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Bulletin SAF 1895


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Etymologie du nom Frugy

M. Jones

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X ··VIII .

ETY}IOLOGHJ DU NOM ( FHrGY », etc .
Ceux de nos lecleùrs qui rece\-aienl le Bulletin en 1830
n'ont pas dù oublier la charte du comle de Bretagne concer­
nant la fondaLion 011 pluLùt la dotation du monastère de
Locmaria de Quimper. . ,
Il S'y troure plusieurs noms de lieux et de personnes qui
sont d'un grand intérêt au point de yue philologique_
Bien des illusions ont été dissipées, et tout un Sys"l'mc
d'étymologie discrédité par une élude plus sérieuse des ancicils
des noms anciens aH'C ceux
documents, el.par l'identification
qui sont connus et usilf's de nos jours. Un saranl tile H ce
propos le nom Caerleon (Kerléon) qui n'est autre que Castu'(,
[('gioni.'(, mais legioni, étanl devenu Léon, on y tl'oura le
nom cl"un saint, et une foule de légendes s'est allaellée au
nom' de ce prétendu ~flillt. Le Cal'tulaire de Landérennec
(dollt /lOliS espérons ruil' bientôt la préIaC'~ ; nous fail roil'
que le mot. n,el (Iennil!aison de beaucoup de nOll1s de
li(~ux) n'a rien de commun arec met (miel!; il 's'y écrit m,ad
(chef ou seigl~eLlr): Léln-dre-mael, Ros-cad mael /aujourd'hui
Roscan"el'. 1 lozeoft y est représenté par Plebs Demr tae, qlli
le rélpproche du gallois D!Jved.
~Iais la chalLe que llOUS ayons citée plus Iwul, et qui se
lrouye dans un Hecueil d'Edits publié par M. de la Borderie,
nwmhrr. de J'Institut, nOlis donne la formr. la plus nl1c:icnnr.
du nom de la montagne qui orne notre yille el qui saus doute
au XXc siècle, lorsqu~ les ahords en auront été assainis phy­
siquement et moralement, se fera admirer de plus près par
ties foules de promeneurs à la recherche de l'exercice physique
et de la beauté esthétique. Dans cette charte nous lisons:
Et iLerum dedit ei terram a lapide q,ui dicilur Maen Tudi
ad crucem qUffi est jllxta monlem CHUCHI, hinc llsque
usque

ad foolem quœ dicilul' Pabi, deinde llsque ad flumen Oded ...
Gurchi gubernante locum cum dooationibus ; videnlibus tes­

i;lbba cum clericis suis, femina i'psius èomitis
tibus: Gurchi '
JudeLh. Haei'ueu, prefecLus Edern. Gurgar. Harscoet.. .
Nous croyons troll\'el' ici le mot qui donne l'explication cre
la plus ancienne forme connue du nom (Chachi) et qui nous
aide à en dériver la forme aclu elle Fru[]!J. et par conséquent
à éclaircir celte énigme étymologique.
Disons aussitôt que la forme ancienne vien t de Gurchi,Je nom
de l'abbé qui gouyernai t le monastère au moment de la donation
donc fondé
(Gllrchi gubernante locum). Le monastère était
antérieurement ù 102.2, puisque Gurchi gouyernait déjà; et
M. l'abbé Peyron a démontré ayec documents à l'appui que la
fondation est antérieure de près de deux siècles à cette claIe.
(Voir Bulletin 'l890~ XXXIH, pagesl01-'lOG) . .
Mais nous ayons à j uslifier notre supposilion el à en dél'iyer
la forme actuelle du nom de la colline..
Remarquons d'abord que la lettre u cloit Nre prononcée ou,
(\V) selon J'ancien son latin. Il suflit aussi d'examiner la
charte pOUl' se persuader que CH se prononce K ou C (dur)

comme dans la lan!!ue italienne. Nous v twuyons Cherlos-
cheit (Kel'lo~kel), Che: cheresog ([\erker ~sog), Cherren (Quer-

rien), etc.; la lettre H ne fait donc que fortifier la consonne à
laquelle elle est jointr. Le nom Chuchi l'lait ainsi pronollcé
kuki (c'pst-ù-dil'e, kouht'). "
Mais la lettre r a dù en être olllise par ll1É'garde, soit claus
le dOCllll1&l1l. origill comment pourrions-nous nous rendre compte de son appari­
tion dans le nom actuel (Fl'ugy) ?Remarquons aussi que
le nom cie l'abbé qui gou\'ernaitalors" nOlis est donné
G urchi,
cieux fois dans ce même document. .
Du reste, le secrétaire de la rédaction ou les transcripteurs
à répondre d'autres incorrections; nOlis trouvons
auraient

dans la charte heredialc pour hereditate (deux fois), viceeco-

mes pour Dicecames, Chenecturnur pour Chernpcturnur, à
moins que ce ne soit l'équi,,"alent de Cnech-Turnur, la colline
de TUl'l1ur (Cl'ec'hLurnier, suivant dom Morice, qui estropie
d'a u tres noms trouyés da ns la charte), mal pour ma" (peren nes

mal Chenuut, à moins que mal ne signifie alias, comme en
vieux gallois).
Si notre supposition est vraie. le nom original de la mon-
Lagne était donc Chur< hi (prononcer l\urki ou I\ourki). NOliS
pourrjons rapprocher de ('e nom celui de Tré·ougui, près de
Pont-l'Abbé, qui, croyons:..no\ls,' devrait s'écrire Tré-ourgui
(la demeure de Gourgui ou Gurchi).
Reste à connaitre la siQnification du nom et à suivre sa

t.ransformation à la forme moderne qu'il porle.
Il existe dans le gallois provincial un mot .f}LOrci ou f'wrci
(c k), qui signifie motr)U (Br. targoz), le nom le plus
étant []wrcath ou rLOrcath (voir le dictionnaire
répandu

gallois de Sylyan Evans). Celte substitution de le ou c à !J est
assez fréquente dans lü langue populaire. Que l'on prononce
enselllbie Cl'ec'h-gul'ci (pron. gourki) et l'on s'apercena de Ll
facilité aYf~C lacuelle le k se substitue à [] ; et celle permu-
talioll psI d'autant plus facile que Je g initial d'un subslantif
e~l loujours changé en le après ho, l'adjecLif pronominClI de la
deuxième personne du pluriel (goaz, ho koaz; greg, ho kreg).
Le c (ou h) lI1ilial n'est donc pas difficile à expliquer.
Gnrchi, Cwrci (pron. kil signifie homme chien 00 .chien
(au masc.), selon l'habitude d'autrefois de donnel' aux hommes
des noms d'animaux à raison des qualités qui les distin­
guaient. Ainsi Alain, comte de Bretagne, fut appelé Chan­
arth (Édit. c. 10:29) blanc-ours ou ours-blanc à cause
de sa bravoure (bellator fortis); quoique M. de la Borderie
dérive son nom de canner ri} (batailleur), laissant la dernière
(*) Le sens cie r.VlI1fl ;battre) est bien poslérieur à canna (blanchir', el
lie l'habitude de blanchir \cr. L. candeo) le Iinl{e en le battant. Le
vient
gallois golchi (I1r, goalc'hi, laver) a a!lssi un sens dt>rivatjf de vu 'ncl'e
Pl! batl1'~, . ' . .

partie du nom sans explication. Gur (la partie initiale du
nom) se tromoe plusieurs fois dans la charte: Gurhedre,

Gurgar, Gurloen. Il subsiste toujours dans la phrase au
néga:if : n'euz gour, o il !l'Y a personnel ou il n'y a rien; el
dans un grand nombre de noms de famille. Le gao llois conserre
Je mot !}WI', il se trouvait aussi en vieux idandaisfer (cf. L.
Yir, virtus). Le nom G"'l'gi (prono toujours gui) se 1ro\)\;e dans
les BrlJ ts. (LI~ Lirre Rouge d'Hergest, p.' 40/1" édition d'Ox­
ford (*l Les autres langues celtiques viendront à notre
secours pour nOLIS aider à suivre les transformations du mot.
La corrélation des leUres g etf est bien éta}JJje par la philo-
logie et nous croyons deroir en donner des exemples. 0

Br. greg ; Gall. g,,"raig, Comique, freg ; Irl. frag.
Br. gleb; G. gwlyb ; Ir. 11uich (humidité).
G. c'lnvivio, c'bwim ; Br. finral, Comique, g"oayah.
Br. g\~rerc'bez; L. Yirgo (0 est eOl'rél. de 1).
Br. g,rerzid ; G. g\\"erthyd ; Ir. fearsad (fuseau).
Br. goemon ; (~. gwimman : Ir. feamain.
G. gweddus, Cornique, fèlidhus.
Nous arons déjà donné plus haut la furOle irland!JÎse.ler
(L. rir) cie ce même mol. !)ur, g\\"['. 0
. Dl" John Hhys, professeur de celtique à 0 Oxford, dans son
ouù'nge sur la Philologie galloise (pp. 81-6) nous fail voir
comment celle transformation s'opère. GU) deyient w, puis f',
qui finit par se prooecter en f: Du reste on s'aperçoit de la
facilité avèc laquelle s'opèrent ces transformations phonéLi­
ques en essayant de les prononcer.
Les transforma tions des dialectes brelons d'aujourd'hui
yiennent à propos pour nOllS en convaincre. Le pronom c'hr..oi

n Prof Rhys duns son ouvrage sur la philologie galloise donne cu
{Br. cun\', cuff comme étant pré[érable à ci ou ki pour expliquer la der-
nière syllabe de Gwrei, mais il tort, croyons-nous, cal' cu s'écrivait à
cette époque CUl~ cn breton; on peut s'en convaincre en parcoul'anl le
Cartulail'e de Landérenlll':c, oll 1' 011 trouve Lan Cun, Tl'ef Cun, etc.

(tlu Li'oo), se prononce dans la Cornouaille hWl, el à Pont­
l'A bbé il (leyie Il t Il vi ete~l,Sll i 1 e Ji. Pa rei.llemen 1. le mot. c'II wecïL
de\'iel1L "~oec'h. hc(!r:'1t, fe.e-b .. fac'h, fer, fàr. A remarquer

aussi flle'lnoe, fllhwe, nlje; dihun(é\'eillé), di/un; -ehWf'!('à,
fern; (J'hw .;-rad. fi~z-orJd; hirio.fete (hoclie) ; henoz, fenoz

(hac note); [Jw~dl,ll1ll; c'liw:!Drer,fJorier : dans ce dernier

mol le mou"emenLopposé a eu lieu.

Menez (;,:.) Gluloi bu Gurgi Ipron. Gourgui) devient Menez

Ur[Jui ou lVrgui (pron. Ourgui), puis Menez Vrugi (Vrougui)
et enfin Menez Fi uaui (prOil. gui, comllle Je font encore les
yieillards du pays) .

(2) Ou èncol'e Gurf!i a pli donner \-Vrai, puis Vurgi, Furgi,

Frn:t . La IransposiLion de la lettre r est fréquente: (Cf.
, Breliret, Berliret; matreze, marteze; Fromentin, . Foul'llIen­
lid: cancre, crane; debl'i, drebi; eLc.),
(:3) Celte Lransposi'tion de la lettre r'a pu se faire plus Lôt~
cl, il dtfi.H11 de docümenLs, nous sommes bien forcé de HOliS
senir de conjeclun~~; le mol Carl.:t'aurait ainsi donné Cruhi
ou C, LI[ji (',:';;i), puis Gl'ufjui, Vrugui et en Hn Fru!J.lt!J,

(', Nous nous sen-ons ici du mol mcne:: (montallne), mais il est pro-
- haille que l'oÎl fais CI/{'C'Ù (colline). Cf. Crcc'h-Euzen, la colline sllr laquelle sont construits
lïIopital ~et l'asile de Saint-Athanase. Ces mols (;ncc'!t ou cret;'h feraient
1lI(~me plus aisélllent HlÎr la permutat.ion de la leltre fi ou dt (k\ de GWl'ki
(Chm:ch i) pal' assi III i latiOIl ù la dern ièl'c lettre de cnec"lJ ou crec'h.
(Ok ; Si je ne me trompe, j'ai dù ,"oil' quelque part cette forme Crugui),
pcut.·(\ll'c même dnns le Reclleil de M. de . la Roroel"ie; mais je n'ai IHI5
d'{':œmplaire sous la main pOUt' ptlllyoil'!e consulter. .
.J e Cl'ois de\'oi l' men ti~n nel' ici u ne a litre {~tymologie possilJle, c'est-ù­
dil'e la l'acine (TI/fi du mol brctoll cnt!ll'Il monceau, Hlllas, en gallois
Cl'ug, pl. crugin.u ; corn. crue, cl'eeg , dunt déri\'e peut-èll'c le mot cree'h.
Plusieurs noms de lieux en dérivent: Telgruc, Cruguel, Crugen el CI'U-
guu en ' Ploran', île de Crugllcn, el d'autres quc nous pourrions citer.
Mais la dernière paltie du mot (Fru-gftl:) l'esterait ainsi ,sans cxplication;
leplur'iel dCYilit êtr'e cr,,{/o/{, et non Ci'lIg01l. mais lors .même que ce rut
.cederni~l'. la marque du pluriel est très . ré5istanle et ne disparaîtrait
pas facilElnH~n"t. (Cf. L~ Quilliou, daQs la charte En Chillio.)

Que l'on n'ohjecteY3s l'invraisemblance, le' p~uple rent à
ce qui est "ieux, mais il l'al~ère et l'eslropie sou\'e!ù d'une

façon piLo~'able. Combien y a-t-il qui reconnaissent Tour
hihan (la petite tour) dans le nom de la rue Tuu'rbie? A "CC
la confusion des langues, Pouldah at devient J Pould,anid, .et
!>elit ]:."!jUP n'hésiterait pas beaucoup à se faire appeler Petit
Terrier Nous avons HI aussi que Iloscaclmrtël est de\'enu Ros-
canrel ; mais au lieu dc chereher des ossements ou une forllle
de chameau (carl\'el) SUI' Gr tl'.rlre (Bos), mieux nwt se
demander quel cad -mnëL (Gnll, ca.i-nidog: général) y a cu
son quarl.ier génél'nl ou ~' a gagné \Ille bataille. (Cf. Guengat.)
Fru!JU, qui s'écrirait ainsi au moins en Jï20, doit donc
être jwononcé Frllgui ; il a dû passer par les formes Furgi ou
Vrugi; Urgi, 'Vrgi (Ourgi) ou Grugi, et déTire de Gurki 011
Gurgi, nom qui était. pOrlé par un abbé de Locmaria au com­
mencement du XIe siècle (c,1022), mais qui pourrait
remonter à unedale plus ancieune ,
Nous laisserons mailltenant aux philologues celtiques le.
soin de confiYll1er notre suppo!-5ilioll, ou de proposer une aulre
solution cie cel.le énigme étymologique, '
11 Y aurait encore à noler dans la partie de la charte que

nous ayons citée plus haul, la pierre .Unen-Tudi (Pierre de
Tudi) qui est aujourd'hui disparue. Il para:trait que de
mémoire d'homme (,:1.,) il y eùt ulle grosse pierre, Irès ancienne,
qui avait peut-être seni de pierre borna le, à l'angle de la,
rue Vis et du Quai; eetle pierre ne pourrait-elle pas bien être
la Maen-Tlldi dp. la eharle'? Les lits des rivières' étaient
autrefois plus au nord, on a pu le constater par la grande
quanlilé de galets trouyés en creusant les fondations de la
caserne, De plus, l'abbaye de Ker/ot, où se troll\'e aujourd'hui
la fonderie sur le quai, était l'anciep AJanoir de l'Isle
(M. A, de Blois); et nous trollrons dans ce nom une autre
(*) Je dois plusieurs des détails que je donne ici à la
complaisance de
,M. Gauguet, bibliottlecaire de la ville de Quimper, -

iildiealion d'un changemenL assez considérable dans le cours
des ri\'ières.
II parait que l'on a mis au jour une grande quantité de
galets aussi e:l creusant les fondations de la maison de ~L Le
Bail, avocat, aussi bien que dans la propriété de M. Feillet.
C'était probablement le Steïr, ou un cours d'eau issu du Steïr
qui ~ui\'ait le cours le plus au nord avant de se jeter dans
l'Odet, qui SClns doute passait par la dernière propriété sus­
llomm~I(\ autrefois apparLenant aux dames de Kedot. En

eX .\[uulin du DllC un changement anormal dans le cours du
Sleïr, ce qui a pli occasionner un changement correspondant
à la jOllction (1:(erllper) des deux ririères,. auprès de la poste. '
pensrnt que l'Odet, après sa jonction avec le Steïr,
n'autres
;1t et qU'lin coude passait où plus tard fut
serpenlait hl'teme
la caserne. Il est évident que le sol de Quimper a
construite
été hi en bouleversé; l\I. du Chatellier nOLIs parle d'un objet
de l'épo'llie romaine lrouvé en 18ï!t- à cinq mèt.res au-dessous
du so l (Jelllei dans la rue !{el'éon (Ville et Évêché de Kemper

11 n'est pas sans intérêt cie remarquer que le quartier
de Bourlibou faisait partie cie la paroisse de Locmaria
sq u'en '1ï8U, car c'est une preuve que la communication
élait relalirement facile au moment où la di"ision des parois­
ses [lit fait e, la profondeur des eaux ne devait pas être grande
i:IYant qu'elles ne fussent canalisées, et plus larcl un pont
tournant élablit la communication entre lés deux bourgs.
de la rue Vis (Ol! se trourait la pierre Mrzen- Tudi,
L'angle
si notre supposilion est fondée) n'élait pas alors séparé des

. allées de Locmaria par le lil de la l'iYÎt're, ou il n'en était séparé
à marée basse que par un cours d'eau de peu d'importance.
SUI" la rive opposée, un peu plus à l'est, il se trouvait jus­
C{u:en 'J81O L1ne chapelle la chapelle de Penit y qui,
un document donné par M. l'abbé Peyron (Bulletin
d'après

umo, p. 106), fut construite au commencement du XVIe siècle
croix très ancienne, la croix dont
sur l'emplacement d'une
parle la charte (usque ad Cl'ucem ... juxta monlem Chuchi).
Si la donation était en amon l de ces deux bornes alors le
Fons Pabl serait la fontaine du Champ-dc-Ba:aille au' bas
du principal sentier du Mont-Frugy; dans le cas con­
traire ce serait la fontaine de Locmaria : ces fontaines
au pied du Mont-Frugy pourraient bien servir pour
étant
marquer le terrain qui s'étendait jusqu'aux l'ives de l'Odet,
qui portait déjà ce nom "el's l'an 1022. Il serait impossible' de
rien fixer ci ulle telle distance, d'autant plus qLlé le peuple ne se
sourient plus d'une fontaine Le Pape, mais la plus probable
la fontaine de L8Cmal'ia au bas de l'escalier
serait peut-être
qui descend de la montagne au bourg. "
A ceux qui maintiendraient tIue l'Odet passait. tout au bas du '
Fl'ugy nous répondrions que l'élude de la charte nous
mont
donne le droit de rejeter hardiment celle suppositio:1, puisque
le mont Frugy délimitait le terrain d'un cOté et l'Ocled
de l'autre, et personne ne conte Lera la supériorité de la
charte à la tradition pour détermine!' une telle question.
La pierre Jl(len-Tudi et la croix (juxta montem Chuchi) sont
les deux bornes qui fixent le côté ""st, et la position de la
bome ."Vlaen-Tadi est plus ou moins délet'mint~e par ce lle de
l'autre borne (qui nOLIs est connue, puislfue la cro ix Lllt. rem-

placée "ers WOO par la chapelle de Pénity) et ceux qui rou-

dront bien examiner le plan du Vieux-Quimper seront per-
sLIadés que ceLLe bome ne de"ait pas s'éearterbeaucoup de la
direction que nOLIs ayons indiquée.
Nous ajouterons qu'il aurait été inutile Je planter une croix, •
de construire une cha'pelle dans un endroit envahi
et surtout
pal' les eaux; mais si un chemin passait au bas de la mon-
tagne, le cas est clilIérent. La riri èl'e passait au bas du mur
de la ville et formait ainsi des douves naturelles, et il est
ditT1cile d'admeltre qu'elle 'passait de là au bas du mont

Fruguy à l'endmit où était la chapelle du Pénity, dont l'em-
placement est encore facile à disLinguer.

Remarquons encore qu'une des bornes du côté ouest (ou
sud .. ouest) n'est pas donnée et nous n'hésitons pas à en dire
le pourquoi, à s3\'oil', que ce côté élait fixé par la tene appar­
~enallt déjà il l'abbaye et que la terre spécifiée dans la doria­
lion conlinait a\'ec celle de l'abbaye. Quand ,il s'agit de déli-

miler un terrain, on fixe d'abord les bornes les plus éloignées
(( ùe là-bas jusqu'ici » en langue populaire), et puisque la
clona Lion regardait Locmaria on a dC! d'abord fixer le côté Est:
ù l'Ouest, l'abbaye elle-même ne pourait être comprise dans
crtte donation, dont elle délimitait au contraire l'étendue; le
' Fons Pabi doit donc Ptre la fontaine de Locmaria.
Le nom de la ri\'ière au pluriel (Od-ed,"" rires, aujourd'hui
aod , nal\. aIlt, L. AlLum) con\'enait bien à une ririère, lI ui,
dans la partie de son cours la plus importante par le nombre
ses rives allongeait ses rivages par des méan­
d'habitants sur
dres prononcés" ou se Jirisait en plusieurs branches, ce qui
parai!. être suffisamment démon/ré par ]e nom de ManOlr de
L'!:sZe, cilé plus haut, ainsi que par le caractère du terrain; .'
il serait assez difficile il expliquer autrement, à moins de

pouvoir démontrer que cette division en branches eül. lieu
dans une autre parlie importante de son cours.
Je termine ces notes détachées par une question: Si Loc­
maria s'appelait cioitas aqudonia (la cité du Nord), où la
cité du Sud (ciyilas 8uslralis ou meridiana) était-elle située '?
Etait-ce dans les parages du Pérennou ou Goue::nac'h ou à

(*) On m'objecle que le pluriel de ami est aujourd"hui aolcltrm. Mais
on ,"oit tlnns toules les langues UllC lend~nce à rail'c disparaître les
exceptions et les irrégularités (pl. mellcicf'. 1JwJ/.c:.ioLt: (jan. pl. ein,
oaned, etc.); et le nomlH'c de pluriels cn ' cd étant restreint diminue
nu ' profit de Olt; cet se l't-scnc i'\ tles objets yiv,ants ou aux nationalités.
ICf. lvend. pao/red. IJrtlolil'u,. hi/l'il, Moriancll. etc.) ,

, o3'jÜ_":
l'extl'ême ouest, dans les patilges de Penmal'c'h ou Tronoën '?
Ou serait-ce plUIDt cinitas aquilae (la cité de l'aigle) en sou-
venir de l'occupation -romaine, comme.'le dit M, du Chalcllier?

"'. J. JONES .