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Bulletin SAF 1895


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L'armée royale en Bretagne (2ème article)

M. Trévédy

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XII .

L'ARMEE ROYALE EN BRETAGNE

(SUITE).

. Henri IV ne se pressa pas de donner un successeur au
.• maréchal d'Aumont; et, pour le malheur de la Bretagne,
Saint-l .. uc resta seul chargé du commandement pendant
une annee.
N'ayant pas de forces suffisantes, Saint-Luc ne pouvait
tenter de grandes ,entreprises. Au moins voulut-il réprimer
la licence des gens de guerre; et, sollicité par les plaintes .
de Quimpe1' et de Brest, il partit pour la Basse-
venues
Bretagne. Mais: à Brest même, il apprit que le Roi allait le
faire grand-maître de l'artillerie. De ce jour son beau zèle
tomba; et Saint-Luc: indifférent aux intérêts de la province,
songea plus qu'aux siens propres. Désordre des finances,

levées irrégulières de deniers, tout cela serait oublié; mais
la Bretagne ne pardonna pas le crime que Saint-Luc commit
envers elle, lorsquEl, en octobre 1595, maître de La Fonte­
nelle, il lui rendit la liberté pour une « grosse rançon » (L).
Quelques mois plus tard, Saint-Luc (5 septembre 1596),
grand-maÎtl'e de l'artillerie, quittait la Bretagne.
devenu
(1) Moreau, p. 333. D. Taillandier, II. p. 418, dit 14,000 écus., Ce
serait bien peu. '
mois aprè,s, Saint-Luc, honteux peut-être de la liberté vendue
Quelques
à La Fontenelle, s'imagina d'acheter sa soumission au Roi en lUI offrant
le remboursement par le Roi de la rançon payée, le commandement de
l'île Tristan et des côtes voisines, l'abolition. etc. La Fontenelle devait se
rendre au Roi à Rennes, dans six semaines, Rennes 2 ~ avril 15%. Morice,
IIJ, col. 1611-i2. Cette promesse était payée 1Z3J écus. Saiht-L1,Ic ne
négligeait pas même les petits profits.

Le 2 juillet précédent, son beau-frère Charles (II) de Cossé,
Bl'issac et maréchal de France. avait été nommé
comte de

lieutenant général en Bretagne.- Il réunissait les -deux lieu-
génél'alesd'Aumont et de Saint-Luc (1). Disons
tenances
tard il n'eut pas sous son autorité « la
pourt.ant que 'plus
sénéchaussée et évêché de Nantes » qui forma une lieute-
Bance distincle sous le duc de Montbazon (2).
conféœJlces d'Ancenis tenaient toujours, la lassitude
Les
était venue à. tOM.S; et une trève avait été signée jusqu'au
31 . déce,mb-tre et allait être. prolongée. Le m.aréchal ne se
pressa pas de venir en Bret8:gne : il n'entra à Rennes que
le 25 octobl'e (3).
Bl'issac était un habile homme (4). Il avait
Le comte de
d'abord sel'vi le Hoî ; puis il s'était jeté dans la Ligue. Chose
curieuse, son litre de beau-fl'ère de Saint-L-uc si notoirement

dévoué au Roi ne hli avait pas aliéné la confiance des Seize,
En 1593, Mayenne nomma Brissac gouverneur de Paris que
le Hoî allait assiéger. Au lieu de défendre la place, le gou­
verneur ll'Ouva plus facile et plus avantageux · de la vendre;
d'accord avec Saint-Luc, il prit ses dispositions en consé-
quence ; et, le 22 mal'S 1594, Henri IV entrant dans la capi­
tale persiue depuis cinq années embrassait Brissac en l'ap-
pelant .\1onsieur le maréchal .

(1) Moriée, pr, II J. col. 16't:l":'14, Il y a deux nQminations : celle du 2
. juillet (Abbeville, en remplacement. de d'Aumont, et celle du 5 septembre
'(Monceaux), en remplacement de Saint-Luc. Enreg. 17 octobre 15!)::;
(impl'imé 'Par erreur 1j9!) ~ .
(!) Het'cule de Rohan, 3° fils de Louis VI, prInce de Guémené. Apl'ès la
mort de son frèt'e aîné, le roi Hent'i IV ct'éa de nouveau en sa favenr le duché
de Montbazon (mars .159'1.'. Le duc devint grand veneur, il porta
pairie
un des honneurs au convoi de Henri IV, et mourUt à 86 ans, en IG;:,L
(3) D. Morice, II, 455.
(4) La notice sur Charles Il de Cossé est ' très incomplète dans le P.
Anselme que copient Moréri et la Chesnaye des ' Bois. JI n'est même pas
de sa lieutenance générale en Bretagne!
question

A peine d'Aumont avait-il fermé les yeux 'que les Etats.
méconnaissant, semble-t-il, le plan du. maréchal, -et impatients
du (( joug espagnol» reviennent à leur ancienne tactique ':
opposer un secours Anglais aux Espagnols de Mercœur.
Oublient-ils donc que la Reine n'enverra d'Anglais :que si
Morlaix leur est livré? .. La Reine refQse le secours (1 ). Le

maréchal de Brissac est de- ravis des Etats:' il !tri faut des

Anglais!

Quelle différence de vues entre d'Aumont et Brissac! En

159[1: èt 1595, d'Aumont est en pleine guerre; et sans les
Anglais il ne peut chassel' les Espagnols. Mais à la pré­
sence et au secours des Anglais il préfère 1a discipli ne de
l'armée et l'intégrité de la Bretagne. Il impose à ces rapaces
auxiliaires la discipline rigoureuse qu'il obtient de ses
troupes. Quand Quimper oppose une résistance inattendue,
les officiers anglais proposent l'escalade au prix du pillage:
le mal'échalles repousse d'un mot: cc Le Roi n'a que faire de
villes ruiriées (2). » Plus tard il s'oppose par la force à leurs
déprédations; enfin, aux derniers jours, quand le Roi, pour
dégager la parole donnée par lf~ -prince de Dombes, veut ·
leur remettl'e Morlaix~ d'Aumont oppose à la volonté du Boi
une courageuse inertie. Sa résolution est prise: les Anglais
partiront; mais ils n'auront pas Morlaix; et les Espagnols
partiront à leur tour, sans qu'il soit beso'n d'Anglais: il ne
s'agit que de savoir attendre.
Au .contraire, à la fin de 1597, la pal,tie de
Mercœur est
perdue. Le duc de Mayenne a fait sa paix le Roi
avec

( 1) Mor i ce II, p. 4',0.
('2) Moreau, p. '2'20.
(3) On peut voir aux preuves de D. Morice la preuve de sa généreuse
obstination à créer des obstacles à l'exécution de la promesse éloul'd ie de
Dombes et à la volonté bien arrêtée de Henri IV. Morice, tG ! 3- 1(.15.

dès le mois qe janvier 1506. Mercœur, enfermé dans
le Na.ntais; est coupé de Dinan, de Vannes, de Blavet.
d'Espagne en guerre déclarée avec la France ne
Le roi
songe plus qu'à ses propres affaires. Mercœur en est informé
par son envoyé à Madrid. Quand il appelle à Clisson les
Espagnols de Blavet: ceux-ci allèguent la défense du Roi
de Cl'anchir la J ,~ire (t). Ils se seraient présentés aux
pOl'tes de Nantes, qu'ils les atiraierit trouvées closes, et les
bourgeois, 1igueurs pourtant, rangés en armes sur les murs.
Ceux-ci ont déclaré à Mercœur qu'ils mourront plutôt que de

voir les Espagnols chez eux! (2)
Mercœur ne cherche qu'à gagner du temps; ·il n'a plus
d'espoir que clans la mort de Henri IV, qui combattant sans
cesse s'ext)()seau péril comme un simple soldat.
Et c'est dans cette situation que Brissac importunait le
pour obtenir un secours anglais; il osait écrire: « Si les
Hoi
« ennemis ont des Espagnols, il faut que Votre Majesté ayt
( Jeux mille Anglais en cette province, ensemble des poul­
~ elres, baIes et artillerie, à quoy elle pourvoira, s'il lui
« plaist» (3). Et il sait que les Anglais ne donnent
rien pour rien, et qu'ils se vantent de leur avidité: le
d'Essex n'osait-il pas écrire à un agent de Henri IV :
comte
« Qlle d'autres donnent, "nous nous vendons! Ils imitent

Dieu, 1I0US imitons les usuriers » (4).
Henri IV laissa dire Brissac. Le 25 septembre, il reprit
Amiens sur les Espa'gnols; et, au lieu d'une ambassade .à la
reine d'Augleterre, il envoya Montmartin à Nantes pour dire
à Mercœur que ( dans huit jours il verrait le Roi avec son

(1) Septembre 159j .
('2) Monlmartin, p. CCCXV. Après la surprise d'Amiens, 11 mars 1597,
les Espagnols avaient demandé Nantes.
(3) Lettre du '25 août 1507. Documents SUl' la Ligue, XJV, p. '225.
(1) Lettre à Antonio Perez, ministre disgracié de Philippe II. Cit. de
Mignel. Philippe 1/ ct Antowo Perez, p. ~H1.

armée aux portes de Nantes, et que la ville ne tiendrait pas
quatre jours devant ses canons bien servis. »
Le résultat de l'ambassade fut que Mercœur consentit à
une trève que la veille il repoussait dédaigneusement. '
Quelques mois plus tard, les bourgéois de Dinan se sai­
sissaient de leur ville; ils appelàient le maréchal de Brissac
qui vint recevoir la soumission du château" le 13 février
allait reconnaître Cesson, puis se
1598; et,Ie mois suivant,il
à l'assiéger. Le château de Dinan avait tenu dix
décidait
, jours. Cesson avec ,ses fortifications nouvelles tint plus
• longtemps : nous ne savons pas la date exacte de la sou­
mission; il semble probable que le gouverneilr Christophe
de Sesmaisons, fidèle ami de Mercœur: ne se rendit qu'à
la nouvelle de la paix générale signée à Angers, le 20

mars (1). "
Un des articles du traité portait que les Espagnols éva­ •
cuant Blavet s'embarqueraient aussitôt. Grâce au maréchal
d'Aumont, le Roi n'avait pas à repl>endre Morlaix sur les
Anglais; et la Bretagne était enfin délivrée des étrange'rs.
traité de paix avait assuré le mariage de César, duc de
Vendôme, fils de Gabrielle d'Estrées, légitimé en 1595, avec
la fiUé du duc de Mercœur, héritière de Penthièvre. Dans un
article secret il fut convenu que le Roi donnerait à Vendôrt1e
le gouvernement de la Bretagne. C'était la continuation de la
faute commise par Henri III, quand il nomma Mercœur
gouverneur. Mercœur sous l'impulsion de sa femme avait
tenté de se faire un duché de Bretagne; Vendôme, soüs
sa belle-mère, aura la même ambition.
l'impulsion de
trois ans seulement. Le gouverne­
Mais, en 1598, il avait
ment dont il allait avoir le titre fut exercé par le maréchal de
Brissac (2). ,"

(1) SlIr le siège de Cesson, la dernière place qui ait tenu pour Merèœür,
voir la l'our de Cessun, p. 73 et surtout AlÜtition p. 95.
('2) Vendôme apparaît comme gouverneur dans les actes du temps:
Exemple: 20 mars 1598. Moriee III, 1657.

Maintenant étudions un second état des armées royales
en Bretagne et comp'arons-le à l'état de 1595:Ce second état
est signé du roi Louis XIII et daté du 28 décembre 1610~
La copie que j'ai sous les ' yeux est malh.eureuseinent
incomplète (1), Il y manque les deux premières pag'es.
,Ces pages ne pouvaient comprendre que les énon-
ciations relatives à Nantes, puisque la .première page
de la copie commence à Pirmil qui fait partie de Nantes .
tes mentions qui nous font défaut portaient des ehiffres
l'état monte à 83,389
assez considérables :' la somme de
livres; la somme des ~hifTres que nous pouvons relever
ég.ale seulement 68,083 livres: différence en moins 15,306.
Cette somme qui fait plus du einquième de la 'somme totale
l'état représente les dépenses affectées à la place de
Nantes, solde du gouverneur, de son lieutenant et de la
garnison (2); mais ne nous indique pas le chiffre de' cette
dernière dépense pour l'année. Vous allez voir pourquoi.
Le Roi ne compte plus par écus, comme d'Aumont en
par livres. Mais n'allez pas conclure de là '
1595, il compte
la eomptabilité militaire soit en
que, depuis cette date,

progrès. C'est le contraire qui est vrai: en 1595, le maré-
chal d'Aumont et le trésorier Miron réglaient les dépenses .
par mois. Quinze ans plus tard, ces dépenses sont réglées,
tantôt' par douze, tantôt par six, le plus souvent par deux
mois. E,n sorte que le paiement des soldes et appointements
1611 est assuré aux uns pour l'année entière, aux
de l'année
(l) Cette copie fait partie du. cabinet de M. Raison
du Cleuziou, Sainl-
. Brieuc.
(?) Mais non la so.lde du lieutenant . génét'al que. nous trouvons p plus loin. •. ,;. ; . '

autres pour six mois, à la plu_ part pour deux mois seule­
ment. Pour établir une comparaispn avec le compte de 1595,
nous calculerons les soldes et appointements pal' mois.

L'état donne l'organisation militaire de la Bretagne. Il
nous montl'e la province partagée , en deux lieutenances
. générales ': celle de Nantes au duc de Montbazon,. celle de
Rennes au maréchal de Bl'issac .
La lieutenance générale de N<;lntes, ne comprenant que le
comté ou évêché de Nantes, G'est-à~dire le département
actuel de la Loire-Inférieure (1), ne comportait pas de
subdivision. .
La lieutenance génél'ale de Rennes, comprenant le~nlUit- "
autres évêchés, était partagée en deux lieutenances:
Le comte. de Vertus, gouverneur de Rennes, éta,it lieute-
nant de Roi aux évêchés de Rennes, Dol, Saint-Malo et

Vannes.
Soul'déac, marquis d'Ouessant, gouverneur de Brest, avait
dans sa lieutenance les évêchés de Léon, Cornouaille, Tré-
guier et Saint-Brieuc.
Nous avons vu en 1595 une troisième' lieutenance de Roi
comprenant Saint-Malo, Dol, Vannes et Na9tes. Nantes for-
mant désormais, une lieutenance à part, Saint-Malo, Dol et
. Vannes furent rattachés à Rennes. .'
Ce nouveau partage eut un inconvénient qu'on ne: sut
pas faire disparaître et que voici : Vannes, un des quatre
évêchés bretons, était réuni à trois évêchés de Haute­
Bretagne; au contraire, Saint-Brieuc compté parmi les

(1) Plus lél rive droite de la Vilaine, de son embouchure à Théhillac,
aujourd'hui canton de la Roche-Bel'l1ard (Morbihan;, et Fougeray, au-
jourd'hui d'Ille-et-Vilaine; · et moins une pointe vers Fercé, au nord de
Châteaubl'iani, qui était de l'évêché de Rennes. '

évêchés trahçais était rattaché à la Basse-Bretagne. Or,
en ce qui concerne les montres et la trésorerie, c'est-à-
dire l'adrrHnistratÎon, la province restàit partagée en Haute
• et Basse; en . sorte que le lieutenant de Rennes avait
aflaire au trésorier de Basse-Bretagne pour Vannes, et que
le lieutenant de Brest était en rapport avec le trésorier de
Haute-Bretagne, en cè qui concernait · Saint-Brieuc; Cet
enehevêlrement ne devait pas simplifier le service.
Si, comme nous le supposons, les deux pages ' qui man-

quent à notre copie devaient concerner seulement Nantes,
l'état ne mentionnait plus que seize places (y compris Nantes)
àyant garnison.
Mais on peut relever urie omission: c'est en ce qui con­
cerne Quimper qui avait à cettè époque un gouverneur (1).
J'ajoute donc sans scrupule le nom de Quimper à l'état. De
ces dix-sept places treize seulement avaient un. gouverneur,
et trois en y comprenant Nantes un lieutenant en titre (2).
Voici la liste de ces plàces avec les noms des gouverneurs
et lieutenants :
Gouverneurs Lieutenants.
Nantes
Montmartin
Pirmil De La Hel' (?).
comte de Vertus
Rennes Lombard.
de Blérencourt
Fougères
de Coetquen
Saint-Malo
baron de Molac
Dinan
de La Ramillière
Dol
d'Aradon
Vannes
Talhouet
Redon

(1) Quimper a eu constamll?ent, un gouverneur. En !(jIO, c'était Jean de
Carné,' baron tle Blaison, pounu le tt 'janvier de celte année .
('2) L'état ne mentionne pas de lieutenant à Brest, fiien que Sourdéac,
gouverneur, fût lieutenant du Roi. .

Coetnisan
Morlaix
~{ls d'Ouessant
Brest
de Lezonnet
Concarneau
Quimpel' Jean de Carné
gouver-
Lamballe, Moncontour, Bréhat èt Guingamp, sans
neur.

, L'Etat de 1595' nous a montré en Bretagne une armée de
7,313 hommes. En 1610, ce chiffre va nous apparaître consi-
dérablement réduit. Nous ne connaissons pas le chiffre de la
garnison de Nantes; et nous mentionnerons seulement celui
de la garnison de Pirmil et de celles des huit évêchés, c'est- -
. à-dire à peu près des quatre départements actuels d'Ille-et­
Vilaine,- Côtes-du-Nord, Finistère et Morbihan. Le tot.al est
de deux cent soixante-trois hommes. J'écris en toutes lettres .
de peur que le lecteur voyant le nombre écrit en chiffres ne
soupçonne une coquille. Deux cent soixante-trois hommes
en comptant depuis les deux lieutenants généraùx jusqu'au
moindre arquebusier!
D'autre part, au lieu de salades, chevau-légers, arquebu­
siel's, à cheval et , à pied, il n'y ~ plus en Bretagne que des
hommes de guerre à pied, arquebusiers ou hallebardiers
avec quelqlLes suisses. N'y ayant pas de régiment, il n'y
mestre de camp; nous trouvons seulement deux
a pas de
capitaines, un à Saint-Malo, un à Brest; les autres gar-
nisons sont commandées par ün sergent, sous l'autorité
du gouverneur dans ]a plupart des places, et son propre chef
dans quatre: Lamballe, Moncontour, Bréhat et Guingamp.
Voici du reste la distribution des hommes de gu~rre ' entre
Pirmil et les quinze places des' huit év~chés .. : .
BULLETIN ARClIÉOL. DU FINISTÈRE. TOMB XXII. (

Pirmil,
5 hommes plus nn sergent.
Saint-Malo,
50 hommes à pied, cap ... .
Brest,
30 hommes, cap. de Bonnault .
. 20 suisses, sous un sergent (1 ).
Morlaix,
24 hommes, sous un sergent.
Dol,
21, sous un sergent . .
Concarneau,
20, sous un sergent.
Dinan,
15, sous un sergent.
Fougères,
15, sous un sergent .
Bréhat,
15, sous un sergent.
Moncontour,
10, sous un sergent.
Vannes,
4, sous un sergent.
Lamballe,
4, sous un sergent.
Guingamp,
4, sous un sergent.
Rennes,
6 hallebardi~rs.

Redon,

Quimper,

2' canonniers.
En outre

Ajoutez les deux lieutenant~ généraux et seize gouverneurs
ou lieutenants de place, nous arr;vons au chiffre total de 263
hommes.
Si maintenant nous retranchons Nantes, Pirmil, les deux
canonniers nommés avant la garnison de Pirmil, c'est-à-dire
14 hommes, il ne restera plus pour les huit évêchés formant
aujourd'hui la Bretagne moins la Loire-Inférieure que 249
(1) En 1",9:;, il y avait à Brest: la le régiment du baron de Bourgle­
veSClue, de 8 compagnies " de . gens de pied, de 50 hommes chacune, -'luO
hommes; 50 snlacles du sr de Sourdéac; ;)0 50 arquebusiers à cheval;
4') 33 chevau-légers; 50 les ~O suis3es que nous avons mentionnés (p. 125),
en tout 58:3 hommes. D. Morice (Pr. III. col. 1 (j.J.:;) a donné le rôle de la
compagnie de salades de Sourcléac, passée en rèvue devant le chàleau de
Brest, le 1.8 avril 159,). La compagnie est composée presque uniquement
de gentilshommes bretons.

hommes, savoir: le lieutenant général, deux lieutenants du
Roi, en même temps gouverneurs de Rennes et Bl'est, le
lieutenant de Rennes et neuf gouverneurs de place, plus 236
hommes de garnison. .
Tl'ois gouverneurs de places ont une situation particulière:
ce sont ceux de Rennes, Redon et Quimper. Le comte de
Vertus O'ouverneur de Rennes et lieutenant du Roi, n'a sous
sa main qu'un seul homme de guerre de l'armée royale:
c'est son lieutenant! Les six hallebaraiers que nous trouvons
à Rennes sont « ordonnez pOUl' assister à l'ouverture et fer-
portes de la ville. »
meture des
Quant au gouverneur de Redon, sieur de Talhouet, il n'a
pas un seul homme dans une place où son père, gouverneur
avant lui, avait entretenu jusqu'à mille hommes de guerre (1).
De même semble-t-il être du gouverneur de Quimper (2).
Ainsi en .regard du chiffre de 7,313 hommes en 1595, nous
ne trouvons plus en 1610, dans la Bretagne entière moins
l'évêché de Nantes, que 249 hommes de guerre en comptant
du maréchal lieutenant général du Roi jusqu'au dernier
hallebardier. Qu'est-ce à dire? que le Roi n'a plus d'armée
en Bl'etagne.

Tel était en efl'et le régime nouveau. Nous avons vu en
1595 l'importante place de Saint-Malo n'ayant pas de garni­
son; et nous avons dit que le Roi en recevant la soumission
de la ville avait déclaré qu'il n'y voulait « autre garnison que
la bonne volonté et affectio'n des habitants (3) ». Il fallait
(1) Quand Talhouel rendit la plaee au maréchal d'Aumont, il rendit en
mème temps une gurnison de mille hommes et 400 chevaux. Rosnyvinen
de Pil'é II, UO. Ci-:lessus p. 13'. ' .' - . ..
(2) Ici pas de certitude, puisqu'e Quimper ne figure pas sur l'état.
(3) Edit de capitulation. Octobre Ij9\' Ci-dessus p. 122, note .~ •

pourtant bien que la ville fût gardée par des hommes armés .
Ce fut le devoir de la milic~ bour.geoise.
En 1610, au' contraire, Saint-Malo est avec Brest la se~le
ville .de Bretagne qui ait une compagni.e d'hommes de guerre
commandée par un capitaine; mais les cinquante arquebu~
siers de Saint-Malo, les trente arquebusiers et les vi ngt
suisses de Brest ne suffiraient pas à garriir les remparts .
Le Roi compte , sur les milices bourgeoises qui se chargent
de la garde de leurs villes sous le commandement des gou.
verneurs .
disons de Saint-Malo et de Brest est encore
Ce que nous
plus vrai des autres places où .Ies hommes de guerre sont
commandés par un sergent, qu'elles aient ou non un gou­
verneur. Ce n'est pas 16 hommes qui défendraient la vaste
enceinte de Dinan .
Quant à la ville de Rennes, siège du parlement (1), eJle
n'a pas un seul homme de garnison; car ce ne sont pas des
hommes de guerre que ces six hallebardiers, ordonnés pOUl'
assister à l'ouverture et fermeture des portes », c'est-à-dire
pour ouvrir e~ fermer les portes de la ville (2). Ces hallebar-
diers sont des portlers, ou, comme on disait alors, des
geoliers, et la vraie garnison de la ville ce sont les com-
pagnies de la milice bourgeoise, dites cinquantaines . . Un
rôle de 1568 (antérieur de près d'un demi-siècle à l'état
que nous étudions) , nous apprend que la milice de la
(1) On sait, qu'après de longs débats entre Rennes et Nantes, un arrêt
du conseil, du 2 mars 1580, avait attribué le parlement à Rennes.
(l) Le plan dressé en 1 nG, après l'incendie de Rennes, figure et numé­
rote neuf portes, sa voit' : 1° Mordela ise (l'OU te de Brest et Vannes); '2"
Saint-Michel: 3° aux Foulons; !jo Saint-François (vers le nord); 5° Saint~
Geol'ges (route de Paris) ; 0° Blanche ou Saint-ThOmas (vers Châteaubriant);
7° de Toussaints, vers Nantes par Bain et vers Redon. Les 8° et 9° pOI'tes,
dites du Champ-Dolent et Saint-Yves, donnaient sur la rivière servant de
fossés et étaient plu'tôt des polernes. . . . ! .
Le même plan dessine U tours en ne comptant que pour une les tours
jumelles des portes Mordelaise, Saint-Georges, Blanche et de Tous~aints.

ville close formait à cette époque 20 cinquantaines compre­
nant chacune, avec les officiers, cinquante-six hommes, soit
en tout 1,120 hornmes; les fauxbourgs fournissaient six autres
cinquantaines, ou 336 hommes. La milice de Rennes était en
tout de 1,456 hommes (1). ""
n y a quelques années, nombre de villes pour obtenIr des
o'arnisons allaient au devant des demandes de l'Etat, et
offraient à qui mieux des sacrifices d'argent hors de propor-
tion (les contribuables l'ont bien vu) avec le profit que les
finances municipales pouvaient raisonnablement espérer de
la présence d'un corps de troupe.
Au commencement du XVIIe siècle, après la " paix enfin
bourgeois des villes bretonnes firent autrement:
assurée, les
il leur sembla plus économique de s'épargner les garnisons

et de se garder eux-mêmes, et ils offrirent leurs milices.
Le Roi accepta ces arl'angements. Après la paix si vive­
ment désirée par la Bretagne, Henri IV crut pouvoir compter
sur la fidélité, et, comme il disait, l'affection des Bretons, et
il ne se trompait pas. La preuve, Vendôme va la fournir.
Quelques années plus tard, à force de larg~sses, il débau­
chera quelques officiers; mais il perdra son argent et sa
peine; ses intrigu" es échoueront misérablement; et, après
sa tardive arrestation, les Etats, pour assurer enfin le repos
de la province, supplieront le Roi de « ne leur donner aucun
gouverneur qui ait prétention sur la Bretagne (2) ». .
Voici maintenant la solde mensuelle de tous ceux qui sont
dénommés à l'état, depuis le maréchal jusqu'aux hallebar­
diers de Rennes:

(1 ) Ogée. Vo R.ennes, II, p. 53'2.

Cl) JJercw'e français, XU. 318 et suiv.

Maréchal de Brissac, comme maréchal. 18631: 13 s. 4 d . (1)
Comme lieutenant général. .. 300 livres .
Duc de Montbazon, lieut. gén. 300 livres.
Les lieutenants du Roi. . . " 200 livres .
. Les gouverneurs. . . . . . .. 100 livres.
Les lieutenants. . . . . . . .. 50 livres et 30 livres .
Capitaine. . . . . . . . . . .. 106 livres et 100 livres.
Lieutenant. . . . . . . . . .. 56 livres.
E nsei gne . ' . . . . . . . . . . . 50 livres.
Major. . . '. . . . -. . . . . . .
37 livres.
Sergent. . . . . . . . . . . . .
25 livres.
Caporal. . . . . . . . . . . . :
20 livres.
16 livres.
Lansquenet. . . .. . . . . . .
12 livres.
Fourrier . . . . . . . . . . . .
Tambour ........... . 12 livres.
Fifre.. . . .. . . . . . . . . . .
12 livres.
Soldat.. . . . . . . . . . . . . 12 livres.

Halleba rdier -. . . . . . . . . .
12 livl'es.
Suisses:
livres .
Sergent. .. . . . ' . ' . . . . . . 30
Soldat. . . . . . . . . . . . . 12 livres.
Enfin, en Bl'etagne il n'y a que deux hommes ayant le
titre de canonnier: chacun J'eux est payé 20 livres .

Nous avons dit que, au point de vue de l'administl'ation
militaire, la Bretagne était partagée en Haute et Basse. Voici
comment l'administration est composée dans chacune de ces
divisions:
« Un commissaire ét un contrôleur des guerre qui font
les montres et les revues, »)
(1) Le maréchal touche en outre 10,000 livres pal' an, mais sur 1'';Jwrgne
(trésor central), et cette somme n'est pas comprise· à l'état que nous

étudions. .

Un contrôleur provincial,

Deux tresOflers provlllClaux .

deux contrôleurs des .
Ainsi en tout deux commissaires,

et quatre tresorlers
guerres, deux' contrôleurs provinciaux

provlllClaux. -
Auprès de ces officiers et apparemment au-dessus d'eux
puisqu'il paraît exercer une surveillance, l'état nous' montre
{( un commissaire ordinaire des guerl'es ordonné pour
Q[ demeUl'er en la province et gouvernement de Bretaigne, et
« avoir l'œil sur les monstres qui se feront des gens de
« guerre estans au dit gouvernement et en retirer les ex-­
« traicts. il. Cet officier exerce ses fonctions dans la Bre­
tagne entière (1).
en état de guerre, l'administration militaire se
composait ainsi: un commissaire, un contrôleur des guerres,
chargé des montres et revues, un trésorier général, un
contrôleur provincial et deux trésoriers provinciaux, en tout
six officiers (2). En 1610, ce personnel est presque dédoublé,
, 0; Le sieur Goddes. Il remplissait des fonctions analogues ou les mêmes
dès le 23 décembre 1596. Morice, Pro III, col. 16i3.
('2) J'ai omis, p. 126-127, les trésoders provinciaux qui ne figurent pas
du 16 févriel' 1595, signé du maréchal d'Aumont; mais dans
dans l'état
une note à la suite du nom de Fougeray, et ainsi conçue: II. Au dit pré-
« sent état ne sont compl'ins les gages des deux trésoriers provinciaux de
« l'exercice des guerres qui monte (sic) par an à 1300 escuz. » 1300 écus
ou 3900 livres, soit par mois 350 livres. Fougeray fut pris en juin ou _
juillet 1595; la note est donc postérieure à ceLLe date.
On ne peut. supposer une omission par inadvertance à l'état du 16 fé­
vrier ; et il est plus que probable que les trésoriers pt'ovinciaux ont été
créés entre cette date et la date de la note.
Dèsleul' création, ils o'nt dû être portés au budget provincial, parce
qu'ils ont été créés sur le vœu des Etats et dans l'intérêt des finances de
la province. Les États voulaient enfin voir clair (s'il était possible) dans
des finances. On peut voir sur ce point leurs débats avec
l'administration
Ssint-Luc aux Etats ouverls à Rennes, le 20 novembre 1595. Des levées
étaient faites sans l'autorisation des Etats, et ceux-ci ne pouvaient (btenir
aucun compte exact ni de l'armée, ni des dcniet:s levés pour son entretien.
Ils menacèrent de suspendre toute levée et n'en accordèrent une qu'à la
condition que des commissaires nommés parmi eux et par eux entreraient
aux conseils des finances, comme surveillants (D. Morice, II, p. 448-419.)

commé nous .Yenons de le voir: onze officiers en temps de
paix avec des garnisons réduites à rien, tandis que six
avaient suffi en temps de guerre quand l'armée comptait
plus de 7,000 hommes. /
la solde affectée à chacun dè ces onze officiers: on
Voici
verra que même au même grade la solde est différente.
Commissaire ordinaire des guerres. 100 li vres.
Commissaire. . . . . . . . .. . . .. 40 "
Contrôleur. . . . .' . . . . . . . .. 30
Contrôleurs provinciaux. . . . . .. 100 et 50 livres.
Trésoriers provinciaux .. ' . . . . .. 200 et 125 livres.
Les sommes de 100 et 50 livres attribuées aux contrôleurs
provinciaux de Haute et Basse-Bretagne comprennent la
solde proprement dite et un droit dit regrat fixé apparem-
ment par abonnement.
Aux sommes 200, 125 livres, soldes des' trésoriers provin-
ciaux, il faut ajouter le droit (( de maniement de fonds à rai-
SO!l de neuf sous par écu ». L'état établit ce droit de l'année
pour la Haute-Bretagne à 440 livres 2 sols; pOUl' la Basse à
561 livres 5 sols 6 deniers, soit pour un mois en Haute-Bre­
tagne 36 livres, et en Basse-Bretagne 46 livres.
On voit qu'en multipliant les offices on a diminué les
émoluments: les six officiers de 1595 coûtaient par an 25,978 .
livres; les onze. officiers de 1610 ne coûtent que 13,380 livres
par an, à peu près la moitié moins. Spécialement le tl'ésorier
général et les deux trésoriers provinciaux de 1595 recevaien~
entre eux 18,300 livres par an ; le trésorier général ne figure
plus au budget et les quatre trésoriers provinciaux de 1610.
ne reçoivent plus de traitement fixe que 8,700 livres: diffé­
rence 9,600 (1). C'est justice: il leur passe, heureusement
pour la Bretagne, beaucoup moins d'argent par les mains.
(1) De plus en Haute et en Basse-Bretagne, un des deux trésoriers pro­
vinciaux' sous Je titre de « trésorier de l'exercice des guerres de Haute .....
de Basse-Bretagne. reçoit des taxations pour maniement de deniers. » La

De tous les 'chiITres fractionnaires énoncés à l'état on peut '
déduire une dépense mensuelle de 8,374 livres, soit pour
l'année ou douze mois une dépense totale de 100,488 livres,
chiITre inférieur au chitfl'e réel, la dépense de 'la garnison

et du gouvernement de Nantes n'y étant pas comprise.

Comme on le voit, nous sommes loin du budget de 1595 :
1,278,043 livres. La différence en moins est de 1,177,555
livres, La dépense pour les huit évêchés n'est pas du dou­
ziérrie de celle de 1595,
Encore, avec les chiffres posés, la compal'aison des deux
budgets n'est-elle pas tout à fait exacte et ces chiffres doi­
êtl'e rectifiés,
vent

En effet, l'état de 1595 ne comprj:lnd pas les soldes des
lieutenants généraux et des lieutenants du Roi qui figurent
dans l'état de 1610, Il nous faut donc les retrancher du
chiffl'e des dépenses mensuelles de cette année,
Du chiffre de 8374 livres nous avons à déduire 2863 livres,
reste 5511, et pOUl' les dOllze mois de l'année 66, 132 livres (1).
Cette,dépense était-elle à la charge de la province, comme
celle de 964,500 livres que nous avons vue imposée en 1595 ?
C'est ce qui n'est pas douteux,
le voit, la province payant quatre trésoriers provin­
ciaux ne payait plus l~ trésorier général; mais elle payait
les lieutenants du Roi qui ne figuraient pas au budget de
1595. La Bretagne a d'autres critiques à faire au budget,
Ainsi pourquoi a-t-elle en temps de paix deux lieutenants
taxation en Haute-Bretagne est de 440 livres 'l. sols pour la somme de
'l.1,'WO livres; et en Basse de 5tH livres.) sols pout' 4~,gu-Z livres. Ces deux
chitTres donnent iü,102 livres. Ces taxations ne peuvent se rapporter qu'à
passé par les mains du trésol'ier dans l'exercice précédent;
l'argent qui a
j~ ne les compte pas au budget de loii.
c'est pourquoi
(1) (( Il Y aura lieu de faire état au prochain exercice des taxations des
trésoriers à raison du mouvement des fonds. »

généraux quand un seul sufiisait autrefo:s en temps de
guerre (1) ? Pourquoi aujourd'hui est-elle chargée de leur
solJe (7200 livres) ? Pourquoi surtout paie-t-elle la somme
ùe 22,000 livres à l'un d'eux comme maréchal de France?
. Retranchez ces dépenses nouvelle~ent inscrites au compte
de la province :
livres aux deux lieutenants du Roi, ,

7,200 livres aux deux lieutenants généraux,
22,000 livres au maréchal, \
C'est une somme de 34,000 livres dont le budget sera
allégé; et la -charge de la province ne sera plus que . de
49,389 livres!

XII.

Les Etats de Bretagne n'étaient
pas faciles à satisfaire,
Quand on lit leurs délibérations, on
s'étonne souvent de la
libel'té de leurs remontrances au Roi; et nos conseils élec-
tirs d'aujolll'd'hui scandaliseraient fort s'ils se permettaient
(mais cela n'est p'as ù craindre) une oppo~ition imitée de celle
des Et.ats de Bl'etagne.
La Bretagne avait obtenu la réduction presque à rien de
l'ar'mée royale dans la province, Mais l'absence de troupes
eut un inconvénient: les bourgeois des milices gardaient les
villes en se gardant eux-mêmes; mais les châteaux apparte­
nant au Roi ou à des seigneurs n'étaient pas gardés d'une
manièl'e suffisante, Ils pouvaient être surpris par des pillards
imitateurs de du Liscoël, La Tl'emblaye, La Magnanne, sur-
tout La Fontenelle (2), Ceux-ci sortant de ces repaires pou-
(1 ) Avant la double nomination de d'Aumont et Saint-Luc (t."J9l),
. (n C'est ainsi que, depuis la paix, le château de Corlay appartenant au
prince de Guémené fut surpris deux fois: le 14 novembre 159R, par un
le R janvier 1616 par douze ou quinze
,gentilhomme et quelques paysans; et
hommes de guerre, Le château avait « une garnison d'un seul homme,
le geolier », Extrait d'une enquête dressée en février liit7 sur les titres
d'Abel Gouyquet, sieur de Trédaniel, en même temps capitaine et séné-

vaient, ravager le . pays . et troubler la paix. C'est pourquoi
les états, reprenant les.remontrances qu'ils avaient faites au
Roi pendant la guerre (1), allaient sans se lasser, demander
le démantèlement et la ruine des fOI'teresses.
Le Roi lut-même avait comme donné le signal de ces
réclamations. A la première nouvelle de la prise de Cesson,
il ordonna ·la destruction non seulement des fortifications
par Mercœur selon · la mode nouvelle; mais du
. élevées
construit pal' le duc Jean IV (2). .
donjon
Mais remarquons-le, les États ne pouvaient demander et
le Roi ne pouvait accorder que la démolition des places du
Hoi ou les fortifications sueajoutées sans per!llission du Roi .
aux places existant en vertu d'autorisations régulières de nos
ducs ou du Roi. .
. C'est dans ces limites que se produisirent les demandes

des Etats.
Dès le mois de mai 1598, le Hoi étant à Nantes, reçut
Ulle requête des Etats demandant le démantèlement de
la tour de Pirmil appaetenant au Roi, et d'autres forteresses,
notamment celle de l'île Tristan, désignée sous le nom de
Doual'nenez, que la Fontenelle avait édifiée et qu'il était
cens~ tenir pour le Roi. '. .
paraît pas que la requête ait été âccol'dée en ce qui
Il ne
concerne Pirmil, puisque, en · 1610, le Hoi y entretenait
gouverneul' et garnison. Le Roi n'accorda pas non plus la
chal de Corlay. (ft rch. des Côtes-du-Nord, Corlay'. Pour plus de détails
voil' mon mémoire A propos du château de R'.lnrollet Revue de l'Ouest,
1888. Nous avons vu un mestre de CaIPP (colonel ), nommé de la Croix
ft fort tm:1Ve et courageux, et qui a toujours bien servi le Roi. (Mont­
martin CCCI;, s'emparant d'un château près de Guingamp et rançonnant
le pays. Ci-dessus p. t 15.
(1) Ci-dessus, p. 129.
(2) L'ordre du Roi était transmis par de Brissac dans une lettre datée
de Morlaix, 17 avril. En 15:.18, il ordonna de mêlOc le démantèlement de
Comper.

d:émolition du fort de l'île Tristan. Il aurait fallu y for~er la
. Fontenelle. Or le Hoi pouvait craindre que ]a Fontenelle ne ,
remit l'ile aux Espagnols, ; pour l'amadouer, il lui avait
accordé la continuation de son gouve"rnement (1), puis l'abo-
lition (2), enfin le titl'e de capitaine de cinquante hommes
d'armes (3).
Il est vrai que sur des oppositions faites au parlement, et
malgl'é des lettl'es de jussion, le parlement déclara surseoir
à l'enregistrement. des lettres royales (4) ; et le Roi mieux
illrol'mé changea cJ.e disposition" s. Dans l'été de 1600, La
Fontenelle était en prison à Rennes et la démolition fut
Ol'donnée; mais Jacques de Lestel, sieur de la Boule, lieute-
nant de La Fontenelle: refusa de livrer la place. Pour en
obtenir la re~:nise, le Roi accorda l'abolition à La Boule
(Lyon, août 1600) (5). Dès 18 27 du mois, le parlement
nomm::t deux commissail'es chal'gés d'assurer l'exécution des
ordl'es du Hoi ; et, au mois d'octobre, le maréchal de Brissac
,pat cel'lifiel' au pal'lement que « la place était désormais sans
danger » (6).
TI'eize ans plus tard, le roi Louis XIII et la reine régente
ol'Jonnaient de relevel' le fort (7). C'est pourquoi nous
voyons les états de Nantes, en 1614, demander encore la
démolition de Douar'nenez, en mème temps qu'ils réclament
de nouveau celles de Blavet, Saint-Mars-la-Jaille et Ran­
rouet.
(1) Morice Ill, col. 1656-5ï, 20 mars 1598.
Cl) Mürice nI, col. 1681-8?, avril 15)8.
(3) Morice III, col. 1691. Nantes, 'W avril 1598.
('Il Morice III. col. lü91-9'?, 21 août 1508.
U» Mol'ice III, col. 1ü91,
(6) Morice JII, col. 1691.
(7) Jacques, baron de Nevet, était alors capitaine, et y fit de grosses
il y entretenail une garni:3on de soixante hommes; et en 1614,
dépenses:
il obtenait de ce chef, une somme de :~,(jOO livres tournois .

U d i

Mais, si les démolitions ordonnées commencèrent, elles
furent bientôt suspendues, et même des fortifications nou-
velles furent construites, en sorte que les Etats de Rennes,
en 1616, recommencèrent leurs doléance~, ajoutant Châ-
teauneuf aux places siO'nalées deux ans auparavant.
La réponse du Roi était encore attendue à la fin de l'année
suivante; et le 17 novembre les États faisaient parvenir au
Roi de nouvelles doléances. .
Un arrêt du conseil du 11 avril 1618 ordonn:ant les démo­
litions demeura sans exécution; enfiil des lettres patentes
du 11 septembre suivant furent enregistrées au parlement
le 11 janvi.er 1619 : et l'affaire fut définitivement réglée. Le
. Roi ordonnait que la place de Douarnenez, construite par
ses ordres, serait entièrement rasée. Quant aux châteaux
. seigneuriaux, il distinguait ehtl'e les fortifications nouvelle-
ment édifiées, sans l'autorisation du souverain et par consé­
quent -sans droit, et les anciennes demeures seigneuriales;
il ordonna que les fortifications surajoutées à Ranrouet et
Chàteauneuf seraient détruites, les maisons pouvant être
maintenues ou rétablies sur les anciens fondements.

On ne voit pas que les Etats aient demandé d'autres
démolitions.
D'autres châteaux existaient p.ourtant encore fortifiés et
qui auraient pu cc servir au logement des gens de guerre. »
Mais il n'y avait ' pas été ajouté de fortifications nouvelles,
et leur possession fondée sur des autol'isations anciennes,
ducales ou royales, était garantie même par les lettres pa-
tentes de 1618. . .
signalerai qu'un de ces châteaux, celuide Rieux,
Je ne
construit originairement par· Alain Le Grand sur le site d'un
oppidum romain (1) et reconstruit en ,dernier lieu par le
(1) C'est là qu'Alain Le Grand faisait sa résidence après sa victoire sur
les Normands. Lobineau, p. 69. . .

maréchal de BI'etagne, l'avide et odieux tuteur de la duchesse .
Anrie (1),
Rieux défendait le . pont romain qui a subsisté jusqu'au
milieu du XVIC siècle et comm.andait le passage de la Vilaine.
Le maître du château aurait pu mettre obstacle à la navi­
gation de' la mer à Redon.
Rieux avait été démantelé, peut-être inceridié pendant les
guerres de la Ligue; mais son vieux donjon subsistait. On
conte à Redon que le cardinal de Richelieu, devenu abbé de
Saint-Sauveur, se promenait un soir sur l'ancien mur de
ville qui forme une terra~se au bord de la Vilaine. ' Il admi-
rait le paysage que ferme vers le sud la colline de Rieux.
La masse noire du donjon se profilait sur le ciel. Le donjon
orgueilleux, le nom même de Rieux évoquaient des souvenirs
de rébellion. Le cardinal ordonna la destruction de la vieille
forteresse.
Dix-sept paroisses, dit-on, furent appelées pour ce travail

de démolition; mais, comme à la tour de Cesson, la sape
fut impuissante contre ces vieux murs; il fallut recourir à
. la minn ; la poudre, comme à Cesson, ébranla le donjon, sans
pouvoir le jeter par terre; penché au-dessus de la vallée, il
subsista pendant cent soixante-dix ans; et il fallut un trem­
blement de terre pour le jeter bas, en 1799.
Quelques années auparavant, le donjon l'avait échappé
belle: un décret des 13-17 pluviose an II (1 _5 février 1794)
avait ordonné la démolition « de tous châteaux forts, tours
(1) Quand le maréchal revint à la duchesse, les Français qu'il avait
en Bretagne se yengèrent en ruinant ses châteaux d'Ancenis, .
appelés
La duchesse lüi donna (contrainte et forc.ée; cent mill~
. Rochefort et Rieux.
écus d'or (envil'on sept millions de notre monnaie) et une pension de
douze mille livres (i80,OOO francs ) (Ord. du 4 jnillet 1190: Monce. Pl'. III.

(,i74-675) ; et Rieux se mit à rebâtir ses châteaux.

« et tourelles, murs garnis de créneaux, meurtrières ... '.
c« des pOl'tes défendues par des tours à machicoulis, des
« ponts levis et le comblement des fossés. (1) »
Tout ce .tra vail devait être fait dans le délai ·de deux mois;
et les directoires de districts « qui devaient prononcer sur
les moyens d'exécution» auraient été fort empêchés d'en
à bout.
venir
En Bretagne, Clisson, Tonquedec, etc., les beaux murs
de Vannes, Dinan, Vitré, Guérande, etc:, étalent amSI
condamnés. Heureusement , pour l'art, ce dé,cret de haine et
de colète ne reçut que des exécutions locales et partielles.
Mais ce que la haine n'a pu faire, l'insouciance, la lésinerie,
le mauvais goût l'ont fait. On a vu des propriétaites abattre
des châteaux féodaux pour construite des habitations, des
maisons de ferme, des murs d'enclos, ou les abandonner
comme canières gratuitement ou à prix d'atgent. Les villes
ont vendu leurs tOUl'S ou les ont laissé tomber. Vitré, Guin­
gamp, Vannes, tout récemment Dinan ont été victimes de
ces actes' de vandalisme, provoqués souvent par la fantaisie
ou perpétrés par complaisance pour des intérêts privés; .
Quimper a encore quelques tours mais cachées ou défi-
gurées, et quelques pans de murailles. Mais la ville n'a pas
su conserver la tour d'angle au confluent de ses deux rivières,
qui était un de ses ornements. Elle ne peut guère montrer
aujourd'hui qu'un pan de mur le long du Stéir, et un autre
le long du jardin de l'évêché; et que de fois l'existence de ce '
dernier mur a été menacée! Il ya quelques' années, on ende-
(1) Duvergier, VII, p. 29. A signaler l'article 6 du décret: « La
dénomination de château. donnée · autrefois aux maisons de quelques
irrévocablement · supprimée. » Loi tombée en
particuliers, demeure
désuétude. On n'a jamais tant-abusé de l'a dénomination de château qu'au
temps ou nous sommes! Au dernier siècle,on réservait le nom de château
aux {( ch'âteaux forts, aux maisons :sans défenses où les fossés ne servent
que . d'ornement, ' aux maisons de plaisance bâties rrHlgnifiquement. "
Trévoux. Aujourd'hui pas une maison de campagne qui ne soit nommée
château. "

mandait la destruction pour une raison d'art: il fàllait, disait.
dégager le rez·de-chaussée de la cathédrale (1) ! Aujour~
d'hui on invoque une raison d'utilité. Il faut faire place à des
bâtisses qui, s'élevant à trois étages, masqueront l'église jus.
qu'!lutoit. Le con'seil général a repoussé cette pétition saugre.
nue (2). Il a fait mieux, il a projeté l'expropriation des cons­
barbares dont le voisinage immédiat déshonore la
tructions
au conseil général! et puisse sa
vieille muraille. Honneur
persister et n'être pas un jour pour le vieux
bonne volonté
mur \Ine sauvegarde insuffisante !

APPENDICE. (A)
Gouverneurs des places en 15fJ5 et en 1610.
Places.
Ev. de Cornouaille
Jean de Carné (2)
Quimper * Kermoguer (1)
Concarneau .. Lezonnet (3) Lezonnet (3 bis) ,
, Cl rIay .. La Mousche (4)
Pont.,.l'Abbé Kerservant (5)

(1). Mauvaise raison! V. Promenade dans Quimper. Bulletin 1885, p. 135 .
(2) Bulletin XIX, p. XVI. Séance du '28 avril 189'2.
(A) En 159;), je mm'que par un * les commandants des places qui ont
• état et appoinctement » à titre de gouverneurs. D'autres pourvus du
même titre n'ont pas d'·, état Il; quelques-uns gardant leurs propres
occupés ailleurs au service du Roi. Ex. le Sr de
places, d'autres étant
Kerhallec, gouvel'lleur de l'î e et château de BI'éhat (159~) : il est mestre
de camp d'un régiment de cinq compagnies à cent hommes (1593), dont il
commande la première à Guingamp. Bréhat reste sous la garde de son
lieutenant. (Documents, p. 187 et 188; .
Les chi/Jl'es placés auprès des nom;; renvoient à des notes qu'on trou­
à la suite de ceUe lisle. Nombl'e de ces renseignemenls m'ont été
vera
fournis par les ChevaUel's b/:elons ,df} Sain,t:iWichtl de M. de Gourcutl.
èopié' textuellemënt les noms donnés par les deux états.
J'ai'

Ev. de Dol
La Ramillière
Dol
(Non nommé) (6)
Coetquen
Combourg
Montgomméry (7)
Pontorson

Ev. de Léon
Sourdéac (8 bis)
*Sourdéac (8)
Brest
Coetniza,n ("9. his)
*Coetnizan (9)
Morlaix
de Goesbriand (10)
Primel

Ev. de Nantes
Nantes
* (Non nommé)
Ancenis
* Sr d'Avaugour (11)
Clisson
de Cahideuc (12)
Fougeray
Montmartin (13)
Pil'mil
Ev. de Rennes
*Montbarot (14)
comte de Vertus (15)
Rennes
Châtillon
de Blérencourt
Fougères
*du Pré (16)
Bédé

La Guerche *deLignery (17)
La Marzelière La Marzelière (18)
Sr du Bordage (19)
Le Bordage

* Fontlebon (20)
Québriac
*Montmartin (21)
Vitré

Ev. de St-Brieuc
Sr de Kerhallec (22)
Bréhat
Sr de Gouyon (231
La LoUe
Moncontour * La Tremblaye (24)

Verdelet

BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXII. (
oiresj. 14

Ev.' de St-Malo
*Mis de CoëtC(uen(25)MiSdeCoëtquen(25bis)
Saint-Malo

Broons
Cyconnière
Dinan
Molac (26)

* (Non nommé) (27)
Comper
* SerI'ouettè (28)
Montfort
La Bouteillerie (29)
Montmuran
*fils de M.de Trévécar (30)
Ploërmel
Ev. de Tréguier
Guingamp * Kergomar (31)
Tonquédec '
Ev. de Vannes
d'Aradon (32)
Vannes
* Sr de Trévécar (33)
Malestroit
* de Talhouet (34)
de Talhouet (34 bis).
Redon
(1) Du Pou de Kermoguer, gendre de Louis de Lezonnet, gou­
de Concarneau, nommé par le maréchal d'Aumont (1594).
verneur
Sur ce gouverneur « peu guerrier», lire le chanoine Moreau,
notamment p. 270 et 315.
(2) Jean de Carné, baron de Blaison, nommé, le 12 février 1610,
en remplacement de Kermoguer. En 1632, il eut pour successeur
son fils de même nom. '
(3) Louis Le Prestre de Lézonnet. Il tenait la place pour Mercœur
et la rendit au Roi au printemps de 1594. V. Moreau, notamment
chap. XXIV et XXX.
(3 bis) François, fils aîné du précédent, obtint la survivance quand
il était encore enfant, en 1593. Co~blé de faveurs par Henri IV et
l.ouis XIII, il fut accusé de rébellion, et le duc de Vendôme vint
assiéger Concarneau en juillet 1619. (V. Siège de Concarneau.
Bull. XIX, p. 14, et au même bullétin, p. XV, une lettre de Ven­
dôme, une explication et une',rectification dont je remercie notre
confrère M. de Calan.) .

(4) Capitaine de 50 chevau légers, souvent nommé dans les
guerres de la Ligue: il commandait à Derval (1591), et tenait garnison
à Quimper au retour de Crozon~ ,

(5) Kerservunt, seig' de Crémenec près Le Faouët (Moreau, p.
144'. Il,avait concouru comme ligueur, sous le commandement de
Lézonnet, il la prise de Pont-l'Abbé en 1589, (Moreau, p.57).
NOlùmé capitl'line par Me'rcœur, il suivit Lézonnet dans sa conver­
sion au Roi. (Sur Kerservant, Moreau, chap. XXVICLes infortunes
du S' de Coroach.)
(6) Non nommé.
Sans doute le marquis de Coetquen, seigneur des deux places qui
en avait naturellement la garde, et y devait avoir un lieutenant.
(7) Selon toute apparence, Jacques comte de Lorges, fIls ainé de
Gabriel qui frappa' mortellement Henri II et eut la tête tranchée en
1574. J'ai vu quelque part que Jacques, mort en 1609, eut pour
successeur son frère Gabriel, qui rendit la place au Roi en 1621, lors
de la première prise d'al'lnes des calvinistes. Gabriel était gou­
verneur de Pon torson, dès 1604, Cl uand, le 9 mars de cette année,
il tua en duel Renaud de la Marzelière (ci-dessousn· 18). Sur ce
combat voir le curieux récit de M. Rl'IisOll du Cleuziou: Une affaire
d'honneur au XVll' sipcLe. Société d'Émulation des Côtes-du­
Nord. 1895.

(8 et 8 bis). René de Rieux, seigneur de Sourdéac et M d'Oues­
sant (1597), garda le titre de gouverneur de Brest depuis 1571,
qu'il succéda à son frère, jusqu'à sa mort en 1628.
(9 et 9 Lis). Pierre de Boiséon, Sgr de Coetnisan, de Kerouséré,
etc., vicomte de Dinan et de la Bellière (v. ci-dessus p. 115, note),
après lui le gouvernement de Morlaix devint
vivait encore en 1624;
presque héréditaire dans sa famillé.
(10). François de Goe~briand; cousin de Boiséon, il soutint aV3C
lui le siège de Kerollzéré (1590). Sur son gouvernement de Primel

et ses vicissitudes, voir. Etudes historiques , de Le Men. Épisodes
des guerres de la Ligue, p. 89-142.
(11) Odet, petit-fils de François, bâtard de François II, était
comte de Verlus et de Goëlo, haron d'Avaugour et seigneur de
Clisson. Il vivait encore en 1598 puisque, cette année, le parlement
lui fit défense de porter le nom de Bretagne qu'il continua pourtant
de prendre. En 1501, Louis XII et la reine Anne, héritière de
Montfort, avaient fait la même défense aux de Brosse, héritiers de
Penthièvre.
(12) Arthur de Cahideuc, capitaine de cent hommes d'armes,
gentilhomme de la chambre et · chevalier de St-Michel, fut aussi
de Ploërmel.
gouverneur

(13) Peut-être Jean du Matz, S' de Montmartin, l'auteur des
mémoires. On ne sait pas la date de sa mort. Peut-être son fils
dit le sieur de Terchant, du vivant de son père, et qui servait avec
Jui, notamment au siège de Crozon (159 t). Ci-dessous n° 21.
(14) René Maree, S' de Montbarot (par. Saint-Aubin de Rennes).
'- (15) Claude do Bretagne, comte de Vertus et de Goëlo, baron
d'Avaugoul' (4< descendant de François de Bretagne et petit-fils
Ci-dessus note 11)" En 1607, il avait épousé Catherine
d'Odet.
,Fouquet, fille de Guillaume de la Varenne, et fut père de Marie,
duchess 3 de Montbazon, une des femmes les plus belles et les plus
décriées du temps.
(16) Le capitaine du Pré, celui qui, commandant à Quimper sous
La Fontenelle s'établir à l'île
Kermoguer, laissa sans s'y opposer
Tristan, ne put ensuite l'en chasser et effrayé de la colère du Roi
se fit tuer devant l'He. (Morean, notamment p. 270.)
(17) Nom étranger à la Bretagne; faut-il lire Linières on
Lignières ? '
18. Renaud de la Marzelière, chev. de l'ordre, gouverneur de
Fougères cn 1585, tué en duel ([604) par Gabriel de Montgommery.
(Ci-dessus,
(19) René (II du nom) de Montbourcher. Par lettres du 28 janvier '
1597, Henri IV l'autorisa ~ augmenter le~ fortifications du Bordage.
(Biog. Bretonne. II. p. 491.)
(20) Pierre de Fontlebon, gentilhomme de la chambre. Hédé a
eu des capitaines de la même famille.
" (21) Jean du Matz, seig' de Montmartin et de Terchant, maréchal
de camp, l'auteur des mémoires, ci-dessus
(22) Kerhallec, de son nom Olivier Pavie, capitaine de 100 arque­
busiers à cheval (1589), gouverneur de Tréguier et capitaine gardo­
côtes (1590), mestre de camp d'un régimf\nt de 500 hommes (1593);
il reprit « l'ite et château de Bréhat >l, et en fut nommé gouverneur
(1594), tout en gardant le gouvernement de Tréguier. En 1597,
Kerallec vint saluer le Roi qu'il trouva devant Amiens; il Y resta
trois mois et y rendit de bons services. Quand il revint à Bréhat,
Tbomns Le Bras, s' des Forges, lui refusa l'entrée du
son lieutenant
châtellu, prétendant y rester maître. Les lettres royales ordonnant,
de réb~llion, la remise de Bréhat, restèrent sans exécu­
sous peine
tion jusqu'après la paix de mars, 1598. Mais le lieutenant ne
rendit pas à Kerallec ce qui. Jui I1ppartenait en propre; et un an
plus" tard celui- ci prenait arrêt contre son lieutenant. D. Morico,
pl'. III. passim, notamment col. 1649-1650. V. aussi Documents
sur la Ligue, XVI et XVII, notamment p. 169.

(23) Le S' de Goyon était l'illustre maréchal de Matignon, seig'
de Matignon et de la Roche-Goyon. An X' siècle, un de ses ancètres
construit un fort, qui fut nommé lJlus tard La Rocl~e-Goyon, et '
avait
qui fut rec~nstruit depuis selon les progrès de l'art; l'illustre
maison en étant maîtresse en avait la garde. Il va SRns dire que '
le maréchal de l\1atignon, gouverneur de Guyenne. avait un lieute­
nant il la Latte. On 'lit 8n plusieurs auteurs (qui se copient) que
Louis XIV, devenu acquéreur du fort en 1689, changea son vieux
nom en celui de château la Latte (nom du lieu). L'état de 1595
nous apprend quo, dès cette époque, ce nom était usité.
(24) René Grézille, S' de la Tremblaye" poitevin, colonel de cava- ' ,
lerie. Il imDgina un jour de sortir sans ordres de Moncontour pour
Copcarneau. L'entreprise manqua, et, pendant son
aller surprendre
absence, Saint-Laurent entra dàns la ville. Un pillard émérite,
comme du Liscoët, la Magnane, etc. Il fut tué au siège du château
du Plessis-Bertrand, 8 septembre 1597.
(25) Jean de Coetquen, vicomte d'Uzel, etc., lieutenant du Roi,
plus tard ebevalier du Saint-Esprit, mort le 29 juin 1604, après son
filsJean, comte de Combourg, qui ne fut pas tué au combat de Lou­
déac, comme on l'a dit et répété nn peu légèrement sur l'affirma­
tion de Rosnyvinen de Piré (1. 295.) L':1bbé Paris-Jalobert a trouvé
la preuve de sa mort :lU château de Combourg, le 27 juillet 1602, '
et "Sa sépulture aux Jacobins de Dinan.
(25 bis). Louis de Coetquen, fils aîné du comte de Combourg, et
héritier de son aïeul le lieutenant du Roi.
(26) Sébastien de Rosmadec, marquis de Rosmadec, commanda
l'infanterie royale en Bretagne après la mort de Toussaint de
Beanmanoir : nommé maréchal de France, il mourut à Rennes,
(27) Non nommé.
C'était un des frères Mainenf d'Andigné qui surprirent le château
de Comper, le 19 novembre 1595. (Moriee. II. p. 448.) Il resta
gonverneur jusqu'en 1598, époque à laqnelle le Roi fit démanteler
Comper. (M. de Come.y, llin. de Rennes à Brest. p. 23.)
(28) Ce nom est écrit Sarrouelte, Sorhoetle, Sarbrouette, Sai­
rouelle, et quelquefois précédé du titre de marquis. Ce personnage
assez important. Il était gouverneur de Montfort dès
joua un rôle
1590. Il 'n'a que le titre de capitaine et commandait 40 salades.
(29) François Massuel" S' de la Bouteillerie, capitaine de
cent hommes d'armes et chevalier de Saint-Michel; il fut dan­
à Loudéac ; il était de ]a seigneurie de Com-
gereusement blessé

bourg et peut-être est-ce cette blessure qui a fait conter la blessure
la mort du eomte de Combourg. Ci-dessus n° 25. O. Moriee,
Pro III, 1771, et II, p. 35. Préface.
(30) Thomas, fils aîné de Georges de Guémadeuc, frère de Sébas­
tien, évêque de Saint-Malo. Thomas, seig' de Trévécar après son
père, a continué la descendance maseuline qui finit en son petit-tUs
Armand tué à Nerwinde, en 1693. :Ci-dessous n° 33.)
(31) Claude de Kerguesay, maréchal de camp.
il aecompagna .Sourdéac qui allnit faire lever le siège
aV~lÎt mis devant Cesson. Silint-Lal1rent marcha au
que Saint-Laurent
devant d'eux. La rencontre eut lieu, non près deGuingam p, comme
on l'a dit, mais à l'entrée de Saint-Brieuc (8 août 1592) ; et Ker-
guesay eut une grande part à la victoire. Il était au sÎÀge de Crozon
(1594); et l'année suivante il se signala par un autre exploit:
-. La Fontenelle, sommé dans Corlay par le maréchal d'Aumont,
avait promis de rendre la place si le maréchal avait de l'artil­
lerie. Or le canon était à Guingamp; et on n'avait aucun moyen de
l'amener à Corlay. La Fontenelle fit sortir un officier, gentilhomme

bas-breton, que Montmartin emmena jusqu'à Guingamp; en route,
ils virent quelques charrettes que l'officier « prit de loin pour de
« Arrivé à Guingamp, le S' de Kergomar, fidèle ser­
l'artillerie».
viteur de S. M., fit tant boire le gentilhomme, que, pour nn canon
qu'il lui montra, il lui en fit voir dix. » (Montmartin CCCVI.)
L'officier revint dire à La Fontenelle qu'il avait vu quantité d'artil­
lerie en route. La Fontenelle sortit le lendemain au moment où les
Espagnols partis de Pontivy allaient le secourir.
(32) René seig' d'Arrndoll, l'ai né des quatre frères d'Arradon.
Trois étaient comme lui engagés dans la Ligue: 1° Jérôme, sieur
de Qninipily, gouverneur d'Hennebont, l'auteur des mémoires;'
2° •..•• sienr de Camors; 3° ..... sieur de la Grandville, le
le plus jeune, qui sauva Quim pel' en 1594, tué ft Ki mf'rch, en 1597.
(Moreau, chap. XXIV et XLI). Camors, recherchant en mariage la
venve de Kermeno, se fit royaliste. René et Jérôme. sur les ins-
. tances de Mercœur, obtinrent abolil'iorl.(V.art. secn ts (IV) dn traité
de Mercœur, et l'abolition accordée à Jérôme. Morice Pro lU,
col. 1665, et 1677 et suiv.) René d'Arradon avait enlevé le gouver­
de Vannes à Jean de KermenQ, dont il sllspectait la fidé­
nement
lité :avant 1590). Mercœur le confirma, et, après la paix, le Roi l'y
maintint.
(33) Georges de Guémadeuc, seig' de Trévécar (Escoublac), frère
puîné de Thomas, baron de Guémadenc, Blossac, etc., vicomte de
Rézé,grand écuyer héréditaire de Bretagne, en tant que seigneur

de Brécé, blessé à Loudéac en 1591, mort au printemps de 1592. Il
laissait deux fils, dOllt le plus jeune, Thomas, seul survivant, tua
auX Etats de Rennes (1614) son cousin, le baron de Nevet, et rebelle
au Roi ~ut la tête tt'anchée en place de Grève, le 27 septem­
La Chesnaye des Bois a confondu les deux Thomas père
bre 1617.
fils. (Ci-dessus n° 30.)

(34) François de T8lhouet, seig' de Keroderu (Questembert), maré­
de camp. Il se démit en 1606.
chal
(3< 1 bis) René, fils aîné du précédent, pourvu par lettres du 8 Juin
1606. Il se démit avant 1621, et son frère Gi!les, seig' de Boi-
. sorhant (Sixt), fut pourvu à sa place. Celui-ci,· démiss'ionnaire à son
tour, fut remplacé (le 18 avril 1649) par son fils aîné que la ville de
Redon, son parrain, avait nommé Louis Redon. (Sur les TalhoUet,
voir mon Histoire militaire de Redon:) ,

J. TRÉVÉDY,

Ancien président du Tribunal de Qtâmper

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