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Bulletin SAF 1894


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Monographie de la paroisse de Plounévez-Porzay

Abbé Pouchous

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~IONOGRAPH.IE

de la
Ploné vez- POl'zay
pal'Ol~se de

l'AH FEU L'ABllJ~ POUCHOUS (1)

' DésÏt'eux de connaitl;e tout ce qu'il y a d'intéressant pour
ma paroi::;se, je me suis mis en devoir de recueillir ce qui
pourrait me conduire à mon but: M, Alain Le Bastard du
l\Iesmeur a eu l'obligeance de m'écrire une lettre SUI' les
fiefs de ma paroisse. M. le comte de Kergar'iou, ancien pair
de France, m'a fourni des renseignements archéologiques
spéciaux. Des aveux de Névet, de la fabl'ique de Plonévez­
Porzay, des registl'es de bapt.êmes, de::; comptes et la tl'a­
dition locale, ellfin les inscl'iptiolls, m'ont mis à même de

cOllslgnel' ICI ce qUI va SUIvre,

(1) La J/onogra]lhic de la 7 G1'oissf' de Plol1.év(!z- Porz:ay, œuvre de
l'abbé Pouchous qui en fut recteur, a été lue en partie dans la séance du
'l(j décembre 1~8H. · .
Ecrite simplement suns flucune prétention, cette monographie peut être
présent.ée comme modèle à suivre pour tous ceux qui voudraient écrire
l'histoire de leur commune ou de leur paroisse. Nous avons reprodUIt le
texte de M, Pouchous, en ajoutant seulement quelques notes que 1\1, le
baron Halna du Fretay a bien voulu compléter'. .'
Le manuscrit que M. l'abbé Peyron a eu l'obligeance de me communiquer
fait partie des archives de l'Evèché: il a' déjà été communiqué à M. Mon-
teville qui s'en est servi pour sa nouvelle édition du IJiclil/nnaire d'Ogée
(184:3). Il pou rra être utile au rédactem du RriWl'toirrJ a/'chéol()giq Ile dn
Fù1,':sUm', si impatiemment demflndé.

. A. SERRET.

1. - Etat ecclésiastique de la paroisse.
La paroisse se nomme aujourd'hui lllounevez-Porzay ('1); je
ne connais pas son nom latin, cependant 1'ancien propre de
cornouaIlle dit que saint Ronan, qui choisit son 'hermitage
dans la forêt de Nevet ou Nevent, presque toute en Plounévez­
porzay, 'venit ad nerneam, (2)vastissirnam sil-varn, Cert~ins
étymologistes assurent que Ne'Det ou Nevent signifie Je sanc­
tuaire de la forêt. Le seigneur de Nevet, qui assista saint
Corentin, lors de sa prise ' de possession de J'évêché de Cor­
nouaille, est désigné sous le nom de IVerentus Primas, où
(t) P. J. L'orthogr,aphe actu~lle est PI~)~évez-Porz~y. ~~nn~aire du dé~
partement du Finistere.) Le l'ole des declmes de 1 annee 1/88, pour le
diocèse de Quimper, donne la même orthographe.
Le cartulaire de Quimpel' (Xe siècle, archives des Blancs-Mantëaux)
Vicarius Plebis Neve in POl'Zoed. . ,
donne
Nous trouvons encore dans un acte d'Hoël, quiblls ergo superatis un~m
yillam. Pentraez, nomine, quœ est in Plebe 8cnt-Nic, in pago porioed,
s. Chorentino in perpetuum dedit (an 103~).
Dom Morice. Pl'euves, p. 378.
Ibtt .•... et Kaerstrat in Plebe-Nevez Porzoed.
L'ancien évêché de COl'llouaille avait jadis plusieurs paroisses du IlOh1
de I~lebs JVOt1C : ' ,
1- Plebis nove in POI'zoed, aujourd'hui Plonevez-Porzay.
'l- Plebs nova in Quintin, aujourd'hui Plonévez-Q,!intin, qui èst main,
tenantdalls les Côtes-du-NOl·d.
3- Plebs nova in Fago, aujourd'hui Plonévez-du-Faou .
.\0 Plebs nevez, aujourd'hui N 'V!', canton de Pont-Aven.
('1) .\'611&,-(0" est le nom primitif de la forêt qui se trouvait dans le
Porzoed, vaste contl'ée située entre les chaînes montagneuses de Locl'onarl
et du Ménez-C'hom el de la baie de Douarnenez.
Tous les philologues, d'après une pièce bien connQe, s'accordenl pour lë
traduire par Famtllt \voir Zeuss' ; sont admises les lois du passnge t1è
l'm en v et du t en ;;.
Pour Porzoed, son nom ,'ienl de POI's-Coet ou Pors-Hoet, la cour dû
bois.
La transformation de Plebs neve en Plonevez s'explique facilement.
Dans les anciennes ch8l'les, le mol Plebs signifie une paroisse. Le mot
Plouef chez. l~s anciens bl'etons signifiait à la fois, terrain cultivé, peu­
plade orgalllsee. Ce mot de Plou s'est souvent transformé en Plé, Ploe,
Plu; la trans~ormation de Plebs en Plou s'explique si on remarque qué
dans un certain nombre de Carlulaires entièrement écrits en latin, on
trouve beaucoup de noms et de mots bretons, A. S.

l'on pourrait ~ la rigueur trouver le nom latinisé de
Plounévez.
Le véritable nom de la paroisse au moyen-âge, pour l'or­
Plou-Nevet-Porzay, bien que nos anciens
thographe, était
Plounevez-Porzay et que depuis
titres et registres portent
soixante' ans on écrive Plonevez-Porzay.
environ
Les chroniques, d'accord avec la tradition, représentent le
pays couvert d'une immense forêt du nom de :Veoet ou 1'fevent
qui s'étendait de la montagne, dite aujourd'hui Lo­
cronan, jusqu'au Menez-Chom, et couvrait la majeure
partie des vallons renfermés entre ces deux éminences. Que
la paroisse tire son nom de la forêt, où elle a été établie, ou
de la famille de Névet, chef de ladite forêt, on ne peut lui
refuser l'ortbogra~,phe de Plounévet. ,Un bénitier en bronze
que nous conservons au bourg porte: Missire GuUlaume
Vergos, recteur de Plmuu!Det 1633. Une pierre enclavée
le cintre ogival qui forme les deux portes qui sont sous
dans
.cl.ocher" donne Plounévet (le reste de l'inscription est
notre
à croire que cette pierre est bien plus
illisible): tout porte
que le clocher qui est du XIVe siècle.
ancienne
Le nom ' de la paroIsse signifie donc peuplade ou paroisse
de Nëoet ou Nt!-oent et non .peuplade nouvelle. Le costume, la
langue, le caractère, les usages se refusent à cette dernière
dénomination:
II. Antiquités de la paroisse. Son saint patron.
Il est à présumer que Plounévez-Porzay a été érigé en
paroisse, du temps même de saint Corentin; des actes de
Néyet le supposent, et la fête d'un patron secondaire, que
nous chômons encore aujourd'hui, semble le rendre très
probable. Il est de fait que dans les premiers siècles de l'ère
et même longtemps après le règne de de Cons­chrétienne,
tantin, les églises étaient placées sousle vocable du Sauveur,
de la très sainte Vierge, des apô.tres, de~ disciples et des saints

confesseurs de la foi, inscl'its dans les dyptiques (canon de la
messe), cette préférence tient, comme on le sait, à la
nécessitè des temps rapprochés du berceau du christianisme,
les Plounévétiens(on les nomme en breton PloLtneDezü),
aussi
en élevant une église commune, lui ont donné pour patron,
la tradition veut qu'il l'ait
saint Étienne, premier martyr, et
été plusieurs siècles; mais depuis longtemps il n'est plus que
féconde mère de la sainteté, ayant enfanté de dignes émules
de la foi des temps apostoliques, et la vertu de ceux-ci émou- _
vant d'autant plus vivement la population, que ces vertus
!vi.lr étaient contemporaines, la mémoire des anciens titulaires
été, si l'on peut le dire, éclipsée par les mérites récents
de leurs imitateurs. C'est ainsi que l'antique paroisse de Plou-"
névez-Porzay aurait choisi saint Méliau, pour patron, vers
le commencement du IXe siècle, soit parce que quelques mi- _
l'acles y auront été opérés par son intercession, soit parce que
comme roi du pays,il s'y serait fait connaitre, soit enfin parce
qu'il aUl'a eu une demeure auprès de la paroisse. Il est cel'tain
qu'à un kilomètre des confins actuels de Plounévez-Po(zay,
il y a, en Plomodiern, un ancien village ou manoir, -cljt -:
Lam'cliau (nous écririons Lan-Méliau).
en soit, Plounévez-Porzay reconnaît pour son
Quoiqu'il
patl'on pl'imiLif, saint Méliau, roi en Armorique, père de
saint Meloir ou Mélard, tous deux sacrifiés par la jalousie ou
plutôt l'ambition de Rivod, frère du premier. Notre sailit
patron n'a régné que sept ans. Il a été enterré dans J'église dlI
Yeaudet, à l'embouchure de la rivière de Lannion. Dieu ayant
opéré plusieurs miracles à son tombeau, il a été, peu de temps
aprcs sa mort, honoré du litre de martyr, dans la Cornouaille
et dans plusieurs autres diocèses de Bretagne (1).
(1) Nous Ll'ou'·ons Plu-~Icliau (Morbihan)
Ploumiliau (Côtes-du-Nord ,
Guimiliau (Finistère). - '
La paroisse de Plonévez-Porzay fait l'office de saint Méliau
le second di manche d'août, du rit solennel mineur, avec
Octave. Tout l'office se prend au commun d'un seul martyr,
non Pontife, avec J'oraison « da nobis, quœsumus ... » Messe
(( R Domino patientia mea ... » Evangile « signis vult post me
venire ... » au chœur, l'Introït « Laetabïtur ... » A proprement
Méliau n'est pas martyr, n'ayant pas versé son
parler, saint
sang pour défendre sa foi; mais dans les temps reculés, toute
comme saint Méliau, menait une vie très sainte
personne qui,
un motif même humain, recevait le titre
et était sacrifié pour
de Martyr. Bien des raisons peuvent militer en faveur de cet
antique usage.
La fêle et le pardon de Saint-Méliau se célèbrent à Ploné­
le second dimanche d'août.
vez-Porzay,
la révolution de '1793, notre fête patronale était
Avant
chômée le ~ octobre. Après le Concordat de 1801, on la solen­
le dernier dimanche de septembre; mais comme ce jour
nisait
il y a solennité à Plomodiern et à Cast, que d'ailleurs la réu­
nion du second dimanche d'août n'avait plus de fondement,
la confrérie de Saint-Laurent étant entièrement tombée, Mgr
J .-M. Dominique de' Poulpiquet de Brescanvel, évêque de
Quimper, décréta, par décision du 16 mars 1833, que l'office
et le pardon de Saint-Méliau se feraient à l'avenir le second
dimanche d'août.
On ne voit guère à notre fête patronale du second dimanche
nos paroissiens et les habitants des sept paroisses
d'août, que
limitrophes. Ce jour-là, les Plounevetiens du Gorré (haut de
la paroisse) traitent chez eux leurs parents et amis. Les pro­
cessions de Quéménéven, de Loc-Ronan et de Plœven, sont
reçues' et introduiLe~ dans l'église paroissiale avant la grand'­
croix et les bannières de Plounévez vont embrasser
messe.Les
celles de chacune de crs paroisses. Après avoir fait le tour du
cimetière, elles entrent toutes réunies dans l'église, puis on
fait l'aspersion, comme à l'ordinaire.

La seconde fête patronale a lieu le ,26 décembre sous le nom
de pardon de Saint-Etienne. Il est d'usage que ce jour-là,
chaque maître paye à diner à tous ses' domestiques gagés
pour l'année suivante. Tout se passe à l'auberge et ce repas
est désigné sous le nom de: tanvea-ar-souben (goûter la
soupe). A propos de ce repas, il n'est pas inutile de dire que
l'année de tout domestique finit et commence ayep l'année
civile.
III. --"Ii Des églises ou chapelles de la paroisse
de Plounévez-Porzay.
Il y a eu neuf églises ou chapelles publiques, plus six cha­
pelles domestiques. Il n'y a maintenant que quatre chapelles
où l'on célèbre les saints mystères. Un paragraphe pour cha­
cune des neuf églises de Plounévez, puis quelques mots sur
chacune des chapelles, les feront connaître aussi amplement
que faire se peut, vu le manque de documents certains.
Nous commencerons d'abord par l'église paroissiale qui est
la plus importante de toutes .

§ 1 • EGLISE PAROISSIALE (1).
L'église paroissiale sous le vocable de Saint-Méliau (Melia­
nus), patron primaire de Plounévez-Porzay, et, avant le IXe
siècle sous le vocable de saint Etienne, actuellement patron
seecondaire, est passablement grande. Elle forme une croix
latine et a deux rangées de colonnes; elle a été construite à
différentes époques. Le clocher, qui est du XIVe sièele, était
autrefois surmonté d'une flèche deux fois renversée par la
foudre. On rebâtit cette flèche une première fois, mais le ton­
nelTe l'ayant renversée le 26 décembre 180;), à huit heures du
soir, on se contenta de terminer notre clocher en dôme assez
régulier, ce travail fut terminé en 1808.
Notre clocher est soutenu par deux portes basses et ét.roites
ayant chacune une voûte cintrée et toutes deux renfermées dans
(1) L'église actuelle a été "ebâtie su r les ruines de l'ancienne

un encadrement ogival, le tout entouré de vignettes assez
côté de ces portes s'élèvent
grossièrement ciselées. A chaque
deux statues en pierre; à droite, celle de saint Méliau, du XIe
siècle, ·à gauche, celle de saint Michel, du XIIIe siècle. Dans
de l'église on voit deux bases de colonnes qu'on
l'intérieur
du VIlle ou du IXe siècle. Le porche est de
m'assure être
Hi8!). Notre église form:iit un 'l'jusqu'en 1774, époque à
laquelle on fit à neuf l'abside et l'on refit le côté latéral. A
propos de cette construction, je dois consignér ici un fait
assez rare. Le nommé . Jean Le Quéau, transporta dans sa
voiture, des carrières . granitiques du Moez, . au bourg de
Plounévez, une pierre longue de quatre mètres, ayant un mètre

de la"rgeur, sur une épaisseur de trente-cinq centimètres. Cette
pierre formait seule deux marches du maître autel.
o Près du premier pilier est l'enfeu de Moëllien .Près du porche
se trQuve l'enfeu de Tresseol, et sur le second pilier, les armes
de Moëllien (1).
Ju?qu'en 1840, notre église avait ses murs en moëllon et
en chaux. M. Mignon, architecte à Châ­
recouverts d'un enduit
teaulin, a fait une boiserie qui couvre tous les murs du sanc­
les deux autels latéraux et le chœur, placé
tuaire, exécuté
d~puis cc moment derrière le maître-autel. On admire la ba­
lust.rade qui orne notre sanctuaire et le vitrail en verre de
couleur qui est au fond du chœur. La balustrade vient de
Paris. Le vitrail a été exécuté par M·o Cassaigne, qui vient de
peindr'e notre boiserie.

L'église paroissiale a toujours eu une fabrique en titre sous
la dénomination de (abrig-bras. Un usage toujours suivi chez
nous, est que le dernier jour chômé de l'année, on nomme au
prône de la grand'messe, le fabricien du bourg et tous ceux
des autres chapelles publiques. Tous ces fabriciens entrent en

(1) Ces al'llleS sont: D'azur à un anneau d'argent. touché et environné
de trois fel's de lance de même .

charge le premier dimancbe qui suit le premier joUr de chaque

annee.
Notre église paroissiale a deux confréries. Celle du saint
scapulaIre, érigée en 1833 et celle du saint Rosaire instituée
le 2 février 168;) ('il· Le frèreJean Le Déri, professeur en théo-
Jogie et prieur du couvent de Saint-Dominique de Qüimperlé,
accompagné de frère Louis Sa:int-Marie., aussi professeur en
théologie et prédicateur du même couvent de QuimpêI'lé, du
consentement de Mgr de Coëtlogon, évêque de Quimpel:, et -sur
la requête de messire Biluart (2), docteur en théologie, recteur
de Plounévez-Porzay, en fit l'érection canonique dont acte fut
dressé sur-le-champ par un notaire apostolique. - .
Il Y avait autrefois à l'autel sud de Plounévez, une confrérie
de saint Laurent, dont une relique était dans une image
d'argent. Cette relique de saint Laurentet unede saint Etienne
sont aujourd'hui dans nn reliquaire en bois doré: mais comme
les authentiques ont disparu, on ne les expose jamais. On dit
que ces deux reliques ont été apportées de Rome par un sei-
gneur de Plounévez-Porzay, dont le nom est inconnu.
Notre église paroissiale possède une relique authentique de

saint Corentin, premier évêque de Quimper. Cette précieuse
relique est renfermée dans un reliquaire en cuivre doré.
Le révél'end père Maunoir donna dans notre église parois­
siale une mission, en 1659, et une seconde mission, en 1666.
En 1817 eut lieu une miSSIon célèbre, présidée par M. ' Gue-
zengal', supél'ieur des missions. Trente ecclésiastique du
diocèse de Quimper, l'aidèrent dans cette mission. M. Ker­
mel'gant, recteur au bas Léon, y exqliqua le sacrement de
(1) Nous donnerons cet acte à la lin de la monographie. L'écriture en
est très belle, mais il est détérioré.
(,-l i ~'~Cl'i,t Bi~loal't ou BilJoual't" anci,enne famille dé l'évêché de Quimper
aUjoUld hUI étell1te. Joseph-Corentlll BIlloart fut recteur de Larré de 1673
il lU7.) (Pouillé" de Vannes,. p. 313:, fut ensuite recteur de Plounévez­
P?r~a~ et soutll1t un proces contre ses pat'oissiens en !G78. (Arch. du
FlIllstel'c, B. 13).

pénitence en termes si éloquents, qu'il y reçut le nom de
teÇJd aou'I' (bouche d'or). MM. Lafettu, curé de Pleyben; Le
Fur, cûré de Landerneau; Henry, curé de Quimperlé, puis
chanoine de Quimper, . y prodiguèrent, ' ainsi que plusieurs
autres dont les noms nous sont inconnus, leur talent et leur
zèle. 'Une croix en bois a été élevée au bas de notre bourg

paur perpétuer le souvenir de cette oœuvre divine; elle occupe
);a pJace de celle qu'y fit ériger le P. Maunoir en 1666. .
M; Cohanap, recteur de Plomelin, décéda au presbytère de

PlouJiévez-Porzay, pendant la mission de 1817, le 10 mai à
nellf heures du soir; il fut enterré le lendemain dans notre
cimetière.

M. Guézengar, présida encore dans notre église, le gmnd
jupilé de 1826. Quinze prêtres étrangers lui portèrent s ~cours
dans cette œuvre apostolique (1).
Le 24 juin 1837 , ouverture d'une retraite de quinze jours,
à l'oc,casion de l'adoration perpétuelle; elle fut présidée par
M. Durand, curé de Châteaulin, assisté de seize prêtres du
diocèse.
Le 18 mai 1841, retraite d'adoration et de confirmatiou.
M. Durand, chanoine honoraire et curé de Châteauiin, la
présida; huit prêtres lui prêtèrent leur concours. La confir­
ma"tion fut donnée le 28 mai par Mgl' Gl'averan, évêque de
Quimper. La veille de la confirmation, le recteur de Plou-

né vez-Porzay, accompagné des trente principaux paysans
riches de la paroisse, tous en habits de dimanche et en man-
teaux, alla à cheval à la rencontre du prélat, jusqu'aux
confins de la paroisse; ils marchaient tous sur deux rangs,
le recteur était au milieu d'eux, et dans un si bel ordre, qu'on
les eût pris pour une compagnie dressée de cavaliers. Mon-

(1) 'Ces prêtres étaient: MM. Bannalec; Le Roux, dePont-Croix ' Mal'zin,
Le Guillou, Le Guen; Guével, Kerloc'h, Maguer', Simon, Plusquellec,
Tanguy, Quiniou, de Quatreveaux ; Goul'vest, de Cast; Le Gac, de Saint-
Coulitz; Marchand, de Guengat. . .

seigneur ~ en voi,ture, venait derrière eux. Le sourenir de ce~te
réception ne se perdra jamais chez nous. M. le baron HaJna
du Fretay, chevalier de l'ordre royal et militaire de Saint-
Louis, ancien chef d'escadron des dragons d'Orléa ns, maire de
Plounévez-Porzay, accompagné de tout le consei,l municipal,
à son entrée au bourg, peu d'instant
harangua monseigneur
le conseil de fabrique lui rendit aussi ses devoirs. .
après
Le '10 aoùt 17ü~, bénédiction de la seconde cloche de Sa,int­
Méliau, de Plonévez-Porzay (c'est aujourd'hui la première, le
dessus a été endommagé par la foudre) ; elle eut pour parrain
messire Joser,h-René de Moel1ien, chevalier, chef de nom et
de Moellien, Lanhoulou, Kerdoutous, Vieux­
d'armes, seigneur
Châtel, Keryar, Poulou-Pry, et chevalier de Saint-Louis, an­
cien capitaine des vaisseaux du roi, lieutenantde nos seigneurs
les maréchaux de France; et marraine, Jeanne-Jacquette de
Roquefeuil~ dame marquise du Gage. Ainsi signé au registre:
de Boquefeuille du Gage, Joseph de Moillien, -
Jù-Jacq.
de Sale, Corentin de Moi1lien, pe jésuite,
Gabriel-François
Le Moïs, chanoine, Galard de Kerdréin, Mathurin
Le Maitre, recteur. .
Celte cloche porte comme inscl'i ption .: « Messire Joseph de
Moillien, parrain; madame Jeanne-Jacquette de Roquefeuil,
du Gage, marraine; Missire Mathurin Le Maitre,
marquise
recteul' ; Guénolé Dal'cillon, fabrique. Ij ait à Brest, 1758 » ('1).
La seconde cloche du bourg porle j'inscription qui suit:
« Faitfail'e du temps de Monsieur Mathurin Le Maitre, cles­
sel'Yant à Plonérez-Porzay, Saint-Méliau ; Jacques Le Guilloll,
maire, panain, et marraine Marie Cornic. Fait par Viel aîné,
fondeut' à Brest, ce 20 mai 1809 (2). .
Les anciens registres de la paroisse ont permis d'établir la

(1 ) JI doit ~' avoir lIllO erreur do dnte. l\I. Le Maître ne devint rectcur
de colte pat'olsse qu'en 1{lj, et de plus Je l'eaistl'e pOl'te ·I~·- 1" " .
. . ,,/ ,),l, CI ceremonIe
dut avoll'lleu sous le rectcrat dc M. Ch. Pezl'on.
("2) Aucun l'ogistl'o ne fait mention de celte cérémonie. .
BULI.E"JN .o\nC/lBoL. (1(1 Fr~lsTi':HE. TO:\I1~ XXI. (Mémoiresl. 4 .

liste des recteurs qui se sont succédés à Plonévez-Porzay .
Cette liste cominenceàpartir de HH7 jusqu'à nos jours ('1) .

§ 2. . EGLISE TRÉVIALE DE KERLAZ • •
. La seconde église de la paroisse de Plou né vez-Porzay est
celle de Kerlaz, du fief de Vieux-Châtel.
On prétend que cette' église tréviale a été autrefois église
le nom de paroisse de Trépiaud; . dans cette
paroissiale sous
supposition, Kerlaz était paroisse avant la fin du XIIe siècle
son titre de paroisse aurait été donné à Locronan .
Qu'on ne dise pas cependant que plusieurs des comptes de
Kerlaz prouvent que cette trève a été paroisse, car outre qu'il
est certain qu'au XIIe siècle, nous n'avions aucun compte en
règle comme au XVIIe, les comptes qui nous restent démon-
t1'ent que Kerlaz était une trève de la paroisse de Plounévet-
Porzay. Je les ai tous parcourus et j'ai lu en marge: trève de
Kerlaz, paroisse de Plounevet-Porzay. Il est vrai que quelques-
(1) Voici la liste des recteurs cie Plounévez-Purzay, elle emb l'as:3e une
cie 3:~LÎ ans : .
période
de Quelen, recteur de 1517 il 15:38.
Haut et discret messire Herlé
Le Baud, de 1510 à 15ti7.
De Quélen, de 1570 à lU03.
Guillaume Avan, cie 1(j05 il 1630.
Guillaume Vergoz, de tG30 à HijU.
Jean Feburier, cie tG57 à lou:,;>.
Joseph-Corentin Billuart, docteur en théologie,
prit possession à PlonéYez-Porzay le '2 février 11:iU(j et y décéda le 11 juin
Messire de Quelen, Furie, recteur en 170'2, mort le 20 avril 1710. '
Yves Le Gonidec, recteur en 1710, mort le 13 mai Ino.
Jean Thalabarclou, recteur en 1720, mort le 20 juillet 175,). (Ce
M. Thalabardou a été dix ans sans paraître en public, de 1745 à sa mOI't.
Il est à présumel' qu'une maladie sédeuse le retenait au lit, car il ya eu
plusieurs curés d'ofTice pendant toute cette période.)
Le '24 août 175j, Messire Charles Pezron, recteur; il fut transféré à une '
autre bénéfice le 17 septembre 17ti'l, oü le nommait al' person Cam.
Le ICI' décembre 17G~, Mathurin Le Maitre, recteur j mort le H noyem­
bre 1811 à l'âge de 8i ans .
Le 1 mai 181'2, Corentin Guevarrac; mort le '28 février 183~.
Le 1 mars 183'2, Alain-Marie Pouchous, titulaire actuel.

uns portent paroisse de Kerlaz, et plus souvent église parois-
siale de Kerlaz, mais cela ne prouve rien, car toutes les
feuilles de compte ont un en tête imprimé, qui est le même
que tréviales ou chapelles. Dans pluSIeUl~s on a efface a la
main le mot paroissiale et on a mis a u-dessus à la main
le mot tr6oiale. Mais de ce que ce mot imprimé n'a pas été
effacé dans toutes les feuilles, on ne peut pas conclure que
Kerlaz a é té paroisse. ,
Si d'un côte je récuse la preuve tirée des comptes de
Kerlaz pour soutBnir que cette église a été paroisse, de l'autre
je penche volontiers en faveur de la tradition qui lui donne ce
titre.
On prétend que cette localité perdit son nom de Trépialld,
auquel on substitua celui de I(erlaz, à cause d'un massacre
qu'on dit y avoir été commis vers le XIItl siècle. Voici com­
ment on raconte ce fait.
Un jour de dimanche, des agents seigneuriaux, venus en ce
lieu pour y lever un subside, y sont massacrés par les habi­
Le curé (vicaire) du lieu, voulant faire éviter à ses
tants.
paroissiens le châtiment qui leur était réservé, leur livra la
bannière de l'église et la croix processionnelle, qu'ils criblè­
en signe' d'attaque. On fit alors entendre au seigneur que,
rent
pour défendl'e ces objets religieux attaqués en pleine proces­
sion, les paroissiens avaient résisté et que le malheur voulut
que les dits assaillants succombassent sous les coups d'une
popuJation en fureur. D'après cet exposé, le Seigneur fit grâce
parce qu'il était impossible de découyrir les vrais coupables
que les subsides furent régulièrement payés, mais il
et parce
exigea que dans la suite ce lieu prit le nom de Kerlaz
(village du meurtre), '
L'église de Kerlaz, sous le vocable de saint Germain, est
un peu irrégulIère et construite à différentes
assez grande,
l..a croix sud est de 'H>72, il Y a deux rangés de
reprises.

"Colonnes dans l'église. Les murs nord portent à l'intérieur de
l'édifî'ce: « Seb : Caunan, 1606 J: Prélivet f 1603 et plus
loin 1;588. » Le porche porte en lettres gothiques: « Philibert
Cal'adec, f: 1572. »
Cette église a une jolie flèche, on lit au-dessus des cloches
1631, la même date se voit au-dessus de la porte principale,
qui a d·e chaque côté deux colonnes avec des chapiteaux
d'ordre ionique, la hauteur totale du clocher est de 40 rh. 3:3.
On y conserve une ancienne cloche qui a pour inscription:
« 1644. saint Germain priez pour nous: lors étaient recteur
Grue Vergoz et Henri Kersalé, curé: J : Caradec. f. » ..
On admire au haut de cette chapelle quelques restes mutilés
de vitraux peints. L'ouverture qui est derrière le maître-autel
contient un écus~on dans lequel on voit trois poissons. On y
voit à chaque coté du maître-autel une statue en pierre dans
uue niche en bois: saint Germain est au midi, la sainte Vierge
au nord. Des inscriptions en lettres gothiques sont gravées
sous chacune de ces statues, on en touche les lettres de la
main, mais il est impossible de les lire, à cause du bois qui
les couvre. Au pilier midi de cet édifice est adossé un saint
Hervé avec un petit saint Kerirec conduisant un loup, le saint
à la taille d'un enfant de trois ans, en robe, et le loup est de
taille naturelle, le tout est en pierre de granit du pays. Cette
représentation provient de la chapelle de saint Maihouarn de
L'ozvren.
Le père Julien Maunoir a donné deux missions dans cette
église: l'une en 1658, l'autre en '1665 ; et le père Grégoire ~le
Rostrenen y en donna une en 1702. C'est alors qu'il lut l'ins-
cription de Lezharscoët. (1) ,
Il Y a à Kerlaz un baptistère de l'an 15 ... (le reste est cou­
vert de chaux) mais on n'y baptise plus depuis 1802. On con-
(1) A la fin de cette monographie, nous donnerons une note détaillée
ces caractères où l'on avait cru retrouver un ancien alphabet celtique
sur
et qui ont été l'objet de longues et nombl'euses discussions .

tinue à enterrer ceux qui meurent dans la trève, excepté les
,'lIa es de Kerranouar, de Kervriel, du Cosquer et ordinaire-
H l:I " • h '
ment du Moer, dont les habItants sont toujours III umes
au bourg de Plounevet-Porzay.
Il y a eu autrefois une forte épidémie dans cette trève, qu
seul château de Nevet on y enterra Sa personnes dans le
même mOlS.
Dans les anciens comptes on relate des croix d'or et d'argent
au Vieux-Châtel. .
A proprement parler, Kerlaz n'est plus qu'une simp-Ie cha-
pelle desservie par les ecclésiastiques du bourg de Plounévet.
Le grand pardon de Kerlaz se fait le dimanche de la Pente­
cote, il est assez fréquenté.
Les registres conservés ont permis de dresser la liste des
curés de cette église à partir de '16~4. .
Avant la révolution de '179:2, le seigneur de Kerbiquet, dont
le manoir était près de l'église de Kerlaz, prétendit être le
seigneur de cette église tréviale ; mais M. le baron Halna du
Fretay, seigneur du Vieux-Châtel, le débouta de ses préten­
d'y jouir des droits seigneuriaux.
tions et continua
§ 3 CHAPELLE DE SAINTE-ANNE-LA- PALUE.
La chapelle de Sainte-Anne-la-Palue, du fief de l'abbaye de
Landevennec, d'une très médiocre grandeur, est d'un style
moderne et d'un bon gout.. Le clocher, qui a une jolie flèche
(20 30 de haut),porte les dates de '1230 et '1419; il est cependant
de doute que l'édifice actuel, même ce clocher ne remonte
hors
gllùre à plus de deux siècles; mais comme Il est constant que
la chapelle actuelle remplace une bien plus ancienne, on doit
croil'e (Ille les pierres qui portent ces dates sont de l'ancien
~·difice. Celte supposition est d'autant plus raisonnable q~e
les connaisseurs ne fon t aucune difficulté pour admettre ql,le
plusieurs des pièces de cette tour,faite probablement en 1630,
sont d'un style ancien et bien caractérisé.

La statue de sainte Anne, . en pierre, exposée à l'intérieur
de la chapelle, dans une jolie niche, porte la date de' H)48 .
La croix du cimetière (enclos) porte: « 16;5a, missire
Gme Vergos, recteur » et la fontaine « '1642. X: Kermaïdic,
f: » c'est probablement Christophe X).
L'église célébra, dans tous les âges, la piété maternelle de
sainte Anne (Anne est un mot hébreu qui signifie gracieuse) .
Dieu voulut montrer, par de nombreux prodiges, combien il
approuvait la dévotion des fidèles envers une sainte, qui fut
un modèle accompli de vertus pour les personnes engagées
de mariage. Si les premiers siècles du christianisme,
dans l'état
occupés à défendre la foi contre la fureur des païens et la
perfidie des hérétiques, n'ont pas rendu des honneurs parti­
à la glorieuse sainte Anne, cette omission a été réparée
culiers
les siècles postérieurs plus tranquilles et dont la piété
par
cherchait de nouveaux objèts pour satisfaire leur dévotion. Il
Il faut convenir qu'il n'y a peut-être au 1110nde aucune contrée
où l'on se soit plus tôt oecupé qu'en Bretagne d'ériger des
autels sous l'invocation de la bienheureuse sainte Anne. La
multiplicité des chapelles, oratoires ou autels qui lui sont
le nom de principale patronne des Bretons, qu'on lui
dédiés,
donne de toute part dans la province, en fournissent une
preuve évidente. Toutefois il est impossible de déterminer
ou la dévotion de cette sainte devint célèbre à Plou-
l'époque
nevet-Porzay. Nous aimons à croire qu'elle a commencée vers
le VIle siècle. Pas de doute qu'elle ne fut florissante au XIIlù
siècle. L'on voit qu'elle commençait à diminuer sensiblement
1640, au point qu'elle était bien réduite en 1760 .
'vers l'an
Mais depuis cette dernière époque le pélerinage . de Sainte-
Anne-Ia-Palue a toujours été en augmentant. Pendant la
Terreur même cette chapelle n'a pas cessée d'être fréquentée.
Vendue par la nation en 1796, elle fut momentanément inter­
en '180:2, par l'autorité diocésaine, parce qu'elle était une
dite,
propriété privée, mais le peuple continuait à s'y rendre,

malgré qu'elle ne lui fut pas ouverte, les acquéreurs consen­
tirent à la vendre en '1803 aux représentants de la paroisse.
Depuis ce moment, on a vu le culte de sainte Anne y aug­
menter considérablement, et Mgr Graveran, notre évêque,
ayant su combien est grand le concours des fidèles à cette
chapelle rotive, a demandé et obtenu au souverain Pontife,
Grégoire XVI, d'y ériger une confrérie en l'honneur de sainte
Anne, dotée de grands privilèges spirituels. Cette confrérie y
a été canoniquement établie et érigée le 15 j Uil1 1841. On
peut voir l'acte d'érection et toutes les pièces relatives à cette
confrérie sm le registre ouvert ad hoc de Sainte-Anne même.
Les originaux sont dans les archives de la fabrique. .
Sa Majesté la reine des Français a donné en 1841 une belle
lampe à la chapelle rotive de Sainte-Anne-Ia-Palue, dans la
lettre qu'elle a daignée nous adresser à cette occasion, elle
met Sa Ma:iesté le roi des Français et toute sa famille sous
la protection de la glorieuse sainte Anne. Elle promet de ne
jamais oublier la chapellle de Sainte-Anne-la-Palue. (1)
On célèbre des offices dans cette chapelle à diverses époques
de l'année. (:2) NIais la plus célèbre réunion a lieu le dernier
le samedi qui le précède. On évalue à
dimanche d'août et
iO,OOO le nomhre des pèlerins venus des diverses parties de
la Bl'clagne, qui chaque année visitent cette chapelle rotive.
La procession YOliye faite à Sainte-Anne-la-Palue le samedi
lJui précède le dernier dimanche d'août est sans contredit la
plus belle de la BreLagne. Représentez-vous la chapelle de
Sainte-Anne à l'extrêmilé N.-O. d'un camp composé d'enyi­
rOll cenL soixal1le tenles en toHe, le tout SUl' le penchant d'une
à Ylie de l'immense baie de Douarnenez. Vers les
colline et
(1) Lettre du ~G fér. 18'11.
('2 ) JI Y a ~l Sainte-Anne-In-Palud messe tous les mardis de l'année.
Pardon et o/licc pal'oisslal le second dimanche du Carême le mardi de
P.lques, le Il.Hll'di des Hogalions, le dimanche dans l'octave cl~ l'Ascension, .
le sccon.d. ,dImanche !le Sacre, l.uus les climanehes et fètes clu mois cI'aout
et le tl'olSICllIe dimünclw de l'AyenL

cinq heures de l'après-midi commence la procession. Quatre
bannières, dont une en drap d'or, suivies de huit croix, ouvÎ'en t
la marche, alors on voit défiler avec foi et recueillement enyi-
l'on '10,000 personnes, de tout pays, de tout âge, de tout sexe,
portant toutes des cierges ou des bougies à]a main. Un grand
pieds nus et plusieurs hommes sont en corps de
nombre sont
chemise. (Si pendant la procession les premiers pèlerins
s'aperçoivent qu'il y a quelques vides dans les rangs, ils
s'arrêtent et s'agenouillent dévotement, puis se relèvent et
reprennent leurs places dès qu'ils sont rejoints par ceux qui
sui vent.) Après les pèleri ns votifs vient la statue dorée, portée
des paysannes yêtues de blanc; ('1) deux clercs, en dal-
par
matique en drap d'or, portent les reliques autour desquelles
deux beaux guidons sur lesquels on a brodé en lettres
flottent
d'or: « Santez Anna al' Putud lJedit evidornp n. Enfin, le
clergé, rangé sur deux lignes, marche ensuite et le célébrant
. avec ses quatre chappiers ferme cette première partie de la
formée spécialement des (,X-DotO. Les autorités
procession
locales marchent seul après le célébrant, puis la gendarmerie
du poste voisin, qui est suivie d'un peuple immense (environ

vingt mille pers9nnes). Cette procession, qui dure un peu plus
de deux heures, fait un parcours quasi-circulaire de quatre
rentre dans la chapelle. Il est à remarquer
kilomètres, puis
que tous ceux qui portent des cierges ou bougies entrent dans
la porte principale flui est sous le clocher, mais que
l'église par
tous sortent aussitôt par la porte latérale, la chapelle ne suffi·
sant pas pour tenir le quart de ces personnes. Tous ceux qui
ont vu cette procession ont été on ne peut plus émus par les
sentiments profodément religieux qu'elle inspire.
Le jour suivant le dernier dimanche du mois d'aoùt a lieu
Une procession analogue à celle-ci, mais moins nombreuse et
(1 ) Actuellement elle est portée par des paysannes portant l'ancien cos-
tume rouge qui actuellement a presque disparu .

moins régulière, quoique très édifiante, elle n'est pas com­
posée des mêm~s éléments.
La procession du samedi terminée, et les pèlerins ayant
satisfait leur dé\'otion, on en voit un grand nombre refluer
les villages riverains de la Palue, où ils sont logés, non
sur
dans des lits, mais sur de la paille fraîche, préparées dans des
grang s, appropriées ad hoc (on a toujours soin de fixer un
lieu pour les hommes et un autre pour les femmes); mais
environ douze mille personnes passent cette nuit sous les
tentes, dressées autour de l'enclos de la chapelle. Ces tentes
et les hommes séparés des femmes.
sont toutes illuminées
Dans quelques-unes on fait des lectures pieuses, dans d'autres
on chant.e des cantiques et dans un plus grand nombre on se
livre au sommeil. Quand le temps est beau., l'enclos qui c.erne
la chapelle (celle-ci est fermé la nuit) ne désemplit.. On s'y
à divers actes religieux, les uns font le tour de la cha­
livre
pelle à genoux nus, les autres debout et pieds nus. Ici on
chante des cantiques, là on récite des prières et ailleurs on
médite sur les vérités éternelles ou sur les vertus de la glo­
rieuse sainte Anne.
t\. trois heures du matin, la cloche de la chapelle sonne
royal. Au premier coup de cloche, tous les pèlerins
J'angelus
s'agenouillent,quelque part qu'ils soient, et récitent l'angelus.
on se pl'épare à se rendre à la messe, qui se célèbre à
Alors
quatre heures. La chapelle et l'enclos sont on ne peut pllIS
encombrés par les fidèles qui entendent celte messe et y
communient.
Il est d'usage que tout pèlerin qui visite la chapelle de
Sainte-Anne, fasse trois fois le tour de la chapelle, et qui­
pas fait, dévotement, ses trois tours à l'exté~
conque n'aurait
rieur d~ l'église, CI'orait n'avoir pas assez régulièrement fait
son pélérinage.
La chapelle de Sainte-Anne rossède un reli1 e en bois
uair
doré. Il renferme une relique certaine de saint Francois de

Sales, et une autre de sainte Jeanne Fremiot de Chantal,
donnée à cette chapelle par M. l'abbé Le Gac, chanoine titu­
laire de Quimper. Ce reliquaire contient aussi quelques autres
reliques, mClis j'ignore de quels saints elles sont.
Une cloche a été bénite à Sainte-Anne en 1842.
La sacristie de Sainte-Anne (nord) porte à la fenêtre du
haut: C. A. Moreau, f; au-dessus .de la porte: Missire Le
Maistre, recteur; Le Guillou, maire, 1807; Pierre COl'nic et
René Sénec, fabriques. Au sud, fenêtre dn haut: Yves Ker­
valéguen; et celle du bas : Corentin Quérarec, recteur, ,et

Jacques Le Guillou, maire, 1813 .
§ 4. CHAPELLE Di<: N.-D. f). LA CLARTÉ
Cette petite et très jolie chapelle a été bâtie en 1739, aux
frais de Guy de Moillien, et bénie par Mgr Farcy de Cuillé,
l'an 1740. On dit que de temps immémorial il y avait dans
le lieu même où elle est édifiée un petit oratoire dédié à Marie.
On m'a prétendu qu'un des seigneurs de Moillien, témoin
de la va leur de Jean Sobieski, roi de Pologne, lorsque ce
dernier délivra Verlise et y défit les Turcs., engage, après son
retour, sa famille à élever une chapelle sous le vocable du
saint nom de Marie, pour perpétuer chez nous cette
brillante journée. Comme Innocent XI avait institué la fête
cl u saint nom de Marie en souvenir de cette victoire.
L'office paroissial se fait quelquefois dans cette chapelle de
N.-D. de la Clarté (1). Le petit pardon, peu fréquenté, a lieu le
troisième dimanche après Pâques, et le grand pardon, le
dimanche qui suit le 8 septembre; ce pardon est très suivi
par les communes des cantons cIe Châteaulin, Ploaré, Crozon
et Pleyben.
A environ trois cents mêtres ouest cIe cette chapelle se
trouve une jolie fontaine, en pierres de granit bien taillées,
(1) On célèbre une messe matine tous les dimanehes et fêtes de l'année
excepté quand la grand'messe se dit à Kerlaz ou à Sainte-Anne .

dite Fontaine ds N.-D. de la Clarté; elle portait les armés
des Moillien, que l'on a effacées pendant la Révolution. On
lit au-dessus du couronnement: J. Le Droff 1735.
A cinq cents mètres est de la même chapelle est une croix
de 1tlltl, dite Croix de la Clarté, où l'on se rend en procession
le jour du grand pardon, après vêpres, avec la statue de la
sainte Vierge portée par des paysannes vêtues de blanc .
§ 5. CHAPELLE DE SAINT-~,lICHEL
La chapelle de Saint-Michel est à deux cents mètres S.-S.-E.
de l'église paroissiale, sur la route départementale de Quimper
à Lanvéoc, n'existe plus. On vient d'ouvrir une carrière
de moëllons sur son ancien emplacement. La fabrique de
Plonévet-Porzay a fait transporter à Sain te-Anne-Ia-Palue,
pour y faire un enclos, une partie des pierres de Saint­
Michel, yers l'année '1812 et '1814. Elle a employé le reste au
bourg. La statue de Saint-Michel, qui ornait cette chapelle,
à Kerlaz; elle a été précédemment à Sainte-Anne.
est
Cette église, bàtie SUl' une petite colline du fief de Gueügat,
une jolie flèche. La pierre pinacle se voit encore dans
avait
le coin d'une banière, yis-à-vis de l'en~roit où était autrefois
cette chapelle.
de Saint-Michel, qui fournit de l'eau à tout le :
La fontaine
bourg de Plounévez-Porzay, tient toujours, quoiqu'en mauvais
état. Elle n'était séparée de la chapeJJe que d'environ trois
mètres. Sa source en est très forte et l'eau en est passable, .
§ 6. -. CHAPELLE DE SAINT- EVEN.
Cette chapelle, du fief de Lézarscoët, dédiée à saint Even',
ermite, est totalement démolie. Elle était sise dans la forêt de
Névet, à 1 kilomètre du château de Lézarscoët (1) : La fontaine
de Saint-Even, en belles pierres de granit, est dans . une prai­
le jardin du nouveau manoir du Vieux-Châtel. Les
rie, sous
(1) Dépendance tic la Larollllie du Vieux-ChùLel.

pierres de la chapelle dé Saint-Even forment l'enclos de la
chapelle de la Clarté. Voici comment la tradition nous donne
la vic de cet ermite:
« Even, nafluit à Quimper, de parents nobles et distingués.
« Sa tendre piété déplut à son père, qui le chassa de la ville.
(c Le jeune Eveil se recommande à la sainte Vierge et à saint
(c Corentin. Il prend son parti, quitte la maison paternelle et
« s'achemine vers le lieu où est aujourd'hui Douarnenez, à
« quelque distance de Quimper. Il rencontre une famille
« éplorée, il lui distribue le peu d'argeilt que lui avait donné
« sa mère, et s'enfonce dans la forêt du Névet, où il cons­
« truisit un petit ermitage. La vie angélique qu'il y mena,
« lui attira, même de son vivant, l'admiration des riverains
({ de cette forêt et en particulier des hôtes de LézarscoëL
« Enfin, il meurt comme il a véçu, et c'est sur sa tombe que
(c l'on édifie la chapelle qui porte son nom. »
On s'adresse à ce saint pour être guéri ou préservé de la
. fièvre. Autrefois le pardon de Saint-Even se faisait dans la
'chapelle le troisième dimanche de septembre. Aujourd'hui ce
pardon se fait · dans le même dimanche, dans la chapelle de
Kerlaz, qui possède sa statue, qui est en bois, et qui repré­
un ermite avec un bourdon à la main .
sente
~ 7. - (HAPELLE DE SAINT- M ACHOUARN
Cette chapelle a disparu depuis plusieurs siècles -; elle était
à Lezvren, dans le placitre qui est contigüe au pignon ouest
de la maison manale, et qu'a fait construire en '1826, Guil­
laume Le Gac. A cette époque on a trouvé en ce lieu une
pierre d'autel dans le grand placitre au bas de Lezven-
Isellaff, on voit une pierre avec une croix, sans date et sans
la croix de saint Maehouarn. Non loin de
inscription; c'est
cette croix N .-N .-E. est aussi la Fontaine de saint Machouarn .
Quel est ce saint Machouarn ? Il est probable que.ce soit
Hené, nommé aussi saint Houarnec, dont les Léonnais
saint

ont fait saint Houarné. Saint Hel'vé est mOl't llli lieu dit Lan­
M. de Kergariou m'a assuré que sa paroisse (celle
houarné.
de Bringolo, en Saint-Brieuc) est dédiée à saint Hervé, sous
le nom de saint Machoùarn. Plomodiern a une foire de saint
Hervé, qui en' est le patron, sous : Ie vocable de saint Mac-
houarn.
Une statue en pierre, représentant saint Hervé conduisant
un loup, a eté autrefois dans la chapelle de Saint-Machouarn,
de Lezvren, ce qui l;end évident la supposition que je fais:
saint Machouarn et sàint Hervé sont quid idem. A q~elIe
époque a-t-on détruit la chapelle de Saint-Machouarn d0 Lez­
vren '? Pourquoi la statue de saint Hervé a-t-elle été mise à
!(erlaz et non au bourg de Plounévez-Porzay '? Pourquoi
a-t-on démoli cette chapelle ? ~
Ce sont des questions qu'il m'est impossible de résoudl~e,
vu que ni monuments, ni titres, ni même aucune traditions,
ne viennent à mon secours. .
telle quelle,
§ 8. CHAPELLE DE LANZENT
Il Y a une chapelle publique à Lanzent, le nom du YilIage
le suppose, et des vieillards m'ont assuré avoir vu les mlJrs
de la chapelle et que leurs pères y ont assisté aux offices. Le
petit pardon de celte chapelle avait lieu le premier 'dimanche
du Cal'ème et le grand pardon le quatrième dimanche de sep­
tembre, Il ne reste aujourd'hui rien de cette chapelle qui a
tic. ètre démoli \'ers 1730. Elle s'élevait dans un courtil qui à
présent appartient à Que1Iellec, à Lanzent. Le nommè Yves
QuefIellec a extrait de terre en 1825, les murs de fo·ndation de
cette chapelle, J'ai YU les silex extrait de terre.
Quel était le patron de celte chapelle'? .
On m'assure que c'était saint Guénolé. J'y consents, parce
c'est de tradition et qu'on montre un lieu nommé {eltntiu'll.­
.'iltl1t-vinllolé, non loin de ce village, au-dessus de Toul-a­
goil'. Un homme érudit m'a aussi insinué que ce pouvait bien

être saint Alain,. dont le culte a été très répandu en Bretagne
en Cornouaille.
et surtout
me dit-il, me dit-il, vient de Lan ou Alan, saint
Lan-Zœnt,
Alan et sœnt ou sant, ce qui fait dire à nos Plonévétiens
Lan-Zœnt, pour Lan ou Alan-Sant. Je laisse à d'autres à
un jugement définitif.
porter
. § 9. CHAPELLE DE SAINT- DAVID OU DIVI
Saint David ou Divi est, dit-on, fils de sainte Nonne,
de Dirinon, près Landerneau. Un mystère breton
patronne
très coonu roule sur ]a vie de sainte Nonne et celle de saint
David ou Divi, son fils. Aucun autre écrit breton n'en fait
mention.
. Il est constant que dans le village appelé Tréguer, en Plou-
né,~t-Porzay, il ya eu une chapelle publique. On en voit la
place et la tradition orale l'assure, on ne sait quand elle a été
démolie. Quelques-uos vont jusqu'à dire que notre village
un reste des faubourgs de la ville d'Iso Que la
Tréguer était
chapelle en questiou a été bâtie après la destruction de celle
ville, qu'on place partout et qu'on ne ' trouve nulle part. La
chapelle de Saint-David était assez grande. Il est malheureux
ne puisse rien savoir sur cette chapelle de bien certain,
qu'on
sinon qu'elle a existé. (Tréguer, mieux Tréker, succursale,
de la ville.)
village
§ 10. CHAPELLES DOMESTIQUES.
Outre ces neuf églises publiques, Plounevet-Porzay ayait
six chapelles domestiques:
encore
I. Chapelle de Treguibian, tout semble indiquer que
cette chapelle a dû être une chapelle publique, La tradition
Le nom de Parc-an-Ili." donné au champ où
orale l'avance.
elle a existé et la fontaine qui se trouve dans le Pratiau, qu'on
la fontaine de cette chapelle. Mais il est plus difficile
dit être
d'en désigner le patron. Les uns disent que c'est saint Guénolé
parce que la fontaine du Pratiau se nomme aujourd'hui
feunteun Sant-Gue'lcnolé. D'autres disent que cette chapelle

{nl dédiée à sainte Guen ou Blanche, mère de saint Guénolé,
mère. Enfin, quelques-uns soutiennent que cette chapelleétait
sous le vocable de saint Ré ou Rerrien et voici comment ils le
prou' elll : '
Le village de Trequibihan, disent-ils, tiee son nom du saint
honoré en ce lieu, et voici l'explicatioa de cette supposition.
l'ré signifie succursale, village; qué ou ké qu'on a changé en
l'oreille, et bihan ou bw'~, peUt, d ou Ion ll1sere que lreqUl­
bian est, soit le petit village de Saint-Ké, ou bien le village du
petit Saint-Kéeé, dans ce cas p~tit signifie peu connu.
Rien ne montre l'époque des pardons de celte chapelle, ni .
même le moment de la démolition. On m'a cependant assuré
personne, morte il y a environ quarante ans, dit que
qu'une
son pèl'e étant encore enfant l'a . vu debout, mais en fort
mauvais état. . .
II. Chapelle ct NiGet, sous le vocable , de saint Louis, à
peine voit-on aujourd'hui les traces de cet édifice, qu'on dit
ayoir été construit par un seigneur du Névet, fils et héritier
des compagnons d'armes de saint Louis . .
d'un
III. Chapelle de Kerlean, Sous le vocable de saint Gué-
nolé, il n'en reste aucune trace.
IV. Chn[Jelle de Kubiquet, sous le vocable de saint
On a trouvé dans un champ labouré, où elle existait,
Antoine.
nes pierres ogi val es.
certai
Y. Chapelle à Tresséol. Il y avait une chapelle au château
de Trefléol, au-dessus de la porte d'entrée; on n'a pu me dire
le nom du patron.
YI. Chapelle li illoillien, sous le vocable de saint Jacques.
Le clocher et une partie des murs de cette chapelle sont encore
le sacre (1) venait au bourg de Plounévet,
debout. Lorsque
(.') En ~l iSLoi.re ecclésiastique, ce mot s'emploie pour désignel' la procession
qUI se {ait le JOUI' du saint Sacrement.

dè Ked-az, on se rendait dans cette chapelle, où l'on taisait
une pose de deux heures, mais depuis l'a révolution de il7K9
en ' n'y Y3 plus. Le registre mentionre une cloche qui a été
bénie à cette chapelle le 3 septembre '1765. Parrain, haut et
puissant seigneur J.-Aym. comte de Roquefeuil, chef d'escadre,
chev, des ordres de Saint-Louis, commandant de la marine,
tille et château de Brest; marraine, demoiselle Louise-Julie-

Charlotte~Marie de Moillien; célébrant, I\{ath. Le Maitre,
tecleur" assisté de M. Moïs, chanoine à Quimper.

IV. - Etablissements religieux .

FONTAINES.
Pendant environ deux siècles la paroisse de Plounévet-Por­
zay a possédé le prieuré de Locronan.Dom Morice avancr. que
le prieuré de Locronan fut fondé l'an '1031 sous Blenlivet (1),
évêque de Cornouaille. Mais un aveu de Névet ne porte l'érec­
tion du prieuré de Locronan que dans l'an HO.2. Ce prieuré
le terrain de Plounévet-Porzay. Les privilèges
fut érigé sur
qui lui furent accordés y attirèrent trois ou quatre cents
qui formèrent un gros village, toujours dans ladite
familles
de Plounévet-Porzay et sous la juridiction du seigneur
paroisse
du Névet. Ce village devint plus tard la civitatula de Locronan,
en paroisse au commencement du XVIIIe siècle, étant
érigée
à J'ouest, au nord et un peu à l'est de la paroisse de
cernée
Plounévet, à l'est de Quéménéven et au sud de Plogonnec.
C'est pour cela que lorsqu'il y a convocation à Locronan, les
recteurs de Plounévet-Porzay ônt toujours eu le pas sur les
autres ecclésiastiques et leurs croix et bannières sur celles dès
autres paroisses convoquées (2) .

(A suivre.)

(1) C'eslsous Orscand .
(l) Il a toujOUl'S été en usage da ns l'église de consen'er au recteul'
dépossédé d'une pOl'Lion de sa pUI'oisse, non une vl'aie juridiction SUl' celte
partie détachée, mais une vraie déférence et une marque d'honneur .