cet usage que le P. Maunoir a constaté en

1643 existe encore.
« L'usage d'entourer le bûcher d'un cercle de 9 pierres est

tout à fait distinct du précédent. '

(( Le cercle du feu (kelc'h an tan)) se faisait en même temps

que le bûcher, a'oant 'qu'il t'ut allumé.

(( Au contraire, les pierres des morts, se placent qua.nd
tout est terminé et le leu presque éteint. Ces pierres, ordi-
nairement)sont celles sur lesquelles les assistants se sont age­
nouillés ou assis, pendant la cerémonie. En se retirant, on
Ips jette, en dedans du cercle, sans ordre aucun, mais en
ayant bien soin que l'entaille, ou la marque faite à la pierre,

(1) Complétés par une note adressée par M. Lé Carguet, le î 0 déeembre.

'. , LXXIII -'

soit apparente. Si le cercle du feu n'a pas été établi en même
temps que le bûcher, ce qui est, aujourd'hui, le cas le plus
fréquent et donne lieu à la confusion des de~x rites, ' on 'dis­
pose, aussi, par imitation de ce qui se.faisait précédeD?ment,
ces pierres, en rond, autour des cendres. Mais alors, leur nom-
bre, au lieu d'être limité à neuf, est indéterminé.

« La pensée des choses de la mort., dans le Cap, s'associe à
tous les actes de la' vie humaine, aux réjouissnnces principa.­
, lement. Il est donc probable qu'au culte anci-en du soleil, qui
est une fête de joie, on a adopté le souvenir d'un ancien
culLe des morts. " " : ' .
'« Du reste, la fusion de deux pratiques, ou croyances an­
ciennes, complètement étrangères l'une à l'autre, pour ne
faire actuellement qu'un tout, se rencontre fréquemment.

« Les feux de la Saint-Jean, au point de vue catholique,
ont aussi leurs symboles et leurs usages.

« Le bûcher représenterait -l'Evangile qui donne, aussi, la

lumière et la vie. Les brandons allumés à ce bûcher et se
répandant dans la campagne, rappelleraient la diffusion de
l'Evangile par les apôtres.
(( A Saint-Jean, en Plouhinec, on vendait autrefois les cen­
dres au profit de la chapelle du saint dont on voit encore les
ruines du bord de ]a rivière d'Audierne, près de Kersigneau.
Ces cendres avaient la réputation de donner les plus belles
récoltes et se vendaient une forte somme à l'encan. '
« Cette coutume se retrouve en plusieurs endroits, par exem­
ple à Guilers près Brest ».

Les membres de la Société chargent le secrétaire
d'exprimer à M. Le Carguet leurs remerciements

pour ses communICatIOns SI mteressantes .

LXXIV --- '

M. l'abbé Favé .. continue la , lecture de son , étude

SÜl' ' la milice et · leS' garnisons au pays de Carhaix

Sous :Louis XIV. '

. , La séance est levée à quatre heures et demie.

LePTésident, .

P. DU CHA TE LLIER.

LeBe~rëtaiTe, .

H. BOURDE'DE LA' ROG

LXXV

SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 1898

Présidence de M. P. DU CHATELLIER, Président '

Etaient présents: MM. DU CHATELLIER, prési-
dent, les chanoines _ ABGRALL et PEYRON, LE
, MAIGRE, DU CREST DE VILLENEUVE, JENKYN
JONES, les abbés FA VÉ, ARHAN, ROLLAND et ,
JÉZÉGOU, BOURDE DE LA ROGERIE.
M. Bourde de la Rogel'ie lit le procès-verbal cIe la
dernière séan'ce qui est adopté.
lvI. le Président lit un passage d'un~ lettre qui lui a
é~é adressée par M. Le Carguet en réponse aux objec­
tions qu'a soulevées son étude sur le Culte du soleil.
(Folk-lare du Cap-Sizun et de l'île de Sein.)
«( Jo Le Tantcul, mot qui se termine par un D et non par T,
signifie bien le feu, la flambée, actuellement; mais autrefois
il signifiait grand leu (voir le dictionnaire du Père Grégoire
de Rostrenen, page 407, édi tion de 032,. Ce mot est composé
de deux autres: tan, feu èt tad, père. Voir M. de 'la Ville-
marqué dans le Barzaz-Breiz (ar Rannou, les séries), ainsi que

M. Henri Martin (Histoire de France, 4 édition, (T,I. p, 7'1).

« 2 Il n'y a pas de rapprochement possible entre les mots ; ,
an naD, les neuf et Œ1uwn.
« Ce dernier mot se prononce avec la dernière syllabe très
,ôrlement nasalisée an anan-OJ~-n .
_ « Au contraire an nao , les neufse dit avec'la lettre ô dure et
soutenue. Dans l'arrondissement de Morlaix cet usage existait

LXXVI
aussi autour des feux de la Saint-Jean,à Plouigneau principa­
t. Mais on prononçait an nô-ôô avec la lettre ô reten­
lemen
Cap et ù Pont-l'Abbé, on le fait rimer avec
tissante. Dans le
umoet <"cao : donc, pas de confusion possible.
(( 30 Le sens de les âmes donné au mot Anaon n'est pas com­
plet. Il signifie à la fois le corps, l'âme et lŒ tombe,' tOl,tt ce
qui l'este du décédé et. qui est la propriété des pa.rents. Dans
mon service j'ai plus de vingt fois par an J'occasion de contrôler
ce sens. » .
1\11. le l'résident dépose les volumes et revues ({u i
ont été envovées à notre société:
Ulysse Chevalier. L 'abbaye d e Si los . s. 1. n. cl.
brochure in-8° (Hommage de l'auteur).
Hugues Vagany : Les traductions du psautie}' au
XV l e siècle. Fribourg 1898, brochure in-8° (Hommage
de l'auteur) .
Docteur G. de Closmac1011c. L'émigré Gesril du
Paspeu et les cleux frères de Gu.erry : Quiberon 1795,
Vannes lK98, brochure in-Sa. (Hommage de l'auteur) .
. Mémoires de l'acadénl,ie de Nînî8s. Tome XI 1897.
Annales de la Société historique et archéologi­
que de Château-Thierry. Année 1897.
Revue historique de l'Ouest, nOS de novembre 1898.
Recue'il de la Cornmissiol1 cles . mon limen ts hislo­
')'~ques de la Charente. N° cl'octobré 1898.
Mélusine. N° d'octobre 1898.
Bulletin d ' histoire ecclésiastique et d'archéologie ~
.Î'eligieuse des diocèses de Valence, Gap, Grenoble et.
Vi viers . N°S de septembre-décembre 1898.
Bulletin de la Société d'études historiques et géo­
graphiques de Bretagne. N° d'octobre 1898 .

LXXVII --
N°S de novembre et de décembre
Gazelte médicale.

Con1Ïté des tl'nvaux historiques. Missions, biblio-
thèques, archives: bibliog/'uphie des publications .
Paris, t 898, in-8°.
Ai. Bounle de la Ragerie signale ce dernier volume
à l'attention de ses confrères: on y trouve la liste
tl'ès complète de tous les in ven taiees officiels d' archi ves
départementales, 00mmunales et hospitalières, des
catalogues des manuscrits des bibliothèques pu­
bliques, etc.
1 11. le Président prononce ensuite les paroles sui-

vantes:
« Messieurs,
« Cette année la mort nous a enlevé plusieurs collègues a llX­
quels je VOliS demande la permission d'adresser un demier
souvenir en cette séance de fin d'année .
« Ce sont Messieurs:
« René-Jlaurice de Kerret. - Né en 1833, il obtint en '1852
de s'embarquer, à titre de dessina teur, sur la frégate la Force,
commandée par l'amiral ' Février des Pointes. Au cours de
cette campagne il nt;, avec le lieutenant Henri de Kersa int, _
une expédition fort intéressan te' à Quito. La guerre avec la
Russie ayant été déclarée vers celte époque, l'amiral des
Pointes dirigea son escadre "ers le Kamtchatka et bombarda
Peu après, l'amiral élant mort, il fut remplacé
Pétropolowski.
son commandement par l'amiral Fourichon. R. de Kerret
dans
en France.
revint
« A partir de ce moment, il se fixa au château de Quillien,

en Brasparts, et ne tarda pas à se marier. Devenu veuf, i
toute son activité à l'éducation de ses enfants et l
consacra

LXXVIII
faire le bien, construisant et entretenant des écoles et répa­
ra nt des égli!3es, s'intéressant à la conservation de nos monu­
ments mégalithiques, ces témoins d'un passé bien lointain, il
donna un généreux exemple en mettant sous la protection de
notre société la très belle allée couverte de Brennilis, rem­
en cela les intentions supposées de son frère Carl,
plissant
précédem men t décédé
(c Puig de Ritalongi. Il s'est essayé à des études historiques
qui , YOUS vous le rappelez, ont provoqué quelques judicieuses
au sein de notre société. Les travaux de ce genre,
rectifications
on ne saurait trop le répéter, doirent rester en 'dehors de tout
de toute partialité. Notre confrère, enlevé préma­
parti pris et
turément, y serait sa Ils doute arrivé avec le calme que donnent
les années tempérant les fougues de la jeunesse. Toutefois
trouvons matière à louer dans qüelques uns de ses essais.
nons
« .4.méde'e de Lécluse-TrélJoédal. Durant les mandats
électifs qu'il a remplis, comme conseiller général et comme
maire d'Audierne, il a montré un réel dévouement aux intérêt.s
de ses ooncitoyens qui n'oublierùnt pas sa conduite généreuse
les epidé mies qui ont décimé' Audierne alors qu'il
pendant
ètait maire .

Edmond-JJarie-Georges Blanchet de la Sablière Maire de
Gouesnach, aimé de ses administrés, cet homme de bien,
sa 36 année, laisse le deuil dans
mort jeune encore, dans
de tous ceux qui l'ont connu . D'une grande énergie, il
l'âme
fut un vaillant explorateur. Le cadre restreint de cette courte
notice ne me permet pas de vous tracer ses lointaines expé-
ditions, avec les déiails qu'elles comportent,laissez-moi cepen- .
vous en dire quelques mots,
dant
« En '1886, il partit avec ün de ses parents pour l'Amérique .
Débal'qués à New-York, les charmes de la grande cité commer­
ciale et de la \"ie à outrance ne les retinrent pas longtemps

- LXXI X -
Attirés par l'attrait de l'inconnu , ils traversèrent l'Amérique,
visitant, en observateurs sagaces, tou t ce qui ayant quelqu'in­
térêt était susceptible de les arrêter. Enfin, s'embarquant à
Vancouver, ils se rendirent en Alaska, f,ays peu connu à cette
époque et n'ayant pas encore acquis par ses mines la célé­
brité qu'il a aujourd'h ui Ils y passèrent quelques semaines
vivant sous la tente et chassant l'ours, sport qui n'était pas
exempt de fortes émotions. En revenant vers l'Europe, de la
Sablière, après un voyage, non sans danger sur les rapides
de la Colombie, parcourut la Floride .
« A peine rentré en France, son activité le poussa à orga­
ni ser une nouvelle expédition, ayant cette fois un but scien-
tifique plus marqué. Il partit en '1889 avec quatre parents ou
amis ayant pour objectif l'ascension du mont Saint-Elie .
Malheureusement, au début de l'expédition, un grave accident
survenu à un jeune parent qui l'accomp~gnait le força à le
ramener en France .
« Voulant se dédommager de ce retour inopiné, à peine
avait-il touché pied à' Paris qu'il parUt pour la Suisse oU,attiré
par l'attrait des montagnes, il fit l'ascension du Mont-Blanc,
comme avant goùt de celle du mont Saint-Elie qu'il avait
conservé l'espoir de faire l'année suivante A cet effet, pendant
son séjour en Suisse, il s'était assuré le concours d'un gUIde
expérimenté. Mais la mort de son jeune parent et celle de son
père · le retinrent au milieu des siens et arrêtèrent pour
toujours la réalisation de ses projets .
« Nous cOtlserve,;ons le souvenir de ses voyages comme un
noble exemple.
« Puissen t les quelqu es lignes ému~s que nous consacrons
à nos collègues disparus adoucir la douleur des êtres aimés
qu'ils ont laissés après eux.

« Enfin il est encore une mort qui quoique prévue n'en est
pas moins douloureuse pour tous c'est celle de notre vénére

LXXX
président d'honneur, Monseigneur Henri- victor-Félix Val­
leau, évêque de Quimper et de Léon .
. « Vous savez l'intérêt qu'il portait à notre société et avec
il s'entretenait de nos études, apportant dans la
quel plaisir
discussion l'esprit le plus libéral et le plus éclairé, vous savez
aussi que plusieurs travaux de lui portent la marque d'une
Vous n'ignorez pas combien il aimait
érudition incontestable.
à se trQuver au milieu de nous, malheureusement ses devoirs
ne le lui permirent pas aussi fréquemment qu'il .
épiscopaux
l'eut voulu. Vous vous souvenez tous de l'affabilité avec la­
quell.e il présida nolre séance "an dernier à cette époque, nous
ne nous doutions pas alors qu'a ujourd'hui nous aurions la
la douleur de le conduire à 'Sd dernière demeure . ..
« Vous penserez avec moi, j'en suis cerlain, messieurs, que
nous lui devons, comme dernier hommage, de lever la séance'
en signe de deuil. »)
M . du Chatellier et .1\11. le chanoine Peyron font con­
naître qu'ils ont reçu de~ lettre8 de M. Trévédy et de
M. le docteur Corre, nos anciens vice-présidents,qlli leur
expriment la part qu'ils prennent au chagrin que nous
cause la m'oTt de notre très regretté président d 'hon­
neur.
La proposition de M. du Chatellier est adoptée à
l'unanimité et la séance est levée à trois heures .
.. Le Président,
P. DU CHATELLIER.
Le Secrétaire.
H. BOURDE DE LA ROGERIE.