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Bulletin SAF 1897


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L´île de Sein aux temps préhistoriques

M. H. Le Carguet

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L'ILE DE SEIN AUX TEMPS PRÉHISTORI UES
Quelques mots sur le sol géologique et sur rancienne
étendue ùe 1 Île de Sein. avant de décrire les traces des
populations qui l'ont, autrefois, occupée.
I. LE SOUS-SOL .
L'île de Sein est composée d'une assise granitique recou-
roches sédimentaires.
verte de
Le granit qui forme le sous-sol profond n'est pas homo­
gène. Tantôt, en grosses masses compactes, presque sans fis­
sures, il émcrge : tels, lcsKornog, roches ou îlots de lachaus­
sée; ou bien, ··ces blocs, en a'van~ée sur toutes les pointes de

l'11e, s'opposellt à l'acLioll érosive de la mer. Tantôt,il forme les
plateaux sous-marins, appelés Louzouen-nou, Louzou-Guen-
nou, dans le langage des îliens . Recouvert d'alluvions et de
terre végétale, il compose, surtout, le sous-sol de l'île.
plus ou tr;loins épaisses,
Ces plateaux, disposés en assises
au 5.-5.-0., parfois 'à ~Hl angle de .
plus ou moins inclinées,
[1"°, sont fissurés ou reliés par des filons quartr:eux ou mica-

schisteux. .

eaux, les filons de quartz, plus durs,
Sous l'action des

furment des zones, ou Landes, en saillie; le mica-schiste, au
contraire, plus friable, laisse des dépressions, des· cuvettes,
pour renwillir l'eau pluviale, ou le sel
autrefois utilisées
cl'i:-;tallisé de la mer.
L'alluvion qui recouvre le grhnits8 r.omp()f.c, uuN .-0., d'un
sédiment brunâtre mélangé d'mi '~ilhJ ,> Gu s:liceux-micacé.
Il fragment de roche dévonienne CL hJLa;tÎ df'<'" bpirÜ'ers a
été aussi trouvé, à la grève, du côté de la c ·ll,l~ls.:;(;e. S . prove­
nance n'est pas bien déterminée.
Au S.-O.; elle forme une ·.couche d'argile d : :, .; ~ ,-

d'épaisseur. .

A l'E. età l'O., c'est un poudiuguc argileux contenant des::;:
galets roulés, inclinés du N.-O. au S .·E. A Kilourou ee

poudingue s'est massé, au N. de l'ilol, coutre l'échine gl': .....
nitique qui en compose le centee .
Le sol de l'île subit des modifications coutilluelles en sur·
face et en hauteur .
Son étendue s'amoindrit par suite de l'érosion de ]a mer.
Là, où le granit, en assises plates, était seulement couvert de
terre végétale (Bré-a-rog, Nivran: Pour-Tûn Cuiveur),

les embruns et les raz-de-marée le dénudcut. Partout où. ]51-
roche, émergeant à pic, ne s'est p~s opposée à l'action de la
mer, celle-ci a creusé cles anses à fond de' ~able (Go-ster,
Aber-bras, Aber-bian Gribinoc-vras, Por-Denver), ou bor­
dés de cailloux roulés? désagrég:és de leur gangue et tombés
sur place. A bref délai: si rOll n'~- remédie (1 ), celte action
de ]a m_er fera communiquer ces anses, de l'E. à ro. et cou­
pera l'île, en 'deux endroits, au HOjOLl et il Por-Delwel',
pour en faire trois Hots, le Dilogod, le Biladoc, et le ~ivrall .

U Il affaissement leut sc déteemille aussi, par suite dl' la'
désagrégation des roches du sous-sol, de la cOl'eos Îoll ct d~
l'entraînement des roches sllpedicielles paf' les üall~ plu­
viales et les emhruns surehal'gés d'acido carbon ique. Cette
corrosion est plus acti\ e depuis flue l'illClllstrie de la sO \ld e
s'est développée: l'Îneillél'atioll cles VHl'eGlls exhala nt. dall~
rail' humiqe qui entoul'e l'Lle, ulle plus gl'allde nwsse de
carbone.
Cet afl'aissemellt est remal'qualJle slu'Lout au Hojou. La
construite en 1817: pUl' M. l'ingéllieul' BcauLerups-
'pyl'amide,

Beaupré, laqueUes'élcvait, alol's: Ù ;32 mètrcs lI'a pills
(1) Plantation de tamarix sur les dunes, ceLLe essenee est comlllune Slll'
les côtes cIe Pouldreuzic et de Plo\ë:lIl, a lIssi expo~ées aux yen Ls cI'(I\le~L fi II(;
l'He de Sein; '2" Plantation cie figuiers entre les galets, qui seraient J1lnin­
tenus ainsi comme à Lerv ily, en Esqu ibien; 3° Helè\'ement des pierres cie
clôtures reny.ersées par les l'az cie marée. en les nnloncclnnl du ct'lté de la
mer; l'île gagnerait ninsi un ticrs en sul'f;:cé nllli""IJlc. r.c se i';1Ï1 l'on-
vrage des homl11es à faire en hi yer: ' .

u'une vingtaine de mètres de hauteur. De même, à Beg-a­
C'halé, on rencontre des substructions à un niveau inférieur
à celui de la mer,' preuves évidentes d'un abaissement du sol.
A Hoc'h-Piked, les assises l'ocheuses se détachent, en
éclis, par suite de la désagrégation des filons mica-schisteux
qui les relient. Ces assises glissent sous le choc des vagues
et sont emportées par la mer.
L'île de Sein était donc, autrefois, en étendue et en hau­
teur, bien différente de ce qu'elle est aujourd·hui.
II. ANCIENNE EXTENSION DE L'ILE.
Le sol géologique, les découvertes archéologiques, les
noms de lieux., don:1811G des repères qui permettent d'étendre
le sol de l'ile de Sein, au-delà de ses limites actuelles.
Nous citerons ù l'appui de cette assertion:
A l'O. du phare, à 2 kilomètres de terre, entre Plaç-ar-
Skoul et Por-Cazec: une butte de terre végétale, recouverte
de sable et de pierres détachées, et appelée An-Duchen, le
tWlJ/,ulu,s ;
Entre cette butte et la terre, à un kilomètre du phare,
uhstructions dans lesquelles on a trouvé des meules plates,
ues poteries faites à la main, des charbons;
Plus près de terre, les soubassements de quatre pans de
muraille E.-O. en pierres sèches, appelés Ar-Go-Yoguél"'iOlt,
les rieilles mttraitles ;
Le 81'é-a-J'og, la .r;olline qtti avance: roches plates, au­
jourd'hui dénudées, autrefois couvertes de terre végétale et
formant îlot;

A l'E. de Bré-a-rog, la roche découverte de l'Isaudy, 'la
l'oche an vas des gl'èIJes ; .
Les roches plates du NiIJran et du Gadol', également
dénudées;
Des emplacements de maisons à GuiIJeu1", le grand bourg;
A 100 mètres plus à l'O., le Guivian, le petit bOttrg;

Le plateau granitique dénudé de Len-garn-idoc, le CUTn a'u
ntiliet~ des blés;
Des substructions à Beg-a-C'halé, affaissées au-dessous du
iyeau de la mer : poteries, charbons, ossements: pierres
de filets;
Des traces de champs à P01'-Kct1"c, Beg-A c' halé, IJefj-w'­
Groën, appelés J m'dinou-al'-Beg;
Mêmes traces au S. de [{itou1"Ot~;
A l'E. de Roc'h-Piked, des suhstructiolls rucouvertes par la
mer: pierres taillées utilisées actuellement pour la cous truc-
des maisons de l'île;
tion
Au N. ùe la roche du Chat, roche appelée ])ouanne'ul"us, la

grande teTre haute;
Entre le NerTot et Roc'h-Piked, Ull cheual appelé Canol­
ar-Pet~l 'ven ; une roche y porte aussi le même lwm.
Telles sont les découvertes faites au pourtour de l'ile . .
Une question se pose: l'île a-t.,.ùlle été, autrefois, reliée
au continent?
En avant de la pointe du Cap-Sizun, sur]a haie d'All-
dierne, à 3 kilomètres de terre, ' se trouve lIne sér'ie de
roches, 'ou basses, en ligne droite parallôle:)]a terre, allallt
des rochers du Chat, jusqu'à ]a pointe de Lervily . .

En dedans de cette ligne, le pt)'udinguc ue l'ile c1.c Sein f

se retrouve, en différents endroits de In-côtc, scnis Plogorf,
Primelin et Lervily i
basses porte ê.lussi Ull Hom pl'éltistof'iqrw,
L'une de ces
Bass-ar-C'harn;

Par ailleurs, dans los élJ01..l1is de la ' côto, 011 rCllcuut:'e,

fréquemment, de~~ haches polies, des poteries,
Il est donc probable que l'espace de mer qui sc tL'Oll\"l' .
aujourd'hui, entre cette ligne de roches et la terro, ét:: i t
comblée par une terre d'alluvioll, s'étendant vel'S l'île de
Sein, L'île devait en être séparée pal' un passage étroit.,

encore appelé CCl'1wl-Cuéor, le chenal dt" gr!ant, ou mieux,
'du Gaulois.
C'est sur cette pentiire que les riverains placent la légen- .
daire ville d'ls, dont l'Ile de Sein était l'extrémité. Mais
laissons les légendes.
En résumant ces dOI~nées, ou peut admettre que l'île de
Sein, si elle n'était pas attachée à la terre ferme, s'étendait,
du moins, sur la chaussée, de plusieurs kilomètres, et sur
le Haz-de-Sein de un kilomètre .
Son profil, aussi, était bien diHérent. Des élévations, au
Guivew' et à Bec-a-C'halé, séparaient le Len, de la mer. Le
Len, partie basse de l'11e, recevait les eaux pluviales des
sommets qui l'entouraient, et formait étang, en hiver. Ces
eaux avaient leur écoulement à l'fiber-Brç(s le grand es-
t'uaire.
Un autre écoulement se faisait du Bl'earog et du Dilogod,
an N., vers le Rojou, ou collines et l'Aber-Bian .

EpOQUE ~J~OLlTHJQUE.
III. - OCCUPATIONS. -

Cette époque a laissé, à l'Ue-de-Sein, les plus nombreux
vestiges.

exploratiolls que !lOUS avons faites de tout le
Dans les
nous avons été amené à émeUre cette propo-
Cap-Sizun,

sition (1) :
Que toutes les s1a1 ious néolithiques sc cdmposent de
quatre éléments:
i 0 Le dolnwn, ou sépulture;
:2,0 Le carn, endroit où se préparaient les
ceremOflles
funèlJres .

:3° La pierre lCDée, indicatrice des endroits
consacres au
culte, ou affectés aux rôunions publiques; .

(1) Mémoire lu nu Congrès de la SociéLé française d'archéologie, à Brest,
en '189ti. .

4° Le bud, ou habitations. .

Ces quatre éléments sont toujours groupés Sur la
111eme
yolline, de sorte que si l'on en rencontre un, les autres se
trouvent dans le voisinage. C'est de règle génÛale. Si l'un
d'eux vient à mallquer, c'est qu'il a été détruit; mais, très
souvent, le nom en est resté.
En appliquant, à l'ile de Sein, ce principe, on y trouve
onze centres de population néolithique qui réunissent un, ou
plusieurs, de ces éléments:
Ce sont:
1 ° A Plaç-ar-Skoul, petite butte de 3 mètres de diamè­
tre non explorée; autre tumulus ouvert;
Aux environs, Parc-ar-B'Ltdwn, expression indiqnant des
. habitations;
2° En face Je Plaç-ar-Skout et de Pors-Cazec, entre les
rochers de Mûidèm et '. de lJfen-a-BrOt/.d, an-Duchen, butte
recouverte par la mer; .
3° A Bey-a-Lan, galerie de 15 mètres environ, orientée
E.-O. en face de .l'Aber-Bras; quatre pierees seulement
debout ; . .
Petit menhir renversé, à l'extrêmité de la pointe;
4° Au Corijo~t, l'ancien gLuI) à gauche de la route du

phare, dolmen détruit; cendres, coquilles de bemiques ;
Menhir écrèté, en face, à droite de la route : hauteur
actuelle i m. 5 .l:, larg'eur l m. 17, épaisseur ·O m. 28 ;
5° Galerie, à 10 mètres O. du Rojou, cléc~u verte et
fouillée, en 1887 ; poteries fines brunes, charbons, cendres;
6° A Meneï, dans les sables, plusieurs cist-ven, à
rainures, Je l mètre à 1 m . 20, détruits vers 1872, par un
Hien qui, d'après la légende, y aurait trouvé un trésor;
Au point culminant de Menel, butte al/ec traces d@ clol-

men' ,
Amas de 'coquillages, débris de cuisine, avec éclats de
silex noirs ct os de petits féliens ;

_' 70 Menhir de 0 m. 80, penché vers l'est, à moitié
enfoui dans le sol, à Beg-K aé-Bél'a'n;
_, 8 Tumulus, avec dolmen détruit, près du Gt~i 'lJe'Ur ;
A côté, le Len-garn-ldoc, le car·n att 'miliett des blés;
-' 0 Galerie~ E.-O. au 5.-E. de J(ilO1~ro'Ll" le Village des
hommes, à 2 m. 60 du relais actuel de la mer; 3 piliers
debout; ,
10 kr-Roz, poilit culminant de KilouT'ou, dans un e
enceinte quadrangulaire de 7 m. 40 de côté, Toul-COT1'iqttet:
galerie détruite, contenant encore 12 pierres debout ou
renversées (piliers et tables) ; instrument eu silex et coquil­
les de berniq ues (1) ; ,
Dans la même enceinte, menhir renvQrsé vers le N. ,O.,
ha uteue 3 m. 23, largeur 0 m. 65) ,
il ° A Nill1'an, gl'Oupes de sépultures l'8unis sous le
tumulus qui surmon~e la croix: plusieurs cist-ven isolés 011
adossés; petites galeries aboutissant à des chambres sépul­
Gl'ales; dolmen recouvrant un cist-ven ; dolmen simple. Rite
de l'incinération dans ces sépultures multiples; silex en pctit
nombre; poteries bnî.lées, à gTains de quartz, faites à la
main, rougeàtl'cs sur les deux faces; galets brisés; ccudres;
cbarbons;
Habitations an Gadol'; un raz de marée ê1 dénudé l'assise
gt'anitiqùe eutre le Nio}'u'n et ces l'ochos, mais à la base de
celles-Gi se retrouve une padie du sol des huttes: terres
brùlées; pOleries grossières, rOllgcùtrcs, avec grains de
qual't/'; ; éclats de silex; galets.
Le L)féfjOllf,Bihan, le petit cu:useUT menhir de 1 m. 00
sur i , m. J5, Ù (-50 mètres suu de la ceoix; le Run qui entou­
rait sa base Cl été démoli; à 80 mètres O. les Prégo1û'ien­
les gmnds Crtllsenl'S, deux mellhir·s situés dans le
Brus,
même plan, ~ .-5" à 0 m. 80 de distance; le menhir N. a
(1 ) Au Cap-Sizun, les coqui lles lie herniques sc sont aussi renconll'écs

pl'indpalctllCnL üans le Lumulu~ dç Kel'dugazul, en Primelin.

2 m. 70 de hauteur sur 1 m. 40 de largeur; le menhir S.,
mutilé, a encore 2 m. 30 de hauteur, sur 1 m. 20 à la base.
Ces menhirs sont implantés sur un l'un, ou butte, entourée
de pierres debout, en forme de cromlec'h; autrefois, cos
menhirs étaient reliés au tumulus de la crOix, par un chemin,
sorte de via sacra bordé de mêmes pierres dont quelques­
unes se rencontrent encore.
Aux abords de l'ancien puits de l'île, ' .se trouve L ia­
C'ha1'nog, l'endroit où se préparaient les céf'émonies funè-
bres, de cette occupation.
Cette station, la plus importante de toutes, a été longtemps
occupée : le nombre, les divers modes de construction de
ses sépultures en est la preuve. .
Vers 1872, après les fouilles qu'un archéologue pratiqua
à Kilourou, les îliens, sous prétexte de trésors cachés, se

l'lIèrent sur toutes les buttes, tous les dolmens, tous les
menh irs de l'île, éventrant tont, rasant tout, brisant, disper­
sant tout., en pure perte pour la science et sans profit pour
eux. Un seul îlien, raconte-t-on mystérieusement, aurait
trouvé sa fortune dans-les cist-ven de MeneL

En compal'ant les -dires des îliens, après cotte destruction,
avec los traces que nous avons rencontrées, et les fouilles
quo nous avons achevées, nous pOUVOllS caractériser ainsi

l'occupation néolithi;;{ue à l'Ile-de-Sein :
La population, au contraire 'de ce qu'elle est aujourd'hui,
massée au fond du port, vivait, épal'se, sur toute l'étendue
de l'île, cantonnée, par familles, ou par groupes, sur les

élévations .
Les habitations étaient établies sous les roches ou à l'abri
des rochers. Les vases grossiers servant à cuire les aliments
et les débris de cuisine indiqllent (lU' elle \ ivait misérable-

ment de coquillages et de petits animaux.

Le culte des morts y était très ' développé et, comme dans

le Cap-Sizun, réduit à sa plus grande simplicité .

La plupart des sépultures sont orientées E .-0 .
Des aliments funéraires étaient déposés dans les tombeaux.

part nous n'avons trouvé mention, ni trace, de
Nulle
haches polies. Les îliens actuels n'en ont aucune notion, ni
Peut être la hache polie, comme dans certaines
connaissance.

sépultures du Cap-Sizun, était-elle remplacée par des g'alets
brisés?
L'incinél'ation pfirait avoir été le seul rite usité. Elle était
d'une manière complète; les restes d'ossements, avec
faite

cendres, étaient déposés dans des vases et remis au feu.
les

Peut-être même ces vases servaient-ils plusieurs fois: les
poteries fOl'temebt brùlées ou enduites de suie, trouvées

à Nivran, l'indiqueraient assez.
Tous les genres de sépultures usités à l'époque néoll-

thique se trouvent épars dans l'île. Le tumulus de Nîvran,

les réunit tous. A Poulgangnou, en Plouhinec: M. Grenot a
observé le même fait de sépul tures adossées :
lÏt
« C'est une suite de chambres sépulcrales indépendantes,
- dit-il, « construites au fur et à mesure des besoins à

« côté de celles déjà existantes, auxquelles on adossait les

« nouvelles après avoir détourné pour un instant une partie
« de la terre du tumulus qui les recouvrait. ))
La diversité des sépultures renfermées sous le tumulus de
indique que cette station a été occupée à·toutes l(-'!s
Nivran

périodes de l'époque néolithique .

La destruction de ce monument a commencé depuis long-
temps. La croix qui le surmonte porte la date de 1776. Les

piliers des dolmens, dénudés et rendus saillants par suite
ont été appelés les « chevaux de l'île».
de cette érection,
Les tables étaient enlevées pour faire les, meules des
« Braou )) (1), les moulins à bras en usage. Sous la Révolu-

(1) Voir les hulletins de 1893, de la Société archéologique du Finistère,
p. 339 : Meules et mollettes 1wéhislO1';ques du Cap-Siz,un Le B'l'aou ùe l'île
de Sein.

tion, ["!ln des dolmens fut utilisé com:ne poud!'ière. Au mois
J 'août demiel', la destruction a été paeachevée pour la

construction d'une citel'ne et ùans les fouilles on a teoLlvé
une monnaie de l'an II de la Hépublique.

IV. OCCUPATIONS DIVERS]\S .
L'ne de Sein possède encore quelques teaces d'occupations

qu'il est utile de signaler: .
° Les l'uns, amas de cailloux déjetés des champs labourés;

au centre de quelques-l~ns on remarque des pierres pouvant
apparteni!' à des dolmens ou à des menhirs; une fouille de
ces Luttes serait à faire. .
2° Ar-Guel'-a-Droaë, roche plate dans un carrefour, à
l'angle de la route du phare et de celle de Plaç-ar-Skoul; cet
endroit serait hanté.
3° Le TOjOU, des beiques à rebords, des tessons d'al11-
phoeès, des monnaies indiquent un établissement romain.
Moyen beonze twuvé I.e 16 juin 1889 :
Face:
ANTO~[NVS AVe. PI VS P. P. TR. p, COS. III.
Buste d'Antonin, tête laueée à droite;
Revers:
S. C. Divinité drapée: debout, tenant une lance daus la
main droite, la main gal(che étendLle el, sac!'ifiant. sur un autel.
'Les sables .du Rojou pourl'aieni recouvrir dos subs-
tructions.

4° A.n-Ty-Téol, la maison de bri]lle.; située .aux abords du
bateau de sauvetage: nombl'cuses monnaies.
5° Dorgleuen, ou ancienne l1lLll'aille, à l'ouest de l'école
des garçons.
Tels sont les monuments que nOU3 avons trouvés à l'Ile- .
de-Sein .

. L'Hien actuel remonte-t-il aux: éjJoqws que lions venons de
clécrire? Est-îl le détenteur de lu tl'lulition druùlique ?

Nous 11e le croyons pas; et notre opinion est basée sur

ces deux faits :

L'inoccupation de l'He à différentes époques; le caractère
anthropologique de la population .actuelle.
Après l'ère gallo-romaine, toutes traces arçhéologiques
disparaissent presque complètement. Seuls, un nom archaï­
que, une occupation bien définie, se rencontrent. Ce n'est

pas assez pour relier douze siècles. Dans la série de$ ves­
tiges, il y a des lacunes, par conséquent, il ya eu inter­
ruptions d'o ccupations. La population primitive a disparu,

le Hojou, gallo-l'Omain, s 'est couvert de 'sable, et l'île est

deyenue déserte.

A une époque indétel'minôe, une nouvelle population
s'ét.ablit au Guiveur. Ce devait êtl'e une population maritime

cantonnée aux bords d'une baie existant aloes, à la partie
sud de l'He et comprenant Len-Ganna et Por-Kaïc. Le
nord ne paraît pas avoil' été habité. Cette occupation du
Guiveur. cessa par suite de l'affaissement de Bec-a-Chalé et

la destruction du village par un raz-de-marée qui a laissé ù
nu l'assise l'ocheuse SUl' laquelle il était établi.
L'occupation actuelle fut créée par des naufragés, des
pêcheurs et surtout par les coureurs de mer. Etablis au
fond d'une anse de l'est, à 1'0 -Meur, cachés ' par les roches
du Nerrot et ùe Roc'h-Piked, leurs cabanes à moitié enfon­
cées dans le sol, invisibles du côté de la mer, ils épiaient
les navires. Cette occupation est d'origine assez récente.
Tout au plus remonte-t-elle à quelques siècles.
Le caractère anthropologique de ses habitants indique
aussi qu'ils sont de diverses origines. On y rencontre les

grands blonds leptol'rhiniel13, aussi bien que les petits
bruns trapus mésorrhiniens. On y remarque même l'œil
oblique mongol. Le type dominant, surtout chez la femme,
est le type latin, ou mél'idional, qui n'a rien de celtique.

Les légendes dl'llidiques que l'on trouve à l'île de Sein,
sont donc toutes d'importation, aussi bien que de fiction
L'îlien actuel, intelligent, obsel'vateur, est volontiel's cau­
seur, quand on sait bien le prendre. Le fond de ses légendes,
il les pl'end dans le roman d'Hippolyte Viole au « Alnice de
·G1.œrmeur », quïl a lu dix fois et dont les meilleurs com­
mentateurs sont Pauline Menou et rami Pon-Coq, un rude
marin qui en sait long sur l'histoire des Druides.
Le mot Nivean, mal compr'is, a été aussi le point de dépal't
de fausses intel'préta~ions. Une légende en donne l'expli-
cation : ..

Deux corbeaux avaient l'habitude de se poser sur une

roche du Gador. Ils tIrent leur nid da ns celles qui avoisinent
tumulus de la croix, et ceI'a, durant de nombreuses années.

Les îliens frappés du retour des oiseaux aux mêmes lieux,
esprits préposés à la garde de l'île. La roche
en firent des

du Gador fut appelée: Carrek-ar- Vran, la 10che du corbeàu;
l'endroit où ils nichaient, an lV{IJTan (aliàs nith-vran), le nid
du corbeau. .
Le mot Nivran, par assonnance, est devenu l'offrande, la
dél-ivrande, et l'on a bientôt trouvé l'église où les Druides
pratiquaient leur culte, l'autel sur lequel, au temps de leurs

Pâques, ils immolaie'ht ùes victimes humaines .
Ainsi se créent les légendes.
LE CARGUET .

Aud ierne. le 26 Aoû l "1897.

NOTA. Des spécimens de,~ob.iets tl'o/,tUés, û l'Ue de Sein, ontété ,dél'o-
sés, au, Musée ile Quimpel', vitt'ine C, li. cüté (l ::s piel'I'es aeusées, qu.i ont
servi aux anciens monl-ins ct bJ'as dl/, Cap-Siz,nn •

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