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Bulletin SAF 1897


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Les enfeus de l´église de Loctudy

M. G. Puig de Ritalongi

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LES ENFEUS DE L'ÉGLISE DE l'JOCTUDY
L'église de Loctudy fut bâtie par les soins des bal'ons du

Pont, qui en fil'ent don à l'évêque de COl'l1ouailIe, avec sti-
- pulation que la nomination des chapelains serait attribuée à
l'évêque et à l'abbé de Rhuys (1223). L'évêque en fit la
remise aux Templiers, et ceux-ci, bien que l'édifice ne fut
pas construit selon les rites de leur ordre, l'acceptMent et y
restaurations qui lui donnent le style judaïque
firent les

propre à leurs constructions. Ils durent créer l'abside et les
trois chapelles du pourtour qui, à bien examiner, ont été
après coup. _
ajoutées
hypothèse, que j'ai émise en 1894 (1) et qui n'a pas
Cette
été combattue, est devenue pOUl' moi une certitude, après
un nouvel examen fait cette année. et surtout en considérant
l'emplacement des tombes nobles de cette église. Il est pré­
s'umable, en effet, que si les trois chapelles derrière le
chœur eussent existé au début, ou même eussent été libres
comme celles des égl ises paroissiales ducant.on, les familles
leur sépulture
nobles qui fixèrent
dans eette église, eussent choisi de
préférence, les chapelles qui, au-
.. jourd'hui, contiennent les restes des
familles de Hosmorduc. dernier's
seigneurs de Kérazan et de Penfen­
tellyo de Kervél'égllin. Or, les fon­
dations de ces enfeus ont une date bien postél'ieure au
départ des Templiers (1312) et entl'ent dans la -période de
possession épiscopale de cette église. J'en
conclus que l'église de Loctudy fut pro­
priété d' ull ordre puissant, la gérallt à sa
guise, la remaùia llt et laissant de son
passage des traces pr'oroncles , tallt sur les

(1) V. Excursion à Loctudy, p. 12 et ,j-O.

chapitaux des colonnes du chœur, que dans les voussures
des fenêtres du pourtour.
Nous voyons dans un procès-verbal de 1730 la description
et leur empla-
des tombes nobles de l'église de Loctudy
cement.
sous des lettres correspondant au plan
Je les désigne
ci-contre:

I~ A ·u.l:e-f
a...cristie

Porche

Les seigneurs de Kérazan étaient premiers prééminen_
ciel's , apl'ès les barons du Pont, de l'église paroissiale de
Loctudy, où leur blason figurait dans les verrières. Ils y
possédaient dans le sanctuaire et dans le chœur, de grandes
tombes et un banc armol'ié. .
D'après le pro c:ès-verbal de 1730, et grâce aux rens'eigne­
ments qu'a bien voulu me fournir M. le comte de Rosmorduc,
fai pu reconstituer la sépulture de ces seigneurs.
A. GRANJ)E TOMBE DE KÉRAZAN.
(( Laditte tombe élevée est longue d'environ 6 pieds,
(( d'antienne structure, et haute d'environ 3 pieds; la pierre
cc dn dessus de lad. tombe est chargé de cinq écussons en
(( bosse et relief, le
(. premier étant au mi­
« lieu, chargé de trois
« croissants avec un
(( lambel (armes de la
, ( terre et' seigneurie
( de Kérazém); le se­
(( cond mi-parti au
«( premier desd. crois-
( sant et lambel (1) et
(( au second d'une
(( croix (2); le tl'oi­
(( sième chal'gé d'un
-( aigleàdeu.xtêtes(3);
(( le quatrième mi­
c( parti, au premier
(( desd. cl'oissant et
«( lambel et au second

('1) Armes des Kerfloux: « de gueules à trois croissants d'argent, au
lambel de même ». Cette brisure indique qu'ils sont issus juveigneurs de la
maison de Trémillec.
(2) Peut-être Lezongar: « d'azur à la croix d'or» (?)
(3) Kerlazret du COSeIUer, « d'azur à l'aigle éployée d'or ». C'est par suppo~

« dud. aigle à deux têtes et le cinquième est rempli
cc de lad. croix. Et sur la piene servant de soutient à
cc lad,. t,ombe, du côté du maître autel, sont aussi trois
c( écussons en bosse et relief, le premier mi-parti desd.
c( croissant, lambel et aigle, le second desd. armes de
c( Kérazan plaine, ' et le troisième encore mi-parti desd.
cc croissant et lambel et de lad. croix. Et de l'autre costé de
cc lad. tombe, sur la pierre servant aussi de 'soutient auprès
cc de la sacristie, trois autres écussons, le premier mi-
« parti desd. croissant et lambel avec une échiquetée ('?),
cc le second aussi parti au premier desd. croissaut et lambel
cc et au second dud. aigle à deux têtes, et le troisième
cc eq.core mi-parti desd. cl'oissant, lambel et de lad. cr'oix. ))
Cette tombe Jut détruite en 1790, pendant l'absence de
M. le comte de RosmordLic, seigneur de ~érazan: ainsi que
nous l'apprend le passàge suivant d'une lettre que lui ,
écrivait le : LO octobre M. Royou" son reCeVelll': « Vos
« vassaux de Loctudi ont fait: pal' bêtise, une chose qui
cc vous déplaiI'a. Ils ont démoli la tombe de vos ancêtres,
« sans m'e n prévenil', et celle de M. de Kervéréguin, qui
« avait refusé d'accéder à cette démolition.
« lb s'en l'epelltent et sont venus me diee de vous prier
« de trouver bOIl qu:ils la replacellt. dans Ull lieu plus
« éminent. Ils Ile l'avoient détruite que parce qu'elle gênoit
(1 la COllstl'Uction qLl'ils ont rait l'airé d'un nouvel autel. Mais
« hyel' le district de Qui III pel' II fait ail1chel' un oedre de
c( dé! l'li i l'e tuutes los tombes et comhler tous les cavea ux.
(( lt.IlIS Jes églises, cela empêchera r ellet de la bonne
(c Yolonl(~ de vos vassaux. Il n 'y a douc. l'iell à fa i l'e , à mOIl
« ayis, llue d'attendre un peu les é\'én emens. »

, sitio~ q~c ces armes sont attribuées au Kel'lazret:, cal' elles pourraient ,
aUSSl bl,en, ~ppa~'lenir aux de La Forest, de Loctudy, qui pOl'lent: c( de
[( sa.ble a ,1 aigle a deux têtes d'argent, becquée et m~mbrée de gueules ",
fanlllle tres ancienne à laquelle les L'Honoré succédèrent en 1526,

B. ,, ··· GHANDE TOMnE nE KERVÉRÉGUIN, que le procès­
verbal de 1730 décrit ainsi: «. Une tombe enlevée, d'antienne
( structure, joignant le premier pilier du chœur, du côté de
« l'EpîtI'e: sur laquelle tombe est un écusson éfacé ' où il ne
« reste que des trasses. » .
Cet écusson représentait précédemment, dit la même
pièce: « un sanglier de sable passant sous un chêne de
« sinople qui sont les armes de la terre de Kervéréguin (1). »
Ce tombeau fut détruit en 1790, en même temps que le
précédent.
e. Grande arcade voùtée renfermant « une tombe
« élevée de terre de quatre doigts, chargée d'un grand
« écusson en bosse et relief où sont les trois croissans et
« lambel ». Le long de cette tombe, dans l'intérieur du
. chœur, se trouvait: « un banc clos et à queue, long de six
« pieds et huit poulces, et large de .quatre pieds et demi. »
Ce banc ainsi que le tombeau appartenaient aux seigneurs
de Kérazan qui permirent aux paroissiens, en . 1730, de
démolir l'arcade, d'abaisser la tombe au ras du sol et de
rcculer le banc, afin d'agrandir le chœur et de ménager lin
passage.
Voici, d'ailleurs, l'inscription que les paroissiens' firent
graver à cette occasion sur une plaque de cuivre qui fut ,
fixée à l'une des colonnes où elle se voyait encore en 1779 :
« :Messire Y. R., chef de nom et d'armes, Le Gentil, che-
« valier, seigneur de Rosmorduc, Coatninon, etc., et dame
« M. A. J. Drouallen, son épouse, dame de Kérazan, en
« Loctudy, ayant consenti, à la prière du général de ladite
« paroisse, qu'en pavant cette église en 1730 on eut démoli
« la grande voùte appuyée à ces deux premiers piliers du
« chœur, baissé à fleur du pavé la tombe y enclavée, reculé,
('1) De Kervél'éguin, porte: « d'argent au chêne de sinople englanté d'or,
le fùt chargé d'un sanglier de sal)le en furie, allumé et défendu d'argent. »

« dans leurs places le grand banc à queue qui Jes cotoyait
« dans le chœur, lesquels: chargés des armes de Kérazan,
cc font partie des prééminences que cette maison a de tems
« immémorial dans les endroits les plus honorables de cette
cc église ; ledit général a fait pour icy ,cette inscription, pour
cc monument des droits de ladite maison et de sa recon­
« noissance de telle concession. '. Requiescant · in pace,

D. ' TOMBE PLATE AUX SEIGNEURS DE PRATOUARC'H ET DE
KERGOLVEN, chargée c( d'un écusson mi-parti au premier au
(c croissant surmonté d'une fleur de lis (1), au second de
« cinq hermines posées 2. 2. et 1 ». Sur cette tombe était
placé « un grand banc clos et à queue, contenant de longueur
(\ six pieds et de largeur quaÜ'e pieds et demi. » Cette
famille avait aussi une tombe plate « chargée d'une croix du
« haut en bas, accompagnée de deux écussons, chacun
(c d'iceux chargé d'une croix ». Ces écussons sont ceux des
Penguilly (d'azur à la cl'oix pattée d'argent).
E. 'l'O;\lBE DE LA FOREST, ainsi décrite dans le procès-
verbal de 1730: cc Dans le mm' costiel', ]è l()ng de l'aile, du
« costé de l'Epître, et presque au niveau du balustl'e: il y a
« une voûte et arcade: et dans ladite arcade un enfeu, élevé
« de deux pieds, chargé d'une croix de haut en bas, accom-
« pagnée de deux écussons chargés chacun d'un lion cou- .
« ronné ; laquelle tombe et enfeu, on nous a dit être' prohi-
« bitif de la terre de La Forest». .
(~) Le Rousseau, seigneur du Pratouarc'h, portait: « de gueules, au
cr015sant d'argent, surmonté d'une fleur de lys de même. 1) Il avait épousé, '
avant 1584, Jeanne Pratouarc'h, dame dudit lieu. Ils achetèrent en 1588
de ~ierr~ ~léno, seigneur de Saint-Alouarn, le manoir de Kergolven, qui
aVait precedemment appartenu aux familles de Hirgarz et de Penguilly.

Comme je l'ai déjà fait remarquer, il n'est pas certain que
cette table, encore existante, ait toujours appartenu à l'enfeu
de La Forest. Je ne trouve aucun blason analogue dans les
familles L'Honoré, Furic, Floch, de la Duz: ~ouyquet, du
Boisguéhenneuc, Briant de Laubrière et de Coëtlogon, pro-
priétaires de cette tene. .
C'est dans cet enfeu que furent enterrés:- le 22 janvier
1679, Corentin Furic, sr de Kéramanoir, recteur de Loctudy,
et le 1 cr octobre 1684, Pierre Furic, sr de Rusent. J'ai dit, et
je crois, que cette table provient d'une tombe aux de Com­
boust, de Trévannec, qui portent « de gueules au lion d'ar­
gent: armé: lampassé et couronné d'or)) . .
F. TOl\fllE AU~ SElGNEURS DE TRÉVANNEC, dans la cha ...
pelle de la Vierge (autrefois Saint-Jean), du côté de l'Evan­
gile, « élevée d'environ deux pieds et demi, mise dans le
{( mur en arcade, chargée d'une croix pattée fleurdelysée,
« qui occupe du haut en bas toute la pierre tomballe, sur
« laquelle pierre sont deux écu?sons en dessous des branches
ct de ladite croix, dont l'un écusson est chargé d'un léopard (1)
« et l'autre écartelé au premier et quatrième d'un léopard,
( au second la forme d'un -lion (2), au troisième d'une croix
« alésée. Et la pierre de ladite tombe du côté dudit autel
«( chargée de quatre écussons, g.ont]e premier porte un
« léopard, le second est un écu parti au premier d'un léopard

« et au second d'une fasce ondée (3), le troiSIème écusson
« encore mi-parti au premier d'un léopard, au second de
« trnis croissants (j'ai dit ci-avant, les artnes des Trémillec :
(1) Le Gallou, seigneur de Trévannec, porte: « d'or au léopard contouré
'd.'azur »1 René épousa Marie de Trémillec. Leur fille, Marie, épousa, p(l1~,
centrat du 1'1 janvier 1504, Bertrand du Couëdic, sr de Kergoualel',
(2) Ces armes sont celles des de Comboust, qui possédèrent Trévaune"
après les Gallou, .
(3) Languéouëz: « Fascé ondé d'or et d'azur. »

(c de gueules à trois croissants d'argent »); le quatrième
If. écusson encore mi-parti au premier d'un léopard, le second
« de six fleurs de lys posé 3.2X1. » Ce sont les armes des
seigneurs de Lescoulouarn, que l'on rencontre dans presque
toutes les églises du canton, qui sont : d'azur à six fleurs
de lys d'argent, posées 3.2.1, qui est Foucault; écartelé d'or
au lion d'azur» (sceau 1403). « En conformité desdits écus­
cc sons se trouve de pareils armes dans les vitrages de ladite
« chapelle et principalement dans la vitre au-dessus de
• c( ladite tombe et enfeu . .»
Voici quelles étaient les tombes nobles de .l'église de Loc­
t.udy avant la Révolution'. Par suit.e de la reconstruction
partielle de l'église en 1760, quelques-unes furent déplacées.
Nous les retrouvons ci-après: . ' .
y a aujourd'hui dans
G. Au lieu d'un confessionnal, il
cette chapelle un autel en granit offert par la: famille de
Rosmordnc. Au pied de cet autel ont été réunis, en 1889,
dans un petit caveau, les ossements qui ont été trouvés dans
les tombe A et C, lors de la dernière restauration de l'église.

H. Comme dans la chapelle précédente, le confessionnal
a été remplacé par un autel offert par la famille de Penfen­
tenyo de Kervéréguin.
1. Le petit caveau,derrière le maître autel, n'était pas
affecté' aux sépultures. Il sel'vait en 1779 à la fabrique
« pour le dépôt de son coffre-fort » ! Les intervalles des
petites colonnes étaient alors murés.
La belle table du tombeau des seigneurs de Kérazan, dont
je donne le dessin, est aujourd'hui enclavée dans le mur du
collatéral nord, près de la porte de la sacristie.
. G. PUIG DE RITALONGI.