Bulletin SAF 1896

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Les débuts de l’âge néolithique. Preuves à l’appui de l’Histoire des temps néolithiques (3ème partie)

M. le baron Halna du Fretay

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PHEUVES A L APPUI
DE L'HISTOIHE DES TEM PS ~ÉOLITHIQUES (3e l'fù,tie) .

1° Les premiers .Tumulus.
LESCO,vn., en Poullan (Fin'Ï.
Délégué du dépadement du Finistère à Pal'is pour le
Congrès des Sociétés SavaII tes, j'ai lu à ]a Sot'bonne, le 27
mars 1894, un mémoire ayant pour t.itl'e :
« Les cimetières préhistoriques, sépultul'es sous les roches
bJ'U tes. »
J'ai décrit ces tombeaux primitifs de l'âge qualernaire
avec un mobilier funéraire, armes et out.ils, composé exclu­
sivement de granits taillés rappelant de ]a façon la plus
exacte les types divel's des silex de cette époque trouvés
SOIIS les alluvions.
Aujourd'hui, je ramène encore mes auditeurs sur ces
mêmes sommets de Ponllan, au milieu des roehes du tel'l'ain
primaire, ou aucun apport n'est venu couvrir la vie passée .
ail début de l'humanité: la même l'am ille a continué ]à son
existence. sans sonITl'il' du dernier bouleversement de la terre.

La coutume de l'incinération est restée le seul rite funé­
l'outillage en gl'anit taillé il l'exclusion de toute autre
rail'c,
pie)~re a subs!sté, mais avec amélioration pal' comparaison
avec la période précédente; les roches brutes ne recouvrent
plus les cendres des morts et les premiers tumulus, très
petits encore, marquent le début de l'âge néolithique.
Je suis le premier signalant au monde savant le granit
taillé employé seul à l'exclusion de to~!te autl'e pierre pour

' cessilés multiples de la vie primitive; est-ce à dire

e Il
our . . w
de , 1 A •• d'" d 1
il toutes les epoques e mellle lll~t.tnct a H:Jge es lommes ,
, . n'avaient pas entre eux de communications et obéissaient
mais rien n'a été signalé dans cet ordre d'observations.
Il y a en effet pour la découverte de ce genre d'objets de

J'lIrgile compact, les pierres travaillées en callaïs, jade, fibro­
lite, diorite, ql~artz, silex et quartzite prenllent l~ patine
des siècles, mais les tenes ne s'y attachent pas et la pioche
qni les découvre les fait reconnaître à première vue.
n n'en est pas de même pour le granit dans un pays où
pierre abonde; les pétits tumulus ne contiennent ni
cette
dolmen, ni sarcophage, ils ne sont pas formés par un
O"algal surmonté de terre choisie sans pierres; ces sépul-
tUl'es ne se composent que de terre végétale et de pierres
l'amassées à la surface du sol et absolument mélangées.
La t.erre pendant tant de siècles s'est attachée aux pierres
tl'availlées et il faut un observateur prévenu et très exercé
pour les distinguer des pierres brutes.
Les objets reconnus bons doivent être mis à sécher sur
une étagère, puis de.ux mois après lavés légèrement; la
patine du temps paraît alors frappante, ce dont il est facile
de s'assul'er au musée du Vieux-Châtel, où on peut observer
six cent.s types de ce genre, complétant les cent cinquante
mille objet.s qui compo~,ent ma collection préhistorique, faite
achats; tout est le résultat de mes fouilles répétées
sans
pendant tant d'années. .
Je laisse de côté aujourd'hui les grands monuments méga- .
la BretRgne, la terre sacrée des Druides, je ne
lithiques de
parlel'ai pas des immenses tombelles, des · grands tumulus,
des longues allées couvel'tes, des dolmens, des menhirs et

je 'vais décI'ire en même temps que l'infiniment petit, les
premiers usages' funéraires du monde à sa naissance .
Dans ces 11'ès petits tumulus qui ont pl'écéaé de tant de
siècles' les grandes sépultures, la -couLume du mohiliel' ftlnt~_
raire était à son début et les derniers hommages au mOI't
sunt dïssiminés partout, à la base, à la sud'ace et de tou~
les côtés: pour les tl'ouver, il faut rctournei' entièrement. le
1umulus et ne pas chercher, comme dans les monuments
postérieurs, les objets près ou au milieu des cendres 011 dans
un dolmen ou sarcophage qui n'existe pas.
J'ai trouvé un grand nombre de rondelles en gl'anit, féti~
ches déjà connus à l'âge quaternaire et qui n'm'aieul aucune
utilité apparente; j'ai dit dans mon demier ouvrage qu'ils
étaient la représentaI ion de la voûte céleste. L'usage des
rondelles s'est perpétué depuis à toutes les époques des
temps néolithiques.
J'en ai trouvé un bien grand nombre de toutes les époques,
polies ou taillées, en granit, en silex, en schiste, en quartz,
en grès, et tou t dernièl'ement, dans une sépulture en Lan-
gonnet (l\forbihan ), près de la forêt de Conveau, j'en ai
releyé une en nncre de six millimètres de diamètre; d'autl'es
ont plus de tl'ente fois cette dimension .
Il Y a quelquefois des roches naturelles au milieu de ces
tumulus; il Y a lù une intelltion de présel'ver la sépuItul'e
placée pl'ès ou au mil ieu de ces rochers, dont tous les inters-
tices sont alors bouchés avec des piencs assez Lien rangées
à plat et mêlées de terre .
Dans quelques autres, j'ai trouYl~ à la .base des grandes
tables brutes pOEées à plat sur le sol et recouvrant la sépul­
ture; voilà la première idée des dolmens, mais la pensée de
soutenir ces tables par des supports pour former des cryptes
n'est pas encore venue; d'un autre côté, avec un très màu­
vais outillage encore: on ne pouvait guère utiliser pour

)'ensem]Jle d'un monument mègalitique les matériaux qui
"0 trouvaient sur les 1 ieux. '
L'incinérat.ion se voit partout d'une façon constante, mais
pOUl' un grand nombre de ces sépultures, il y a unè grande
Httention à faire; le rile est évident, mais très peu visible,
ce qui se comprend par la grande perméabilit.é des tenes
dont se composent ces petits tumulus divisés en plus par le
mélange des' pielTes ét situés pl'esque tous sur des tenains
en pente; les cendres sont d'abord indiquées pal~ la terre
calciIlée de la base, dont l'apparence n'a pas changé pendant
huit mille ans ou davantage.
Je commence par la fouille de Lesconil, en Poullan; c'est
là que j'ai tI'ouvé dans la même pièce de tel're: sur un dia-.

mètre de 150 mètres, neuf tumulus dont sept ont la forme
allongée des tombelles, et une sorte de campement avec
rudiment de forlifications! contellant un grand foyer et des
loges.
Cet emplacement des haLitations avait en dimensions
moyelJnes 20 rnètr'es SUl' 2 .l; m,iis d'une forme . il'régulière
(presque en demi-cerde d'un côté, et de l'aut.re à peu près

rectangulaire) .
La pl us gl' à 30 mètI'8s cl li campement: est pnr sa composition un barow,
c'est-à-dil'e un mélange sans illtention de terre et de pierres;
ses dimensions sont de7 mètl'es de longueul' sur 3 mètres
de ]arg'em', et elle est orientée de l'est à l'ouest.
Les six tombelles au sud-est 'ont la même orientation,
sont composées des mêmes matériaux et lenrs di mensions
semblables sont 6 mètres sur:3. Les deux petits tumulus qui
terminent la série vers l'est forment des tert.res arrondis,
avec un diamètre de 3 mètres; la hauteur à peu près uni­
forme de t.ous ces petits monuments val'ie de 1 mètre à Im20.
Dans le campement, il y avait affaissement des loges: et

les ::;iècIes avec les végétations successives les avaient re-

couvertes d'u ne couche tl'ès épaisse de détritus; j'y ai trouVé
un grand 110mbl'e de débeis çle clayonnage, eil terre cuite;
l'expérience avait déjà aPPI'is d'abol'd à recouvl'ir d'argile
les hultes fOl'mées dB petites branches, puis. l'idée élait
venue cie solidifiel' pal' le feu et de rendl'e étanche et soliele
l'enveloppe extérieul'e.
Plus tard ce pl'océdé a tl'ouvé son application SUl' une
plus large échelle dans la construction des fortifications
vitJ'ifiées de certains campements.
. Les loges avaient, l'une 5 mètres, et l'autre 2 mètres dp
diamèt.re, et le foyer 3 m. 40 de côté sur 1 m. 30 de largeur;
il se composait 'de six gl'andes pierres plates, posées sur
champ, et au fond il y avait une tl'ès grande abondance de
cendres; mais tout me porte à croil'e qu'au mOlllent du
dépaet de la tribu, ce foyer était devenu une sépulture, cal'
le tout était l'ecouvel't d'un apport de un mètre de tene et
de petites pierl'es et le fond formait une aire de feu consi­
dérable s'étendant largement sur les deux côtés extél'ieurs
da foyer.
J'ai recueilli trente~quatreobjets dans cette fouille, ce qui
fait en moyenne un peu plus de trois par sépultul'e; le tout
tl'ès disséminé, il n'y avait nulle part de silex ou de quarzites
et dans deux des tombelles seulement j'ai tl'ouvé d'infimes
débris de poteries tout fi. fait primitives, nulle part tl'aces
. d'urnes cinél'aircs.
Bien entendu, je n'ai trouvé . aucune pierre polie, ces
hommes ne eonnaissaient pas encore ce progl'ès dans l'ou-
tillage et nous sommes bien au début de l'âge néolithique;
ils n'avaient que le granit qu'ils ont façonllé à leur usage et
ont employé comme percuteurs qUl';lques pierres de quartz
et d'agate ramassées à la surface du sol ou des galets de la
mer.
Je termine la fouille de Lesconil par l'inventaire du mobi-
lier: .

l} percuteurs en qlH1l'tZ,
1 pel'cutenr en agate,

4 galets de la mer (piel'l'es cIe fl'onde),

3 plateformes (ustensiles de cuisine) : l'une rectan-
gulail'e, une autre en demi-cercle et la troisième
carrée avec redan poUl' la mise en main,

[) c'oups de poing dont un énorme,
ctI

D rond(-'lles de 6 à 7 cenlimètl'esde diamètI'e.

:3 haches plates grossières,
ctl

2 celt iformes,
1 usoir à tenir fi la main,
1 énorme usoir fixe,
1 grand mortier,
En somme, les usoÏl's que l'on tt'ouve en si grand nombre
dans les fouilles des époques -postérieures, sépultures et
stations, sont rares clans cettenomenclatul'e ; les armes en
métal efles pierres polies n'ex islant pas encore, il n'y avait
pas grand chose à aiguiser: il faut voir, pour les deux usoirs
que je signale, le moyen d'appl'oprier les ossement.s néces­
sail'es à toutes les ~écessités du ménage,
Une autl'e remarque s'impose : L'agglomél'ation des
tumulus dalls un espace aussi restreint avec le même rite et
le même outillage prouve clain'ment la longue station des
descendants de la même famille; car il faut bien admettre
que les tumulus l'ecouvrant seulement les cendres des chefs
vénér'és, si on avait élevé pour tous des monumellts funé­
raires, la terre en serait aujourd'hui couverte,
2° Groupe d~s premiers < Tnmulus.
LElLDÉ. en Poullan (Finistère)

De Lesconil à Leildé il y a environ quatre kilomètres, et
SUI' le pal'coul'S une série de roches pittoresques de toutes
tailles; j 'ai , r8marqué qu:un certain nombre portaient des

cuvettes avec ou sans rainure <]"écoulement. J'ai tl'ouVé
d'ailleurs ces cuveltes S\11' tous les points où j'ai constaté les
traces des pl'imitifs de rh ist.oire.
, J'ai déjà eu l'occasion de mé prononcel' il'l'évocablement
sllr ces cuyeites dites pendant longtemps de sacrifices, et de
dil'c que c'étaiellt de simples mortiel's servant à broyer avec
les molettes que j'ai bien souvent trouvées au pied de ces
roches.
Ici, nous sommes à quelques pas de la mer, en vue de
cette magnifique baie de Douarnenez que j'ai décrite dans
mon premiel' ouvrage surIes dolmens sous tumulus de
Kel'vini, en ajoutant que cette commune de Poullan, babitée
à toutes les époques par les populalions préhistoriques, con­
tenait 286 monume1Jts ,mégalithiques.
J'en ai découvert depuis hien d'autres, masq!lés p landes et les bruyères dans ce pays si accidenté; ils sont
innombrahles et sans comparaison avec le reste du Finistère,
si riche pourtant, ainsi que les deux autres dépa'l'tements de
noll'e PI'('sql.r'ile, Je lVTorbihan et les Côtes-du-Nord .
. Un selll poillt peut êlTe comparé à Poullan, c'est l'autre
côté de la haie de ,Douarnenez que je cite dans un autre de

mes OUVf'élges en racontant mes fouilles sur les communes
de Ploéven, Plomodiern, Saint-Nic, Telgruc, Argol, Landé­
vennec ' et Crozon, sur une superficie de 200 kilomètres
carres.
A Leildé, j'ai d'abord trouvé, à l'est de la pointe baignée
par la mei', qllate8 tombelles groupées à 15 mètres en
moyenne l'une de l'autre; deux 0111 G mètres sur 4 mèt.res de
diamètre avec une hauteur de 1 20. Dans le dessous il y a
su1'l0ut de la tene et au-dessus beaucoup de pierres mêlées
d'un peu de teÏ're ; les deux autres tombelles sont moitié plus
petites. '
Dans ces tombelles, comme dans tous les petits tumulus
de Leildé, clontje vais indiquee la ,série fai trouvé partout

le même rite de lïncinération et le gl'anit taillé comme à
Lesconil. .
Tous les objets tl'ouvés rappellent le type quaternaire. Ces
)opulations émigrées ct cherchant une meilleul'e existence
là mer; mais privées de silex, elles ont employé avec les
mêmes tl'aditions, le gTèluit si dur de Poullan. .
Ailleurs le gl'anit est l'ar'ement aussi compact et assez dul'
pOUl' fournir les similail'es en outils et en armes vf'aiment
utilisa bIcs. .
120 mètres à l'ouest des quatre pr'emiers t.umulus, et
for'mant tous des tel'tl'es èlrrondis, j'en ai fouillé six C1utl'eS,

dout quatre de 5 mètres de diamèl.l'e SUI' ulle llauteul' de

P 20, les deux alltres un peu plus petits. Ils SOllt bien
gl'oupés, et la distance entre eux val'je: h!s trois les p] us
l'appt'Ochés de la mer, 15 mètres, ct les autres :3.0 mètres .
En continuant vers l'ouest et à 200 mètres, fai enCOl'e
culbuté elix-sept tumulus pal'faitement al'l'ondis et dans la
moyenne des meSUl'es précédentes.
Ils sont gl'oupés tl'ès irrégulièrement: SHIlS but évident
d'emplèlcements! et la moyenne de distance entre chaque
val'ie de 20 à 40 mètres.
Toujours vers l'ouest et à 160 mètres envil'on des del'iliel's,
j'ai ouvert ollze tumulus, puis un peu plus loin un gl'oupe de
neuf tumulus; enfin, entre la mer et le vieux manoil' de .
'l'réotat, dix-huit tumulus semés il'régulièrement en vue de
Il mel' SUl' une dizaine d'hectares.
Enfin, voilà sur un espace relativement restl'eint soixante­
cinq t.umulus dont le mobilier funéraire indiqüe une même

. famille et des dat.es assez rapprochées.

rai teou vé là eH tout 227 objets divers, mais répal'lis irré-
gulièremcnt; certains tumulus en contenaient cinq à six;
d'autres, mais en tl'ès petit' i10rnbl'e, rien (les objets déposés

étant probablement en os et entièrement décomi)03és). Voici
la liste des objets recueillis:
39 coups de poing de formes très va6ées,
7 maillets avec poignée, c'est-à-dire un redan pour
rendl'e facile la mise en mains; j'ai donné à ces
outils le nom de maillets (aucu1l auteur n'en a
encore parlé),
34 percuteurs,

9 celtiformes,

CCl
6 usoirs

ou de formes allon-
39 pierres de fr'onde· arrondies
gées, d'autres triangulaires,
2 racloirs~ - .
7 coins,
18 rondelles, '
2 petits cubes (fétiches),
hachettes.

14 objets indéterminés, mais ayant servi indiscuta­
blement,
1 grattoir circulaire en sch·iste .
2 scies grossières en schiste pour di viser les os.
1, coup de poing à pedoncule en quartz.
38 galets de la mer.
II. Les premiers Dolmens.
POULLAN (Pinistère) .

Le premier dolmen a été une pierre plus ou moins plate
reposant par une de ses extrêmités sur une roche naturelle;
plus tal'd on a posé parfois le bord de la table sur une autre
pierre mis'e de champ dan's le sol et relevant ainsi légère-
ment un des côtés de la table.
. Ces dolmens, au ras de tene, envahis par les herbes et

diverses, sont très difficiles fi disting-uer'
re;crétations
les ' ~ ,

"en ai fouillé neuf de ce genl'e l'été del'niel' en Poullan.
'1 devient plus rare; lè rite est toujours l'incinération, il n'y
Il pas d'urnes; j'ai constaté des cendres, du chal'bon; on
commence à trouver des silex et des quartzites taillés, mais
ils sont enCOl'e rares; la pierre polie apparait.
J'ai trouvé là :

4 maillets à manche, plus soignés que les
pl'ece-
dents,
2 pierres fétiches curieuses avec pedoncules,

4 coups de poiug à poignée,

Cil
2 grands coups de poing teianguluil'es dont un poli

en dessus,

Cil
1 gl'OS celtiforme,

1 gl'OS cube rég'ulier de omOS de côté,
1 coin,
3 projectiles allongés,
2 D'OU D'es
7 uso,Ïrs en diorite dont deux avec rai nu l'es pour
les pointes en os.
S silex taillés.
1 nucleus en qual,tzite.
Les dolmens sous tumulus de Kerhas, en Poullan.

Le premier dolmen où J'ai trouvé écrasés, par suite du
poids supél'ieur, les débl'is de trois urnes, du charbon et 'des
cendres, pouvait être à peine soupçonné sous le très petit
tumulus de 3 mètres de diamètre sur moins de 2 mètres de
hauteuI', et confondu parmi un chaos de roches naturelles de
toutes gràndeurs. "
La construction se composait de deux roches brutes ap­
portées comme supports vis-à-vis de deux roches naturelles

et au-dessus, rasant le sol, une table les recouvl'ant ft peine
sous laquelle était la sépulture; puis nu-dessus une gl'and~
table de 2 m. 40 5ur 1 m, 80 avec une épaisseur moyenne Ùe

Les poleries sont épaisses, peu cuites, faites sans le seCOUI'S
du tOUl' et indiquent une grande anciellneté.
J'ai tt'ollVé là et disposés aut.our de chaque urne:
1 usoir long et fin. -

3 gros galets de la mer très bien arrondis mais naturels
et choisis. ,
2 boulets de pierre areondis par la main de l'hommo et
polis.
1 autre boulet pareil entre les deux tables .
Les intervalles entre les tables et entre les supports étaient
bouchées avec des pierres plus petites formant une sorte de
galgal réduit, ce qui donnait à l'ensemble recouvert de
mousse et d'un peu de terre l'apparence d'un petit tumulus
où on entrevoyait les rochel's.
J'insiste SUI' ce fait absolument rare d'une deuxième table
plus grande recouvrant la première au-dessus du dolmen et
la débordant de tous les côlés.
A peu de distallce j'ai, fouillé un ault'e dolmen de la même
dimension', mais mieux construit ; il était recouvert d'une
très petite quantité de terre le dissimulant ft peine, les inters­
tices étaient bouchés avec de la terre et des pierres, et il
avait dû, avant la dégTadation par les pluies, formel' à peu
près dôme.
Le fond de la chambre sépulcrale était à 0 m. 40 au-dessous
du sol, à la base de la terre végétale; il n'y avait pas de
pavés et les grandes pierres supports et table étaient h'ès
irrégulièl'es, n'lais t'ormaient cependant une chambre ayant
en moyenllo 2 m. 'sur 1 m. 60 avec' 1 m. 20 de hauteur.

Le rite avait été l'incinération et il faut le classel' parmi
les Pl'emier's dolmens.

mobilier se composait de :

3 o-alets de la mer.

1 grattoir en SI ex. .
1 pointe de flèche en quartzite.
1 grande rondelle en granit de 0 m. 14 de diamètre.
Encore un granit taillé, mais c.e n'est plus une arme ou

Ull outil, le temps a marché, et la coutume ancienne se
remarque encore pour un fétiche.
Grand dolmen de Livoac'h, en Poullan .
Ce dolmen, des plus primitifs, est certainement unique de
son genre; il est construit avec trois roches seulement:
dcssnus, deux immenses supports, dont l'un perpendiculaire
sur l'autre dans l'axe .central et longitudinal de la table et
la tro'sième, une gl'ande table grossière d'une très grande
épaisseur surtout au milieu olt elle est bombée au-qessus,
en un mot une table couvrant un T.
La table a 2 m. 60 de longueur sur 1 m. 80 de largeur et
les supports, incrustés dans le sol jusqu'à la profondeul' de
la terre végétale seulement, donnent sousla table une cavité
double de 1 mètre de profondeur sur chaque côté du support
central.
La direction du dolmen est: es t-ouest, et le support
massif qui soutient le côté est de la table a 2 m. 10 de lon-
gueur et la déborde par suite .de chaque côté, de même que
la table de ce côté dépasse le support de 0 m. 45.
Le deuxième support supporte le milieu de la table dans
toute sa longueur jusqu'à SOIl extrêmité côté ouest.
Des grosses pierres roulées et enterrées au plus près du
dolmen formaient sur tout le pourtour un véritable rempart
de 0 m. 90 envil'on au-dessus du sol, puis des petites pierres
et" un pe.u . de teàe achevant l'œuvre enlèvent toute idée ' de·
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRÈ. . TOME lXIIl. (Mémoires). 6 .

la possibilité de la pose d'autres supports au moment
de la
construction.
De plus, la tl'ouvaille d'une grande hache en pierre Polie
mais grossièrement faite, brisée par son milieu intention,
nellement, mïndrque avant tout l'ancienneté de celte cou,
turne de bl'iser une parti~ des al'mes au moment de la Cél'é,
monie funèbre et aussi la certitude apl'ès une fouille minu,
tieuse que le dolmen n'avait jamais été visité et que tout y
était bien en place. '
Il Y avait sous la . table un vide de ° m. 30, puis dos
pie l'l'es et au-dessous de la tel're fine, et j'ai pu vél'ifiel', à la
base interne de la table au côté sud du SllppOl't centl'al, 2
grandes cupules. .,
J'ai trouvé les rares .débris d'une urne détruite par le
temps, des cendres, du charbon, et en plus une seconde
hache intacte dont il faut faire remonter l'ancienneté an
début de la pierre polie.
J'ai trouvé en outre au milieu des cendres:
1 silex taillé, mince grattoir avec barbellll'es de deux côtés .

1 silex taillé à 4. poiotes. .
2 pointes de flèche en silex .
1 rondelle épaisse en granit (souvenir du' temps passé) .
2 galets de la mer.
1 marteau étoilé sur tout le pourtour et fabriqué avec un
galet de 9 centimètres de diamètre sur 4. d'épaisseur et percé
au milieu d'ün trou de 25 millimètres.
1 pointe de flèche en schiste ..
1 rondelle pendeloque en schiste .
Et au sujet de ces deux derniers objets je fais remarquer
que les gisements de schistes les plus rapprochés sont à
36 kilomètres de Poullan. .
J'ai tel'miné po.ur aujourd'hui l'histoire des premiers Celtes
dans la commune de Poullan; toutes les fouilles qui sont
relatées dans ce mémoire forment le résumé d'une partie de

recherches pendant l'été de 1893, c'est-à-dire que ce
pIeS 1· , d·
·1 est abso ument me !t.
tri! ,r,ll
J'espèl'e que ces pages, où je traite pour la première fois
(Iuestion qui n'a jamais été touchée pour cette période
upe .
l.éhistorique, plail'ont à mes auditeul's et à mes lecteurs;
ouvrages les

Baron HALNA DU FRETAY t
P'résiderit de la Société a rchéologiqlle du F,inistère,
Correspondant du, rninù;tère de l'Instruction
11 ubl'iq ne .

Château du Vieux-Châtel, pal' Quéménéven (Finistère),
2'l mars 1896 .