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L'ABBAYE DE DAOULAS
(Suite).
Nous n,otons d'après l'inventair~, les acles se rapportant
au gouvernement de l'abbé Jégou.
Le 29 aoùt 1521, « Guyomar de Pont-an-Gludic lègue à
j'abbaye 10 sols de rente sur la tenue de Runanguer
(Dil'inon) » (1). .
A la fin de cette année 1521, Daoulas est désolée par la
pest.e et les religieux contraints de cherchor un air · plus
salubl'e sur les hauteurs d'In,illac. Nous trouvons, en effet,
dans les papiers de l'abbaye (2) :
cette mention
Le 14 octobre 1521, « l'abbé et couvent chapitre,faisant à
N. D. du Fresque, auquel lieu du Fresque lesdits religieux
résident obstant la peste estante à présent au bourg et
pal'oisse de Daoulas » •
Le 24 mai 1522, « vellte faite par Marie du Juch, doua-
rièl'e du Chastel: et noble homme Gabriel du Chastel, cheva
lier, Sr de Lescoat et de Coatangartz, à l'abbé Charles, d'un
lieu où demeuroit Jean et ~uillaume Gouzien à COflgleach,
ilem l'étage où demeurait dom Bernard Gouzien, prêtre,
ibid. item l'étage où demeuroit Yvon Téphany au village
~le Pentil' en Camaret. » (3). .
Le :-3 juin 1523, « testanient d'Olivier Le Meudec par lequel
il a baillé 20 sols sur la maison de Kerberiou et aplacement .
. de maison au Graz, 'à l'abbaye, à charge de celebrer une
messe chacun an à son intention à pareil jour de son
tl'épas)) (4) . .
( 1) Inventaire, f" 14.6.
SOCJJ;:';: ............. ~: .. ----..... ,
(3) Inventaire, fu 235.
(4.) Inventaire, fu 80.
H~ tle Villa "
Le 28 mars 1523 (N. S. 1524, Pâques étant le [) avril),
« Jean du Largez, évêque d'Avennes et ancien abbé de
DAoulas, fait réservation des fruits du prieuré de Plougastel
et 10 francs d'or, 23 raii de froment sur la d.ime du Juch,
en ladite paroisse » (1).
Au 1 octobre 1526, l'inventaire fait mention d'un acte .
'qu'il aurait été intéressant de connaître: c'est « l'accord
intervenu entre l'abbé Jean du Lagez et l'abbé Charles Jégou
son successeur », car il est possible que ce soit cet acte qui
ait nécessité la bulle d'absolution de 1527, à raison des dis-
positions entachées de simonie qui auraient pu s'y glisser (2).
Le 11 octobre 1527, « vente de Creneiz (Irvillac) par le
sieur du Querisit à l'abbé Charles)) (3).
janvier 1528 (1529), « acte passé entre J'abbé Charles
et Guyomarch Treanna: Sr de Quervern, par lequel ledit
abbé lui donne lieu de sépulture à mettre deux tombes au
raz de terre,: l'.une en l'endroit où estoit lors l'escabeau de
Jean, ancien abbé de lé!dite abbaye, et l'autre de jouxte en
• la chapelle Saint-Gilles, avec la prochaine panelle de vitre
au-dessus dudit escabeau devers septentrion avec aussi pou
voir audit Tréanniil d'y mettre et déposer un écusson de ses
armes, à charge d'entt'etenil' ladite panelle en bonne l'épa-
ration et de mettre quatre écussons de ses armes' en la mu-
raille d'entre l'endroit desdites tombes et l'autel de Saint-
Memor, sans faire d'autI'e novalité que d'apposer ses armes
dans ladite panelle, et-Iedit Tréanna a baillé à la dite abb~ye
une pièce de terre appelée « Humicquel » (à Daoulas), 30 sols
monoie de rente SUI' le lieu ou demeuroit Jean Madec à
Lipg
et le lieu de Kerviec, à la charge de cé~ébrer . une messe ft
(1) Inventaire, fo 1(-;2.
(2) Inventaire, fu 122.
(3) Inyentaire', fo 193.
ar an à son intention et messe à basse voix à chacun
nO e
20 avril 1528 (apres Paques), « don a Jean, anCIen abbe
de Daoulas, par Gaillarde Tréastel, veuve de Jean Tréastel,
de 20 deniers, de rente sur Rochquevezen, en Plougastel» (2).
L'ancien abbé continuait donc à recevoit' des dons pour
rabbaye~ C'est ainsi que le 11 avril 1529 « N~cola'S Buzic,
Sr de QuerdaQullas vendoit » à Jean du Largez, ancien abbé
de Daoulas, 6 livres monnoie sur étages au terroire de Pen
leill en Quéménévbn, 20 sols sur parc à Kerlestrec, en Briziac,
et 50 sols monnoie S~lr Gorrehuiet, en Cast (3).
juin 1529, « vente faite à l'abbé Charles par HeI~vé
Gouallain, héritier de Tapardec, de tous ses droits en la
maison appelée Tyerensiz 0 ses maisons, cour, c01,lrtil, etc.,
ùonnant d'lm bout en la rue de l'Eglise, entre la maison
appelée Jérusalem d'un côté et la venelle Banel-an-Aot de
l'autre» (4).
Le 25 aoùt de la même année, ( fondation de deux messes
aux jours de mardi et samedi de chacune semaine en la
chapelle de la Fontaine-Blanche, en Plougastel, par Jean du
Lal'gez, évêque d'Avennes et ancien abbé de ladite abbaye,
pour dotation desquellns il a donné 100 sols monnoie de
l'ente à prendre dessus le tenement où demeuroit Guiomarch
Corre au village de Kergoff dite paroisse, item 15 sols de
eens sur terres au village de Kergudonou en Loperchet;
10 sols sur la garenne Runbihan audit Kergof(; un vieil
étage- au village de Kerdanguy-Talaouron sur lequel' est du
27 sols 6 deniers et 2 boisseaux avoine; plus 40 sols monnoie
slIr Kel'gollé en Dirinon; plus 30 sols de rente sur Rostiviec
en Loperchet ») (5) .
(1) Inventaire, fo 124.
(2) Inventaire, fo 171~
(3) Inventaire, fo 225.
(4) Inventaire, fo 99.
(5) Inventaire, fo 55.
En 1531! Jean dU' Lal'gez faisait une nouvelle fondation .à
l'occasion de la consécration de l'église tl'éviale de N. D. du
Fresque en lrvillac, aujourd'hui paroisse de Saint-Éloy.
Voici les principales dispositions de cet acte (1) : .
• c( .Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, sachent
tous que par nos cours de Daoulas .... (pal' devant) l'official
,de , 'Cornouaille, furent présents Révérend Père ,en Dieu,
Jehan du Largez, évêque Davenes, ancien ab.bé de l'abbaye
de N. D. de Daoulas, d'une part, Olivier Keri1ou, procul'eul'
de la fabrique de l'église t1'éviale de N .-D. du Fresque, en
'la paroisse d'Irvillac, Olivier Ragel, _ Yvon Beou, Pierre
Roux, Jehan Riual, Jan Le Lan, Guyomarch Le Lan ... et
plusieurs autres tréviens d'icelle église congl'égés et assem
.blés au prône de la grand'messe dominicale en ce jour de
dimanche (2 juillet) et pour les solemnités et fêtes de visita
tion N. D. dédication et consécration d'icelle église tr'eviale
pour traiter de leurs affail'es, d'autr,e part. ..
« Par R. Père Miss11'e Charles, abbé de la dite abbaye, a
été exposé que ledit évêque, à la louange de Dieu et de la
Vierge Marie, augmentation du service divin: pOUl' le salut
de son âme et les âmes feus Philippe du Largez et Amice
Coatuant, ses pèl'e et mèl'e, et de bonne mémoire frère
Guillaume Le Lay, en son temps .abbé d'icelle abbaye et
autres se's parents, amis, bienfaiteur's, fondateul's, dotateurs
et amis spéciaux de ladite abbaye, il avait fondé, voulu et
ordonné et présentement ledit évêque dit fonder, veut et
ordonne deux messes à basse voix aux jours de lundi et
samedi par chacune semaine à perpétui té êtl'e dites et célé
brées SUl' le gl'and autel d'icelle église tl'éviale avec prière
, en vulgaire pour lesdites âmes 0 le psaume de de proFundis
et oraisons in.clina et jideliwn amprès 1'0ffertoil'e et aV3nt le
préface de chacune desdites messes par deux' cha pela ins
h H O _ . •
institués et députés par· ledit évêque durant sa vie et après
SOIl décès par les abbés J'icelle abbaye chacun en "Son temps,
(ul TLlltum révocables, et pOtU icelle fondation dotel'.(donne
des terres au village de Coetmenec en Tréboll) o.la chal'ge
de procurel' f?-.il'e dil'c les dites deux messcs ·auxdits jO~ll'S,
'poLlI'voir et bailler,calice les ornements et (;1105eS à ce .. requipes
et deux cierges de cire qui so ient Rllumés durant chacun~
desdites mess,es ct pay.er à chacull desdits chapelains qu..i
celebl'eront lesdites messes ct a id e l'on t nu di ma nche à . chaqtel:
)"cpee en l'église: pour leu[' peille et salaire . au moins la
somme de de 60 sols monnoi e pal' chacull ail : (I~~ trèviens
acceptallt ees conditions) 0 meut'8 délibél'alioll, même ayant
égard aux bierls, aumônes, eeveqlls ct plaisil's que lesdits
évèqlle ct feu fl'èl'e Guillaume .Lü Lny, abbé, Ollt faits dOllllés
et pl'oeul'és cll'lClHl en SOIl temps à ladite égl ise trév inle, et
pal' expeès leuil. évêque ce jouI' avoir uéd ié et cOllsacl'é ladite
(.\;lis8 avec ll'ois uulLiel's en icelle, savoir le gr'aud anltiel' e n
l'hollllcur de :1. Do, alltrf~ eu la chapelle devcl's midi en
l'elldroit. Ju c11Œlll' d'icelle église en nlOnll~ur de 1\11' saint
)'YCS; et le tiel's qui est aü has· et jOllxle du chœur à main
dl'oite au 110111 de 1\11' Jan Baptiste: aussi iceluy évèq ne a
baillé aux dits église et pl'oeUI'OUI' de la fabriqueulle cha~ulJle
ùe taffetas veJ't estole et falloll d·e même doablés de bougr'en
jatllle, UII amict, une aube, deux ceintmes ct trois tovailles
de toi11e, le tout de lin, un corpol'H licl' co u\'el't de velours
noir, avec un grand corporal ct Ull pet.it corporal par dedans,
J'un CUIl\1l11l11 cunsentemelJt 0 l'avis et vouloir de H, P. Mis-
si/'o ChiU·IeS t.bbé acceptent ladite fondation ... »
A la Jill de l'année suivante 1532, Jean ,du Lal'gez, ancien
alJbé, multiplie ses fondations.
Le 9 décembre, il fondait « une messe basse à estre dicte
en la chapelle Sainte-A flne à Daoulas à chac.;un vendredy de
chacune semaine avec pr'ières en vulgaire 0 le psalme
De profundis et oraisons Inclil1,1a et Fidelium. Après l'Qfferte
'et ;; vant la préface de ladite messe, et à la fin d'icelle la pas
sion de N. S. selon les quatre évangélistes chacun par ordre,
pOUl' dotation de laquelle il a baillé Liortz-an-Leou, certaines
t.el'r'es à Runinal'ch. ventes en la rue Kermeur et le lieu de
Kr.l'uehoual'n en Loperchet II (1). .
Le 22 décembl'e 1532, « fondation d'une messe à chacun
vell(hedy par semaine en l'église de Dirinon sur le grand
autel par l'abbé Jean dn Largéz, à la charge de faire p'rières
ell vulgaire et à'l'issue de dire le De profundis, lnclina et
Fidelium avec la passion, pour laquelle dotation ledit abbé
Jean et l'abbé Charles ont. baillé à la fabrice cinq sous mon
noie, un raiz et deux boisseaux avoine, un mouton et quatre
ehapons à prendr'e sur le lieu du Restbrenault )) (2).
Le même jou!', « l'abbé· Charles, comme procureur de
Jean. ancien abbé de Daoulas et évesques d'Avesnes, faisoit
fOlldation d,ms l'église d'Irvillacd'une messe de requiem basse
chaque vendredi pal' semaine à perpétuité sur'le grand autel,
avec p!'ières en vulgail'e par le chapelain qui sera institué
pal' les seigneul's abbés" chacun en son temps, toutefois
révocable qd nutum, et donùe pour ce au fabrique de ladite
, église 5 livres monnoi'e sur le -manoir de Bodilieuc li (3).
L'évêque d'A,~êTle n'oubliait pas dans ses largesses son
pays d'origine. .
, « Le 2 février 1531, il faisait fondation de trois messes
basses en l'église du Vieux-Marché, aux jours de l'Assomp- "
, tion, la Nativité et la Purifieation, et- donnait pour ce 10 s.ols
de rente sur le village de Kerdoualen: en Plouaret.
, , « Le 9 décembre 1532, il fondait une messe basse à chaque
dimanche en l'église de l'hôpital de Belle-Isle, une ' messe
basse chaque dimanche en l'église paroissiale de Belle-Isle.
(1) Inventaire, fo 59.
(2) Inventaire, fo 71.
(3) Inventaire, fo 117.
«( Uue messe basse le vendredy en l'église paroissiale de
Quem perven.
« Une messe Lasse le vendredy sur le maître-autel de
l'église paroissiale de Ploual'et. .
« Une messe basse chaque lundi SUI' la chapelle du Largez
en l'église paroissiale de Louel'gat, et autl'e messe le ven.
dredy sUr le maître autel de la même église )} (1) . .
Jean du Largez mourut le 6 novembre 1533, comme nous
l'avons dit plus haut. Il. enrichit son abbaye de grands biens,
mais son successeur et son collaborateul' pendant 13 ans,
1 abbé JéO"ou, dota de plus ce monastère de monuments vrai-
ment artistiques, car c'est lui qui fit construire et décorel' la
belle verrière dont notre auteut' nous donnet'a plus tard
la descl'iption, et qui était un vl'ai chef~d'œuvl'e d'élégance
et de bon goùt. L'abbé Chal'les Jégou n'en était pas à son
coup d'essai lorsqu'en 1530 il dOlllla à Daoulas ce beau
vit l'a il Avant d'être abbé de Daoulas, Chal'les Jégoll avait
été recteur de Penmarch et c'est à lui que l'on doit la cons
tl'uclion de la belle église de Tréoultl'é qui porte sur le por
tail latél'al de la tour le nom de son recteur en 1508, nom
que jusqu'à présent on lisait Kerugon, mais qui évidem
ment doit se lil'e Ch. Jegou (2). L'abbé Jégou contilluait du
reste à porter le titre de recteur de Tréollltr'é bien apl'ès
·avoir pris possession de l'abhaye, cal' à la date du 31 juillet
1534lïnvenLaire de l'abbave porte cette mention ( obliO"ati:on
de 8 s. 2 d. obtenue pal' le sielll' Pontcllel' sur Chades Jégou,
reclelll' de Tréoultré, sur maison rue de la Vigne;), à
Quimpel'. (:~ .i ..
U ne fondation portant la date du 28 aoùt 1536 nous apprend
que Charles Jégou donna ( 16 livres de rente sur ses héri-
(1) Inventaire, fo 151:).
(2) M. l'abbé Le Coz, recteur de Penmal'ch et M. Ducrest de Villeneuve
SI competent en pareille matière ont conllrmé l'exactitude de cette seconde
lecture. .
(3) lnventaire, fu 131:).
luges à Quimper pOUl' entl'etenement de quatre I))esses en
l'église de Daoulas en~a mémoire et à 'ses amis tr:épassés)){ 1).
Celte dat0 du 28 aoùt ne peut être qU\lI~.e l1le~tion d\me
pl'écédcIIte fondatio\l, car C.h(\r]epJégou lT!ourut le 10 jan
viel' 15~~3, e'est-à-dil'e selon ]e nouveau style le 10 jan
vIer Cl 0. " ,
Il ' fut enterré devant le , maÎlre autel sous « une grande
pierre de cinq pieds de' 'long sur deux et derny de large, sur
est représenté au milieu un écusson de gueulle .au
laquelle
chevro'n d'argent aux trois papillons de même, l'écu ,surmonté
d8la mitre et la crosse passant derrière l'écu tout du ,long de
la pierre et autour est écrit : . ,
Hic jacet frater Carolus Jegou, abbas hujus monasterii de
Daoulas' et acquisivit ei pIura bona et ei fecit multa ffidificia
et l'exit pel' 1;5 annos obiit die decima januarii 1t)3t).,))
Cette tomb e exist.e encore t elle qu'elle est décrite' ci-dessus
par l'hislorien de l'abbaye, sauf que l'écusson est , martelé,
et qu'nu lieu c\'êtt'e dans l'église elle est dans la partie du '
cimetière occupée autrefois par le chevet de l'église, mais
non pas cependa nt dans sa place primitive au milieu du
cliœtll< Voici ex'actement l'inscription qui S8 lit autour'de la
plPl'l'e :
[-irC : JACET : FRATER : CHAROL VS : .1 EGOV :
ABBAS: I-IVIVS: :MONASTERII : 'DE DAVLAS : ET
ACQVISIVIT : PL VHA: BONA: ET FECIT : MVLTA
'EDIFICrA: ET HEXIT : ëA P XV ANOS ' : OBIIT DIE
DEC[A MENJANVARII : A : D : MVcXXXV :
Comme on le voit, la lecture de l'inscription est aSsez
facile si ce n'est Î)ent-êt.re"pour les deux lettres GA qui sui
vent le mot l'exit, notre aut.eur tl'nnche la difficulté en ne le
kaduisant pas" l'abbé Tréyaux lit ?am, mais outre que le C
est très bien formé, on ne voit guère à quel mot se rappor-
(1) Inventaire, fo '14-2,
't ce pt'Ououl féminin car plus haut i1 est question non
tera , '
"as de l'abbaye, mais' du monastète, a'Ùssi les notail'es li:;-é'nt
)). PùUl' être p1us' logiq u'e, cette lecture Il'en est
decim aniiis
' )as'plusex'ncte,cal~ le CA 's'Ül'I1-ùJlllé 'd'ullü alJbl'évialion 'est
ù y voir une s91'Le de 'protestation discl'ète con'Ire les soup-
çons-d'il'rég'ulal'ilé qui avoient elltaché l'élection à la digllité
'abbatiale. - . '
XX. - OLIVIEH DU CHASTEL (1536-1550) .
« Ollivier du Chastel, abbé, a gouverné , 14 ans et est mort
le ~e des ides d'octobre 1~;)O; le onzième c1uclit mois. Il , por
tait à-face d'or et de guelle de -n pièces qui sont ,les armes de
l'illustre famille du Chastel, elles sont à son tombeau et à la
grande vitre. »
Dom Morice nous dit simplement de cet abbé cc Olivier du
Chastel fut élu ' en 1535 et mOUl'ut le 1 novembre 1550, Il
était fils 'de Tangui du Chastelet de Marie dll Juch n ': La
d~he de ', sa mort 11 octobre est"'la véritable: mais v a-t-il
ég'alemellt erreur sur la date de son élection en 1535~ puisque
nous venons de voir ' que le' précédent abbé est mort ' en
jànvier 1536? Nous ne le croyons pas, et tout nous porte à
croil'e que Charles Jégou donna sa démission de l'abbaye de
Daoulas dès 1535, cat" nous trouvons aux archives' cl,épal'tè-
mentales (H. 3) une ,pièce de cette année '1535, où il est mèn
tion de (( Charles, abbé ancien de Daoulas (agissant) comme
vicaire procureur de M. Olivier du Chastel, abbé actuel ;),
, 1537, 18 avril, « don aux abbé et couvent de Daoulas par
Charles Pezronic de 40 livres monoie' bonne et fortt:~ ' de
('1) Itinéraire de Nantes à Brest, p. 324.
Bretagne il payer d'an en an sur hypothèque de maison et
jardin de",'iè,'e la rue Neuve, à Qldimper ») (1).
_ 153H, 2G janvier (1539), « don de la pension debue sur le
pl'ieu,'é de Plouuir'y l'ait par l'àbbé Ollivier du Chastel à frère
Jeall Le Goutll'ai1t, pl'ieul' dudit VrieUl'é à cause de ses bons
et agl'éables services)) (2). _
mars (1540), ({ donaison faite à l'abbaye par mes
siee Olivier Le Marhic, de ]a maison Ty-Coziat, 0 ses appar
tenallces uonnantd'un bont SUI' la rue du Kermeue, à
Daoulas, et d'lin côté sur la hanel Coziat ») (3).
juill, « l'abbé Olivier du Chastel baille à tiltre de
cens final il Bertrand Rosel'ff le courtil dit Treoultré, en la
paroisse Kerfennteun (près Quimper), pour en payer 55 sols
-le dimanche après la saint Lucas» (4).
Le 18 novembre 1540, l'abbé Ollivier du Chastel rendait
aveu à la seigneurie du Faou (5).
1540, 15 juin, « aveu à Olivier du Chastel, abbé -de Daou
las, par Mathias Le Musellec qui tient sous l'abbaye maison
à Restiviec (ell Loperhet) pour en payer par an 40 sols de
chefrente et 6 sols monnoie de rente due au dit abbé comme
cause ayant et en acquit -de -Jan du Menez, sielll' de Traon-:
nevezec, et deux écuelles de froment par an en acquit du dit
sieur abbé au seigneur du Roserff )) (6).
1540,_ 3 may, « pièces fournies à l'abbaye par noble Michel
Rosmorduc qui conllaÎt debvoil' à la dite abbaye 60 sols de
chefrente sur terres à Gouletquel' et 3 sols de rente sur an
paluden (en Logonna) (7),
('1) Inventaire, fo 140.
(2) Inventaire, fu 25 .
(3) Inventaire, fo 48.
(4) Inventaire, fu 140.
(5) Inventaire, tu 29.
- (6) Inventaire, fu 78.
(7) InventaÎl'e, fu 93.
1541, « bref du pape Paul à l'official de Co~'nouaille pour
dénoncer et excommuni~r d'excommunicatio!1 majeure ceux .
usurpent injustement les biens de la dite abbaye s'ils Ile
les l'estituent dans e temp:; qu 1 eUI' Imlteralt» 1 .
juin, Ü pl'ise de possession du pl'ieuré de Ploudiry
tion du frère Jan Le Goual'ant ») (2).
1544, 9 juin, « aveu t'oul'ny pal' l'abbé Olivier du Chastel
à la seigneurie de Rosel'fI » (3).
1544, 19 sep~embre, « garant d'un vergier près Saint~
Nicolas, que Olivier Le l\1arhic, pl'être, a donné à l'abbaye
pour une messe à être dicte ' à checun jonr " de mardy par
semaine en l'église abbatiale)) (4) .
. 1549, le 21 mai: Guillaume Hosmorduc, chanoine de Daou
las, pl'ieUl' de Logonna (de Loco-Monne), l'ésignoit ce prieUl'é
entl'e les mains de son abbé Ollivier du Chatel (5) qui mou
rait l'année suivante et étoit inhumé dalls le chœul' del'église
abbatiale.
Voici la description que notl'e historien donne de son
tombeau:
«( Au costé de l'Evangile il y a un tombea u de pierre élevé
'de deux pieds où est représenté en bosse un abbé couché,
revêtu de ses habits pontificaux, la crosse en main, autour
duquel est écrit:
Cy gît Reverend Père en Dieu, frère Ollivier du Chastel,
de céans, fils de deffunct messire Tanguy du Chastel et
abbé
de dame Marie du Juch, dame du Chastel et du Juch, ayant
régné 14 ans, décédé le 11 octobre umo.
« Ses armes sont en deux endl'Oits de ce tombeau fascées
(1) Inventaire, fo 59.
(2) Inventaire, fo 25.
(3) Inventaire, fo 3D,
(4) Inventail'e, fo 50.
d'or et de gu~ulle de six pièces l'écu surmonté de la crosse,
qui est cl u Chastel. ' "
Celte terre qui est une cles plus considérables de toute la
proYince a' été 'vendue par M. le clue de Brissac à madame la
duchesse de Porsmouth, mère de M. le prince de Richemont,
.' fils naturel légitimé du deffunct Roy d'Angleterre Charles II.
Cette dame est de la maison de Keroual, en la paroisse de
Guiler, évêché de Léon, et porle pour armes de sa maison
fascé d'argent et d'azur cie six pièces qui est de Pennancouet n.
XXI. JEAN PH1~DOUH (1~50-~5·73) .
, « Jean Prédour, abbé, a gouverné 23 ans, et e~t mort le
sixième des ides de mayen H:S73, ses armes sont toutes effa-
cées dessus son tombeau. Il suivit les traces 'de l'abbé Jégou
et fut élu aussy peu canoniquement, car il obtint du pape
Jules III une bulle adressée aux seigneurs, évesques de Cor-
nouai Ile, de Léon et de Tréguier ou à un d'eux pour donner
l'habit de chanoine régulier au di t Jean Prédour en l'abbaye
de Daoulas en 1550, ce que le grand vicaire de Cornouaille
commis à cet effet exécuta en l'an 1552.
« Il s'adressa encore au pape qui lui envoya une autre
il le choisit et nomma abbé, en 1553, il
Bulle par laquelle
obtint du mesme pape Jules III une Bulle d'absolution dans
la mesme année et quatre qutres; une au roy Henry, une
autre au seigneur ' évesque de Cornouaille, une autre aux
pour être reconnu, maintenu et obéi. '»
vasseaux
. Dom Morice ajoute , simplement à cette notice que Jean
Pl'édour' fit serment de fidélité au Roi en 1556, et qu'il
mourut le 11 octobre 1573. Cette dernière date est erronée
et .il faut s'en tenir à celle que d0nne notre historien car elle
est confirmée par l'inscription qu'on lisait sur le tombeau
de cet abbé au 17 sIècle (1).
('1) Le Prédour, sieur de Villeynizan, paroisse de Plourhan, diocèse de
Saint-Brieuc (de Courcy). .
Ir'iuventaire mentionne ainsL qu'il suit les Bulles qui
concernent cet abbé (1).
« Bulle du pape Jules III aux: Révérends évesques de
,con, .
,) )'t de chanoine régulier à Jean PrédDur en la dIte abbaye
de l'an. . .
« Bulle du pape Jules de la dicte abbaye pOUl' le dit Jean
Pl'édour en l'an 1550.
. « Visa du seigneur évesque Je J,éon (Christophe de
Chauvig'né) de la Bulle du 20 février 1551 (1552 N. -S.).
Lcquel ù cause de son infil'mité subdélégua le seigneur
évcsque do COl'nol.Ulille (2) ou son grand vicaire à cet effet,
ce qui j\ü exécuté par le dit gl'and vicaire en l'an 1552 ..
« Bulle d'absolution pour le dit Prédour. »
« Btdle nu roy Henry ,pour ce sujet.
« Bulle au seigneur évesque de Cornouaille pOUl' le même
sn jet.
« J3ulle pUI' laquelle cst enjoinct aux religieux du dit
Daoulas dû l'ccognoislre le dit Prédoul' pour leur abbé et
lui obéir.
« AuLl'e bulle aux: vassaux pour le mêm'e sujet.
« Serment du dit Jean Prédoul'. »)
Ce qu'il y avait d'irrégulier da~s la nomination de Jean
Prédour à l'abbaye de Daoulas, c'est sans doute qu'il n'ap-
partenait pas à l'orùre des chanoines de Saint-Augustins,
aussi voyons-nous qn'avant de lui adresser ses huIles pour
l'abbaye, le Pape donne pouvoir aux évèques les plus voi
sins de lui donner l'habit de l'ordre, et il est à croire qu'il
lui fut recommandé de 'ne point exel'cer avant deux ans les
charges de la dignité abbatiale, car nous voyons dans l'in-
(1) Inventaire, f-' 8.
(2~ L'évê~hé de Q.uimpel' était tenu à cette époque en commende par le
cardtnal Nicolas Cajetan Sermonetta, qUi gouvernait le diocèse par son
gl'and vicaire Jean du Tyvarlen.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. ,TOME XXIV. (Mémoires). 14
ventaire que le prieuré de Saint-Thomas, de Landern~au .
étant venu à vâquer par la résignation de frère Noël Morvan
en faveur de Jean de Kerguiziau. Le pape Jules lIT ndl'ess8
cette même année une bulle aux officiaux de Cornollailles et
de Vannes pour induire le dit Kergniziau en possession
du dit prieuré.
Il est vrai que le 12 août 1552 nous voyons le prieul'é' de
Perguet, Bénodet, pourvu sur la présentation « de l'abbé
Jean Prédour», mais c'est peut-être l'exel'cice prématuré de
ses pouvoil's, qui nécessita pour le nouvel abbé une bulle
d'absolution . .
« Acte du 22 novembre 155[1:, paf' lequel Jean Prédoul',
abbé, consent à François du Louet, sieur de Coetjullval, sous
le bon plaisir du Roy et du seigneur de Hohnn, fondateu!'
de la dite abbaye et moyennaut décret de l'ordi.nai!'e de joui!'
des tombes luy octroyées (dans la chapelle de 1\1 .. .. , au bout
de l'autel Saint-Sébastien (en 16GO, autel du Hosaire), à
cause de la seigneurie du Plessis, d'y const.eui!'e la dite
tombe enlevée et de joui!' des trois fenêtres suzaines de
ladite chapelle avec tout deoit pt'Ohibitif, SCHvoil' rUile des
dites fenêtres au pignon 'et les deux autt'es en la mu!'a ille
costière 0 la charge au dit sieu!' de faire vitrer les dites
fenetres et les entretenil' deument, faulLe de CI uoy ap!'es
debues requisitions luy faites et !'erUS exprès ou tacite, iceluy
de le faire réparer, pOLLl'l'a ledit abbé haillel' les' dites fenes-
tf'es ou fenestl'e qui sera indigente de répal'ation à qui lui
plaira; et doit 'le dit sieu!' de Coatjunval entl'etenir la COll
. verture dessus ladite chapelle et les bois en l'endl'oit des
dites prééminences en bonne et debue réparation. Le dit
acte signé Alain du Louet. »
Le 15 juin 1557 intervenait llil accord « elltee l'abbé de
. Daoulas et Henry du Chastel, î} !'il~ l1l' de Plougastel pOUl' la
4 isllle du Jueh» (1). .
('1) Inventaire, fu 83.
Le 19juillet 1555, l'abbé Jean Prédour rendait aveu à la
seigneurie du Fou et à celle {( d'hvillac et Loug'onna pour
réligemen~ du rachapt escheu par le déceix de l'abbé Olivier
ùu Chastel » ( ),
« pl'ésentat ion à l'Ordinail'e du prieuré d'Irvillac par l'abbé
Jean Prédour pOUL' frère Yves Le N ormant du 24 aoùt
Le 18 mai 1560, «0 e3change entre Jean, abbé de Daoulas,
et Jeall Coetnempren: sieur du Rouazle, par lequel ledit
abbé lui délaisse la garenüe et mazière An-Cozstun et en
l'cloul' le sieul' du Rouazle lui baille la gar'enne Douar-an
Moguerez (en Dil'inon) paf' lui retrails du sieur Kermenguy
et autre pièce de terl'e Carnel-an-Roual, au Gueguin, en
Dirinon » (3),
11 juillet 1562, {( aveu à l'abbaye pal' Alain Kervarec pour
Kel'lémarec (Hanffvec) pOUL' en payer 60 sols I110nnaie et en
acquit de l'abbé à la seigueurie du Fou: deux briques com-
bles d'avoillc ct Ulle poule» (4),
IG oclobre 15G2, Il aven à l'abbaye pal' Françoise Kerguern,
delliel's et dessus terre A n-QuéLen 1 deniers » (i?), ,
8 déc~mbre 1562, (1 a c.cord et, t'cl'me paf' ,le,s dits abhé et
co uvent ct Jean du Louet, s ieul' d~ Lesquivit,. d'tll1 aplace-
ment d,} maison au cal'l'efo nl' qni était ci-devaut affel'rné ft
Claude Mahé, lequel fit delaix au dit du Louet à charge de
payer 6 sols de rente à ladite abbaye,» (6);
9 décembre 1563, (\ ferme de 9 ans entre les alJbé et 'cou-
vent et Jacques Coetpechan et IVlarguerite Bou['diec, sa
(1) Invenlaire, fn 2\J,
(2) Inventaire, fo '14.
(3) Inventaire, fo 67.
(4) Il1\'cntaire, fu 1':24·,
(5) Inventaire, fJ [04.
(6) Inyenlaire, î" 4l).
femme, d'unê maison Tv-Hosnivinen, en la rue du Kermeur
en Daoulas » (1) .
19 mai 1563, (1 eschange entre Jean, abbé de Daoulas, et
Jean de Coetnempren, sieur du Houazle, pour lequel l'abbé
lui donne le Stun et reçoit en contre-eschange un étage où
demeurait Jean Kerdoncuff au terrouer de Kerliezec, paI'ois~e
de Dirinon, auquel lieu il fit bâtir une maison qui fut lors
appelée Kernabat et à présent Kerhervé, reçut en ouü'e en
contl'e-eschange ù Kerliezec le parc dit PUl'c-an-ltis-Guen» (2).
Une pièce des Archives départementales (H. 2) datée de
15-78 fait mention de cette terre de Kernabat en ces termes:
« Nous a été dit que feu révérend père lllissire Jean PréJoul' l
en son vivant abbé de Daoulas, avait depuis les 23 ans der
niers (vers 1550) annexé à l'abbaye certulll tenement Je lent!
comprenant enVIron LI journaux 1/2 de telTe chaude et 7 jour
Haux de terre froide, sllr lelJ.uel tellement il avait fait bàtù'
certaine maison eu laq uelle, pour la plupal'! du temps des 15
ans précédants sou décès, il se l'etirait et y faisait sa plu~
contiuuelle résidence. Les quelles appartènarwes au tefllp~
qu'il y demeurait nommées Kerllabat, situé au tenouer
de Kerliezec, près le ['ivage Je la mer et le couvent
des Cordeliers lés la. ville, Je LallJel'lleau. Aprè,::; le déeés
duquel Lé Prédour, le présent abbé jean de J:\.erguisiau Ile
se voulant habiter la dite maison, elle eut pu tomber en brieü'
en décadence et ruyues pour ll'esLre le bastiment fait Je si
et forLes étoHes que eut esté biell rey'uis .. _ » C'est
Donnes
pO\ll'quoi on prit la déterrnillation de louer celte maisoll.
o mai J.503, « transaction portant l'uscmeut des ancieus
baux de l'abbaye. Suivant cel usernent, les seig'ueurs peuveut
eongéel' leurs hommes , fermiers et colons, au tillissemelll de
\1) Inventaire, foU>.
(2) ln venlaire fu 67.
lelll'S fermes, sans que les dits hommes puissent prétend~e
aucun droit réparatoire » (1). .
Il janvier 1563, « l'abbé Jean baille au sieur de la Ville-
ll 100 sols de rente sur Kernabat, qui lui baille la garesne
Au-Boulvern, en la Villeneuve, en Braspartz » (2).
1364, .23 janvier,« contract d'acquet fait pal' messire Claude
de Kergoat, sieUl' de Kel'lsit, pour une quarte partie et loties
en une autre du moulin des Sales (en Daoulas) » (3).
1565, 1 cr aoùt, « transact entre les abbé et couvent et Alain
Le Férec qui reconnaît devoir la IS gerbe sur Rochmocuff,
excepté sur certaines terres qu'il dit tenir à féage du skur .
de Kerlozrec (en Irvillac) .» (4).
15 mars 1567, « contrat d'acquet fait par François Autret,
clwnoine régulier, d'avec Jean du Louët, sieur du Lesquivit,
de maison Ty-QueratiCoet 0 son jardin en la rue du Kermeur
aboulissant sm' l'étang du geand moulin, ' la dite maison à
pl'ésont (1660) ruinée située entre la maison Guenollé Le Bris
~t eelle de maUre Piel'l'e~ peêtl'e, lequel profite le coudil
illduemcnt)) (5).
13 may 1507, «( leUres du Hoy Charles eoritenant oetroy à
Jean, abbé de Daoulas, de relever ses patibùlail'es à saint
Eslo)", tombé.s depuis 15 ans » (6). .
. Du même JOUl', « établissement de deux Joil'es par an au
FI'esqLlo (en Irvillac) : l'une le jour de saint Laurent en aoust
el, la seconde le joue de la saint Fl'ançois en octobre, outee
celle qui était de longtems établie le jour dé saint Esloy,
impéteé du Hoy Charles par l'abbé Jean)) (7) .
( 1) Inventaire, fJ ll~.
(~) Inventaire, fo -135.
(il) Inventaire, fo 33.
(4-) Inventail'e, fù 118.
(5) Inyentaire, fo 48.
(G) Inventaire, fo H 1.
,7) Inyentaire, fo 112 •
1569, 12 juillet, « foi et hOll1mage pal' maîtl'e Jean Le
Guen, procureur des abbé et couvent à Mc Louis Le ScanfT,
sieur du Merdy, garde de noble homme, Pierre Le Scanff,
sieur de Kerengarz et de KerlegHI'tz, pour le lieu de Lein-
cozper (en Hanvec) )) (1). .'
3 janvier 1573, {( acquet fait pa r Jean Ci.ll loc'lJ, l'ubl'iq ne
de l'église abbatiale, de Barthelemy Le Gartz, d'un courtil et
vergier en la rue de Saint-~icolas (à Daoulas) » (2).
Cette même année mourait Jean Le Prédolle, le 6 des ides
de mai. Ce serait donc le 10 mai, mais d'après l'insceipt.ioll
lue par notJ'e auteur sur la tombe et d'apeès la leclul'e de la
même insceiption par les notail'8s de .I.()'10 cet abbé serait
décédé le 11 mai. Nous donnons ici ces deux lectul'es avec
leurs diveegences qui s'expliqllent [acilemellt ptll' l'usnee de
l'inscript.ion. L'historiiCln de l'abbaye s'exprime ai ll s i :
« A côté de la tombe de Charles Jégou, du côté de l'Évan
gile, est une autre toute uzée où on ne remal'que que ce peu
de mots:
âgé de soixante-quinze ans
régi le dit monaslère l'espace de
vingt-trois et décéde l'U de l'an t573. »
La JectUl'e des experts ell H3[lO est plus complète, après
avoir mentionné l.a tombe de l'abbé Jégou ils ajoutellt:
« Item au tre tombe avec celte inscription: Cy-gist frère
Jean Prédour, abbé de Daoullas, et ayant gouverné icelle par
l'espace de vingt et trois ans, est décédé ]'onziesme may 1;)73 )J.
XXII. . .lEA~ DE KEHGUIZIAU (1673-1581).
. « Cet abbé a gouverné huit ans et est mort le troisième des
calendes d'octobre '1;)8-1, 29 septembre. Il portait de gueu lle
(1) Inventaire, fu 122:. ' .
(2) Inventaire, fo ;)~:
aU chevron d'argent accompagné de trois étoiles de même;
elles sont à son tombeau, à ]a viLre de ]a chapelle de la Made
laine et au dehors du pignon de la chapelle ou de l'aile du
nos , qu'il a fait. contin uer. Il obtint du pape Grégoire XIII
aire
une provision de la dite abbaye eh l'an H>73, prit possession
en l'an '1074" prêta serment à la chambre des Comptes en
un 6 (1 e ~8 j u in) )) (1).
Jean Kerguisiau, originaire de Bohars (2) était chaBoine
de Daoulas depuis plus de 20 ans, car l'inventaire ' nous
apprend que le 21 novembre 1552 (3) le frère Noël Morvan
résignait le pl'ieuré de Saint-Thomas, de Landerneau, en
raveue de Jean de Keeguisiau qui lui-même résignait le
février 1560 (1561 N.S.).
même bénéfice le 8
1573, « Plégement aux hommes de Monsieur Kervern
Iselarr à la requête des ,abbé et couverit de non lever les bleds
en semence au village de Quillian, en Dirinon, qu'au préa
lable le dit sieur abbé Il'ait recueilli la dixhuitième partie
des dits bleds)) (4).
1574, 2 avril, « acquet fait pal' noble et discrete personne
Missire Olivier Le Pruné, sieur prieur d'Irvillac, de la
moitié du lieu du Marehallach à D çlOulas d'avec le eUl'ateul'
des enfants mineurs d'Hervé Le Duffec, Jeanne Huel.uan (5).
167L1, 8octobl'e, « échange entre les dits abbé et eouvent
et Hervé de Kerf'éach, sieur de Lescarval, auquel ils baillent
le bien de Kernabat et reçoivent en échange le manoir de
Kenrjlien , en Plounéventer » (6) .
1576, juillet,« transactions passées entre Alain Maucazre,
prie11l' do Bénodet, faisant pour l'abbé Jean de Kerguisiau,
(1) Inventaire, fa 8.
(2) Nobiliaire de M. cie Courcy.
(3) Inyentaire, fo 10.
(- 1,) Inventaire, fo U.
(1")) Inventaire, fo ,n. -
(G) Tnventaire, (0 6'1.
et les détenteurs de Traonliortz et Tr,eoueret, de Kerdivez
IselaIT, Dubodon, de Lesoul'divit, Mésargatz, en Plougastel.
et de ,Kernevez, en Loperchet, par lesquelles ils s'obligent '
de payer à l'advenir à l'abbaye la 18 gerbe des bleds aux
dits villages » (1 ). ,
1575, 2 janvier, « transact entre l'abbé Jean de Ker'guisiau
et nobles geMlz Hamon de Kerdaliez et Jeanne Ker'güisiau,
sa femme, par lequel le lieu de Kel'1110rCUIl, Cil la paroisse
de Ploltmoguer demeure au dit abbé)) (2).
1577, 12 juillet, sentence donnée pal' les alJIJé et couvellt
eonll'e Tanguy Doaniou qui prétendait le village de 1.es
quilliec (Dil'inon) apparteni!' au seignou I' de Rohan et !Jon
à la dite abbaye » (3).
1577, 29 septemhf'e, « acte entre Jean Ker'guisiau, abbé
de Daoulas, et noble homme Jean Kel'yen, de Plounéventer.
L'abbé lui donne congé de raire une rabine pal' puec ail
fouellec au terrouee du manoir de Keevilien et en échange
Jean Keryen donne à l'abbaye UIle pièce de terre ell garenne
an claiznevez au terTouer de Querlaer » (4).
1577, mai, « procès entr-e Michel Brelivet. et conSOl'ts
touchant le manoir et moulin du Rochou (Logonna). L'abbé
les aurait actionnés pour lui donner la possession VDeue du
dit lieu ou de faire nouvelle ferme, si bien qu'ils ont répondu
qu'ils avaient le dit bien de tout temps excédant la mémoire
des hommes en payant certaine rl'ute, et pour ce qu'ils
disaient que les oHicier's ll'frvillac et Lougonllél étaient va5-
saux des dits religieux, ils demandlJient, d' être relJw)yés au
pl'ésidial cie Quimper: dont ils furent déboutés du (lit l'envoi
par scuteIlce clu a mai 1677 » (5).
(1 ) Inventaire, fo 83.
(2) Inventaire, fo 2.1\).
(3) J nventaire, fo 6L
(4) Inyentaire, fu (-i7.
(5) Inventaire, fo D7.
Jean de Kerguisiau mourut en 1581 et son corps fut
inhumé en un tombeau qui se trouvait derrière celui d'Oli-
vier du Chastel (au côté de l'Evang,iJe du maître autel), sous
un prie D~eu qui portait en 1696 les armes dos abbés du
Chastel et Guérault.
Voici pomment s'exprime notre historien: .
« Sous ce prie Dieu est la tombe du frère Jean de Kergui
siau, abbé, mais la pierre est si fort uzée que l'on n'en
peut distinguer que ces seuls caraclères ..... monasterii et
restaurait ac acquisivit ei pIura bona obiit aulem die 2g
septembris H58L Anima .... caetera deleta SUlU .
La lecture des notait'es en 1645 es t plus complète ef diffère
quant il la date, de la.préeédente inscription. Voici, du restel .
tCl'l11eS de leur procès-verbal:
les
(c Et montant au second marche tirallt vers le grand
autel du costé de l'Esvangile en la chapelle Jacob du Fou,
aurions tl'Ouvé autre tombe raze de pierre portant:
Ilic jacet l'ratel' Johanues de Kerguizieau abbas hujus
monastel'ii Je Doullas qui l'exit' illud auuis octo et restau
rarit et acquisivit ei pIura bona obiit autem die decima
septembris au no domini 1581.»
men sis
XXIII. - HENÉ nu LOUET (1 581 -1598) .
(c Der'niel abbé régulier a gouverné 16 ans et est mort le
quatrième des ides de juillet dixième (lisez douzième) du dit
mois, 11 porLe pour armes: facé de verre et de gueulle de six
à son tombea Li aux vitres du Rosaire et
pièces; elles sont
ailleurs. Il a fait faire le reliquaire devant sainte Amie où sont
ses armes et a acquis à l'abbaye le bois de Daoulas ».
Ce reliquaire ou ossuaire se voyait encore il y a une
vingtaine d'ail nées à l'entl'ée du cimetière vis-à-vis la cha-
pelle Saillte-Anne; comme il tombait en ruine, on a eu
J'heul'euse idée d'en utilisee les débris pour la construction
de ln saceistie qui occupe actuellement un bas-côté de l'an
c'en chœue de l'église abbatiale.
1586, il aoùt, étant présents au chapitre c( noble et véné
rahle missire René du Louët, abbé, Olivier Le Jeune, prieur
Claustl'al, . François Autret., Nicolas Jan, Pascouez Donval
et Alai ri du Louet, tous religinux profes l), une transaction
est consentie par les dits abbé et couvent d'une part, et
noble et puissant Yves de Lescoët, seigneur de Roscerf, de
l'autre, par laquelle l'abbaye se désiste c( du droit de Cham
part SUl' la montagne Saint-Claude où est la chapelle de la
seigrleul'ie du Roscerf, et de la dime dite du Juch à la 18
gerbe Slll' cinq tenues, et le dit seigneur de Lescoet ému de
dévotion et sans aucune approbation de la dite dimb, trans
por'te 100 sols monoie à l'abbaye SUl' le lieu de Hoscerf » (1).
1588, G févl'iel', « obligation de 47 écus obtenue par Yves
de Quélen, sieur' de Kergos, sur Nicolas Seven et Marie Le
Gorf, !:;la femme, par laquelle il a subrogé l'abbé et couvent
qui ont du dopuis entrer en payement pour l'acquit du lieu
de Kerhéré (Hanvec) » (2) .
1503, 27 février, « contrat d'échange; l'abbé Hené du
Louët baille à Noël Kernechcunan, sieur dudit lieu, la mai
son où il demeul'e à Quimper pour contre échange de tenes
à Daoulas » (3),
1503, 26 àoùt, « contrat de . féage fait par le sieur de la
Mougie, procureur de Madame de Rohan, à René du Louët,
abbé, du grand bois taillis de Daoulas, sous la charge de
2 1 livres de chefrente par chacun an. Signé Bresal, Fores
tier, notaires » (4).
(2) Inventaire, fo 128.
(3) Inventaire, fo 14,3.
(4) Inventaire, fu Gô .
1595, 21 juin, « contrat d'acquet fait par l'abbé René du
Louët des droits de Jacques Le Guiriec au moulin des Salles
(Daoulas) » (1 ). '
1595, 7 juillet, « contrat par lequel Yves du Liscoët, sieul'
dudit lieu et de Hoscerff, baille. à l'abbaye deux écus par an
ù perpétuité _ pour la dix-huitième (dime ' à la iS gerbe) due
sUl'le lieu où demeura it Nicolas Le Vigouroux au Rosrerffn (2).
lanS, lOlO juin, « fOlldation par lVlissil'e François Autr(~t,
chanoine régulier de -l'abhaye, d'une messe de Requiem à
Ilote avec vigile et reGommandation chaque vendredi à per
pétuité en l'église abbatiale» (3).
Peu après mourait le dernier abbé régulier René du Louët,
dont le corps fut inhumô près la tombe de son prédécesseur,
en la chapelle du Faou.
« A coslé est une grande et belle pierre cie six pieds de long
pL de lrois de large, gravée à profondeur de demy poulce, sur
laquelle est représentée au milieu un écusson facé de vairé et
de gUf'ullc de six pièces sUl'monlé d'une mitre précieuse et de
Ja crosse qui est Lou L au long de la pierre passant derrier l'ecu
autour de laquclle est écrit.
« Hie jacet Ira leI' Renatus du Louët.
« Abbas hujus monasterii de Daoulas qui-C[uidem acquisivit
ei silvam cie Daoulas et piura alia bona rexit que illud annis
'1G ejus anima pace fruatur amen. Tout est à Dieu. »
~otre manuscrit omet de lil'e la date de la mort dans l'ins
cription, JaLo qui fut parfaitement lue par les notaÏl'es en
iWIJ: (1 J lic jacct fl'ate1' H.enatus duLouët ab bas hujuscœnobii
de Daoullas qui quidem acquisivit ei Sylvam de Daoullas 'et
pIura alia bona l'exit que iiIncl annis XVI obiit autem die XII
julii 15ns. Cujus anima pace fruatur amen. Tout est à Dieu ».
(1) Inventaire, fo 34.
(2) Inyentaire, fo 83.
(3) Inventaire, fo '1 Hi.
Abbés commendataires .
HE~d~ DE RIEUX (1600-1651).
XXIV.
( René ~e Rieux, premier abbé commendataire fut pourvu
de 'la dite abbaïe en HiOO. Il en a joui l'espace de cinquante un
an, est mort le 8 des ides de mars; il était évêque de Léon,
abbé de Daoulas, du Relecq en Léon, de l'ordre de Cisteaux,
~'Orbais, de l'ordre de saint Benoît au diocèse de Soissons et
,premier aumônier de la Reine mère de Louis XIII. Il portait
écartelé au ter el 4 d'azur à '10 besans d'or 4. 3.2. et 1. con
trécartelé de Bretagne sur le tout de gueulle à deux faces d'or
qui est d'Harcourt et pour devise à tout heurte Rieux. Ses
armes sont au pilier de la tour du côté le plus proche du Ro
saire, surmontées de la cr'osse et de la mare, et au plancher de
la tour, au dedans du chœur, il a beaucoup travaillé au tem-
porel de l'abbaïe et su rlout a conservé par alTêt du parlement"
de Paris, du 30 avril J638, .l'annale des prébendes du chapitre
de Quimper que le chapitre contesLâit devoir. »
L'abbé 'j.'révaux (1) nous apprend de plus qu'il était II fils
puiné de Hené de Hieux, marquis d'Oixant, seigneur de
Sciur'déac et chevalier des ordres du Roi son lieutenant géné
l'al au gouvernement de Bretagne et gouverneur des ville et
château de Brest (2). Sa mère éta it Suzanne de Saint-M~laine
dame de Boulenesque »).
1\11. de Sourdéac avait renJu de grands services au Roi
pendant ·la Ligue, aussi n'est-il pas étonnant qu'il obtint
pour ses enfants de hautes situations. SOIl fils Guy de Rieux,
marquis de Sourdéac, était premier écuyer de la reine Marie
('1) VI, p. 204 ..
(2) M. cie Sourcléac fut gouverne'Jl' de ' Brest cie 1590 à' 1628 .
de Médicis, et il obtenait pour le cadet les deux plus belles
du pays, Daoulas et le Relecq.
abbayes
René de Rieux avait environ une douzaine d'années lol's
'il fut pourvu en commende de l'abbaye de Daoulas en
qu bl- . 1 - " t 't'
160:2. Le siège a oatIa avait vaque qua re ans, SOl en ral-
'on des troubles de la Ligue qui sc terminaient à peine, soit
parce que ce riche bénéfice allait pour la première fois passer
en commende. M. de Sourdéac n'avait pas du reste attendu
quatre ans pour solliciter en faveur de son tils ~{ené, dont la
llomination par le H.oi à l'abbaye de Daoulas date vraisem
blablement de l'an 1ôOO, mais les bulles ne furent obtenucs
qu'en 100:2. L'inventaire signale à la date du 17 décembre
1001 (1) « Ull concol'daL entre le seigneur de Soùrdéac et un
bauquier de Paris pal' lequel iceluy banquier promet de faire
venu' les bulles lie la dite abbaye de li.orne pOUf' Messire
Hené de H.ieux, lil:l PUiSLlé du dict seigneut' de Sourdéac,
moyeunant ÔOO escus d'or s~l )).
Le ;) juin ioO;) euL lieu « la main levée ·de la saisie SUL' le
revenu lie l'alJLaye à la prise de possessiull d iceHe ». A. celte
époque, Heué lie Hieux était a t'al'is lin colleglO montallo)
Montaigu SUl' la ulOutagne Sainte-Geneviève, et c'est de
là II u il présente à Mgr lie Cornouaille C~lHl1aUtlle de i\..e-
l'ouartz cumUle prieur. de Logonna, le :2V, mars iô05,
Après celle IJrise de possession, le jeune abbé dùt conti
nuer ses études, et son père se chargea de l'administration
de la mense abbatiale, car HOUS trouvons mentionné à l'inven
taire sous la date du :lU mars ioOi) (:2) « l'acte capitulaire par
lequel le seigneur de Souf'déac, père et administrateur des
biens de Messire Hené de Hieux, son fils, abbé de Daoulas
remet les pensions que la dite abbaye a deo it de prendre sui,
(1) Inventaire, fu 9.
(2) Il) ven taire, fo 2'1.
les bénéfices pOUl' autant de temps
qu'il plail'a au dit s .
gneur abbé ' ».
L'année suivante, Messire René de Rieux fut pourvu de
l'abbaye du' Relecq, 1606.
Le 14 mai 1607 (1) l'inventaire rapporte un acte qui nous
apprend que l'église de Daoulas possédait un orgue et que le
vicaire de Daoulas était tenu de savoir jouer de cet instru
ment:
. « Acte pal' lequel le sieur de Sourdéac, faisant pour le
seigneur abbé son fils et les chanoines de Daoulas arresta
qu'aucun ne pourra estee pourveu à l'advènir du vicariat de
Daoulas qui ne sache toucher les orgues et ne soit religieux
ou en état de restre. ))
Le 20 septembre 1610 (2), « eontl'at par lequel IIierosme
Toutanoutre, sieur de 'Penanrun, donne à l'abbaye un lieu .
pour décharger ses terres de Pennanrun du .
de Quillien
droit du 18 )).
Le 10 septembre 1611, un accord intervint entre l'abbaye
et l'évêché de Quimpel' pOUl' terminee une contestation dont
voici le sujet:
Au commencement de l'année, le prieuré de Hanvec était
venu à vâquer par la mort de frère Jean Maucazre, et le sieur
abbé avait présenté à l'évêque de Quimper, missire Ala in
pretre, comme nouveau titulaire du prieuré, mais
GaIliou,
Monseigneur de Quimpel', Charles du Liscoet, ne voulant
pas reeonnaître le droit de l'abbé de Daoulas à cette présen
refusa ses provisions à missire GaIliou, et pleno iUTe
tation,
conféra ledit bénéfice à messire François du Liscoet, cha
noine de Cornouaille, mais les abbé et couvent de Daoulas
ayant victorieusement démùnt,ré leur droit de présenter à
tous les prieurés cures, dépendants de l'abbaye; l'évêque de
Quimper reconnut le bien fondé de l'opposition qui lui avait
(1) Inventaire, fo 26,
-(2) Inventaire, fo 74-,
été faite et retirant la nomination de François du Liscoët au
l11iss Alain GaUiou.
ire
1613, Monseigneur de Neufville, évêque de Léon, étant
mort, M. de Sourdéac pensa encore à son fils pour cet
évêché, et la Reine Hégente, Marie de Médicis, l'y nomma
dès cette année, mais n'ayant pas encore l'âge canonique,
M. de Rieux dut attendre ses bulles jusqu'en 1619, il n'était
même que sous-diacre à cette époque, car nous trouvons
eette mention dans l'inventaire des archives du Vatican
concernant l'évêché de Léon à la date du 4 mars 1619 :
« Renatus de lheux subdiaconus Andegavensis fit Episcopus
Leonensis pel' ohitum Rollandi de Neuffville n.
Ce ne fut que plus tard, le 26 juillet 1626, que Monsei
gneur de Rieux fut nommé par Louis .xIII abbé de l'abbaye
Bénédictine d'Orbais au diocèse de Soissons.
On sait comment Monseigneur de Rieux tombé en disgrâce
pour avoir souteuu le parti de la Reine Mère fut déposé en
1035 de l'évêché de Léon, qui ne lui fut rendu que dix ans
plus tard. Il n'est pas probable que son titre d'abbé de
Daoulas lui ait été également enlevé; et not.re man~lscrit ne
cite aucun abbé commandataire entre Monseigneur de Rieux, .
mort en 1651, et M. le Tellier nommé à l'abbaye cette même
année, cependant . nous trouvons cette mention dans une
supplique HU Roi des chanoines s'opposant à l'uniun de
au séminaire de la marine (1) : « cette abLaye qui a
Daoulas
par le sieur Cardinal de Mazarin et depuis par
été possédée
le sieur Archevêque de Reims (Le Tellier): fu t fondée i] y a
)), il est donc possible que Mazarin dont
douze cents ans ....
la faveur commença en 1639, au moment de la disgrâce de
Monseigneur de Rieux, ait administré les revenus de Daoulas
confisqués pendant l'exil de l'abbé, mais nous ne croyons
('1) Factum. Bibliothèque de la ville de Quimpel' .
pas que ce dernier ait cessé d'être le légitime titulaire de
l'abbaye.
C'est lui en effet qui pendant son exil en 1644 demande
le Père .N.Iaunoir pour évangiliser les paroisses dépendantes
de ses abbayes d~ Daoulas et de Helecq.
. Le 6septembre. 1646, une commission de quatre évêques
nommée ' pa l' le Saint-Siège, infir'ma la sentence de déposi-
tion prononcée le 31 mai 1635 contre Monseigneur de Hieux,
qui ne put cependant l'eprendre le siège de son évêché que
le 24 décembre 1648, mais dans l'intervalle les actes con
cernant l'abhaye de Daoulas sont passés en son nom.
Notre Histol'ien de l'abbaye en terminant sa courte notice
sur M. de Hieux dit qu'il travailla beaucoup au tem porel de
l'abbaye~ et qu'il obtint un arrêt du Parlement de Paris, du
30 avril 1638, conservant à l'abbaye les annates des pré
benbes du chapitre de Quimper, après un procès qui dura
plus de douze ans.
Nous trouvons à la suite de l'inventaire de 1662, la copie
d'une première sentence rendue sur ce même sujet en 1629,
et nous la reproduisons ici, car elle nous donne quelques
explications des termes de la première fondation de l'abbaye',
et peut servir à l'histoire du droit d'annate qui a été l'occa
sion de bien des troubles dans l'église.
. A toutz ceux qui ces présentes verront salut, les gentz les
requestes du Palais,
Comme différant ayt esté meu et pendant par devant nous,
entre Messire René de Hieux, évesque de Léon, abbé com
mendataire des abbayes de HelIee, Daoullas et d'Orbaix,
conseiller du Hoy en ses conseils, grand maistre de son ora
toire, demandeur à l'entherinement d'une requeste par luy
présentée à la cour de céans le 28 avril 1629 d'une part, .
Et les chantre, chanoines et chapitre de l'église cathédrale
de Kemper-Corentin, deffendellrs, d'auItre,
Sur ce que le dit de Rieux disait qu'il àvait dès le 7 mars
1625 faict asslgnel' en cette cour Me Nicolas Mahieu pour se .
'l' condamner il. luv rendre et restituer les frmtz echeuz
vo J . .
durant ùne année, depuis la vacquance de la prébande dont
'1 avait été pourveu en la dite esglise cathé~rale, ' .
Contre laquelle demande ayant le dit',Mahieù fourny .des
prétendues defTenses le 9 décembre 1626 " par lesquelles il
avait voulu contl'overser et débattre le dl'oit du dit seigneur
demanùeur évesque de Léon, il l'aurait ,obligé de lui com
muniquer ses titres et actes de possession. A prèslaquell~ com
muniquation ayant recogneu qu'il était très mal fondé~ et que
dans cette contestation il serait sans diHiculté condemné en
touts les domages et interetz du dit seigneur évesque de
Léon, il aUI'ait suscité lïntervention du dit chapitre, s'ima
ginant que souIn prétexte de celte intervention il pourrait
melll'e cn contl'overse et rendrè contentieux le droit du dit
demandeur, pour dans ulle cause qu'il avait pensé rendre
publicque se meUre ;\ couvel't en son pal't.iculier de l'événe-
ment de cc pt·ocès.
Et les p,uties ayant plédé tant sur la demande pt'incipale
que SIII' lïnt.et'venl.ion, elles nUl'nient esté appoint.ées à metll'e
leurs pièces par devers la cour, duquelappointement le dit
Mahieu illteljec ln apei au Parlemellt et bailla requeste afin
d'évocquation du principal.
Et par arrest eu 1&5 jouI' d'avril 1627, La cour sans s'ar
rester à la dite requeste à fin d'évocquation aurait confirmé
la sentence et au principal renvoyé les parties en ceste cou!'
despens réservez.
En conséquence duquel arrest le dict Mahieu estant con- .
trainct de procéder et sachant combien il aurait peu de raison
en la contestation, et qu'après la possession justifiée de 400
ans et davantage, la cause ne recepvoit pas {le difficulté, il
aurait passé procuration au profit du dit seigneur évesque
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXIV. (Mémoires). 15
demandeur par sentence de ' la cour de céans du dit mois
d'avril.
Au moyen de quoy ce qui restait à juger estait seulement
l'intEll'vention du dit chapitre sur laquelle, parce qu'il eust
esté difficile de prononcer, attendu qu'après l'acquiescement
du dit Mahieu il ne restait plus d'instance principale et d'ail
leurs que la dite intervention estant notoirement un tI'ouble
que les dits chanoines et chapitre de Cornouaille avaient
voulu apporter en SJl possession avecq lesquels il avait un
intérest notable d'estre maintenu et gardé tant pour avoir
contre tous les autres chanoines qui avaient usurpé sur luy
la jouissance de l'annattede leurs prébendes, pareille COI1-
demnation qu'il avait eue contre le dit Mathieu, que mesme
à ce qu'à l'advenir ils ne luy peussent plus apporter de trou-
ble en la perception de ce droict,
D;aultant que ce droict' luy serait non seulement inutile
mais onéreux, s'il estait ®blig'é de soustenir autant de procès
qu'il se rencontreraient des prébendes vacquantes en la dicte
église de Co~'nouaille il aurait présenté la dicte requeste du
28 du mois d'avril et. par icelle prins la dicte intervention
des dicts chanoines et chapitre pour trouble et formé com-
. plainte en laquelle-le dict seigneur· évesque de Léon souste
nait estre bien fondé, car oultre les pièces par luy produictes
qui faisoient mention que l'Evesque et le chapitre de Cor
nouaille avoient donné et concédé à l'abbaie de Daoulas le
droict et deport d'annatte SUl' les prébandes' vacquantes dans
leur église cathédrale, il y aurait une lettl'e en ol'iginal de
de 1218, pal' laquelle l'Evesque qui estoit lors et le chapitre
de Cornouaille conjointemerit avoient donné et concédé le
dict droit à ladicte abbave" '
. Mais , il estoit notoire q~e par le ~emps passé, quand les
ecclésiastiques confirmaient qu~lqu'usage ou possession,
encore qu'il eust donation ou tiltre précédent, ils usaient
néanmoins de ces mots de donner et de concéder comme il
voiait en tous les tiltres qui se· trouvent encore à préseni
se d 'l' t' '1 l "
chartres es eg Ises, e qu 1 s es recognOlssalent
ans
esm dans le faiet particulier de ceste cause, comme l'on
voy , '1 '
ncession et par ces termes recognOlssalent a possessIOn
l'an 1218 qui leur avait esté confirmée et en tant que besoin~
serait concédée par l'évesque et le Chapitre ·de Cornouaille
de percepvoir les annates et déports de toutes les prébandes
vacquantes en la dite église cathédrale, et ce droict possède
li tiltre et condition onéreuse parce que moyennant iceluy
les dits abbé et religieux de Daoulas étaient tenus et obligez
de célébrer un anniversaire pour l'âme de chacun chanoine
la dite église de Cornouaille. .
qui décédait en
Le dit seigneur Evesque, demandeur, faisant voir que
cette possession et usage avait esté en l'an 1.225 confirmé de
rechefT par l'évêque qui avait succédé et par le mêm~ cha
pitre de Cornouaille en l'an 1238 authorisé par l'archevesque
de 'l'OUl'S qui estoit le métropolitain, et en l'an 1.239 confirmé
de rechet' par l'évesque et par le Chapitre, comme a~ssi en
l'an 1244 en termes semblables et quiestaient considérables
desquels termes il fallait infét'er deux choses :
Une, que l'évesque et le Chapistre auraient usé de rechef
des mots de donaison et concession tout ainsi qu'aux précé
dentes lettres encore que ce ne fut qu'une pure confirmation,
une approbation et une tolérance, ce qui monstrait que les
premières dont auroit été faict mention cy-dessus qui es
toient de l'an 1218 ne se debvoient pas entendre pour le tiltre
premier et originaire du .droit prétendu par le seigneur éves
que de Léon, mais seulement pour plus ancienne marque de sa
possession qui estoit sans doute beaucoup plus esloignée,
mais il ne s'en pouvait trouver d'autres vestiges, D'ailleurs par
les dernières lettres que l'on voiait que oultre l'anniversaire
auquel est oient obligés les abbés et religieux de Daoulas, ils
estoient encore tenus de recevoi~ et admettre dans leur mo_
nastère en tout~ sorte de temps des chanoines de l'église de
Cornouaille qui se vouldroient rendre réguliers et abandonne!'
la sécularité, non obstant qu'en. semblable monastèl'e le nom_
bre des religieux fust limité à certain, oultre lequel les cOu_
vents n'avoient pas accoustumé d'en admettre de super numé.
l'aires, ce qui rendait d'abondant la possession de ce dl'oiet
onéreux et plaine de charge pour les abbé et religieux de
Daoula's,
temps it,y avait encore plusieurs confirma
Depuis lequel
tions semblables, entr'autres en l'an 1247 ou il estoit usé des
mêmes mots de concession, mais oultre ce, les termes de la
dicte pièce estoient encore remarquables pour monstl'el' que
la possession des dicts abbé et couvent de Daoulas estoit telle
que de tout temps ils étoient fondés en cll'oit de pl'endl'e et
pércevoir les annates dans l'église de Comouaille excepté
seulement de la vacquation à cause de permutation.
Ceste coustume de rechef atlthol'isée pal' l"archevesq Ile
métropolitain par lettres de l'an 1278 et autres de l'an 1600
conceus encore en tel'mes semblables. Et ou tre ces actes
généraux les abbé et religieux de Daoulas a voiel) t eneOl'e
pl'8UVe que dans toute::; les oceurellces particlllièl'es quand
il s'était rencontl'é vacquation de quelque prébande en l'église
de Cornouaille, non seulement depuis l'année 1400 qui est la
date des dites del'nières lettres, mais encore depuis l'an 1307
les abbé et religieux de Daoulas avaient jou)' paisiblement
de ce droict et perceu toutes les annattes de toutes les pré
bandes qui avoient vacqué en la dicte ég'lise, sans trouble ni
controverse quelconque, dont le dit demandeur rapportnit
preuve littérale et qui ne rec8pvait point de contl'edict car il
avait produit ses baux à fel'me llui avoielit été faictz succes
sivement du revenu des préba!des par les abbé et religieux
~e Daoulas durant la premièl'e année de la vacquance, et les
et compositions qu'ilz en avoient faits par diverses
accords
• , vecq les chanoines particuliers et en telle sorte que
{OIS a
ceste possession debvoit estre tenue pour constante et ne re-
roir point de contestation. ce que présupposé, la com-
ccp' '
'nte du dict demandeur ne pouvait ny ne debvoit recep-
plll "
yoil' de difficulté quelconque, fust que l'on reputast les pièces
t ni avoient esté cy-dessus énoncées pour le tiltre originaire
de Léon, auquel cas il n'y avait rien qui empeschast que
l'évesque et le chapitre de , Cornouaille n'eussent peu faire
valablement cette concession qui estoit autantique et solen
nelle eu esgard à la façon dont on vivait lors et au temps
quelle avoit esté faicte, scavoir incontinent après que le cha
pitre de Cornouaille avait été sécularisé, auquel temps comme
il estoit notoire par l'histoire du pays et aisé à justifier par
les Chartres qui estoient en l'abbaie de Daoulas plusieurs
des chanoines qui vouloient demeurer réguliers se retiraient
dans le monastère de Daoulas ausquels pOUl' ceste raison et
de pourvoir à leur nourriture et entretenement sur les
a fin
b:ens de l'église, il seroit bien vraisemblable que le chapitre
de Cornouaille leur avoit donné et concédé les domaines et
revenus spécifiés dans les dites donations et actes capitu
laires entre lesquels auroit esté mis le droit de déport et an
nattes SUl' les prebandes de ladite église par laquelle conces
sion les chanoines qui est oient lors n'avoient point diminué,
comme voulaient dire les dits deffandeurs, les droicts et reve-
BUS de leur succession disposant de ce qui ne leur appartenait
pas, eaL' outre que pour la raison cy-dessus nommée ils pou
voiellt raire valablement une concession semblable, c'estoit
qu'en effect ny les successions des chanoines qui avoient
cette première disposition et qui l'avoient ,depuis ratifiée et
approuvée de témps en temps jusques en l'an 1400"
ny les deffendurs et ceulx qui viendroient après eux ne -
pouvoient estre préjudiciés par ceste disposition, d'aultant
que dans la condition avecq laquelle elle ~voit esté faicte, ce '
que les défendeurs pensaient perdre en ne jouissant pas des
fruits de la première année de leur prébande ils le regai~
gnaient d'un autre costé et avee autant d'avantage qu'ils deb_
voient avoir de piété, les feuitz d'icelle qui eschevoit après
leur Decoix, estants convertis et employés en leur mémoire
pour les intercessions que les religieux de Daoulas estoient
tenus fair,e après leur mort pour le saI nt de leurs âmes, qui
estoit ,la plus belle et plus recommandable institution d'an~
natte dont il fust fait mention dans le droit canon.
Et partant Fust que l'on considél'at les pièces cy-dessus
esnoncées pour une marque seulement et une preuve de la
possession antienne en laquelle estoient les abbé et religieux
de Daoulas de percevoir ce droict d'annate, comme y avait-il
aparance de les réputer seulement pour acte de possessioll,
attendu les raisons qui avoient esté cy-devant dictes que les
ecclésiastiques pOUl' le temps passé en continuant les·conces·
sions pat leurs prédécesseurs usaient en temps pf'ésent des
termes de « donnons )l et ( concédons l) et que l'al'gument
estait dans la chose mesme, attendu que dans les actes der
niers il estait usé des mêmes termes qui se trollvoient em
aux premiers, lesquels sans ùouHe ê~voiellt esté pré-
ployés
cédés d'aultres beaucoup plus antiens et dans ceste preuve
la complaincte du dict seignelll' évesque de Léon ne
seule
pouvait recevoir de dimculté~ ny ayant aucune rRison de
troubler les usage.s et coustumes louables, lesquelles s'estant
introduites indiffél'emenL selon la diversi té des égl ises, ne
debvoiènt estre moins pieusement obsel'Vées et. gantées lJue
les institutions escrites et consignées daus la dOcll'i né lllesme
de l'église. '
Par ces moyens et plusieurs autres tendoit et concluait le
dit seigneur évesque d.emandeur afin que par Ilotl'e selltence
et 'jugement faisant droict SUl' la complaincte paf' lu,)' formée
et sans avoir esgal'd à la reqllesle des dits rloyelL ehalloines
et chapitre de Cornouaille fllst le dit, seigne llL' deruanùelH en
1ft dite qualité d'abbé de. la dite abbaye de Notre:..Dame de
Dao tant pour le dict que pour les religieux d'icelle,
ülas
et gardé au droict et possession de prendre et per
maintenu
les annattes et depol'tz de toutes et chacune des pré
cepvo
bandes qui avoient vacqué et qui vacqueroient cy-après en
la dite église de Cornouaille fust par mort, résignation ou .
suivant ses tilh'es, avec deffense aux dits doyen
autrement,
et chapitre de le teoubler en l'advenir en la pos-
chanoines
session et jouissance des dits droits, et pour le passé que les
tenus singulièrement à faulte de rap
dits chanoines fussent
porter dans quinzaine les accords qu'ils en avoient debu faire
prédécesseurs abbéz . et religieux du dit
avec luy ou ses
Daoulas ou les quittances qu'il en avoit debu retirer, rendre
et restituer au dit seigneur demandeur en la dite qualité, les
l'année de chacune de leurs dites prébandes ou la
fruits de
juste valeur et estimation d Ïceux au dire de gentz à ce co
gnoissants dont ilz seroient tenus convenir par devant l'tmg
ùes commissaires de la cour de céans, à faulte de quo)' faire
en sel'ait nommé d'oflice, et oultre pour le trouble et indebue
vexatiun pal' euh suscités fussent les dits doyen chanoines
et t:hapitl'e cOlldemllés en toutz les dommag'es et intérêt du dit
seigneur' demandeur' et aux dépens des instances mes mes et
ceux l'éseryez par l'nrTêt de la dite cour du 10 avril 1627.
(A suiIJre.)