Bulletin SAF 1895

Télécharger le bulletin 1895

Début de l’âge néolithique

Halna du Fretay

Avertissement : ce texte provient d'une reconnaissance optique de caractères (OCR). Il n'y a pas de mise en page et les erreurs de reconnaissance sont fréquentes

XVII.
DÉBUT DE L'AGE NÉOLITHI DE
Preuves à l'appui de l'histoire des temps néolithiques

(4 Partie.)

J'ai signé au mois de mars 1894 un mémoire~ résult.at de
mes fouilles de 1893 et lu depuis au congrès international
de Bruxelles; j'y raconte la vie des -primitifs sur les som-
mets erratiques de Poullan (Finistère), au début de l'tige
néolithique.
Je montre J'outillage presque exclusif en gran it taillé,
avant la découverte des silex; je décris la fouille de
soixante-quinze .tumulus on tombelles de la plus petite
dimension et de douze dolmens encore incomplets et très
primitifs .
l'ai dit de plus que ces monuments étaient la première
manifestation sur la tetTe de l'idée des monuments méga­
lithiques et que -la similitude des gl'anits taillés avec, les
types quatel'llaires en silex rappelaient la tradition de cet
tige dans les descendants des mêmes familles.
J'ai terminé en disant quelle était, au point de vue histo­
rique, l'impol'tance de ma découverte, aucun savant n 'a~'ant
encore PHI-lé d'un outillage aussi complet en gnll1it, à l'ex-
clusion des autres pierres qui seules ont fait le sujet des
écrits des auteurs successifs .
J'ai continué ces fouilles pendant l'été de 18~)ll S11r celte
mêm.e commune de Poullan, sa voisine celle de-Beuzec-Cap-
, Sizun et quelques autres communes du Finistèl'e.
D'abord en Plonévez-Porzay (Finistèl'e), sur les terres
des villages voisin::; de Lé~al'sçuët e~ ùe Tal-\lr-C'llOaù , une

première tombelle de 6 mètres sur 4 mètres de diamètre,
avec une hauteur de 1 mètre" J'y ai trouvé beaucoup de
cendres et de charbon, les vestiges certains, mais tout à fait
"décomposés, de deux urnes, à un illètre l'une de l'autre; la
tombelle était orientée du nord au sud et j'y ai trouvé un
gl'OS coup de poing en granit avec pointe d'un côté et poignée
de l'autre,
A cent mètres au sud J"ai ouvert une autre tombelle ayant
la même orientation et en diarnètre 4 m" 50 sur 3 mètres;
à la base, sous 10 charbon, il y avait de l'argile plastique
hattue et: comme souvenir accompagnant les cendres du
mort: un coup de poing tl'ianglllaire en granit, .
A cinq cents mètres vers l'est, j'ai f~)Uillé un tumulus
régulier de 3 mètres de diamètre sur 0 m" 80 de hauteur,
J'ai constaté au fond l'al'gile plastique battue, ]e charbon,
les cendres et les restes bien peu visibles de l'urne placée à
peu près au centre, où le sous-sol avait été un peu gralté,
pour la poser sur l'argile au-dessous du niveau de la terre
végétale de la base"
J'ai trom"é là une ' hache en schiste compact, taillée; le
grain en est extl'èmement dur, le tranchant très barbelé: et
ail milieu de la courbe existe une poirite plus accentuée"
Cet objet pouvait servir fI tout: hache emn'lanchée pour la
chasse ou le combat: ou pouvant M,re utilisée chaque jour
pour des usages variés; tenue à la main, elle pouvait servir
de scie; la patine est remarquable SUl' toute la taille"
.le n'ai trouvé dans ces trois petits monuments allongés -
on en cercle, ni silex ni pi~l'l'es .polies et en conchlsion ils
111e rappellent beaucoup les sél'ies semblables de Poullan:
éloigné de 8 kilomètres seulement. En tous cas, s'ils sont
" postérieurs, ils ne le sont que de bien peù, et l'époque de
leur construction ne peut-être très éloiguée du début de la
pél'iode néolithique.
. EncorC;} à Plonévez-Porzay, sur les terres de Roudou-Glas,

j'ai fouillé un tumulus de G mètres de diamètre sur i m. 50
d'élévation; à la base j'ai trouvé les preuves de l'incinéra­
tion, les cendres le charbon et les très petits débl'is d'une

urne; la terl'e étRit calcinée sur une épaisseur de près de
o rn. :20. Le I1lobiliel' fUI](~l'aire se composait d'une pointe
d'épieu en gl'ès Laillé avec longueellcoche d'emmanchement
et de trois usoir-s rectangulaires portant les traces d'un long
usage.
La piel'l'e polie étant encore inconnue, ils avaieut dù servir
à aiguiser des os et la pointe de très petits outils en pierre.
A peu de distance de là, l'inspection du terrain m'a
illdiqué un emplacement probable de loges; je ne me trom­
pais pas. A 0 m. 50 de profondeur, j'ai trouvé sous le sol
actuel uue cou<.;!te d'une épaisseul' moyenne de 0 m. 15,
composée de débr'i.s de cuisine, coquillages variés; il Y en
avait à peu près sur une étenùue de 15 mètres carrés, le
tout recouvert par l'argile qui avait servi autrefois ft la cons­
truction des loges.
La chute couvr'ulllles ùébris de coquilles de cette couclle
compacte et impel'méable a empêché l'influence des agents
atrnosphél'iques ; le bois, les ossements n'ont pll pourtant
résister au tempsl mais les coquilles étaient encore relati-

vemeut cOllservées. J'ai tt'ollvé an milieu de ces débris:
:L gl'ande pointe d'épieu en schiste taillé.
2 pointes de flèche id. _

2 grattoirs disques en quartz blanc.
1 galet pel'culeur .
;) autl'OS galets choisis.
La mol' u'est qu'ù deux kilomètres: mais les schistes sont
. vellUS de plus de· ;-W kilomètres; tout indique que ce tumulus
doit êlre cJnssé parmi lcs pl'emiC'l's du débnl, de l't"poque
néolithiquc.
Très près de Houlloll-Glas, sur les terres de Tres(:,'UI, j'ai
-fouillé un autre tumulus de G mètres de diamètre surO m. 80

seulement ùe hauteur; il paraissait intact, mais Ull'cher<.:heur
de trésors avait fait jadis un puits au centre de ce tumulus,
puis avait parfaitement rebouché.
Pour moi le doute n'était pas possible: j'ai trouvé au fond
et dans les couches des mélanges de terre et des débris
décomposés indiquant les restes de l'ancienne couche supé­
rieure. Depuis. la lande avait poussé vigoureusement et
enfoncé profondément ses racines sur tout le sommet du
tumulus.
Malgré tout: ma fouille m'a fait voir la construction eX1:lcte
ùe ce petit monument; la cenche, au niveau du sol, n'était
plus guère apparente; mais la terre calcinée était bien vi si-
ble. Cette absence des ceudr'es SUl' l'aire même du feu, par
suite de l' infiltration des eaux de pluie dans un tumulus de
peu de hauteur, indigue une très gl'andeancienneté contlrmée
par le rnobilier funéraire uniq LLement composé de deux coups
de poing: l\m en granit avec pointe d'un côté et arrondi de
l'autre bout pour la mise en main; l'autre est en quartz tainé
tl'ès gros, formant pointe d'un côté et à l'extrémité un pé­
doncule destiné fi arrêter solidement. la main .

A moitié de la hauteur du terr'assement, Sllr un diamèl['e
4. mètl'es, on voyait un lit de pierres plates en granit
bien rangées, dont j'ai til'é cette conclusion quo cette partie
du pays ne fournissant pas ce genre de pierres, on était allé
les cherchel' à deux kilomètres .
POULLAN.

Après plusieurs exploratiolls menées avec le plus gra[)~i
soin sur cette inépuisable commune de Poullan, j'ai repl'is~
au mois de mars 1894., une série 51e fouilles au point même
Ol! j'avais été arrêté par l'hiver en 1893 ; j'ai suivi pas à pas
les bords de la met' près de ses pittoresques falaises en lais··
sant peu à peu der·rière moi les terres des villages de Meil-

Anec, plusieues aul.ecs villages intel'médiaires; enfin, Lcs­
vreguen, Keroal et Livoac'h.
Avant de raconfel' cette fouille si longue et si démonstra­
ti vc, je dois adressel' mes plus sincèees remel'ciements à
fous mcs compai l'iotes pOUl' la gracieuseté si grande mise à
mc donnel' toutes les permissions et les facilités possiblcs.
POUl' ce pas falt'e de répétitions à chaque série, -je dois
d ire tout d'abord que j'ai trouvé partout les preuves du rite
de l'incinération et cette constatation m'oblige à une conclu­
sion définitive .
.Te ne comprends pas aujourd'hui avec mon expérience si
gl'ande, suife d'un nombre incalculable de fouilles, que tant
d'autelll's aient parlé d'inhumations et que surtout l'lm d'eux,
qui a cu un moment ulle certaine réputation et qui a fait bien
des fouilles, ait pu dire qu'il y avait autant d'inhumations
que d'incinél'ations aux temps préhistoriques.
POUl'. moije peux diee hautement que dans toutes les sépul-
tUI'es épurses lïnhumation cst l'unité en face de six cents
incinérations et ponr ce cas unique, SUI' un si grand nombre,
une fouille attentive indique bient.ôt d'une façon indisculable
que l'inhumé éta it un homme de notre ère.
Quand le christianisme a imposé des lois et ordonllé
lïllhumation~ il n'y a pas eu obéissance immédiat.e; le rite
païen a continué encore SUl' plusieurs points et la coutume
de lïncinération n'a pas été déracinée facilement. Voilà la
cause du si petit nombre de sépuHul'es avec le rite de l'iuhu­
matiull dans les petits dolmens, coutume continuée à travers
les siècles; cc sont les st.one-cist qni ont élé sur hien des
pnilYls postl'eicUl's à l'agglomél'ntion des sôpnllnl'cs chré-
tiennes.
Pendant c:es tr'ois del'llièl'es années je n'ai trouvé que deux
inhumations et c'est en Poullan: Deux stone-cist. orientés
de l'est à l'ouest, à 5 mètres l'un de l'autre, SUI' les tcncs c1n
village· de Kel'squibit. Je n'en donnerai pas une longue de~-

criptiorl, m'cit.ant occupé spécialement de celte qnestlon dal1s
mon mémoire: Les premières Sépultures chrétiennes, que
j'ai lu à Dinan à la réunion du Congl'ès archéologique de
Bretagne.
Ceux-ci étaient remplis de terre jusqu"à moitié de la hau­
teur environ; le vide représentait le tassement et l'emplacè­
ment des cadavres dont il ne restait rien; il n'y avait pas de
mobilier funéraire.
Les corps avaiellt été répliés clans ces coffres en pierre
trés rôguliel's ct ayant à l'intérieur 0 m. 90 de longueUl',
o m. 35 de largeur SUl' 0 m. 80 de hauleur ; des tables un '
peu plus grandes que ces petits dolmens les recouvraient à
quelques centimètres au-dessous de la surface du sol.
ne particularité que je n'avais enCOI'e remarqué que trois

fois m'a frappé dans cette interminable suite de constata-
tions ; c'est la trouvaille bien en place et posés perpendicu­
lairement de quatre petits menhirs ex vuto à la base cles
tumulus et à un mètre du centre,c'est-à-dire de la sépulture,
dans quatre petits monuments groupés. "
,Leur taille moyenne est de 0 m. 45 de long, 9 à 10 centi"':
mètres à la base et 2 il 3 centimètres au sommet; ce sont
des PYl'amides régulières à 3 ou 4 côtés et le but frappe
immédiatement la vue.
Ces petits menhirs à l'intérieur du tumulus, c'est lïdée
native et ce n'est que bien des siècles après que la pensée
est venue, toujours pour hommages aux morts et aux dieux
des df'uides, d'élever avec tant d'efforts ces innombrables
monolithes: les grands menhirs, témoins séculaires de l'his­
toire préhistorique.
Ces diminutifs sont en très petit la protection de la sépul­
ture comme les grands menhirs en avant des dolmens; bien
posés, la pointe en haut, en avant de la sépulture, ils sont
loin de la recouvrir et de plus le tumulus les cache; ils ne
sont là que comme les emblèmes de sa prot~ction.

lin plus de la l'orme et de l'endroit où ils ont été trouvés,
leur authenticité n'est pas douteuse; ils portent la patine
séculaire et on voit que les siècles ont passé sur leur taille,
ce qui est bien visible pOUl' le granit.
J'ai déjà dit que les granits, par suite de la terre adhé­
rente, sont très sales quand on les retire d'un point quel­
conque du tumulus et qu'il fallait attendre plusieurs mois de
sèche avant ùe leur ùouner un léger coup de brosse qui
laisse voir la patine donnée par le temps; mais ceux qui
sont relevés au milieu des cendres collées pour ainsi dire
sur tout le pourtour sont encore bien plus sales; ]a couche
dont ils sont couverts est très épaisse et il faudrait un lavage
sérieux pour bien distinguer la forme; je devine, je m'abs­
tiens et j'attends.
Il a été dit par presque tous les auteurs que toutes les
piel'l'eS avaient été emmanchées, c'est une croyance aveugle
qui avait la prétention jadis de me tenir ell échec quand je
parlais des coups de poing; j 'invite ceux qui ne sont pas .
encore convertis à venir voir les séries par centaines où
l'emplaœmeut taillé dans le granit de la poignée pour
l'homme est absolument indiscutable.
Toutes ces pierres à poignée, du premier âge, indiquent
bien clairement que les armes d'attaque et de défense n'é­
taient pas tontes emmanchées et qu'un grand nombre, de
1 formes bien diverses, doit être classé dans les casse-têtes
ou coups de poing tenus à la main.
Après avoir parlé en partie de ce qu'ils contiennent, je
reviens à mes tumulus et à leur inventaire; leurs dimen-
sions, toujours réduites, sont variées comme la forme qui
quelquefois est celle du tumulus, rond et régulier, mais plus
souvent "la tombelle allongée ou l'intermédiaire; les diamè­
tres varient de 6 mètres à 4: mètres et les hauteurs de 1 m. 20
Une seule tombelle différait absolument des autres par sa

forme très allongée: 11 mètres de longueur sur 3 m. 50 de
largeur et 0 m. 75 de hauteur; elle occupait le centre d'un
groupe de tumulus et contenait plusieurs sépultllI'es ; tous
ces tertl'es étaient composés de pierrailles et de terre
mélangées. - -
Dans le premier gL'oupe, composé de quatre tumulus, j'ai
fouillé en plus un petit dolmen bien simple mais tl'ès curieux
de la même époque primitive; la partie supérieure d'une
table inégulière de 2 mètres SUl' 1 mètl'e avec 0 m. ;~J d'épais­
lle élait au rRS de lerl'e, débordant de ton(,es pm'ls~
sem' moyen
deux petits SUppOl'tS ayant moins d'épaisseur que la table et
de moindre largeur, posés sur le sous-sol il la base de la
couche de terre végétale, ce qui ne donnait à l'intérieur du
0 m. 50 de hauteur; les deux autl'es côtés de ce
dolmen que
petit monument étaient fermés par des apports de piereailles
et un peu de terre, le tout rangé sans gl'ande symétrie et
hien ditlérent dans les délails des dolmens des âges posté-
l'leurs.
Ce petit dolmen de la première époque et du début néoli­
thique contenait l'outillag'e en granit; les objets sont donc
les mêmes, et le dolmen comme les tumulus sont bien les
premiers construits après la période quaternaire.
La continuation de mes recherches m'a donné, un peu plus
loin vers l'ouest et toujours sur les landes hordant les fH la 'ses
de la mer, la fouille de dix tumulus groupés, de dimensions
diverses, mais toujours réduites; ce sont bien toujours
comme les autres les premiers tumulus du début de l'àge
néolithique. -
Pour éviter encore les répétitions, je réunirai à la fin de
cet ouvrage la liste de tous les objets que j'ai trouvés dans
ces monuments si nombreux et identiques du même âge. Je
tiens seulement à décrire quelques-uns de ces granits:
1 Un gl'and coup de poing de 0 m. 18 de longueur, pointu
d'un côté, arrondi au gros bout, taillé à deux côtes sur les
, b à04 ~.g
deux l'ë\CeS; c'est tOllt-à-fait le casse-tête, arme à ten il' à là
main, mais c'est aussi la première idée du celtœ qui, plus
tal'ù~ devait avoie un tranchant et dans d'alltl'es pierl'es, que
.le décrirai bientôt, ce tranchant existe, mais natul'ellement..
La nature s'y est prêtée et le reste a été taillé de la main de
l'homme.
2° Un coin teiangulaire en gl'anit, évidemment destiné à
fef}ch'e le bois, pal'eil comme forme à ceux en piene polie
dont se sont servi plus tard les hommes en progl·ès.
;10 U Il ma.illet tl'ès diffél'ent de ceux que j'ai décrits clans
un ouvrage récent et pour la même époque. Je regardais
d'abol'd celui-ci' comme une pièce unique, mais j'en ai tl'OLIVé
d'autres depuis; c'est une pyramide quadrangulaire qui était
pl'ise à la main par sa poi nte et dont la large base servait de
maillet.
[lO Une pointe de flèche ou de lance en ' gl'anit de 4 centi­
mètl'cs de longueur; c'est la pl'emièl'e de ce genre que je
tl'ouve.
5° U Ile petite boule en gl'anit taillé de 0 m. 013 de dia­
mètre; c'est le plus petit fétiche dont .le puisse COllstater le
Lut réel; il était au milieu des cendres et évidemment on ne
pouvait lui attribuer aucun usage.
J 'ai trouvé en plus des maillets à poignée pareils à ceux
que j'ai déjà décrits, des projeetiles allongés à deux pointes,
des pierres à encoches, des fétiches divers et des coups de
poing de toutes formes, les uns arrondis du bout, d'autres
avec pointe, mais tous remarquables par la façon dont ils
étaient taillés pour la bonne mise eu mains; le tout en
granit.
. En continuant sur la déclivité de la montag'ne, près de la
.. _ .. _ mex, j'~i tl'ouvé ensuiLe, en vue les uns des autres, neuf
,,;.";:< "'ltlli11ldu·~: é:t::deu'x tombelles plus gra ndes de 8 mètres de lon-

s de largeur avcc t m. 30 de hauteur, la
.gIlCUI' sur 5 ~nètr

masse, comme . dans les pI'~cédents , composée de terre et
de pierrailles mélangée~.
U ne des tombelles n'offrait rien de particulier; mais
l'autre, qui n'élait qu'à 25 mètres de là, demande une
mention particulière. Elle l'enfermait un petit dolmen inter-
rompu faute de matériaux, dont la plus haute pierre attei­
gnait presque la hauteur de la tombelle: les autres un peu
moins, élevées et toutes posées à 0 m. 15 au-dessous du
niveau supél'ieur de la terre végcltale; ce petit monument
était d'ailleurs entièrement caché par la tombelle.
Cet embryon de dolmen de 0 m. 80 de largeur sur 1 m. 40
de longueur était fermé ft l'est et au sud par 2 monolithes,
au nord par 2 autres monolithes avec un intervalle rempli
par, quelques pienailles et à l'ouest par des pienes amon­
celées; un menhil' de 1 m. 10 de hauteur faisait face au
milieu du côté sud du dolmen. '
demi-hauteur et recouvl~ant les cendres, il y avait un

essai de table couverture bien callée dans le creux formé
par les pierres pel'pendiculail'es et le rudiment du 11H11',
premier essai de la cr'j'pte sous tumulus qui devait devellir
le dolmen; mais la table ne pouvant. recouvl'il' complètement
et dans l'impossibilité d'en tl'ouver une autre ft pl'oximité,
elle avait été taillée avec des outils en piel'l'e sur les faces
necessalres pOUl' pouvOIr entrer.
A 200 mètres sur l'autl'e vel'sant de la montagne et tou­
joUl's prês de la mer, j'ai visité et retourné complètement
un grOlwe de 2 tombelles allongées et de 14 tumulus plus
petits, composés comme les autres de terre et de pierrailles .

A peu de distance, dans une plaine de quatre hectares,
touchant la déclivité vers la mel', j'ai fouillé 18 tumulus et,
en allant vers l'ouest, ,2 dans une seconde lande et 6 dans
une troisième, soit en tout 26 assez rappl'ochés.
J'ai trOlivé là, en plusieurs exemplail'es et à l'intél'ieur des

BULLETlN ARCHÉOL. DU FINISTim~. TOME

SOCIETE ARCHEOLOGI
DU FINrSTERE
Hôtel de Ville

tumulus l des qual'tz percuteurs, choisis avec tranchant
nalUl'el tl'ès étoilé et ayant. servi à tailler les granits.
Dans celte del'nière série, les gl'anits me semblent avoir
une plus grande perfection de taille et de fOI'mes, ce qui me

aux groupes SI
ferait croiee qu'ils sont un peu postér'ieurs
des premières
nombeeux que j'ai déjà dénits et datant
années de l'époque néolithique.

. A un kilomètee de lit et un peu 'plus loin de la mel', j'ai
fouillé trois tombelles placées à 8 mètres rune de l'autre et
dans le mème axe de l'est à l'ouest. A UO mètl'es de là, j'ai
culbuté l'emplacement de plusieur's loges; ces huttes avaient
la foeme de cuvettes allongées de G mètI'es sur 3 mètres; ]e
POlll'tour exhaussé par des amalgames de terre et de petites
pierrailles l'amassées à la sUl'face du sol aux environs.

Au milieu de chaque loge existait un petit foyer composé
de moyennes pienes posées de champ et formant carré de
o Ill. 7::5 de côté SUl' 0 m. 2:> de hauteur en moyenne.
J'ai tL'ouvé là le même outillage en granit et quelques rUI'es
débris de potel' ie t.rès primitives de 1 centimètre 1/2 d'épais-
SeLll'. sans aucune ol'l1ementation. Il me reste à décrire

quelques-uns des objets 011 gl'anit taillé tl'ouvés dans ces
fouilles:
1° Une aeme remur(luuble et tl'ès lourde, avec poig'née d'un
côté et large tl'anchant de l'autl'e.
2° Une pierre rectangulaif'e~ massue de commandement
de 0 m. 30 de longueu,', avec retaille pOUl' la mise en main
ct une aull'c sorte ùe sceptre.
;$0 Un beau coup de poing, al'me de premier ordl'e avcc

gOl'ge cil'cuIaiee au milieu pOUl' la main, marteau d'un côté
et tl'anchant de l'autre. .
.4° Une pointe d'épieu à pédoncule tl'ès prononcé P?lr une
longue entaille de chaque côté.

5° Quelques pointes de flèche en quartz et "en schiste.
Mais je n'en finirai pas; s'il me t'allait décl'il'e toutes ces

ébauches du pl'emiel'Hge. Je me résume en disant le nombre
trouvé avec quelques désignations. J'ai récolté en tout, dans
les rouill.es de Poullan seulement: 352 objets' dont 283 en .
granit taillé; les autres sont des galets de la mer~ des
percuteurs" des rondelles en schiste, un coup de poing' en
qual'tz, elc ...
Les gl'anits sont des:

Pierres de fronde et projectiles allongés.

Pointes d'épieu avec pédoncule.

. Hondelles. ·

. Molettes pour rochf'splal es avec poignées .
Ebauches cIe celtre.

Maillets de formes t.1'ès variées.
Coups de poillg il. poignée'ou fi gorge; d'autres il encoches .

Molettes cIe fOl'mes diverses.

Boulets de piel'l'e .

.Pierres variées , avec pointes, pédoncules et encO'ches . .
Je m'arTête dans la nomenclatul'e pour' dire quelle est la
part de chaque monument dans cet inventaire:
Hors' de Poullan: 5 tumulus, 1 station; 20 ohjets. _. -
pal' fouill e : un peu plus de a .
Moyenne
A Poullan, 2 stone-cist n'on rien donné; mais 71 tumulus,
1 dolmen, 1 station OIlt. foul'ni 352 objets . .. Moyenne: un
peu moins de 5.
Cette moyenne est d'ailleuI's très variable: on trouve sou-

vent 3 objets par monument., quelquefois l'ien et parfois
jusqu'à 8 à tO, et pas toUjOUl'S dans les plus grands tumulus.
En résumé, ce mémoire relate quatre-vingt-une ' fouilles

. . faites en cinq mois, du 15 mars au 15 aoùt 189[1.
Dire que j'y ai consacré" toutes mes journées pendant ce

laps de te!l1ps, ce serait loin d'être exact; j'ai trop d'occl.!pa-

tions. Je fais d'abord rapidement mes explorations avec mes

aides ordiuaires, puis les jours de fouilles sont fixés.
, Mais alors tout le personnclspécial et habituel est sur pîed,

je fais souvent plusieurs fouilles à la fois , promenant de
l'une à l'autre, et, s'il y a tiu nouveau, je suis appelé, certain
d'ailleul's que mes hommes ne, laisseront rien passer; ils sont
rompus à ce métier et je plains ceux qui sont obligés de faire
le même travail avec des hommes d'occasion.

ANNEXE.
Je venais de finir la rédaction de ce mémoil'e lorsque j'ai
fait dans mes bois du Vieux-Châtel la découvel'le d' un autI'e
tumulus à peu près de la même épo'que et construit de la
. mème manièl'e, avec le même genre de mobiliel' fUll él'ail'e,
mais un peu plus gl'and ; 6 m. 50 de diamètre SUI' 1 m. 30' de
hauteul'. J'ajoute de plus que la limite du Vieux-Châtel n'est
qu'à sept kilomètres de Poullan.
Le rite de l'incinél'atioll m'a été prouvé et j'ai tl'ouvé les
éendres sans ur'ne à la Lase ùe l'anfractuosité d'une grosse
roche natul'elle an centl'e du tumulus; tout autoHl',des gl'osses
pielTes assez bien rangées étaient toutes inclinées vers la
sépultul'e; le reste se composait Je pierres moyennes et
petites mêlées de terl'e.
J'ai trouvé là vingt-trois objets:
5 galets de la mel', dont 2 seulement entiers; les aull'es
bl'isés pOUl' servir de gl'attoil's.
1 rondelle en quartz.
16 objets en gl'anit taillé:
1 celtce finement taillé, tl'ès curieux et rappelant absolu-
ment le type des petites haches en silex, lal'ges et plat.es de

Chelles, tl'ouvées sous le diluvium; sa longueur est de
o m. OD, le haut de la cOUl'be du tl'anchant a 0 m. 10 ùe lal'- '-
geul', le bas 0 m. 05, l'épaisseur au centre 0 m. 04 ; le som­
met de la hache, au lieu de se terminer en pointe, a une lal'­
bien régulière de 0 rn. 0/.1:. .
geul'

'1 petite pierré de fronde, projectile allongé.

l gl'os boulet en pierre,
l maillet à manche obtenu
pal' la taille pour l'emplace-
ment de la main.

1 grosse p)Tamide régulière, de .O ID. 22 de hauteur,
n'ayant pas encore sel'vie, mais ft-ès probablement destinre
à l'écrasement des aliments sur les granùes roches plates,
1 grand celtifol'me .
8 coups de poings: ù peu de chose près, pareils, très
g'l'OS fi un bout avec pointe à l'autre extrémité.
1 g'l'ande meule dOI'mante allonO'èe_
2 très petites meules dormantes , peu épaisses etrectan-
gulaires . . 1
Ces meules dormalltes, plate ' et peu à pou creusé~s par
l'usage, sur lesquelles on écrasait avec des molettes tenues
à la main tout ce qui pouvait être utilisé, rappellent les
temps absolument primitifs et une des prrmiè l'es id ées de
l'homme p(\llssé par la nécessité et devenu vite ingé llieu x.
Sa premièl'e nourr-iLure était certainement bien grossière
et il rallait la IH'oyel- dans beaucoup de cas; à celte époque

s i lointaine l'homme a mangé tout ce qu'il a plL les animaux
de toutes sor-tes qu'il n su se procurer, mais aussi des Yégé­
t SOllvent de di"ersf's plantes à sa convenance qu'il écrasait
clltre dellx piel'res d'une fClçon plus ou moins complète.
Tout m'illdique qll e ce del'l1 ie [- tumulus doit être attribué
aux mêm es homm es qlle les pr-(~cédenls et je ré~lIme défini­
tivement ce résultat des l'cchel'ches de mon été de 1894 en
disant:
R2 rOllilles ; ~~f)J ohjets trouvés. ..
Baron BALNA DU FRETAY,
riCf~-Pl'h;i,del1t de fa. Société archéologique dit Finù:tère. Corre",-
. 110ndant dll mini ... lère de l'Instruction publiqlle.
Chàleau du Vieux-Chàlel, par Quéménéren (Finistère',
:J septelll bre t 8U. ').