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La question de l'alphabet ancien était à l'ordre du jour il
comme
(1). On l'appelait Cael-bren y Beirdd, l'alphabet
en Bretagne
des bardes. (Cael : augure, présage; jJren : bois.)
Dr Owen Pughe, dans son dictionnaire, dit que le cael
bren était « l'alphabet des anciens habitants de la Grande
Bl'etagne ; les lettres étaient taillées à travers un morceau de
hois carré, selon leur façon d'écrire, qui est encore conservée
par quelques descendants des bardes. » ,
Cette assertion a été réfutée par M. Stéphens, le savant
auteur d'un ouvrage sur la littérature galloise, dans l'Ar
chéologia Cambrensis (1872).
1\1. Silvan Evans, dans son nouveau dictionnaire gallois-
anglais (dont notre bulletin a déjà parlé), dit que l'assertion
du Dr Pughe n'est fondée sur aucune base sérieuse, et que
ln tradition du cael-bren est d'invention assez récente.
Le cael-bren ne paraît nulle part, dans aucun manuscrit,
ni sur aucune pierre sculptée à une date antérieure au XVIe
siècle. Il Il'e.-iste non plus aucun exemplaire du peithynen,
ou livre des bardes ancicns, avant le temps de lolo Morgam;\,rg
Les lettrcs du cael-bren n'étaient que des formes modifiées
de l'alphabet romain, les parties arrondies devenaient angu
lail'es. Ceux qui maintiennent l'existence du cael-~ren en
voient la preuve dans l'usage de mots qui signifient bois,
(1) Lire l'Annexe au procès-vcrbal de la séance du 28 décembre 1893
(Bu~lelin de la, Société archéologique du Finistère, T. XX, p. LVI), sous
lc tItre: Le }ll'elervllt alplv; "bet breton; lire aussI la note inédite suivante
du savant antiquaire breton, 1\1. A. de Blois, intitulée Goel-bren y Beirdd.
fabricant, hache, couper,etc.(gwydd, Br.guez; saer, cal vez ;
bwyall; bouc'hal; tori, terri, etc.) dans les allusions aux
poëmes du XVIe et XVIIe siècles. Mais les expressions qui font
allusion au métier de tisserand sont encore plus fréquentes.
. Les mêmes auteurs parlent du coel-bren y meneich (des
moines), etc. D'après les uns, l'alphabet était com
posé de vingt-quatre lettres; d'après d ~autres, de seize,
dix-huit ou vingt; mais si l'existence de l'alphabet est con-
testée, le nombre des lettres est enCOl'e plus contestable. La
littérature galloise la plus ancienne est rimée et se conservait
sans doute sans être fixée par l'écl'iture; la mémoire des
élèves était aidée par la division des poëmes à la façon des
poëmes hébraïques (e. g ... les Psaumes). Nous croyons que
nos confrères, MM. Luzel et Le Braz, dans leurs intéres
sants volume's de Soniou, nous fournissent la preuve que l'on
exerçait aussi en Bretagne la mémoire des jeunes gens par la
répétition de vers bretons. Le morceau qu'ils ont intitulé
« Les vêpres des Grenouilles » (Gousperou ar Raned) a dû
servir à c'e but. Le titre aurait dû être, croyons-nous,
« Gousperou ar Rannou », les diverses parties du morceau
devant être récitées à tour de rôle par les membres du groupe
(Rannou) et n'ayant rien à faire avec les grenouilles (raned
ou raniked).
W .-J. JONES.
Coel-bren y Beirdd.
Les Gallois donnent ce nom à des morceaux de bois SI
lesquels les bardes faisaient des coches qui leur tenaient li ,L
de caractères, signes ou notes, suivant leur forme ou lei r
position, et leur tenaient lieu d'écriture en plusieurs ( ,"
constances. (Ed" ward Jones's British Musœum, tome -
page 4, note 29 ; Londres, 1802). 11:'"
(1) Cf. Le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagn .i