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Bulletin SAF 1897


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Les anciennes corporations brestoises

Dr Le Corre

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Les anciennes corporations brastoises.

chirurgiens, comme chacun le sait, ne ' fUl'ent pas <
différenciés des autres corporations adonnées aux
manuels. Leur nom m~me, qui indiquait · des
d'espèce particulière, semblait consacrer leur assi­
aux gens de métiers et le partage ~e leurs occupa- .' .
les plus relevées eùt été regardé comme déshonorant
un médecin. Ils tiennen t boutique ouverte; où ils
« font Je poil )), linimentent et saignent, remettent les mem­
bres disloqués, avec l'asHistance d'un garçon ou d'un
apprenti. Une telle confusion de fonclions ne pouvait dUl'er,
premiers .affinements des mœurs, 'et, ainsi que je
dans un précédent mémoire (1), la corporàtion
barbiers-barbants, un peu plus tard appelée des perru­
quier -barbiers-baigneurs et étu'Vistes, fut cl'éée. Les chirur--:
ne s'occupent plus que des choses l'elatives à Tart de
et guérir les plaies, d'exécuter les opérat:o'ns que
réclament les blessul'es de toutes sortes et celles que les
médecins pl'escl'iveut au COUl'S des maladies . Ils ont toujours
boutique, SUl' la rue, peinte en jaune et à montres vitrées '
(pour les distinguel' de celles des barbiers: qui sont peintes
en bleu et formées de chassis à grands carrea ux de verre), .
avec enseigne pal'lanle, \ln bassin métalliqne et une bande­
rolIe, emblèmes se rapportant à l'opération jadis la pIns
ordinaire la saignée. Ils n'ont pas cie statuts propres'
dani . toutes les villc.3 de 131'3tagne; ils ' se rèo'lent sur'

ceux es COI'pol'alioll~ déjà Illstituées, imités eux-mêmes des
(1) Oulletin de la Société (U'chéolo(Jiqlte dit Finistère, '1895. .

statuts de.la corporation parisienne. Rien, dans l'ensemble
des règlements écrits ou traditionnels, qui sépare encore les
chirurD'iens des autres communautés d·artisans. Il y a des

maîtres. reçus après examen tout pratique, par devant leurs
pairs, des compagnons nommés garçons, qui ont satisfait
aux premières connaissances du métier et sOllt aptes à
devenir maîtres, s'ils peuvent subvenir aux frais d'achat ou
de location d'une charge, dont le nombre est limité dans les
centres de jurandes officiellement reconnues, des apprentis
obligés à un stage de deux ans chez un maître, son seul
professeur, là où il n'existe pas d'école, c'est-à-dire dans
l'immense majorité des cas. Comme dans les autres commu-

nautés, quelques faveurs sont réservées aux apprentis fils
de maîtres et la veuve d'un chirurgien peut continuer à tenir
la boutique de son défunt mari, av-ec l'assistance-d'un garçon
de capacité appréciée par les hommes de la profession.
Le premier ~hirurgien du Roi a jUI'idiction sur tous les
chirurg'iens du royaume, et il l'exerce, dans les principales
villes, par l'intermédiaire d'uri lieutenant~ choisi parmi les
maîtres et admis à cet emploi, lucratif et honorifique, à

beaux deniers comptants: au profit ùu maÎtl'e suprême.
Le premier acte qui ait contribué à l'élévation morale et
sociale des chirur'giens est, à mon avis, celui qui leur permit
de marcher à côté des médecins, dans un commun rappro­
chement des magist.rats, d'une classe de personnes élevées

. dans la hiérarchie générale, très susceptible de remarquel~
les efforts et les bonnes volontés de collabol'ateurs modestes
et de mettre leur valeur en relief. Les chirurgiens jurés aux
rapports sont de très ancienne date; mais leur existence est
en quelque sorte légalisée et développée par la grande

ordonnance criminelle de 1G70. Ce sont les premiers méde- '
cins et chirurgiens du Roi qui ont la concession des offices,
partout très -recherchés, car ils posent leurs acquéreurs en
Par édit de 1692 et arrêt du conseil de 1693, ces
évidence.

bar cs .
dans c . 'd' d" 2 l'
1ens
té de ohirurg avec un me ecm or maire, c 1\rur-
s 'urés royauX; dans les villes privées de communauté,
nent à leurs possesseurs d'importantes prérogatives, les
affranchissent « de toutes commissions de sindics de commu-
nautés (de ville), de collécteur des tailles et aùtres impos'i­
tions, de tutelle et curatelle, du guet et de la garde des
villes et places, et de tous logements de gents de guerre.»
Le communautés sont autorisées à réunir ces offices à leur
corps, afin de les posséder en COmn1'lil entl'c leurs .membres( 1)
Vers cette époque, plus d une ville, en Bretagne, a des
communautés de chirurgiens: pourvues de statuts propres (2).
Brest n'a point encore de communauté régulière. Les
chirurgiens y vivent réunis aux. apothicaires, sous des statuts
tionnels, qui d'ailleurs laissent à chaque " catégorie ' SO:1
olution spéciale sur le terrain professionnel. L'union a
pour but la sauvegarde d'intérêts communs ' et l'atténuation
Crais qu'elle exige, par une plus large répartition; elle
imentée sous la formule d'armoiries bien caractéristiques,
qui rappellent l'invocation des saints patrons de l'un et de
l'autre métier, et sont gTélvées sur le cachet de l'association:
0'01' il un snillt Cosmes et a Ull saint Damiens de carnation, ha­
hillt~~ et coilTés de guel1le~ flvec des fourrures d'hermine, le premier
tl'nant dal\~ sn main senestre une lancette ouverte d'azur, le second
t nant de a main dextre nne boite ouverte de même accolée d'un
't,' d'argent (3). "
(1) Arch. munic. de Ih'est, fine. fonds, B, reg. des déclarations, arrêts,
etc., 1693-tI5, p. 9.i-.
,. (~) Celle de ~annes, par exemp'e, " dont les statuts sont de 1694. V~ir
1101ère. sfln,le et~de dit Dr de Closmadeue, Chi1'uryie et ba1'lJe1'ie en Bretagne
atlant la ~",'ollttron: Hui. de III Soc. IJolllmatique du Morbihan, 1867.
(3) E. Fleury, Ibst. de.~ cO/'po/'ations ries ((.l'ts et métiers de B' t
de la Soc. acad., t. /II. " 1 CS ! Bul.

En !'omme, dans une grande étendue du royallme, il
n'y a point de règlement écrit qui délimite les dl'oits, les
devoi,'s d les obligations de main1es associations profession­
nelles. En ce qui regarde les chirurgiens, en diverses loca-
lités, cette absence de statuts a de graves inconvénients,
qu'un arrêt du Conseil du Roi essaie d'enrayer, en 1730,
''Les principales dispositions des Statuts-Règlements de
1730, qu'il 'importe de signaler, sont les suivantes:
. L'exercice de la profession est intel'dit à tout individu
qui n'a pas été reçu maitre ;
. Ceux qui s'y livrent. sans m~lange de métier manuel et de
commerce sont réputés exercel' un art libéral; .
Le lieutenant du 1 el' chirurgien du Roi a juridiction en son
nom sur la communauté, mais, en cas de dIfficultés ou de
~onflits dans le règlement des comptes, le juge de police du
lien intf'l'\'ient pour ]e$ examine]', approuver ou reviser ;

Dans les hôpil.-ux des villes où il n'y a pas de chirul'g-iens

ol'dinail'es, Je service est assuré gl'atuitement. pal' deux
maîtres de.la communHut~, un jellne et un ancien, à la dési­
gnat.ion des prévôts en charge et du lieutenant. du premier
chirurgien du Roi; . _
Chaque communaulé doit fRire démontI~er,daIls sa « cham­
bre, » pal' un des anciens maü,'es, choisi ponrune année,
l'anatoniie, l'os1éologie f't les or~l~ations ; à défaut de sujet
humain (1), les démonstr;otions sont faites SUl' des pièces
dpss~chées et les opéra1ions lwatirplées pl1rdes animaux (2) ;
le professel1l'_ t.ouche 50 livres sur les deniers de la hOUJ'se
commune; les garçons chirurgiens sont tenus de se pré-
sent.eT' "ux leçons dans un costume déc.ent, et. sans épées,

(1) Toujours rare, avec la prohibition de la dissection des cadavres des
hôpitaux.
(2) La tête de yeau, notamment, servait à l'exercice du trépan •

~ ou bâtons (1); l'entrée du cours est interdite aux
C8one~ .' . "1
. 1 iel's_pel'l'uqUiers ainSi qu a eues garçons; ,
bar) , d' h f d" "
aspirant n est a mIs au ce - œuvre qu apres
Aucun .
saO'e chez un maître, ni avant 20 ans, s'il est fils

Al e 22 s'il ne l'est pas; .
mal r ,
Un maître en çhirurgie peut se faire agréger dans une
munauté en subissant un seul examen par devant
com
au f re
ses nouveaux confrères. .
Mais, en 1750, des lettres patentes permettent aux maîtres
d'exercer en dehors de l'étendue de leur c'ommunauté, s'ils
rapportent un certificat du prévôt et des .anciens de celle-ci,
constatant qu'ils ont exercé dix ans la chirurgie parmi eux,
avec honneur et capacité. C'est encore une conquête qui
rappr'oche les chirurgiens des médecins : les premiers
acquièrent le droit à l'exercice en toutes communautés,
comme les ~econd~. avec le titra de docteur d'une Faculté
que, ont celui d'exercer en toules localités du
ro ume, sous la ~imple obligation de leur déclaration et de

l' nr gi trement de leur diplôme au greffe de la juridiction
royale (2).
(i) A toutes les époques, messieurs les étudiants ont eu la réputation
Je taJlage; jadis, leur turbulence revêtait des allures qu'elle a
d'a:mer
perdues depuis, (~IIe était brutale et rccherchait la rixe. A Brest, ce sont
de continuelles disputp.s avcc échanges de coups, entre les apprentis des
boutiques et les élèyes de l'école de chirurgie de la marine, entre ceux·-ci
et les pilotins des nayires; puis, au retour des courses sur mer. où de
tout jeunes gens ont rempli les fonctions d'aides-chirurgiens, contracté
de.s habitudes belliqueuses, et pris goût au port de l'épée, toléré pOUl' eux
lOI~ . des côtes de France, ce sont des aITaires de police, ordinairement
survies de condamna.lions sévères, pour l'Exhibition et l'usacre d'une arme
interdite à la roture et (lUX non militaires. t>
(2) A ujollnl"hIIi l'ncore, l'exercice cie la profession médicale est subor­
dOI~né a ulle ol~lignLion ullalogue, le diplôme doit être enregistré au sec ré­
lal'~a~ ~Ie la prefecture et au grefTe du tribunal de première instanee.
\ CIICI lin exemple de ln fnçon clont les choses se pa~saienl : .
« A messieurs les j uges I"o~'a u x de Brest .
Il Supplie humhlement noble maître ifenl'V Party docteur-me'de'
d'· t '"1 . " Clll,
1 an . q,u 1 a pns ses leLLres de bachelier à la Faculté de Valenre en
Dallpillne, le t 7 septemhre 1783, celle de licencié le 1 er octobre, et celle~ de

Les statuts de 1750, pour les chirurgiens de Paris: avaient
très catégoriquement élargi les privilèges des maîtres du
Grand-Collège: ils déclaraient que ces maîtres devaient

jouir Il. des honneurs, distinctions: prérogatives et immuni-
tés J) accordés aux personnes « qui exercent les arts libéraux
et scientifiques ,», être compris dans le nombre, des notables
bourgeois et participer à toutes les prérogatives dont ceux-
ci étaient en possession (1). ,
Les documents relatifs à la communauté bresloisesont
assez rares. Comme les l'egistres de délibérations de la
' corporation n'existent plus, il faut les rechercher dans des
' liasses éparses ou dans les regist.res de la police, conservés
aux archives départementales (2). Encore dans ces derniers,
source précieuse de renseignements sur les corporations
locales, rencont.re-t-on très peu d'indications concernant les
chirurgiens. Les chirurgiens prêtent le serment de récep­
tion à la maîtrise entre les mains du lieutenant du premier
chirurg'ien du Roi et font simplement enregistrer ' leur acte
de réception au greffe de la police. Ils ne se montrent
docteur le 16 du m~me mois; que désirant s'établir en cette ville pour y
la profession de médecin, il a l'honneur de requérir,
, exercer
« Qu'il vou,s plaise, monsieur, voir joint à la présente, lesdites lettres, y
ayant égard et à l'exposé ci-devant ordonner l'enregistrement desdites
lettres au greffe de votre siège et permettre à votre suppliant en tant que
besoin d'exercer s'a profession en cette ville et ferez justice. »
La requête est signée de l'impétrant et du procureur qui la produit
(Lelay-Maisonneuve). On lit au pied:
« Vu la présente requête et les pièces y référées (sur les conclusions du
procureur du Roi), nous avons ordonné au greffier du siège d'enregistrer
les lettres du supliant, lequel nous avons reçu à exercer la médecine en
cette ville, Brest, le 3'1 may '1785, » Signé: Bergevin du Loscoat.
Les vacations dues sont de 3 livres 12 sols 8 deniers; mais l'annotation
qui accompagne leur mention « gratis» indique la faveur que les magis­
trats ont l'habitude de faire à un personnage qu'ils estiment un peu de
leur monde .

Ar-chives dépm·t, , B, liasse de Brest, sénéchaussée royale .
('1) Franklin, Vie ]J'I'ivée d'aul'}'(:{ois, les ch'Înl1'(jùns, p. 'l9~ , ,
(2) A Quimper.

propos de revendications, de
' rc 'devant le siège, qu'à

illégales à réprimer, ete, La '
rrences plus ou moi ns
Cll
con
.. e suivante semble donc avoir une valeur historique:
ICC •
ien bl'estois ont eu quelque règlem.ent propl'e., par appli-
ses sur l'exercice de ]a chirurgie el la situation des chirur-
giens dans la c~pitale (1).
« Du sllmedy 30' mars 1754, audiance du siège royal de la police
ùo BI'('st tennc par M. le bllilly lieutenant général civil et criminel
wrti
de la séné('h:lUs~ée royale de Brest, présent M. le lieutenllut (t -
culier), présent M. le procureur du Roy.
« De la part de M' Yves Le Coat, proenreur du sieur Papoul
Anthony, maistre chirurgien orc1innire de cette ville, prévost de la
comnmoallté, nctuellement en serviee, est renlontré vers et en
présence de· M. le procurcnr du Roy, qu'en exécution de deux
dl!clnl'lltiolls du Roy, l'uue du 3 septembre 1736, l'autre du 9 dé­
Cl'Illhl'e 1750, registrées an parlement de cette province le 5 juin
nfl2, fOlle('rllflllt la ùiscipline qui doibt estre observée dans ladite
{'ommI1lHllltl\ dl's mnistres chirurgiens, leu et pubIiéz en l'au,diancf
lIn polie,' (10 B/'I'st le 7' juillet de l'an 1752, sur les réquisitions de
mou c1it siellr ln pl'OClIl'p.llr du Roy, enregistré le 21' du même mois
SIl/' le t:lhil'r' tlt'S dellibrrntions fIe la c.ommullauté de cettc ville, il
J'1'IJRil'rt illlX Il!/'mes de l'article Ilcllff de ladite déelarntion du Roy

du :iO' décelllbre 1750, qu'au Ilnssus Je la communication faite à
, 111011 dit sieu/' 10 rll'OCll"C'ur du Ro~', dos piesces en l'article 9 cy­
drvant cilté de 1:1 mème déclaration, qu'il plnise au siège ordonner
que I('s noms cles maistres d t-~ laditte co:nmllnnnté s(~rout eu registré
nu grdTo de cr siègr et en consPfJ!lCoce ['ppetter les detTences cy­
devIlllt fniltes il toultes personnes de ql/elque état et qunlittez
ql1'el/(,s soient cl'exprcer nncune dfls prntiqllPsd{,\ la Chirurgie, il
peiue des lltnel/des et cOll i1scations pf'Ononcé pllr les Ftatl;ts de
ladite comlllunanl.lé, qu':'! l'égard des élrllugbrs et privilégiés leur
fairé ÙerTl'HCCS cOlJform ément il l'article 06 des statuts et ù I~article 2
SO~JI) .Oln v~l'l'a aussi par ce,t, extrait que d'autres actes de l'autorité royale
ln enenus sur la matlere depuis 1750 , . , '

de 1'p,rrC>t du conseil (ln 17 mnrs 1754, d'uffieher ny distribuCl'
:mCIIIJS rw:èùes SDn::; ID I.:crn; ission du premier chirurgien du Roy
eL do sr.s licutcnnnts on préposé ~ peinG de 500 livres d'umunde et
qu'nvnnt de pouvoir exercer même en vertu de privilège quelque
prnliqucde chirurgie et débiter quelqu es rem èdes, les-sujets qui
les rl élJitl'r01Jt et cxprcrront subissent exu men et fnSsCl1t éprenves
It'urs drognes d(~vnllt le lientenunt du premier ehirurgien du

Ro~' f't Irs mnis lrrs jl!!'t'Z, ~[lns (lI:e lu présente remontrnnce ninsi
que les cléclarélùms d ll Roy des :3 septembre 1736 et 30 décembre
1750 1'0llV lil.'!llellt YCUlle S h In connoissnnce de la communnuté
puiSE 'e lluire ny préjudicier DUX droits de ladite commnunnté et DUX
inslnucr::; intentées Dyant lesdits enregistrements. »
Des lettres patentes dit :LO aotît 1756 étendent à tous les
maÎ1res chirurgiens du royaume des privilèges jusqu'alors
à peu près réservés à des catégories restreintes, dans la
capit.ale et dans qu elques centres d'instruction. J'en ai
trouvé l'extrait suivant aux archives municipales de Bres t (1).
« SIHtllts ct règlements générnux pOllr les maîtres en cbirurgie
des proviu('('s (]It ro)!:1!lmp. cl!' Franee. Lettr;cs patentes du 10 août
« Louis, ete .... , sur ce qui nous a été représenté par notre cher
et [den aimé sieur de ln Mnrtinière, notre premier chirurgien, que
les progrrs qlle la chirurgie [1. f'.lit depuis plusicUl's années sont dus
(lUX prérogatives et distiuetions que nous ,wons nccOl'dés depuis le

- commencement (10. notre règne il eeux qui se sont (ldonn és il eet
art, l'te .... h CPS ('!mses, de l'avis de notre eonsei), Nc .... Nons
avons ordonné et p(lr CP!' prt'::clltes signées de notre ll)nin, ordon-
nons qu e les 1l1nilrt'S ('Il l'nrt At seicnce de chirurgie des vill A et
lieux où ils exerceront purement et simplement la chirurgie suns
aùcnns mélanges de profession rnéc:1niqne pt snns faire aueuns
commerce ou tralle, soit pDr ellX ou pnr lours fenil'll es, seront
réputés exercer VIl art li bérD I et ~'cient iflqne, et JOLliront en cette
(Il [dité ùes honTl(~urs, di~tinctions et pri"ilùgTs iInn!. jouissent ceux

. qui exercent les arts libéraux : Vonl ons et. t'ntnn (1) Ancien fonds,!. L, divers, 15.

. lIr(Tirn~ soient compris dDns le nombre (1('5 notnbles bourgeois
tlll r ~ . l ' ',"; d )' , "1' " ~ . ' . .
'11t1~ ct IlCUX de cllrs 1 e .. , CLU':;, ct qu 1 S pUIS:::-( nt i'l ce tItre
des VI '-;' . .
. rf" rèl des offices l11uJlicip:mx dcs dittes villes dans le 111(~me
llS
~lre . ' '.
, qnc les notables bOllrgr.oi~; dMclldcns de les comprendre
us les fnll d'(lrls ('t u:él ier, ny de les assujettir il la taxe de
IIslrit'; ct serout le!->clits chirurgiens exem pts de la collecte de
ln 'nil/l', (ln guet ct garde, de corvées Pt de toutes autres charges
de \'il/cs, publiques, dont SOllt exempts suivant les llsDges et règle­
monls olJscrvé~ drillS chaque province, les alltres notables bourgeois
ct hallilallts dl~S villes el lieux où il:-:; auront leur établissement;
permettons :an.dits chirurgiens d'avoir llll on plusieur~ élèves, soit
pour cslrr aides ùans leurs fonctions, soit pour les instruire des
princip<'s ùe la chirurgie, lesque ls élèves élU nombre de deux .
,r.rout ('X(IIIIPls de tirer à la milice; le tout à la éharge tant par
Il':-:dils IIwÎlrcs que par leurs éli\ves, (l'e.xercer purement et simplc­
lIlt Jlt la chirurgie; Ml'ogcoLls :'1 tous usages, conlumes et règle­
lJIl llls cOIlt!'nil'es il noire cl it nrn't et il ces présen les ... ,

« Doum' il Compii'gnc le 10' jour d':1oùl l'au de gràce 1756 et de
nutre ri'l{nc le 41'. Signé Louis, ('t pilis has par le Roy, M. P. de
\'oyer tI'.Argt·lIsoll, t'I sCI'I/é cIl! gl"tllld ~CI':1n dn circ jaune. Regi:;tré
1111 flaJ'lemelll tJt' Paris Il' ~O St'plt'nl brr 1756, col/:l1ionllé, signé
Desormflll. »
Le chirllrgi(,f1s hrcslois n'avElient pas cu besoin d'atten­
ùre CPS )('ffl'es l'OUI' jOllir, dnus la cité d'nne considél'at.ion
et d'II/H' sitllal ion égn!"s ;) c.o!)es de~, bourgeois }('s plus
lIolahles. Dô::; la seconde moitié du t7 sièelo, on leui' ouvre
les chrll'ges municipales. De :L657 à 1650, c'est un maîtl'e
chil'urgien, Bel'thé, sien!' de Me~gou('z (1), qui remplit les
fOlletions de maire: d'aulres sont conseillers à la com~u­
lIanté de ville, adrninistrélfeurs de l'h opitaL officiers dans les
comrflg'nies de ln milir.e. Ln rorrOl'Htion n'avait donc aucune
J'~lison d'èfl'e mér.onteIlte. Toutefois. rien ne réglnit ses rela­
tions d'lIl1e mêlnière officielle pli!' J'apP()f'f HUX cl iverses caté-

(1) Ol'iginaire
d'Apt, en Provence (communication de M. Jou l'dan de la
ière) .
Passard

gOI'ies et cela entrainait. sans douté, en certaines occasions,
des fl'oissements qu'exagéraient les susceptibilités particu-
lières. Un sieur D eschamps, an cien chirurgien de la marine,
maître chirurgien établi en ville, estime qu'il n'est point
suffisamment distingué dans son milieu et il se revendique des
lettl'es de 1756, pOlll' être mieux apprécié: il est pourtant
capi taine d'une compagnie de milice, mais il prétend avoir
le pl'ivilègB d'être exempt é do tout service. Sa demande n'a
aU Clln fondem ent et sa d émis sion boudeuse lui vaut d'être
remis simple soldat. par le duc d'Aiguillon (1). L'affaire se
passe en 1766. Très entêté dans sa vanité professionnelle,
le même individu, à dix ann ées d'intervalle, adresse une
requête au duc de Penthièvl'e, qui la renvoie à l'examen de
la communauté: il \'rnt encore être exempté de la milice, et
malgré qu'il ait reconquis le gl'ade de capitaine (la suspension
n'avait pas ét.é de longue d urée) il trouve que le service ...
en réalité tout fi ctif, est une sujétion indigne d'lm notable
de son importance! «.Sur qu oi la co.mmunauté observe que
ledit. sieur Descballlp joci! do la faveur accordée aux nota­
bles par les letlres pat e nt.es du 10 aoùt 1756, puisqu'en cet.te
qUcdité il ed. promu au grade de capitaine dans la milice,
ce qui le distingue de la classe dans laf{uelle il croit être
confondu , d'où il résulte qu'il ne peut valablement se plain-:­
dre . ))(2)
. Le plus g,'and nornbl'e des chiru"rgiens ne dépassent pas
les bornes· d'une in~' trll('li()n élémentaire ct l'on s'en aperçoi,t
à la for'me comme à l'ortbographe de leurs rapport.s, da!1s
les expertises judiciaires. Mais leur instruction t8chnique
est bonne; ils ont reçu d'excellentes leç.ons de pratique aux
écoles de Paris ou de Rennes, quanu ils n'ont point servl--
dans la marine, après avoir suivi les cours de l'école spéciale

(1) Bul. de la Soc. d'a1"chéol. dtt Finistè1'e, année '1804, p. 353 .
. (2) Registres des délibérations cje la commupaQté de ville, séance c!11
22 juillet 1780

Brest. ' La chirurgie d'ailleuI'8, bien que déjà infiniment
de l " 'l l 'd' ,
rooTessive que son a tlere riva e, a me ecme, n est
lus po . , ,
pOl na, ' " . .
matières de son domawe sont assez ltmlt.ees, et ce gue
les d " .
des maîtres, aux examens e recept.Jon. constItue
xio'e

un bagage fort modeste. SI Ion a des connaIssances l'es-
'ntes au moins possède-t-on assez à fond celles qui

doivent faire l'objet des besoins joul'l1aliers. On est initié
aux détails de l'ostéologie: suffisamment à l'anatomie des
parties mollès et des viscères, à la pathologie dite externe,
et l'on est bien préparé aux opérations les plus usuelles.
L'expérience fait le T'este (3),
Brest, . il. assurer une existence conve­
La clientèle suffit à
nable aux chirurgiens, et: à quelques uns, ' elle procul'e
même au delà de la sinlple aisance, l\Iais aussi la corpora-

(3) Fleury, dans sa notice historique sur les corporations des arts et
métiers de Brc5l (lJul. de la Société acacl., 2- s, T, III, p, 3~5) mentionne
un diplôme de maill'c de 1743, déposé aux archives de la Société acadé­
de Brest, el sur lequel ont été résumées les matières des examens
mique
subis pal"le candidat: .
«jo'examen : SUI' les principes de lachiruJ'gie, surie chapitre singuIier,
le génél'al des tumeu J'S, des plaies, des ulcères;
sur
c ~. examen : SUI' le général ùe l'ostéologie, sur le détail de chaque
pièce d'os qui Curent présentés au candidat, SUl' les fractures, les disloca­
Lions, les maladies qui surviennent -'lUX os, sur les bandages et appareils
propres aux dites maladies;
il' examen: SUl' l'anatomie, la démonstration des parties conlenantes et
en bas-ventl'e, le contenu de la poitrine, la chyliflcation sur
conlenues,
un chien vivant, SUI' les opérations à exécuter en présence des juges après
ample explication, le manuel de l'empyème, de la paracentèse et la réduc­
tion des hem ies ;
« 4," examen: SUI' la théorie et la pratique de la saignée, sur les acci­
de?t,s qui peu.vent y survenir et sur les moyens d'y remédier, et Sur les
SImples et cOÎl1posés à l'usage et du ressort de la chiruraie '
medlcaments
«,5 examen.: appelé de rigueur, roulant sur toutes lesqueslions l'>qu~
les Juges YOUlalent adressel' au récipiendaire sur la pratique»,
,TOUL cela ne représente pas un ensemble de connaissances bien consi­
de~'a~le et ne répond ~u'à .une sorte d'intermédiaire entre les programmes
eX.lges, dans la manne, Il y a 30 ans à peine, pOUl' l'obtention des pre­
II1tel'S grades (chirurgiens de 3" et de 2" classes),

tlon ne marchande pas ses soins aux pauvres. Èn 1704, un
chil'urgien, Navarre, administratenr' de l'hopital général, y
relèv.e les négligences avec 1.esquelles les malades étaient
tl'aités sous le régime de l'entl'epl'ise et se charge de la
visite, des pansements, de la fourniture des remèdes à titre
gratuit (1). Au même titre, en 1715, à l'hopital de Recou­
vrance, le sieur Lafond dit Bonrievie remplit les doubles
chirul'gien et d'apothicaire (2). En 1718, le
fonctions de
sieur Lubet, maître en chirurgie, est directeur de l'hospice
général. Plus tard, le se l'vice étant devenu plus lourd et très
onéreux~ les chieurgiens ne p'euvont en supporter la charge
à leurs fl'ais exclusifs. Du moins acceptent-ils de continuel'
• leurs services dan~ les conditions les plus honol'ables pour
la corporation. En 1743, Demoutreux, chirurgien juré de la
« de soigner et médicamenter et foul'l1il' tous les
ville, offre
remèdes nécessaires aux pauvres malades, religiei.Jses,
sœurs ou domestiques en quelque nombre qu'ils puissent
être pour la somme de 300 livres par an (3). » En 1769, c'est
le sieur Derville qui a l'adjudication pour 100 pistoles.
Les chirurgiens sont marguilliers. Ils accèdent, ainsi que
je l'ai dit" aux charges municipales (4). Certaines situations
relèvent encore le prestige de la profession pour quelgues-
uns d'entre eux : si les troupes ont pour chiI'urgiens des
hommes recrutés souvent à la légère, peu instruits, peu
estimés,. c'est un chirurgien juré de la ville qui occupe le
poste 'honorifique de chirurgien major « des ville et château
de Brest )), autrement dit est attaché à l'état-major du
commandant (Navarre, Desmontreux, Deschamps, etc.). Le

(1) Troude, lfistoir'e de l'hospice civ'il de B1'est, p. 68,
(2) 'froude, Histoire de l'hospice civil de Brest, p. 77.
(3) Tt'oude, Histoire de l'hospice civil de Brest, p. 98.

(4) Le premier mairè du nouve: H1 rég ime fut le chirurgien Mal-
manche (1790-91), qui fut guillotiné comme administrateur du département,
l'accusation de fédéralisme, en mai 1794.
sous

(1) Voir mon précédent mémoire sut' les corporations brestoises: .
(::!) Clément avait été 'anobli après les accouchements de la Vallière de
la Dauphine, cLc.; Felix, ap'l'ès la famellse opération de la fistu le. '
yl~. ~n>.1 j;,2: ù ~toche(ol't, une. dame Desherbiers, veuve d'un capitaine
de '~I:ssca~1 e~ hile ùe M. ùe Lelenduaire, s'élait remariée à M. Cochon­
Du pUIS, ,medeclt1 en cher de la marine. Le mariage donna lieu au charivari
le .l'lits epouvanlablc; Lous les ofliciel's ÙU gmnrl corps jeunes et vieux y
pl'll'cnt y:l1't: CL"l\1. dc l\lacnclllara, commandant de la' marine, s'arran~ia
de m~ntel'e a n Inton'enir que lorsqu'il n'éta;t plus nécessa'ire (L'E 0
!lllyltm, IX, p. Ü;J.) . spwn

J. Pontchartrain, écrit à l'intendant, M. Robert, pour lui
mal'quer tout le mécontentement du Roi ... , mais avec cette
phrase qui semble témoigner qu'au fond le péché n'est pas
irrémissible : « Mandez-moi le nom de cette femme, sa
conduite, si elle a des enfants de son premier mari, et le .
peut avoir. » Le bien qu'elle peut avoir! N'est­
bien qu'elle
ce pas assez suggestif de l'açtion palliative de l'argent sur
un blason! (1)

Les apothicaires, ainsi que je l'ai dit, sont agrégés à la
communauté des chirurgiens. Les associations de ce genre
étaient fréquentes, entre professions plus ou moins simi-
. laires ou même un peu disparates, réunies par la préoccu­
pation de défendre des intérêts communs et d'atténuer les
d'administration corporative par une 'plus large répar­
frais
tition. A Paris, les apothicaires ne furent séparés des
épiciers qu'en 1777 (2). Toutefois, dans les group-einents,
chaque classe a sa vie propre et, pour se diriger, s'inspire
de règles traditionnelles particulières. Dans la communauté
bl'estoise, les apothicaires ne relèvent point du lieutenant
du premier chirurgien du Roi; ils semblent plutôt retenus
dans une .certaine subordination vis-à-vis du premier rné-
. decin du Roi au port de Brest Ils veillent d'ailleurs eux-
mêmes à leul' r'ecrutemerit. Ils reçoivent à la maîtrise les
aspirants qu'ils ont formés dans leurs boutiques; ils s'effor-
(1) 'Archives. de l'Intendance de la D.1arine à Brest, lettt'e du 11 juin 1710.
Les amourettes ne'toul'l.ent pas toujours à si honnête issue. La subor­
nation d'une fille trop candide, sous prétexte de illqriage, est parfois suivie
d'un lâche abandon. Dans ce cas encore, les sentences rendues tendraient
à indiquer que la condition de chirurgien n'est point si ravalée. Voit'
l'atlaire de la demoiselle Bochet, fille d'nu chirurgien de Châteaulin,
séduite pal' le sieur de Hospiec; celui-ci est condamné pal' contumace il
ayoir la tête trancllée, à 4,,000 livrés de dommages el intérêts envers sa­
victime et à pourvoir sur ses biens à la nourriture de l'enfant né de son
~ibel'tinage. (A. Corre et Aubry, C1'im'Ïnolo{Jie 1'ét1'ospecl'ive, p.437-438.)
(2) Franklin, Vie ]J1'ivée cl'cmtrefois, les méd'icaments, p. 76.

ent de demeu~'el' en très petit nombre, leur profession est
tl'C::; . .
rencontrent pUI'fois des récalcitrances qui se retournent .
contre leurs calculs .

En 1708, un sieili' Guinerean ou Gasnerall de Beaulieu,
« se disant aspirant apoticaire de Brest », réclame son
admission parmi les maîtl'es. Ceux-ci s'opposent à sa
demande et l'affaire va devant le juge de police. Le peocu-
reUI' du sieur Guinereau requiert pour son client .qu'il soit '
reçu « à subir interogatoires sur ce qui regarde le corps. de '
farmacy et au chef dœuvrc, qu'il ofre faire à la manière
acoustumée », en présence des maîtres. Ces derniers·, par
l'intermédiaire du sieur Bodou, sans doute leur ancien,
repl'ochent au postulant d'avoir fait présenter sa requête
« par sommation » à ce même Bodou, au lieu qu'il eût.
« deub commencer par sc faire présenter par l'un desdits
maîtres, ensuite donner requeste pour estre reçeu à chef
d'œuvre, et y attacher son acted'aprantisage, l'extrait de
son baptistaire (1) et les certificats des maîtres t'hez lesquels

il doit avoir servy, et du tout en signifier copie auxdits
maîtres appoticquaires, voilà le chemin que cest aspira.nt .
devoit prendre et non pas. venir par une vbie judiciaire et.
tout à fait malhonnête assigner ledit deffendeur seul ». Tout
le COI'pS de l'apothicairer'ie intervient bientôt, composé dü
siom' Bodou et des frèl'es Bonnevie (Bonnevie-Lafond et J.
Bonnevie). Le procureur de Guinéreau les malmène et ne
se gêne pas pour att~ibuer à « l'intérêt et à la jalousie, à la .
crainte d'une concurrence)'), une opposition pa~ elle-même " ~
sans motif, Et sur quoI s'appuient-ils p6ur rejeter le '
candidat?

« L'on voudrait bien leur demander s'il Y ' a' maîtrises en cetfè'
ville pour' l'art de fal'macie et s'il y a cles arrêts,' statuts et décla-

(f) Qui fCl'a preuve cL de l'âge ct de la catholicité du pO'Sl'ulanl.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. -TOME XXIV. (Mémoi~s). 2

rations d,u Roi qui l'en empêchent et à WpOZflr même poul' un
y en ait, com me on ne le eroit pns , c'est q lie lesd i t8
momeut qu'il
nodou et Bonnevie rw ponnont sOllbz allcnll prétex.te qne ce soit,
s'empêcher de recevoir et admettr(~ dans leur corps les a"plrants
qui seront , capables comme ledit Guinereau, qlly ne peut que leur

se présentera et contre la conduite
faire plaisir lorsque l'occasion
et probité d'tIquel ils ne peuvent avoir rien ù soutenir, estant jus­
tiffyé par le nombre de 17 pièces 'qu'il dépose en l' endroit. »

Parmi ces pièces, il y a un certifiat d 'apprentissage de
pharmacie signé par un sieur Pinaùd, de Ruffec: les oppo-
sants l'estiment de complaisance, et quant à l'extrait baptisa
taÎl'e,' ils l'arguent de faux.
Toute la question, ,leur est-il répliqué, est de savoir si ,le
' candidat est ou non capable en l'art de pharmacie, et, pour

cela, «, il ne s'agit à présent que de nommer d'es apoticaires
soit de la ville de Landerneau, soit de celle de Lesneven

(qui ne sont pas intéressés dans le débat) pour intel'roger
ledit Guinel'eaU,» Au mois de juillet 1709, le lieutenant
général de police l'end une sentence conforme:

'« De tout quoy nous avons décerné acte et ouy le
substi tu t d 11
procureur du Royen ses conclusions, ayant esgard aux offres dndit
Gasnereau de subir examen et de faire les chef d'œuvres de la

profession, de pharmacie, et faute auxdits Boudoux. et Bo'nnevie d'y
consentir et d'avoir pris a~signation pour eet effet, avons nommé
d'office les sieurs Lenanprat Le Vaillaut, Desrocl1es Cadalen et
Dumats, apoticaires de la ville de Landerneau, pOUl' en notre
présence et (de) deux médecins estre procédé à l'examen et inter-
rogatoires dtidit Gasnereau touchant ia profession de pharmacie et
Iuy voir désigner les chef d' œu vres accoustLlmés en pareil cas, à
cettetlIi' ordonne qu'ils seront assignés devant nous pour prêter le
ser-ment de 'bien et HdeHement se comporter au fait de leur dite
êonimissioil et prendre jour et heure ponr y vacqner, pour passé
de ce et de leur raport esire ordonné ce qu'il apartiendra, ,despens

réservés en deffinitive ... ) Avril (vacations 32 sols, des deniers de

Gasnereau; Le BOllssard, substitut, vacations :32 sols) (1).
(1) Brest, registres de ' police (a Yd iences),

(1) D. 1\.J5 (classement provisoire).

J. Le Bervas, prêtre sacrist::lin, certifficat de catholicité, bonnes vic
:mdit sieur Louche par les sieurs nbbé du Menmeur,
et mœurs donné
recteur; Symo:l et L3b~)é, lTIlire:; anciea et en exercice d-e cette ditte
ville, de Bresi, du 27 de ce moi~, acte d'aprentissage passé entre
ledit sienf Louche et le sieur Gaspart Audiffret, mnÎtre apoticnire '­
de cette ville, en d.atte du 5 novembre 1726, au raport de Tersee,
de ce siège, certifficat dndit sieur Audiffret, étant au
notaire royal
bas dudit acte et datté dn 10 novembre 1729, le nombre de 8 cer­
ti.ffi,cats donnés audit Onézime Louche par différentes personnes
maîtres npotiquaires, chirurgiens, médecins et autres en délttes des
:3 may 1731, 6, ]6 juin 1733, 28 octoure li3 25 mars, tl, .18 et
30 avril 1739, trois permis on passavents donnez au mème Louche,
sc avoir deux par M. le comte de la Luzerne, lieuteD[lllt général des
armées navnlles de Sa Majesté, comnJalJdallt ln marine au port de
Brest, - les 29 octobre 1734 et 10 may 1741, et le troisième par lè
sieur inteudaDt de Rochefort le 16 avril 1739, le tout refféré en
laMtte requette et y attaché llostre ~antance préparatoire du
31 octobre dernier, par laquelle nous aurions reccn ledit Louche
il .sJl,bir examen et faire chetT d'œuvre, acte et procès-verbal
d'exameu mby et cheff d'œuvre fait par ledit Louche, les 6 -et 7
lJo.yembre, prés~nt mois, en présence des sieurs Pépin, docteur
efil de la Facul,té de médecine en l'Université de Paris, conseiller
rég-
du Rey, premier médecin de la marilJe, Estienne CbDrdon ùe Cour-
celles, _ doeteur en médecine, professeur d'anathomie et chirurgie,
de l'Académie roynlle des sciences de Paris et
correspondant
méd- eoin de la marine à Brest, et des sieurs Jacques Bonnevie,
Gaspard Auqiffret et Yves-Noël Simon Duclosneuff, maiti'es apoti­
caires-audit Brest, par lequel ils auroient admis ledit LOllehe en la

qualité de maître apotiquaire parce qu.'i1 se présenteroit clevant
nous pour pretler serment, ledit acte signé desdits sieurs Pépin, de
Co~rcell~s., Bonnevie, -Audiffret et Simon, et Le Run, notaire royal
adjoint,_ cçll1trollé à Brest le jour d.'hier par Leliioign, (ouï) les conclu­
Roy de ce jour, le tout bien et
sions déffinitives du procureur du
meurement considéré,
« NOl)s avons Teceu et admis ledit Onézime Louche, maître et
mare.h~and -apotiqu{lire en cette -ville de Brest e-t dépendances, ct
Illy avons permis d'exercer l'art de pharmaeie, ordonn~ qu'il pret

, ' 'Inent de s'y bien et fidellement comporter, ce qu'il a fait .en
tl'I tl :;CI . . . •
't nttendll sa présence ::Iprès Iny avoir fait lever la m.ain à
l't'Il il101 t (
'01'0 'Iccouturnée ordonné que le procès-verbal d'examen et
lil miln\<· ~ < , • ., •
f d'ml1\T0 sus dntte demeure depose au greffe pour y avoIr
(hl' . 1 . tf . F . • t . l' d" ,
. nu besoin de nons c 11 re. ~mt et arre e en au ItOire a
rcc.OI1I·~ ( , _ .. ..
CC ,'ont 9' novembre 1/42. » (SIgne) Oneslme Louche, de
Bres, .
KI'J'snllson (épices 6 livres reçues .du greffe).
«( Recen 30 sols pour les 3 sols pour livre portés sur la grosse,
il Brest, le 10' novembre 1742. » Lemoigll.

Les maîtrises d'apothicail'e, en très petit nombre, étaient
1a propriété de leur~ titulaires: auss.i passaient-elles, ap'rès
J~ décès de ceux-ci, à leurs veuves, qui en disposaient selon
JeU!' convenance et les intérêts des enfants, tantôt les ex.ploi-

hInt avec ]e concours d'lm garçon, tantôt les aff'ermant.,
comme dans l'exemple ci-dessus.
Les fils ne suivent pas toujours la profession' du père:
Blntl, modeste apothicaire à Brest, vit le sien' dédaigner le
pi10n : pellt-êtl'e le jeune homme elit-il mieux fait de

s'at.tar-her ù la bontique; il etH en moins de célébrité; à
coup 81'11', l'ohscurité etH mieux vaIn pour lui que la renommée
d'liB triste caractère hist.ol'iqlle . .
Du l'oste, ù mesure qu'on se rapproche de l'époque de la
Révulution, l'apot.hieair'eric nous offc'e des noms qui', sans
sm" il' de l'officine, t!'ahissent chez lenrs pClssesseuI's, par
leur immixtion ultérieure dans les assemhlées locales, des
préoccupations polit.iqnes pIns ou moins avaneées. Tels,
ceux cIe Bermond et de Bionard, .
Mais avant de joue!' leur rolet dans la grande transfor­
mati(lI1, ces honnêtes praticiens tentèrent d'ac~omplir celle
de 1('111' PI'0PI'C COI'pol'atioll.
Les dellx f','èl'cs Bormond et. Bionard, tous les t.rois mai-
t!'es apothicaircs,pril'ent en 1784,l'initiative d'une proposition
de statuts " cllo fut. agl'éée, mais la réglementation de la
nouvelle ,iul'andc ne dovait avoit' qu'une éphémère àurée . .le

reproduirai in eJ'tenso ]es documents qui se rapportent à cet
épisode de l'histoÏI'e de nos apothicaires brestois.
« A messieurs les juges du Si(~lge royal de lxtlice de Brest ({!.
« Supplient humblement , les sieurs Jean-Pierre Bionard, Yves-
Clerc Bermond et Jean-François Bermond, maîtres apoticaires, jllrés
pour la ville et ressort de Brest,
« Disant que de tous les arts, f.'elni de la pharmacie doit être
considéré comme le plus irnporl d'arrêter l'attention des magistrats sur les mOyAI1S de f:1il'O cesser

les ahùs et de prévenir I.es accidents funestes qui renaîtront toujours
, au détriment de l'tmmanité pendant que l'exercice de cette profession
souffrira le mélange de persûnnes sans droit et sans qualité.'
« Il y a ' été pourvu par plusieurs réglemens et déclarations du
Roy qui en établissant les eXinnens et épreuves nécessaires pour
être admis il exercer la pharmacie, ont fait lt;s défenses les pins
de s'immiscer de cet état il toutes personn('3 qui lI'y
expresses
, auroient pa;, été reçues élprès examen I.~t daus les formes réglées
par les ordonn'lllces.
« Mais ces IQix salntaires seront, pour ainsy dire, impuissantes
ou au moins ne procureront pns tout l'effet qu'en nttend [n sagesse
dn gouvernement dnLls les yilles où les maîtres apoticaires ne
seront pas consittnés en corps avec le privilège de surveiller et de
, ponrsuivre les contreYCllanS; la vigilance des gens de ['Rrt prut·
seulè rendre plus efficace celle des ll1ngistra,ts et c'est le premier
motif qui :l porté les suplinns il désirer l'érection d'line commll­
nauté pour la vil'e de Brest, dont l'accroissement s(~mbleroit exiger
celui des constitntions Irgnlcs des différens ordres et classes de ses
hnbitans. •
« Un autre motif CJlle les sllplinus np, chercheront pas ~ dissi­
muler, c'e~t qlH~ la créatioll rl'lIlw jllr:1Jlde des maîtres, ~Ip()tic~tires
lIl('ttra dans cet 0t<1t une di~cjJllilJe lloll"rlle et introduira de plus
en plus cette sürdé dau:-; la f:tbriql1l' pt Iii distributioll d('s rellle'des

si essentielle ;'t 1<1 trauquillité publique et dont l'inflll cuce COIn mu-
nique de si prrs il 1'(''Xistence ùe:', 11OmIl1C~.

('1) A-rch. du Fin., B. fonds de Brest..

t ~t dans ces vues du bien public que les suplians se sont
Ce:l , Il' f '1 . . ,
r soiliciter un eta ) Issement aCI e autant que necess:ure,
la commnn:mté de Rennes, les seules villes qui ayent pu
u il P 'd 1 d' l ' , . 1'" ' d'
: S" ~ 'laJ'este es ettres aut lOflsatlOl1 a erectlOn une
er cl ... t< !l
munauté ct de confirmation des statuts; mais ils doivent com-
par solliciter l'approbation du siège et la vérification des
partieuliers qu'ils ont p:ojettés. , , ' .
Ce considél'é, fin' il vons plmse, messIeurs, vOir cy-attnchees
liUres de mnitrise des supplians, y ayant égardet ;mx édits et
d clarations du Roy, notamment à ceux de 1617, 1619 et 1~54,
procéder 11 l'examen et vérifiention des 23 artic.1es des statuts cy­
joints, les admctl.re ct approuver en tant qu'ils n'auront rien de
contrail'e aux ordonnances et règlemens, et par le jugement qui
illtcn'irndra. authoriser les suplians il se pourvoir par devers Sa
Maje!'té en obtention de lettres d'érection en communauté pour la
ville et ressort (lc Brest ct de confirmation des dits statuts comme
il appa:'tiendrn r.l ferez ju!'Hce. >1 _
Signé: Jrnll-Fran<,ois Dermond, .Jean-Pierre Bionard, Yyes-Clair
Derrnoru] ct Le Glénll (pl'oCUrC1ll').
Sur les conchl!'ious du procureur du Roi, sentence est rendue
pnr le s('néchal, qui :tccneille favorablement la requête des apothi­
('nil'cs et 01'd011110 le dépôt au gretTe de ]a juridiction de leur pi'ojets
dt! stMllls (15 juillet 1785). .
cc Statuts ct règlement particuliers du collège et communauté des
maitres apoticaircs jurés pour exercer la phannflcie dans la ville
dl' Grest el daus tout le -ressort de la sénéchau'ssée roiale de ln
mi\llw ville. Extrait ell pnrtie sur les constitutions de la co;nmll
11l1\1lé de Rennos, conformément aux privilèges accordés par les
l'llits Ile Sa MajesteS. Il .
..\1'1. 1". - Ceux qui, nvant l'impétration des lettres de confirma­
tion SUI' I('s (JI'(S~Cllts sl~tllts, aurOllt été reçus rnaîtres pour Brest,
soit pnl' 1/\ prrillier médecin ou Roi, soit par le collrge' de Rennes,
Sl'/'oul sl'uls nutorisés il recevoir et il1~tnller des maîtres dans les
villes où il n'y a point formalité ni dépense clans la nonvelle jurande.

2. -- (( Tous maîtres apotieaires (ant.res que ceux ei-dessllS
ll1f'ntioDnés) soit exerçant ailleurs OH même A Brest, seront lenll~
de ~c f::lirt) re.cevoir, subir If's examens ct fHire le:, chef-d'œuvres
çomme pHI' les nrt. 4 et f) ('y-apr(\~, avant de pouvoir exercer la .
pnllrr)1acie en c.ptte ville et pnyeront la' somme de 300 livres pour

. tous fr.ai~ f'~ droits de réception. »

Les Hspirants à ln maîtrise doivent présenter .certifiellts de
b.onoes vie et mœnrs rt catholieité avf'c . un extrait baptistaire,
constatant qu'ils sont âgés de 25 ans, un acte ,attestant qu'ils ont
subi un apPI:entissag:e de c i années, et travnillé 6 Hns sans inter-
l'lJptionchez dps mHîtres .

4. . La communauté des rnaitres, après avoir examiné ces
p~èces en assembléf', <,lonne jour pour l'examen. Le premier médecin
. de. la marine. (médeein du Roi) préside A celui-ci. Il ya trois épreuves
. or~les : la .premi.ère sur les généralités de l'art, I>élection, la prérar~­
.rat.ion et la mir.lion des rnédieaments ; IH seconde !:'ur l'explicntion des
ordQnna.nces latines des médrcins, l'interprétation des livres relH-
tifs il l'art tant en frHl1ç.nis qu'en latin; la troisième snI' ln connais-
sance des drogues i nd igènes et ét ra IJgères.
5. Si le calldidélt CI séltisfait nux épreuves, il reçoit jour pOlir
le chef-d'œuvre qui consis1e en 3 compositions d(~ remèdes exécn-
tées, dans la mnison d'un de~ Ilh'litres, en IIréseIlce des maîtres ('t
du premier médecin du Roi ..
6. Le chef-d'œuvre déclaré bon, .l'élspirant est conduit par le
prevôt en charge devant Irs jugrs royaux du ~irge de poljc,,', pour
prêter le serment de réception; il doit dt'poser 400 livres elJtre les
mains du prévôt. lors de l'acceptation du rhef-d'œuvre.
/7. - Les. fils cll' maitre sont Clstreints ~lUX mêmes épreuves que
les· a~1trf's ~spirn.nts, mnis les frnis de rpcep1Îol1 SOIl t. l'reluits pour

eux à 20f) livres.
8. Les pélreuts des aspirants ne sont pas admis à faire pllrtip
des jurys d'exélmen.
9. « Les veuves d.es mail fi'S (troticaires de ln ville pourroIlt
H1't de pharmacie pendant leur veuvllgc, moyennant
exercer ledit

qU'l' lies procurE'ront nu élh'e en lll:arm(tcie que les maîtres auront
cal1able par un examf'n seulement, qu'il sllbira pHI' dev,Hlt
jugé
eux, en présence du médecin du Roi; pour oot effet ladite veuve

. lm~ somme de 50 livres qui sera versée clans la caisse
donnera . "
,lbvenir aux besoInS de b communaute. »
pour :; . . ', '
o ,L'apprentissage est de 4 ans. Les mmtres qm vondront
1. 'l' "1' bl' .
a'.er marché devront presente~·. appr.entl.a ,assem ee pour q~ on
tige . . , ., '. ,.
aucun::, .J ' . ' , , ,
'l'CI" ct ne seront reçus que ceux qUI seront reconnus bons
versera ,
50 livres il la communaute.
11. Tous les 3 mois, assemblée des maîtres chez le plus ancien,
cles affaires de la communauté, procéder aux élec-
our délibérer
aDnée et prêtent serment devant les juges de police.
une
12. - Cf Les prévôts en charge, accom pagnés du médecin du Roi,
conformément a'ux statuts de leur collège, visiteront une fois par
ail les pharmacies des maîtres apoticaires pour voir si leurs drogues
cOlllpositions sont bonnes, et, en cas de défectuosité, s'en saisi­
}lollr le:\ représenter devant les magistrats de cette ville et en
ront
ordonner ln rejeetion, comme d:mgereuse dans leur usage, ayant
il se voir f1PP(\(j celui dflns la pharmacie duquel elles auront été
trouvées, lequel SC l'Il pour sa contravention condamné à une amende
de BOO Iivr~s pOlir la premiere fois,' 600 livres an cas de récidive,
applicahl/ il tief':\ '1Il Roy, un tiers il l'hôpital de ladite ville, et

l'.mfre tiers il la commllllélnté des m[lltres apoticaires, et il 1[1 3'
de la maitrise et il 1000 livres d'[lmènde
contravcntion, déchu
applicable comme desus. ))
1~. - Les prévôts sortant de charge, rendront comptes des som­
mcl' :lyancées on dépensées pour la communauté; ces comptes
seront rxaminés en présence du procureur du Roi au sièg~ de
polic/', cOllformément aux édits de mars 1691 et 1694, de j~nvier
1709 et février 1710.
11. - Tons CCLIX qui vendront des médicaments hors de la ville
de fll'l'sl, ~lans I(·~ ."illrs rt Cillllpngnes de l'étendue du bailliage,
dn~l'ol~t r:III'O e~nJl.1Jller loms drogues par deux ll1[1îtres jurés et le
metlecll1 dn ROI; 11 Irur Cl't flMendu d'acheter aucune préparation
le~ droguistes, ils ne pourront s'approvisionner que chez les
chez

apothicaires mnitn':-\ jllrr~ cles villes, dont ils porteront altestation,
li peille de 300 livres d'aLllende.
15. - Défense fi tOllS droguistes', s'il s'en établit il l'avenir à
de débiter aucune composition galénique ou chimique, et de
. Brest,
ancune drogue simple :Jll-dPSSOllS du poids de 8 onces, à
vendre
peilHl dl~ con:lsc.atinn et cle 30') livres d'amende.
16. Les prévôt::; cn chflr;so, flccompagnés d'un huissier, auront
visite :-;nl' les boutiques di~S droguistes et des épiciers, afin
droit de
qu'ib débiteut de honnes drogues; ils feront saisir l,es
deS'nSSlll'Cr
défectueuses et représenter devant le juge de polic.e. .

17. - Ils auront même droi t de visi te chez les c.hirurgiens, qui
ne pourront avoir chez eux ni fournir .aucun médicament interne,
SOll~ peine de cOl1Jscation et de 500 livres d'amende; les chirnr­
giens ne peuvent avoir chez n .1X CIlIe les médicaments nécessaires
des blessés. .
au pansement
18. - « Def{·)t1ses expresses sont faites à touttes personnes, tant
s(~clllières qne régulières de fournir aucuns remèdes composés soit
externes ou internes sous peine de 300 livres d'amende et pour
allX nbus qui sc commettent dans les maisons religieuses
obvier
de l'un et de l'mItre ~('xe, l e:~ supériems desdites maisons sont

avertis que les COmmll11îllll.é:-\ qlli seront surprit:es à contrevenir au

présent article pratiqueront l'amende susdite de 300 livres. »
19. « Les alloticaires des hôpitaux de terre et de marine ne
pourront vendre ni débiter aucuns médicamens tant internes
qu'exkrnes, ni avoir entrée dans la commuuauté des maltres apo-
de la ville de Brest, que premièrement ils n'aient subis
ticaires
chef-d'œuvre et autres choses cy-devant mentionnées
examens, fait

pour pm'venir à la maît.rise ... » .
2P. La communauté aur:1 nn sceau dont 10 prévôt amn la garde .
2.1. Les maitres ne pourront recevoir chez enx un élève sor-
de chez un autre maître qu'avec l'agrément de celui-ci ou
tant
après une absence d'un an dont la preuve sern f1llte par l'élève, il
peine de 300 livres d'amend e .
22. Dans la huitaine du décès d'un maltre IHl service sera
il ln
célébré pOllf le repos de son ân1e, en l'église de sn sépultllre,
des prévôts et aux fl'ai~ de la comm ul.Hlllté ....
dIligence
Arrêté le 4 juill 1785. .

avec toutes les autres, de plus ancienne orlgme (1).

La grosse affaire, pour les corporations, à une époque où
chaque pl'ofession a son domaine très étl'oitement délimité,
olt le protectionnisme domine jusqu'à l'excès, c'est la répres­
sion des concurrences il'régulières. Nos chirurgiens et nos
apoth;cail'es n'ont garde de négliger la défense ~e leurs
pril'ilèges, de tradition ou d'usage, à défaut de droits établis
par des règlements propres. Ils ont à lutter, tantôt en com­
mun et tantôt séparément, contre des individus ou des caté­
gories qui s'arrogent des droits préjudiciables à la bourse
ou à la dignité de leurs membres.
Les opérateurs et vendeurs d'orDiétan ambulants leur
donnent surtout beaucoup d~ préoccupations. Parmi ces
charlatans, il y en a qui ont obtenu de hauts personnages
dc~ autorisations particulières; d'autres prennent toutes
libcrtés d'cux-mêmes, et savent tl'ès habilement se jouer des
revendications de leurs con/1'ères en possession du titI'e de
maitrisc, gràce aux conseils de procureurs intéressés.
En 1704, un de ces empiriques, au pseudonyme parlant de
La Goutte, soulève contre lui les colères des chirurgiens et
des apothicaires brestois. Aux plaintes de ceux-ci, l'effronté
(1) Une nole détachée, sans dale ni adresse, que j;ai trouvée dans un
regisll'e des audiences de police de Brest, annexée au procès-verbal de
11 juin 1785, expliquerait sans doute la disparition des
l'aud.ience du '
arcillves de I~ co~mu~laut? ~:s apothicaires et de celle des chirurgiens:
elle~ ont dù ctl'e dclrUltes a 1 epoque de la Terreur. On lit dans cette note
un r(~ppel de la présentation des statuts d~ apothicaires au siè.g~
a.pres
loyal de p~hc~ de Bt'e~l, en 1784, pal' les sieurs Berrnond et Bionard, une
demande aInst fOl'mulce pal' ce dernier:
« Je désirerais avoir une cop ie de celle délibération attendu que mes
ICl~~'es de rna.ilrise onl. été brûlées sous le règne d; la Terreur, parce
flU ell.es portalcn~ des. s~gnes lie royaulé, et qu'aujourd'hui, ne les ayant
pas, Il esl essentiel ql~e Je retrouve des traces de ma réception. »

. chal'lata'll 0Pï1:)se (J'Rh )1'<1 l',in ert ie, puis un argument bien
capah'e J'am e nel' de gl'usses procédures: A quel titre les
Chll'.ll'giens et le3 ap :) ~hica il'2.~ de la ville prétendent-ils
l'empêcher ù 'exercer? Sont-ils en possession de statuts
propr('s? P euvent-ils se rcYcllùiquer des dl'oits de jurande?
Il Y ,IV lit mlt.iè l'.8 à d isc Llss ·ons . TOlltefois~ les ehir'ul'giens
formaiellt hien, fi BI'esL ull e ('omm.unauté, sous des statuts
eOmlll\l!I:'; cl to :ltes les eorp ~)nlt.ions similaires de provinces,
nOIl POlli'\' UeS de statuts particuliers. Voici comment ils ri­
poste Il taux prem ières rés istances de La Gonltr"" un pen
tim idement, le 20 mai 1706 : (1) ,

" PO'll'r les mni~trps chil'urg-if'DS jurés de cette ville de Brest, pcmr-

sni't·le eu delligp,nce d~s ~iel1rs Pierre Godefroy 'et René BouUeaud,
jurrz rD chargf' la présente aunée, deffendrurs en requeste leur
signifiée le 17 may présent· mois de la part du sieur Simon de La

Gon.tte, se disRllt opératenr, demandeur.»
Pélr (1f>vant le lil~ i-Itcnant général de police,
Le siem G!' Ln COUltl' V('lIt np!oiter un remède dout il cst l'inven­
teur, Il n'y .iI Ini:;ser main.ts ill(lividu" veudre des orviétans dont ils jguorent la

composition el qui sont souvent sU:sccptibles de nuire, Conformé-
ment aux statuts des chirurgiens et apothicaires, ainsi qu'mu arrêts­
et ordonnances, il n'y a lieu de tolérer de pareils ventes Clu'à cer­
tailH'S conditions, 1L Roheau, médecin ordinaire ùn Roy, en pl'ésence
du maire et do.' é~ '1 ')v in::;, de" chi['llr5'ie:ls et ap:1thieaires de la ville,
il l'bôtel-de-vill n, n mi:; en demeure 10 ~ieuT' de La Gontte de
réllnis
faire la démonstration (le la composition do son remède: ce dernit~r

a prrtfmdn n'avoir p ofTert de les lui fournir, il a déeliné l'offre et s'est retiré. Requête
an mélgistrat de police pom qu'il oblige le ~ieur La Goutte b faire
démonstration de son remède à l'hôpilnl génc'r t 0 II Ln ven te j Il sq U c 1 il ,

('1) 17egistn de IJolice. Requêle résumée.

nt le Parlement de Hennes, oil jes chi-
. r;all'nÎI'e va eya ' . " ,.., ,
. . t l'arrêt SUIvant, du 9 Jmn 1/06 (enregls-
1'\lI'gl('n~ ohllcnncn . , . -
, '> Brest, le 8 mUet :
"1f, '1 C )Ul' la requette des rnn"itres chirurgiens de
.. • .• « t" e Il (Hl 1 a ( . , . .
.... 1 Il '1 ('xl)ose'ut qUH par un me[)l1s formel aux ('dllz

l'es ,lu r .. HIll e OIS . . , , •
pt ùéclul'atious du Roy, al'l'etz ct J'cgleillentz de la COllr une U1hl1lte
ient
ut' courenrsel chnrlntnus s'illllnisso de faire les . fOlletioüs de
lIlétl(1cinc, chirllrgie (,t. flll'lW1Cie, entre autres le nommé La Goutte,
qui npr('s avoir été chnssd d(~ Rennes s'e~toit refllgié ù Brest, où il
t'éli~oit les fouctions de Illédeciue, chirllrgi(l et pharrnaeie, et eommc _
ln Cour avoit tOlljOllJ':; fait de/fences en eonformitté des éditz et
Mclnratious du Roy il tous crs coureur:; de l'Dire aucuue fonction,
. oJlüJ'ntioll' et de distribuer lmCllUS remèdes et spécialement par
1'1II'J'('St rendll ce nCl1fvict:,me déLCmbre 1701 eutre les docteurs
Illéùecills, chirurgiens (')t apothicaires de la vilie de Rennes et le
1I01111llé Lescot ..... A ces eauses lesdits exposans requéroiellt qu'il
plust il ladite Cour voir à ladite requeLte ataché ['nrrest dudit jOnI'
9' décembl'e 1 ïO I et eu conséquellte le ùédarer comUll avecq les
l'XpOSllll:' ct rail'P df'fTmlcrs audit La Goulle ct à tou:::. :mtres coureurs
l't lllltr·f'~ charlntans dl' rairn :mClll1e l'onetion de rnédecinC', chirurgie
lIy rnrlll:H'YP, raire nllClIlles opérnlioLls, distribuer ny débitter-811cuns
l'I'mt\ll'~ pOUl' quelque Cil Il se ot prétexte qlle ce puisse estre souz
If'S IwillCS j)ol't(Jes P[1l' I('s éditz et lléclnrations du Roy, arrests et
/'('g/(,II1(\IlS ùe la Cour, l't eujoindJ'c aux juges et procureur du Roy
ùe police ùu Brest, de t('Hi .. In maill à l'exécution dudit arrest et de
celui qui intervieudroit sur ladite requette, et ordollner qu'il seroit
leu et publié et atfiché partlJut ou requis seroit et à ce que personne .
Il'(~11 iguure, ladite requette signée de Boncire (?) procureur, conclù­
sious du Procureur géuéral du Boyau ùos de la même requette, ....
[Je tout consid(~ .. ~J la -Cour a déclaré l'afrest d'iCelle du 9' décembre
1701 COllllllllll nvecfJ lesdits chirurgiens de Brest et en conséquance
fuit ùefTancfs ..... [audit La Gouttc et autres de faire aucune fonction
de médecine, cldrul'gie et plwrmacieJ..... enjoint aux juges et
procureur du Roy de la pollice de Brcst de tenir la main i:ll'exécution
dudit al'l'e~t et du IJl'é~au t ..... »

Cette question du débit des drogues et « remèdes 1) est
ponl' la cor'poration d'un intérêt toujoul's actuel; elle Jonne
lieu à de fréqu entes rèquêtes ou procédul'es, par devant le
siège de police: (1) "
Même entl'e chi l'Ul'giens et apothicaires, la concurrence des
boutiques amène quelquefois des conflits. En t741, les chi­
rurgiens portent plainte con tre un apothicaire qui se livre il.
l'exercice de leur ad. Vers la même époque, les apothicaires
" réclament que les chirurgiens ne vendent aucuns remèdes, "
dehors des préparations cou l'antes dont l'emploi se rat­
tache à leur intervention (onguents, emplâtl'es, etc. ).

Plus que les apothicaires, les chirurgiens ont à redouter
les empiétements des il'réguliers sur leur domaine. De fait,
la séparation entre les chirurgiens et les barbiers avait eu
"lieu bien avant que les édits de 1637 et 1659 l'eussent d" é-
clarée. Les maîtres chirurgiens ne souffraient pas que de
simples barbiers pratiquassent les opérations de leur reSSol't
(la jurisprudence n'était pas toujours favorable à leurs pré­
tentions). (2) Plus tard, il-est catég'~riquement établi que les
(1) Voir plus haut la requête au siège de police du 30 mars 1754.
(2) Je rappellerai à cet égard un extrait du Recueil des an·êts rendus
au Parlement de Bretagne. (Paul Dévolant, Rennes, 1722.)
« Les maîtres chimrgiens de Rennes étoient appellans d'ulle sentence
rendue par les juges présidiaux dudit lie.u le 19 janviel' 1609, par laquelle
. il ayoit été permis à Jean Jehanois d'accomoder les barbes et cheveux, et
tenir boutique ouverte à cet effet, sans qu'il pût tenir enseigne et
bassins en dehors de sa boutique, ni s'entremettre en autre cas de
l'art de chirurgie; et disaient que par les statuts aucun ne peut
être admis à faire l'exercice de l'art de barberie et chirurgie sans
avoir été examiné, trouvé capable et fait chef-d'œuvre, ce que Jehanois
n'a peint fait. Jehanois étbit aussi appellant de .la même sentence et disait
que y aïant plus de 20 ans quin exerce la chimrgie, on n'a pas dù res­
tre-indre son exercice à la barberie. La cour met l'appellation des maîtres
chirurgiens au néant, et en l'appellation cie Jehanois, l'appel et ce dont il
été appellé au néant, reforma n t le jugement 1 ui permet d'exercer la ch i­
rur'gie, sans toutefois qu'il se" puisse attrIbuer la qualité de maître chirur­
gien, 4W, à la chaI'ge, aux cures importantes, cie prendre l'avis des maîtres­
chirurgiens, sans dépens, par arrest du 'l juillet "lG'lO ..• »

; , Ile pourront entreprendre atièuriè ôpération;
ptH'I'uqulel S .'
,'t de chirurcne. MalS dans les campagnes et dans
aucun ac ,C o. ' .
't ' ,,'lles le cLlmul ,exl~te souvent, ou, avec le tltre
les pc 1 cs " . ,
· o,'len p ' lus d'tw pratlquant sans brevet n est en
e C lIl'Ur ' ' '

u'à celles de la chirurgie. Il semble qu'on aIt toléré les
SOUS le ti tre c~r'actéristique de chirurgiens rnanuels (1). Mais
il existe, à Beest, dAs chirUl'giells d'une ,éducation pf'ofes-
sionnell plus complète, dont la concur['ence est redoutable
aux intéI'êts de la communauté. Ce sont les chirurgiens de
la marine, attachés aux hôpitaux ou en ser\lice à terre; les
chirurgiens de bâtiments marchands en disponibilité, qui
recherchent volontiers la clientèle c,ivile ou se laissent re­
chercher par elle. La communauté ne tolère l'exercice ni des

UIlS ni des autres, s'ils n'ont un brevet de maîtrise en règle;
elle les mel en demeure de s'abstenir de tout acte de chi­
rurgie, ou de se faire recevoir maîtres dans la corporation
locale; elle agit de même vis-à-vis de certains opérateurs
l)l'ivilégiés, qui se consacrent à la cure exclusive de telle ou
all'ection (hm'nies, dislocations, etc.).
Les sages-femmes fOl'ment une classe à part, sous l'étroite
et jalollse sUl'veillance Jes chirurgiens et des médecins. Elles
sont reçues apl'ès examen par devant des , médecins et des
maitres chirurgiens, qui sont ordinairement chargés de leur
instruction. Elles out leurs maîtresses jurées, qu'elles doivent
appeler ({ en cas de difficulté » : à moins que l'intervention ne
réclame l'assistance d' uB dlirurgien ou d'un médecin. En
1775, une dame Ducoudray, qui a inventé « nne machine )1
pour la démonstratioll ues accouchements (2), professe à
(1) Dans. un fragment de procédure criminelle, relative à des coups et
hlessure~, le trouvc la mention d'une expertise d'un nomrné J"n /', é"
1 d U U U 1 IC,

« C Cl'UrgH;on manuc Il u Conquet, appelé à Ouessant.
(':!) C'était un mannequin pour la démonstralion des posiLion~ du fœtu~
el celle' de::; manœuvrcs qu'elles pùuvaient cxiger. ' :;

Nantes et. y donne des leçons très appl'éciées, Sur la propo-
sition de lLntendant de la province, les officiers 'municipaux
de Brest invitent la communauté des chirurgiens à désigner
un maître, pour aller suivre les cours de cette matrone dis­
tinguée, RUX fraÏs de la ville. Le Sr Anthony est choisi et
reçoit 360 li Vl'es pour indemnité de déplacement; mais à la '
condition ( qu'aussitôt son retour, il sera tenu d'instruire
le SI' Deschamps ou sur son refus~ tel autre chil'urgien juré,
qui se joindra à lui pour donner tous les ans, et dans le
temps le plus convenablo en l'hôtel de vill~" un cours public
d'accouchement qui sera annotlcé et publié tant en cette ville
que dans les paroisses de l'arrondissement ». On achète en
même temps à la dame Ducoudray, pour la somme de 300
une de ses machines, qui sera conservée en la maison
livres,
commune. (1) ,
Les accouchements d'ailleurs sont pratiqués par toutes les

catégories de personnes qui font profession de tt-a iteI' des
malades. Néanmoins les médecins ne les exécutent que par
exception; ils sont appelés dans les cas graves et plutôt pour '
leS accidents qui relèvent des suites de couches.
D'autre part, les chirurgiens cumulent l'exercice de la
médecine et de la chirurgie; c'est la conséquence de la ra-
reté habituelle des médecins à Brest: à peine en découvI·e.:..
t-on deux ou trois dans les vingt dernières années qui pré-
' cédèrent la Révolution, en ,dehors des médecins du Roi,
chargés du service et de l'enseigneme~t à l'hôpital de la
marine. Ces derniers se réservent pour la riche clieutèle : ils
abandonnent celle des classes pauvres ou de petite aisance
aux chjrurgiens ; on ne les voit apparaître, à côté de ceux-ci,
chez. le menu monde bourgeois, que pour des consu~tations
spéciales: ils ne penvent se refuser 'à répondre à l'appel fait
( à leurs lumières )) '

(1) Registres des délibél'ulions du corps municipal de Bl'est,-BB.23, f"' 94
et suivants. .

'11' .. 1'5 s'oxpliclllait J' LlSC fll'à un certam pOll1t pal' la médlo-
1 eg cl c.... ~ ". . . " J' . 1 1
criLé dos aains. Dans les milieux corporatIfs, tout etaIt regle
le l'este; chacun devait s 'y conformer. Un médecin pour une
visite ne touchait guère que 12 sols, au plus 20 sols ·(s'il
n'occupe une position officielle très en vue); un chirurgien
drogues était relativement minime, en général. Il est vrai
que I"on pouvait se rattraper sur la quantité des visites et
des fournitures. Mais il.était rare que les praticiens se per­
missent d'abuser des visites dans la crainte salutaire d'être
censurés par leurs collègues, et, quant aux apothicaires, leurs
bénéfices se fractionnaient à l'intini par l'extrême' complexité
de cCl·tains remèdes, qui exigeaient une longue et minutieuse
main-d'œuvre. Les attaques acrimonieuses de Guy-Patin (1-)
n'ont point diminué le nombre des polypharmaques: l'an­
cienne thérapeutique repose sur une pharmacopée des
plus compliquées et des plus extraordinaires. Malgré
tout, les bénéfices restent modestes pour les apothicaires, et
même ils deviendraient insuffisants si leur nombre n'était
strictement limité dans chaque milieu. Que les temps ont
changé! De nos jours,avec de nouvelles formules, qui ont hl
prétentioll d'être les dernières expressions de la science.
combien de pharmaciens s'enrichissent au dépens des innom-
brables dupes de leurs spécialités à tapageuses réclames!
Combien de médeçills, dont l'interventioI?- ne yaut pas.mieux:,
en somme, pour leUl's malades, que ce.lle de leurs .devanciers

• (1) .Je dis acr:imonicuses, el en effet l'esprit-de Guy Patin, trop vanté,
~1 e~L au ~ond. CJlI un .amalgame de sentiments jaloux et mécha"nls. J)llOrnme
c\a~t .~rn cl'udrL; ~als ses lett,:es, ses fam.euses.lettres, trahissent le:p,édant,
r~.tr( a .t~ut progles, ~oyant ct ~n mauvaIs œil le succès des.conf,rères ui
n .1Jlpar LlCnnenl pas a sa cotel'le. Je n'aime pas ce type d'autrefois. q.
BULLETIN ARClfÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXIV. (Mémoires'. 3

ne valait pour leurs patients, règlent leurs émoluments SUl'
des tarifs 10, 20 fois supérieurs à ceux du vieux temps!
Combien de chirurgiens 'pour des opérations,dans lesquelles
la hardiesse se combine au dédain de la vie hum.ainE:1 et à la
cupidité, réclament des honoraires susceptibles d'entraÎnel'
la gêne, presque la ruine, au sein des famillAs! (1) Il fa'ut
bien soutenir l'étalage d'un luxe excessif et les besoins de
vanités sans bOI'nes! Pardonnons donc 'à nos ancêtres des

entraînements ou des actes fatalement dérivés de l'organisa-
tion corporative et des exigences légitimes de l'époque et
du milieu: sous· unè apparence d'âpreté aux menus gains,
ils me semblent, à moi, plus soucieux que leurs s'uccesseurs
de maintenir en just~ rapport la valeur des services rendus
et la situation budgétail'e moyenne de la clientèle souffl'e­
teuse·.
Les tarifs n'ont pas d'ailleurs une fixité absolue. Ils varient
selon les localités, aussi selon les personnes qui reçoivent
ou donnent des. soins. On en prendra une idée d'après les

extraits que je vais présenter de divers mémoires ou notes
d'honoraires, que j'ai recueillis parmi des papiers d'al'chives,
et. tous relatifs à notre région.
A. JJJérnoire de F. Eon, chirurgien à Pont d'A l'esnes (Pont-
Aren), pour soins au .'iieur Uùtnay de Kerongar, et à sa petile
fille. rnénwire acquitté par le sieur /Joulanger. gendre du précé­
dent (qui .est décédé et dont la fille est sous la tutelle d'I.[ ûCllr
Boulanger), 8 octobre 1696 (2). . .
Le 3' octobre 1695, un lavement et son voyage........ 11.10 s.
Le 4' octobre, donné une médecine laxative composée
de plusieurs drogues ............................ . 1 10

(1) Lire les ilforticoles, de Daudet fils (docteur en médecine).
(2) Le détail du mémoire rep.roduil textuellement. On voit que les
chirurgiens, dans les localités où il n'existe pas d'apothicaires, fournissent
toutes sortes de médicaments .

n pour le panser d'eune heresi-

voy
• l'Cl un" 0 •
elle qu'JI [1\'01 Co '

mp18tl'c ., 0 0 0 0 0 •• 0 0 •• 0 "., , ,
o ,Oe lui ay apl1cque deux emplatre, l un '
Dl me JOUI j

' lltl'e il la tette ....... 0 0 0 ••••••••• 0
le pt a (l. ,
vovarre ponr luy porter une potte
20' octobre, un " (û ' , 0 ,
et ') ouces d hmlle rosat .... ' •...... 0 , 3

d ng .... . , ..,
uent
Le 17' décemhre, un la\'emant et son voyage ... 0 ',0 : 0 • 1 10
c joUI" je luy ay donné 2 onces d opl3te

pectoral.
de may 1696, donné andit Sieur Kerongar des
purga li ve ............................. .. .

.,. (1), un CI'istairc (clystère) composé et son voyage.
ID me joUI' je lui ay frotté les cotté d'ongant d'altheas

t"~ luy ayc apliqué un amplatre de mellilo .(melilot) .•.
A la petite ite Trottel .... (petite-fille de Lannay)
clis taire et son voyage 0 ••••••••• , ••••••• 1 5' ,
donné uu
De plus donné à la mesme un cordial contre ln verette . 1
De plus dOllué une teinture de ruharbe ...... 0 • • • • • • • • )) 15
plus donué des pOl1l1rcs composé contre le vcr. 0 • • • )) 15
[ uit un supplément 1I0ur le pnnscment d'une incommodité à la
jambe et divers soins donnés au sieUl' de Kerongar. Le total du
mémoire est de 25 1. 15 s.]
B. J/émoire des remédes que jé fait et fournie à JI. Le
che ratier de Pinay (d'Espinay, officier du, corsaire de Sai'n-t-
,I/a/o l'Heureux, . qlli a amené à Brest 'une pri~e hollandaise) (1) • .
Le 25' janvier 1748, une saignée du bras ..... 0 • 0 •• 0 _. ' 11. 4 s.
un looch .. 0 •••••• 0 • • • • • • • • •• • • • 1 10

et une pinte d'émulsion nitrée .....
Le i6' jnn vicr, nne saignée d 11 bras ........•.........
2 pintes de tisanc pectorale nitrée .•....

(1) CCLl.C piècc Ile p,.'ouve pas qu'à Brest les chirurg1ens eussent le droit
ou l,a tol~~nncc d~ pl'Cpal'el: et de fournil' toutes sortes de remèdes, mais
plutllt qu Ils avalent l'habltulle de portel' SUI' leurs notes après ent~nte
avec Ics apothicaircs, les médicaments .livrés par ceux-ci po~r le traitement
des malades .

lln loocll ..................... .... . ... . lI. 10 s.
Le 26' janvier,

nn lavement émolient. et purgatif ...... .

2 s~.lignées du bras .................. .
Ge 27' ji1Llvier.,

2. pintes de tisane pectorale nitrée ..... .

un lavement lJllrgatif . . . . . . . . .. ... ..

et une potion anodine ................ .

2 pinte? de tisane pectorale nitrée. . .. .
Le 28' janvier,
. un. lavelnent anodiQ.................. 1
purge avec huille d'amande douce et
InaDne ..... .......... .

et lIn. loch. . . . . . . . . . . . .. ..o........ .. 1

~ . piQtes de tisanepectorule nitrée ..... .
Le 29' j anyier:,
UlW potion pectorale. et anodine ....... .
un lavement emoliant.. . . . . . . . . . . . . . . . 1
Le 30' janvier., .... ? amandé et gelé de groseille. . . . . . . 4 5
une oncê de patte de guimauve.. . . .. . . » 10
Le 4' février, . une purgation pectorale ..... ' .' . . . . . . . . 3
-- pour M. Coursel, médecin (1). . . . . . . . . . 2
et ponr mes passages et soins (2) . . . . .. 12
(En tout) 44 livres.
Reçu · le contenuoy-dessus de M. Betbedat (le corr.espondant de
"~r,mf.lteur) .
Raby, chirurgien de la marine (3) . .
c. ,lfémoire dl.(, sieur Dufaux, chirurgien an Conquet, pour
remèdes fournis et soins donnés à '/.ln rnalelot suédois, naufragé
à' l"île de Molènes, et « ayant la cuisse droite cassée », aussi
plaie conluse à la ·têle, décembre 177N (résumé) .
atteint· d'une
21 visites, application probable d'un appareil pour la fracture '(bien
qu'il n'en soit fait aucune mention), pansements à l'eau-de-vie

(1) M. de Courcelles, médecin du Roi, professeur à l'école de chirurgie .
de la .m~rine, appelé en consultation.
(2) Le malade a dÛ ,être traité à Recouvrance: les frais de passage pal'
bate/lUX , son,t compris avec les soins.
(3) La maladie. traitée .é.t~it · sans dO.ute une « lIuxion de poi-trine ) O'l

pneumonIe.

2 saignéps' du bras (à 12 sols ehaque), une potion
r:llllphrec,
deuX fois ré.pétée, tisanes : ' la note s'éUjve à
vu Illcnlll'C,
39 livres 12 sols.
D •. _ Médicmnents (ournis à M. Hé/et. (~re{f!er de l'amiratttéà
'eq1te maître en pharmacle a Brest (1).
Lel
Ore.-/) pal' . ,
I.e 12 c.lécembre 1875, nnc pinte dr- ' petit lait clarifié ~t
édulcoré avec 2 onces de snc de cresson et un gros
d el de duohns. ' ....................... ....... '.

2 ros de pommade suivant l'ordonuance ......... .

dulcoré ... (comme ci-dessuS) . . . . . . . . . . . . . . . . .. .,

t 2 fCros de pOlllmade suivant l'ordonnance relteree . . .
16 dt't'ombre, médecine composée .............. : ... , .

unc pinte de petit lait édulcoré ....... , ;

1i Mecrnbl'e, 2 gros de pommade suivant l'ordonnauce.

1», 20 dél'embrc, 2 pintes de petit Init édulcoré ....... .

2 gros de pommade suivant l'ordon' ..

21 dérembrl', Ulle pinte Ile petit lait édulcoré ......•...

un petit pot (22, 2a, 2 i, 25, 2(), 27, 28, 29, 30, 31, mêmes prescrip':"
IOns l'cpt'tees,. . .. ......... .................... 12 18

1. 2, il j:lJlvier 1786, 3 pinfes de petit lait édulcoré.... 3 12
2 gros de pommnde suivant l'ordonnance.
2 onces de sirop de mûres .....•.......
4 junvicr, nn cornet de flems pectorales .......... ' .. .

2:1 janvier, un11etit pot de liniment suivant l'ordonnance.
un autre petit pot de pommade suivant l'or-

ÙOl1n~ nee •...........•.. " ..•........
- 48 pilulc5 :3uivant l'ordonnance ........... .
1:~ ft'\'/'it'/', H oncl'S (1n miel de Narbone et orge mon'dé,

·1 olJre~ ............ .

lH févl'icl', 4 otlces de miel de Nal'IJone

22 rc'vrirl', 11lJr. ehopinr. Il'cau minérale '

2:\ l't'\Tin, 'JR pilttll's ::;uivant l'orcloDnance '

(1) Ce mémoirc sc rapportc à un tl'aitement dépuratif, prescril pour une
nfTection cntan(-c chroniCJuc.

(En mar~, les pilules sont renouvelées deux fois, il y <:l

retonr au petit lait 'et une médecine composée, etc.) .. 13 1. 12 s.
7 février 1787, 48 pi Iules réi t érées ................ " . 4 10
gros de pommade réitérre ......... .

(En avril, fOlllCnl:ltions, 2 médecines composées, une
on()l de gomme gutte et des fomentations, en mai) .. .

l" 'septembre, verd de gris, une once en poudre, ..... .
une demi once de poudre de propreté .. .
(Eu 1788, seulemeut ql1e:ques fournitures de p~te de
guimauv(\ et en février 1789, une foul'l1iturc dH
poudre de '[Jroprelé et quelques onces de pàte de

Guirnall,re) ........ ' ........ ".' ..................... .
Total du mémoire: 75 livres 13 sols.
La laignée et la purgation sont toujours en honneur. Mais

avec quelle modération l'on en use, dans une région cepen-
dant très éloignée cie la capitale et où l'on aurait pu supposer
a priori du retardement dàns les habitudes médicales.: Nos
humbles pratiLiens n'auraient pas donné prise' aliX sar­
casmes de Molière. Nous sommes aussi initiés à des façons
d'apothicaires flui ne rappellent guère les comptes si bilieu-
sement critiqués de messieurs les pharmaciens de Paris!
Les chirurgiens et les apot.hicaires, à côté de ceux que
j'appellerais volontiers les revenus casuels ordinaires, ont
des l'evellUS casuels extraordinaires ou fixes . .le veux pHl'ler
des salaires quïls touchent pour diverses missions officielles
ou dans cert.aÏ'Ils postes de confiance. J'ai déjà dit qu'il y
avait des chirurgiens attachés à l'hospice civil, mais avec cie
tl'ès faibles émolûments. A titl'e de jurés ou requis par les
magistl'ats les chil'urgiens et quelqllefois les apothieail'es

interviennent dans les expertises, en matièl'e crimillelle:

comme j'ai déjà eu l'occa:-iioll d'étudier cette pal'Li e de lpur
profession (1), je nÏusistel'ai pns sur un sujet très-vaste d
qui a\lgrnel1lel'~:it outre mesure l'étendu (.' de ce mémoire.

(1) Corre et Aubry, Cd m inologié rétrospective, Bretagne ('17< et 18" siè­
cles), Paris-Lyon, '18~5. .

ec les médecins, sont consultés sur les ques-
L s m(\OlCS, av ' . .
'} .. e publique: Ils ont a se prononcer sur la qua-
\" os Ù lygte Il · ," .
10 '. , n 1783 le medec Hl Sabatier et le pharmaClen
. des eaux, e ,
Ill, tous
, " la communauté de ville d'analyser les eaux
chargcl'l pa 1 .
l' ' • ils fOU1'oissent un rapport sur l'eau d'un e
de Ion ta mes, .
'e dans une maison de . la ' rue des Sept-

ource « ,l'OH .
. ' 'D'nant par des tuyaux de plomb avec une fon-
nt ,,' JOlo ,
ft 1710, une commission donne le curieUX rapport qu on
lire sur les eaux-de-vie de cidres et de grains (2),
Du 10 novembre 1710, assemblée de ville, tenue par M. Poulrinou- .
L8rs, mnire tIc Bl'est, en exécution d'un arret du Conseil d'Etat du
Roi dn 9 septcmln'e et conformément à une lettre de Mgr Ferrand,
COlllmissaire départi ct intendant en Bretagne. .
• ... Après lecture faille de ladite lettre et dudit arrest par lequel
le Roy e~lanl eH son conseil a ordonné ct ordonne que les sieurs
inlcnd:m' et eommissairl's dép3rtys par Sa Majesté dans les provinces
f'utelldront )I.~s Iil'utt'Ilaus généraux de pollice, les maires, eschevins,
jm'atz, cnl'itollls l't antres officiers municipaux, les juges, conseillers
lIégotinns drs villes ot lieux de leurs départemens sur
et principaux
"utilité ou incolJ\'cJli1l1l1 de la fabrique, usage et commerce des
('nm.dp"ies faictrs de t'irofJs de rnélnsse, cidre, poiré, grains, bièrf',
rai:sillt's ('1 autres malières (lue de vins, feront fa ire à. cest eITest
tols ai:-isés (essais) ct expériences qu'ilz jugeront nécessaires, en
dressoront leurs procés verbaux et donneront leurs avis pour le
tout w'u et raporté a\1 Conseil estre ordonné par Sa Majesté ce qu'il
il !Il1rtiendra, el cep':'lldant par provision ct sans préjndice des droits
t!('s ,,"l'lyes, fait S3 ~lajestéùeITenscs tt toutes personnes de faire
d'alllrl's ('a(l(levies qu'avec le viu, à peine de 3000 Iivresd 'amande ;
olly ~1. TmJguy do Kerollias escnier et Jacques Lizac faisant fonc­
lioll sil' ~I\'ocn 1 et liroClirclll' d Il Royen cette corn munauté, messieurs

(':!) Mèmcs registres, BD. H.
QUI aurait pu Imaginer que cette questi~n
dùt reprendre de l'actualité '?

c,y devant· nomm ez pt assemblés, d011lHlnt leur' avis conformément
il cest arrest out fait ra port de ce qui suilt:
« Sçavoir les médeCius, ~potiquaires, en présence du juge de

police, •

ft Que la distillation est une oppération Œe" chimique .par laquelle

on sépare et on tire les principes du mixte, en meslant led it mixte
dans un alambic et par les degré d'un feu qu'on ménage on tire
le flegme, en:mite l'esprit, l'huille ou le soufre, 10
premièrement
et le seel ; après qlIO)' restr, la t.este morte (1), que per­
mercure
soline ne doubte de cette expéJ'iencequy a .passé 'de la médecine

d excellence et pour ses grandes vertus eauùevie, comme si elle
râpeloit une vie languisallle ct la eonservoit, ello est spécitiqlle
. dans les saint cope (syneopes) et l'auntement et catare; ainsy pins

le mixte est éhal'gé ûe partye sulful'euse, douce, aroBlatique,Yiu('use,
plus on tire d'espdt de nwsme quallité ; plus le mixte (~s t chargé do
partye âcre, aserbc, aside. la nature des esprits quy en émane­
âcre, corosif, et asiùe, par exemple que l'on tire
ront seront
de vithol ùu scel ('t du soufre, il dominera nn esprit aside
l'espdt
Ilu'y a poillt de parallèle à faire entre l'eaudevie de vin .
corosif,
celle fa i te de sirop, mélasse, cidre, poiré, grain, bière, ra issinés
et autres matières que de vin, tant pour leurs qualitez que pour
leurs scaveurs quy touttes sont tre;:; ingrates .au gout et au palaix et
mes.me nuisiblé. il la sauté, par deux exemples arivé il Brest en
li09, Le premier à l'esgnrd d'nn soldat faisant la garde il la patache
de Brest (2), prist en fraud e un uateau de guildive autre· ·
du port

(1) Le mixte est la matière composée dont il s'agit de séparer les prin­
ëipes volatilisables par la ·distillation. Le phlegme est le premier produit
de ceBe-ci: il compr-end les principes qui possèdent le plus bas point
d'ébullition, les produits de tête, comme on· dit aujourd'hui (les aldéhydes,
l'alcool méthylique ou esprit de Dois sont des phlegmes, dans la distillation
des alcools composés). L'esp1"i[ est l'alcool obtenu au 2' degré du dévelop- .
pemel1t calorique (exemple: l'alcool éthylique ou esprit de Yin, l'alcool
pur, idéal, ·hygiénique). Vh:~nnent ensuite r;e qu'on appelle les lwccluits de
queue, les derniers volatilisables (exemple: l'al cool amylique ou cie pommes
de terre), et enfin il reste dans la cornue les résidus désignés jaclis sous le
nom de tête mode. .
(!) La patache surveillant l'en trée du porl •

1) il en 'but et mourut deux heureS'

d ' de SUC ' ,
eall CVIC " sion d'une femme aagée de 40 ans, laquelle
'ccond fi 1 oca h 'd
; c:) '1' s'en retournan t chez elle, elle tom , a 1'01 e
Ulle Ive
, s 1 ta II , ,.
rt '1 \. n n t tro U\ e " d ' , b 0-
, • J' . d'ellv'lron un once qlll s'estOlt Istn ue
. il l'exceptiOn · .
intestlDs; par con
' sorte d'paudevie et autres que celle ,de
ue parccfluc ce e 1 f
' es resel'antes et quy bouchent et ont
des partyes acr " , , ,
utissent a 1 estomac et aux autres
8ltX nerfs quy a , . ,
'1 re pass30'e des esprits ammaux et ne

empeschant CI) < (b .
. l 'qu'en topique tant pour les hommes
serVJr tout au p us " ,
autres que celle de vin perdent leur qualhte naturelle
t Dorcisent (noircissent?) sur mer. D'où on conclud qu'elles son t
au comerce, nuisible au corps humain et directement
du publicq ct à l'Etat. » (3) .
bien
ril (J. B.), lieutenant général de police; Robeau, méde­
pout" la marine; Jean Granier, apoticaire ; Laron, maître­
policaire.
« Et à l'e gard du corps de yille cntien (ancien) et servant et
. de ladite ville déclarent ne se servir pour leur uS'Ige et
voyages de loug ('ours que des eaux de vie faite de ViD, quy est
(1) Ou Rhum.
(2) J'ai observé, aux colonies et au Mexique, des exemples de ces morts
à la suite de l'ingestion de quantités plus ou moins fortes de
soudaines,
rhum ou d'eau-de-vie d'agave (pulque),
(3) Je ferai remarquel', à propos de ce rapport, combien nos ancêtres
touchaient parfois 1<\ vél'ité du doigt, sans grands moyens techniques,
se préoccupe de livrer à la consommation des eaux-de vie
Aujourd'hui, l'on
bien débarrassées des principes empyreumatiques, aldéhydes, alcools amy­
lique et méthylique, etc" qui rendent si dangereuses celles qu'on retire
des mélasses, du cidre, des grains, etc. L'on doi t surtout attribuer à ces
principes les ravages de l'alcoolisme, Jadis il y avait des ivrognes, peu ou
point d'alcooliques, La différence de nature des eaux-de-yie consommées
explique la di/Térence des résultats sociologiques, n'hésiterai-je pas à
écrire. SUI' la réglementation de la fabrication et du débit des eaux-cle .. vie
sous l'ancien n'~ime, voil'De La l\1arre, Tt'ailé de la Police, t. Ill, p, 785),

leur advif', cellps fnitles de sirops, mellasses, cidre, poiré, grains,
bi~r(", raissillés et :H1trcs maW:res sont inférieures, desquelz ilz ne
se snnent qu'à défallit des eau de vie faite de vin. »
Signé : Poulrinon-Lars, maire; J.-B. Benard (miseur); L.

Chnrles, cont'; Debon (conseiller), Symon (mnrchand), C. Hllbnc

Keri:;bipn Le Mayer \tré:;orier) ; le Sénéchal (Kerdréoret, conseiller),
DenÏ:; (éclJevin) Pennnrll l\hll'ion (échevin), Kergonan Lavenan!
(conseiller), de Lélnrns Lisae (mnrcl1and).
Les tllil'urgiens sout enfill appelés à faire partie des com­
missions sanitaires qui se réunissent à l'hôtel de ville, pour
aviser aux moyens de prévenil' les invasions des maladies

cont.agieuses pal' la voie mnritime (fièvre jaune, peste, etc.);
. ils foul'nissent des l'appol'ts sur les visites qu'ils sont chargés
d'accomplir, à la réqnisition du mail'e, lorsque des navires
de provenance suspecte sont signalés en rade. (1)
Pour toutes ces opél'ations, les honoraires n'e sont pas
très élevés; mais je ne saUl'ais les déterminer avec Cjuelque
cet'titudc, en raison de la rareté et du défaut de précision
des renseigllemen ts. (2)
(1 ' La police sanitaire était autrefois très sévère (voir De La Marre,
T1'aité de la Police, t. l, livre 4/, tit. 13" et 14", des épidémies, contagions
et mesures propres à les prévenil' ou enrayer). Aux archives municipales
de Brest, on trouve, sur la matière, rl'intéressants documents dans les

registres des délibérations du corps de ville; il existe, en outre, trois re­
gistres ou cahiers (( pour servir au rapport des déclarations que l'on fera
à messieurs les ofllciers de la santé des vaisseaux venant des païs suspects
de mal contagieux l' , '17'[ ~-1784,.
Comme aujourd'hui, il y avait un pavillon dit de 1a Santé, qu'arborait
le canot de l'officiel' de santé visiteur, lorsqu'il allait SUI' rade. Ce pavillon
était à l'image de saint Roch, que l'on invoquait pour se préserver des
Le 26 oct. 1772, M. Guesnet, l'un des . juges de
maladies pestilentielles.
sa.nlé, remontre (c que dans la visite faite en racle le malin de ce jour, la
banière de saint Roch a été par la force du vent déchirée et en partie
emportée, en sorte qu'elle est hors d'état de servir Il. Mgr l'intendant
a sera supplié d'authoriser la communauté à faire la dépense d'une nou­
velle banière à l'image de saint Roch pour l'usage ordinaire des visites du
bureau de Santé >. Reg. BB 22, fa 160 v. .
(2) Voici pourtant des chiflres que. je découvre dans les comptes rendus
de délibérations du corps de ville de 1785 (BB, 25, fas 29, 57, 6'1). Sur un
état général des vi;;ites du bqreau cle Santé, pour l'apnée '1784 (?) le

, l l' sur les registres 'de la Capitation, quel
'al rec lerc le , .' .
., l' " 1" d 1 u'
le nom
t aU 18e eleC e, Jusqu a epoque e a 1\evo-
à Bres , 1 '11 d' . ,
ra pas de vue que a VI e est IVlsee en

. On ne per A •
, ~ . B est où les hopitanx de la guerre et de la
ux pm'tw:;. r '. , -
" Il rlt un plus ou moins grand nombre de chi-
marme appe e . .
, 'ssionnés parmI lesquels plusIeurs font une
ur 1 us com , " . .
redoutable à leurs confreres CIVils, les uns affi-
ur exercice,avcc l'appui des autontes superIeures, ou
dans les meilleures familles du monde maritime;
Recouvrance, où les chirurgiens civils ne rencontrent pas la
même concurrence, mais ont surtout affaire à une population
d'art.isans et de familles de marins. On jugera de la situation
professionnelle des sujets d'après les taxes de capitation.
E Tl- 1720, il Y a : .
Du côté de Brest: 2 chirurgiens dans la rue Saint-Pierre
'depuis l'lIe de Siam, centre de population bourgeoise, où
l'on rencontre jusqu'à 5 ou 6 notaires royaux, des procu­
reurs, deux pet.ites écoles) : luliard (taxé à 7 liv.) et Dollon
à 8Iiv.); un gHl'çOn chirUl'gien (4Iiv. ),demeurant à côté
(taxé
d'un maître-pel'ruquier, chez lequel il va peut-êtl'e travailler
de temps à autre, et une veuve-chirurgien, la demoiselle
Gmudpl'é (4 li v.) ,dans la partie basse de la rue de la Rampe,
au voisinage du Champ-de-Bataille (quartier aristocratique ) ;

garçon chirurgien (2 liv. ), comme le précédent voisin
lle
d'uu (leI'l'uqllier, et une veuve-chiruq;ien, le clem Beloy
s' ?aha~ier, médecin, ligure pall[' une somme de 4Hi livres' le sr Dupre
chll'u"g,en, pou'),' un~ somme de 312 livres; le sr Duret, chi~urgien, POU;
un~ somme ~: ,,12 IIVl:es. Pal' requêtes ultérieures, les S''S Dupré et Voisin
ob~l~nn.cnt li ct~e payes pOUl' les visites failes par eux lors de la grande
11(' 17,)7 (escadre de Dubois de La Mothe) d'après le même ta ,'f
épldemlc
que. ('011 ,vient ~a.ns doule de mellre en vigueur p~u/la première fois ~\i
leut est accorde a chacun un rappel de 312 livres,

(3Iiv.), dans'le bas de la GI'alld'rue, non loin du quai (qUfl.l',
tier de commerçants; (l) un aide-chirul'gien, le sr Fila,
meIl, vivant dans une maison qui lui appartient, rue de
l'Hôpital (61iv.); la veuve du sr Grisellier, chirurgien
(3 1 ivres), rue de la V ieil1e-Corderie (toute habitée par du
mellU 'peu pIe) ;
Du cotl 'de Necour;ra'n(;e: sur' le quai , si rempli de mouve­
men!ù cette époquC\ et habité par des commerçants riches,
lIonlniIl d'url pe!'I'uquier, le sr Lubetr " maître-chirurgien ,
taxé à 1.0 livres (il paie en outre pour un garçon 2 livres',
ponr nn apprenti 1 livre, pour une servante 1 livre: c'est le
chirurgien qui semble le plus à l'aise et le plus occupé) ; -
rue de la Fontaine, une matrone, Françoise Le Bai11 ( 11iv.);
rue du Ruisseau, le sr Bougereau, maître-chirurgien (41iv. );
rue d~l Moulin, le sr Cap., chirurgien, pl'opriétaire de la
haLite (4. livres); l'ne de la Porte, ]e sr Pichet,
maison qu'il
chirurgien, taxé à 4. livres, tout à côté du chirurgien-pro-
priètairc .Froger, 1ax8 à 6 livres; non loin d'eux, le sr Duval,
chirtlJ~gien, taxé à l11iHes.
Ai'nsi, à·neeollvrance, () chirurgiens paraissent en situation

aisée, 2 sont propriéta';res de leur immeuble; Brest ne pos­
sède en réalit.é que deux chirurgiens en fl'ancexercice; un
aide et. deux garçons ne peuvent qu'assister les maîtres, s'ils
n'exercent en contrebande, ou s'employer chez des veuves
de maîtres; rien Il'~tablit qne les trois veuves de chirUI'giens
continuent à tenir la boutiqne de leurs défunts maris .

La l~éparlit.ion des apothicaires est inverse: ils se groupent
du côté riche; pour eux, les eoncunûnces entre médecins èt
chirurgiens aboutissent toujours à des bénéfices: on ne
leurs boutiques que du côté de Brest: dans la rue du
trouve
Quai, .Bodou, sans doute un assez paUVl'8 hère , car il n'est
taxé qu'à 11i\'.; daus la Grand'rue, G reni eI' (6 livres, un e

CI) 'Il est fait mention d'une mai son appartenant au s' Pousepain, ch.i-
rurgien, qui ne figure pas à la taxe pour son propre compte,

1 lyre l
rH ) 1 ns te ... , .
• l'IH'OI'C [lll Cl
poilleane " "
, t It'\xés ensemble ,à 17 livres) et par son
ne servan e ,(.

UI' c. sil u l " ,
"Ile l af'ond ou Lafol1 (dit BonnevlC), 1 apo-

J Champ e a al ,J ;, ' .
. . 'opriétaire de la maIson ou Il tIent bou-
caire en vogue, pl .
taxe ( :.> . , ,
'l 'bes ) le sr Guy Alam (1 lIvre). Pomt
U v Il eur leI 1 l '
icairerie du côté de Recouvrance: ce qui devait être
rosse incommodité pour le public, obligé de traversel'
u pour venir chercher des remèdes jusque chez Bodo~
ou Grcllier : mais cette incommodité est très attenuée dans
la pratique ol'dinairc, pal'ce que les chiru,rgiens fournisse,nt
la plupal't des drogues et remèdes que réclament leur inter-
ntlOn.
En 17:j(}, on rcncontre :
Du coté de Bre,'it: 4 chirurgiens : les Sl'S Desmontreux
(ta 'é à 20 livl'cs, avec un garçon, taxe à 3 livres et une ser­
vante taxée à 2 Ji vres) : rue Saint-Yves ou des Carmes;
Tel'melieJ' (5 Jj\'res), rue de la Têt.e-Noire (portion de la rue
depuis appeléc Fl'ézier); Antony (chirurgien-juré, taxé à
1G livres, avcc une servante l taxée à 2 livros), et Antony
jeune (H li\'l'cs), tous deux rue Saint-Louis; '2 matrones,
les femmes Pinson (taxée à 17 livres, avec une servante
taxée à 2 livres) et 'Tl'emella (3 livres), rues des Malchaussés
et des Scpt-Saints (quartiers très populeux); 3 apothicaires,
les tirs Blot (taxé à 15 livres, avec une sel'vante taxée à 2liv.),
rue du Quai; Legelldl'f.) (4 liv.), rue de la Hampe; AudifI'ret
à 40 livres, avec uue servante taxée à 2 livres) rue des
(taxé

rue de ce nom à sa pl'olongation,
plus tard rue du Bras-d'Or.
vers la Place-Médisance) ;
Du coté de Recouvrance: 1 chirurgien: le sr Poupe (4 li v.),
rue de la POI'te, dans la maison dite de l'Agonie (qui appar­
tient à la fabrique de l'église Saint-Sauveur); (1) et un apo-
thicaire, le sr .Riou (4 livres), rue Neuve. .
En 1780, le nombre dei chirurgiens s'est élevé avec le

chiffl'e de la popula tion; leur situation paraît aussi très
améliorée, d'après les chiffres de"leurs taxations: supér'ieUl'es,

toute proportion gardée, dans l'augmentation générale de
l'impôt, à ce qu'elles étaient en 1720. Parmi ces praticiens,
les uns cumulent des fonctions militaires avec l'exercice au

civil, maïs régulièrement, comme maîtres affiliés à la com­
munauté: u'est pour cette raison qu'ils sont compris dans le
de la capitation roturière. .
rôle commun
. Du côté de Brest, pour une population répartie dans 1,024
maisons particulières, il y a: un médecin, M. Sabatier, qui
n'arrive guère qu'à la moyenne de clientèle de ses confrères
de la chiI'urgie, si l'on juge d'après sa taxe, seulement de
livres; 7 chirurgiens, la plupart assez fortement im-

posés, ce qui est pour eux l'indice d'une situation pros-
• père: les sl'S Deschamps (18 livres) , La Porte, chirurgien
juré aux rapports (100 livres), Duret, (J chirurgien-major de
marine et de la ville, ») (2l.1 livres), Lohéac, chirurgoien à
l'hôpital (9 livres), Derville « chirurgien-major,)) (181iv1'es),
Malmanche,(2) ct. chirurgien de la vi11e,»(21 livres),Bloisnard,
« chil'urgien de la marine:)) (6 livres) ; 2 apothicaires, le
Devaux (12 livres), et la ve.Audiffret, qui continue à tenil'

la boutique de soil. mari, décédé, .avec un garçon et une ser- 0
vante (42 livres), e't un « herboriste» (taxé à 8 livres) ;
(1) Il est fait men tion. rue Belai l'-Ponta niou, d'u ne maison appa l'tena n t
, au sr Latouche, chirurgien, fion porté à la taxe .
. (1) Le fUtul' maire de Brest, destiné à une ll'agique fin,

"I]/"ance pour une population répartie dans

. élie J ec .. '
. D ès_Menmeur 3 lvres, umonteul LV,
L Brnn,u c lrUlt:) .' l' " • '
, ) un apothiCaLre, lt.:. s Bel mond (18 lIv. )
Pen (lI Ivres, . "
" l'gl'enS de la VIlle et les chu'urglens de

En 178H es c 1LI U
, 1 1 marine domiciliés à Brest, s'hollorent pal'
la guerre et (e a' ,. " ,
.' 1 O'éuéreuse aup['ès du ConseIl general de la
n em.lI C le 0 . . .
,}, ~e mettent à la dISpOSItIOil du bureau de
mmune: 1 S ~ , l '
'lUX pauvres de la v1l1e; leur requete est SIgnee
on na es < •
noms suivants: Dupré, lieutenant du premier chirurgien
u Roi; Bi Il al' d, chirurgien major de la marine; Fournier,
chirurgien aide-major de la marine; Party, chirurgien- .

major des hôpitaux militaires; Dumonleuil, prévôt en
charge; Voisin, doyen; Duret, chirurgien-major, démons­
trateur; La Ribe, Maistral, Le Boucher, Nicolas aîné, Ni­
ola cadet, Maubec, E. 1 e Breton, La Marre, Scipion,
éhall, Le Breton neveu, Rochetaux, Pepion du Chatelier,
Cornu, Lsporte, AufTl'ay, Malmanche, Bomer, Bedor,Fallier,
Mangé, Desca1'l'ières, Le Bihan, Desgenets-Brigand, Der­
ville-Huyot, Le 1'endl'e, Deschamps. A leur tour, les apothi­
caires de la ville, au Hombre de 5 (Lévêque, Bionard, Sallé,
Ncttienne, Bermond), s'ellgagent à délivrer, sans prélève­
lIlent d'aucun bénéfice, « les médicaments qui leur seront
indiqués par des bille,ts de chirurgiens ou médecins ... , por­
tant désignation des pauvres maladoo auxquels ils seront
destinés 1), (1) .
Un an plus tard: les COl'pol'atiolls allaient disparaître.
Plusieurs, parmi ceux qui leur auront appartenu, tont en
(Il Conseil général de la Commune (premier), vol. J, p. 278.

font, à l'époque la plus tourmentée de la Révolution: et aveè
des fortunes très diver~es: un rôle politique, soit dans les
. assemblées de sections, soit dans les administl'ations de la
Commune, du district ou du département.
Dr A. CORRE.