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Bulletin SAF 1895


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Les heures bretonnes du XVIème siècle

Léopold Delisle

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'LES IIEURES BRETONNES
DU XYI~ SIÈCLE.
Parmi le petit nombre de textes . bretons imprimés au
XVIe siècle, on distingue un livre d'heures sur lequel on peut
consulter les travaux de .M. le vicomte de la Villemarqué (1),
de l\'1. vYhitley-Stokes (2), de dom François Plainé (3) et de
. M. L01h (4). De ce livre d'heures il ne paraît subsister que
deux exemplaires, tous deux plus ou moins incomplets:
l'un, qui a appal'tenu,'jusqu'à ces dernières années, à M. Pol
de Courcy, est aujourd'hui à la Bibliothèque nationale
(Hésrrve, B. 27185); l'autre se conserve au château de la
Crande-Ville (Côtes-du-Nord) et est la propriété de lVpne la
comtesse de Ke.l'gariou, qui, sur la reeommandation de
1\1. le vicomte de la Villemarqué, a bien voulu le mettre à
ma disposition. Je vais donner la description bibliogl'a-

phique de ce livre, dont la valeur philologique a été .suffi-
samment mise en lumière par la publication de M. vVhitley-
Stokes.
C'est un petit volume in-octavo, de 198 feuillets, répartis
en 25 cahiers, chacun de huit feuillets, Eauf le dernier, qui
en a six seulement. Les cahiers portent les signatures a-e
(1) Le grand IH!Js !.èle (te J!!.ms, passion et résurredio!/, dl'<)/iW breton
dl/, m()yen âge, par le vicomte Hersart de la Villemarqué yaris,186.:',
in-fio, p, CYl. .
('2) .1/ ùt/I te-brcto n. 110 urs, ('dit cd with a tran.llaUon and g lossarial
in /le,']; by . Whitley Stokes. Calcutta, H, 7..) , in-W cie 10'2 pa~'es plus .~ feuil-
lets prél i tlJ i nai l'es. .
• (J) /JlllLetin de la Société archéulugù.jue du Finis/ère. 1887, t. XIV,
p. t ·Z(j.
(4) (Jhres'omathù; bretonne (armoricain. galloü, corn/que). Première
partie: IJre:()n arllt()ricain, pal' J. Loth ,Paris, 1890, in-8°),. 11, 153.

et A-V, Les 48 feuillet.s des six premiers cahiel>s (a-e et A)
ne sont pas ch iffrés (i ), A partir du cahier B, ils sont irré­
Q'ulièrement chiffrés de 1 à CLVI ' ils auraient d'Ô être côtés
de 1 à CL; les cotes XLII à XLYll ont été omises, '
L'impression a été faite avec ces gros caractère.s gotJ~i:
ques: connus sons le nom de lettres de missel, qUI on.t ete
, r écution de lIvres
asse? fl>équemment emp loyes pour ex .
d'heures pendant la seconde moitié du xv siècle. .
Dans l'exemplaire de la Bibliothèque nationale il manque
dix feuillets, savoir:

1 et 2 du cahier a ;
1. 4, 5 et 8 du cahier c ;

4 et 5 du cahier i ;
5, 6: 7 et 8 du cahier v.
Il cn manque seulement trois dans l'exemp1ail>c de 'Mme la
comtfS.3e de Kergariou: sayoir: le fol. ' 1 du cahier a, et les
fol. 1 et 8 du cahier k.
erte du premier feuillet est particulièrement rcgeet-
La p
tabl e. Elle nous a privés du titre et de la date du volume.
Je vais essaye !' de com bler cette lacune, '
table imprimée à la fin du livre (fol. CLIV yO annonce en
ces termes le morceau initial: Almanac cgU!}t peuar bloaz
va' nuguent (olten quentrrfu; on avait d'ab ord traduit ces
mots par Almanac pour l'année 21, traducti on qui avait fait

supposer que ce livre était de l'année 1524 p) ; mais il a été
constaté depuis qu'il s'agissait d'un Almanac pour 24 ans,
(1) CeLLe a:nom~llie dans le système cle signatul'e pour les cah iers et de
numél'ota ge pOUl' les feuillets a ét.é signalée pRf un arLicle cie la table qui
est à IR fin clu volume: An 1'e man (üa rauc, a w en commanczamant,
pete n'a deliewIJ ql.let a folten, //Oquen signatw' ('n liz('1'('llJ10U mwwl:
c'est-à-clil'e : • Ce qui précède est au commencement, qui n'a pas cie feuil­
lets (numérotés" mais des signa tures en lettres miniscules .•
(L) On est même allé jusq u'a fixer à l'année 1!t8ti la clate c1es Heures
bretonn es. (Opini on cle M. de Co rbière, citée par 1\1. de la Villemnrqu&,
(j,'and mystère de Jésus, p. CVII et cym.) La clate de 148') est dorée
au clos de la reliure du livre de M'ne la comtesse ùe Kergal'Îou. '

c:est-ù-diec d'un taLleau des fêtes mobiles pour une pél'iode
de 2 l ans. Uue telle indication, quand on n'a pas le tableaù
même sous les yeux, ne fournit aucun élément pour déter-
min CI': 1 a dl1 i e du 1 i" l'e; .' .
C'est dans la décoration dù volume qu'il faui chercher les

indices do l'époque à laquelle il a été exécuté. . .
Les pel ites gl'avures qui sont en tête de chacun des mois
du calenùl'iel' et qui l;eprésentent les travaux des difIérents .
mois de l'année sont identiques aux gravlll'es qui ornent
le calendl'ier du livre intitulé: .
Officium 1 beaire Mal'ire 1 Virginis, Il nupel' refol'matum, Il
et Pii V, pont. max., jussu editum. Il Parisiis, Il apud
.Jacobum Kervel', via Jacobea, sub 1 insigni Unicol'nis. Il
1574. In-8° de 314 feuillets. dont lesdemiers sont irré- .
gulièrernent cotés, plus 3 cahiers préliminaires. Cal'actères
ro-mains (L ). (Exemplail'e à la Bibliothèque nat~onale. Ré­
sel've, B. 21311.)

Les mêmes bois ont servi pour imprimer les gl'avures de
ces deux livres.
Examinons maintenant quatorze petits tableaux, d'un '.
de8sin très élégant et très léger, que renferment les Heures
bret.onnes. Elles mesurent. 62 millimètres sur :35 et repré-
seutent les sujet.s suivants:
1 et Il. L'Annonciation, en deux tableaux. Fol. xv ,,0 et XVI.

III et IV. La Visitàtion en deux tableaux. Fol. XXVIII V
et XXIX .
V. Le Calvaire. Fol. XXXVI.
VI. La Descente du Saint-Esprit. Fol. XXXVII.
VII. La Nativité. Fol. XXXIX vO .
. VIII. Le «. Le Gloria in excelsis. l) Fol. G [v], avant le
feuillet coté par erreul' LB. .

(1) Voy. Bernard. (icO/'TOY Tory, 2" éd., p. 29L •

IX. L'Adoration des MaO'es, Fol. LV vO .

. X. La Circoncision. Fol. LX . .
XI. Le Massacre des InnocelltS. Fol. LXIII vo.

XlI. L'Assomption. Fol. LXXI.
XIIL David et Bethsabé. Fol. LXXVUI vo.
XIV. La Mort. Fol. XCI vo.
Il importe de rechercher l'origine de ces tableaux. Pour
la retl'ouver, il faut remonter à l'année 1527, date .de)a
publication d'un charmant petit volume que je vais décrire
d'après un exemplaire ayant jadis appartenu au comte de
nea, puis à M. Firmin-Didot (1), et qui est aujourd 'hui
Villafra

conservé à la bibliothèque de l'Ecole des beaux-arts:
Horre inlaudem Il beatissimre virginis Il Marire secundum Il
usum Romanum. A la fin : Parrliisiis, apud Gotofredum
Torinum Il Biturigicum, VIII Il die februarii, anno salutis 1
M. D. XXIX, ad 1 insigne Vasis effracti. In-16. Carac-
tères romains. Fi gLll~es en noi r. Sur véli n.
Ce volume est orné de dix-huit petits tableaux, savoir:
1 et II. L'Annonciation, en deux tableaux. Fol. H 6 .

III et IV. La Visitation, en deux tableaux, Fol. G 1 V et 2.
V, La Nativité . Fol. H 5 vo.
VI. Groupe de bergers. Fol. H 6.
VII. « Gloria in excelsis. » Fol. 1 2 ,,0.
VIII. Groupe de bergers. Fol 1 3.
IX. Le Voyage des Mages .. Fol. l 6 vO.
X. L'Adoralion des Mages. Fol. 1 7.
XI. La Purification. Fol K 2 vo.

XII. La Circoncision. Fol. K 3.
XIII. Le Massacre des Innocents. Fol. K. 6 vo.
XIV. L'Assomption. Fol. L 4.

(1) Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de il! . Ambroise
PirnÛn·IJidot, t. J. (Pads, aveil 1857), col. ccxxx, .n° 730." Vo~rez le
Catalogue de la vente des livres de M. Didot faite cn 1879, n° ·128 •

xv. Le Calvaire. Fol. M 8.
XVI. La Descente du Saint-Esprit. Fol. N. 2.
XVII. David et Bethsabé. Fol. N 6 VO.
XVIII. Le Triomphe de la Mort. Fol. P 6 VO .
La même suite de tableaux se voit dans trois autres livres
d'heures, datés, l'un de 1542, un autre de 1550 et un troi-
sième de 1556, dont voici les titres :
Horre in laudem beatissi Il mre virginis Marire ad usum 1
Homanum. (Marque du Pot cassé.) Pal'isiis: apud Oli ve­

rium Mallardum 1 sub signo Vasis effracti. 1 1542. A la
Excudebat Parisiis Oli 1 verius Mallard, bibliopola 1
fin :
regius, sub signo Vasis effracti. 1115[.12. In-8° Caractères
romains. Figures en noir. (Exemplaire provenu de M. Lesou-
faché: à l'Ecole des heaux-arts. )
Borre in laudem heatissi Il mre Virginis Marire ad usum "
Romanum. 1 Pariis, "apud Thielmanum Kerver, 1 in vico
Sancti Jacohi suh si Il gno Cratis. 1 M. D. L. In-8°. Carac­
tères romains. Cahiers signés A.-Y. (Exemplaire commu-
niqué par M. Morgand, le 21 novembre 1804. Autre
incomplet des trois derniers feuillets, à la
exemplaire,
bibliothèque Sainte-Geneviève, BB. 1482.)
HORiE 1 in laudem bea 1 tissimre virgi 1 nis Marire ad
usum Il H.omanum., Il Parisiis, If apud Thielmannum Kerver,
Il co sancti Jacobi: sub signo Cratis.1556. In-8°. Carac­
in vi
tères romains. Cahiers signés A.-Y. (Exemplaire conservé
à la bibliothèque Mazarine, nO 23920 B, auquel manquent
les trois derniers feuillets du cahier Y.)
Ces deux derniers livres, datés de 1550 et de 1556, n'en
forrrienterl réalité qu'un seul. C'est un livre d'heures que
Thielman Kerver imprima en 1550 et dont il débita les
premiers exemplaires avec un titre au millésime de 1550 et
une table des fêtes mobiles pour les années 1549-1556. Le
même libraire, pour faciliter l'écoulement des exemplaires

(lui étaient l'estés dans son maO'asin les munit d'un nouveau
titre daté de 1556 et d'une table des fêtes mobiles pour les
aTlnées 1556-1563.
ans les trois livres d'heures, de 1542, 1550 et 1556, nous.
retrouvons les d:x-huit tableaux du livres de 1529. Ils s'y
succèdent suivant le même ordre, saufl'iriterversion de deux
sujets, comme l'indique la liste suivanfe, où l'on verra d'un
coup d'œil dans quel ordre et à quels feuillets les tableaux
ont été placés par: les imprimeurs des livres de 1529, de
et de 1550-1556 :
NOS D'ORDRE. SUJET. FEUILLETS (1).
1 :J'lU. 15 '1'2-~O. <>G. 1512 '1,)50- i 55G.
l, II. l, II. L'Annonciation. D7vOet3. D2etvo.
III,IV. III,IV. La Visitation. F 2voet3 . F 1 vOet2.
Le Calvaire. G 5. G 3 vO.
XV. V.
XVI. VI. LaDescente du St-Esprit. G 6,,°. G 5.
V. VII. La Nativité. G8vo. G7.
VI. VIII. Groupe. de Bergers. II 1. 'G 7 vO.
VII. IX. « Gloria in excelsis ». H 6 vO. H 5.
VIII. X. Groupe de bergers. H. 7. H 5 vO.
IX. XI. Le Voyage des Mages. 1 3 vo. 1 2.
X. XII. L'Adoration des Mages. 1 4. 1 2 VO.
XI. XIII. La Purification. 1 7 VO. 1 6.
XII. XIV. La Circoncision. 1 8. 1 6 VO .
XIII. XV. LeMassacredesInnocentsK 4 (2). K 2 vO.
XIV. XVI. L'Assomption. . L 4 VO. L 2 vO.
XVII. XVII. David et Bethsabé. N 2 vo. M 8.
XVIII. XVIII. Le Triomphe de la Mort. P 2. 0 7. .
Les tableaux des livres de 1527, de 1542, de 1550 et de
. 1'556 ont été tirés sur les mêmes bois. D'où l'on doit con-
clure, comme ra déjà fait Auguste Bernard (3), que ces

(1) On a vu un peu plus haut SUl' quels feuillets du livre de 15'29 les
dix-huit tableaux ont été imprimés.
0) Ce feuillet porte par erreur · la signature L lIII.
(3) (Jeof'roy Tory, 2 éd., p. 281.

bois, après êt.re. sortis de l'atelier de Geofroy Tory, sont

passés d'abord chez Olivier Mallard, puis chez. Thiélman
. Kel'v~l'. 0 l', ce .sont ces ~êmes bois qUI,. sauf une excep­
tion, dont j'aurai bientôt à parler, ont servi à imprimel' les
quatorze tableaux des Heurès bretonnes. . .
. Les qUB:torze tableaux dont il vient d'êtl'e question ne
sont pas le seul trait commun aux Heures bretonnes et aux .
livres de 1542, 1550 et 155~. Beaucoup des ' motifs d'orne­
ment qui dans les Heures bretonnes servent d'encadl'ement
aux quatorze tableaux (petits anges, fleur:s et fl'uits, ani.maux
divers, notamment des insectes et des oiseaux) se retrouvent
sur les marges des livres de 1542, 1550 et 1556. Ainsi, le
bandeau qui remplit le bas du fol. XXXVI des Heures Dre-
• tonnè-s nous offre: à gauche, un angelot agenouillé et tenant

un livre; à droite, un angelot accroupi tenant un oiseau. Le'
bandeau qui borde la partie inférieure du fol. XXXVII con­
tient: à gauche un angelot jouant avec un petit chien; à
droite, deux angelots, dont l'un porte une cl'oix et l'autl'e
un globe surmonté d'une croix.
Ces quatre bois ont été employés pour l'impression des
livres de 1542, 1550 et 1556. L'angelot au livre se voit dans
les Heures de 1542, au fol. C 4, et dans les Heures de 1550-
1556, au fol. A 4 vo; l'angelot et l'oiseau, au fol. B 7 des
Heures de 1542 et au fol. A 3 des Heures de 1550-1556 :
l'angelot au petit chien, au fol. A II (1 ) des Heures de 1542.
et au fol. A 3 des Heures de 1550-1556 ; les deux angelots à
la croix et au globe, au fol. B 8 des Heul'es de 1542 et au
fol. B 1 VO des Heures de 1550-1556 (2) .
(1) Signé par erreur A ni.
(2) Les motifs de décol'ation des encadl'ements des HeUt'es de 15H et de
, 1550-1 J56, notamment les angelots, ont été servilement copiés pour lés
encadrements c1'un l'ivre imprimé en 1556 et qui se rattache à l'école de
Geofroy Tory (Hol'3J in lauclem bealissilJ!3J vi1'ginis Mari3J ad usum
RomaJtum. A Paris, pOUl' Charles ' L'Angelier, 15;)6. In-8". Bibl. nat.,

Indiq~ons ~'a~tres rapprocgements :
Parmt les petites figures que renferme la partie des HèUl'es
bretonnes consacree aux Suffrages des saints (Suffrag6ou
anSent,fol. CXXI VO et sui,:.), il faut remarquer le saint
Michel 'qui est au bas du fol. CXX~II vo. Il a été tiré sur le
même bois que le saint Michel du f 224, VO de l'Officium
beatre Marire, de l'arinée 1574, ci-dessus cité, et que le saint
Michel du fol. 141 VO des Heures de Chartres, publiées en
Le petit saint Nicolas qui se voit dans la même série des
Suffrages, au fol. CXXVIII des Heures bretonnes, est identi­
que à celui qui est au haut du fol. C III VO d'un livret gothique
commençant par les Quinze oraisons de sainte Brigitte,
livret annexé à des Heures de Jacques Kerver datées de

Les r.écits de la Passion, qui occupent les fol. d III vo-B VI
des Heures bretonnes, sont ornés de petites grayures, dont
cinq au moins se retrouvent dans un livre publié à Paris en
1556 par loland Bonhomme, veuve de Tielman Kerver, et
intitulé « Propositions, dicts et sentences contenans les
graces, fruictz, profitz, utilitez et louenges du très sacré et
digne sacrement de l'autel (3). » Voici la place que. ces
cinq petites gravures occupent dans le livre de 1556 et dans'
les Heures bretonnes :
LIVHE DE 1556. HEUHES BRETONNES.

« Ecce homo. » e 1 et e 8.
e 1, e 8 et A 6 vo.
Jésus portant la croix. Fi.
G 3 vo.
d4vo,e4etA2vo.
La Cène.
e 5 yO et A 4 .
Le Baiser de Judas. G 5.
G 6 vo.
Jésus devant Pilate.
d 8, e 7 et A 5 .

(1) Bibl. nat., B. 27833.
Cl) Bibl. Sainte-Geneviève, BB. 1507.
(3; Un exemplaire de ce livre se trouve annexé à des Heures imprimées
à Paris en 1561 par Jacques Kerver dans un volume de la Bibliothèque
Sain te-Geneviève, BB. 1507.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXII. (Mémoires). 4.

Je terminerai cette série de rapprochements par l'examen
de quatre petites images des évangélistes qui se trouvent
aux fol. A 8 et 8 V. , B 1 et 2 des Heures bretonnes, et qlli
sont signées des lettres I. L. B: Toutes les quatre sont aux
fol. 17,17- v 18 et 19 des « Heures de Nostre-Dame à
l'usage de Paris, » publiées en 1569 par Jacques Kerver (1).
Trois d'entre elles, celles de saint Luc, de saint Matthieu

et de saint Marc se voient : 1° aux fol. 17 v, 18 et 19 des
« Heures Nostre-Dame à l'usage de Paris», publiées en 1561
par Jacques Kerver (2) ; 2° aux feuillets 17 v 18 et 19 d'une

autre édition des Heures de Notre-Dame: qui paraît avoir
été publiée par Jacques Kerver en 1572 (3) ; 3° aux fol. 16,

16 V et 17 V des « Heures de Nostre-Dame à l'usage de
Chartres », datées de 1581, qui, suivant la souscription
finale, furent « imprimées à Paris, par Jean Le Blanc, pour
Jacques Kerver (4) ».
Cette signature I. L. B., dont Auguste Bernard (5) s'est '
préoccupé, n'est pas très rare sur les gravures de livres de
dévotion de la seconde moitié du XVI e siècle. On la trouvera
assez fréquemment, par exemple: en 1565, dans les Heures
imprimées par Jacques Kerver (6) ;en 1573, dans les
Heures imprimées par Jean Le Blanc pour Julian Duval (7) ;

en 1581, dans des Heures de Chartres, imprimées par
Jean Le Blanc pour Jacques Kerver (8) ; en 1585, dans

(1) Bibl. naL, B. 8981. Exemplaire incomplet de la fin.
(?) Bibl. Sainte-Geueviève, BB. 1507, et Bibl. de l'Institui, D. 66:
(3; Bibl. Sainte-Geneviève, BB. 1516.
('1) Bibl. naL, B. 27831.
' fT' C)e 'd ClOJ " n!. C)"\- 't °9'
(5) 'Jeo roy 01 y. ~ e ., p. " ,,;;!I, ~JJ e , J.
(ü) Bibl. nat., B. 4749.
(7) Bibl. naL, B. 8331. La première partie de ce livl'C r.enferme onze
gravures portant les lettres I. D., signatut'es qu'on voH ég;:tlement SUt' les
gravures du livret des Quinze efIusions relié à la fin du même volume.
Ces lettres I. D. désigneraient-elles le libraire Julian Duval, éditeut' de ce
livre d'Heures?
(8) .Bibl. nat., B. 27833 ..

des Heures de Paris, imprimées, selon toute apparence, par
le même, pour Julian Duval (1). Cette même signature se
voiL sur la plupart des pièces d'une suite de gravures desti­
nées à l'illustration des Quinze e{l'usions de Notre-Seigneur,
notamment : dans uue édition de ce livret annexée à des
Heures de Jacques 1(el've1' portant la date de 1561 (2); dans
une autee édition jointe à des Heures du même libraire de
l'année 1565 (3), et dans une édition de 1586 (4).
On ' lit à la fin de l'édition 1565 : « Imprimé à Paris: par
Jehan" Le Blanc, imprimeur, demeul'ant en IlIa rue du
Paon, près de la porte Sainct" Victor. » Et, à la fin de
l'édition de 1586 ; cc Cy fine les Quinze effusions .et la Vie II ·
sainte Marguerite, imprimée à Paris, Il par Jehan Le Blanc,.
rue du Paon, à l'enseigne du Soleil d'or. 1 M.D.LXXXVI. »
Envoyant les gravures signées J. L. B. dans CÏI1q livres
imprimés ou publiés par Jean Le Blanc, on se demande si
signature ne doit pas être attribuée à Jean Le Blanc,'
. cette
aurait exécuté ou fait exécuter lesdites gravures. Mais
qui
je n'ai pas à donner ici la solution ds ce problème, et je
reviens à mon sujet. .
Ce qu'il faut retenir de tout ce qui précède, c'est que:

1 Les grands tableaux et les encadrements des Heures .
bretonnes ont été tirés sur des bois venus de l'atelier de
l'année
Geofroy Tory et dont on s'était servi au cours de
1550 dans l'atelier de Thielmari Kerver ;

2 Une notable partie des autres gravures des mêmes
empruntée aux sept livres suivants:
Heures bretonnes a été
1. Propositions, dits et sentences ... · Paris, la veuve de .
Thielman Kerver, 1556 .

2. Heures de Notre-Dame. Paris, Jacques Kerver, 1561.
(1) Bibl. Sa inte-Geneviève, BB. 1483.
(2) Bibl. Sainte-Geneviève, BB. 1507, et Bihl. de l'Institut, D. 66.
(3) Bibl. nat., B. '4919.
(4) Bibl. Satnte-Gene\'ihc,· BB. 1483. .

3. Quinze oraisons de sainte Brigitte. [Paris, Jacques
Kerver, 1561. J
Heures de Motre-Dame. Paris, Jacques Kerver, 1569 . .
Heures de Notre-Dame. [Paris, Jacques Kerver, 1572.J .

6. Officium beatre Marire. Paris, Jacques Kerver, 1574.
7. Heures à l'usage de Chartres. Paris, Jacques Kerver,

De ces constatations il me paraît résulter que les Heures
bretonnes ont été exécutées, soit dans la maison des Kerver,
soit dans une maison qui disposait du matériel des Kerver.
La maison des Kerver est d'ailleurs bien connue comme
ayant travaillé pour les Bretons. C'est Jacques Kerver qui
imprima en 1576 la traduction bretonne du Catéchisme
de Canisius (1) :
Catechism (2) hac instruction eguit an Catholicquet,
. meurbet necesser en amser presant .~guit quelen ha discquifLi
quentafu composet en latin gant M. P. '
an iaouancdet,
Canisius, doctor en theology, ues a Societe an hanu Jesus .
eux un abreget ues an pez a dleer principalafll da
. Goude ez
lavaret en prosn an ofleren dan tut lie. Troet breman .quentafu
il latin en brezonec gant Gilles K[aerJanpuil ·Persson en
Cledguen Pochoer hac Autrou a Bigodou.
A Paris. Pour Jacques Kerver, demeurant rue' Saint­
Jacques, à l'enseigne de la Licorne. 1576 .

(1). Cette circonstance n'autorise pas à attribuer une origine bretonne
aux Kerver, qui tiennent une si grande place dans les annales de la typo­
graphie pat'isienne au XVIe siècle. Le fondateur de la maison s'est lui-même
qualifié de « teuton » dans la souscription de plusieurs des premiers
livres qu'il a imprimés. .
('l). Je dte ce titre d'après M. Whitley-Slokes (Muldte-brelon houn.
p.58). Le Catéchisme breton de 157ti, dont je donnerai la descriptiolt
dans l'Appendice, est un livre l'ure; il n'est pas cité dans la bibliographie
très développée que le R. P. C. Sommervogel a consacrée à Canisi!ls, au
tome II de la dernière édition cie la Bibliothfque de la Uompagnie de
Jésus.

Après avoir éclairci. la question d'origine des Heures bre­
tonnes, il reste à en déterminer la date. Nous y parviendrons,
je l'espère, au moins d'une façon approximative. Pour y
pression des Heures avec l'état de ces mêmes bois quand ils
ont été employés pour l'exécution des livres de 1527, de
1.542 et de 1550-1556.
Dans les Heures bretonnes, au feuillet XXIX, le trait supé-
rieur de la bordure du second tableau de l'Annonciation se
présente avec une cassure dont il n'y a pas trace dans les
livres de 1527, de 1542 et de 1550-1556.
peut se faire sur une cassure du
La même observation
trait supérieur de la bordnre du tableau de la Mort, cassure
très accusée dans les Heures bretonnes (fol. XCI vOl et n'exis­
tant pas dans les livres de 1527, de 1542 et de 1550-1556.
Le livre de 1550 est donc antérieur aux Heures bretonnes.
Au premier abord une objection pourrait être faite à la
conclusion tirée des cassures ci-dessus indiquées.

En erret, sur la bordure du tableau du Massacre des Inno­
cents, on distingue dans le livre de 1550 (fol. K 2 VO) trois
cassures qui ne s'aperçoivent pas dans les Heures bretonnes
(fol. LXlIll vOl. Mais un examen approfondi de ce tableau
pel'met de constater qu'il n'a pas été imprimé sur le même
bois dans le livre de 1550 et dans les Heures beetonnes. On
peut, sans trop de témérité, conjecturer que le buis primitif,
brisé, usé ou perdu, avait été remplacé par un nouveau bois,
servilement copié d'après le premier, mais avec des variantes
très appréciables. Nous pouvons donc, en toute assurance,
considérer les Heures bretonnes comme postérieures à
. l'année 1550.
Il Y a plus. Les Heuees bretonnes pourraient bien n'avoip
vu le jour qu'aux envieons de l'année 1570. En voici ra
raIson:
Sur la dernière page du cahier b commence une para-

phrase de l'oraison
quatrains bretons, inti-
dominicale en

tulée :
An pater en Brezonee facilhafu maz Il eu possible. Gant.

G. K. p. e. C .
Ce que M. Whitley-Stokes traduit par:
The pater noster in (the) easièst Breton that is possible,
Kaeranpuil, parson in Cledguen.
by Giles de
Au fol. II du cahier c, une paraphrase bl'etonne du Sym­
bole des Apôtres est précédée de cette ru brique:
An daoudec Articl an fez Christen, ha 1 Catholic: piou
cred, nen deu Il guir servicher da doue, na ne-
perinac n'o
. guelll bezafu saluet. Gant G. K. p. e. C.
Ce qui a été ainsi tradui t pal' M. vVhithey-Stokes :
The twelwe Articles of the Christian and Catholic faith.
Whosoever beiieves them not is not a true servant of God "
nor can he be s.a ved.
By Giles de Keranpuil, parson in Cledguen.
Je ne doute pas que l'interpl'étation des initiales G. I( p.
e. C. par Gilles [(aeranpuil, persson en Cledguen, c'est-à­
dire Gilles de Keranpuil, curé de Cledguen (1), ne soit par-
faitement exacte, et je vois dans Gilles de Keranpuil l'auteur
ou l'éditeur des Heures bretonnes. Or, ce Gilles de Keran­
puil, curé de Cledguen, est connu pour avoir publié en 1576
chez Jacques Kerver la traduction bretonne d'un abrégé de
Catéchisme de Canisius. Y aurait-il de l'imprudence à Sllp-
(1) Cléden-Poher, Finistère, arr. cie Châteaulin, cant. cie Carhaix. -
M. l'abbé Paul Peyron, chanoine et archiviste diocésain cie Quimper, a
de 1;)73 dans lequel Gilles Keranpuil est qualifié recteur de
trouvé un acte
Motreff, paroisse voisine de Cléclen: « Die décima qLlinta mensis decemjJris
an no Domini 1;)73, Canonici. .. ecclesie Corisopitensis, dederunt annatam
de Mottref, magisl.L'o Egidio cie !{eran puill, reclori et titulario de
parecie
Motreff, ejustem parecie, pro somma viginLi scutorum ... » Cléclcn et
Motreff sont deux paroisses de l'ancien diocèse de Quimper,

poser qu'il a fait imprimer ses Heures bretonnes chez le
m~me Jacques Kerver, à peu près en même temps que son
a'Jrégé du Catéchisme de Canisius?
) Voilà clone parfaitement étaùlie l'origine cles Heures bre­
tonnes. Il reste à détermiller, autant que possible, le diocèse
l'usage duquel ce livl'e a été imprimé. C'est., je crois, ]e
Saint-Pol de Léon. En eITet, la signature du
diocèse de
p:'emier feuillet du cahier B est précédé de la syllabe Le,
qu'il faut interpréter, ce semble, par Leonensis. C'est ainsi
que~ dans un vieux Bréviaire de Saint-Pol de Léon et dans
un vieux Missel du même diocèse, dont la description se
trouvera à la fin de la présente notice, la lettre L accom­
la signature du premier feuillet de tous les cahier!".
pagne
L'examen du callendrier ne contredit pas cette conjecture,
ma.lgré les places d'honneur qu'on y a réservées aux évêques
de Quimper, Corentin et Conocain. Nous y avolls relevé les
noms' suivants:
Columbine virginis.
J anuarii XI.
Gildasii abbatis.
XXIX.
Deriani confessoris.
Vll!.
Februarii
Gongadi episcopi.
XIII.

Joevini episcopi.
l\Iartii

Ill.
Guengaloei abbatis.

Pierani episcopi.
Senani episcopi et conf.
Patricii episcopi.
XII.
Pauli episcopi.
XIIlI.
Lazari episcopi.
XXVI.
Disme confessoris.
Aprilis XV .
J u Vf he vieginis.

XVI. Paterl i episcopi.
xxx . [rioci episcopi.
. LvI a i i.
PHILIPPI ET .JACOU!. THANSLATIO SAl\'CTl

ConE~TINI.

Maii.
XV. Primaelis episcopi.
XVI. Karadoci abbatis.
XIX. Ivonis confessoris.
Junii
1. ROMANI (sic) EP~ScOPI.
VII. Pauli episcopi .

XVII. Hoarvei confessoris.
Julii
1. Goluini episcopi.
VIII. Numii episcopi.

XIII. Turiavi episcopi .

XVI. Tenenani.
XXVIII. Sampsonis episcopi. ·
Augusti
XVI. Armagili confessoris.
XXVII. Georgii et Auref. (si(;).
Septembris VI. Theogonici conf.
XIX. Sizgni episcopi et conf.
Octobris
Il. Melorii martyris .
III. Ternoci episcup;.
Pauli episcopi Leonensis.

xv. COGNOGANI EPIS COPI.
XXIIII. Maglorii episcopi.
xxv. Goeznovei episcopi.
XXVI. Florii (1) episcopi.
XXIX. IVONIS cONFESSORlS.
Novembris III. Guenualei abbatis.

Clari episcopi.
Melani episcopi.
VII. Ilclulti abbatis.

x. Martini et Verani.

XII. Renati episcopi.
XliII. Genclulfi episcopi.
xv. Maclovii episcopi .

XVIII. Maucleti abbatis .

(1) Il faut lire Alorii.

Novembris XIX.
Hoal'vei episcopi.
XXVII.
Alani episcopi.
. Décembris Il.
Tugduali episcopi.
III.
Gaciani episcopi
XIl.
CHOllE~TI:XI EPISCOPI.
La liste des confesseurs qui sont invoqués dans les Lita­
nies des saints (fol. LxxxvI) est encore plus significative:
saint Pol y figure immédiatement après huit saints confes­
seurs qui étaient l'objet d\1l1 culte très solennel dans toutes
les églises de l'Occident.

Silvester
Tugduale.
Brioce.
Leo.

Gnillerme .
Martine.

Mac1ovi.
Gregori.
Ambrosi. Sampson.
Pat.erne.
Hieronyme.
Allore.
Augustine.
Juliane.
Nicolae. •
Honane.
Paule.
Chorentine. Gaciane.
Golvine.
Cognogane.
Gueuroce. Brici.
Mevenne.
Sulpici :
Joevine.
Yvo.
Tenenane.
Maudete.
Senane.
Fiacri.
Gildasi.
Maure.
Desideri.
Columbane.
o Maturine.
Caradoce.
Guengaloee.
Hoarvee.
Guennaele.
Dominice
Leonori.
Francisee .

Antoni. 0

Saint Pol de Léon arrive également en tête de la série des
saluts bl~etons qui ont les honneurs d'un article spécial dans
la série des Suffrages. Je copie les rubriques de cette partie
des Heures:
SUFFIlAGEOU AN SENT .
A man es comma ne suffrageoLl an sent.
Ha da qnentaf'f dam dreyndet byniguet. (La Trin/té.)
Oreson da Doe tat. (Le Père.)
Ol'eson dan mab. (Le Fils.)
Oreson dan speret glan. (Le Saint-Esprit.)
Nep a lanaro an anten man gant he oreson dirac imag an
Veronyc ..... (La Véronique.)
Da sant Michael. (S. ' J/ichel.) .
Da sant Jahan Badezour. (). Jean IJaptiste.)
Da sant Jahan cvangelist. () . Jean l'Évangélisie.~
Dan sent Pezr ha Paul. (S. Pierre et S. Paul.)
Da sant Jaques am bras. (S. Jacques le Majeur.)
Da sant l\1azel.l. ( ,'. Matthieu.)
Da sant Stephan. IS. Etienne.)
Da sant Laurence. (S. Laurent.)
Da sant Christoff. (S. Christophf'.)
Da sant Sebastian. (S. Sébastien)
Da sant Denes. (S Denis. )
Da sant Ni('o~as. (S. Nicolas.)
Da sant Clauda. (S. Claude.)
Da sant Anthon. (S. Antoine. )
Da sant Roc. (S. Roch.)
Da sant Paul, escop a Leon. (S. Pol) évêque de Léon. )
Da sant Gouluenn. (S. r; olvein.)
Da sant Chorentin, patron a QUel'neau. (". Corentin)

patron de Cornouaille.)
Da sant Didier. ('. Didier.)
Da sant Yven, natiu a Treguer. (S. l'ves) nat~/de Tréguier.)
Da sant Guillerm. (S. Guillaume.)

Da sant Maudez. (S. Mandé.)
Da Sant Fiacr. (S. Fiacre)
Da sant Herue. (S. Hervé)
J1)a san Men. (S. Méen.)
Da santes Anna. (Ste Anne.)
Dan Magdalen. (La Madeleine.)
Da santes Kathel'in. (Ste Catherine.)
Da santes G8novefa. (Ste G~neviève.)

Da santes Margarit. (St"l M arg uerite.)
Da santes Barba. (St. Barbe.)
Dan unnec mil gllerches . (Les onze mille vierges.)
Da santes Apolina. (Ste Apolline.)
par ces différents motifs, j'ai ceu devoir atteibuer au dio­
cèse de Saint-Pol-de-Léon les Heures bretonnes, qui durent
. êtee exécutées à Paris quelques années ' après le milieu du
XVIe siècle. -
Je tel'mine pal' la description de l'ancien Beéviaire et de
l'ancien Missel de Saint-Pol-de-Léon, dont le témoignage a
été invoqué à propos de la signature des Heures.
On fait honneul' (1) de la rédaction du Bréviaire à Gui Le
Clerc, qui occupa le siège de Saint-Pol depuis 1514jusqu'en
1521. Le Missel dut être publié sous les auspices de Gui de
Chauvigné. -qui fut nommé évêque de Saint-Pol le 3 juin
1521 et qui se démit de son évêché en 1554. C"est à ce prélat,
selon toute apparence, que s'adresse une épitre dédicatoire
dont le texte sera donné un peu plus loin, mais dont la sus~
cription est malheureusement mutilée.
BKEVIAHII LEONENSIS PAns HYEMALIS . Parisius, 1516.
[I.] Fol. 1. Incipit psalterium secundum usum 1 ecclesie
Leonenis. 56 feuillets, cotés I-LVI. Cahiers sig'ilés A-G en

rouge.

(l) Galtia cltrisliana, X IV, 98! .

[II.] Fol. 1. Brove de in anno. Fol. 7 va. De festis pascha­
libus. 8 feuillets non cotés. Signatuee A.
[III]. Propre du temps, de . l'Avent à la Trinité. Fol. I.
J llcipit ordinarillm horarum 1 canonicarum secllndum morem
eccle sie Leonensi. Fol. eXIl vO. Finit tempus hyemale. 112
1 -a eXIl.
feu illets cotés a
[IV.] Propre des saints: de la Saint-André à la Sainte­
Basiline. Fol. AA I. Iricipit sanctorale hyemale. Fol. MM I~ .
Explicit sanctorale hyemale. Fol. MM VIII vo. Finit tempus
hyemale bre " viarii Leonensis. 96 feuillets non cotés. Cahiers
signés AA-MM.
l V.] Commnn. Fol. A I. Incipit commune sanctorum. 24
feuillets, côtés A I-A XXIlIl (la lettre A étant en rouge). Si­
. gnatures A-C.
A la fin du Commun, fol. A XXIIIJ va. Explicit Breviarum
ad usum " Leonensem, summa diligentia cor " rectum: Pari­
sius impressum per 1 Desiderium Maheu in vico Sancti " Ja-
cobi commorantem, sub inter 1 signio divi Nicolai, impensis
Il ejusdém Desiderii Maheu, Yvo 1 nis Quillevere et Alani
Prigent, " in hoc opere sociorum. Anno 1516.
In-8°, 296 feuillets, dont le numérotage et les signatures
sont indiqués ci-dessus. La signature placée en tête de chaque
cahier est accompagnée de L., initiale de Leonense. Carac­
tères gothiques. A deux colonnes.
Description prise sur l'exemplaire de la Bibliothèque
nationale (Réserve, B. 4920), auquel manque le feuillet 49
du Psautier.
Alain Prigent, qui, d'après la souscription ci-dessus rap­
portée, contribua pour une part à l'impression du Bréviaire
de Saint-Pol-de-Léon en 1516, devait tenir une maison de
librairie à Landerneau. On trouva en 1520, entre les mains
de l'imprimeur de ce même Bréviaire de Saint-Pol, une
reconnaissance datée du 21 juin 1519, par laquelle (( Alain
Pregent, marchand à L,anderneau, » reconnaissait devoir à

Didier Maheu une somme de 121 livres 4 'sous 4 deniers
obole (1). Cette somme représentait sans aucun doute le prix
de livres achetés chez Didier Maheu pOUl' être vendus en
Basse-Bretagne.
, MISSALE LEoNE:\'sE. Parius, 1526.
Missale secundum verum usum insignis ecclesie Il Leo­
nensis. una cum dicte ecclesie institutis consuetudinibusque,
huc usque nunquam Il impressum ; adjectis pluribus multum
désideratis, tabula etiam perpulchra Il post kalendarium
posita, secundum numerum foliorum, singulas dominicas et
festa 1/ distincte demonstrans ; in kalendario etiam reperies
festa sanctorum dicte dio Il cesis pel' ordinem, necnon eorum
officia, suis in locis ad longum posita, sine recul' 1/ su ad
commune, demptis epistolis, prosis et evangeliis quando non
habent propria ; non sine ingenti ac pervigili cura consum-
matum in alma Parisiorum academia, Il anno Domini mille-
simo quingentesimo .vigesimo sexto.
Au-dessous de ce titl'e, une image de saint Pol, domptant
un dragon; la ville de Saint-Pol est représentée au fond du
tableau; dans les deux angles supérieurs du tableau : à
gauche, les armes de Bretag,ne ',; à droite, celles de Saint­
Pol de Léon (un sanglier) .
Sur les côtés du tableau, la mention : Cum privilegio
regali ad quinquennium, et cum consensu capituli.
Au-dessous, l'adresse du libraire: Venumdatur Parisiis
ab Yvone Quillevere.
Tout au bas de la page, pièce de trois distiques : Ad
sacerdotes exhortatio ' :
Qui divina cupit summo libamina patri
Donaque sublimi mystica ferre Deo,
Hec legat a tetra pUl'gata volumine labe ;
(il Inventaire publié par M. Coyecque dans le Bulletin de la Soctété de
lï1istoù'e de Paris, année 1894, t. XXI, p: 'Zü5,

Nam prestant faciles ad pia sacra vias.
Horum presidio mysteria sancta parabit,
Et celi domino munera grata feret.

Titre final, au verso du dernier feuillet: Ad laudem
Dei
omnipotentis ejusque intemerate genitris et vi.rginis Marie
sancti Pauli,patroni ecclesie Leonensis, in cujus honorem

fundata est ecclesia dicti Pauli, totiusque curi.e celestis,
actum et completum extat arte impressoria presens hoc
. missale, seu mïsse ordinarium, hue usque munquam

impressum, in préclara urbe Parisiensi, prefateque ecclesie
ritui adaptatum, in quo diligenter, adjunctis ipsius ecclesie
constitutionibus atque consuetudinibus, singulisque festivi­
tatibus, cum prosis orationibusque cuilibet festo propriis
adjuntis, suum ad locum appositis ; cnmque pluribus missi s
votivis in fine additis ; atque insuper quorumvis sacra men­
torum, quorum a baptismo usque ad extremam unctionem
quis que animarum rector (non pontifex) accepit ministerium
administrationis tenor, et ea que circa eam contingere
possunt dubia exarata sunt. Impressum per Nicolaum
Prevost, impensis Yvonis Quillevere,anno Domini millesimo
die vero XIII julii.
:CCCCCXXVI,
Au-dessous de ce titt'e, la marque du libraire: Saint Pol
et saint Yves, à l'ombre d'un laurier au tronc duquel est
appendu un écusson portant les initiales Y Q. Sur la tête
deux saints, cartouche renfermant les noms : S.
des
PA VLVS . S. YVO. Au bas de la marque est imprimé en
rouge le nom du libraire : rvo Quillevere (1).
La partie inférieure de la page est remplie par ces quatre
vers:
Cum nichil absque Deo fit promiscui vel honoris,
Primam regnum (sic) Dei queras et in 0:11nibus 11oris,

(1). L'impl'imeur de Saint-Brieuc, L. Prud'homme, s'est appl'opl'ié cette
marque. .

Et sic omne bonum tibi plenius adjicietul',

Quique Deo sel'vit r.eg'nal'e Deo perhibetur.
l)n-4°, 288 feuillets, savoie: 8 pour le titre et le calendl'ier
(cahier non signé); 136 pour le Pi'opre du temps (cahiers a-r);
100 pour le Propre des saints (cahiers A-N) ; 44 pour le
Commun (cahiers A-F en l'ouge) . Les feuillets du Pl'opre du
temps et du Commun sont numérotés. Caractères gothiques.
A deux colonnes.
Exemplaire de la bibliothèque de feu M: Pol de Courcy.
II y manque les feuillets CXIX et CXXXVI du Propre du temps
et xxx du Commun. Ces trois feuillets existent dans un autre
exemplaire du même missel, conservé au grand séminaire
de Quimper, au sujet duquel M. le chanoine Peyron a bien
voulu me renseigner.
Le feuillet CXXIX (remplacé dans l'exemplaire de M. de
Courcy par un feuillet de livre d'heures imprimé sur vélin)
contient au recto une fin de préface et le Sant us; au verso
une image du calvaire.

Sur le feuillet CXXXVI se tl'ouvent : 1° la fin du petit poème
Peniteas cito; 2° Modus incipiendi et jîniendi orationes
ecclesiasticas; 3° Speculum sacerdotum mis-sam celébrare

volentium.
Quant au feuillet xxx du Commun, il contient les cél'émo­
nies du mariage et de l'extrême-onction, avec un texte
bl'eton que M. le vicomte de la Villemarqllé a cité dans le
Barzaz Breiz (éd. de 1867, p. 418) et qui a été publié par M.
Whithley-Stokes (Middle-breton hours, p. 57) .
verso du titre, l'éditeur a placé une dédicace et une
pièce de vers, dont je reproduis le texte avec d'autant plus

d'empressement que le feuillet initial du missel, sur lequel
sont ces deux ma l'ceaux , manque dans l'exemplaÏl'e du
séminaire de Quimper :

Reverendissimo. . . . ...... .

humillimam
[diJgnissimo., tl/anus Qu ... us
(1) Leoni .. (2)
laudabiliter videndi disciplina. Hec duo sunt eterni mandata
principis : primum, ut colatur Deus; alterum, huic simile,
ut proximus diligatur. Hob jubent leges, hoc jura divina et
huma na contendunt, hoc studio omni curare debent eccle­
siarum rectores et magistratus, ut per rectam illorum admi-
nistrationem juste, pie, moderate, tranquille vivatur homi-
num conciliatione ac societate. Tantisper enim bona fuerit,
tranquilla et beata ecclesia, dum boni et sapientes extiterunt
qui magistratus gerunt, tales namque constat esse civitat.es
ac populos quales hi fuerint qui eis gubernandis ac regendis
presunt. Boni sunt qui intelligunt se gerere· personam civi-
tatis et ejus dignitatem sustinent. Boni su nt rursus qui jus­
titiam diligunt, leges servant, jura atque instituta tuentur.
Boni quidem (3 ) sunt qui concordiam amant unitatem Spi­
ritus consectantur, pacem amplectuntur, que bonorum om­
nium cumulum prestat. Felix ista natio existimanna est que
luculentissimi presulis culmine enitescit ! Felix, inquam,
ista natio que devotionis fervore ac sanctorum splendescit .
amplitudine ! Felix profecto ac beata ista natio que tot tam-
que clarorum virorum et prestantium dominorum eminet ac
refulget gloria ! Enim vero hic prestantissimi presulis et
omnium qui eccesiastica nobis de Deo divinisque mysteriis

monumenta pararunt precipuus est finis ut ex illis Deus
cognoscatur, syncerius cognitus ametur, ardentius autem
amatus in spiritu et veritate colatur, adoretur et laudetur
(1). Pèut-êtl'e Qnentinus .

("~ \ . La lectul'e de ces cinq lettl'es n'est pas cel'taine. Je Cl'ois cependant
qu'il doit y avoit' ici le mot Leonigeus (Léonnais), comme dans la rubt'i­
de l'Eloge de la Bl'etagne mis en tête du Catbolicon de 1.)11 ; voyez
que
plus loin à l'appendice .
(3; On lit encore ici quJdam dans l'imprimé.

H. D., a teneris, ut Greci dicunt, unguiculis. SoIent qui­
dem (1) primi urbium conditores, R. D., splendore virtutum
SUJlrum rerumque gestarum gloria magnam afferre conditis
a se urbibus commendationem et laudem, ut tanto preclarior
urbs aliqua habeatur quant.o prestantior claritudine nominis
fuerit qui eam primus condidit. Haud aliter et eximia vite
sanctimonia illustrisque doctrina eorum qui regulas eccle­
siastice institutionis primi ordinarunt legesque tulerunt:
quibus in eo vite genere sancte religioseque vivatur, non
modicam affert dignitatem et authoritatem ecclesiastice pro­
fessioni, ut eo debeat haberi commendatior quo excellen­
tiores eruditione et virtute fuerunt qui eam tanquam rerum
publicarum legislatores certis legibus ac regulis instituerunt.
Sed pari quoque digni sunt laude canonici ejusdem ecclesie
Leonensis rectoresque et conservatores ejusdem diocesis
quorum virtute, ope, authoritate illa geruntur in quibus
universa lex pendet et tota sita est ecclesie ratio et recte ac
laudabiliter videndi disciplina. Hec duo sunt ete l'ni mandata
principis : primum, ut colatur Deus; alterum, huic simile,
ut proximus diligatur. Hoc jubent leges, hoc jura divina et
humana contendunt, hoc studio omni curare debent eccle­
siarum rectores et mag'istratus, ut per rectam illorum ,admi­
nistrationem juste, pie, moderate, tranquille vivatur homi­
num conciliatione ac societate. Tantisper enim bona fuerit,
tranquilla et beata ecclesia, dum boni et sapientes extiterunt
qui magistratus gerunt, tales namque constat esse civitates
ac populos quales hi fuerint qui eis gubernandis ac regendis
presunt. Boni sunt qui intelligunt se gerere personam civi-
. tatis et ejus dignitatem sustinent. Boni sunt rursus qui jus­
titiam diligunt, leges servant, jura atque instituta tuentur.
Boni quidem (2) sunt qui concordiam amant unitatem Spi-

(1) On a imprimé quidam.
(2) On lit encore ici quidam dans l'imprimé.
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. . TOME XXII. (-Mémoires). 5.

ritus consectantur', pacem amplectuntur, que bonoI'um om-
nium cumulum prestat. Felix ista natio existimanda est qùe
luculentissimi presulis culmine enitescit ! Felix, inquam,
ista natio que devotionis fervore ac sanctorum splendescit
amplitudine ! Felix profecto ac beata ista natio que tot tam-
que clarorum virorum et prestantium dominorum . eminet ac
refulget gloria! Enim vero hic prestantissimi presulis et
omnium qui ecclesiastica nobis de Deo divinisque mysteriis
monumenta pararunt precipuus est finis ut ex illis Deus

cognoscatur, syncerius cognitus ametur, ardentius autem
amatus in spiritu et veritate colatur, adoretur et laudetur
uberius. Itaque sit hec nostra velim lucubratio tue prestan­
tissime dignitati accepta pro amplissima in me tua bene­
volentia vel quantulumcumque gratitudinis argumentum,
celebrantibus autem omnibus utilis, plebecule vero instar
perpendiculi fructifera et ad percipiendam supra munda­

norum devotionem accomoda. Vale, litterarum et virtutum
decus. Ex Parisiis, MDXXXVI. ' .
Ejusdem ad ecclesie Leonensis copitulum epigramma.
Ecce Leonensis Britonum conventi6 rudi
Exiguum populo tradere cepit opus.
a sermone potens Britonum conventio: mitis,
Suavis et ornato subdita pontifici,
Quam bene christicolis fiùei precepta ministras:
Divinos ritus et sacra jnra docens .
o Felix pastor (nemo felicior) ecce
Dat tibi felicem cantor Apollo chorum .
Sic vos feli (ces) sic vos clementer et equa
La ... i numina summa regunt.

Le nom d'Yves Qu:llevere, auquel est due, au moins en
partie, l'impression du vieux Bréviail'e et du vieux Missel de
Saint-Pol de Léon, doit être cher aux Bretons. C'est de l'ate­
lier de cet imprimeur que sont sortis deux des plus précieux

livres bretons du XVIe siècle: en 1521, le Catholicon, et en
1530, le Mystère de la Passion, dont la valeur a été si bien
mi e en relief par M. le vicomte de la Villemarqué.
L. DELISLE.
APPENDICE
NOTES SUR QUELQUES LIVRES BRETONS

IMPRIMÉS AU Xv ET AU XVIe SIÈCLE
Quand l'occasion s'est présentée de faire entrer à la Bi-
bliothèque nationale les Heures bretonnes auxquelles le
travail de M. Whitley-Stokes a donné de la célébrité, j'ai
dù me rendre compte de la place que ce livre doit occuper
dans la série des plus vieux libres bretons imprimés. A cette
fin, j'ai passé en revue ceux de ces livres dont la Biblio­
thèque nationale possède des exemplaires, et j'ai pu com­
prendre dans ma revue le Catéchisme breton de l'année
1576, dO!lt . un exemplaire m'a été gracieusement commu­
niqué par Mme la comtesse de.Kergariou, et deux livrets:
le Mystère de sainte Barbe et le Miroir de la mort, dont
nous devons la description à M. Arthur de la Borderie . .
1. Le Catholicon de Jean Lagadeuc, 1499-1521.
Un peu après le milieu du xv siècle, Jean Lagadeuc, de
la paroisse de Plougonven, au diocèse de Tréguier, prenant
pour modèle le célèbre CatholicQIl de-Jean de Gênes, rédigea
un Dictionnaire qui avait pour but d'aider les Bretons à
apprendre le français et le latin. Il nous en est parvenu un
manuscrit. qui vient d'Antoine Lancelot et qui porte le nO
7656 dans le fonds latin de la Bibliothèque nationale (volume
. sur papier, de 131 feuillets, mesurant 286 millimètres sur
214). Ce manuscrit n'est malheureusement pas complet. La
copie n'en a jamais été terminée; elle s'arrête à l'article
PRES, au bas du recto du feuillet 131, feuillet dont le verso

est resté en blanc. De plus, il existe une lacune entre les
mots: INSTRUCTION et MOLESTAFF. L'article INS-
TRUCTION se trouve au haut du quatrième feuillet d'un
cahier dont les dix dernières pages (fol. 105-109) sont restées

en blanc. En tête, l'auteur a mis une courte préface datée
du 16 août 1464. La copie doit être de bien peu postérieure
à cette date. Voici le texte de la préface: .
Principio Dominum. rogo trinum semper et unum .
Ut Britoni librum valeam complere novellum.
Si quid in hoc opere videaris non bene dictum,
Non mox arguere studeas tanquam male pictum .
Primo consulere placeat tibi sepe peritum
, Qui sciat instruere necnon discernere scriptum. ,
Quoniam quidem multi scolares, adhuc in limine gim­
nasii, non habent~s periciam latinitatis trahunt vocabula
latina ad sensum extraneum et extortum, squamas avibus
et plumas piscibus apponentes. alii quippe de novo latinum
fingunt ac alii barbarizant, eciam quia quam plures britones
multum indigent gallico, idcirco ego Johannes Lagadeuc,
parrochie de Ploegonven, diocesis Trecorensis, in artibus et
decretis bachalarius, quamvis indignus, ad utilitatem pau­
perum clericulorum Britanie vel rudium in pericia latinitatis,
hoc opusculum composui, primo ponens et ordinans brito­
nicum secundum ordinem quem frater Johannes Januensis
tenet id suo Catholicon, sibi addiciens gallicum et deinde
ut pel' illud britonieum
latinum ejusdem sig'nificàtionis,
poterunt ad gallici et latini pervenire cognicionem : hic enim
suplebiiur quidquid ex hujus deffectu hactenus pretermis­
sum est. Queso autem mente devota, sup'er hujusmodi operis
imperfectione veniam a scolaribus et magistris posiulans,
ut non bene dicta corrigant, defectus suppleant ac in melius
earum (sic) profacionem
reforment, ac britonicllm secundum
interserant: ut melius utique convalescat. Datum die
hic

xvr mensis augusti, anno Domini millesimo quadringente­
simo sexagesimo quarto.
On connaît trois éditions imprimées du Catholicon de
Lagadec.
Jean

lr~ édition. Tréguier, 1499 .

Cy est le Catholicon en troys lan Il gaiges, sçavoir est
br~ton, fran Il czoys et latin, selon l'ordre de l'a: 1\ b, c, d,
Marque de J. Calvez.
etc.
(Au verso du titre, à la suite d'une préface commençant
par les mots Qui lingua loquitur oret ut interpretur et qui
n'olTl'e point d'intérêt, au bas de la col. 2 :) Incipit Dictio­
narius Bl'itonum, continens 1\ tria ydiomata, videlicet brita­
nicum secundum 1/ ordinem litterarum alphabeti, gallicum
et lilatinum superaddita aM. J. Lagadec, dio 1\ cesis Tre­
corensis, compositus ad utilitatem Il clericorum novellorum

BrItame.
(A la fin :) Cy finist ce presant libvre nommé le Ca Il tho­
licon, lequel contient trois langaiges, 1 sçavoir breton,
franczoys et latin, lequel 1 a esté construit, compilé et inti-
tulé par noble et Il vénérable maistre Auffret Quatquevel'an 1\
en son temps chanoine de Tréguier, 1\ recteur de Ploerin,
près Morlaix, prévoians 1 que c'estoit une chose propice et
utile de Il mettre ces trois langaiges concordens Il l'ung à
l'aultre, quant affin et pOUl' instruire les simples gens a
avoir la cognoissance Il des ditz langaiges, ainsi que le libvre
le 1 demonstre. Et imprimé à la cité de Lantre Il guier par
J ehan Cahrez, le cinquiesme jour 1 de novembre l'an mil

ccce IIII vingtz et dix-neuf.
.Euzeu Roperz credet querz a kaerdu
En composas ung pas ne fallas tu
Bedên yssu hac en continuas.
Marque de J. Cal vez .
In-folio. 106 feuillets non numérotés, dont le dernier est
blanc. 17 cahiers signés a-l', chacun de 6 feuillets, sauf les
deux premiel's qui en ont chacun 8. Caractères gothiques.
A deux colonnes.
Exemplaire ayant appartenu à Jacques Corbinelli et à

Huet. Bibl. nat., · Réserve, X. 252, nO 315 de l'exposition des
livres imprimés daus la galerie Mazarine .
Sur cette édition, il . faüt consulter A. de la Borderie,
lJImprimerie en Bretagne au XV siècle, p. 83-9[1, et
Thierry-Poux, Anci'ef/.s monuments de la Typographie
française . p. 16, notice 119, pL XXX .
donné
. C'est de cette édition que M. Le Men a
un abrégé
dans le volume intitulé Catholicon de
Jehan
~egadeuc.

Lorient, [1867], in·8° .
éd't . ? ? .
l lon ...... ..... ~
Le premier feuillet manque.
(Titre courant au haut du fol. II) : Incipit Dictional'ius 1
Britonum: continens tria ydiomata, videli 1 cet. britannicum
secundum ordinem liUerarum aIl phabeti, gallicum et lat.i-
num superaddita, Il a magistro Johanne Corre Trecorensi
correctus Il et revisus.
Le dernier feuillet manque, et le feuillet XVII a été refait à
la main.
In-quarto. 100 feuillets numérotés. Cahiers signés A-Q.
Caractères gothiques. A deux colonnes.
Exemplaire ayant appartenu à J .-B. de S. Port, puis à
Falconet. Bibl. nat., Réserve X. 9[.1:6. Le présent exemplaire
paraît être celui dont parle Brunet ( 1) .
On peut supposer que cette édition du Catholicon est celle
dont il se trouva six exemplaires dans l'hôtel du libraire
Didier Maheu, à Paris, rue Saint-Jacques, à l'enseigne de
Saint-Nicolas, le 21 avril 1520, lors de l'inventaire aussi
après la mort de Jeanne Corset, femme de Didier Maheu :
« Six Catholicum, en françois et en breton, VI s. VI. d. t. (2). »

(1) Manuel. t. 1, col. 55:). Au lieu de Johanne Corre Trecorensi,
Brunet a lu .Ioltanne Treco1'ensi. M. Le Men cite celte édition sous le
nom de Jean Cozrc; voyez la réimpression clu Cat holicon de Jehan
Lagadeuc. publiée à Lorient en 1867, p. 8 de la partie liminaire.
(2 ) llultetin de la Société de t'histoire d(~ Pari)', 1891 , t. XXI, p. 'ZOO .

An 1520, on n'estimait donc que 15 deniers l'exemplaire
d'un petit volume qui se paierait aujourd'hui bien au delà •
4u, poids de l'or.
3 édition. Paris, 1521. .
Catholicon. Il Artificialis Dietionarius tripha" riam par­
titus : britonice scilicet, gallice et latine, " non parva accu­
et diligentia recenter Parrhi " sius impressus, necnon
ratione
tersus "atque castigatus, nonnullis­
a eompJusculis mendis
que additis crementum ae II cessionemque bac in secunda
recognitione suscipit.
Grande marque de Yvo Quillev·e~e.
Venundatur Pharrisius 'ab Yvone Quillévere, " commorante
in vico sic nuncupato la Bucherie. ,
(Titre de départ au haut de la col. 1 du fol. II) : Incipit
Dictionarius 1 qui intitulatur Catholi 1 con, continens tria
ydio " mata : videlicet britanni " cum secundum ordinem
litterarum Il alphabeti, gallicum et Ilatinum super addita, "
jam pridem ab innumeris Il deffectibus correctus et 1 revisus .
(A la fin, col. 2 du fol. CLX : ) Explicit Ca 1 tholicon seu
Dictionarius trino par 1 titus vernaculo, expensis Nonesti "
viri Yvonis Qui11evere, Parisius " commorantis, rursum im­
pressus, nec 1 non opera ac ipsius industria diligen" ter
tersas et emenclaLus, anno sesqui 1.1 millesimo vicesimo primo,
pridie 1 kalendas februarias.
Au bas de la mêri1e page, deux distiques:
Ad invidum.
quatiuntur pectora telis.
Non aliena tuis
Non aliis rapiclus sed tibi livor obest.
Hereat altus amor tibi : de pectore sevum
Livorem pellas: hic teret, ille fovet .

Sur le fol. CLX v , les armes de Bretagne, supportées par
deux anges .
Petit in-oetavo: HW feuillets numérotés, répartis en 20

cahiers qui sont signés A-V. Caractères gothiques. A deux
colonnes.
Réserve, X. 2059 .
Bibliothèque Qationale,

C'est l'édition de 1521 que Brunet (1) a décrite d'une façon
très, inexacte, en lui 'assignant pour date l'année 1501. La
même erreur a été commise par M. Le Men (2), qui par~it
cependant avoir vu l'exemplaire de la Bibliothèquf) nationale.
Le Catholicon de 1521 s'ouvre par un pompeux éloge de
la Bretagne, qui couvre le verso du titre et qui mérite bien
. d'être reproduit: .
LEONIGEUS IN LAUDES BRITANNIE.

Optima patrie jacta fundamenta Socrates, ille philosophie
parens, dicebat et perpetua firmitate constare si sapiens: si
virilis, si temperans, si justa foret: que quidiem magne
eximieque virtutes, tam et si totius humane vite contineant
rationem, precipue tamen ad bene regendam commul1itatem
necessarie sunt, ut absque earum presidio nulla nec munita
satis nec tuta sit patria. Sed quid ratio petit, quid spectat
aliud quam virtutis actionem atque exercitFltionem et tum
sapientiam, prudentiam, tum equitatem, animi magnitudi­
nem, verecundiam, modestiam, probitatem eidem colendam
suadet, prœcipit, imperat. Quis est qui ignoret temperan- .
tiam in ,Britannia clarescere ac plurimum dominari? Quis
igitur Britanniam non laudet, quis non predicet, quis non
plurimum admiretur, apud quam certi sunt rerum fines,
totiusque denique vite ordo modus que servatur, et eorum
que vel dicuntur vel fiunt recta mensura est? Eidem cons­
tantiam, noblitatem, gravitatem ceterasque tum multas tum
maximas virtutes si pergam, non dicam laudare, sed referre,
deficiat me dies. Taceo igitur celi clementiam, aeris salu­
britatem, ubertatam soli, agrorum fertilitatem, loci oppor­
tunitatem, segetum commoditatem, varietatem fructuum,
cujusque generis annone mirificam copiam, magnam vim
kumentorum, optimi pecoris possess.ionem, numero:;;a
(1) J1anuel, t. I, col. 5;:.5.
('2) Réimpression du Cat/wlicon. p. 8 de ra partie liminaire . .

·armenta-, pa~cuorum ~eracitatem, optima et pin uium pra­
per~ulta, popul.l no~ .lgnoblles lUi serviunt. Urbes etlam
lH~elebre.s eJ~ls dlClOn.i subjacent. In his feracissi~na ora
. non
et omms reglO clrcumscrlpta littoribus oceeani marIS, que
, quasi frumental'ia cella finitimorum omnium ac per aHum
c~lebe1'l'imo. Abrevetule portu m?lta .exporta~s
precipue. ex
necessarla alImenta, eham exteris et 10ngll1qUls popuhs
s.ubminis~rat, quibus inter se homines juvare, civitates con­
tme.re, vile. presidia conferre possint. Verum hos solen~
sapl~nles dignos existirr:are gui reipublice presint, gUl
n~aglstratus geran~, qUI populorum gubernaculis prefi­
Clantur. Pastores namque sunt qui alios regunt, ut scite
Homerus pastorem ·populorum Agamemnomem appellare
sit solitus. Qui una nostris seculis in hac preclara atgue
optime instituta republica flol'ent nec minus splendescnnt
quam quond-am bellica g'loria prest.ans Lacedemon, impp.rio
et summis opibus Rom~ refulgens : in hac, inquam, patria
in qua omnium pene consensu aurea dominatur libertas.
Tales qui modo gubernant viros moderatione, illtegrilate
Ol'Oatos et reipublice studio ac patrie charitate flagrantes.
Tales quoque magistratus annullnt pennates in hac preclara
commitiorum celebritate, ut tt summa ipsi virtute rediti,
patriam conservent, juvent, amp ificent,
invitati exemplo,
quorum ope et presidio sit illa imperium occeano farnamque
terminet astris, ad eterni rincipis decus et ejus florentissimi
gloriam et tranqui litatem. ..
populi
Pour montrer dans quel rapport sont entre elles la copie
manuscrite et les trois éditions du Catholicon, je prends au
hasard quelques articles de la lettre B. Les mots bretons
qui sont dans le corps des articles seront imprimés en lettres
italiques.
MANUSCRIT. ÉDITION DE 1499 (1).
BAETES : gallice blete ou bete
BAETES: ga !lice bete ou blete.,(2)
de quoy on fait [a pourrée;
de quoy on fait la porée; [ntine
latine bec betha, bethe. hec beta, bete (3).
(1) Je donne en note les variantes de la deuxième et de la troisiBme
édition, désignr.es par les chilIres '2. et 3.
('2) « G. hlete, I. heta. » 3.
(3) « Et betacius et betacium. » '~. .« Et hetacius. » 3.

BAGAT: g. nssembléo, multi­
BAGAT: g. asseml:Jlée, multi­
tude do gens; 1. hec turba, e.
de gens (1); l. bec turba, be.
tude
Item l1ec turma, e; g. compai­
hec turma, .me; g. com­
Item
guie de trnote.
pningilie de tranle (2).
BAGAT CIÜTAL: g. tropel de
BAGAT CHATAL: g. tropel (3)
gros::;es vestes ou de brebis; 1.
degrosses bestesoudebrebiz (4);
hic grex, gis. Item hoc arllleu­
l. hic grex, gis. Item hoc armen­
tnln, nrmenti ; b. bngat OUI hen,
tum, ti (5) ; b. bvgat o1.lhen (6).
BAGAT GALA:\TET : g. compni-, BAGAT GALANTE'!' : g. compaio­
gnie de galans; 1. hec caterva,
goie de gnlalls; 1. bec catervtl,
ve(7). Inde catervariüs, a, um :
caterve. Iude c~ltervtlrius, a um :
g. fJili emmyt compniguie de ca­ g. qui ensnyt compaingnie de
'terve de galnl1s. Item catervatim.
cate:'ve de gnlnns (8) • . Item cater­
ad verbi lllll: g. decom paignie,
de com­
vatim, adverbium: g.
eo cotnpaignie ou par compai-
paingnie, en compaingn.ie ou par
gilles.
compaingnies (9).
BAHU : g.
BAILL: (l.'. hausen, latine.
Balance: g. idem (10) ; 1. hec
BALANCE: , g. idem; 1. hec
(11). Item hic stater,
e. Item hic stnter, toris : statera, re
statern,
ung poy~ h poiser. Item ris (12~; c'est un poix à pe­
c'est
agma, lIe (sic): g. treu de ser (13.). Item agma, me: g. tieu
de balallce (14), Item hec bibri­
balance. Item bic libripens,
pens (15), dis: g. balance à peser
dis: g. balance èl poisel" ou
la Inngnete de la val.:Hlce. Ilem
ou la languette de balance. (16).
hec trutina, ne. Iude trntinnla, Item hec tmtina, ne. Inde truti­
e, et tnltine!ln, le; ambo di­ le, ct trutinella, le; ambo
lluta,
minntivn. dimiJ1utiva (17).
(1) « Des gens. 1) '!. et 3.
« Com,painnunez
(2.) « fli'iti/lnice (JolJl/ ,a,immez a t7:egont, Il 2

(3 ) " Tri)peu. ,» '2.
(il) « Tropeau des menues bestes. » 3.
(5) « G. tropeau de grosses bestes. » J.
(6) « B. IXlg 'z[ egennet pe ouhen » '1. - « B. bagat c/wtat bras, wel
egellnet. l'te " 3.
(7) Toute la fin de l'article esl ainsi rédigée dans 3 : « Tamen proprie
est Gal!ornm legio, sicut phalanx Macedonllm, que cerlo numero constat;
nam allcLore Vegecio in caYel'ta eran t sena militum milia ~ Plerumqlle
tarnrn pro multiLudine sumituI'. El ca lervaLim, aclverbium ici esl pel' varias
catel'vas. Et catervarii, catervatim (:onglobaU. » ,
(1:) ) (l Compaingnie de calerve des galans; b. ncb a heut compainu!/cz
(J a Lw t et, " '1 .
. (9) « B. dre cm?tnainu!l(,z. " '2.
(10) , Gallice balance. » 2 et 3.
(t 1) « A stando dicta. ». ,
(t '2) « EL hic slater, ris, qui duo habet dicll'agmata. 1) 3.

(i:3) I( G. C'est un poix à peser; b. 7 O('..\'."

(t '1) L'explicaLion fran ça ise ll1annlle dans '~ et 3 .
( 15) " !Lem libripens. " ·Z. L'article « Libripens » manque dans 3, où
il est remplacé )1nl' ceci: « Item bilans, cis, quocl duas habet lances. Et
bilipris, ici esL cluarllm -un(~ iuJl1. »
(1G) " B. Sllim lenn an balancc. » '2.
(17) Les mots « ambû diminlltiva ij manqu ent dans 3.

. ~~~~NCZ~FF : ? b~lanccI',
llALANCZAFF: g.ba~ancer(l),~e;
I)OI~el , L hbro, ns nv! "ct"
sel' ; 1. li bro, as, aVI, .(~tc., a,Ch' l
. " u IVI
genens. Item trntino, ai'.
o'cllcris (2). Item trul1110, as.
)BAr;A~~NN :. g. papeilloll; 1.
~ BALAUENN : g. pnpeillon; 1.
hec pllPlltO, OlllS. Idem hic flo­
hec popilio, nis.
eus, ci ; b. balanenn erch.
Cet exemple. suffit pour montrer que le texte du manstlcrit
d iITère assez peu du texte des éditions, et sudout de l'édition

de 1499. Toutefois, les variantes mises au bas des pages
laissent entrevoir que la deuxième et la tl'oisième éditions
renferment des additions, et notamment des gloses bretonnes,
qui n'existent ni dans le manuscrit ni dans la premièrè édi­
tion. On jugera encore mieux du nombre et de l'importance
de ces additions en examinant le texte de l'article LESTll
A MOR, tel qu'il nous est offert par les trois éditions (3).
Cet al'ticle fournit d'ailleurs d'assez curieux renseignements
sur les termes de marine employés en Bretagne au commen­
cement du XVIe siècle: .

ÉDITJTION DZ 149J.
DEUXJi.:ME f~DITION ({.
LI~STR A Mon: g. uef; 1. hec
LESTR A MOR: g. nef; 1. lwc
eal'lJasus, asi, et pluraliter hec carbasus, asi, et plnntlitcr hec
carbnsa omm. cal'basa, orul11 , etbero.
Item carbasus cst voile. Item Item Catb:lsuS, c'est voile; b.
gof'llestr Item c'est robe; b . . ~œ.
c'est robe.
Item h('c ratis, tis : g. nef.
Item hec ratis, tis : g. nef; b .

Item hoc pelagiaris, ris: c'est
Ite!'l1 hec pelagiaris (5" ris: g.
nef. Item hic et bec pela-
graut c'estgr:mtncf; b.lr~!r.bras.Item
giaris ot hoc re. hic 0.L hec pelagiaris et hoc rc.
Item hec tl'ioris, eris, idem
Item hec triéris, eris, jdeEl.
quod pellaginris : grande nef
ca pulus, li : petite Item (6) hic cnpullls, li : g.
Item hic
petite nef de v(~rgcs fnictes ; b.
nef de verges l'ai etes.
lestr a goalennicr.
(t) Le mot « halancer » est omis dans .1.
(2) « Avi, are, aclivi generis. Et trutino, nas. » 3.
(3) Cet article se trouve compris clans la laeune que présente le texte
. manuscrit du CatilOlicon
(4) Je clonne en nole les variantes de la troisième édition, publiée à
Paris en t,>'2 1 .
(;» " Pelargial'is. )) 3.
(G) Paragraphe omis clans 3.

Item hic dromo, onis : c'est Itfm hic dromo, nis (1): g.
manière de ' nef longue et c'est une manière de nef longue
llne
îsneUe, et s'appelle dromon. et isn.elle, et s'appelle dromon;
b. lestr hir ha squaff. ,

Item heg legia, ie : c'est petite
Item hec legia, e : g. c'ëst pe­
nef, nasse Ile. (2); b. bag pt
tite nef, nasselle
lest1'ic (3).
Item hec pupis, is: c'est la Item hec pupis, is: g. (3) c'est
la dernière partie de la nef; b.
derrenière partie de la nef.
shI r.

Item fasellus, li, generis mas-
Hem hic fasellus; li: une nef
vel feminni, qui et fasellus
corme et isnelle. Item c'est une ,culini
manière de Iyon, ou une manière dicitur gellUs navigii campani ;
uue isle.
de potaige. Item c'est in genere mascuIino, gellUs est
leguminis, exibis (4) et teretis,
qui et phaseolus et phasilus di­
citur.
bi: g. (5)
Item hic ypogahus, bi: c'est Item hic ypogabus,
c'est une nef dans lequel l'en
HeT auquel!' en porte les chevaulx.
porte les chovaulx; b. lest?' Ve
bag da doen ront clet (6).
Item hec prora, re: g. c'est le
Item hec prora, re: c'est le
de la nef; b. en pen'
premier bout de la nef. premier bout
quentaff an lestr (7).
Item hic mipnro, est nef pour
Icem hec miparo : g. nef pour
piratez, id est larrons de mer.
piratez, id est larrons de mer (8);
Idem hec scalacin, e. b. lestr eguit lun'on a mor.
Idem hec scalacia, e.
Item snlamlls, mi: nef. Idem salamus, mi: g. nef; b.
Item
llf}bris idem letibulus, li. leslr (9). Idem nebris. Idem leti­
bulus li (10).
Item hec navis, is, in accusa­
Item hec navis,is, in accusa­
vel navim : g. nef. tivo navem vel navim: g: nef;
tivo nayern
lestr (11).
Item stolus, li : g. grant mul­
Item stolns, li: g. gr,md mul­
titude de nefz. Idem hec classis, tiLude de nefz; b. flot l'istry.
SIS. Idem bec classis, sis .
(1) Ici s'arrête le texte de ce paragraphe dans 3.
p) Le mot. nasselle » omis dans 3.
(3) « Lest1'ic bihan ». 3.
(',) L'explicatiou française et la glose bretonne sont remplacées dans 3
par. id est navis ». -
(5) Ainsi porlent la deuxième et la troisième édition, sans doute pour
« exilis '.
(li) Le français et le breton cie ce paragraphe sont remplacés dans 3 par
« navis ad portanclum equos "~ .
(i) Après le mot les!.,., on lit dans 3 : « penn pl'od', dicitur qui custos
est. et guhernator in navis prora ».
, (8)'<(' Id est larrons de mer» manque dans 3.
(9) Le terme français et le lerme breton omis dans 3.
(10) « Et nebris vel lelibulus, li. » 3.
(11) Les mols français et brelon omis dans 3.

Item hoc nnvale lis' rr e
r . g en-·
Item hoc navale, \S. bLe a
. blêe de nefz. " . t). nS<'ln-
semblée de ncfz; b. assem
li~l 'rlJ (1) •
Item hec navicllla le' g
Item hec navicula, le: g. pe-
tHe' nef. ' . • pe-
tite nef; b. tes/ric (2). .
as: g. naiger.
Item navigo,
Item lll.lvigo, as : g. llaIger, b.
nellff· d
Item nauticus, a, um: g. de
Item nauticns, a, um: g. e
nef.
nef; b. a lestr (3). :' ,
Item hic et hec mauahs (4) et
Item hic et hec manaHs (i;ic) et
hoc le': g. de nef.
le: g. de uef; b. a le.r;;tr .
hoc
Item hic paro : g. c'est l?ef pou~
He.m hic paro: c'est nef pour
peChIef.
peschier; b. scal!' da pesquel~/f;
Item hec barcha, che: c'est nef
Item hec barcha, che: g. c est
des marchans; g.barche; b.bare,
nef des marchans (5); g~ barche;
b. bure.
Item hic celox, quasi velox,
Item (6) hic celox,quasi veJox:
est une nef isnelle. Idem 'hic
g. c'est Ulle uef isnelle; b. lestr
huban en mor. Idem hic celo-
colonicus.

mcus.
Item dentei' est une nef estroitte Itemdenter: g.une nef estroicte
devant. b. lestr striz a diara1lc.
devant;
Item hic musculus, li : g. une
Item hic musculus, li : est une
petite nef et est ronde. et est rOllde ; b. lestric
petite nef
crenn.
li, est une
Item hic cimbulus,
Item (7) hic cimbulns, li: g.
de cuyr pour
petite nef couverte c'est une petite nef qui est cou­
verte de cuir pour pecher; b.
pecher.
les tric goloet da pe!:r'quela ff.
Item hic lembus, bi, est une Item hic lembus, bi: g. c'est
nef isnelle.
lestr sq,uan:
une nef isnelle; b.
Item hic linter, tris, est une
Item hic lenter, tris: g. auge à
de nef, mais proprement
manière porceaulx ; b. laouerz an moch.
linter c'est g. auge de porceaulx.
bi : g. cara­
Item hic carabus, Item hic eat~abus, bi : g. cara­
nelle.
nelle, genwi piscis.

(1) La traduction en français et en breton 'omise dans 3.
('l) Dans 3, le mot « diminutivum » tient lieu de la traduction frança-ise
et de la traduction bretonne.
(3) « Item naulicus qui navem gubernat. » 3.
(4) Cette faute d'impression prouve que la deuxième éditiou dérive de la
première. La troisième porte : « Item hic et hec' navalis, et hoc le, quod.
ad na ves pertinet. »
(5) « G. c'est nef. de mat'chans, » om.is dans 3.
(6) Les paragraphes t'elatifs aux mots « celox » et « den ter » manquent
dans 3.
(7) Ce paragraphe et les sept suivants sont représentés dami 3' jrar les
mots « Item hic cimbulus, i ; idem hic lembus, bi. ftem seatra, scatre ••

Item hE c cimba, be : c'est une
Item hec cimba, he: g. c'est
nef large et basse. .
une nef large et basse; b. Lestr
Ledan hac ysel.
m~m hec legia, e : c'est la nef
. Item bec legia, e: g. la nef
des captives et pouvres.
des pouvres," b. lestr an re que­
meret dar mor .
Ilem hec caudea, ee, a cauda :
Item hec caudea, ee , a cauda :
c'est uue nef estroitte devant et
g. c'est une nef estroitte devant
lestr stT'iz
large. darrière. . et large derrière; b.
• a diaraoi ha ledan a dren .
Item hec scaffa, fe: c'est nef Item bec scafra~ fe: g. c'est
nef à pescher.
à pecher.
S'ensuyv8nt les instrumens de
en­Sequuntur nomina instrum
la nef:
torum carbasi :
Hic malus, li : g. mast; b.
Hic malus, li: g. mast; b ..
guern an lestr.
gnern an lestr.
. Item hec carthe~la, e : b. an Item hec carthesia, e : g. la tour
tour castello de la nef; b. an tour castello
Item hec anchora , e : g. ancre;
Item hec anchora, e : g. ancre;
b. idem.
h. idem.
hec Iinthea, orum, velum, Item hec. linihea, orum, velum,
Item
li, hec carbasus, si : g. voile de li, hoc carbasus, si : g. voile de
nef; b. gouel lestr.
nef; b. gouel (1) lestr.
Item hic eheruchus, chi : g.
Item hic cheruchus, chi: g.
gralichet, c'est le petit voile qui
gralichet, c'est le ).letit voile fJui
monstre dont est le vent; b.
monstre dont est le veut (2) ; b.
guiblenn . guiblenn .
Item hic coutus, ti : g. c'est
Item hic contus, ti : g. c'est la
la perche pour bouter la lief.
perche pour bouter la nef; b. un
perchenn da poulsa n· an le.str.
Item hic l'emns, i : g. aviron;
Item hicremus, mi: g. aviron;
b. ·roeuff.
b. 1'oe /1 ff.
Item rudentes sont les cordes
Item rudentes : g. sont les cordes
de la nef. .
de la nef; b. queadenn an lestr.
em hoc transtum, stri : c'est
It Item hoc transtum (3), stri : g.

le siège au marinyer pour avi­ c'est lè si èg c: à marinier pour a vi­
ronner.
ronner ; b. an Lech da roeu nyat.
Item amplustre, stris, id est Item amplustre, st['is, id est
gubernaculum navis. gubernaculum navis.
!telll autempne suut corde a Item antempne sunt corde a
vela dependent. dep~nden1.
quibns quibus vela
Ista et hujusmodi alia vocabula Ista et hujusmodi alio vocabula
si qua sint diversis in diversis
si qll~ s.i0t dive~sis . i!l cliver.sis
locls Istms open s dIligenter lll­ is diligenter in­
locis istius oper
venles assignata.
venies assignata .

(1)( Gael" 3.
("2) Les mots « c'est le - le vent 1) manquent dans 3.
(3) « Tanstrum. )) ·3.

II. CALANDRIEHS BHETONS.
C'est seulement pour mémoire qu'on rappelle ici ces
« 9alendriers français-bretons,» imprimés xylographique-
. ment, que M. Loth (i ) cite, non sans réserve, comme renfer­
mant quelques mots bretons, et dont il indique trois éditions:
(c L'une au Musée britannique (Sloane, 966), gravée par
« G. Brouscon, du Conquet, un feuillet .in-folio ; l'autre chez
« le duc d'Aumale, 12 feuillets (XVIe siècle) ; la troisième (de
« 1450, paraît-il) chez lord Spencer, à Althorp, » [aujour-
d'hui chez Mme Rylands, à Manchester]. .
A la même catégorie que ces documents doit se rattacher
un livret de 11 feuillets de parchemin, 103 millimètres sur
67, ' conservé à la section géographique de la Bibliothèque
nationale (2). Il contient un portulan à très petite échelle
des côtes de l'Océan, de la Manche. et de la mer du Nord,
avec un calendrier, des roses des vents et des tableaux pour
le comput et pour le calcul des longitudes. L'exéc.ution, qui
en est très grossière, doit appartenir à la première moitié.
du XVIe siècle; le port du Havre y est mentionné sous la dé-
nomination de « Hableneut" ».
Plusieurs des noms inscrits au calendrier dénotent une
origine bretonne. Une colonne de ce calendrier est remplie
. par des figures symboliques caractérisant les principaux
saints de chaque mois, suivant le système de ces calendriers
gravés sur planchettes qu'on a longtemps attribués aux
peuples du Nord. .
Il n'y a point, à proprement parler, de texte breton dans
le livret de la Bibliothèque nationale.
III. LE MYSTÈIlE BRETON DE LA PASSION. Paris, 1530.
Aman ez dezrou an Il Passion, ha he goude an Resur Il
rection, gat Tl'emeuan an ytron 1 Maria ha he Pemzec
(1) Chrestomathie bretonne. l"· part., p. 239.
(2) Il a figuré sous le n° 380 à l'exposition géographique organisée en
1889 à la Bibl. nat.; voyez le livret de cette exposition, p. 10 .

. lelienez, hac Il endiuez ezedy Buhez mab den. il E Paris a
neliez imprimet en Il bloaz mil pemp cant ha tregont.
Marque de Eozen Quillevel'e.
E Paris ho guerzeur, e ty Eozen Il Quillevere: equichen
· an pont bihan " en assaing an. t du en ru hauet la Bucherie . .
A la fin :
Aman ez achief an l'efrman

Meurbet dfmot da neb unan
Da lên dan re a golet breiz
Eguit chom fermoch en ho feiz.
CCCCC. ha. XXX. '.
Mil.
Petit in-octavo allongé. 120 feuillets répartis en 15 cahiers
portant les signatures A-P. Manquent le premier et le der­
nier feuillet du cahier G.
Bibliothèque nationale, Réserve, Yn. 11. Caractèl'es
gothiques.
A la suite du Mystère sont imprimés trois petits poèmes:
1° (fol. M 7). Tremenvan an ytron guerzes Msria. (Le Tré­
passement de madame la vierge Marie.)
2° (fol. 0 7). J:>emzec levenez Maria. (Les Quinze joies de
Marie.)
3° (fol. P 2). Buhez mab den. (La Vie de l'homme.)
Le Mystère et les trois petits poèmes ont été réimprimés
à Morlaix en 1622 : .
Aman· ez dez " rou an passion, ha he Il goude an resurrec­
tion, gant" Tremenvan an ytron Maria, ha he Pemzec 1 le­
venez, hac en divez ezedi Buhez mab den. " An 011 corriget
hac amantet gant Tanguy Gueguen, " belec hac Organist,
natiff a Leon. " Imprimet e Montroulles, Il gant George
Allienne, 1622.
In·seize. 175 feuillets ITon chiffrés. 22 cahiers signés A-Y.
Au verso du titi'e : A Quimper-Corentin, " en la boutique
dudit Allienne', " à la .place Mau,bert.

A la fin du livre: Extraict du Privilege du Roy, en date
du 27 juin 1620. .
j ') M. le vicomte de La Villemarqué a remis en lumière le
Mystère de la Passion et les trois petits poèmes qui lui font
dans les deux lï'vrets de 1530 et de 1622 : •
suite
Le grand Mystère de Jésus, passion et résurrection. Drame
breton du moyen âge. Avec une étude sur le théâtre chez les
nations celtiques, par M. le vicomte Hersart de La ViUè­
marqué ... Paris, librairie académique Didier et Cie, 1865. .
ln-8° de cxxxv et 263 p. . .
Poèmes bretons du moyen âge, publiés et traduits d'après
l'incunable unique de la Bibliothèque nationale, avec un
glossaire-indox, par M. le vicomte Hersart de La Villemar­
qué ... Paris, librairie académique Didier et Cie; Nant~s,
A.-L. Morel, 1879. In-8° de 285 p .

IV. MYSTÈRE DE SAINTE BARBE. Paris, 1557.

Aman ez . dezrou buhez San Il tes Barba dre rym: euel
Il custumer he hoari en goelet Il breiz. E. Paris neuez
maz
impri Il met gant Benard de lealle. Il Imprimet E Paris euit Il
Bernard de Leau pehiny Il achom e' MountrouHes, Il va-r ~pont
Bourret, Il en bloaz Il M. D . LVII.
In-oetavo. 88 feuillets. Caractères gothiqtles. Cahie:rs
signés A-L.
Exemplaire qui appartenait en 1879 à M. Charles de Saint­
Prix, et qui a été décrit par M. de La Borderie dans le biblw- .
année 1884\ n° 26, p. 4 ; il Y manque le.premier
phile breton,
et le dernier f~uillet des cahiers B: C, D, G. . ·La copie qu'e .
M. le vicomte de ·La Villemarqué en avait prise a permis à
M. Emile Ernault d'en pub.lier le texte dans le tome III des
Archives de Bretagne, sous le titre de: le Mystère de sainte
Barbe, texte de 1557 ; Nantes, 1885. In-~o. .
peut recourir à une -réim­
A défaut de l'édiLion de 1557, on '
pression du XVIIe siècle: A man ez dez-raou san:t: es BarbJ],·dre
BULL~TIN A,RCHÉOL. DU FINISTERE. . TOME XXII. ( émoires). 6.

rym ... E ,Montroulez, gant Jan Hardouyn, imprimer à librer,
peheny à chom é Rû ... M. De. XLVII. . Petit in-8° de 206
pages. Bibliothèque nationale, Héserve, Y n. 16.

V. LE MIROIR DE LA l\WHT. Cuburien, près Morlaix, 1575.
Le Mirouer de la mort, en breton, Il auquel doctement et
devotement est trecté Il des quatre fins de l'home Il ... Impri-
met é S. Françes Cuburien, 1575. ,
(A la fin :) An leff1' man a voe com:,:>oset en bloaz 1519 Il

gant maestre Jehan an Archer coz a parhos 1 Ploegonuen. ,
, Hac a voe imprimet e s. Frances 1 Cuburien en bloaz
M CCCCC LXXV. Petit in-8° (?) de 72 feuillets, dont le
dernier n'est pas numéroté. Caractères romains. '
Exemplaire de la bibliothèque de feu M. de Kerdanet, à
Lesneven, décrit par M. de La Borderie (le Bibliophile bre-
ton, année 1884, nO 26, p. 6), d'après les notes de M. de La
Villemarqué.
Des extraits de ce livret ont été donnés par M: Loth, dans
Annales de Bretag ne, 1886, t. II, p. 255, et dans Chresto­
mathie bretonne, Fe partie, p. 295.
Le traité des quatre fins de l'homme, en ver:s bretons, que
le P. Grégoire de Rostrenen et M. comme imprimé à Morlaix en 1570, pourrait bien être un
exemplaire du même opuscule dont la date aurait été mal lue.

VI. VIE DE SAINTE CATHERINE. Cuburien, 1576.

Aman ez dezraou 1 buhez an itrqn sanctes Il Cathell guer­
hes'ha merzeres 1 en brezonec, neuez imprimet, e Cuburien,

Il euit Bernard de Leau, pehÈmy a chom e Mon Il trolles,
voar pontz Bouret, en bloaz. 1 M. D. LXXVI.
Petit in-8° de 16 feuillets, répartis en quatre cahiers
~ignés A-O.

Bibliothèque nationale, Réserve, J. 3007.
, Cet opuscule a été réimprimé par M. Ernault dans la

Revue celtique, t. VIH, p. 76, et en partie par M. Loth,

dans la Chrestomathie bretonne de M. Loth, p. 288-294.

V)I. LE PETIT CATÉCHIS:.\IE DE PlEURE CANISIUS, TRADUIT

, PAR GILLES KEHANPUIL. Paris, 1576.
CATECIIISM Il hac instruction" egllit an catholicquet "
mellrbet necesser en amser presant, egllit Il quelen, ha
discquifll an laollancdet : Il quentafu composet en latin, gant
"M. P. Kanisius doctor en" theology, vesà socie Il te an
hanu a Jesus. " Goude ez eux un abreget ves an pez a dleer
principalal'u Il da lauaret en prosn an offeren dan tut lie. Il
Troet bremman quentafll a latin en brezo Il nec, gant Gilles
Keranpuil, persson en Il Cledgllenpochœr, hac autrou à Bi­
godo . " ... Paris," pour Jacques Kerver, demeurant rue

Sainct " J acques à l'enseigne de la Licorne. Il M. D. LXX VI.
In-8° de 40 feuillets, répartis en cinq cahiers qui portent
les signatures A-E. Les 12 premiers et les, 4 derniers feuil­
lets ne sont pas numérotés. Les feuillets de la partie inter­
médiaire, consacree au texte du Catéchisme, sont numérotés
1-24, le feuillet 24 étant coté par erreur 23, comme l'e pré-
cédent. Caractères romains. .'
Fol. A Il. Epitre dédicatoire à l'évêque de Quimper,
François Je La Tour, datée de Paris, le 8 octobre 1576. En
Français. Voyez plus loin, p. 84 ..

Fol. B III. Préface en breton: « Da pep guir chri 1/ sten,
ha parfaict catholic, vés 'an diœce Il sou à Querneau, ~eon,
Troguer, ha Guenet, Il Gilles Kanpuil a desir salut ha peuch
en Jesus Christ. ))

Fol. B IÎU V (( Un Epistolen A. M. P. Canisiùs dedyet dan
lenner. »
Fol. B v, chiffré 1. Commencement du Catéchisme, avec
ce titre_ de départ : (( Catechism pe un " instruction bihan
Il tan catholicquet. » .
egui

Fol. E. v, non chiffré. Appendice contenant l'oraison do-

minicale, la salutation angélique, le symbole des apôtres,
les commandements de Dieu et de l'Eglise, la confession,

les cas réservés à l'éveque et au pape. Texte br~ton en
regard duq~el on a imprimé pour plusieurs morceaux le
Titre de départ en tête du fol. Ev:' (( Cathechism
texte latin.
instru Il ction christen, da vezafu la Il uaret pep sul, ha
hac
pep solennivez, dan tut licq en prmùl " an offeren. Necesser
4a vezafu disquet hac ententet " gant an oIl chrystenyen.
Practicquet ha graet quenta Il fn en Gallec, gant M. R. Be­
TlOist, doctor en theology 1 ha persson en Sant Eustach en
Kaer à Paris. Hac yuez practiqùet en dioces à Angau .
Troet en brezonec. 1 G. G. K. P. D. C. P.
Fol. E VIII. Errata. '
Il m'a semblé utile d'extraire de la Dédicace et de la Pré- '
face en français quelques lignes relatives à la personnl3 du
traducteur et aux circonstances dans lesquelles il a publié
livret:
son
A Révé1"end Père en Dieu messire Françoys de la Tour, évesque
de Cornouaille et seiguwr de Penanstang, Gilles de Kanpnil,
son humble servitw)r, donne salut.
Monseigneur, désirant supléer mon absence par quelque moyen
afin d'uvoir quelque excuse, premièrement devant
et bienfaict,
Dieu, devant vous et tous ceux que j'ay en charge, j'ay pensé n'estre
moins expédiant que néces~aire de prévenir et obvyer à la rudesse
du peuple vulgaire en la jurisprudence divine ... Je me suis advisé
de traduire en nostre langue brette un petit -catéchisUle, première­
ment composé par ~. Pierre Canisius, docteur en théologie, lequel
catéchisme, par estre plain de théologie et divine leçon, pourra
heaucoup profiter à ceux de vostre diocèse... Seulement luy reste
vostre faveur et authorité, Monseigneur, si tant est que vueillèz me

consentir le vous estre dédié, comme J'e désire et vous supplie
affectueusement et humblement, l'ayant traduict expressément pour
l'usage du peuple de vostre diocèse, lequel, s'il est si huniainem,ent
rec~n de vous, et apI'l~s c)'ic.eluy vostre peuple, comn~e le ,le vo,us
olTre en forme des premières prémices ct estreines dé mon atlvre
labeur, n1'a\'anceré de vous présfnter et dédycr un autre t pl~s
grand suj~ct que j'ay entre niains, si Dieu me favorit ~e sa grâce,
pour le réduire à telle perfection que je désire, pour l'accor 1moder
à sa ~Iojre ct il l'édification du peuple catholique, spécialem'ent ge
vostr~ diocèse ... De Paris, le huictiesme jour d'octobre mil 'einq
cens septante six. De vosUe plus aUenu et obéissant servi,tel,lr à
jamais, G~LLES DE KANPUIL.
Aux lecteurs catholiques, Gilles de Kanpuil désire salut et félicité •

Depuis que Dieu m'a appelé à ceste charge et mienne profession
(encore que j'en sois indigne), je me suis es~udié de sçayoir quel
pouvait eS,tre nion p,lns nécessaire et principal devoir pour d'un
bon zéle m'y employer ... Ce considéré, me suis laissé persuadèr
de mon devoir et estat, et aussi de quelques miens a mis, de vous
traduire, lecteurs chrestiens, ce petit catéchisme, autresfo,is com-
posé par M. P. Canisius, docteur en théologie ... Je l'ay translaté et
de ma patrie, pour ne
traduict en idiome brette, langage vulgaire
laisser au peuple aucune occasion d'excuse de n'apprendre ce que
luy est nécessaire pour son salut... '
le langage breton, ne l'estant quasi que
M'ayant estudiéà orner
par force, ayant esté, la gritce de Dieu et ce-ux qu'il m'a laissé pour
(pui:,qne, par sa volonté, j'rly perdu mes naturelz avant l'aage
père
de discrétion), nourry entre les François et autres nations jusques
à présent; aymant mieux, par la rudesse et simplicité de mon lan­
gage, exprimer le vray sens de mon subject qu'user de belles
pen de fruict et d'édification; joinct que la pre­
paroles, avecques
mière modelle n'est jamlJis pollie, mais s'approprie par la veue et
maniement des bons espritz, qui astjoustent ou diminuent ce qu'iz
voyont d'excez et peu à propos. Suppliant tous lecteurs de corriger
ce qu'ilz voirront nécessaire en ce petit catéchisme, ou bien excuser
les fautes qu'ilz y pourront noter et avoir esgard que ceste langue
janulÏs esté imprimée et hantée comme les autres, dont n'ay
peu me prévaloir des traictz d'alltruy et natnrelz d'icelle, espérant ·
estre excusé de mes propres ...
Si vous demandez la canse pour laquelle j'ay voulu traduire en
langue vulgaire ce petit catéchisme, c'est que l'usage en a esté
c\'lèbre en l'église ancienne, comme sainct Augustin, sainct Cyrille

et plusieurs autres sainctz et grands personnages nous l'a ppreignent
par leurs escrits ... Autre raison, pour c.e que, estant adverty par
de Paris, auquel on avoit faict des grnndcs instancc's
un Hbraire
pour imprimer le Nouveau Testament., tradllict en hmgue brette
par un Breton fugitif en Angleterre. Et d'autant que je cognois,
la relation de plusieurs doctes personnages anglois q 1I0 par
tant par
le travail que je prins à la conférence de la langue angleche à la
nostre, avecques laquelle elle fi proche affinité, que la traduction estre
en infinis lieux falsiOée et corromi)ue, et que telles traductions et
traducteurs, estans hors l'Église, n'ont et ne peuvent ayoh: aUCUlle
vérité, et que eependant cet apostat voudroit introdilire sonl\ollveall
Testament, autant ou plus suspect que celny d 'Angleterre, ·all grand
désavantage des simples et aussi des nutres, pour ce qllé ceste
nouveauté,qui est en nostre temps fort prisée, leur feroit recevoir
ceste translation, laquelle, pour l'imperfection de la laugue, ne se
peult bo~nement fain sans erreur ou corruption, j'ay dl'èssé ce
petit bastillon, .pour, si le malheur advient que Cl'~te spspel'te
translation (pour le lieu d'où elle vieot et ceilly qu'on dict l'avoir
faicte) est mise en lumière, que le peuple, estnot auparavant telle­
par ce ]lelit catt'clîisme, puisso
ment quellement adextré et préveu
de premier front eognoistre le pernicieux désir de ce llouveall
. monstre, le débeller et vaincre. II sera aussy bon et propre pour'
prélatz, pasteurs, recteurs, mnistres d'estole et père:::; de famille,
pour eux instruire leurs eufans et demestiques ...
. LÉOPOLD DELISLE,
Administratwr de la Bibliothèque nationale.