Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
XXIV.
SUR LA. BARONNIE DE PONrr-L'ABBÉ
(Suite) . ..
, Voilà les Baude entrés aux Et.ats ! Mais leur ambition
n'est. pas encore satisfaite. Aux yeux des gentilshommes et
à leurs propres yeux: il leur manque une qualité qu'ils ne
peuvent acquérir ni se donner: l'ancienneté!
Ils y ont bien songé. Ils ont eu la pensée de se rattacher
à une ancienne famille de Rennes, les Baud ou Le Baud
auxquels appartient Piel're Le Baud, l'aumônier de la du
chesse Anne, notre plus ancien historien. Mais il a fallu
renoncer à cette prétention ! (1)
L'auteur leur a découvert une ascendance, disons mieux
deux ascendances illustres auxquelles flux·mêmes n'avaient
, pas songé. Lisez plutôt à la pag"e 208 la longue note que
j'.ahrège': (( Les de Saint-Père étaient descendants des
Beaumanoir, anciens barons de Pont: par la branche des .
Beaumanoir. de Lavardin .... (2) par Jean de Saint-Pèl"c. » Et
un peu pIns loin: (( Henri de Baude (sic) baron de Courthe
naud (lisez Courtanvaux), seigneur de Lunéville (lisez Linne
vi11e) épousa, en 1601, Philippine de Champagne, veuve de
Gilbert, baron du Puy du Fou, mal'quis de Combronde, qui
avait été créé duc et pail' pal' Hem'i IV, le 6 novembre
(1) M . Saulnier a trouvé aux actes de la paroisse de Toussaints de
Ren'nes une curieuse note indiquant que les Baude de la Vieuville ont
les actes concernant les Baud ou Le Baud,
demandé tous
(2) Anciens barons .... inexactitude. Le seul Beaumanoir qui ait été
de Pont est Toussaint, vicomte de De~so, qui n'est pas l'ancètre du
baron
maréchal de Lavardin. .
J'ai couru bien vite au somptueux livre auquel la note
renvoie (1) .... Et qu'ai-:-je vu ?
loQue la première partie de la note donne une filiation'
formellement démentie par le P. Anselme (2), et abso
lument inexacte. --. Mais supposez la filiation donnée
exacte, quel rapport, je vous pl'ie, entre la famille ayant
le nom patronymique de Sai'l'tt-J'ère au XVIe siècle, et les
Baude devenant au XVlll acquéreurs d'une terre nommée
Saint-l'ère .
2 Que l'auteur auquel l'envoie la seconde partie de la note
écrit de Bandes avec une S., et non Baude. Ce n'est donc pas
le même nom! POl.\l'quoi corriger le nom et l'écl'Îre comme
l'écrivaient les BatHie, · bourgeois de Saint-Servan, mais en
le faisant précéder du de ?
La Généalogie de TGLlhouèt citée au débu t de cette étude
donne à la noté de la page 208 un démenti absolu. La note
est à supprimer.
Gardons-nolls de ces imaginations. Est-ce que la similitude
des noms fut jamais une preuve de pal'enté ? Il faut laisser
cette preuve prétendue à certaines ambitions vaniteuses qui,
comme m'écI'ivait le savant Pol de COUI'CY, « s'ingénient à
jouer aux synonymes (~~) )), . ct à cel'tains géuéalogistes mo
dernesqui seraient capables de l'attacher tous les Marlin (en
Bretagne seulement il y en a Jes douzaines) àux cinq familles
de ce nom signalées comme nobles par l'auteur du Nobi
liaire de Bretagne!
Peu Je temps apl'ès l'HGquêt de Pont-l'Abbé, il intervint
entl'e les frères BanJe Ull accord aux termes duquel Henri
(1) Monuments du Ma/:ne ct de l'Anjou, pal' le bal'on de Wismes. Art.
Malicorne, Courtanvallx, Pescheseul, elc
(2) P. Anselme. 1. ôï2-673, 1"e édition.
(3) Voir comme exemple: Victor HU(fo raconté ]lai' un témoin de sa vie,
par M. Barbon; la réponse du baron de Courcy: Les ot'iqùies de Hel'I'!/M'
cl de Vielal' Hugo (1 ~87), et celle de 1\-1: E. Bi ré dans Vielo}' ElllfJa avant
resta seul muître de la baronnie (1) . Le titre de marquis de la .
Vieuville suffisait à Etienne; et il laissait à son frère ainé le
titre de baron de Pont. avec la préEéance aux Etats, et peut-être
des prétentions à leur présidence .
Vingt-cinq ans plus tard, ces prérogatives aux Etals
n'allaient plus êt.re q1ùm souvenir. Eu 1779, les Et.ats paru
rent revenir purement et simplemeut à la list.e des neu f
baronnies dresséc par le duc Pierre II. Or Pont-l'Abbé
ne se trouvait pas sur ceUe liste privilégiée (2).
Mais le nouveau baron n'eut pas le temps de prcssentir
cette déchéance de sa barolluie. Il mOllrut à Paris et y fut
inhumé aux premiers jours de 1757 (:~ ) .
Henri Baude laissait à SH veu ve Heine-Vincent einq en
fants mineurs. L'ain'é, nommé Hen~i, mourut avant 1762 (4).
Le cadet, devenu ainsi l'aîné, J ean-Georges-Claude, n'avait.
que neuf ans. Par testament son père lui avait donné pOUl'
tuteur son oncle le marquis de la Vieuville. Celui-ci entra
auss itôt en fonctions. Dès le 29 janvier, en qualité de tuteur
du baron de Pont, il !lOmmait et présentait au serme'nt le
sénéchal de la baronnie {5).
Mais son administration Ile fut pas longue: au mois de juill
1762, la mè.re exerçait la tutello. M. du Chatellier nous la
montre tutrice Cil 17(;7, et même Cil 1778, 178G et 1787 (H) .
C'est beaucoup trop prolonger la tutelle qui dut pi'endl'e fill
en 1769, quand le baron, né le 21 septembre 174.8, atteigna it
sa vingt-et-unième année.
(1) C'est par erreu r que le litre de baron de Pon t-l' Abb6 est donné ù
Etienne. Clin. de TalllOlIët. p. 13H, note 4· .
(2) Cf. Les neuf BaI'uns de BI'eta[jne, par' M. de la Borderie, plV, note?
(3) Date donnée par l'abbé Paris-J alobel't. .
(4,) Ceei résulte d'une assignation donnée pal' la mère tutrice, Je 7 juill
1762. Arch. du Finistère, E. 'l5~.
(5) Archives du Finistère, B. 73, (u li 1 v'.
(6) Acte ci-dessus. noLe 1, ct La lJ(/'I'unnie, p. 4U, 5G, liI, G':! .
Ce qu'il faut d ire c'est que le baron entl'é dans l'armée fut
cOllstammellt éloigné de ses possessions de Basse-Bretagne,
et 1\1. du Chatellier nous l'y montre une fois seulement
en 1783 (1). Il avait saliS doute laissé à sa mère autrefoi$
lui rice l'administration de la baronnie.
Madame Baude i'ésidn souvent à Pont-l'Abbé (2); et la ville
et la baronnie Il'eurent pas à s'en plaindre. Elle continua
les trad it tOUS de charité des anciens barons que les d'El'
nolhon avaient à leur tour religieusement suivies. En 1762,
créait an Pl'oot de l'hospice une rente de GOOO livres (3).
elle
En 1707, elle mérita la reconnaissance de la ville pOlit' Ull
service d'un autre genre. Il était question de la fermeture du
. couvent des Carmes qui n'avait plus le nombre 1nininwm. de
dix religieux exigé par l'arrêt du conseil du 3 aveil 1767.
L a ville était partagée eutre quatre paroisses rurales dont
les églises étaient éloignées; et les habitants tenaient au
couvent des Caemes dont ils suivaient les offices religieux.
Ils s'adl'essèrent à Madame Baude qui était à Paris; elle
intel'vint et empêcha la fermeture du couvent (4).
(t) Bm'onnie, p. 45.
\'2) Bien qu'elle garclât « aHel'nnl.Î\"ement " les résidences cie son mari
à Saint-Malo et la Touche-Baude, en Lanvallay. Acte clu 7 juin 1762.
Arch du Fin istère, E 152.
(a) Baronnie, p. 45.
A propos cie l'hospice, m'est-il permis cie relever une erreur de M. du
Chatellier? 11 donne pour fondaleur à l'hospice Hervé de Trévaloët, baron
cie Ponl-l'Abbé (p. 24,27,4.7,48, fifi), el i!le porte (en 1365, p. 21) sur la
lisle des barons entre Anne du Pont, femme de Pierre de Hoslrenen ('l320)
el Hervé, tué au siège de Saint-James cie Beuvron ('14-26) •
. Anne ne fut pas baronne cie Pont ni non plus Hervé, seigneur cie Tré
yaloël (paroisse de Scaër). Celui-ci était capitaine cie Pont-l'Abbé. M. clu
Chatellier a été trompé par cette indication clonnée aux Preuves de D.
Morice · tHI, col. il57) « Hervé cie Trévaloët, seigneur de Pont-l'Abbé •.
1\1 a is celte erreu r lypogra phiq ue est recl ressée a ux col. 434, où Hervé prend
le litre de « sire de Tl'évaloët " 7 janvier 1383 n-s ) ; el 478, où il prête
serment de fidélité au duc avec Hervé, sin du Pont. Celte obiigation est
mentionnée col. ,08, avec indication du sceau cie lIeTvé, si1'e du Pont.
- Hervé cie Trévaloët ne figure pas sur les listes de che\"aliers cie 1\1. CoufIon
de .Kerdellee'h. Chevalerie bretonne.
(1) Bal'onnie, p. 56.
C'est douze ans plus t.al'd comme nous l'avons dit, que
Pont-l'Abbé fut, Cl vec Pont-Chftteau, destitué de ses préro
gatives aux Etats sans qu'il apparaisse d'une protestation
des deux seignoues, De ee jour~ l'ancienlle baronnie ne fut
plus qu'un souveni!' : ma'8 M. de Baude continua à prendre
, et à !'ecevoir dans le monde et dans les actes publics le titre
cie huron de Pont-l'ALhê (1).
Pelldant ce temps, le baron de Pont avait avancé daus
l'i-ll'mée. En 1781, il élait me~tre de camp en second du
régiment de Piémont, cavalerie; le 25 aoùt 179L il devenait
mUI'échul de camp, Il allait avoir quarant.e-tl'ois ans. Peu
après le Hoi lui donnait une mal'q~.le d'intime confiance en le
rllOisissallt pour lientenant-colonel de la garde militaire du
Iloi c!'é~e .pal' la Constitution du 3 septembre '1791, et qui
allait ètl'e licenciée par décret huit mois plus tard (2).
Le 29 mai 1792 une plainte était portée à l'Assem
blée ' coutre la garde du Hoi, et nutamment ses trois chefs
pl'incipaux : le commH dant en cheC duc de Brissac, le
eolonel M, tl'Argill iel', et (( M, de Pont-l'Abbé, lientenant
colollel ,), La gèll'de fut licenciée, et un décI' "t d'accusation
fut rendu ·contre le duc de Bl'issac seul (3); il fut renvoyé
devallt la haute cour d'Orléans, mais il ne sel'a pas jugé.
Arrôs t.rois longs mois de détention, aux pl'cmiers jours de
septembl e, l'amollé d'Orléans avec einquanle-quHtl'e autres
f i, « Seigneur de Sainl·Père ... dc l'ancienne baronnie de Pont, pre
mière et scule grande ulIl'ollnie de COl'llouaille. » Aveu aux pp, Jésuites
de Quimper, ·1 juillet 1 il:ll ; arch. du Finistère.
,2) Cf Duvel'gier, 111, p ',81. Consl. du 3 septembre 'liUI, T 3, ch. '2.
sect. 1'., art.1Z. - Id, p. J!l. Décret du 3) septembre. Id.IV,jl·2'l:.L
Décret de Iicenciemen t. .
(il) CL Moniteur, lÎ9~ I. n'" 150-15!, p. G.G à G:H,
Le projet de décret dont l'auteur éLait Gundet et qui (ut adopté porta
ce corps est animé ct la conduile
pour motif que ( l'esprit d'incivisme dont
de ses officiers su pél'ieurs exei ten t de j u"tes LI larmes et pou l'l'a ien t compro
. mettre la sûret.é personnelle du Roi ... » Duvergier, HI, p '281, (lrt. 1~),
IV, p .. ! 13. Quelle hypocrisie! II s'agit justement d'écarter les défenseurs
du Roi. On prépare le lü juin.
prisonniel's, le duc de Brissac périra avec eux dans le mas
sacre de Versailles.
Le 10 aoùt, le baron de Pont-l'Abbé était à un poste
d'honneur. Il commandait, avec M. de Puységur, la com
pagnie de gentilshommes destinée à garder la poete de la
chambre du Roi (1).
Après l'accusation portée contre lui le 29 mai 17H2, et
son dévouement au Hoi, le 10 aoùt, le baron de Pont-l'Abbé
n'avait qu'un moyen de sauver sa vie: passer la feontière (2).
Le baron avait épousé MOl'ie-Louise Thierey, dont il eut .
Emilie née le II juillet 1779, Antoine né le 18 juillet 1780, '
Hippolyte né le 8 octobre 1781 et Adélaïde née le 13 jULllet
Apl'ès d'obstinées recberches, j'ai le regret ex1rême de ne
pouvoie suivre plus loin le dernier baron de Pont-l'A bbé,
dire sa fin, ni fail'e connaître sa descendance (3) d'une
manière plus complète.
('1) Hist. de,ç Ci'rondins pal' Granier de Cassagnac, I. 437 L'auteur cite
de la Varenne, lIist. pal'liculièl'e des évènem.ents, etc., p 102.
Malhon
(2) On lit dans la liste génértde des émigrés : « Baude (prénoms)
surnom : Pont-l'Abbé ... Baron et maréchal de camp Dernier domicile:
Gournay, district de Compiègne, département de l'Oise. Siluation Je ses
biens: Gournay, Auteuil, Rency, Neuvi (même département). Dates des
arrêtés des départements qni o.nt conslaté l'émigration: 18 juin li0:2 ct
IV avril "1793. 1)
On voit par ce qui précède: 1° que l'arrêté du H! juin lï92 Hait préma-
turé. Ces arrêtés étaient souvent aussi hâtifs que téméraires. La Tour
d'AU\'ergne Corret, pendant qu'il se couvrait de gloire à l'armée des
Pyrénées, était prBsumé émig l'é ; '2" que le baron n'émigra pas, quoiqu'on
ait dit (Courcelles. jJict. des uénél,Ctlt;v) « peu après sa nominntion de
maréchal de camp)).
(3) Ln Cénéaloy-ie de Talhouët ne donne que le nom de .Jean-Georges
Claude Baude, et cela se comprend, la marquise de Talhouët. fille du
marquis de la Vieuyille étant seulement. cousine du baron de Pont. Je
dois de vifs remel'ciements à M. le marqu:s du Talhouët pour les rechet'
ches qu'il a hi en "oulu faire à cet égard, lorsque je suis pour lui un inconnu.
Je dois à notre confrère, ~J. le comte de Hosrnor'duc, les noms de Mme
Baude et de ses enfanLs. Ces renseignements ont dû être pris SUl' les regis
tres paroissiaux de Sainte-Marie-Madeleine cie la Ville-l'Évêque pour les
deux premiers enfants, et cie Saint-Sulpice pour ·les deux autres.
= On lil p,lge ~'OR: « Sa fille (du baron de POllt) Caroline
H"ait épousé Mes~il'e Le Gac cIe Lansalut, comte de For
l>êlcl1... )) Lire' Sulzbach. Forbach est en France: aujourd'hui
dalls l'Alsace-Lorraille. Sulzbach est un e ville de Bavière.
Lïudicat.ion ainsi donnée sera une énigme pour plusieurs:
QIl'cst-ce que ce gent ilhomme breton comte de Forbach?
Le ('l1e\'Rli81' César-François Le Gac de Lansalut, mestre
de camp de dragons, chambellan de feu S. A. S, le duc des
Deux-Ponts, avait épousé CuroJine de Bavière (Deux-Ponts),
comlesse de Sulzbach (J).
A VHllt 1702.le cheval ier de Lansalut était mort laissant teoÎs
fils âgés alOl's (en 1792) de seize, tl'eize et onze ans. (Lettre de
Mme de Lansalllt au district de Pont-Croix, 7 novembre 1792.
AI'ch. du Firiistère, L. 51, comm. de l'abbé Peyron.) C'est
l'un d'eux (l'aîné probablement puisqu'il a le titre du comté
de sa mère) 'que l'on signale comme époux de ]\!{lle Baude.
Le mariage cIe Mlle Baude avec M. de Lansalut peul
paraître douteux pour deux raisons:
10 Aucune des filles du haron mentiollllt:es plus haut ne
poete le nom de Cal'oline.On dira, il est vrai, que la liste peLL~
n'êtl'e pas complète .
:20 'Mais il reste en Bretagne des descendants du chevaliee
de Lansalut par l'ull siuon par plusieurs de ses fils. Si Mlle
Baude a épousé un de ces fils, elle est l'arrière gl'and'mère
ou la gl'ande-tante des Le Gac de Lansalut, nos contern-
pol'ains. Commen t YouleZ-volls que des descendants ou
HlTii~re-lleveux illtereogés sur Mlle Baude, son père ct la .
descelldance de celui-ci ne puissent rien répondre '1 ...
(1) Titres pris par M. Le Gac de Lansalut dans l'acte de baptèmc de
son troisième fils. Plogastel-Saint-Germain, 27 léwier 1781. (Comm. de
1\1. le chanoine Peyl'on) L'acte donne à Mme de Lansalut le titre de
" comtesse des Deux-Pon ts. » 1\L et Mne de Lansalüt habitailent le château
du Hilguy (Plogastel-Saint-Germain; ils avaient acquis comme pied il
Lerre à Quimper la maison de la rue Saint-François portùnt àujourcl'hui
le n° ,,'17 (H décembre '1777) ; qu'ils reycndirent dès le 20 décembre 177\.l •
pour finir, rectifions deux points do l'hisioire de deux
anciens barons de Pont-l'Abbé aux XIIIe et xv siècles.
Dans sa Baronnie de Rostrenen, Madame du Laz a donné
(p. 81-82) une liste des seigneurs de Pont-l'Abbé. La liste
est-elle complète? J'en doute. L'auteur auquel je réponds
n'en doute pas puisqu'il reproduit la liste sans observation ...
:!VIais passons .... Voici une autre critique.
Madame du Laz a donné quelques renseignements avec une
formule dubitative. L'auteur suppl'ime les points dïnteno-
gation, ce qui peut êtl'e impl'l.ldence ; et, en deux endroits,
il corrige le livl'e qu'il met à contl'ibution .
Or, de ces deux rectifications, la premièl'e met l'auteur'
en contl'adiction avec l'ancien nécrologe du couvent Saint
François de Ql1impel" l'aveu de Pont-l'Abbé de 1732, et
une règle de droit bien c1ail'ement exposée par Hévin ; -
la seconde est un démenti donné à tous nos historiens :
Bouchard, d'Argentl'é, Lobineau, Morice, M. de la Borderie,
ct. la négation d'une règ'le de droit de la guerre qui résulte
Je leurs récits. ' C'est en vér'ité .jouel' de mallleuI' (1).
Examinons.
On lit dans la baronnie de Rostrenen, p. 81 :
« Hervé du Pont. .. contl'ibua en 1233 à la fondation des
. . Cordeliers de Quimper ... » L'auteur corrige et écrit (p. 174) ;
«( En 1232, il (Hervé du Pont) fonda l'église des Cordeliers
de Quimper ... »
(l ) Je ne relèvet'ai pas une con t l'adiction entre deux aflirmations, p,
t33-19!. « Jeanne du Quélénec épousa Jacques de Beaumanoie ver's 1574".
L'auLeur ajou te: «Jeanne du Quélénec avait épousé vers 1553 Jacques de Beau
manoir.» Elle était morte avant so n frère, en 15n 1574 est sans doute
erreur ~pographique.
une
Cherchez la page 133 au ver'sa de la page 132. Pal' une nouveauté qui, je
vense, ne servira pas d'exemple, à partir de la page 134 tO'IS les rectos
pot'lent des chiHt'es paies ct les veesos des ch ifIf'es impairs •
:-" 1,.fIt . .- .
Eh biell! lion: le Nécrologe de Saint-François rai)pelle tflle
les barons Je Pont furent les bienfaiteurs du couvent (1) ;
mais 'il ré~el've le titre de fondateul' exclusivement à l'évêque
Haynaud (2),. Jamais les barons de Pont n'ont réclamé ce
titre (voit, l'aveu de 1732 ;) et comme leur pl'étentiofl eût été
témér'ail'ü ! L'évêque, en tant que seigneur du ' fonds SUl'
lequel s'élève le couvent, est présumé fondateur; et, pOUl'
déteuire ceLte pl'és'Omption, il faut un titre que les barons de
Pont n'ont pas.
Aucun dè ceux qui ont octroyé le titre de fondateur au
baron de Pont n'avait étudié la question de droit. Je rai le ·
premier (très mince mérite) exposée d'après notre feudiste
llévin (3). • ..
Du reste, en l'absence de toute prouve contraire, le titro '
de fondateur écrit pal' les frères mineurs dans l'acte de
sépulture de l'évêque Raynaud n'est-il pas une preuve suf-
fisante de son droit de fondateur?
On lit p. 30 de lq, Baronnie de Rostrenen: « La (à la
bataille de Saint-Aubin) péril'ent Pierre, siee de Pont et
Hostrenell, Vincent du Pont, son fl'ère ... » ,
L'auteur co l'l'igeânt , écrit p. 186 : « Il est à présurner que
le baron de Pont et son frère Vincent devaient être du nombre
des .captifs, cal' on Ile les donn-c pas comme mOl'ts dUl'ant
l'action. »
C'est nous dire clairemeut que tous les deux faits prison-
niers furent livrés au bourreau ... Voyons ce qu'en disent nos
historiens.
(1) Leurs bienfaits sont rappelés notêmment dans l'acte concernant
de Rochefort, JI1humée en IJ8J dans « l'habit des frères », selon
Pétronille
un usage fréquent. (N° 105 de la publicalion que j'ai faite du Nécl'oloye )
('1) Cf. L'acle de sépulture de l'évêq~le Haynaud (nu 150).
' lB) Notice SIl1' les nécI'ologes des Cor'delieJ"s (1886), Notice s~w Jean !JOlt
Jouan, histm'iographe du Couvent (1885). Plus spécialemen t, Le Couvent
de Saint-F1 'ançois, Fondation clu, Couvent (1891).
Le Baud, qui al'rête son récit à 1458, n'a pas }'aconté ia
bataille de Saint-Aubin.
Mais Alain Bouchal'd, d'Argentré, M. de la Borderie
disent expressément que le sil'e de Pont fut tué au combat;
ils ne parlent pas de son frèl'e Vincent qui avait moins d'im
portance que lui; mais Lobineau et Morice nomment les deux
fl'ères parmi les morts relevés sur le champ de bataille (1).
• Morts à Saint-Aubin. le bal'on de Pont et son fl'ère n'ont
pu périr qu'en combattant. Faits pl'isonniers, ils aUl'aient
été, comme d'autres, admis à rançon. Cela ne peuL faire
aucun doute. La condamnation à mort exécutée pal' la Tré-
mouille n'était pas pOl'tée contre les Bretons pris les armes
à la main, mais contl'e les Fl'ançaie qui, tenus au sel'vice du
Roi, coml5a"'ttaient contl'e !LIt dans l'al'mée bretonne. Nos
histol'iens sont affil'matifs SUI' ce point.
AlaÏt'l Bouchaed nomme seulement comme mis à mort sur
l'échafaud (c deux hommes d'al'mes français qui bl'etons
s'étaient rendus» (qui étaient dans l'al'mée bretonne.) -
D'Argentré ne mentionne pas- l'exécution. Lobineau et MOl'i
ce rapportent ainsi" les parQles de la Trémoille à ceux dont
il ordonnait la mort: « Vous qui avez quitté le service du
Roi pour faiee celui de ses ennemis, confessez-vous et vous
disposez à la mort» (2). Morice dit même que ces paroles
s'adressaient à « plusieul's français. »
Et elles ne pouvaient s'adresser qu'à des français, et non
aux prisonniers bl'etons, et pour une rai~on décisive. C'est
que, en 1488, les bretons n'étaient pas français; il n'étaient
pas tenus au service de g'uel're envers le Roi de France;
mais envers le duc de Beetagne. Donc en combattant contre
(1) Bouchard, f" 239. V" Ed. des Bibliophiles bretons. D'Argentré, fo
. 561. V" Ed . de 1588 . M. de la Borderie. La Bretagne aux derniers siècles
du moyen-âge, p. '24·;. Lobineau, Histoire, p. 786. MOl'ice, Histoire, II, 183 .
(2) L'auteur remplace ces mots par un discours qui est loin d'avoir
l'énergie de ces simples et terribles paroles.
le H~)i sous les enseignes ·du duc ils
n avment pas encouru la
pei!le de félonie.
Voilù co qne l'auteul' ne p'araî~ pas admettre, .il éCI'i t
(p. 182.): Le tI'aité d'Ancenis (lisez de ChâteaubJ'iant.),
conclu enLl'e les seigneuI's bl'etons cl · le Hoi de Feanec
auquel il ouvl'aiL la Bretagne, «( aUl'ait PLI être qualifié de félo-
« nie si ces gl'alllis seigneurs bl'etous n'avaient eu, en rac-
« complissant, la seule pensée d'amenee ]e duc à reconnaîtl'e
« l'autorité l'~)yale .. :» Eh ! C'est justement là qu'est la félonie
envers le duc et la Bretagne! Le tl'aité de Châteanbl'iant, ·
a élé {( la vl'aie cause de la l'uine de la Bretagne, de la perte
de l'indépendance bl'etonne. Ceux qui devaient la défendl'e
de tout leut' sang en ouvrent eux-mêmes par une indigne
1rahi80n les poeLes à l'étl'anger ! )) (1)
Voilà le langage de l'histoire 'craie; mais hélas! ce n'est
pas dans l'ouvrage auquel il nous renvoie (2) que Dotee
auteur trouvera l'exactitude. Cet ouvrage présenté comme
une histoil'e 'véritable, est en réalité un roman anti-h'istol'i
que. L:auleul' a mérité ce mot çlit de « lïnitiateul' ») de Pel'ri
naïc : « Un. auteut' plein d'esprit ayant eu le tOl't de cl'oire
que l'histoire s'invente comme une nouvelle ») (3).
Mais nott'e auteul' a tenu à joindl'e une inexactitude à celles
dout est semé le livre qu'il cite: il dit: « Michel Marion,
s'était mis à la tête de la défense .. , de Nantes".»
(1) M de la Borderie La Bretagne all.c rf.el'niel's siècles dn Moyen-A(Je,
(3) Michel li/m'ion, épisode · de la guerre de l'Indépendance In'eliJnne,
pal' 1\1 le comte de Saint-Jean (!87\:J). '
C'est là qu'on voit Rostrenen et Pont-l'Abbé clisC'·uLant ensemble .. et,
nous le savons, les deu,x ne font qu'un. On voit aussi le baron d'A vaugour
accablé par !'àge et la ,douleur suivant le cereucil de son fils, 01',
en ce temps, en j8~t(j-87, le baron d'Avaugoul' était (i'rançois de Bre
tagne, fils natmel uu clue, créé bal'on en 1480, très jeune homme qui
n·e s'est marié qu'eu j,HIO (selon Lobineau', 1.4,1):; (selon Moriee;, eLc" eLc.
- J'~i réponuu à ce l'oman : Un ]Ja ~l'iute 1)J'(~ton, le Quimp&O'is .}[icltel
Ma/'ion (1887). _
Imagination! Michel Marion a héroïquement fait son
devoir et l'a fait d'autant mieux qu'il· a gardé sa modeste
place. Comment nous montrer le petit bourgeois de la venelle
des Pots à Quimper donnant des ordres à François de Tourne~
mine, à Jean de Coëtmell et à tant d'autres seigneurs restés
fidèles au duc 1 Est-ce que IOHlx-mèmes ne faisaient pas
leur devoir? Si. La preuve c'est que le duc, en récompense
de leurs services à ce siège de Nantes, va élever leurs sei
gneuries de la· Hunauday\..J· et de Coëtmen au rang de baron
nies (1). Cette ·imagination est démentie par les lettres du
duc, et par celles que la reine Anne accorda plus tard à la
fille de l'héroïque quimpérois (2).
En voilà assez peut être trop - pour aujourd'hui . .Je vais
achever l'étude de Pont-Château et Pont-l'Abbé aux Etats
de Bl'etagne; je J'ùssemble et je publierai un joue des rensei-
gnements authentiques ùémentant les affirmations sig'nalées
la première page do cette étuùe; ces rens~ignements •
ofl'riront, je l'espère , quelque intél'êt, et pourront même
causer quelque sUI'prise.
J. TREVEDY,
Ancien P1'éslclent du T'ribunal de Quimper.
(1) V. les lettres d'érection des' qeux bUl'onnies, 6 septembre 1487.
Morice, Pro III, 551-553.
('2) V. lettres de la duchesse. Nantes,8 décembre 1490, découvertes pal'
M. de la Borderie, el publiées dans Un patriote breton.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. .. TOME XXIV, (Mémoires). 27
.Ie la Fa.nille de
Extrait de Ja G
1 .Jamet Baude, un des commissail'es du duc Jean V à la réformation de la noblesse cie l'évêché de Rennes, 1427·144.0.
II Pierre Baude et son frére Jehan comparaissent aux montres de 1480-1483.
III Olivier Baude mentionn~ comme noble dans la paroisse de Mouazé, 1513.
IV ' Michel Baude établi à Saint-Malo, paroisse Saint-Servan, a pour femme Jeanne Morin, dont (A)
V Lancelot, baptisé à Saint-SI~rvan, le 1J septembre 1527, épouse Guillemette de Bournay, dont
VI Hon, homme Henri tIcr) baptisé le 15 décembre 1;'>68, publié en 15\)0 avec Renée Semier, dont
VII Jean, sieur du Bois, baptisé le 1 ~ novembre 1599, marié le 20 juillet 1630, à Laurence de Carteret + en 1668, dont
VIII Henri (II), sieur du Val, né le \:) novembr'e lLi31, alloué de Saint-Mi'llo (1668), marié le 12 mai 1669, à Hélène Eon, clame de la '
Villedayny_ + le !J décembre 1685.
IX Henri (Ill ). sieur du Val, baptisé le 26 septembre '1680, marié le
François Joseph, sieu!' de Saint-TuaI, baplisé le '~7
~2 novembre 1708, à Pélagie-Céleste Picot, conseiller secrétaire
novembre 168"2, secrétaire du Roi (t 713:, marié
clu Roi + le 9 mars 1754, à Quimper, inhumé aux Carmes de
à Anne-Julienne Picot, mort en 176;'>, dont (13)
Pont-l'Abbé.
X Henri (IV), baptisé le 6 juIn Etienne-Auguste, baptisé le 9 mars
Françoise-Céleste
Joseph, né le 27 Marie, mariée
t 711, seigneur de Saint-Père Marc 1713. seigneur puis marquis de la
née le 17 aodt 1717,
août 1719, épouse à M. PoilviJain.
en-Poulet, baron de Pont l'Abbé, Vieuville, épouse: 1 10 février 1755,
mariée le 30 août
Marie Palamino + de Montaigu.
etc., épouse: 1 30 aoû t 1742, Fran· Anne-Andrée Baude, sa nièce à la 174'2, à Henri (IV),
avant 1755.
çoise-Céle!:-te Baude, sa cousine mode de Bretagne, morte, le '2 janvier son cousin, morte
1756, sans enfants; 2° le 10 avril 1758. sans hoirs.
~ermaine; 2° 17 novembre 174'1,
ueine Jeanne· Vincent + à Paris Françoise Joséphine Butler + le 4
le .... janviel' 17;'>7. (e)
mai 1794. (D)
,~ . .. :c.;..o;l ii=~-";;'::;:::===
- "' 7 pO C _
Du second mariage:
Anne Andrée (et
. XI Du second mariage :
1 Auguste-Joseph, né le Il septembre
non .J eanne) mariée '
1° Henri (V) mort ieune, sans
1700, vivait encore en 1824, mar
le 10 février 1755,
hoirs avant 1762 ;
quis de Châteauneuf.
à Etienne Auguste
2° Jean Georges Claude, né le 21
2° Henri, né le 26 mars 1762, général
novembre 174g, seigneur de T sans hoirs, le 3
de la division du Clos· Poulet, tué
janvier 1756, inhu
Saint-Père, baron de Pont,
le 29 mars 17\:Jü, da ns la forêt
etc .• maréchal de camp, 25 mée à Châteauneuf.
de Villecartier.
août 1791, épouse Marie·
3° Louis-Michel, né le li septembre
Louise Thierry dont Emi
1770, à Saint-Malo + en L7\:! 1 •
lie, Antoine, Hippolyte et
4° Elisabeth-Françoise, née le 4 dé
Adélaïde, nés à Paris de 1779
cembre 1764 + à Paris, le ~ dé
cemhre 1 814,épouse àChàteauneuf,
le 12 juin 17H3, Louis-Céle~te de
Talhouët. BonamoUl', dont posté
rité. \ E)
( A) Michel ést le premier Baude dont l'attache nous paraisse certaine.
(B) IX Pélagie Baude, mariée au marquis de Becdelièvre, premier président de la Cour des Comptes de Bretagne.
(c) XI Fille~ de Henri (IV): Séraphique, 5 novembre 17!lti. mariée à Armand du Pé, comte d'Orvault, 3(; mai 1769; Reine, 13 avril
1749, mariée à Calixte Foucher, 1773; Henriette, I:i mars 17'=:' l, mariée ù Hervé Thépault du Breignon, 1778; Céleste-Félicité,
26 octobœ ,1753, mariée. à Pierre ~u BOlsgeIin, 1775: . , .., ., « .,
(n) Mort a 81 ans sur l'echafaud, a Rennes, le 4 maI 1794, condamne comme « ex-noble et pere d'emlgres )). (Abbe Gmllotlll de Corson .
Seigneurie de Châteauneuf: Revue de Bretagne et de Vendée, X· (!. série), p. 4'25.)
(E) La mère de Mme de Talhouët hérita de son frère, Joseph Duvelaër, directeur de la Cie des Indes. une immens(} fortune et le comté de
Lude, acquis par lui en 1751. (Cf. Les Vit1ùns et le commeTce intel'national, par M. Frain. Revu e de l'Ouest, 1892, p. 6'2~ et suivantes:)