Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes
erlJlic.
/J;t(t
che
A KERINIC, EN PLUGUFFAN (Finistère) .
A la fin du mois de septembre de l'année 1894, pendant
1llon séjour au manoir de Kersantec, à Pluguffan, j'ai entre
pris quelques recherches archéolog'iques dans cette com
mune, dont je m'occupais à reconstituer l'histoire; j'ai eu
la bonne fortune de découvrir certains endroits que je crois
propices à révéler des documents intéressants pour l'archéo
logie préhistorique et que j'ai bien l'intention de fouiller.
plusieurs fois j'ai été assez heureux et j'ai découvert, sans
entreprendl'e de fouilles sérieuses, un certain nombre de
celtœ en diorite pour la plupart, des haches en bronze du
type Larnaudien, un nombre considérable de débris de pote
ries, des meules, etc., tout cela disséminé un peu dans toutes
les parties de la commune. Parmi tous ces objets je sign.ale-
rai, comme plus intéressante, la trouvaille d'une hache en
pierre polie, d\llle pendeloque fort curieuse et de deux grains
de collier, aLsolument identiques aux grains des colliers
talismans du Morbihan, l'un en porphyre taillé en prisme. à
facettes, l'autre en verre bleu prése'ntant l'aspect d'une fram
boise, le tout réuni au même' endroit {1}, à proximité d'un
petit tumulus, dont la fouille a amené la découverte d'.un
coffre de pierre {stone-cist} pour lequel j'écris ce mémoire.
Entre le village de Kel'inic et celui de Kertanguy, sur un
point élevé, au nord-ouest et à 1,000 mètres à travers champs
du bour'g de Pluguffan, à 450 mètres de l'ancienne voie de
(1) Je compte parler de celte ti'ouvaille et décrire avec plus de détails
ces objets dans un travail sur les Colliers talismans celtiques armori
cains, et les paru l'es et talismans préhistoriques.
Quimper à Plogastel-Saint-Germain, à 600 mètres environ
de la nouvelle route de Quimper à Pluguffan et la mer, non
loin d'endroits couverts d'anciennes · substructions et au
milieu d'un enclos appelé Goarem-Ruki (1). les gens du pays
avaient remarqué de tout temps une sorte de monticule qui,
bien entendu, avait ses légendes; pensant qu'un trésor y
était caché, ils engageaient le propriétaire à le fouiller .
Etant averti par le domainier de Kervenouel: Jean-Marie
boarez, je pris vite la résolution de fouiller ce monument et
. je m'entendis avec le propriétaire de Kel'inic: Jean Hénaff,
qui fut le premier à bien vouloir donner des coups de pioche.
C'était le 30 septembre 1894.
Le tumulus que nous allions explorer repl'ésentait un mon-
ticule, à base à peu près cirçulaire, de 12 mètres de diamètre
environ et d'une hauteur atteignant à peine 1 m. 30. Après
avoir fait quelques sondages, il fut attaqué à mi-hauteur, en
allant vers le sommet, et en prenant la direction de l'est à
l'ouest.
Bientôt, après la couche de terre défrichée, on rencontra
une certaine quantité de pierres de moyenne grosseur, puis
de la terre, le tout formant une couche de 0 m. 50 environ .
A cette profondeur, la pioche heurta la surface d'une dalle
de granit quelque peu dégrossie, et qu'on dégagea complè
tement.
On retira la dalle: et nous voyions de suite que nous
étions en présence' d'une sépulture violée antérieurement et
cependant admirablement conservée. Une dalle de granit à
chaque extrémité et cinq dalles de chaque côté, posées sur
le champ, limitaient une cavité de deux mètres 28 de lon-
gueur sur 60. centimètres de largeur intérieurement, et
.50 centimètres de profondeur, orientée au sud-est .
(1) Goarem-fluki: garenne du chien rouge. · Cette garenne a été
récemment défrichée en partie! ainsi que le dessus. du monticule .
Ce coffre éla~t rempli de terre semblable à celle. qUt
fOI'mait la tombelle; cependant, elle no~s a paru un peu
,)/'LtS grasse. Dos dalles flui le recouvraient, deux seulement
'lé enlevées et jetées probablement à côté, bien que nous ne
les HyonS ~pas trouvées.
La ter're, retirée et examinée minutieusement, ne contenait
absolument rien d'intéressant, seulement un peu de charbon
et, un petit fl'agmont de brique. Le fond était formé p·ar un
d<111age de cinq pierres plates, également dégrossies, posées
IlÜl'izontalement et avec soin sur une terre argileuse qui -
comblait les petites anfractuosités des pierres et unissait les
dalles. Les pierres formant les supports avaient
joints des
o m. 50 de hauteur et 0 m. 07 environ d'épaisseur. Les deux
pierres plates des extrémités avaient 0 m. 50 de haut,
comme les autres, sur 0 m. 60 de lal'ge, et 0 m. 07 d'épais-·
seur. Les dalles du dessus et celles du fond avaient aussi
environ 0 m. 07 d'épaisseuI'. Le coITre. devait être très hermé
tiquement fermé.
Le tout, excepté les dalles du dessus qui m3.nquaient,
parfait état de conservation, soigneusement fait
était en
des matél'iaux choisis, tous en gl'anit.
avec
Cette sépulture m'a paru intéressante par ses dimensions
dépassant celle des autres stone-cists, et aussi par sa façon
soignée. C'est ce qui m'.a engagé à écrire ce mémoire.
très
Cette tombe me paraît appartenir à un type tout spécial,
et c'est pal'ticulièrement regrettable qu'elle ne soit pas datée
par un mobilier funérair'e. Beaucoup trop petite pour-être
un dolmen: elle me semble un peu grande pour être rangée
parmi les stone-ci~ts. Du reste, par ses dimensions, ce n'est
pas un coffre de pierre à prop:rement parler, mais plutôt un
cercueil en pierI'e. Jo crois donc cette tombe postérieure à
l'âge de la piOI't'O. Los pl'Oportions du cercueil, 2 m. 28 dé
BULLETl~ AUCIlÉOL. DU FINISTÈUE. " _ TOME .XXIII. (Mémoires). 5
iong sur 0 m. 60 de large, montre qu'il a ~té construit POUr
l'inhumation d'un homme couch~ tout de son long .
Ce qui m'étonne c'est que je n'ai pas trouvé dans les
terres autour du coffre aucun ' débris ni ossements de la.
sépulture primitive. Aussije me suis éloigné à regret, ayant
bien l'intention de retourner de nouveau et de fait'e boule ..
verser entièrement cette tombelle ' qui, peut-être, cache
encore quelques débris pouvant donner avec pll1S de cerli ..
tude l'âge de cette sépulture.
A VENEAU DE LA GRANCIEHE .