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Bulletin SAF 1897


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Alain de Guengat, vice-amiral de Bretagne (1526)

M. E. du Crest de Villeneuve

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VII.

ALAIN DE GUENGAT
VIOEJ-A:VIIRAL DE BRETA.GNE

r ,cs hommes vaillants ont toujout's été communs en Bee­
tagne. On les voit de tout~el11ps guert'oyer parLout où il y a
de beaux GOUps à donner. Parmi eux les chefs habiles n'ont
pHS élé l'ares, mais l'histoire n'a: pas dressé à tous les monu­
ments dont ils étaient dignes. Il y aurait un beau tI'avail à
faire sut' nos marins du moyen-âge sur les anciens amiraux
ct capitaines de navires de Bretagne, comme Penhoat,
Coëlivy, les trois Quelenec et bien d'autres oubliés. Malheu­
reusement les documents sont rares, fort difficiles à trouver.
Quelques capitaines de mer du XV.l siècle ont été l'objet
d'éLudes intéressantes. Aujourd'hui j'appelle l'attention de
notre compagnie et de tous les amateurs d'un glor:eux passé
sur Alain de Guengat, maîtrè d'hôtel du roi François le .. ,
vice-ami l'al de Bretagne.
Il existe peut être dans quelque chartrier de famille une
généalogie de la maison de Guengat. N'ayant rien trouvé .
ce genre, je. donne ici les renseignements que j'ai pu
recueillir dans des aveux ou dans l'histoire de Bretagne.
Le premier membre de cette famille connu est Jehan sire
de Guengat chevaliel'l chambellan du Duc en 1428, curateul'
de J ehan de Rosmadec, et époux de delle Peronnelle de la
Couldraye. Cette famille, qui ne figHre pas dans la fameuse
monstre de Ploërmel de 1294 s'éleva sans doute pendant la

gueere de la succession et en tira profi t comme les sires de
Pont-l'Abbé, ses voisins.

En 1457 un Guengat faisait , partie de la suite du duc
Artur III dans son voyage à la Cour de France. Au mois de
4écembre de cette année il touchait dix escus ('1).
En 1480 Guyomarch, sire de Guengat, passa un accord
avec le sieur de Trégain. Il assista à rentrée solennelle de
l'Evêque de 'Quimper, Guy du Bouchet, et y exerça ses
dl'Oits. Depuis longtemps déjà les sires de Guengat jouissaient
ce jour-là d'un privilège attestant qu'ils avaient rendu quel­
ques services signalés aux Evêques. Nous n'avons pu en
trouver l'origine. .
Avant d'entrer dans la ville, le sire de Guengat offrait la
main au nouvel Evêque, l'aidait à descendre de cheval et rece-
vait en don le cheval, les molletières et les chaussures du
prélat (equum, calcaria et ocreas). Celui-ci prenait alors
place sur une chaise qui était portée j usqù )~. la cathédrale
par le vicomte du Fou, les sires de Nevet et de PIŒlllC, et le
même sire de Guengat;

Alain de Guengat était probablement le fils de Guyomarch .
Nous ne savons rien de ses débuts, mais sa fari1ille était voi­
sine, peut-être alliée des Quelenec, vicomtes du Fou, qui
depuis un siècle s'occupaient des choses de la met'. Deux
Quelenec avaient été successivement amiraux de Bretagne.
Il est bien probable que le jeune Alain prit goùt auprès d'eux
aux expéditions maritimes et fit sous leurs ordres ses pre-
m18res armes .
La première mention que l'histoire fasse' de son nom sc
trouve à l'occasion de la cérémonie qui eut lieu à Nantes, en
l'église des Carmes, le '13 mars 1513, pour la réception du
cœur de la reine Anne.Cette princesse, si attachée à sa chère
Bre~agne, devant comme reine de France reposer dans les
caveaux de Saint-Denis après sa mort, avait tenu que son
cœur au moins fut porté dans sa fidèle ville de Nantes. Alain

(1) D. Morice ' T. II, col. 1723.

O'at fig'ure parmi les nombreux gentilshommes pré-
de uen/:')
'L) On ne lui donne aucun titre, mais il avait sans
son s . . ,
doute accompagné le cœur de sa souveraine, étant déjà a~ta-
allait devenir la ' femme du comte ,d Angouleme, le , futur

François 1 • ,
A l'avènement de celui-ci, Guengat se tl'ouva naturelle-
ment très rapproché de lui par sa position de maître d'hôtel
ùe la reine. Il fut bientôt appelé aux mêmes fonctions dans
sa maison et l'accompagna dans toutes se-s campagnes.
Nous avons tr'ouvé une déclaration de lui du 16 octobre
1522 reconnaissant qu'il devait urie somme . de huit vingt
livres treize sols tournois à Mery et Guillaume Testuz et
Pierre Thouzolin, marchands à Tours, (( à cause de velours
noir et damas qu'ils mont vendu et livré ce jour dhuy dont
je me tiens contant )). C'est le seul autographe que nous ,
ayons trouvé d'Alain de Guengat. C'est pourquoi j'ai tenu à
le mentionner (2).
Il ne perdait cependant pas de vue la Bretagne. Le l 1
avril 1523, il faisait une fondation de douze livres treize sols
pour ohits à la cathédrale de Quimper. II s'occupait déjà de
ses intérèts maritimes, et, à une date que nous ne pouvons
préciser, il fut pourvu de la charge de vice-amiral de Bre­
tagne et de chef du convoi (3). Il portait déjà ce titre avant
la funeste bataille de Pavie (24 février 1525) (4). Ce jour-là,
après avoir fait des efforts surhumains pour dégager le roi,
(1) D. Morice T. l, p. 837.
(2) Archives du Finistère,' E fonds Lanascol Guengat.
(3) Dès qu~ les l:oslilités éclataient, notamment avec l'Angleterre, le
chef du convoI armait en guerre un certain nomhre de navires. Les vais-
seaux. marcl1flnc1s se réunissaient dans le chenal de' Saint-Mahé. Tous .
parta!ent ensernIJI~, prenaient ceux de Penmarch en passant, et revenaient
de me~c. Des drOits et devoil's étaient de ce chef. imposés aux marchands
« tralTtquanlz en la mer »), et nul ne pOlwait s'y soustraire
(4) D'Argentré, p. 718 ' • . - '

il fut fait prisonnier avec lui en même temps qu'un grand
nombre de gentilshommes, parmi lesquels se trouvait le
seigneur de Bryon .
Philippe de Chabot, seigneur de Bryon, comte de Charny
et de Busançais, appartenait à une ancienne famille du

Poitou fort connue à la cour de France. Un de ses membres,
quelques années plus tard, devait relever le nom de Rohan
en épousant l'héritière de la branche aînée de cette maison.
Il fut élevé au château d'Amboise avec le jeune cOI~te d'A n­
goulême et quelques autres enfants de grandes familles.
Brantôme nous raconte qu'un jour ceux-ci avaient demandé
à leur futur roi quelle charge ildonnerait à chacun d'eux,
et que, pendant qu'Anne de 'Nlontmorency' exprimait le vecu
d'être connétahle, Philippe de Chabot avait demandé le titre
d'amiral.
Monté sur ]e trône, François 1 employa Bryon à diverses
missions qu'il condùisit avec succès. En 1524 il fit lever le
siège de Marseille par les 1 rn périaux et repoussa victorieu­
sement le marquis de Pescaire et le cO llnétab1e de Bourhon.
La veille de Pavie il opina malheureusement avec l'amiral
Bonnivet pour livrer bataille. Il s'y battit en désespéré.
Bonnivet s'y fit tuer. L'amiral de Bretagne, la Trimouille,
y succomba également,
Bryon ne demeura pas en captivité. La régente, Louise
de Savoie, l'envoya plusieul's fois à Madrid pour suivre les
négociations relatives à la mise en liberté du Hoi et il con­
trihua puissamment à les mener à bien . Le Hoi, ' pour lui
prouver qu'il ne lui gal'dait pas rancune, voulant reconnaître
ses services et son dévouement, combla ses vœux d'enfant
et lui conféra, par des provisions spéciales, les cIeux charges
t~ès distinctes d'amiral de France et d'amiral de Bretagne (1) .

(1) D. Morice, P1'wves, T. III, col. 967!

Jttaut alors venu en Bretagne, il reçut les réclamations des
, .' eUl'S riverains de la mer et des marchands armateurs
,"ClOU
récemment saccagés et pillés par les Portugais, Il en rendit
l'amiral de Bryon et le roi l'autorisa à armer des

comp
TI'res a' ses frais, à lever des équipages et à conduire une
IHl' '
véritable expéditiol1- sur les côtes du Portugal. . Voici ce que
nouS dit à cet égard l'historien d'Argentré, celui de tous qui
nouS donne le plus de détails sur ce point:
u Ayant entendu que quelques vaisseaux du roy de Por­
tugal avaient pendant la prison volé à la coste de Bretaigne
nombre de marchands, le roy permist par lettres de marque
il Alain de Guengat, sieur dudict lieu, vice-admiraI de Bre­
t.aigne et chef du convoy, de faire la guerre aux Portugais,
ce que ce capitaine exécuta luy seul avec grande dépence et
heureux succès tellement que le roy de Portugal par plu­
sieurs lettres ct créances achepta la paix de cet homme. }) (1)
Les lettres, donL je vous ~ntretiendrai tout à l'heure, ne
flOUS parlent malheureus(~ment pas de cette expédition ' à
laq uelle elles sont postérieures. J'ai découvert depuis que
j'ai entrepris cette étude qu'il existe à la bibliothèque natio­
nale un recueil de lettres de l'amiral de Bryon écrites en
1525. Il serait utile de savoir ce qu'elles peuvent contenir'
relativement à la Bretagne et à son vice-amiral, mais en
raison de la date je crains fort de ne rien trouver sur ce qui
nous intéresse, 1525 étant l'année de la captivité du Roi e't '
de Guengat. ,
Bryon était un esprit très ouvert, très entreprenant, Il
aVait uu Vl'Hl gout pour la marme, en comprenait l'impor-
tance et s'occupa beaucoup de son dév,eloppement. On lui
doit l'idée do ]a colonisation du Canada. Il avait fait dresser
ùes cartes marines et autres. On en conserve encore qui.nze,

, " . : . 0 · ! '_' . ' 1"" ,$ ' .. ,o; ,_c.p 3]
(1) D'Argentré p. 7'J8,

bien dessinées snI' parchemin.
provenant de son cabinet,
les monuments de l'Histoire de
Elles ont été publiées dans
France.
En 1529, Bryon fut nomm é gouverneur des ville et châ-
teau de Bl'est. Il était aussi gouverneur du l-:lâvre et s'occupa
plus particulièrement de cette place de création nouvelle .

Guengat, son, lieutenant dans le gouvernement de Brest, en
fut par lui spécialement chargé .
Après une heureuse campagne en p'iémont en 1535, Bryoll~
ayant commis la faute de ne pas ponrsuivre ses succès,

s'étant trouvé d'autre part mêlé aux intrigues qui divisaient
la cour, tomba en disgr6ee . Il fut accusé de concussion ,

condamné, puis réhabilité, rétabli dans toutes ses charges,
mais il mourut de chag rin en 1543.
Revenons à Gue~)gat.
Le 29 julllet 1527, il figure comme témoin avec beaucoup
d'autres seigneurs, parents ou am is dans une déclaration
constatant qu e le jeun e Louis de Bohan sire de Guéméné a
passé l'~ge de 14 ans. L'acte est dressé à Hennebont. Guengat
y est qualifié capitain e de Brest, maître d'hôtel. Le tilre de
vice-amiral n'y figure pas. Je ne m'explique pas pourquoi (J).
Le 5 décembre 1529 il Y eut une assemblée de la noblesse
bretonn'e pour aviser an moyen de faire contribuer les nohles
à payel' la rançon des fils de François IcI'. Tl y fut décidé que
tous les nohles, possédant terres nobles et soumis au ban et à
l'arriè re-han, paieraient un vÏngtième de leur revenu,1'1assire
Alain de Gnengat, seigneur dudit lieu, y figure ainsi qÜé\1ifié.
sous ce seul titre, « tant en son nom qu e pour les seigneurs
de Nevet, de Kerguern et antres » (2), •
En 1530, Alain de Guengat, comme gouver neu r de Bres~ , .
alloue cent livres tournois à un sieur Bemard Slll' ses gélges

('1) D. Morice T. III, pl'. col. 972.
(2) D. Morice T. III, pl'. col. 988 .

, -81' par le receveur général de Normandie. Le titre de
il pa,) J . , •
vice-amiral de Bret.agne ne figure pas lCI davantage.
D'autre part, llOUS trouvons dans les preuves de D. Morice,
t. III, col. 997, une C)uittance de l'amiral de Bryon pour une
L;OJl1!1le do 1,300 livres ( qui lui est ordonnée pour la garde
w villes et châteaux de Brest et dul:lavre JJ. Voici les titres

qu'y prend Bl'yon : « Gouverneur et lieutenant général en
Bourgogne, admiraI de France, capitaine des villes et châ-
. teaux de Brest et du Havre JJ. Cette quittance est datée du
:2'.1 Hoùt 1531. Il n'y est plus question de la qualité d'amiral
de Bl'etngne. Cela tient à ce quïl ne l'était plus très proba-
blemeut. En VOICI la rUlson.
La l'cine Anne ayait nommé amiral de Bretagne M. de la
Trimouille par un titre particulier, tenant à maintenir la
distinction eutre les donx charges d'amiral de France et
d'amil'nl de Brelagne. Depuis la réùnion à la France, ]a
chal'go d'amil'nl de Bretagne était attribuée aux gouverneurs
de ceite provilJce. L'amiral Je Bryon fut pourvu de la même
c1wl'ge pal' ]('! tres de provision spéciale du roi François 1
(C <1giSSHlll comme père el. légitime admillistr,iteur et usufruc-
l\lnire des !cnC's cl seigneuries de nostl'e ti'ès cher et très
am(~ fib le Dé1li pil i!l, ùuc propriétaire du duché de Bretagne JJ.
(2~~ mars 1525 D. Moriee, preuves t. III, col. 967.)
D'aull'e pal'L, d'Argentré mentionne aux environs de Pas-
qacs 1531 la mort lIe Guy de Laval, « gonvernehr et amiral
de Bretagne )J. Il est vraisemLlalJle que celui-ci avait obtenu
se confondrait, comme autrefois. avec
qut: la ehal'ge cl'arniral
celle de gOllve,'nenr, de mêni.e que celle de vice-amiral avec
lieutenunt géi1éral. Bryon avait été alors privé de sa
celle de
charg'c. Il est. possible que Guengat par suite l'ait été de la
sienne. Ce fut., du reste, enLee les amiraux de France et le
gouverneur de Bretagne jusqu'à Colbert: un conflit que nous
pourrollS ru conter llD jour et dont les péripéties montrent
encore une fois avec quelle énergie les Etats résistèrent aux

préte1l1 ions des rois de France pour faire perdre peu à peu
son autonomio à la province.
I~n cetle même année 1531, par lettres patentes don­
nées à Villel's Cotteret, à la date du 16 octobre, . ( les
tetTes de Brest, Saint-Henan et Châteaulin, que tenait
le seigneur de Guengat », étaient réunies au ' domaine
comme étant du vrai domaine du duché de Bretagne (1).
Il s'agit là d'une possession temporaire et d'une perception
de revenus concédées antél'ieurement à Guengat pour l'in- .
demniser des frais considérables faits par lui, tant pour la

construction et les at'memonts des navires que pour leur
entretien, le ravitaillement .et la solde des équipages. N'ou-
blions pas que tous les capitaines à cette époque faisaient des
avances au roi et que, pour un amiral particulièrement, ces
avances montaient à des sommes considérahles .

Guengat conserva-t-il sa qualité de vice-amiral sous Guy
de Laval? Nous l'ignorons; mais il mourut à peu près en
même temps que lui, car nous trouvons: dans un aveu de
1531, la dame de Guengat, Marie de Tromelin, qualifiée
veuve uouairière de mèssire Alain de Guengat.
Il laissait deux fils. L'aîné, Jacques, qui joua à SOIl tour

un certain rôle militail'e et épousa Jeanne de Langeouez,
dame de Lescoulouarn. Le second, Ronan, fut seigneur de
Lyvinot et de Botbodern, et épousa Claude de Cornouaille.
La mère et les fils firent des fondations qui furent assises
dalls une chapelle de la cathédrale dite chapelle de Guengat,
aujourd'hui chapelle Saint-Joseph .
Quoiqu'il en soit et bien qu'elles ne constituent pas des
documents fort importants pOllr l'histoire de Bretagne, nous
avons pensé qu'il y avait un intérêt véritable à recueillir les
lettl'es que j'ai trouvées autrefois hien par hasard dans les

archives départementales et dont je vais vous entretenir
\1) D. IVlorice ' T. III, pl'. col. 997!

JlHlintenant à v'oir de près les l'apports de ces hommes qui
'ollèrent un rôle considéeable à cette époque si agitée, à
~cnt.iments qui inspiI'aient l'auteur des IettI'es ainsi que ceux
. pouvaient à leur réception ag'iter l'âme de leur desti-
qUl '-'
Ilalatre.
Ces lettres sont écrites sur une gTande feuille de papier à
rOll près de la taille du pariee écolier. L'écriture est belle et
licHe. Les mots sont bien orthographiés pour le temps. Il n'y
a CJlIC quelques abréviations. Nous pensons qu'elles sont de
]a main d'un seerétaire sauf un passage que je signalerai
tout il l'heure et que je crois éCI'it par Bryon lui-même. De
chaque côté sur le bord du papier on voit quatre petites
fen1es qui donnaient passage au lacet ou ruban qui cons-
1 iluuit la fermeture de la missive. Ces lettres ne portent pas
de dales complètes. Le mois et le JOUI' sont seulement
i ndiq Hl"S.
La premièrc est facile à dater. Elle est du 12 juin 1527.
11 est en e/l'et. question de la paix qui vient d'être conclue
avec le l'oi d'Anglet.el're. Le c:aedillal d'York était à Paris,
POlll'suinllll. des négociations à cet effet en ce même mois de
juill .Li127. LI rali/icntion ont licn le 27 juillet suivant.
L'amiral de Bryan promettant son conconrs pour obtenir
le paicmellt ùcs mortepaies que poursuivaient alors à Par is
le tl'ésOl'ier de Bretagne et le contrôleur. Il exprime le
plaisil' q\l'il Hlll'ait à naviguer avec lui sur la belle nef dont
celui-ci lui a parlé et lui demande quelle campagne il désire
l'1l11'cpi'clldl'e. Tl liti anllonce (ju'il a fait inscrire conformé-
muut à sa demallde, un de ses parents pour le service de la
marine. Sa leUre se termine par un paragraphe plus intime
que, pOUl' cette raison allssi bien qu'à cause de l'écriture et
du l'encre, nous croyollS être de la main de l'amiral lui-même.

Ille remercie d'un envoi de c( sagouyns )) et de perroquets,
qlÎilllli a annoncé. .
La lettre UO 2 doit être de 1529. C'est une réponse de
Bryan HU rapport Cille Guengat, son lieutenant, lui avait
adl'e::::sé apt'ès la prise de possession ,en son nom des places
de Concarneau ct de Brest. Nous n'avons pas trouvé les
leu r'es de pl'Ovision de Bl'j'on pour Concarneau . Il fut pourvu
du gOll Yernem.ent de Brest dans le courant de 1529. A Brest
il y cut des difTIcultés entre Guengat et un capitaine Fayet qui
rep t't'sentait sans doute l'ancien gouverneur . J'ai vainement
cherché des détailssl1l' cet inciùent. Aucun historien de
Bretagne n'en pade. De 1523 à 1527, le gouverneur de Brest
était Henaud de l\'Iontboul'cher, seigneur du Bordagc, pre-
111 ier panetier' de la Reine . Son lieutenant dans cette place
ét.a it G illes de Gnuteron (1).
y avait souvent au moment de la transmission de ces

l;ommanclements de geosses cliflicultés d'argent. Ceux, qui
devaient partie, ne voulaient pas faire la remise de la place
avant d'être indemnisés de toutes les dépenses qu'avait
enLl'aînées l'exercice de leut' (',11arge . En ilJ,98: le capitaine
Carreau s'était Dour ce motif refusé à rendre le château de
Brt~ .~;t nu nouveau gouverneur et le roi avait dû. agir rigou­
rcusement contre lui, tout en s'engageant à lui payer les
fl'ai s faits pour la garde de la place. Il s'agit ici sans cloute
d'ull incident a na] ogue (2).
La lettre nO 3 est datée du 23 aoù1. La suscription porte:
Monsieur de Guengat., mon lieutenant à Brest. Elle est donc
postérieure à la nomination de Bryan comme gouverneur,
mais elle nous paraît également postérie1.ll'e à la précédente.
Celle-ci, nous l'avolls vu , réponlbit à l'annonce de la prise
de possession pal' Guengat . Ici il 11 'est même pas question de

('1) Levat - Histoire de Hl'est ,
(2) Levot Ilisto'Îre de Brest.

. st ce qui n'aurait pas lieu si c'était la première échang-ée
BI e , .' d ., B L
. l'ès cette opératLOn qUI e"alt preoccuper l'yon. es
ap , . B ."
'e sont sans doute ananoo'ees a L'est, pULSqu on Il en

ClOses s· . ., , ' ..
co e~ qu'Il s'aO'lt simplement d un butll1 faIt par les
par e pa;:. " 0
vaisseaux de Guengat. .
II est pénible, aprè3 avoir beaucoup cherché, . de n'offrir
Alain de Guengat. Mais il demeure acquis, paL' ce que nous
ycnous cie voir, que ce fut un vaillant IlQmme de g-uerre, un
"l'ni capitaine, un marin et un amiral digne de prendre une
place parmi les meilleurs de Bretagne.
Lettres de l'amiral de Bryon.

Monsieur de Guenegat jay receu la lettre que vous mavez
escl'iple et ay esté tres aise davoir entendu de vos nouvelles
.et ùe vostre bOllne santé. CUl' il Y avait trop longL\ement que
je nen avais eu. On so ploit du contraire. Vous advisant que
avant mOIl padement pour aller en Boul'gongue qui sera
ùedans troys ou quatre jours javoye delibere vous mander
cles miennes. Et vous ramentevons de mescripre souvent de
cc qui peut survenir ou quartier de dela. Ce que je vous prie
vouloir faire. Et a voir les affaires et la seure te de vostre
place en recommandation comme je suis asseure que vous
avez attendant tous jours que l'occasion saffre meilleure pour
donner ordre et pOLll'voir à tout ce que y fait besoing de
quoy jay bonne enyie. Le tresorier des mortepaies de Bre­
taig-ne et le controlleur sont icy poursuivant las'signation
des dites mortepaies. A quoi je feray ce que je pourray et
espere quils auront paiement. Et au de mourant monsieur de
G llenegat je cray hiell que vostre nef est encores plus belle
eL meilleure que ne dictes et vous aclvise que je seray bien
aise quelle puisse en lad venir bien gaigner son advoyne .

Vous pourrez quand elle sera preste rnadvertir ou vouldrez
quelle doie volager. Et je ne dy pas que je ne soye cIe la partie.
Jay fait mestre en lestat de la · mar'yne vostre parent dont
vous me parlas tes. Et si chose y a que je puisse ne que soit
en mon pOVOII' ceoiez que je rncmploieray de bon cuer a vous
plaisi1'. Et au surplus lamytie et alliance danglc­
en faire
terre fut hier juree et est telle que je la tiens perpetuelle et
indissoluble a jamais dont ne se peuIt ensuivre que tout
bien. Aydant nostre seigneur que vous donne monsieur de
Guenegat ce que vous desirez. A Paris le XlI de juing.
(1) Jentends bien que I l)ostre nef est si belle et bonne qtLelle
sera Lien pour faire de bon seruice q Lti me fait dire quelle ne
-vous demourera poi'nt et qtte elle vault bien estre de la retenue
et en lestat dun service dont jespere estre le moien et pour le
n'Wingt de ce vous j'aire bien sattsfaire. Et mL regard des
sagouyns et perroquets que me gardez je vous prye les 'lue
vouloir envoie1' en ma maison daspremont et dela lon les
mapportel'a quelque part que je soye.
Le tout vostr'e bon amy

BHYO:\' .

Monsieur de Guenegat jay veu les lettres que vous mavez
escriptes .par vost1'e homme ce porteur avec mes lettres
doffice du cappitaine de Conq lacte de la possession que
vous avez prinse et l'inventaire des munitions artilleries
vivres et autres choses qui sont dedans et par la et ce que
ma dict vostl'O homme amplement entendu de qua vez fait
par de IÇl qui est si bien que mieux ne 'pourrait estre dont je
suis ires aise. Mais il me cIesplait g'randement dela rebellion
quavez trouvee a Brest et de sorte que je vous promects sy
jestoye sur le lieu jen feroys telle pugnition et correction
c\emière pal'tie cie la léttl'e paraît cie la main de l'amiral de
(1) Cette
Br'yon.

en orroit parler. Le cappitaine Fayet tost apres vostre
quO .
le uel je luy manday quil eLlst a vous delivrer la place sui-
fait ou fait faire de ceste heure car sy faulte y a je vous
advise que je y scauray tres bien remedier et pourvoie en
quilluy en desplaira et a ceulx qui sont dedans . .le
maniere
peie me mander ce qui en aUl'a este fait par la poste
. vous
qui vient de Bretaigne a la court mescripre souvent et bien
amplement tant de ceque vous aurez trouve en la dite place
eL comme toutes choses y vont a quoy vous donilerez la meil­
leure ordre que possible sera et en tout et partout ferez
ainsi que jay en vous toute seurete et ferme fiance. .
demourant monsieur de Guenegat quant a larticle que
escript de vostre main il nest besoing dencores y
mavez
touchet' pOUl' les raisons que je vous ay ci devant escriptes
que vous pove~ avoie puis nagueres entendues et que vostre .
homme vous poulTa desclarer avec lequel jay parle et dit
dit
le surplus. Vous asseurant que me trouverez tel que je vous
ay auttrell'oys dit et prest de vous faire toute laide et plaisir
que je poueray. Et sur ce monsieur de Guenegat nostre sei­
gneur vous donne ce que dessus. A Houvre du VIle de
septembre.
Le tout vostre bon amy
BHYON.
III.
Monsieur de Guenegat jay receu les lettres que vous
mavez escriptes dernierement et par icelle entendu comme
vostre retour avez trouve vos navires les quelles ont fait

quelque butin. De quoy je suis bien aise. Aussi que vous
me délaissiez votre bonne volonte dy rennoncer (au regard
de ce que me peuIt appartenir) mesmement des succes sy
cest chose qui se puisse confier et sem'ement amener je vous

prie lenvoier a H.ouen ell main seure et la je le feray rece_

voir. Vous recommandant mes Ul'oits pOLIr les me gél'er et
fail'e entretenir ainsi que j e n ay en vous fianee. Aydant
monsieur de Guenegat nostre seigneut' vous ait en sa gat'de.
A Paris le XXIIIIc élaollst (1 ).
Le tout vostre bOll amy

BnYON .

E. DUCREST DE VILLENEÙVE.

(1) Cellc derniè~l'c leUre pal'te comme sllsceiplion au clos: A mons· de
Guencgat yis admirai de Brctnignc m" doslcl du Roy et mon lieulcnnnt
il Bl'est.