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Bulletin SAF 1894


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L’Histoire préhistorique d’après les faits

Baron Halna du Fretay

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L' HISTOIRE PREHISTORI , UE D'APRES LES FAI1 S
M'est-il permis au moment où vient de paraître mon
vingtième ouvrage d'archéologie : Les Temples romains
clans le Finistère, et après trente-six ann'ées de recherches
et de fouilles incessamment renouvelées dans un des pays
les plus riches du monde en monuments mégalithiques~ de
résumer mon œuvre, d'en indiquer les résultats et d'en dire
moi-même l'importance.
Les livres parus m'ont donné bien peu d'illdications pré­
cises, mais l'étude de la Bretagne, avec son vaste champ
d'investigations, m'en a appris Lien plus que je n'osais
l'espérer à mon début.
Les tribus di verses son;t venues les unes après les autres
se serrer sur son sol, et, poussées par l'espoir d'une vie
plus facile, elles avançaient toujours de l'Est vers l'Ouest;
mais la mer, en les arrêtant et en leur fournissant presque
sans peine leur nourriture, leur a fait entrevoit' la fin de la
lutte pOlll' la vie.
En un mot, je n'ai pas copié mes prédécesseurs, et mes
llécouvel'tes seules m'ont indiqué les nouvelles lois de l'his­
toil'e pl'éhistol'ique; c'est ainsi que l'on peut laisser une
œUV1'e durable, et d'avance le poinnierde la science doit,
je le crois, s'expliquer et se commenter lui-même en atten-
dant le jugement de ses eontemporains et celui de l'histoire.
Ma première publication n'a paru qu'en 1888; j'avais déjà
il cette époque trente années d'études, nlais aussi de silence.
Je voulais avant de parler pour la première fois, avoir pé­
néll'é, à tl'avers les ténèbres des siècles) tous les secrets et
l~l. vie intime de ces hommes dont je llésil'ais écrire l'histoire.
Il ne faut pas ètre trop pressé quanù on a compr'is que le

premier devoir de l'historien est la recherche de la vérité et
que sa devise au début d'une étude doit être toujours :
« Droit au but par les preuves. »
J'ai d'ailleurs été initié, de bonne heure, le château du
Vieux-Châtel, en Plonévez-Porzay, ayant servi d'abri à mon
berceau, et dans tous ses environs j'ai pu explorer, très
jeune, le terrain le plus fertile pour l'éducation complète
d'un archéologue cherchant la solution des problèmes pré­
historiques.
A la suite d'une longue monographie de la paroisse de
Plonévez-Porzay, insérée en 1893-189 .1, dans les divers
bulletins de la Société archéologique du Finistère, j'ai ajouté
les lignes suivantes qui n'ont paru dans aucun de mes
ouvrages:
PLONEVEZ-POnZAY AVAi\'T NOTHE ' EHE
Le passage des premièl'es populations est marqué à chaque
pas dans cettecommUne, depuis le début des temps préhis­
toriques, jusqu'à l'invasion romaine. Citons:
1 ° Des silex taillés, antédiluviens, trouvés isolément.
2° Un atelier avec taille pour les silex de l'époque néoli­
thique.
3° Onze tumulus, dont cinq trc'~s grands et six moyens . ..
Sept de ses tumulus sont dans la forêt qui touche le Vieux­
Châtel et tous ont été fouillés par moi.
lJ:° De nombreuses stations, dont plusieurs considérables
et fortifiées avec certitudes par les objets trouvés, de la cons-
truction et de l'occupation par les Gaulois; une de ces
stations contient un four primitif pour la fonte du fer .
5° Un dolmen de la première époque.
6° Des sépultures dolmeniques, nombreuses au bord de '
la côte; ces dolmens ont fourni au musée du Vieux-Châtel
528 grains de collie~' en jaspe et calcédoine, polis par facettes
irrégulières et très différents de diamètre.

La perforation de ces grains opérée successivement des
deux côtés par suite de l'imperfection de l'outillage a donné
souvent une direction oblique.
L'époque est fixée, du rEste, par les autres objets trouvés:
haches en diorite et fibrolite, pointes de flèches très fines à
ailerons et pédondule, pointe de harpon en silex taillé et
bàrbelé, etc, ...
Ces sépultures datent de la fin de la période néolithique;
l'âge de l'histoire est à son début.
La commune de Plonévez-Porzay a donc été occupée
successivement par des populations nomades depuis les
temps quaternaires jusqu'à la fin de l'époque néolithique; il.
ce .moment, la population devenue sédentaire, occupait à peu
près toute la surface du Finistère.
7° Trois établissements romains avec ciment, et petit
appareil, dont un poste extrêmement. important avec ouvrages
de défense avancés. , .
Il y a aussi quelques voies romaines.
Baron HALNA DU FHETAY .
.J'ai dit dans une de m es premières publications que l'his­
tOit'8 préhistorique était à refaire pour la plus grande partie
_et que c'était la t.âche que je m'étais imposée; le résumé de
mon œuvre aujourd'hui consiste donc à indiquer les principes
qui doivent di['igcr désormais les études archéologiques sur
ce passé lointain, où tOLÜ n'était, il y a peu de temps, qu'uue
s II ite de co nj ectures.
Le 31 mars 180[1, à la réunion plénière qui a terminé à la
Sorbonne le Congrès des Sociétés savantes, j'entendais
M. le ministre de l'instmction publique nous inviter dans
son discours à la ' recherche constante de la vérité et nous
présenter sous sa tente, aux bords du Danube glacé, l'em­
pereur l\lbrc-Aurèle, ce maître du monde, rnéditant sur les
problèmes de la nature et la recherche de la vérité .

A mon début, je ne pouvais prévoir encore que je serais
un des écrivains de l'avenir et je voyais seulement dans les
notes que je prenais, l'expression des vérités basées sur' ùes
preuves irréfutables, que j'étais arrivé à découvrir et qui
me donnaient des conclusions absolument contraires aux
écrits de presque tous les auteurs. .
Je voudrais bien désormais n'avoir plus besoin d'indiquer
ces erreurs, ne citant les écrits des autres que pOUl' approu­
ver et non pour blâmer; la tâche est moins ingrate
Les pierres parleront et leur langage sera clair pour nous.
L'arme du premier homme a été une piel'l'e taillée; toutes
les pierres ont été essayées et à une époque peu éloignée de
l'apparition de l'homme sur la terre, le silex était trouvé.
Les premières tailles ont été gl'Ossières, puis avec des
percuteurs et des poinç,ons en silex, la taille s'est améliorée
de siècle en siècle, pour arriver à la perfection, quelques
centaines d'années avant le début de notre ère, lorsqu'on a
commencé à se servir des poinçons en bronze que l'on peut
voir au musée du Vieux-Châtel.
Quand, avec le progl'ès: la pierre pol i.e est venue se joindl;e ,
à la pierre taillée, ]e principe qui a toujours dirigé ces chel'­
cheurs a été de choisir leurs pierres parmi les plus compactes
et les plus résistantes quoique tendees à leur sortie de la
terre par l'effet de l'eau de carrière, mais se durcissant
ensuite à l'air d'une façon complète, les rendant propres à .
tous les usages.
Leur instinct et le besoin impérieux de se procurer leurs
armes et leurs outils leur a bien vite appris quéls étaient
les meilleurs matériaux et ils ont rapidement rejeté les pierres
trop dures à polir pour adopter celles qui devenant extl'ê-
mement résistantes par leur exposition à l'air pouvaient être
formées facilement à leur sortie de la teI'['e sur les gros
usoirs pour être terminées avec les polissoirs tenus à la main ,

puis percées, quand ' il le fallait, comme certaines haches,
les marteaux, les pendeloques, les grains de collier.
La Bretagne a vu ses premiers habitants à une époque
r·elativement l'approchée du début de l'âge quatel'naire;
ccux-Ià ne connaissaient pas le silex et n'ont eu que l'outil­
lag·e en granit; tel a été le sujet de mon mémoire au Congrès
dos Sociétés savantes à la Sorbonne le 27 mars 1894.
A la fin de cette période, une autre réunion d'hommes
antédiluviens roulait aussi le sol breton et tI'ouvait sur place
gisements de silex et de quart.zite : la matièl'e premièl'e.
les
C'est en 1887 que j'ai découvert ce grand atelier, centre
d'uue longue st.ation, le senl dans l'Ouest de la Bretagne,
ainsi que le dérnoutl'e mon mémoil'e (Les silex quateruaires
de Guengat), inséré en 1888 au bulletin de la Société poly­
mathiquedu lVIorbihall.
J'étais ln, mes preuves en mai ns, en contradiction avec
tous les auteurs qui avaient traités la question préhistorique
et avaient avancé que la Bretagne n'avait pas d'histoire et
ne devait pas être habitée avant l'âge des dolmens et de la
pieree polie, parce qu'on n'y avait jamais trouvé aucun ves­
tige de gl'and centl'e de travail en silex et que d'ailleurs il
Il'ya nulle part dans la presqu'ne aucun gisement de cette
- pierre qui fournissa,it aux premiers hommes toutes lours
ar'mes et les nombreux outils pour teavailler le bois et sur­
tout l'os.
J'ai entièl'ement retourné cette station ou j'ai trouvé par
milliers dans l'argile d'alluvion tous les types identiques
dans leurs variétés de taille et de destination à ceux si
Saint-Acheul, lVlenchecourt et Chelles.
connus de
On peut voir dans les vitrines du musée du Vieux-Chfltel
huit mille types de choix choisis parmi tant d'autres, depuis
la plus petite taille jusqu'à la plus grande en passant par
toutes les nuances; je dorine l'époque, c'est bien la fin de
l'âge paléolitllique, peu avant le dernier bouleversement

partiel de la terre par les caux, et j'ai fait là l'historique
prouvé du passage à l'extrême · Ouest de l'Europe de ces
habitants primitifs de la terre dont tant de siècles nous
séparent.
Après les quaternaires, je vois pendant toute la période
néolithique un seul âge prolongé des silex, continué à l'époque
où on s'est servi de la pierre polie, dont la première idée a
parfail'e la pointe d'une arme ou d'lm outil ;
été l'envie de

puis avec le temps la hache polie est façonnée .
Ces objets rares au début sont devenus par la suite de plus
en plus riombreux, mais cela n'empêchait pas de se servir
des très nombl'eux silex éclatés qui répondaient supérieure­
ment au besoin impérieux de l'homme primitif: la nécesité
,de manger avec le soin de sa défense .
.le m'oppose avec la plus gl'an conviction aux divisions, aux âges différents que les auteurs
ont créé pOUl' le s ilex, avec ces dénominations de la made- .
sohrtré, du moustiers, etc .... , il n'y a pas d'âges
leine, de
différents, mais un usage prolongé pendant les périodes
successives d'un grand nombl'e de siècles. .
Pour moi, je n'ai pas cru bien connaître la question des
é).vant d'en avoir manié plusieul's centaines de mille et
silex
il est très difficile d'ailleurs si on n'a pas à côté d'eux de
grands types de disting'uer par exemple les petites lames
diLes rnoust"erriennes, de d'autl'es dites magdeléniennes; il
qu'à les mélanger avec des silex authentiques de di­
n'y a
verses provenances pour arriver à cette conclusion: e'est
que partout et à toutes les époques les matériaux ont été
plus ou moins bons et les hommes plus ou moins habiles,
et quand on viendra me dire que quelques petits silex
trouvés par suite du hasal'd ou d'une fouille sont franche-
ment mousteriens, par exemple, je répondrai à l'auteur ou
je penserai qu'il n'en sait absolument rien.
L'analogie entre tous les types de silex taillés est frap-

pante; mais un connaisseur y reconnaîtra cependant dans
la perfection plus ou moins grande les progrès des siècles
et il pourra leur donner des dates, mais jamais fixer d'âges
on de pél'iodes distinctes.
Il n'y a pas non plus d'âge teanché entre la pierre taillée,
la pierre polie, le fer et le bronze; le tout a servi en même
temps et d'une façon constante aux hommes qui ont vêcu
avant notre ère. La pierre polie a été seulement un progrès,
comme plus tard les métaux, mais l'usage du silex SR per­
pétuait.
J'ai trouvé ensemble les silex taillés, les haches en pierre
polie, l'or, le bronze, le fer, les grossiers usoirs dans des '
dolmens sous tumulus absolument fermés, et j'ai eu entre
les mains, il y a quelques années. un grattoir en silex pro­
venant d'une fabrique que en façonnait encore ' il Y a cin-
qnante ans pour les tanneurs de la Loire.
J'ai publié une de mes fouilles de 1887, qui a été insérée
en 1888 dans le Bulletin du 'Congrès archéologique de Bre-
tagne, Bronzes et silex dans lfs deux tumulus de [(eroini
(Finistère ).
J'ai fixé la date de ces remarquables monuments mégali­
thiques entre le IV et VIe siècle avant not~'e ère, et j'ai décrit
_ ces cryptes souterraines si bien fermées, recouvertes d'un
galgal et d'un tumulus, où avec 'le rite de l'incinéeation avait
si riche mobilier funéraire:
été déposé un
Grandes épées, lances, poignards en bronze, soixante-trois

flè ches en silex, à aileeons allongés et pédoncule
pointes de
court, du plus fin travail et de la plus grande rareté, et en
même temps un grand nombre de, silex taillés très ordi­
naires, ce qui m'a permis d'éljouter, avec preuves certaines,

([n'après la découverte des métaux -l'homme a continué à se
servir de la pIns grossière pierre taillée pour toutes les
nécessités de la vie et la suite de la mort.

On peut en dire àutant des deux époques lacustl'es créées

par les écrivains; la seconde n'a été que la eontinuation sans
interruption de la première.
Quel a été an début des premières familles, à l'époque des
pl'emières pierres taillées, le rite funéraire? Des preuves
répétées à l'infini me dictent ma réponse: e'est l'universalité
de l'ineinération, sauf dans des cas très rares où la force
majeul'e en décidait autrement, et cet usage s'est perpétué
à travel's les siècles, depuis le premier usage du feu jusqu'à
notre ère, et aussi après .
l ... a première inspiration de l'iricénération eomme rite
funér'aire date de l'idée de famille, du regret pour le mort;
retLe coutume a nécessalt'ement été inspirée dès les premiers
âges de l'humanité. La famille s'est d'abord réunie autour
du mort et allumé un bùcher près duquel tous les membres
. de la tl'ibu se sont groupés; mais ce cadavre ne pouvait
rester là indéfinitivement, et il n'y avait pas d'outils pour
l'enterrer.
De là l'idée venue bien vite de l'incinération et en même
temps le respect de la mort, la mise des cendl~es dans une
urne et enfin le monument funèbre. Le premier a été une
grosse piel're brute roulée sur les cendres du mort; je l'ai
dit dans une de Ines premières publications et j'ai pu con­
firmer l'an derniel', par les ,plus nombreux exemples, cette
affirmation de mon début. Ces coutumes, d'lm si lointain
passé, ce respect si grand des mol'ts, ces grands efforts pour
soustraire à jamais leurs cendres à toutes profanations,
caractérisent le début d'une époque et d'un rite religieux
autant que funérail'e, c'est indéniable.
C'est au commencement de ce premier ,\ge qu 'il faut faire
remonter la coutume du mobiliel' funéra ire et le pl'inci pc
c'est qu'il a été de plus en plus affil'mé 'par le nombre des
passant par les pét'iodes paléolithiques et néoli­
objets en
thiques pOUl' diminuer au début ùe notre ère avec la civili­
sation nouvelle .

Il Y a poul'tanl des preuves n0!l1breuses de cette coutume
apl'ès le chl'istianisme et la nouvelle coutume d'enterrement
par ensevelissement, j'y vois un reste des usages du passé
tl'ansmis de génération en génél'ation, devoir encore sacré
pOUl' la famille, mais avec tendance à disparaître. '
Après les pierres brutes, j'ai constaté avec date incontes­
table, les premiers petits tumulus, tertres à peine ,visibles,
en nombre considérable, j'en ait fait le sujet du mémoire
que j'ai lu à l'Iustitut (Académie des inscriptions et belles
lettres) le 30 mars der~ier.
Puis les tùmulus grandissent sans dolmen encore, avec '
ou sans galgal; la difficulté de se procurer les matériaux et
l'impossibilité de les transporter a dicté en cela à l'homme
primitif les lois de la nécessité.
Le mobilier fUllérail'e et le soin apporté à la construction

du monument en fixent ,pour le connaisseur expérimenté la
véritable ancie'nneté, et il en est de ces construCtions pour
l'observateur assidu comme il en est aussi des objets trouvés;
la première vue donne une conjecture, la répétition, l'usage
constant, la coutume identique donnent une preuve historique

irréfutable.
Je peux citer parmi les grands tumulus en terre de la
dernière époque:
Le tumulus Je KerrellOu (Finistère), où j'ai trouvé les
cendres dans une urne en bois.
Le tumnl us de Paule (Côtes-d u-N orel), où j'ai vu le .fer en
si grande quantité. '
tumulus de Cromenou (Morbihan), oùj'ai trouvé l'urne
si remarquable aux ornements variés, avec double cuisson
et reflets métalliques, au-dessus un collier en perles et pen­
deloques de. bronze et au centre du collier une pointe de
flèche en silex.
J'ai eu l'occasion de dire en faisant la relation de ces
parlout et toujours les conclusions finales ne
fouilles que

doivent pas se baser sur une hypothèse, mais sur une suite
multipliée de préllves indiscutables et sur une expérience
consommée; j'ajoutais que ces grandes sépultures étaient les
derniers monuments de la période néolithique et que nous
à l'âge de l'histoire.
touchions
D'ans ces immenses tumulus en terre, la fouille pour quel­
ques-uns a duré jusqu'à dix jOUl'S avec un personnel nom­
breux très expérimenté et un outillage parfait. .
J'ai vu trois fois seulement l'alternement des couches de
cendre, suite d'un feu énorme et prolongé, et des conches de
terre de 7 à 9 centimètres, cérémonie qui devait être bien
longue. J'ai de plus la certitude que la construction de deux
de ces tumulus était séparée par un laps de temps de plus de
deux mille ans. Je reparlerai tout-à-l'heure de cette curieuse
constatation à propos du grand tumulus de Leuhan.
Si j'ai fouillé un nombre presque incalculable de tumulus,
j'ai aussi visité les dolmens de toutes tailles de la Bretaglle
dans la même proportion, et il a été dit de moi à ce sujet
dans une réunion scientifique, qu'avec le style qui m'était
particulier, concis, rapide et dair, on croyait avoir sous les
yeux, quand je les décrivais, les monuments que j'inscl'ivais
aux pages de l'histoire.
Les premiers dolmens ont été bien incomplets, quoique .
de tailles diIJérentes, et le premier a été une roche naturelle
pi~rre posée verticalement, soutenant par une de ses
. ou une
extrémités une autre pierre formant table et l'élevant à
quelques centimètres seulement au-dessus du sol.
Il faut faire remonter presque à cette époque si reculée
les dolmens simples composés de deux pierres seulement et
les allées couvertes composées d'un plus grand nombre, mais
avec le même système, grandes pierres plates levées se
rejoignant à leur extrémité supérieure en laissant au-dessous
un vide triangulaire; j'ai indiqué comme les plus remar­
quables types de ce genre, l'allée de Castel-Buffel, en Saint-

Goazec, et en Poullan l'allée de ' Lesconil que l'on devrait
bien classer parmi les monuments historiques.
Les dolmens se sont ensuite améliorés et les tables en
plus ou moins grand nombre ont été posées à l'horizontale
sur un nombre suffisant de supports , monolithes verticaux;
le dernier posé et indépendant du, monument comme support,
formait la porte, seulement il faut une grande habitude pour
la trouver de suite, d'auiant plus que les entrées sont orien­
tées très différemment, souvent à l'Est dans l'intérieur des
terres, mais presque toujours en vue de la mer sur les côtes.
Je ne suis jamais entré autrement dans un dolmen; j'en ai
vu de démolis par les inconscients et les incapables, mais
pour moi je n'ai jamais rien dérangé.
Presque tous les dolmens ont été recouverts d'un galgal
de petites pierres ou d'un tumulus en tene, mais quelques­
uus ne l'ont pas eté et ce sont les derniers. C'est dans ceux­
là que j'ai trouvé les bijoux en or, mais toujours avec accom­
pagnement des pierres polies et taillées.
A l'occasion de l'étude de l'âge des dolmens, ,j'ai été
obligé, à la suite de quelques objections sur le rite funéraire,
d'écrire en 1890 un long mémoire ayant pour titre: Elude
sur les ouvrages des écrivains qui mJont précédé, et qui, au
dire de tous, restera un monument impérissable pour l'avenir.
J'y ai visé surtout le rite funéraire indépendamment de
l'art mégalithique qui a été poussé à son apogée dans ces
immenses tombelles du 'Morbihan, la région par excellence
des tumulus, des dolmens et des menhirs. '
Dans toutes les fouilles même en vue du charbon, des
cendres, des débris d'ossements incinérés, on concluait
toujours à l'inl1Umation ; les cadavi'es seuls manquaient.
J'ai pu dire tout le contraire et prouver l'incinération avec
le texte même de mes prédécesseurs, ce qui a permis à un
journ,al ayant pour directeur un archéologue, d'imprimer:
(( Notre savant archéologue, par suite des innombrables

« points de comparaisons qu'il avait à sa disposition a pu
« avoir pOUl: ses conclusions nouvelles l'approbation du
« monde savant; il a discuté vis-à-vis ·de ses devanciers avec
«( le plus grand talent et une conviction communicative,
« . relevé toutes les erreurs; son œuvre restera une page
« d'histoire et lui mérite avec raison le titre d'historien des
- temps préhistoriques. »
Je répète textuellement, forcé jusqu'au bout de suivre pas
à pas ma démonstration.
Dans un autre ordre d'idées, je dirai que ces études sont
ardues, surtout la fixatiun des dates. J'ai osé, éclairé par la
multiplicité des comparaisons, le mobilier funéraire, los
fouilles des stations voisines, ce qui m'a permis de créer un
musée dont la définition est sans ' contestation possible,
l'ethnographie complète de l'homme avant l'histoire.
Ce musée est mon œuvre; il a une importance considé­
rable et j'y vois chaque jour que si les âges semblent à pre­
mière vue bien éloignés d'un genre de monument à un autre,
près' de quatre mille ans pour les plus importants et plus
pour les autres, ce sont néanmoins des bases inconnues
jusqu'ici de l'histoire d'un peuple disparu et ces lois se
substituent avec une indéniable autorité aux conjectures
plus ou moins vagues, aux hypothèses plus ou moins vrai­
semblacles de ceux qui avaient écrit sur les mêmes sujets.
Mon sixième ouvrage laisse de côté les sépultures préhis-

toriques pour parler des petits dolmens historiques, les
stone cist, petits coffres en pierre ou sarcophages, où le
corps était légèrement replié. On les a toujours tl'ouvés à
une petite profondeur sous terre et ils n'étaient pas recou­
verts de tumulus. '
Ces coffres ont une origine bien moins ancienne que celle
qui leur a' été attribuée jusqu'ici; ils sont de notre ère; cette
coutume s'est même continuée pendant le moyen-âge et
certains dolmens plus grands son t des ossuaires chrétiens .

En un mot, toutes les sépultures où il n'y a pas eu inci ..
néeation sont postérieures au début du christianisme. J'ai le
pl~emier indiqué ç.ette vérité en la formulant avec toutes les
c'est I:}n rnultipliant ces vérités incontestables que
preuves et
peut établir l'histoire incontestée de cette époque si
l'on
reculée.
en effet, le monde est très ancien, mais la
Bien lointaine,
date est bien plus rapprochée pour l'apparition de l'homme
sur la terre; j'ai traité cette question dans un de mes livres;
Les origines du monde, paru en 1892; je déclare possible
la vie de l'homme sur notre planète à la fin de l'âge tertiaire,
mais en tout cas au début de l'âge quaternaire, en ajoutant
que toutes preuves réunies, on ne peut trouver guère plus
sept mille ans entl'e le commencement du monde habité
et le début de notre ère.
Historien, préhistorique, je suis allé prendre les Celtes
chez eux, dans leurs habitudes et dans leur vie ordinaire., et
j'ai donné les preuves des usages et du mode réel d'exis­
tence de ces hommes; tâche bien difficile pour les conclu­
à tirer des découvertes, mais non insur­
sions précises
montables.
La vérité se fait jour et triomphe lorsqu'elle est basée sur
la science acquise sans parti pris. Beaucoup d'écrivains ne
se sont pas donné tant de peine; ils ont compilé dans leur
bureau et si par hasard ils ont fait une fouille, ils n'ont pas
vu c~ qu'il fallait voir avant tout, étant partis avec des con-
clusions faites d'avance. .
Lorsque j'ai parlé pour la première fois·, le résultat immé­
diat a été l'étonnement profond de mes auditeurs et de mes
lecteurs' qui croyant ces questions approfondies d'une façon
très suffisante par les seuls aperçus vagues et incomplets
connus jusqu'alors devinrent tout à coup absolument muets.
la situation s'est dessinée nettement; je peux
Aujourd'hui
BULLETIN ARCHÉOL. DU FINISTÈRE. TOME XXI •. {.Mémolresl .. 21.

compter sur les plus chauds adhérents et ceux qui
m en ont
donné l'assurance sont des plus illustres.
Dans un ouvrage paru en 1891, j'ai décrit la sér.ie des
moulins, depuis la meule dormante et.sa molette du début
des temps préhistoriques jusqu'à nos jours, en disant les
progrès successifs et le remplacement par les pivots et les
coussinets métalliques des deux galets polis, premiers
agents de la transmission de la force.
J'ai eu à ce sujet l'occasion de rappeler que j'avais la
spécialité de parler de ces temps reculés, et que personne,
sauf peut-être eeux dont j'avais été obligé de combattre ù
mon début les idées surannées, ne récusait ma compétence.
J'ajoutais: certains auteurs croient peut-être qu'en par­
lant de questions peu connues et qu'ils ne connaissent pas .
eux-mêmes davantage, ils seront prophètes si on ne les con­
dit pas; la soumission la plus absolue à la vérité n'a jamais
exclu pourtant la valeur la plus réelle et le succès; il faut
chercher les certitudes dans la répétition des preuves et,
pour moi, j'ai puisé ma force d'aujourd'hui dans les études
silencieuses de mon passé.
Voilà tout le secret de ma hardiesse actuelle; j'ai la certi­
tude absolue de ce que j'avance, et ce n'est que dans ce cas,
après avoir froidement étudié pendant des années que l'on
peut se permettre l'affirmation. .
D'ans un mémoire paru au Bulletin de la Société archéolo­
gique du Finistère en 1892: Étudé précisée sur l'histo/re
des temps préhistoriques, j'ai débuté en disant:
Une série de constatations semblables donne forcément
l'idée d'une époque, une autre répétition donne lieu à un
résultat du même genre; c'est ainsi que de preuves en
preuves, de" constatations en constatations, on établit la
succession par la comparaison; le plus ou moins de perfec­
armes et l'outillage,donnent,
tion dans les constructions, les

d'autre part, la succession des siècles, et l'auteur peut parlet'
non-seulement avec science mais avec conscience.
Ce 'n'est pas le cas pour l'écrivain qui travaille dans son
cabinet et ne peut se servir que de textes écrits sur un passé
qui n'en a pas laissé.
pour moi qui ai tant cherché sur plac(j, j'ai · trouvé écrite
padout cette histoire des passages successifs des populations
préhistoriques de l'Europe. Je trouve que le texte en est
écrit partout et lisible pour le savant qui sait lire et recons­
tituer le passé par les monuments, les stations: tout ce qui a
servi à l'homme préhistorique, et surtout les sépultures avec
eurs variétés de plus en plus perfectionnées et prouvant non

moins bien que le mobilier funéraire la série des périodes
passees.

Il faut la vérité sur l'ethnographie des peuples disparus ou
transformés l par les faits répétés à toutes les époques; les
degrés de la civilisation sont faciles à juger même après

plusieurs milliers d'années, et on remplace les écrits qui
n'existent pas par les preuves réitérées trouvées dans les
vestiges laissés par les premiers habitaùts de la terre et
leurs successeurs.
Voilà la seule manière d'écrire l'histoire vraie, sàns avoir
textes; mais il faut pour une pareille étude l'es­
"besoin de
prit d'observation se portant sur les i110indres détails, la
patience et une expérience si complète qu'ellc ne permet pas
l'ombre d'une erreur dans la chronologie et les conclusions '
définitives.
Je ne retiens qu'une chose dans mon mémoire sur le grand

tumulus de Kerbernez compris clans les travaux du Congrès
scientiquede la Sorbonne, en 1893 : la grandeur du tumulus.
J'ai dit à ce sujet que devant cette hauteur: cette accumu­
lation, notre imagin·ation cherche la pensée intime d'un
peuple primitif faisant tant d'efforts pour préserver à jamais

de toutes violations les cendl'es du chef à qui tous avaient
obéi aveuglément pendant sa vie.
J'ajoutais que la crypte souterraine creusée dans l'argile
sablonneuse facile à remuer avec les instruments les plus
primitifs, ses murs mal construits au début, les contreforts
que les constructeurs avaient été obligés d'ajouter à l'inté­
rieur, ; enfin, la réunion des mauvaises tables qui recouvraient
grand dolmen, bien loin de m'indiquer un monument
perfectionné d'une époque rapprochée de notre ère, me
disaient au contraire qu'il fallait reh10nter à deux mille ans
avant l'âge de l'histoire pour fixer la date de ce monument
premiers maçons bretons .
qui était l'œuvre des
Les trois urnes cinéraires et le mobilier funéraire en s'a­
joutant aux renseignements précis donnés par le dolmen me
divulgaient clairement les secrets du grand tumulus.
je faisais une fouille on ne peut plus
A la même époque,
intéressante et des plus fructueuses pour mon musée; j'en
ai fait le récit dans un mémoire inséré au bulletin de la
So.ciété archéologique du Finistère, avec ce titre : Les
sanctuaires g4ulois.
J'ai dit à ce sujet que je venais combattre une dernière
la théorie des menhirs-sépultures, en ajoutant qu'ils
fois
étaient la protection d'une sépulture ou d'un sanctuaiI'e,
l'hommage à la divinité et que dans ce cas seulement on peut
trouver près de ces pierres sacrées une énorme quantité
d'armes et d'outils, offrandes pieuses et ex-voto déposés.,
pas aux pieds des menhirs, mais dans toutes les parties
non
de l'enceinte et dans les intervalles des alignements.
Ces enceintes, ces cromlechs affectent du reste toutes les
formes, depuis la reproduction des celtœ jusqu'au quadri-
latère, en passant par l'ovale et le cercle: j'en ai vérifié ou
un très grand nombre .
fouillé et décrit
Dans la fouille du dernier cromlech dont je m'occupe en
ce moment, j'ai trouvé les objets les plus rares:

Un usoir à haches en porphyre noir avec rainures sur les
deux faces.
Des galets symboliques avec signes gravés en creux SUL'
deux faces.
d'autres taillées.
Des rondelles, les unes polies,
Grand nombre de haches polies, en jade, silex, fibrolite
et diorite.
U ne autre hache polie, herminette àcourbe très prononcée.
Une grande hache en schiste, à deux larges tranchants,
de om 38 de longueur.
Un sceptre en schiste finement taillé et rappelant la fau­
cille d'or des druides si souvent reproduite.
Un marteau-massue extrêmement lourd, en diorite amphi
bolique, d'un brun très foncé, très chargé de fer et très
compact, couvert de cercles gravés et enchevêtrés en tous
sens, pièce absolument rare et curieuse. "
Des boulets de pierre, pierres de fronde.
Un nombre considérable de silex taillés, des types les plus
rares, depuis la grande lance et le grand grattoir, disque
barbelé, jusqu'aux tous petits outils de la plus grande finesse.
Des pesons de filets.
Plusieurs gl'andes pointes de lances.
Un gl'and nombre d'usoirs et d'outils de ce genre.
Enfin, plus de six cents objets de premier choix ..
Je terminais ce mémoire en écartant l'idée des sacrifices
humains dont je n'ai jamais pu trouver la moindre preuve;
mais en ajoutant qu'il n'en était pas de même pour les sacri­
fices des chevaux, bêtes de chasse et de combat, qui ne
devaient pas survivre au chef, et que j'avais fait plusieUl's
fois cette constatation.
U ne des planches jointes à ce mémoire donne la mesure
et le contour du p,lus grand de ces sanctuaires: 200 mètres
sur 100 mètres, avec la forme parfaitement exacte du celtœ
le plus parfait.

J'ai commencé la préface d'une de mes publications les
plus récentes en disant que le musée du Vieux-Châtel, résul.
tat de mes fouilles pendant tant d'années, était la vérit.able
histoire écrite et remplaçant les textes qui manquent pou l'
tous les émigrants d'origine unique qui successivement. ont
• peuplé la terre depuis les premiers âges jusqu'à notre ère .
Quand le chercheur a sous les yeux tous les matériaux de
l'histoire de l'homme depuis son apparition sur la terre, il
peut lire avec la plus grande facilité les chapitres successifs
de cette Genèse et les dates des progrès de l'humanité .
L'homme antédiluvien n'avait que la pierre taillée~ mais
ses successeurs ont peu à peu perfectionné l'outillBge et,
après la découverte des métaux, le. descendeüt des primitifs
était presque devenu l'homme actuel; cette histoire, p;:lr la
vue de toutes ces séries, devient lumineuse et le visiteur
croit entendre l'orateur invisible tirant de chaque objet des
déductions qui amènent des dates précises.
Les déduct.ions sont claires et nous conduisent à l'homme
historique de notre ère. .
J'ai signalé dans cet ouvrage une purticltlarité que j'ai
observée dans la fuuille du grand tumulus de Leuhan, de
3 J: mètres de diamètre. L'aire de feu sur le sol primitif
était très étendue, puis la masse dans son élévation était
marquée par des alternements de feu qui avaient laissé entre
les couches successives de terre, des lignes de cendres bien
visibles sur toute la surface du tumulus, mais bien plus sen­
sibles vers le centre et à mesure qu'on se trouvait plus près
de la base. J'avais déjà signalé deux fois~ et spécialement en
1890, cette cérémonie funèbre si longue des alternements de
feu, en décrivant la fouille d'un très grand tumulus en Lo­
cronan (Finistère).
Dans le chapitre suivant du même ouvrage, j'ai eu l'occa­
sion de dire, à propos d'autres monuments mégalithiques,
que ces fouilles dont j'ai pourtant une si grande pratique

donnent souvent lieu à des surprises, et quand les opérations
ont été faites avec le plus gTand soin, l'observateur est obligé
de conclure que les hommes des temps primitifs, devant la .
nécessité de rendre; l'hommage funèbre à un chef respecté,
ne pouvaient guère employer que les matériaux qu'ils trou­
vaient aux envil'Ons; de là toutes les différences de genres,
de formes et de grandeul's dans les constructions préhisto-
. nques.
Je ne résumerai pas aujourd'hui les deux mémoires dont
j'ai donné lecture au mois de mars dernier, à la réunion
scientifique de la Sorbonne et à l'Institut: Les Cimetières
préhistoriques, Sépultures sous hs roches brutes et le Début
de l'âge néolithique avec les trés petits Tumulus, ce serait
pour Paris une répétition.
Je publierai bientôt, dans un long ouvrage d'un autre
genre, une longue fouille qui m'a permis de mettre à jour,
dans une plaine où rien à la surface de la terre ne pouvait
donner aucune indication, les substructions imposantes et
complètes, avec salles souterraines voùtées, d'un véritable
palais: le chAteau du roi Marc'h aux 'oreilles de cheval.
.l'ai t.rouvé le busle conforme à la légende ct aussi les .
sigues bizarres gravés sur les pierres, caractères gaulois et
lettres latines; tout ce que j'ai vu là m'indique d'une façon
indiscutable que ce palais de Lézarscoët, en Plonévez-Porzay
(Finistère), appartient à l'époqu~ de transition, entre la pé­
riode romaine et les constru ct.ions féodales du moyen-âge.
Je lel'min e pour aujourd'hui, et je crois avoir démontré
par cette rapide r evue que j'ai bien été l'historien de ces
temps ~i reculés, et qu'en relevant tant d'erreurs dans les
livres des écrivains qui m'avaient précédé, j'ai montré clai­
rement la vie intim e, los habitudes, les mœurs des premiers
hommes eu les suivant depuis l'âge antédiluvien, à. travers
toutes les périodes, jusqu'à notre ère,

La vue et le classement des deux cent mille objets de mon
musée prouvent bien, d'autre part, que je me suis identifié .
complètement avec la vie de nos premiers ancêtres et que
j'ai là l'histoire de l'humanité écrite, preuves en mains, avec
les ébauches d'abord, puis les premières manifestations · de
l'art. .
BARON BALNA DU FRETAY,
'Vice-P'résident de la Société archéologique dIt
Finistè're, Correspondant du .lIfinistère de
l' lnstnlction publique .

Château du Vieux-Châtel, par Quéménéven (Finistére).
4 Aoùt 1894 .