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Bulletin SAF 1897


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Note sur les inhumations de laïques dans l´habit religieux

J. Trévédy

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, XIII.

NOTE .
Sur les inhumations d~ Laïques

DANS L'UAnIT RELIGIEUX '

.l'ai imprimé qu'au XIVe siècle une grande dame de Cor- .
nouaiIle l'ecevant la sépulture dans l'église des Cordeliers
de Quimper avait été inhumée CI dans l'habit des frMes »,
c'est-à-dire dans le costume de saint François; et; pour
preuve, je citais une mention du nécrologe des Cordeliers.
L'énoncé de ce fait a été pOUl' quelqnes-uns une révélation;
et, à ce titre, il a trouvé des incrédules que n'a pas
convaincus la citation du nécl'ologe. Le fait est pouf'tant
hislorique: et pas un usage ancien n'est mieux avéré que
l'ensevelissement de laïques, hommes ou femmes, dans le
costul1le d'ordres religieux.
Lobineau a mis cette pratique en pleine lumière ... Mais
on lit si peu Lobineau ! Il est vl'ai qu'on le lira moins encore
quand son fel'vent admirateur, notl'e éminent confrère M. de
la Borderie, aura mis la det'flière main à son Histoire de
Bretagne. De nos joues on a peul' ues in-folios; et. le gros
in-folio de L()bineau lui a été fatal. Il y 'a ponrtant dans ce
bouquin des pages que tout Breton devrait lire: relire:
méditer et savoir par cœur. Ce sont celles où l'histoden
décl'it les mœurd et usage" ue nos pèl'e3. Lui-même donne
à ces descriptions le nom de (C poeteaits abrég'és des moeurs
et coutumes » de Bl'etagne (1). Il a placé le prerniel' de ses
portraits à la fin du I~e siècle, (p. 70 à 77); le second au

(1) P. 199 et ~43.

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXlV. iMémo.ires). 17

début du XIl siècle (p. 197 à 20()); le
tt'OISlemc tel'mine 1('
volume (p. 8[1:3 à 854).

Ouvl'ons donc ces pages si curieuses et si insLeuctives.
Voici ce qne dit l'illustre historien d'abol'cl des sépultLlI'c~
dans les couvents, puis de l'ensevelissement dalls l'habit
religièux.
Histoire, p, 73. - « Les moines ne vendaient pas le di'oit,
. Je sépultUl'e dans les cloUees ; mais ln t'églllarité de leur vie
gt'Hnde cunfÎilll ce en leu l's pl'ières
faisait que l'on avait une si
qu'on se podait facil ement à une donation pOUl' obte nit' ce
droit. »
Et poùr preuve du ù:lit: l'histOl'i Ctl nOtlS retlvoie à son
volume de P1'euves~ colonne 72. No us y lisons. (Je tl'aduis
mot à mot) :
« Deur'hoiam et sa femm e H.oiant-Kent se l'ellllieent Ù
Saint-Maxent au .tour de la fête çles apMl'cs Piene et Panl,­
au temps où régnaient en BI'etagne Pasquilcn et Gllr\'allt.,
Ils pf'ièl'ent les moines de leur mOIlJ.t'e l' Je lieu où ils POUI'­
l'aient a voit' leur sépultuee, L'abbé Liosi c leul' illdi(jua une
place dans le porche de Saint-l'Iaxent (de l'église). Après
quoi ils entl'èl'ent ensemble dans Saiu t-Maxent (dans l'église ),
Chacun d'eux mit un de ses gants SHl' LlIItel; Delleltoinm dOIl-
na iElhuric, etc., en don de son corps; et sa femme, Hoialll-
IEthueéc en don de son COl'pS à Sairit.-l\Iaxent.. ..
Kent donna
lJeul'hoiam mOlll'ut : sa femme et son tUs Jamwocon appor-
tèl'cnt son coeps à Sa:nt-Maxcnt : les moines sOl,tirent n11-
devallt du C01'pS avec leu rs l'Jliques ; et ensemble ils l'intt'o­

le 1l10nastèl·e .... )) (1)
duisir'ent dalls

(1) Saint-~'laxcnt cst ce monastp.l'e au pnys de Plélan qui fut l'asile
de saint COl1voion, fondateul' de Saint-Snuve:Jl' de I1cclon, quand il fut
conll'ainl cie fuir devant les Normands el d'"bandonner son abbaye qn'il
nc devait plus l'CVOil', Aujoul'd'hui pill'oi sse et co 111 111 Il ne du canton de
Plélan, alTondissement de Montfort (Ille-et-Vilaine), .

La date de l'acte est certaine. L'abbé Liosic, second suc­
cesseur de saint Convoïon, fut élu en 871 ; Pasquiten, comte
do Vannes, et Gurvant, comte de Hennes, s'étaient partagé
in Bretagne d'alors, en 874; et ils la tinrent jusqu'à leur
}1101't pl'e.sque simultallée, en 878. Mais, dès le 19 juin 876,
sinon auparavant, Liosic était remplacé à la tête de l'abbaye.
La date de la donation se place ainsi entre 874 et le mili~u

Dans son second portrait, Lobineau entre dans quelques
détails, et signnle l'usagêl de l'ensevelissement dans l'habit
religieux.
Histoire, p. 202. «Le XIIe siècle a été plus fécond en
fOlldalions et en donations qu'aucun. autre ;_ la plupart de
ceux qni les faisaient n'y attachaient aucune condition oné­
l'ouse; mais il y on avait aussi qui achetaient par ces libé­
ralités, pour oux ou pour leues descendants, le droit d'être
reçus pOUL' rien dans los abbayes ou d'y être enterl'é3 après
avait' été revêtus de l'habit de l'ordl'e ; ce quïls appelaient
se donner pour la vie et la mort. »
Lobincau semble se rérét'el' pal'ticulièl'ement au XIIe
siède . . Toutefois. l 'ensevelissement dans la but'e des l'eli-
g ioux devaiE avoir une ol'igine plus ancienne . En effet, cefLe

n'a pu se répandre en peu de temps; 01' au xn
pl'at.ique
si('clc elle était déjà « assez o('dinaire JJ. La preuve c'est
qu'clle avait donné lieu à une fOl'mllle nouvelle: se donnel'

pout' la vie et pOUL' la mort.
L,obineau n'appuie les observations cÏ-dessus d'aucune
pl'cuve. Mais, quelquos pages plus haut, il avait donné un
illust('e exemple d'une donat.lon pOUl' la vie et la mort et
d'ullo donation paal' la rnort seulement.

(1) LolJineau. !lis!. 1, (i7-G8. - 'Moriee Catalo 1 bb' Il' t
. . " u e c es a es. . .. 1 S •
T. II, p. XCIX •

• En 1112, Alain Fergent, pris- d'une maladie qu'il
croyait mortelle, se démit du trône et entl'a dans l'abbaye
de Redon pour s'y faire inhumer. Il gllél'it, resta l'hôte
de l'abbaye pendant plusieurs années, enfin, Sr reçut
la sépulture (1119). Sa veuve El'mengal'de après un séjoul'
à Fontevl'ault et un pèleeinage en Tel'I'e-Sainte, l'eviut vivre
à la porte de l'abbaye où elle tùt' inhumée aupl'ès de son
mari en 1147 (1).
A peopos de rentrée d'Alain daus l'abbàye de Hedon,
Lobineau fait cette obsel'vation : enU'el' daus un monastère

(( était une résolution assez ordinail'e aux g'l'ands seigneurs
de ce temps là, lorsqu'ils se sentaient. atteint.s d~ quelque
maladie moetelle ; mais qu'ils ne gal'daient gllèee s'ils reve-

naient en santé, comme on voit pal' quelques-uns d'entl'e
eux qui, après leul' guérison, sout retournés dans le monde,
et par d'autees qui stipulaient que leul'i; vœux sE'l'aient nllls
s'ils ne mouraient pas de leues maladies. »
. Le duc Alairl fit autrement: a\'ec le consentement de son
ms et de sa femme, il se donna pOUL' la vic et la mort; et
Eemengarde elle-même se donna, mais seulement pOÜI' la
mort. Il n'est pas besoin de dire qu'elle Ile pouvait se donner
pOUl' la vie ù 'Saint-Sauveul;, l'entrée des couvents dllOmmes
étant inteedite aux femmes?
Il est probable que le due AJa i n fut, eomme sa veuve,
inhuiné dans l'habit l'eligieux ; mais nous ne donneeons pas
leues inhumations pOlll' un exemple d'ensevelissements de
laïqu~s dans la bUl'e des moilles. En el'fet, il semble bien
qu'Alain, resté ap.rès sa guér'ison lîlt>te du couvent, avait
pris l'habit l'eligieux; et on sait, Je façoll certaine, qu'Er­
mengarde avait reçu le voile des maius Je Robert d'Ar-

Cf) Lobineau, lIist. p. 125-123-133. AlIJJ(l L~ Gl'tllHI, Vie de la R.
Ermengm'de, p. 51.{) (Ed; de M. de Ke'l'c!:tneL).

brissel. Ils avaient [1insi l"habit religieux même avant leur
mort (1).
lïnhumation sous l'habit religiel!x était selon Lobi-

Ilcau, fréquenle dès ]e );J1C siècle, elle dut le devenir beau-
coup plus au .siècle suivant. C'était l'époqu~ clesprédications
de saint François ' d'Assise. Il prêchait la pénitence .... et
avec un succès tel qu'Il s'en effraya ... , ce qui n'arrive pas
d'ordinaire dans b solitude, d~s ma['is prétendaient quitter leurs fem-
mes et des femmes leurs maris. C'est pOUl' les retenir dans

le monde ell les àfliliant à sa règle que saint François créa,
Cil 1221, son Tiei's-Ol'dre. Sans porter l'habit extérieure-
mellt., les terLiHires prirent le cordon et le scapulaire, sym- '
bole OLt dimillutit' de l'habit: et dans la mort ils étaient
revêtus de l'ltabit d J SUltlt François .
Lobilleau ne rappelle aucun exemple de ces ensevelisse--
mellts . il aura jugé les exemples inut.iles tant ils sont
eOJlllllllllS. Pour nous, puisqu'il faut une démonstl'ation, il
1l0US suIIlJ'i.l de J'envoyer à l'extl'ait des nécrologes du COll-
vent SaiIlt-I,"'rançois de Quimper (2).
(1) On peut cependant se demander si la retraite d'Alain dans l'abbaye
de Saint-Sau\'e ul' ne rcssCI.nblait pas à celle de Chal'les-Quint a Saint-Juste. '.
Du moins Alain avail-il conservé plusieul's "er\;iteurs. Les bénédic'tins de
Bedon avaient gardé un pieux et reconnaissant souvenir au duc Alain et
t. Ermengarde. Ils leur attribuèrent deux grands portraits placés dans
leur église d'un homme et d'une très jeune femme vêtus à la mode du
XV " siècle, el qui sont à n'en pas douter, Pierre II et Françoise d'Amboise
vcrs le temps de leur mariage. Cf. la démonstration faite par M. d'Espi­
nay, ancien conseiller à la cour d'Angers, de l'eneur de Lobineau et Moriee
qui ont publié ces portraits en suivant la tl'adition'de l'abbaye. ,l'ai publié
cCl le démollSl.réllion i'I ret; quelques observations à l'appui dans Po1'lTaits
d'A lain Po'gent et d'E1"menr;arde, Bu II. de ln Société a rchéoloaique du
Finislèl'e, 1892. 0
('~) Pou~', plus de détails, je me pel'lnets de remoyel' à mes deux opus­
cules publies au bulletin cie lFi Société archéologique. Notice sw' les nécr'o­
{();;(s rlu WlllJwt de Saint-Fntnçuis, 1884; Ce qui ' 1'f!.sle des nécl'ologes du
couvent de Saint-F1'anrois, 1888. .' .

Le nécrologe' mentionne des morts inhumés dalls l'habit
des frères depuis 1353 jusqu'à 1530, près de deux sièles. Il
nomme douze fem1118s et six hommes ainsi inhumés: Sur
144 morts: c'est juste le huitième. .
Ajoutons qu'un des actes rappelle que quillze chevalil~l'::;
de la maison de Quelen « ont tant aimé l'Ordre et ce COll-
vent qu'ils ' ont voulu êtJ'e enseveli!::> dalls l'habit de Saint-
François. ))
Et, remarquez-le, llOUS n'avons certainement pas la men-
tion de toutes les sépultures analogues faites. à Saiut-Fran-
çois au cours de çes deux siècles.
Le document que j'ai publié n'est pas le nécrologe du
couvent, mais un extnlit du néc!'ologe fait pour ou par le
P. du Paz seulement au point de Vlle ùe ses tl'avaux généalo­
ques (1). La dernièl'e mention faite à cet extrait pode la date
du 2 ' des ides de févr'ier 1539; mais il ne faut pa!::> pt'elldr'e
. cette date pour celle de la dernière inhumation de ce gt!nre.
Je donne ci-dessous la liste des morts inhumés entre 13:>:-)
et 1539 dans -l'habit religieux. On y trouvera les noms
de seigneurs et dames de Nevet, Pont-l'Abbé, Tyval'1en, le
Juch, Vieux-Chastel, Plœue, .ete., la Heu!' de la haute lIoblesse

de Cornouaille.
Il Y a une interruption de près de cent cinquante aus enlre
la dernière inseription ùe l'extrait et la pl' i.'. rnière Eor·tée au
nécrologe, authentique celui-lù, qui s 'ouvrc on loSl , pour
(1) « Cet extrait provient, m'écrivait M. l~ baron de Cou rl:y, al()rs sun
possessem, des manuscrits du P. Augustin du Paz. acquis, en J G:3':2, pi'll'
Pierre de Lannion, baron du Vieux-Chaslel, seigneur de Quinipily, gOIl­
verneur de Vannes et Au ray. 0 Du reste la cop ie, d'une lrès· IJ1;Hl\·;!i~e
écriture, a été faite hâtivemenl et est incomplèle ; il ê1 été (li iii s ei llf{
actes du xv' sièele concernant les maisons de l{el'laouénan el Hosmadec ;
la mention de l'évêque Alain de Lespervez manque aussi. Ces f!cles nous
sont fournis par une copie exll'aile du fonds Baluze.

se conLilluer jusqu'en J7SÇ), et que gardent les archives
municipales de Quimper, .
Quand 011 ouYrC le dernier nécrologe, on ' reconnaît (si
J"cXpl'es::;ioll Il'est perm ise) que le personnel des morts n'est
plus le même. Sur 2~35 mentions , il y eu a peu concernant des
O'cntilshornmes ayant enfeu au couvent. La plupart des morts
soot, outre . les frè l'es) les ouvriers et fournisseurs du cou-
YCllt, des bourgeois cie Quimper, ou même de pauvres gens
auxquels les frèees donnent Ulle hospitalité gratuite dans
les tombes armoriées, mais délaissées des vicomtes du Faou,
des seigneurs de Guengat) etc., et dans la chapelle prohi­
biti ve du J llch,
Les illhum8,tions ~ous la bure des religieux sont rares, Si
on déduit du lJoml)l'C' uc~ morts vingt-trois religieux et une
vingtaille d'cld'Buts du voisinage, il en reste 182, Sur ces
182 moi'ls, huit seulement sout inhumés dans l'habit reli­
gieux ; et cet habit leur appartient puisque tous ils sont du
tiers ordre.
Il y a U11 seul homm e : François Cordon) notaire royal à

Quimper, syndic et co nseil du couvent, père d'lm des frères,
mort cn 1690 ; -- et sept femmes ou filles inhumées, savoir:
ulle eu H582, trois en 1690, UIle en 1700) une en 1732, et la
septième ù (tHe dat.é llon indiquée ,
011 voi t qu'an dernier siècle la pratique de ces inhuma-
tiOllS avait ù peu près cessÉ' , Mais elle existe encore •
aujourd'hui; et tout dernièrement nous en avons eu J'exem­
ple : la plus illustl'e victime du BazaJ' de la Charité a été
ensevelieltans l'habit "eligie/.l:X:.
Ce qui pl'écède s umt , je l)ense, à démontrer que l'inhu­
mation de laïques dans l'habit religieux a été en usage pen-
. dall t plusieurs s iècles , .
Pelll-(~tre le lec tetll' tirera-t-il une autre conclusion de
celte c~urt.e étude ? C'est qu'en bonne logique, un fait

énoncé avec preuye à l'appui ne doit pas ètre rejeté de prime
abord, avant la vérification attentive de la preuve invoqu ée.
APPENDICE
Liste des morts inhumés aux Cordeliers de Quimper dans
l'habit de Saint-François (1) .
FE;\] i\I ES.
145 Annette de BJ'izac dame du Vieux-Chastel, 1353.
52 Azelice de Kerlaouënan, 137G.
105 Pétronille de Hochefort dame de Pont-l'Abbé. 1383 .
Azeline de Kerlaouénan dame ùe Langucouez, 1308.

Eléonore de 1\.ervastar, 1398. •

Jeanne du Juch, dame du Nevet, 1410.
Plésou de Pennault dame de Tyvarlen, 1[12l.
Béatrix Lesguarou (?) femme de PielTe Kerliv81', J.4[10.

Marguerite du Juch, dame de Pratauroux, 14DL. 1:.
Marie C lever dame de l\1oëllien, 1511.
44 :Marie Gueruapin dame de Pratanroux, 1539 .

45 Clémence de Qui ntin dame du Juch, 15 ...
Total: 12 femmes de 1353 à 1538.
HO:\DIES.

50 Alain de Kerlaouénan, 1::370.
146 Geffroy du Vieux·Chôtel, L37.L, (mort à Dillan et
rappol'té a\'cc les l'estes Je son pèl'e qui (~taient
JcHlS le vieux cllàleau Je QUilltill).
147 Yves Je Quélell SC igUl:! lll' JuVieux-CltùlLl, H,i5.
83 Holand de Lezongi.l· seigneur de Pralalll'as, I.;).W,

123 Théobald Rollaud de Lézongal', 1.;)2[1.

('1) Je range ies inhumalions dans l'ordre cllronol ogiq llf'. 1. :, :-; . C llilTI' , ~
en tHe des lign es sont les nUl1l1',I'O;; (~(Jnn(;s ;' ux ; tl('~ d.'us ( ( (II i n ,'-;le
des 'flécrolo~es de Sainl-Fnl17çuili rie (,1liIll/IU ", '

43 Raoul du Juch seigneur de Pratanroux,
Total: 6 hommes.
Hommes et femmes: 18. ,
L'acte nO 147 mérite l'attention. Le voici:
« Noble chevalier Yves de Qllélen, seignem' du Vieux­
(c Châtel, inhumé dans l'enfeu de se~ pèees, lui quinzième.

« Tous furent chevaliers en Terre Sainte et aimèrent tant
« l'Ordre et ce couvent qu'ils voulurent être ensevel is dans
« l'habit de Saint-François. »
Ce n'est pas dire, comme nous aUons voir, que tous ces
morts aient été inhumés au couvent de Quimper.
Il est permis de rappeler en passant le dévouement du
tl'isaïeul du mort inhumé en 1475, nommô eomme lui Eon,
Eudon ou Yvon.
Aîné de la famille et déjà père, Eon partit pour la croisade
(1248) avec ses trois frères François, Christophe et Jean qui
tous trois fueent tués à la Massoure (1:250) .
Vingt ans plus tard, Eon repartit pour la croisade avec ses
quatre fils, dont trois moururent de la peste devant Tunis

Ces Quelell ne furent sans doute pas inhumés à Quimper,
le Vieux-Chastel n'étant entré dans la l1'":aisol1 de Quelen

qu'en 1;;362.
En tout cas: quand on pade à cette époque de~ chevaliers
morts au -delà des rn el's et. « apportés» à Quimper, il faut
elltend r'e t;cLLc expression de rapport de leurs ossements
selIlemellt. On sait que l'art des embaumemerits était perdu.
Les COl'pS étaient mis dans une ehaudière et on les faisa it
bouillir jusqu'à ce que les chairs se fussent détachées des
os. Ainsi l'nt-il fait pour le torps de Saint-Louis (1) . Cet
. (1), C'est le ,récit de ~u!llaume de Nangis (Sismondi T. VIII, p. 21 '1), COll­
fl~'I,n~ par Gu!llaume ljl~Ja~?: l:a ù~'a11~he aux 1'?!/ClUX l~(Jnaues. Ce 9ui n'cl~l­
peche pDS JOlllvllle, qUI 11 eta it pas a la dernlcre c]'ulsade de SaInt-LOUIS
!lIais, qui la .conte brièv~l~lent.' c!e dire que" le corps du Roi fut trél!1Sport&
a SaInt-DenIs ». Il se refere a 1 usage d'emporter seulement les ossements.

usage fut condamné par l'Eglise comme une détsstable
. barharie: dès l'an 1300 (1); mais on voit par un acte du
nécrologe qu'il persista: c'est aiusi que les ossements d'Hervé
du Juch, c::evalier mOI't en Espagne où, il avait suivi Du
Guesclin, furent rapportés aux Cordeliers lIe Quimper en
1360; et nous pourrions ciler d'autres exemples .

J. TREVEDY.
!lncienl'J'ésale.nt du TJ'ibunal de Quimpel' .

(1) 30niface VUI le premier condamna ceLLe pratique. Cantu, llist.
wniv. XI, p; 3Ul.
(2) V. acte n° 2G.