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Bulletin SAF 1894


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De la condition des prêtres des campagnes dans le Finistère avant 1789

Abbé Favé

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XVII .
NOTES
Sur la condition des Prêtres des campagnes,
dans le Finistère, avant 1 789
Par l'abbé Antoine FAVE .

Par titre clérical on entend la garantie d'une honnête
subsistance pour celui qui veut recevoir les ordres sacrés:
Ce titre est nécessair"e, l'Eglise l'exige impérieusement pour
·l'honneur du sacerdoce : elle ne veut pas qu'un prêtre, un
diacre, un sous-diacre soit réduit à une mendicité honteuse
pour leur caractère, ou que pour vivre, ils ne soient obligés
de recourir à des expédients peu copformes à leur dignité.
(Conc. de Trente. De Reformatione, ch. II.)
Le Droit distingue trois sortes de Titres, sans l'un desquels
il n'est pas permis d'élever un clerc à l'ordre du sous­
diaconat: le titre de bénéfice, le titre de pauvreté religieuse,
et le titre de patrimoine.
Pour le titre de bénéfice, il est nécessaire qu'il soit cons­
tant, que le clerc en soit canoniquement pourvu, qu'il en
jouisse paisiblement, et que le revenu soit suffisant pour
un honorable entretien: l'espérance, l'assurance même d'être
promu à un bénéfice ne sont pas des titres acceptables. Sous
le seul titre de profession religieuse, on peut être admis aux
ordres, mais il faut que l'évêque s'assure que ceux qui se
présentent avec ce titre ont fait profession.
Quant au clerc qui n'a ni le titre de bénefice, ni le titre de .
pa·uvreté religieuse, il peut être ordonné â titre de patrimoine
ou de pension viagère : ce titre doit être fondé sur un im­
meuble ou une rente perpétuelle immobilisée. Il faut que le
clerc en jouis~e paisiblement et qu'il ne soit pas contesté, et

que ce titre soit suffisant pour atteindre la fin voulUe p'oul' le
législateur : une existence non précaire, mais assurée et
honorable.
A la Noël de 1664, messire Michel Lozac'h (1) recut l'ordre
de prêtrise. Lorsque l' « Escholiel' de Kerhellou y) (Rég. parois­
siaux), en Ergué-Gabéric, dut constituer son titre patrimonial,
il n'eut pas de difficulté à le faire. Il était d'excellente famille
rurale et les papiers que nous avons compulsés font foi qu'il
jouissait d'une honnête aisance, et qu'il eut souvènt la bonne
fortune d'obliger son prochain par vrais et loyaux prêts dans
ces passes difficiles que les anciens appelaient la « res angusta'
d011tÛS. » .
En janvier 1678, Guillaume Le Gac lui emprunte 60 livres
tournois; en septembre '1673, il fait à Arphel Coustanz, de
Parc-an-Franquic, le prêt de 10 livres; en août 1684, il
obligeait Hervé Le Breton, de Guilly-Vian, pour une somme
de 12 livres, etc. \
Messire Michel Lozac'h fit ses études et passa aux ordres
du temps que Alain Floc'h, puis Jan Baudour, gouvernaient ,
l'église de Saint-Guinal: les étudiants ou aspirants à la prê-
trise y étaient nombreux : on y retrouve outre un autre
Lozach, dom Jean, prêtre de 1609, -René Le Poupon, Maurice
Jacob, Guénolé Hamon, Pierre Baot, Guénolé Michelet et
Jean Raoul.
Michel Lozac'h, élève à Kerhellou, demeurait plus tard à
Kerouzoul, ou à la métairie noble de Mézantez. Par son
assiduité, par son paraphe répété sur les registres de la
paroisse, il justifiait son titre de chapelain.
Lorsque décès lui arriva et que son « corps fust inhumé
en l'égle parro d'Ergué-Gabéric l'onziesme janvier 1694 », le
commis au greffe du présidial, Me Kerdeffry, dut se trans-
porter à Kerouzoul, sur la réquisition faite par le procureur

(1) Papiers de Kerhelloù, en Ergué·Gabéric.

du Roi, pour la conservation des droits et intérêts des mineurs,
héritiers du défunt.
Dès son entrée dans la maison, on lui fit savoir que Messire
Michel Lozac'h 'avait passé un contrat de palmage, ou de mi­
croît avec Guénolé Daoudal, laboureur de tel'l'e à Kerdoc'hal,
pour quelques tètes de bétail. A Kerdoc'hal, le commis au
greffe ne rencontra qu'une fille de ferme qui l'informa que
Daoudal se trouvait au bourg, probablement pour assister à
l'obit chanté pour le défunt. Daoudal, retrouvé, déclare avoir
en sa possession et appartenant à Lozac'h « deux bœuiIs, trois
.« vasches et quelques autres jeunes bestiaux qu'il a promis de
(c représenter lorsque requis sera ». .
Me Kerdeffry s'aboucha ensuite avec Jean Raoul, condis­
ciple et confrère de défunt et avec Guénolay Hamon, pour
lors curé d'Ergué. Ils se rendirent à l'église pour procéder à
l'ouverture d'un banc que Lozac'h y possédait. Le procès­
verbal rapporte qu'on y trouva deux sUl'plis, une cappe, un
un brevière, quelques collets, plus « une vieille soutane
bonnet,
sans manche ». Michel Lozac'h portait, sans doute, et habi­
tuellement, la soutanelle, mieux adaptée aux circonstances de
temps, de lieu, de eoutume, plus aisée à porter pour ehe­
vaucher à travers les chemins creux et ravins de la paroisse
d'Ergué. Quand il allait à l'église, il . endossait la soutane,
restis talaTis, pour se mettre en mesure de revêtir ses habits
de chœur. Dans le banc on trouva encore une somme de

18 sols 6 deniers en argent, reliqua t de la réserve que le
digne prêtre destinait à ses menues dépenses et aumônes
quand il était au bourg .

Les funérailles du '1'1 janvier 1694 furent des plus hono-

l'ables. Nous. avons le mémoire du 20 janvier du même an,
contrôlé et signé par le recteur Jan Baudour et les . autrès
prêtres de la paroisse, et délivré à Denis Lozach du lieu noble
de Kerouzoul. Le mémoire relate qu'il fut versé :

o « A Monsieur le recteur de la dicte paroisse pour son
droict et assistance la somme de 3 livres 15 sols.
- « A Monsieur le curé, 3 livres 3 sols.
_ :« Aux autres prêtres chapellains», soit à dom Jan Raoul,
dom Hervé Gillart, dom Jacques Cozie, dom Alain Tanguy,
chacun la somme de 3 livres.
- « A l'organiste, 30 sols.
- « A Pierre Km'hua, escholier, 1 livre.
~ . « Aux deux petits enfants du cœur ... 2 livres.
_0 « Au sonneur des cloches, 2 livres 5 sols.
- ' « Pour le vin de messe pendant l'obit... 2 livres 5 sols.
_0 « Pour le sonneur des cloches de Km'dévot. .. 10 sols.
_0 « Pour le sonneur des cloches de la chapeIJe de Saint­
André, 10 sols.
- « Pour le cercueil. .. 2 livres 1 sol.
tres
« Et pour le soupper de Messieurs les pb qui y assistèrent
« à la veuillée, pour le disner de ce'ux quy assistèrent soit â
0 « l'entherrement que le jour d'octave dudict deffunct, la somme
« de trente-deux livres un sol. »
En témoignage de bonne confraternité les prêtres de la
paroisse et ceux d'Elliant avaient mis services et octaves pour
le repos éterhel de Messire Michel, comme le témoigne ce
passage du mémoire:
« Plus en collation aux sieurs pbl"es de lad. paroisse pour
« un autre obit et octave vollontaire par eux faicts pour leur

res
« dévotion et aux sieurs pb d'Elliant venus exprès pour

« faire un autre service pour leur dévotion à l'intention duditct
« deffunct... 10 livres. »
Un autre mémoire dressé pour Pierre Lozac'h, de Kerhellou,
. nous initiEl aux dispositions prises par son frère Jean, de
Kerouzoul, en vue des prières et bonnes œuvres qu'il destine
au salut de son âme.

Ce brave laboureur a tout prévu: il met à son actif 24
messes privilégiées, soit 12 livres.

Il donne à la fabrique 9 l(vres, · même somme à Notr~-
Dame de Kerdévot. « A la fabrice de Saint-Guénolé, 30 sols »,
- à chacune des autres chapelles, pareille, somme d'une livre
10 sols, soit à Saint-Joachim, Saint-André, Sainte-Appoline,
Saint-Giltas. Dans ses munificences posthumes, il n'oublie
pas les fabriques des paroisses des environs où il a eu pa­
rentés ou vieilles amitiés, où on lui donnera un souvenir et
l'aumône d'une prière. En conséquence, il laisse Hi sols aux
fabrices du « Petit-Ergué, Saint-Yvy, Saint-Effarzec, Ker-
feunteun, Landudal, Cœuzon, Elliant, en comprenant « la
chapelle du Glosquer (lisez du Cosquer), en Briec. ))
Il. (t)
Ces dispositions témoignent du souci que l'on prenait dans
la classe rurale de s'assurer des prières après la mort et de
participer, d'une façon plus particulière, aux sufIrages de la
Sainte Eglise.
C'est ce même sentiment pieux qui incitait le paysan à
intervenir pour faciliter au jeune clerc l'entrée dans les ordres
sacrés, en lui constituant une pension .ou titre patrimonial,
et fournir ainsi un prêtre au service des auteuls.

François Poupon naquit le 2D mars 1720. Il n'était pas
comme Michel Lozac'h de famille viva.nt noblement. Les
Poupon étaient nombreux, laborieux, et autour de leurs foyers
se groupaient leurs rejetons en quantité fort appréciable: leur
nom était le plus répandu de toute la paroisse et ceux qui le
portaient se retrouvaient dans tous les quartiers d'Ergué­
Gabéric.
. François Poupon naquit d'autre François et de Marie
Nédélec, sa femme, veuve en premier mariage de Laurent
Le Denval, mère elle-même d'autre ·Laurent Le Denval,
demi-frère de François Poupon fils. Le père ne put donner à
ce dernier que ce qu'il avait lorsque la· inort vint le prendre:

(1 ) PDpiers cl u Mélcnnec, en Ergué-Gabéric.

une part SUl' les édifi- ces et droits réparatoires de Stang-m' ":"
hunteun. .
Certain après-midi d'octobre 1739, -François Poupon com­
paraît en personne, en compagnie de son oncle Barthélémy Le
poupon, du Gongalie, en l'étude de Me Le Guillou, notaire royal
à Quimper, pour s'y rencontrer avec Laurent Le Denval, son
mi-frère et tuteur, à seule fin de lui exposer « le désir qu'il
« a d'étudier au latin et l'impossibilité où il se trouve de le
« pouvoir faire attendu qu'il n'a ni père ni mère vivants ni
« biens suflisants pour le faire », Sur quoi, il le prie « de
« vouloir bien se charger de le noun~ir et ~ntretenir en l~
« ville de Quimper pour faire ses études, ledit François Le
« Poupon otIrant, sous l'autorité de son dit oncle, de luy
« passer à-compte sur le peu de biens qui lui sont eschus de
« ses père et mère. les sommes qu'il aura avancez pour luy
« pour ces causes ... ».
Denval accède par bienveillance, s'ôblige à entretenir
Poupon au c'ollège de Quimper pendant cinq an~: « laquelle
« pension et entretien les parties ont abuttez annuellement à
« la somme de soixante livres ». Ce à quoi le conseil de
famille donne son consentement, trouvant la transaction
avantageuse pour le mineur.
Poupon prit logement en la rue Obscure, paroisse
François
de Saint-Ronan. C'était le vrai quartier lati·n comm(}; l'enten­
daient nos pères : les gentilshommes y avaient leur hôtel
et les écoliers y prenaient leur gîte et tenant ces maisons de
chmnbricrs on retrouve aux registres paroissiaux de la bonne
ville de Quimper, certains Léonais comme le .Cozanet dont
. j'ai relevé le décès, et qui est porté comme originaire de
Saint-Pol-de-Léon,
Eri mai 1744, maître François Le Poupon est « accolythe»:
à la veille du sous-diaconat, il lui faut songer pratiquement à se
constituer un titre patrimonial: il ne peut prétendre à mettre
BULLETIN AUCHÉOL. DÙ FINISTÈRE. TOMK XXI. (Mémoires). 17 •

Stang-ar-Feunteun en ligne de compte, donc il faut chercher
ailleul's.
Honoré Cast et sa femme Marie Guillermou du Pouldllic
interviennent et il leur est exposé qlle Poupon ne peut être
admis aux ordres sacres « sans au préalable être assuré d'un
( titre clérical ~t pension viagère de soixante livres par an

« pour sa sùbsistance et en tretien ». « Ces derniers par bien-
« veillance' et aflection pour ledit Poupon et désirant son
. « avancement et d'estre participant en ses bons et saints
« Sacrifices qu'il offrira à Dieu en ceste qualité de prêtre,
« ont par cette baillés et constitués audit Poupon la somme
« de soixante livres par an de rente, sa vie durante, pour Illy
« estre payé annuellement à jour de Saint-Michel, en sep­
« tembre... et ainsy continuer d'an en an jusques à eslre
« pourvû de bénéfice vallan t ladite somme» ...
« Poar cette fin ledit Cast et femme effectuent et hypo-
« thèquent les droits et héritages cy-après leür appartenant
« au village de POlllduic, issues et dépendances», sçavoir:
:3 journeaux et demi de terre.
Au dos de l'acte insinué au contrôle du clergé se trouve
l'approbation et acceptation de Mgr Auguste-François-Annibal
de Furcy de Cuillé; « Vidi titulwn hunc clericalem et patri­
« monialem et approbaviliws et approbam,us. Datum in
« palatio nostro Episcopali de Lanniron. 9 â septembris 1744.))
t Augustus Fr. Annibal, Epis. corispis.
François Poupon devint prêtre, mais comme nous l'apprend
un mémoire au Présidial dressé par Me Guermeur, avocat,
« la mort l'enleva peu de temps après sa prêtrise et on ne
« contestera pas aus~y qu'il ne soit mort à l'hôpital. »
III. .
Par ce qui précède on voit la forme légale d'un titre clérical:
pour en faire cOIinaître mieux l'économie, nous recourons aux
...... "." • • w . . .. ...ptèe~."'Cnp.]'~rv.~~·;~ ·a:u~ Archives départemen tales et classées
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SOUS la l'ubriqu'e : Titres clé1'icaru.1J. Pour le diocèse de Cor-
nouaille, la taxe de la pension est de 60 livres au minim,um ;,
comme nous l'avons dit, elle est viagè1'e : un acte de décembre
1644 concernant un jeune homme de Gourin instruit chez
les RR. PP. Jésuites de Quimper porte qu'il lui est attribué
et aliéné 60 livres pour « viaage » : c'est le mot ancien con- .
serve.
Le titre est généralement accompagné d'un certificat de trois
bannies failes au prône de la grand'mess pour découvrir si

ledit titre n'est pas vicié ou sujet à contestation. Il est aussi
soumis à u ne expertise préalable sur sa valeur.

Il est constitué sur un fonds de terre ou des édifices: le
D juin 1692, Gillet Adam, étudiant chez les Jacobins de
Quimperlé, 'présente en titre une pension de 60 liv. sur une
maison située Grand'Rue, paroisse de Saint-MicheL
Le contrôle et l'enquête sur la valeur réelle du titre sont
faits scrupuleusement 'comme le· marquent les annotations
qui y sont mises au dos.
Jacques Stennou, de Maël-Pistivien, de la baronnie d.e
Rostrenen, en 16ï4, fait apostiller sa demande en acceptation
de titre par la dame douairière de Kerdaniel de Rosmar,
propriétaire de la seigneurie de Kerauffret. Celle-ci déclare:
« Comme dame fonLière des droits mentionnés au titre ci­
«( dessus, déclarons le consenLir à la charge de nous payer les
« rentes à nous deubs comme il est dict par icelluy et sans
« déroger à nos aultres prétentions. »
Vqici l'appréciation de Messire Jean Call1er, vicaire général:
• «( Il est à domaine congéable : il faut que le seigneur du
« fond consente que l'escolier jouisse sa vie durant. Il ne
« paroittalloir 60 li'lJres, Le consentement que la dame a mis
« est inutile, à moiùs qu'elle n'adjoute qu'elle consent que
« l'escalier jouisse du titre sa vie du
. DU FINtSTERE
Hôté' de Ville

Autre a nnotaLion :
Hervé Kerbaul de Pleyben, en la cour de Châteaulin, pré­
sente son titre .
« Le tiltre est à domaine congéable, mais Ml' de Pleiben
certiffie que les cautions sont solvables. »
Approuvé, le 14 mai 1677.
Jean CALLIER, vic. gén.
Six frères ou beaux-frères de Lopérec en 1777 se cotisen t

pour constituer un titre patrimonial. Autre fois, on voit toute
une paroisse se' rassembler et fournir in solidwn le titre né-
cessaire pour un jeune clerc désireux de s'avancer aux ordres
sacrés. Nous en avons un exemple dans le cas de maître
Pierre Aunay ou Halnay, de Plogonnec, en 1643.
« Ce jour de dimanche trantiesme d'aoust lan mil six centz
« quarante-trois, au prosne de la grand'messe dicte et célébrée
« en l'église parrochiale de Plogonnec par vénérable et dis­
« crète personne Missire Guillaume Toulguengat, pbl'e et chap­
« pellain de ladicte paroisse, sont présentz en· leurs personnes
« Pel' Guézennec, fabricque et marguillier de ladicte église,
« Yves Sénec, etc. (Suivent près de quatre-vingts noms. )
« faisant la plus saine et maire voi.'C, congrégés et amassés
« pour ouïr l'office divin et disposer de leurs intérests poli­
« ticques et terriens, et aussy sest présenté en sa personne
« maistre Pierre Aunay, clercq tonsuré, estudiant à présent
« soubs les pères jésuistes de Quimper, fils de, ect ... , du
« village de Penaprat an Gorre, prédicte paroisse, lequel
« clercq faisant à entendre audict paroissien que sa vollonté
« est de se pourvoir aux saincts et sacrés ordres de prestrisse,
« si de cela il est trouvé idoyne et capable ayant attei~ t
« maintenant lage de vingt ans, comme il dit, moyenùant une
« surreté de son entretenement à ce qu'il ne soit ni mendiant
• « ni nécessiteux pour pou voir mieux vacquer à la piété et
« exercices de l'ordre de pbrisse. »
La communauté s'engage solidairement à fournir à maître

pierre la somme de soixante livres « jusqu'à estre pourvu
« d'un bénéfice excédant ladicte somme », laquelle « sera
« prinse et levée sur le gros de la paroisse ».
« Et pour évitter la plurallité et la multiplicité des signes
« ont lesdicts paroissiens prié ledict Seznec, recteur de ladicte
« paroisse, de signer à leur requeste. » .
En février 1647, Louis Le Cardiner, clerc en philosophie
chez les RR. PP. Jésuites, après la grand'messe à Kernevel, se
présente à la réunion du Général. Le Cardiner n'a pas oublié
sa rhétorique, comme le montre son petit discours pro domo
sua.
«. Présent en personne, il remontre aux paroissi81ts que
« depuis qu'il a l'usage de raison, il est en intention de par-
sse
« venir aux saints ordres de pbl'i comme il a encore à
« présent, moyennant la grâce de Dieu et le bon plaisir de
« Mgr de Cornouaille; il a employé son temps aux écoles et
« éludes des bonnes lettres, mais parce que suivant les saints
« canons, il ne peut parvenir aux ordres, au préalable, sans
« être certain de rente et de revenus suffisants pour son
« entretenement, pour n'ayoir lui-même non suffisant pour
« ledit entretien, il a supplié et supplie lesdits paroissiens de
« le youloir gratiner et obliger, à charge de mémoires deus
« aux prières, messes et oraisons qu'il espère dire et de lui
« bailler lettre et rentes suffisantes pour son dict entretien. »
A quoi inclinant lesdits paroissiens ...
« Parlant par les bouches entre autres de Jean et Yvon
,( Cahrez, Jéan Le Burel, Colomban, Montfort. .. pour le désir
« qu'ils ont de l'augmentation du service divin et aussy pour
« la bonne amytié qu'ils lui portent et être participants aux
« prières qu'ils pourraient faire », prennent charge d'une rente
« de 60 liv. par chaque an jusqu'à provision d'un bénéfice.
1649. Guillaume Abgrall, recteur, après la messe dans la
chapelle de N. D. du bourg de Laz, demande à ce que les

paroissiens's~engagen t à fournir un titre clérical à Dell is Le
Gall, estudiantchez les R. P. Jésuites.
En Léon, le titre patrimonial n'est fixé qu'à tiO livres, bien
qu'il le dépasse à l'occasion.
C'est ainsi qu'en juillet 1660, « Monsieur le baron de
« Kerlec'h, Alain seigneur du Rusquec )), constitue pour
fils d'Écuyer ' Prigent de KeroLllas et .
Nicolas, clerc tonsuré,
de Jeanne Laviec, de Ploudalmézeau, la somme de 80 livres
tournois de rente sur une maison noble occupée par François
Botteraou.
Il semble qu'en Léon, les chapellenies, très nombreuses,
du reste, servaient de titre aux ordinands. Ils restaient char­
gés d'en desservir les obligations afférentes, et si les charges
les tiO livres de la taxe pour Litre, le
et dessertes laissaient
titre était ratifié par l'Ordinaire. .
En 1744, maistre Guillaume Abhervé, acolythe et titLllaire
de la chapellenie de Saint-Goulven, à Plouzané, est chargé
messe à y faire dire une fois la semaine. La présenta­
d'une
tion est faite par le patron, Louis Marie, seigneur marquis
de Poulpry et Trébodennic. Le suppliant affecte la chapel­
son titre clérical.
lenie pour
En 17ti9, à Bodilis, Jean Le Roux, possède les chapelle­
nies de Lambert et du Rannou, dont le reyenu annuel est de
Ll7 livres 2 sols d'après les baux joints à la pièce. 11 paie
la desserte 79 livres: il lui reste liquide 38 livres 2 sols
pour
qui joint à 12 livres qu'il a de patrimoine en rente sur
hypothèql1e avec toutes les solennités requises font la somme
des tiO livres exigées.
17;59, Joseph Lescalier, titulaire de la chapellenie de
Parscau, paroisse de Plouguerneau, a de ce chef 120 livres :
des messes monte à62 livres 8 sols, il reste
la desserte
;)8 livres 12 sols.
'1759. Claude-Jean-Marie du Plessis, étudiant à Paris au

petit séminaire' cie Saint-Sulplice, est titulaire cie Sa-inte
Catherine de Tresflan, fondée et desservie en l'église paroissiale
de Lannilis : le revenu suivant le bail à ferme est de '180
livres: la desserte s'élève à la somme de 601ivres, les décimes

à 1~ livres: reste clair et net pour 'le titre 'lOQ livres.