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Bulletin SAF 1894


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Note sur la question de l’alphabet ancien

M. Jones

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La question de l'alphabet ancien était à l'ordre du jour il
comme
(1). On l'appelait Cael-bren y Beirdd, l'alphabet
en Bretagne
des bardes. (Cael : augure, présage; jJren : bois.)
Dr Owen Pughe, dans son dictionnaire, dit que le cael­
bren était « l'alphabet des anciens habitants de la Grande­
Bl'etagne ; les lettres étaient taillées à travers un morceau de
hois carré, selon leur façon d'écrire, qui est encore conservée
par quelques descendants des bardes. » ,
Cette assertion a été réfutée par M. Stéphens, le savant

auteur d'un ouvrage sur la littérature galloise, dans l'Ar­
chéologia Cambrensis (1872).
1\1. Silvan Evans, dans son nouveau dictionnaire gallois-
anglais (dont notre bulletin a déjà parlé), dit que l'assertion
du Dr Pughe n'est fondée sur aucune base sérieuse, et que
ln tradition du cael-bren est d'invention assez récente.
Le cael-bren ne paraît nulle part, dans aucun manuscrit,
ni sur aucune pierre sculptée à une date antérieure au XVIe
siècle. Il Il'e.-iste non plus aucun exemplaire du peithynen,
ou livre des bardes ancicns, avant le temps de lolo Morgam;\,rg

Les lettrcs du cael-bren n'étaient que des formes modifiées
de l'alphabet romain, les parties arrondies devenaient angu­
lail'es. Ceux qui maintiennent l'existence du cael-~ren en
voient la preuve dans l'usage de mots qui signifient bois,
(1) Lire l'Annexe au procès-vcrbal de la séance du 28 décembre 1893
(Bu~lelin de la, Société archéologique du Finistère, T. XX, p. LVI), sous
lc tItre: Le }ll'elervllt alplv; "bet breton; lire aussI la note inédite suivante
du savant antiquaire breton, 1\1. A. de Blois, intitulée Goel-bren y Beirdd.

fabricant, hache, couper,etc.(gwydd, Br.guez; saer, cal vez ;
bwyall; bouc'hal; tori, terri, etc.) dans les allusions aux
poëmes du XVIe et XVIIe siècles. Mais les expressions qui font
allusion au métier de tisserand sont encore plus fréquentes.
. Les mêmes auteurs parlent du coel-bren y meneich (des
moines), etc. D'après les uns, l'alphabet était com­
posé de vingt-quatre lettres; d'après d ~autres, de seize,
dix-huit ou vingt; mais si l'existence de l'alphabet est con-
testée, le nombre des lettres est enCOl'e plus contestable. La
littérature galloise la plus ancienne est rimée et se conservait
sans doute sans être fixée par l'écl'iture; la mémoire des
élèves était aidée par la division des poëmes à la façon des
poëmes hébraïques (e. g ... les Psaumes). Nous croyons que
nos confrères, MM. Luzel et Le Braz, dans leurs intéres­
sants volume's de Soniou, nous fournissent la preuve que l'on
exerçait aussi en Bretagne la mémoire des jeunes gens par la
répétition de vers bretons. Le morceau qu'ils ont intitulé
« Les vêpres des Grenouilles » (Gousperou ar Raned) a dû
servir à c'e but. Le titre aurait dû être, croyons-nous,
« Gousperou ar Rannou », les diverses parties du morceau
devant être récitées à tour de rôle par les membres du groupe
(Rannou) et n'ayant rien à faire avec les grenouilles (raned
ou raniked).
W .-J. JONES.

Coel-bren y Beirdd.

Les Gallois donnent ce nom à des morceaux de bois SI
lesquels les bardes faisaient des coches qui leur tenaient li ,L
de caractères, signes ou notes, suivant leur forme ou lei r­
position, et leur tenaient lieu d'écriture en plusieurs ( ,"
constances. (Ed" ward Jones's British Musœum, tome -
page 4, note 29 ; Londres, 1802). 11:'"

(1) Cf. Le Barzaz Breiz, chants populaires de la Bretagn .i