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XXI.
LA PESTE DE 1639 A
UIMPER
Les Archives départeme,ntales possèdent un registre de la
fragment
communauté de ville de Quimpor qui contient un
assez important du règlement de police par lequel la muni
cipalité s'efTorça ~e prévenir ou d'enrayer le mal contagieux
qui désola la ville en 1639. La première partie du règlement
fait défaut; un feuillet tout entier, recto et verso) a dtî dispa
raître lors de la reliure cIu registre; tel qu'il est cependant,
le fragment qui nous reste est suffisant pour donner des
renseignements curieux sur les sages mesures prises afin
d'atténuer l'effet de la terrible maladie.
Mais avant de donner le texte de ce document, il
semblé intéressant de signaler les fléaux cIe ce genre qui
avant cette époque ont laissé plus de traces dans les annales
de notre ville.
En 1349) c'est la peste qui désole Quimper à la suite des
guerres de Blois et Montfort, et dans laquelle mourut, vic
Saint-François,
time de son dévouement, le religieux de
saint Jean Discalcéat.
En 1412, c'est la maladie qui donna occasion au vœu des
Quimper d'entretenir continuellement une
bourgeois de
bougie allumée en l'honneur de la Sainte Vierge dans son
église du Guéaudet.
E. 1.). En 1lâO, Cosmao, fermier du billot de Cornouaille)
dit que (c durant ce tems, la mourence et peste d'épydémye
eurent si gr-and cour, ainsi qu'il est notoire que la ferme
perdit beaucoup)).
XVIe siècle, les cIéaux du chapitre nous révèlent l'exis-
tence du fléau à deux reprises différentes, 1533 et 1565.
Le 28 mars 1532 (nouveau style 1533)) les chanoines pro- .
rogent la tenue d.u chapitre jusqu'au Pi>emier lundi de mai
et fixent à Chàteauneuf-du-Faou le lieu de la réunion « proptcr
periculn pestis in civitate corisopitonsi existentis )). Au
jour fixé, en efI'et, le chapitre se réunit à Châteauneuf dans
la chapelle de. Saint-Lau:'ent « in capella Beati Laurencii
prope ecclesiam parochialem de Castf'o novo in fago ».
Le mois sui vant, 5 juin, le chapitre se tient à Saint-Co
rentin, mais la maladie continuant à sévir, le 1 el' septembre
les chanoines s'assignent pour tenir chapitre à Carhaix. La
réunion a lieu le i5 octobl'e, « in œele Béatœ Mariœ virginis
de Capella oppidi de Carhaix», d'où le chapitre est prorogé
jusqu'aui5 décembra à Quimper. La peste désola donc la
pendant toute cette année 1533.
ville
Trente ans plu~ tard la terrible maladie reparaît à la suite
d'une tempête de neige à une époque où la neige n'est guère
de saison; nous lisons en effet au Déal, à la date du 11 sep
tembre ioGl!, que Olivier Hevelen: Jean de Pal~cevaux, Pierre
Gongar, Yves Le Veslle, Pierre du Hüsquec et Yves Mocam
conviennent que le prochain chapitre se célébrera dans le
du prieuré de Locmaria à cause de la neige et de la
jal'din
peste: « in horto seu viridario prioratl1s de loco Marioo
prope civitatem corisopitensem propte1' intemperiem nivis
et pestem )). ' .
Pour une raison qui n'est pas indiquée, le chapitre ne se
tint pas dans le jardin du prieuré de Locmaria, mais à Saint-
Laurent, le 23 septembre 156 !, où les cbanoines se déclarent
reums « propte1' mtempeI'len nlVlS et tempestatem et pestem
devastantem civitatem corisopitensem». Cette tempête de
neige qui dure à Quimper du 11 au 23 septembre me semble
un fait météréologique digne d'être noté .
La neige finit par disparaître, mais il n'en fut pas de même
de la rnaladie, et le 10 octobre le synode de la Saillt-Luc se
tint à Coray, et le 25 octobre le chapitre général s'asseml)la
au couvent des Carmes de Pont-l'A bbé.
Le 10 novembre le chapitre pouvait se tenir à Quimper,
le mal avait cédé et l'hiver se passa assez bien, mais' vieri
nent les chaleurs de l'été de 1565 et une recrudescence du
fléau désole encore la ville. Le service des malades est assuré
par le zèle des sept curés de Quimper auxquels les chanoines
8ccordent, le 5 juillet, à titre de gratification, l'annate de la
paroisse de Gouézec, c'ost-à-dil'e le revenu d'une année .de
ce bénéfice vacant par la mort du titulaire, revenu qui appar
tenait de droit au chapitl'o.
Le 17 juillet, les chanoi nes assignaient la prochaine tenue
du chapitre en l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric, où ils
trouvèrent assemblés le 30 juillet, mais la semaine sui
v8nte la réunion avait lieu à Fouesnant « in domo presbyte
f8li de Foesnunt vulgo dicta Rospiec ».
Si nous ajoutons à cette nomellclature des maladies conta
gieuses, la peste, qui aflligea Quimper et le pays yois~n au
temps de la Li.gue, vers 15.95 (1) , nous voyons que pendant
tout 'le XVIe siècle, le fléau fit son apparition d'une manière
presque régulière do trente ans en trente ans .
(1) Nous avùns trOllYé truce de ce tte épidémie qui désola toute la
llasse-Bretugne, dans la délibération sui vante de Suint-Pol- de
Léon:
Dél'ibération dn général dn JJi,nih!J, an nwis de juin 1600.
Au mois de décembre 1598, lesdits bu bitunts auroient, obstanl la
cO!Jtélgion qui lors y estoit, ]1él1' dévotion singu li ère pour la conser
vution du péril qui estoit au dit temps, en éminant danger de mourir
Saints Saerements et après la mort de devenir
sans udmiuistration des
carentz de sépultnre en terre bénistc, et n'uvoir aucun endroit de ce
faire aux bons eutholiques romaius pestiférés ou à pestiférer quand
N. S. tout rmissant voudra les dits babitunts présents et à venir
aHliger en telle punition, fait vœu et offrande de prendre et aeqllérir
pélr deniers conimUllS d'uulmônes, une pièce de terre afin de la
bénir pour sendr Dieu sous l'invocation de .MM. saint Roch et saint
Séhastien, pOlir y f:lire lIne clwpellc et ensevelir les cad:lvres
pestiférés ..• Mgr de Neufville a décrété 1:1 eonstmctioll cie ,la dite
et assigné le jour de demain (12 de ee mois de jnin 1600)
chapelle
pour la bélléûiction de la première pierre. (G. 332.)
Nous COhstatons enfin au XVIIe siècle, au commencement
de l'année 1639, If! retour du mal contagieux qui fut l'occa
sion du règlement de police que nous allons citer (1) :
« Du jeudi vingtiesme jour de janvier 1639, assemblée
tin
générale des nobles bourgeois et habitants de Quimper ,
congl'ég'és au son de la campane à la mode accoustumée
dans la salle haute du Guéaudet où présidait M. le marquis
de Rosmadec, gouverneur de ceste ville, assisté de M. Bailli,
du pl'ésidial dudit Quimper et de M. le Procureur du Roy
du pl'ésidial de cette ville, où estoient entrautres les habi
tants cy-apl'ès scavoir: noble gentz Yves Kerguélen~ pro
cureur syndic; Jacques du Stangier, Guillaume Bougean,
René Pitoys, Mathieu Furic, sieur de Kerygonan, Nicolas
Le Flo, Renauld Goury, Julien Furic, sieur du Run, Guil-
laume Penquer~ François Bougeant, Mathias Hamon, Allain
Guesdon, Holland Billoart, Riou Fer, Guillaume Larchier,
Jacques Caradec, Louis Garz, Le Prédour et plusieurs
autl;es .... »
Un feuillet du registre manque ici complètement, comme
nous l'avons remarqué plus haut, et la page suivante com
mence ainsi au milieu d'une phrase:
« .... en la présence de MM. les juges de la police, visiter
les corps qui seront soupçonnés infestés ou atteints du mal
contagieux par .... suivant l'ordre ~y-après à peine de de
meurer responsable, en cas de dissimulation ou connivence
des inconvénients qui en pourraient arriver .
« Qu'il sera en cas de besoin édifié des loges aux frais
ladite communauté, aux soin et diligence du dit procu
reur syndic, sur la montagne et garenne appelées Rosan
groac'h, pour y mettre à l'évent les malades qui auraient
été traités du dit mal contagieux et aussy ceux qui auroient
esté trouvés dans l'air, pour s'éventer durant 40 jours.
(1) Reg. E. 92.
« Que les malades qui sont reconnus estre fectés, par la
seront à l'instant trans
visite qui se fera de leurs personnes,
portés par les corbeaux au dit lieu et montagne de Rosan
groaz pour y être traités par le chirurgien qui sera à ce
d'autres loges qui seront édifiées en la dite
commis, dans
pour y recevoir et loger les dits malades.
montagne,
« Que pendant ladite maladie, il leur sera fourni des
vivres et choses nécessaires par le dit procureur syndic, à
l'ad vis des dits habitants qui seront députés avec lui, sauf
à avoir répétition et à prendre sur ceux qui auroient des
biens et commodités de pouvoir se traiter et secourir.
« Que les dits députés et procureur syndic supplieront
le R. P. gardien des Capucins de leur bailler et donner le .
père Polin et autres avec lui pour confesseurs de la santé,
aux quels sera pourvu de loyers propres et commodes, aux
la dite communauté et à celle fin feront les dits
frais de
procureur syndic et députés, ferltle avec les propriétaires
des logis élevés proche de la dite montagne et loges,
feront déloger les locataires à cause de la nécessité présente.
« Que MM. les officiers de la police seront suppliés faire
à midy, tous les mendiants Irlandais
vider des domaines
et vagabonds et autres espèces de gentz qui sont en la dite
à peine du fouet, avec défense à toutes personnes de
ville
leur bailler queste ni couvert sur peine d'estre chassés de ]a
dite ville' et faubourg pendant trois mois et autres que
dessus.
« Que pour l'observation de l'ordonnance qui interviendra
le dit procureur syndic de l'advis des dits députés payera
deux chasse gueux pour empêcher aux dits gueux Irlandais
et autres mendiants l'entrée de la dite ville et faubourg.
« Que pour le regard des autres gueux, ils seront rete~s
et ressérés dans leurs hôpitaux à la diligence du dit procu
reur syndic et autres députés, à ce qu'ils ne puissent vaguer
ni contracter le dit mal contagieux, et aussi, qu'il sera par
lés administrateurs des dits hôpitaux, pourvu de l'aliment
et nourritures nécessaires. -
« Que chacun des dits habitants sera tenu chasser tous
pourceaux, chiens, chats et antres bêtes qui peuvent causer
ledit mal contagieux, même de tenir les rues n'ettes, chacun
'en droit soi ... En cas de contravention et désobéissance,
le dit procureur syndic est chargé de requérir l'autorité de
MM. les juges de la police, d'aviser l'ordonnance et faire
exécuter sous grosses amendes et peines. -
«( Comme semblement le dit procureur syndic est aussi
chargé de r~quérir MM. les juges, d'informer et ordonner
châtiment contre les nommés Moutade, prétendu médecin, et
Rochel Laisne, chirurgien, pour la faute par eux commise de
dissimulation malicieuse -qu'ils ont apportée à couvrir le dit
mal contagieux.
« Que le dit procureur syndic avec l'advis des dits
députés, auront soin de fournir aux dits pères confesseurs
la nourriture et choses nécessaires, et semblablement les
drogues et médicaments qui seront requis pour la guérison
et traitement des dits malades. -
« Est gagé aussi, par l'advis des dits députés, un éven
teur pour purger et évenler les maisons infectées de la dite
contagion, ensemble deux corbeaux pour le transport et en
terrement des corps morts du dit mal contagieux. Les quels
aussi seront logés aux frais de la dite communauté, an lieu
qui sera aussi advisé par les dits procureur syndic et
députés.
« Que attendu l'occasion présente, les révérends pères
jésuites seront requis par le dit procureur de fermer leur
collège ,et licencier leurs écoliers jusqu'au mercredi des
Cendres et au cas où ils ne voudroient satisfaire, MM. les
juges seront requis vouloir donner ordre (1).
(1) Nous savons par la Vie du H. P. Maunoir, que le collège fut li
cencié; mais Cl uatre pères demeurèrent en ville dont deux s'enfermèrent
« 0 Que la sépultul'e et enterrement des dits corps morts de
contagion se fera par les dits corbeaux, scavoir ceux qui dé
cèderont au dit faubourg de la rue Neuve, au cimetière de
Sainte-Catherine, et pour les autl'es en général au cimetière
de Saint-Yves.
« Que les dits sieurs procureur syndic et députés feront
chasser de la ville et faubourg tous soupçonnés d'avoir esté
dans l'air contagieux et nommément Julienne Guillot, femme
Maurice Mercier, et les y contraindre par toutes voies
dues et raisonnables.
c( Que les dits procl' syndic et députés gageront de jour à
autre un chirurgien capable, pour le traitement des dits
malades à quoy pour moins voudra entreprendre le dit
traitement et faire les conditions de la communquté meil
leures, parce qu'il lui sera aussi pourvu de logement com-
mode, et se pourra ledit chirurgien, outre l'appointement et
gages que lui seroit accordês par les dits procr syndic et
députés, faire payer des dits malades qui se trou vent avoir
du bien.
« Et ser'ont les frais et dépenses de tout ce que dessus,
faits et ordonnés par le dit procl' syndic sur les deniers com
muns de la dite ville et communauté généralement, fors en
ce qui touche la pension des dits Pères Jésuites, laquelle
leur sera payée comme de coutume .
« Et pour aider ... tout ce que dessus et controler la dite
dépense ont les dits habitants nommé et député les dits
Jacques du Stangier, Augustiu Le Baron, René Pitoy, Phi
lippe Furie, Denys Pout jan, René Guédon, Guillaume Pen
quer, Jean Coste et Pierre Gouezber, les uns en l'absence
des autres.
« Et pour éviter à multiplicité de signes ont les dits habi
tants. prié le dit Augustin Le Barcin de signer ceste à leur
et deux autres se tinrent au collège à 'la
a vee les malades, à la san lé,
disposition des habitants.
rcqueste. Ainsi signé : Sébastien Rosmadec, Claude Le
Jan Baujouan,
Sénéchal, président, Nicolas Lyminic, baillif,
procureur du roy, et le dit Baron »
Le 13 février suivant, la communauté de nouveau assem
blée « a advisé que le proc syndic prendra en ferme la mai
lle
son et le jardin avec toutes ses issues appartenantes à d
Jane Endroict, veuve de feu noble homme Jan Capus, avec
le parc joignant la dite maison appal'tenant à noble homme
Augustin Le Baron, pour mettre les malades qui seront
atteints de contagion, et sera la dite ferme et jouissanee faite
à charge de destiner aux dites issues des dites maisons et
parc un lieu le plus commode pour servir de cimetière, soit
au bas de Rosangroas ou des remparts.
« Plus on advise que le dit syndic fera faire des loges
pour servir aux malades dans l'enclos des dites terres sus
mentionnées, qu'ils feront couvrir de planches de sapin en
autres lieux le plus commode.
'( Plus on advise que pour exécuter les ordonnances de
police il sera créé deux sergents pour avoir de gage la somme
de 36 liv. par an, à prendre sur les amendes ordonnées contre
particuliers qui contreviendront aux dits jugements de
les
la police.
«( Pareillement a été advisé qu'un sergent sera choisi et
gagé pour servir tant à la conduite des malades que à dé
couvrir le mal, et aura par chacun jour qu'il servira 20 sols
tournms. »
Nous trouvons au registre, à la date du 2 mars 1639, une
dernièl'e disposition touchant l'application du règlement:
« Pour contreroller tout ce que l'on baillera aux malades
qui sont en la santé, et les autres frais touchant l'occasion
des dits malades, les dits habitants ont nommé pour la
semaine Le Baron et Hamon, lesquels, leur semaine expirée,
nommeront deux autres pour faire les mesmes fonctions.
« Les dits habüànts sont d'avis que le proc syndic salarise
20 sols par jour à Jan Griffon, sergent de la .ville, pour porter
· vivre au:'l\ dits malades et iceux àcheter, durant le cours de
la dite maladie. ».
Cette délibération est la dernière du registre, et nous ne
saurions trop regretter la perte du registre suivant, qui nous
aurait permis de suivre tous les progrès du mal, et les moyens
employés pour le conjurer: à défaut de ce registre des déli
bérations, nous aurions pu trouver des renseignement,s pré-
cieux dans les registres des différentes paroisses de Quimper
relatant les déc~s à cette époque; malgré nos recherches,
nous n'avons pu trouver, à la mairie de Quimper, que le seul
reg'istre des sépllltures de la paroisse de Saint-Mathieu, une
des sept paroisses de la ville (1). Nous y avons relevé, mois
par mois, le nombre des décès, ce qui nous a permis de
constater que le fléau, qui commença à sévir dès le mois de
janvier du côté de la rue Neuve, ne gagna l'autre côté de la
ville, le faubourg de Sàint-Mathieu, qu'aux mois de juin et
juillet, pour disparaître subitement au mois de novembre.
Nous donnons ici un tableau comparé de la mortalité pour
la paroisse de Saint-Mathieu dans les années 1638, 1639 et
1640, ce qui permettra de constater, et la marche de la
maladie et ses effets désastreux, si bien que l'historien du
. H. P. Maunoir a pu dire sans exagération . que le fléau de
1639 enleva le tiers de la population de Quimper :
J an,iier ........... : 1 3 2
evrler ............
Mars ..............
Avril ..............
A reporter .....
(1)1. Saint-Julien, rue Quéreon. 2. La Chandeleur, place Saint-
Corentin. ' , 3. Saint-Ronan, rue Royale. 4. Saint-Sauveur, .Mescloa-
guen. ' 5. Saint-Esprit, rue Neuve. ' 6. Locmaria. 7. Saint-Mathieu.
BU~LETIN ARCHÉOL. {JU FINISTÈRE. ' TOMB XXI. ( l.22 .
Report .. ..... . 5
1\1 ai .......... e . ••••
J ni Il ......•..•.....
Juillet .............
Août ..............
Septembre .........
Octobre ...........
Novembre .........
Décembre .........
Parmi les victimes de la terrible maladie que M. Corentin
du Cleuziou, vicaire de Saint-Mathieu, appelle du nom de
contagion, mal contagieux ou peste, nous voyons figurer sur
le registre de Saint-Mathieu, au 6 juillet, noble homme Denys
Pout jean, sieur de Mesquereou, décebdé de la maladie con
tagieuse, et enterré le 7 au cimetière de la santé. « Le 20
du même mois, noble homme Hené Guédon, porté dans la
santé et y enterré. »
Tous deux figurent dans la délibération de la communauté
de ville du 20 janvier 1639.
Le caractère contagieux de la maladie peut se, constater
par ce fait que plusieurs membres de la même famille sont
enlevés le même jour.
« Le 11 juillet fut enterrée Jeanne Le Gain avec deux de
ses enfants ou troys, dans le cimetière de la santé, avec la
maladie contagieuse. )) .
« Le 12 fut pareillement avec ses deux enfants enterrée
Jane Le Postec. dans la santé .
« Le 23 septembre, on trouve morts « dans le Moulin-Vert,
Le Stum, sa femme et son valet, ensemble entenés à la
santé ».
Le 31 septembre on enterre à Saint-Mathieu Marie Loua
rere, épouse de Holland Salaun, maître-tailleur. Le 2 octobre
meurent deux de ses enfants et deux jours ' après, le 4, ctest
le tour du père, Bolland Salaun.
17 octobre enterrement de la femme d'Etienne Noyat
20 du même mois mourrait ùn
et de deux de ses enfants; le
troisième enfant d'Étienne Novat.
Deux prêtres de Saint-Mathieu meurent victimes de leur
ùévouement : Hervé Kervahiant, le 9 octobre, et Gabriel
Donval, le 15 septembre.
Aux décès de la paroisse de Saint-Mathieu à cette époque
nous pouvons en ajouter un qui ne figure' pas au registre de
sur le registre des professions des religieuses
paroisse, mais
rétablissement était contigu à l'ég'lise
ursulines dont alors
de Saint-Mathieu . .
Nous lisons, en effet, à la suite de la profession que fit
20 mars 1629, Marguerite Le
dans cette communauté, le
Meabé, fille d'écuyer Pierre de Meabé « marchant et bour
geois du Pont, et de Marguerite Jaureguy, sr et dame de
Porsmoro, qu'elle mourut le 26 septembre 1639 et fut
enterrée en dehors du bas de l'église de N.-D. de Paradis,
dans un petit cimetière pour estre morte de peste dont le
pays était affigé. Elle demanda à Dieu, comme singulière
ment pieuse, d'être la victime pour que toute la communauté
fut exempte du mal contagieux. »
En 1640, nous constatons sur le registre de Saint-Mathieu
neuf décès pour.cause de maladie contagieuse, dont un en
trois en août, quatre en septembre et un en octobre.
février,
En tout vingt-quatre décès dans l'année.
En tête du registre qui relatè toutes ces pertes doulùu-
reuses, le vicaire de Saint-Mathieu écrit de sa main ce conseil
médical: « Bemaide contre la peste: bois à genièvre, lau
rier, romarain, lantisque. Bruller bois odorant pour l'air
de peste. »
C'est peut-être pour obéie à cette prescl'iption salutaire
quI aux comptes de la cathédrale pour l'an 1640 (1) figurent
ces deux articles :
« Le 7 octobre pour avoir un cent de fagots et une charreté
de gros bois pour faire du feu en la sacristie pour chasser
le mauvais air par ordre de Messieurs du chapitre 3 liv. 5 s.
«Le 9 octobre un grand pot de terre pour mettre du
charbon au milieu du chœur à cause du mauvair air, 10 s. )
La cessation Je la peste à Quimper, grâce à l'intervention
du Père Bernard, et au vœu de tous les habitants d8 remettre
en honneur la relique du bras de Saint-Corentin, est un fait
connu et rapporté par M. Le Men dans la monographie de
la cathédrale. Nous n'y reviendrons pas, nous contentant de
relater dans cette notice les détails inédits que nous avons
pu recueillir sur cette épidémie qui éprouva si cruelleinent
au XVIIe siècle la ville de Quimper.
PEYRON ,
Chanoine .
" , T F' ',. , 7 ft "